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Plénière d’ouverture
Plénière d’ouverture
“Quelle perception par les jeunes du développement ?” G I L L E S
“Quelle perception par les jeunes du développement ?”
président d’ACIDD : Jean-Louis Joseph est Président du parc naturel régional du Luberon. Il nous accueille dans ce château, géré par le parc du Luberon. Il est également président de la Fédération française des parcs naturels régionaux.
B E R H A U L T ,
GILLES BERHAULT PRÉSIDENT D’ACIDD
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G I L L E S
GILLES BERHAULT PRÉSIDENT D’ACIDD
président du parc naturel du Luberon: Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue à Buoux, au château de l’environnement, propriété du parc naturel régional du Luberon.
J E A N - L O U I S
JEAN-LOUIS JOSEPH, PRÉSIDENT DU PARC NATUREL DU LUBERON
J O S E P H ,
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J O S E P H , président du parc naturel du Luberon: Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue à Buoux, au château de l’environnement, propriété du parc naturel régional du Luberon.
J E A N - L O U I S
Merci à Anne-Marie Sacquet, directrice générale du Comité 21, et à Gilles Berhault, président d’ACIDD, de nous aider à échanger pour faire progresser les consciences et rendre le monde de la communication plus efficace et plus responsable.
Merci à Anne-Marie Sacquet, directrice générale du Comité 21, et à Gilles Berhault, président d’ACIDD, de nous aider à échanger pour faire progresser les consciences et rendre le monde de la communication plus efficace et plus responsable.
Je voudrais saluer la présence de deux anciens ministres, Catherine Trautmann qui va nous rejoindre et Guy Hascoët qui est déjà parmi nous. Je salue également mes collègues du Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Je voudrais saluer la présence de deux anciens ministres, Catherine Trautmann qui va nous rejoindre et Guy Hascoët qui est déjà parmi nous. Je salue également mes collègues du Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
La richesse de sa biodiversité, celle-ci étant plus que jamais au cœur de toute démarche d’évolution de la société”
Vous êtes ici dans un parc naturel régional. Soixante-douze communes, deux départements (les Alpes de Haute-Provence et le Vaucluse), et un Conseil régional ont décidé voici près de trente ans de travailler en commun pour préserver et développer leur patrimoine naturel et culturel et envisager de façon concertée la gestion de leur territoire.
JEAN-LOUIS JOSEPH, PRÉSIDENT DU PARC NATUREL DU LUBERON
Très vite, ce territoire a compris l’enjeu que représente la richesse de sa biodiversité, celle-ci étant plus que jamais au cœur de toute démarche d’évolution de la société. 5
président d’ACIDD : Jean-Louis Joseph est Président du parc naturel régional du Luberon. Il nous accueille dans ce château, géré par le parc du Luberon. Il est également président de la Fédération française des parcs naturels régionaux.
B E R H A U L T ,
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
La richesse de sa biodiversité, celle-ci étant plus que jamais au cœur de toute démarche d’évolution de la société”
Vous êtes ici dans un parc naturel régional. Soixante-douze communes, deux départements (les Alpes de Haute-Provence et le Vaucluse), et un Conseil régional ont décidé voici près de trente ans de travailler en commun pour préserver et développer leur patrimoine naturel et culturel et envisager de façon concertée la gestion de leur territoire. Très vite, ce territoire a compris l’enjeu que représente la richesse de sa biodiversité, celle-ci étant plus que jamais au cœur de toute démarche d’évolution de la société.
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Au delà de la volonté de réconcilier le social, l’économie et l’environnement, nous avons voulu démontrer qu’une démarche de gouvernance était possible pour un territoire et que l’enjeu principal est de faire vivre la démocratie. En effet, après avoir mis en place cette gouvernance au parc naturel avec les élus, les techniciens, le milieu associatif et les acteurs économiques, nous travaillons maintenant à de meilleurs échanges avec les habitants. C’est l’axe principal d’élaboration de notre nouvelle charte ; elle sera bientôt prête pour dix années supplémentaires, comme le prévoit la loi.
Au delà de la volonté de réconcilier le social, l’économie et l’environnement, nous avons voulu démontrer qu’une démarche de gouvernance était possible pour un territoire et que l’enjeu principal est de faire vivre la démocratie. En effet, après avoir mis en place cette gouvernance au parc naturel avec les élus, les techniciens, le milieu associatif et les acteurs économiques, nous travaillons maintenant à de meilleurs échanges avec les habitants. C’est l’axe principal d’élaboration de notre nouvelle charte ; elle sera bientôt prête pour dix années supplémentaires, comme le prévoit la loi.
Aujourd’hui — et c’est une heureuse coïncidence, — j’ai convié 1 000 personnes du territoire et 300 étaient présentes ce matin. Je vais aller les rejoindre. Ce sont des citoyens, experts, partenaires ou élus, réunis à Apt, tout près d’ici, pour lire l’avantprojet de la charte révisée.
Aujourd’hui — et c’est une heureuse coïncidence, — j’ai convié 1 000 personnes du territoire et 300 étaient présentes ce matin. Je vais aller les rejoindre. Ce sont des citoyens, experts, partenaires ou élus, réunis à Apt, tout près d’ici, pour lire l’avantprojet de la charte révisée.
Ce qui est vrai pour le parc du Luberon l’est aussi pour plus de 12 % du territoire français au travers de nos quarante-quatre parcs naturels régionaux, soit 3,5 millions d’habitants. Nous vivons, ou en tout cas nous essayons de vivre, le développement durable dans la préservation ou la création d’équilibres plus respectueux.
Ce qui est vrai pour le parc du Luberon l’est aussi pour plus de 12 % du territoire français au travers de nos quarante-quatre parcs naturels régionaux, soit 3,5 millions d’habitants. Nous vivons, ou en tout cas nous essayons de vivre, le développement durable dans la préservation ou la création d’équilibres plus respectueux.
L’homme est une espèce menacée sur notre petite planète. La communication, le thème de votre rencontre, est au service de l’homme et non l’inverse ; en tout cas pour moi. Or, ce n’est pas à tous les hommes que profite la communication, mais à très peu d’entre eux.
L’homme est une espèce menacée sur notre petite planète. La communication, le thème de votre rencontre, est au service de l’homme et non l’inverse ; en tout cas pour moi. Or, ce n’est pas à tous les hommes que profite la communication, mais à très peu d’entre eux.
Notre projet est fondé sur L’être humain doit prévaloir sur un développement humain, un développement incontrôlé, durable et créateur de richesses, où la raison sociale l’emporte fondé sur la rentabilité” sur la raison économique, où l’être humain doit prévaloir sur un développement incontrôlé, fondé sur la rentabilité.
Notre projet est fondé sur L’être humain doit prévaloir sur un développement humain, un développement incontrôlé, durable et créateur de richesses, où la raison sociale l’emporte fondé sur la rentabilité” sur la raison économique, où l’être humain doit prévaloir sur un développement incontrôlé, fondé sur la rentabilité.
Le développement durable prend depuis quelque temps une place fondamentale dans la société. Les citoyens se sensibilisent de plus en plus. Marier social, environnement, économie de projet, partage de la décision, culture partagée, solidarité, fonde notre avenir.
Le développement durable prend depuis quelque temps une place fondamentale dans la société. Les citoyens se sensibilisent de plus en plus. Marier social, environnement, économie de projet, partage de la décision, culture partagée, solidarité, fonde notre avenir.
Le monde d’aujourd’hui adopte le développement durable, y compris les grands pollueurs, les plus irresponsables sur le plan social. Pourquoi pas, si ces déclarations sont suivies par des actes et, surtout, si ces actes sont évalués et portés à la connaissance des citoyens.
Le monde d’aujourd’hui adopte le développement durable, y compris les grands pollueurs, les plus irresponsables sur le plan social. Pourquoi pas, si ces déclarations sont suivies par des actes et, surtout, si ces actes sont évalués et portés à la connaissance des citoyens.
Nous ne réussirons le XXIe siècle qu’ensemble, avec la participation active de chacun d’entre nous. Ce n’est pas seulement la planète et l’ensemble des équilibres de la nature qui est en danger, mais bien les femmes et les hommes, nos enfants, et cela à très brève échéance, dans vingt à trente ans. Tout le monde adopte le développement durable, mais parfois comme un bouclier, pour se protéger de la critique sociale, alors qu’il ne peut exister que dans la sincérité, l’honnêteté et l’abnégation.
Nous ne réussirons le XXIe siècle qu’ensemble, avec la participation active de chacun d’entre nous. Ce n’est pas seulement la planète et l’ensemble des équilibres de la nature qui est en danger, mais bien les femmes et les hommes, nos enfants, et cela à très brève échéance, dans vingt à trente ans. Tout le monde adopte le développement durable, mais parfois comme un bouclier, pour se protéger de la critique sociale, alors qu’il ne peut exister que dans la sincérité, l’honnêteté et l’abnégation.
Celui qui choisit de suivre la voie du développement durable s’engage sur une route difficile mais, aujourd’hui, la seule qui mène quelque part, celle de la raison et du bon sens, de la base au sommet de l’État.
Celui qui choisit de suivre la voie du développement durable s’engage sur une route difficile mais, aujourd’hui, la seule qui mène quelque part, celle de la raison et du bon sens, de la base au sommet de l’État.
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Bon travaux à tous et bienvenue sur notre territoire.
Bon travaux à tous et bienvenue sur notre territoire. (Applaudissements.)
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(Applaudissements.) 6
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: Voilà un bon programme. Merci à Jean-Louis Joseph. J’ai grand plaisir à le remercier car c’est un peu de ta faute si nous sommes ici et je voulais t’en remercier.
B E R H A U L T
J’ai toujours beaucoup de plaisir à ouvrir cette Université d’été, c’est un lieu un peu particulier. C’est un projet que nous avons monté de façon assez complice avec Anne-Marie et, depuis quelques années, avec l’aide de certains d’entre vous dont François Moisan, Véronique Sauret, etc. Je ne les cite pas tous, je risque d’en oublier ! C’est un moment agréable. Nous allons essayer de transformer les choses pour que ce soit plus efficace toute l’année et pas seulement pendant ces deux jours. Nous sommes convaincus que des solutions existent. Nous n’allons pas nous contenter de l’état des lieux et nous allons en trouver collectivement pour les mettre en œuvre ensemble, notamment de façon transversale. Dès la création de cette Université, il nous a paru très important de recevoir des entreprises, des collectivités, des associations, des médias et des services de l’État.
Nous n’allons pas nous contenter de l’état des lieux et nous allons en trouver collectivement pour les mettre en œuvre ensemble”
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De plus, nous avons considéré que nous vieillissions un peu et qu’il fallait avoir quelques relations entre les générations. Anne-Marie vous en dira un peu plus tout à l’heure. Je voudrais citer et remercier les membres du Comité de pilotage. : Alain Chauveau, Fabienne Rufert qui vous prie de l’excuser car elle a un problème de santé, Agnès Breitenstein, Charles-Henri Dubai, Guillaume Jouet, Sylvie Bremond, Andrée Buchmann, Anne-France Didier, Monica Fossati, Marc Lebret, Muriel Labrousse, Christelle Leca, Yves Leers, Hélène Renard…
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G I L L E S
: Voilà un bon programme. Merci à Jean-Louis Joseph. J’ai grand plaisir à le remercier car c’est un peu de ta faute si nous sommes ici et je voulais t’en remercier.
B E R H A U L T
J’ai toujours beaucoup de plaisir à ouvrir cette Université d’été, c’est un lieu un peu particulier. C’est un projet que nous avons monté de façon assez complice avec Anne-Marie et, depuis quelques années, avec l’aide de certains d’entre vous dont François Moisan, Véronique Sauret, etc. Je ne les cite pas tous, je risque d’en oublier ! C’est un moment agréable. Nous allons essayer de transformer les choses pour que ce soit plus efficace toute l’année et pas seulement pendant ces deux jours. Nous sommes convaincus que des solutions existent. Nous n’allons pas nous contenter de l’état des lieux et nous allons en trouver collectivement pour les mettre en œuvre ensemble, notamment de façon transversale. Dès la création de cette Université, il nous a paru très important de recevoir des entreprises, des collectivités, des associations, des médias et des services de l’État.
Nous n’allons pas nous contenter de l’état des lieux et nous allons en trouver collectivement pour les mettre en œuvre ensemble”
De plus, nous avons considéré que nous vieillissions un peu et qu’il fallait avoir quelques relations entre les générations. Anne-Marie vous en dira un peu plus tout à l’heure. Je voudrais citer et remercier les membres du Comité de pilotage. : Alain Chauveau, Fabienne Rufert qui vous prie de l’excuser car elle a un problème de santé, Agnès Breitenstein, Charles-Henri Dubai, Guillaume Jouet, Sylvie Bremond, Andrée Buchmann, Anne-France Didier, Monica Fossati, Marc Lebret, Muriel Labrousse, Christelle Leca, Yves Leers, Hélène Renard…
Nous avons demandé à tout le monde de faire des interventions très courtes de cinq à sept minutes maximum en ouverture et en débat. Nous avons également demandé aux animateurs d’être très vigilants ; merci de les aider à l’être.
Nous avons demandé à tout le monde de faire des interventions très courtes de cinq à sept minutes maximum en ouverture et en débat. Nous avons également demandé aux animateurs d’être très vigilants ; merci de les aider à l’être.
Vous avez tous entre les mains cette “Bible”. Vous avez vu que nous avons fait un effort considérable qui a demandé beaucoup de travail à toute l’équipe. Cette année, nous avons les CV et les contributions de tout le monde, sauf pour certains qui n’ont pas eu le temps de nous envoyer quelques mots. Nous ne ferons donc pas de tour de table, nous n’aurons pas le temps. La dernière demi-heure de chaque atelier sera consacrée aux échanges afin de faire des projets.
Vous avez tous entre les mains cette “Bible”. Vous avez vu que nous avons fait un effort considérable qui a demandé beaucoup de travail à toute l’équipe. Cette année, nous avons les CV et les contributions de tout le monde, sauf pour certains qui n’ont pas eu le temps de nous envoyer quelques mots. Nous ne ferons donc pas de tour de table, nous n’aurons pas le temps. La dernière demi-heure de chaque atelier sera consacrée aux échanges afin de faire des projets.
ACIDD et Comité 21
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J’ai des excuses à vous présenter. Les services de l’État n’ont pas pu venir. Christian Brodagh, Guillaume Sainteny et Michel Casteights ont des emplois du temps chamboulés. Nous sommes dans un pays où les ministres ont un pouvoir absolu sur les agendas de leurs collaborateurs, ce qui crée quelques perturbations en cette rentrée un peu chargée pour l’environnement.
J’ai des excuses à vous présenter. Les services de l’État n’ont pas pu venir. Christian Brodagh, Guillaume Sainteny et Michel Casteights ont des emplois du temps chamboulés. Nous sommes dans un pays où les ministres ont un pouvoir absolu sur les agendas de leurs collaborateurs, ce qui crée quelques perturbations en cette rentrée un peu chargée pour l’environnement.
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En quelques mots, je souhaite faire un point sur ACIDD. Depuis un an, nous avons fortement développé des activités, en dehors de cette Université. Nous avons créé un Forum international sur les technologies de l’information et le développement durable avec le Comité 21, ADOME et de nombreux partenaires, en particulier avec la complicité de Pascal Dubois de Valenciennes qui est présent également.
En quelques mots, je souhaite faire un point sur ACIDD. Depuis un an, nous avons fortement développé des activités, en dehors de cette Université. Nous avons créé un Forum international sur les technologies de l’information et le développement durable avec le Comité 21, ADOME et de nombreux partenaires, en particulier avec la complicité de Pascal Dubois de Valenciennes qui est présent également.
Je veux, bien sûr, remercier les partenaires sans qui nous ne serions pas là. Tout particulièrement l’ADEME, la DIREN, La Poste, France Télécom, la région ProvenceAlpes-Côte-d’Azur, le département du Vaucluse, Environnement stratégie, ainsi que Moka, Tsadé, Planète écologie, Eco-Forum, sans oublier le CODEV, la mairie de Paris, l’ADEME Île-de-France et l’Europole méditerranéen de l’Arbois qui nous aident à organiser les contributions.
Je veux, bien sûr, remercier les partenaires sans qui nous ne serions pas là. Tout particulièrement l’ADEME, la DIREN, La Poste, France Télécom, la région ProvenceAlpes-Côte-d’Azur, le département du Vaucluse, Environnement stratégie, ainsi que Moka, Tsadé, Planète écologie, Eco-Forum, sans oublier le CODEV, la mairie de Paris, l’ADEME Île-de-France et l’Europole méditerranéen de l’Arbois qui nous aident à organiser les contributions.
Merci au ventriloque Surtout ne soyez pas consensuel. Christian Gabriel qui va se Nous préférerions que vous soyez manifester ce soir. Je voulais également accueillir impertinents et « débatteurs »” amicalement Pierre Roba et Philippe Piau, qui sont deux comédiens metteurs en scène. Ils font un apport assez nouveau sur la scène du développement durable puisqu’ils montent en théâtre un texte de Patrick Viveret que vous connaissez tous. C’est un rapport sur la richesse. Je crois que l’ambition de passer ce texte au théâtre est un travail assez intéressant.
Merci au ventriloque Surtout ne soyez pas consensuel. Christian Gabriel qui va se Nous préférerions que vous soyez manifester ce soir. Je voulais également accueillir impertinents et « débatteurs »” amicalement Pierre Roba et Philippe Piau, qui sont deux comédiens metteurs en scène. Ils font un apport assez nouveau sur la scène du développement durable puisqu’ils montent en théâtre un texte de Patrick Viveret que vous connaissez tous. C’est un rapport sur la richesse. Je crois que l’ambition de passer ce texte au théâtre est un travail assez intéressant.
Après la série d’ateliers, nous aurons un focus qui traitera de l’utilité des rencontres sur le développement durable. Ensuite, nous aurons deux interventions du Conseil régional et du Conseil général.
Après la série d’ateliers, nous aurons un focus qui traitera de l’utilité des rencontres sur le développement durable. Ensuite, nous aurons deux interventions du Conseil régional et du Conseil général.
Nous libérerons un oiseau de nuit qui a été soigné dans la clinique des oiseaux de proie, ce sera un moment assez émouvant. Bons travaux à tous.
Nous libérerons un oiseau de nuit qui a été soigné dans la clinique des oiseaux de proie, ce sera un moment assez émouvant. Bons travaux à tous.
Surtout ne soyez pas consensuel. Les débats sont parfois un peu trop entendus, ce qui n’est pas très créatif. Nous préférerions que vous soyez impertinents et “débatteurs”. N’oubliez pas enfin que le thème n’est pas le développement durable mais la communication pour le développement durable. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.
Surtout ne soyez pas consensuel. Les débats sont parfois un peu trop entendus, ce qui n’est pas très créatif. Nous préférerions que vous soyez impertinents et “débatteurs”. N’oubliez pas enfin que le thème n’est pas le développement durable mais la communication pour le développement durable. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.
Je remercie particulièrement Anne-Marie Sacquet et je souhaite un très bon anniversaire au Comité 21, qui va fêter ses dix ans bientôt. Merci.
Je remercie particulièrement Anne-Marie Sacquet et je souhaite un très bon anniversaire au Comité 21, qui va fêter ses dix ans bientôt. Merci.
(Applaudissements.)
ANNE-MARIE SACQUET
S A C Q U E T : Merci Gilles et Jean-Louis de nous accueillir dans ce parc du Luberon. J’étais ce matin avec Jean-Louis lors de l’ouverture de cette journée de concertation sur la charte du parc avec les élus et les représentants des associations. J’ai pu constater une mobilisation impressionnante ; parfois, la démocratie participative prend corps.
S A C Q U E T : Merci Gilles et Jean-Louis de nous accueillir dans ce parc du Luberon. J’étais ce matin avec Jean-Louis lors de l’ouverture de cette journée de concertation sur la charte du parc avec les élus et les représentants des associations. J’ai pu constater une mobilisation impressionnante ; parfois, la démocratie participative prend corps.
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(Applaudissements.)
ANNE-MARIE SACQUET A N N E - M A R I E
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Bienvenue à tous. Je ne vais pas parler des enjeux de l’Université car je veux laisser la place à ce qui suit immédiatement cette introduction, c’est-à-dire la parole aux jeunes générations pour qu’elles expriment leur analyse du développement durable, leurs attentes vis-à-vis de leur société ou des médias et, d’une manière générale, leur perception de ce monde et des défis que nous avons à résoudre, aussi bien individuellement que collectivement. C’est l’enjeu essentiel de cette troisième Université. Beaucoup d’entre vous sont venus aux deux premières ; nous y avons échafaudé certaines propositions ou scénarii pour une communication plus intelligente, plus responsable et plus efficace. Nous avons fait également un certain nombre de constats. Cette troisième Université doit vraiment entrer dans le réel et dans l’engagement.
Certaines propositions ou scénarii pour une communication plus intelligente, plus responsable et plus efficace”
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Nous avons souhaité, pour cette étape que nous sommes en train de franchir ensemble — puisque nous essayons de construire un monde meilleur, fondé sur d’autres valeurs, sur des principes d’actions, d’évaluation, de décisions plus efficaces et plus conformes aux attentes de la société — donner la parole à des jeunes qui sont, d’une manière ou d’une autre, investis dans le développement durable.
Bienvenue à tous. Je ne vais pas parler des enjeux de l’Université car je veux laisser la place à ce qui suit immédiatement cette introduction, c’est-à-dire la parole aux jeunes générations pour qu’elles expriment leur analyse du développement durable, leurs attentes vis-à-vis de leur société ou des médias et, d’une manière générale, leur perception de ce monde et des défis que nous avons à résoudre, aussi bien individuellement que collectivement. C’est l’enjeu essentiel de cette troisième Université. Beaucoup d’entre vous sont venus aux deux premières ; nous y avons échafaudé certaines propositions ou scénarii pour une communication plus intelligente, plus responsable et plus efficace. Nous avons fait également un certain nombre de constats. Cette troisième Université doit vraiment entrer dans le réel et dans l’engagement.
Certaines propositions ou scénarii pour une communication plus intelligente, plus responsable et plus efficace”
Nous avons souhaité, pour cette étape que nous sommes en train de franchir ensemble — puisque nous essayons de construire un monde meilleur, fondé sur d’autres valeurs, sur des principes d’actions, d’évaluation, de décisions plus efficaces et plus conformes aux attentes de la société — donner la parole à des jeunes qui sont, d’une manière ou d’une autre, investis dans le développement durable.
Certains militent dans des associations, d’autres font du développement durable leur projet professionnel. Des jeunes sont également confrontés aux enjeux du développement durable et ils portent leur regard sur les réalités et les outils qui leur sont proposés. Par exemple, certains font partie du Conseil régional des jeunes de la région PACA.
Certains militent dans des associations, d’autres font du développement durable leur projet professionnel. Des jeunes sont également confrontés aux enjeux du développement durable et ils portent leur regard sur les réalités et les outils qui leur sont proposés. Par exemple, certains font partie du Conseil régional des jeunes de la région PACA.
Ils vont s’exprimer dans quelques instants et dans les ateliers, puisqu’ils sont parmi nous jusqu’à demain. Nous avons souhaité qu’ils puissent véritablement avoir un espace d’expression et soient force de proposition qui les caractérise dans tous les ateliers ; je demande expressément aux animateurs de veiller à ce que cette capacité d’expression soit bien prise en compte et respectée.
Ils vont s’exprimer dans quelques instants et dans les ateliers, puisqu’ils sont parmi nous jusqu’à demain. Nous avons souhaité qu’ils puissent véritablement avoir un espace d’expression et soient force de proposition qui les caractérise dans tous les ateliers ; je demande expressément aux animateurs de veiller à ce que cette capacité d’expression soit bien prise en compte et respectée.
L’autre enjeu de cette troisième Université — vous avez été nombreux à demander que nous abordions un certain nombre de recommandations concrètes — est d’essayer de définir collectivement des axes de responsabilité afin que nous puissions les porter
L’autre enjeu de cette troisième Université — vous avez été nombreux à demander que nous abordions un certain nombre de recommandations concrètes — est d’essayer de définir collectivement des axes de responsabilité afin que nous puissions les porter
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chacun dans nos sphères d’influence, mais aussi collectivement, dans ce rendez-vous annuel de l’Université.
chacun dans nos sphères d’influence, mais aussi collectivement, dans ce rendez-vous annuel de l’Université.
Nous vous proposons un projet de manifeste, qui n’est pas une feuille de route ni un plan d’actions. Il nous paraissait difficile d’aboutir à un plan d’actions opérationnel, concret, en deux jours, car nous avons par ailleurs des thèmes précis à traiter dans les ateliers.
Nous vous proposons un projet de manifeste, qui n’est pas une feuille de route ni un plan d’actions. Il nous paraissait difficile d’aboutir à un plan d’actions opérationnel, concret, en deux jours, car nous avons par ailleurs des thèmes précis à traiter dans les ateliers.
Nous souhaitons simplement que vous examiniez ce projet de texte comme une sorte de définition commune de la communication responsable et quelques engagements à faire respecter ou à respecter soi-même dans ses sphères d’intervention et d’influence… Le groupe de pilotage sera chargé, sur la base d’un texte amendé, de construire un référentiel de suivi et d’évaluation.
Nous souhaitons simplement que vous examiniez ce projet de texte comme une sorte de définition commune de la communication responsable et quelques engagements à faire respecter ou à respecter soi-même dans ses sphères d’intervention et d’influence… Le groupe de pilotage sera chargé, sur la base d’un texte amendé, de construire un référentiel de suivi et d’évaluation.
Ce projet de manifeste est proposé en neuf points. Nous aurions pu en proposer quarante, tellement le champ de la responsabilité de la communication, des enjeux de l’information sont fondamentaux dans le développement durable. Je vous propose que chaque atelier puisse, en fonction des thèmes traités, consacrer entre un quart d’heure et vingt minutes à la lecture à l’amendement de ce texte. Cela nous permettra de sortir demain un tronc commun de constats et d’engagements. Nous ferons parvenir dans les prochaines semaines à tous les participants le projet de référentiel de suivi qui aura été élaboré par les membres du groupe de pilotage.
Ce projet de manifeste est proposé en neuf points. Nous aurions pu en proposer quarante, tellement le champ de la responsabilité de la communication, des enjeux de l’information sont fondamentaux dans le développement durable. Je vous propose que chaque atelier puisse, en fonction des thèmes traités, consacrer entre un quart d’heure et vingt minutes à la lecture à l’amendement de ce texte. Cela nous permettra de sortir demain un tronc commun de constats et d’engagements. Nous ferons parvenir dans les prochaines semaines à tous les participants le projet de référentiel de suivi qui aura été élaboré par les membres du groupe de pilotage.
Au sujet des ateliers, je rappelle que lors de la création de cette Université, avec Gilles nous avions voulu instaurer une autre forme de rencontre. Ici, pas de protocole, de hiérarchie ni de langue de bois. Nous avons, — il bien faut préparer les choses — des thèmes, des animateurs et des contributeurs, mais tous les participants aux ateliers ont le même droit à l’expression, à la parole et à la force de proposition. C’est la base du projet d’Université et je demande à tous, non seulement aux animateurs mais aussi aux participants, de bien respecter cette règle. Le Comité 21 va fêter ses dix ans. Cela va marquer une étape très importante dans la vie de l’association. Nous venons de passer dix années à convaincre, à mobiliser, à rassembler, à rapprocher les adhérents, à faire qu’ils travaillent ensemble, voire à organiser des partenariats entre les ONG, les entreprises, les collectivités, à constituer un réseau de forces vives.
Nous venons de passer dix années à convaincre, à mobiliser, à rassembler, à rapprocher les adhérents, à faire qu’ils travaillent ensemble, à constituer un réseau de forces vives”
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Ce dixième anniversaire est l’occasion de lancer cinq engagements-phares pour les dix prochaines années. La vie de l’association sera maintenant construite sur sa capacité à porter ces engagements et à les faire porter également par les adhérents. Ce sera un moment important dans la vie de l’association et je suis ravie que vous y soyez tous associés, à commencer par aujourd’hui, bien sûr.
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Au sujet des ateliers, je rappelle que lors de la création de cette Université, avec Gilles nous avions voulu instaurer une autre forme de rencontre. Ici, pas de protocole, de hiérarchie ni de langue de bois. Nous avons, — il bien faut préparer les choses — des thèmes, des animateurs et des contributeurs, mais tous les participants aux ateliers ont le même droit à l’expression, à la parole et à la force de proposition. C’est la base du projet d’Université et je demande à tous, non seulement aux animateurs mais aussi aux participants, de bien respecter cette règle. Le Comité 21 va fêter ses dix ans. Cela va marquer une étape très importante dans la vie de l’association. Nous venons de passer dix années à convaincre, à mobiliser, à rassembler, à rapprocher les adhérents, à faire qu’ils travaillent ensemble, voire à organiser des partenariats entre les ONG, les entreprises, les collectivités, à constituer un réseau de forces vives.
Nous venons de passer dix années à convaincre, à mobiliser, à rassembler, à rapprocher les adhérents, à faire qu’ils travaillent ensemble, à constituer un réseau de forces vives”
Ce dixième anniversaire est l’occasion de lancer cinq engagements-phares pour les dix prochaines années. La vie de l’association sera maintenant construite sur sa capacité à porter ces engagements et à les faire porter également par les adhérents. Ce sera un moment important dans la vie de l’association et je suis ravie que vous y soyez tous associés, à commencer par aujourd’hui, bien sûr.
Bons travaux et j’invite Jean-Baptiste David, Marie Jourdain, Solène Bourdet, Émilie Varraud, Marc Brienne et Nicolas Jais à nous rejoindre. Ils vont nous exprimer leur analyse et leurs points de vue. J’appelle également à la tribune Pierre Radanne et Isabelle Marras, en quelque sorte témoins et accompagnateurs de ces premiers échanges des jeunes avec l’Université.
Bons travaux et j’invite Jean-Baptiste David, Marie Jourdain, Solène Bourdet, Émilie Varraud, Marc Brienne et Nicolas Jais à nous rejoindre. Ils vont nous exprimer leur analyse et leurs points de vue. J’appelle également à la tribune Pierre Radanne et Isabelle Marras, en quelque sorte témoins et accompagnateurs de ces premiers échanges des jeunes avec l’Université.
(Applaudissements.)
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D A V I D : Bonjour à tous. Je souhaite remercier très sincèrement le Comité 21 et ACIDD d’avoir pris cette décision qui n’est pas très fréquente, celle de donner la parole aux jeunes. C’est un peu une étiquette de dire “les jeunes”, mais je pense qu’il existe un intérêt à développer cet échange intergénérationnel entre des conceptions de la vie, des spécialités et des compétences différentes. C’est une initiative courageuse qui, je l’espère, portera ses fruits à court, moyen et long terme.
D A V I D : Bonjour à tous. Je souhaite remercier très sincèrement le Comité 21 et ACIDD d’avoir pris cette décision qui n’est pas très fréquente, celle de donner la parole aux jeunes. C’est un peu une étiquette de dire “les jeunes”, mais je pense qu’il existe un intérêt à développer cet échange intergénérationnel entre des conceptions de la vie, des spécialités et des compétences différentes. C’est une initiative courageuse qui, je l’espère, portera ses fruits à court, moyen et long terme.
J E A N - B A P T I S T E
J E A N - B A P T I S T E
Je travaille dans l’éducation à l’environnement depuis deux ans. Je suis le porteparole de l’association EcoForum, située à Marseille. Elle fait partie d’un réseau du même nom qui regroupe 150 associations dans la région PACA. Elle est caractérisée par sa constance. Nous l’avons nourrie des travaux et des suggestions de trois comités : juridique, médical et scientifique. Ils donnent de la légitimité à nos actions et permettent d’enrichir nos différentes prises de position.
Je travaille dans l’éducation à l’environnement depuis deux ans. Je suis le porteparole de l’association EcoForum, située à Marseille. Elle fait partie d’un réseau du même nom qui regroupe 150 associations dans la région PACA. Elle est caractérisée par sa constance. Nous l’avons nourrie des travaux et des suggestions de trois comités : juridique, médical et scientifique. Ils donnent de la légitimité à nos actions et permettent d’enrichir nos différentes prises de position.
Depuis quinze ans, EcoForum s’exprime régulièrement dans les médias en région PACA pour essayer de faire évoluer les choses. Nous sommes depuis plus d’un an adhérents du Comité 21. Nous avons quelque chose de très intéressant à faire ; cela se développe et nous le voyons encore aujourd’hui.
Depuis quinze ans, EcoForum s’exprime régulièrement dans les médias en région PACA pour essayer de faire évoluer les choses. Nous sommes depuis plus d’un an adhérents du Comité 21. Nous avons quelque chose de très intéressant à faire ; cela se développe et nous le voyons encore aujourd’hui.
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EcoForum travaille directement à ancrer le développement durable et à le faire passer au travers des médias. Nous le faisons par des émissions de radio que nous animons depuis de nombreuses années, avec trois émissions hebdomadaires à Marseille — ce qui permet de donner la parole aux associations et à différentes personnes, à des experts, et de parler concrètement du développement durable au travers de l’environnement, des problématiques de santé et de la solidarité qui fait partie, indéniablement, du développement durable.
EcoForum travaille directement à ancrer le développement durable et à le faire passer au travers des médias. Nous le faisons par des émissions de radio que nous animons depuis de nombreuses années, avec trois émissions hebdomadaires à Marseille — ce qui permet de donner la parole aux associations et à différentes personnes, à des experts, et de parler concrètement du développement durable au travers de l’environnement, des problématiques de santé et de la solidarité qui fait partie, indéniablement, du développement durable.
Lorsque nous voyons un groupe comme Total qui fait des bénéfices énormes, nous pourrions nous attendre à ce qu’ils investissent pour le nettoyage de certaines plages, par exemple”
Lorsque nous voyons un groupe comme Total qui fait des bénéfices énormes, nous pourrions nous attendre à ce qu’ils investissent pour le nettoyage de certaines plages, par exemple”
Le développement durable n’est malheureusement pas encore une réalité, mais un concept. Il a fallu du temps pour que les sphères internationales se penchent réellement sur la question et que cela devienne une préoccupation des États. Nous sommes en 2005 et, malheureusement, il faut dire que le développement durable n’est pas encore une réalité. Pour cela, il y a un réel besoin de changement en profondeur de la manière dont nous organisons la société. On parle d’économie. Je prendrai certains exemples et j’espère ne pas tomber dans les clichés. Lorsque nous voyons un groupe comme Total qui fait des bénéfices énormes, nous pourrions nous attendre à ce qu’ils investissent pour le nettoyage de certaines plages, par exemple. Comment se fait-il que le monde économique puisse être encore exempt de certaines responsabilités qui sont pourtant évidentes ?
Le développement durable n’est malheureusement pas encore une réalité, mais un concept. Il a fallu du temps pour que les sphères internationales se penchent réellement sur la question et que cela devienne une préoccupation des États. Nous sommes en 2005 et, malheureusement, il faut dire que le développement durable n’est pas encore une réalité. Pour cela, il y a un réel besoin de changement en profondeur de la manière dont nous organisons la société. On parle d’économie. Je prendrai certains exemples et j’espère ne pas tomber dans les clichés. Lorsque nous voyons un groupe comme Total qui fait des bénéfices énormes, nous pourrions nous attendre à ce qu’ils investissent pour le nettoyage de certaines plages, par exemple. Comment se fait-il que le monde économique puisse être encore exempt de certaines responsabilités qui sont pourtant évidentes ?
Nous sommes confrontés au problème des ressources naturelles et nous sommes en plein dans la crise du pétrole. La campagne de l’ADEME va recommencer, avec une montée en puissance sur les énergies renouvelables. Je suis choqué de lire que les énergies renouvelables sont devenues compétitives par rapport au pétrole. Cela fait des années que le pétrole pose des problèmes et qu’il va en poser de plus en plus. Nous y
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Nous sommes confrontés au problème des ressources naturelles et nous sommes en plein dans la crise du pétrole. La campagne de l’ADEME va recommencer, avec une montée en puissance sur les énergies renouvelables. Je suis choqué de lire que les énergies renouvelables sont devenues compétitives par rapport au pétrole. Cela fait des années que le pétrole pose des problèmes et qu’il va en poser de plus en plus. Nous y
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sommes, espérons que nous n’allons pas faire les mêmes erreurs avec les ressources naturelles.
sommes, espérons que nous n’allons pas faire les mêmes erreurs avec les ressources naturelles.
Pour rester dans ma définition du développement durable, je prends l’aspect social. Lorsque l’on parle d’environnement, par exemple, on parle de santé. C’est très clair, la réflexion sur les problématiques santé/environnement est en train de monter en puissance. C’est malheureusement récent et c’est vraiment fondamental.
Pour rester dans ma définition du développement durable, je prends l’aspect social. Lorsque l’on parle d’environnement, par exemple, on parle de santé. C’est très clair, la réflexion sur les problématiques santé/environnement est en train de monter en puissance. C’est malheureusement récent et c’est vraiment fondamental.
Pour relier cela à l’économie : lorsque nous voyons des bénéfices énormes et, parallèlement, des plans de licenciement, c’est difficilement acceptable. En tout cas, ce n’est pas un système viable.
Pour relier cela à l’économie : lorsque nous voyons des bénéfices énormes et, parallèlement, des plans de licenciement, c’est difficilement acceptable. En tout cas, ce n’est pas un système viable.
Sur une vision plus globale de la société, je pense, comme beaucoup d’autres, que nous sommes dans une société schizophrène. Nous assistons à beaucoup de déclarations de principe et je crois être réaliste sur la lenteur des procédés et la complexité du développement durable ; cependant, nous assistons depuis des années à des quantités de grands principes importants, mais qui ne sont pas suivis d’actes.
Sur une vision plus globale de la société, je pense, comme beaucoup d’autres, que nous sommes dans une société schizophrène. Nous assistons à beaucoup de déclarations de principe et je crois être réaliste sur la lenteur des procédés et la complexité du développement durable ; cependant, nous assistons depuis des années à des quantités de grands principes importants, mais qui ne sont pas suivis d’actes.
Nous connaissons les objectifs européens sur l’énergie renouvelable et, soyons réalistes, nous ne serons pas à 20 % d’énergies renouvelables en France en 2010 ! Cela va être très difficile. Il faudra adapter les discours et surtout les décisions.
Nous connaissons les objectifs européens sur l’énergie renouvelable et, soyons réalistes, nous ne serons pas à 20 % d’énergies renouvelables en France en 2010 ! Cela va être très difficile. Il faudra adapter les discours et surtout les décisions.
Le développement durable est parfois usurpé dans la communication par certaines entreprises. Tout le monde parle du développement durable, mais je ne pense pas que tout le monde fasse du développement durable, c’est avéré. Il existe vraiment une nécessité d’avancer.
Le développement durable est parfois usurpé dans la communication par certaines entreprises. Tout le monde parle du développement durable, mais je ne pense pas que tout le monde fasse du développement durable, c’est avéré. Il existe vraiment une nécessité d’avancer.
De par mon étiquette associative, je parlerai d’EcoForum. Nous sommes tous ici conscients que la société, le monde politique, économique, tout est régi par des rapports de force. EcoForum essaie depuis longtemps — et je suis ravi d’avoir eu la chance de pouvoir m’y investir — de faire jouer leurs rôles aux associations, au delà d’une interrogation que nous pourrions avoir en France sur la place effective de celles qui sont reconnues, légitimées, mais dont la place de concertation et de gouvernance laisse encore à désirer par rapport à d’autres pays, comme l’Angleterre par exemple.
De par mon étiquette associative, je parlerai d’EcoForum. Nous sommes tous ici conscients que la société, le monde politique, économique, tout est régi par des rapports de force. EcoForum essaie depuis longtemps — et je suis ravi d’avoir eu la chance de pouvoir m’y investir — de faire jouer leurs rôles aux associations, au delà d’une interrogation que nous pourrions avoir en France sur la place effective de celles qui sont reconnues, légitimées, mais dont la place de concertation et de gouvernance laisse encore à désirer par rapport à d’autres pays, comme l’Angleterre par exemple.
Je pense que chacun a sa place et son rôle. L’économie dirige le monde, c’est un fait, ici l’économie a sa place. Le chômage est une calamité, mais il a sa place. L’environnement subit certaines difficultés. Il faut réfléchir sur ces principes de gouvernance et nous pourrons en parler tout au long des ateliers. Les décideurs, le monde
Je pense que chacun a sa place et son rôle. L’économie dirige le monde, c’est un fait, ici l’économie a sa place. Le chômage est une calamité, mais il a sa place. L’environnement subit certaines difficultés. Il faut réfléchir sur ces principes de gouvernance et nous pourrons en parler tout au long des ateliers. Les décideurs, le monde
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économique et politique sont-ils prêts à opérer ces ouvertures, ces réorganisations profondes du système, pour laisser la place à la société civile, aux idées nouvelles que les jeunes essaieront d’incarner ?
économique et politique sont-ils prêts à opérer ces ouvertures, ces réorganisations profondes du système, pour laisser la place à la société civile, aux idées nouvelles que les jeunes essaieront d’incarner ?
Nous allons parler, au cours des ateliers, du grand public et comment l’intéresser. Je pense, d’après ce que je vois dans ma vie et dans les médias, qu’il faut de la cohérence et de la conscience dans les campagnes de communication d’intérêt général. On ne peut pas continuer à dire aux gens… Nous entendons des informations qui nous parlent du pic d’ozone dans notre région, et ils sont extrêmement fréquents. Ils sont très graves mais on nous parle simplement du pic d’ozone et l’information suivante porte sur la hausse du nombre de voitures vendues ou sur l’état du marché de l’occasion…
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Nous allons parler, au cours des ateliers, du grand public et comment l’intéresser. Je pense, d’après ce que je vois dans ma vie et dans les médias, qu’il faut de la cohérence et de la conscience dans les campagnes de communication d’intérêt général. On ne peut pas continuer à dire aux gens… Nous entendons des informations qui nous parlent du pic d’ozone dans notre région, et ils sont extrêmement fréquents. Ils sont très graves mais on nous parle simplement du pic d’ozone et l’information suivante porte sur la hausse du nombre de voitures vendues ou sur l’état du marché de l’occasion…
On nous dit que la sécheresse n’est pas aussi grave que cela mais, la semaine suivante, nous nous rendons compte que les trois-quarts des départements français sont concernés. C’est sans cohérence et le grand public n’arrive pas à s’y retrouver.
On nous dit que la sécheresse n’est pas aussi grave que cela mais, la semaine suivante, nous nous rendons compte que les trois-quarts des départements français sont concernés. C’est sans cohérence et le grand public n’arrive pas à s’y retrouver.
Pour conclure, je pense que Je pense que les jeunes sont les jeunes sont tout à fait tout à fait conscients d’avoir conscients d’avoir beaucoup à apprendre. Je suis, comme tout le beaucoup à apprendre” monde je pense, extrêmement content d’être ici pour en apprendre beaucoup.
Pour conclure, je pense que Je pense que les jeunes sont les jeunes sont tout à fait tout à fait conscients d’avoir conscients d’avoir beaucoup à apprendre. Je suis, comme tout le beaucoup à apprendre” monde je pense, extrêmement content d’être ici pour en apprendre beaucoup.
J’ai une petite pensée : on parle du développement durable pour les générations futures mais, sans faire de sentimentalisme, c’est notre génération. J’ai vingt-cinq ans et d’autres ici sont dans cette même tranche d’âge. Comme l’a dit Jean-Louis Joseph, il est urgent de passer à l’action.
J’ai une petite pensée : on parle du développement durable pour les générations futures mais, sans faire de sentimentalisme, c’est notre génération. J’ai vingt-cinq ans et d’autres ici sont dans cette même tranche d’âge. Comme l’a dit Jean-Louis Joseph, il est urgent de passer à l’action.
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Je passe la parole à Marie Jourdain.
Je passe la parole à Marie Jourdain. (Applaudissements.)
M A R I E
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(Applaudissements.)
: J’ai fait des études en environnement. Je suis partie à Bruxelles pour m’intéresser au fonctionnement de l’Union européenne. J’ai également fait un mastère en affaires publiques européennes. Je suis, parité oblige, également porteparole du réseau EcoForum.
J O U R D A I N
M A R I E
: J’ai fait des études en environnement. Je suis partie à Bruxelles pour m’intéresser au fonctionnement de l’Union européenne. J’ai également fait un mastère en affaires publiques européennes. Je suis, parité oblige, également porteparole du réseau EcoForum.
J O U R D A I N
Au départ, j’étais très intéressée par l’environnement et je me disais qu’il fallait vraiment du concret et s’investir. Il faut faire quelque chose. Dans mes études, j’ai vu que l’on me donnait une merveilleuse théorie mais, après, en voyant comment elle allait s’appliquer sur le terrain, j’ai constaté un décalage énorme entre l’éducation, nos merveilleuses études sur l’environnement et la réalité de ce qui se passe sur le terrain, comment les acteurs se positionnent et les différentes variables.
Au départ, j’étais très intéressée par l’environnement et je me disais qu’il fallait vraiment du concret et s’investir. Il faut faire quelque chose. Dans mes études, j’ai vu que l’on me donnait une merveilleuse théorie mais, après, en voyant comment elle allait s’appliquer sur le terrain, j’ai constaté un décalage énorme entre l’éducation, nos merveilleuses études sur l’environnement et la réalité de ce qui se passe sur le terrain, comment les acteurs se positionnent et les différentes variables.
Sans l’investissement associatif que je poursuis depuis quatre ans, je pense que j’aurais vraiment une idée erronée de la réalité. La meilleure théorie du monde, si nous ne prenons pas en compte les variables politiques, économiques et médiatiques ne peut pas être mise en place. Il faut essayer de faire un travail sur le terrain. C’est ce que m’a apporté cet engagement. J’ai eu la possibilité de voir que le monde associatif peut vraiment être une force de proposition, de pression et d’information. Comme l’a dit Jean-Baptiste, EcoForum fait un gros travail d’information.
Sans l’investissement associatif que je poursuis depuis quatre ans, je pense que j’aurais vraiment une idée erronée de la réalité. La meilleure théorie du monde, si nous ne prenons pas en compte les variables politiques, économiques et médiatiques ne peut pas être mise en place. Il faut essayer de faire un travail sur le terrain. C’est ce que m’a apporté cet engagement. J’ai eu la possibilité de voir que le monde associatif peut vraiment être une force de proposition, de pression et d’information. Comme l’a dit Jean-Baptiste, EcoForum fait un gros travail d’information.
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Dans ce décalage entre Il faut essayer d’avoir une pluralité les enjeux du XXIe siècle et d’informations et de sources. le contenu de mes études, C’est ce qui nous manque vraiment il a fallu que j’apprenne à décrypter les informations. dans nos études” Elles sont vraiment exponentielles et de plus en plus complexes. Il est vraiment difficile de savoir trier et réinterroger des chiffres, recouper différentes sources pour savoir où est la réalité. Il faut essayer d’avoir une pluralité d’informations et de sources. C’est ce qui nous manque vraiment dans nos études.
Face à cet engagement et cette expérience, je me demande ce que peut représenter le développement durable pour un jeune. Nous en avons un peu parlé entre nous et nous avons pensé que, finalement, avoir un air pur, une eau pure, des aliments les moins toxiques possible sont les besoins de base, mais il reste le problème du logement. Que ce soit en ville ou en milieu rural, il est de plus en plus difficile pour le jeune de se loger. Nous avons aussi l’emploi. Finalement, tout le monde parle de développement durable et se remplit la bouche de ce concept, ainsi que d’autres tels que l’empreinte écologique, les Agendas 21, etc., mais où sont les emplois ?
Face à cet engagement et cette expérience, je me demande ce que peut représenter le développement durable pour un jeune. Nous en avons un peu parlé entre nous et nous avons pensé que, finalement, avoir un air pur, une eau pure, des aliments les moins toxiques possible sont les besoins de base, mais il reste le problème du logement. Que ce soit en ville ou en milieu rural, il est de plus en plus difficile pour le jeune de se loger. Nous avons aussi l’emploi. Finalement, tout le monde parle de développement durable et se remplit la bouche de ce concept, ainsi que d’autres tels que l’empreinte écologique, les Agendas 21, etc., mais où sont les emplois ?
des relations nord/sud pour réinterroger tout notre fonctionnement sur l’ensemble de la planète, rencontrer l’autre et créer d’autres relations”
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Dans ce décalage entre Il faut essayer d’avoir une pluralité les enjeux du XXIe siècle et d’informations et de sources. le contenu de mes études, C’est ce qui nous manque vraiment il a fallu que j’apprenne à décrypter les informations. dans nos études” Elles sont vraiment exponentielles et de plus en plus complexes. Il est vraiment difficile de savoir trier et réinterroger des chiffres, recouper différentes sources pour savoir où est la réalité. Il faut essayer d’avoir une pluralité d’informations et de sources. C’est ce qui nous manque vraiment dans nos études.
Nous sommes formés, nous savons ce que nous voulons faire puisque nous apprenons progressivement à vraiment nous forger une opinion et nous dire que c’est dans tel domaine que nous aimerions agir. Mais, finalement, nous n’avons pas d’emplois à la clé. Nous sommes vraiment à la recherche de ces emplois, ainsi que d’un changement des relations nord/sud pour réinterroger tout notre Nous sommes vraiment à la recherche fonctionnement sur l’ensemble de la planète, rende ces emplois, ainsi que d’un changement contrer l’autre et créer d’autres relations.
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J’aimerais émettre un certain nombre de remarques sur les différents thèmes des ateliers. Sur la façon de convaincre le grand public, il faut d’abord l’écouter; nous avons de plus en plus l’impression d’être spectateurs de ce monde, plutôt qu’acteurs. Nous demandons vraiment à être écoutés.
On parle de l’empreinte écologique, d’Agendas 21, de développement durable mais, pour la majorité de la population (je parle des jeunes), ce sont des concepts peu clairs, vraiment difficiles à comprendre ou pas forcément bien expliqués. La plupart du temps, quand on parle de développement durable, on voit des mines un peu ébahies; on en a entendu parler mais uniquement par l’environnement. Il faudrait vraiment travailler cette information, proposer des messages clairs et concrets.
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Nous sommes formés, nous savons ce que nous voulons faire puisque nous apprenons progressivement à vraiment nous forger une opinion et nous dire que c’est dans tel domaine que nous aimerions agir. Mais, finalement, nous n’avons pas d’emplois à la clé. Nous sommes vraiment à la recherche de ces emplois, ainsi que d’un changement des relations nord/sud pour réinterroger tout notre Nous sommes vraiment à la recherche fonctionnement sur l’ensemble de la planète, rende ces emplois, ainsi que d’un changement contrer l’autre et créer d’autres relations.
des relations nord/sud pour réinterroger tout notre fonctionnement sur l’ensemble de la planète, rencontrer l’autre et créer d’autres relations”
J’aimerais émettre un certain nombre de remarques sur les différents thèmes des ateliers. Sur la façon de convaincre le grand public, il faut d’abord l’écouter; nous avons de plus en plus l’impression d’être spectateurs de ce monde, plutôt qu’acteurs. Nous demandons vraiment à être écoutés.
On parle de l’empreinte écologique, d’Agendas 21, de développement durable mais, pour la majorité de la population (je parle des jeunes), ce sont des concepts peu clairs, vraiment difficiles à comprendre ou pas forcément bien expliqués. La plupart du temps, quand on parle de développement durable, on voit des mines un peu ébahies; on en a entendu parler mais uniquement par l’environnement. Il faudrait vraiment travailler cette information, proposer des messages clairs et concrets.
Un de mes rêves, puisque nous parlons de convaincre le grand public, serait d’avoir une concertation qui accepte tout le monde, dirigée, et dans laquelle on n’invite pas que les amis. Cela permettrait de se concerter de la manière la plus globale et la plus juste possible.
Un de mes rêves, puisque nous parlons de convaincre le grand public, serait d’avoir une concertation qui accepte tout le monde, dirigée, et dans laquelle on n’invite pas que les amis. Cela permettrait de se concerter de la manière la plus globale et la plus juste possible.
Si on parle des impacts et de la responsabilité de la communication, on peut citer la publicité. Elle a vraiment un impact important sur nos choix. Il faut vraiment utiliser cette puissance de communication et d’action et essayer de mettre en place des campagnes de communication sur le développement durable. Elles existent, mais elles passent souvent inaperçues au milieu de toutes les autres.
Si on parle des impacts et de la responsabilité de la communication, on peut citer la publicité. Elle a vraiment un impact important sur nos choix. Il faut vraiment utiliser cette puissance de communication et d’action et essayer de mettre en place des campagnes de communication sur le développement durable. Elles existent, mais elles passent souvent inaperçues au milieu de toutes les autres.
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Concernant l’atelier valeur et riposte: pour avoir une réelle riposte, il faut sensibiliser les gens. Au fur et à mesure que je m’engageais, j’allais voir les gens autour de moi. Lorsque je leur disais qu’il y avait des choses à faire, leur réponse était toujours: “Que veux-tu que je fasse à moi tout seul?” Nous sommes tous “tout seul”, et nous nous posons la même question. Nous sommes des milliers à nous la poser. S’il existe une possibilité d’aller à la lutte et au combat, essayons vraiment de nous unir et ils seront très nombreux à nous rejoindre.
Leur réponse était toujours : « Que veux-tu que je fasse à moi tout seul ? » Nous sommes tous « tout seul », et nous nous posons la même question”
Allons-y. (Applaudissements.) S O L È N E
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Concernant l’atelier valeur et riposte: pour avoir une réelle riposte, il faut sensibiliser les gens. Au fur et à mesure que je m’engageais, j’allais voir les gens autour de moi. Lorsque je leur disais qu’il y avait des choses à faire, leur réponse était toujours: “Que veux-tu que je fasse à moi tout seul?” Nous sommes tous “tout seul”, et nous nous posons la même question. Nous sommes des milliers à nous la poser. S’il existe une possibilité d’aller à la lutte et au combat, essayons vraiment de nous unir et ils seront très nombreux à nous rejoindre.
Leur réponse était toujours : « Que veux-tu que je fasse à moi tout seul ? » Nous sommes tous « tout seul », et nous nous posons la même question”
B O U R D A I S : Je viens de finir mes études en école de commerce. J’ai un profil un peu particulier par rapport à d’autres. J’ai fait rapidement un passage en association puisque j’étais coordinatrice de la deuxième Université d’été.
Allons-y. (Applaudissements.) S O L È N E
B O U R D A I S : Je viens de finir mes études en école de commerce. J’ai un profil un peu particulier par rapport à d’autres. J’ai fait rapidement un passage en association puisque j’étais coordinatrice de la deuxième Université d’été.
Quelque chose m’a marqué durant mes études ; on me disait toujours que ce qui était très important aujourd’hui était la stratégie et qu’il fallait réfléchir de manière globale et systémique. En voyant comment on nous faisait réfléchir, je me suis rendu compte que cela manquait un peu de vision globale et que d’autres choses étaient à prendre en compte, comme le recyclage des produits après les avoir fabriqués.
Quelque chose m’a marqué durant mes études ; on me disait toujours que ce qui était très important aujourd’hui était la stratégie et qu’il fallait réfléchir de manière globale et systémique. En voyant comment on nous faisait réfléchir, je me suis rendu compte que cela manquait un peu de vision globale et que d’autres choses étaient à prendre en compte, comme le recyclage des produits après les avoir fabriqués.
J’ai fait ce constat et je suis assez heureuse de voir que beaucoup d’écoles de commerce sont en train de répondre à la demande des jeunes pour des formations sur le développement durable. Je considère, dans ma définition du développement durable, qu’il ne faut pas oublier le volet économique. La rentabilité économique est essentielle. Nous ne pourrons pas arriver à faire quelque chose si nous ne passons pas par là, même si cela peut être encouragé par des initiatives de l’État.
J’ai fait ce constat et je suis assez heureuse de voir que beaucoup d’écoles de commerce sont en train de répondre à la demande des jeunes pour des formations sur le développement durable. Je considère, dans ma définition du développement durable, qu’il ne faut pas oublier le volet économique. La rentabilité économique est essentielle. Nous ne pourrons pas arriver à faire quelque chose si nous ne passons pas par là, même si cela peut être encouragé par des initiatives de l’État.
Ma manière de préparer l’Université d’été a été de construire un questionnaire pour analyser ce qu’en pensaient les jeunes de la rue et où ils en étaient du développement durable. Vous avez remarqué que nous sommes tous impliqués d’une manière ou d’une autre, mais nous ne savons pas trop ce qu’en pensent nos voisins. J’ai donc mis mes vacances à profit pour construire ce questionnaire.
Ma manière de préparer l’Université d’été a été de construire un questionnaire pour analyser ce qu’en pensaient les jeunes de la rue et où ils en étaient du développement durable. Vous avez remarqué que nous sommes tous impliqués d’une manière ou d’une autre, mais nous ne savons pas trop ce qu’en pensent nos voisins. J’ai donc mis mes vacances à profit pour construire ce questionnaire.
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Je ne rentrerai par dans le détail mais je vais vous en donner les grandes lignes. Ce questionnaire a été d’abord l’occasion d’un dialogue. J’ai fait des statistiques mais ce n’était pas le but de ce travail. Cela a été pour moi l’occasion d’aller à la rencontre des jeunes et d’en parler, tout simplement. La première question était : “Avez-vous entendu parler du développement durable ?” Les deux tiers en avait entendu parler, ce qui est assez positif. Malheureusement, la grande majorité confondait avec l’écologie. Les jeunes voient le développement durable comme de l’écologie, mais ils ne voient pas le volet social ou économique.
Les jeunes voient le développement durable comme de l’écologie, mais ils ne voient pas le volet social ou économique”
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Autres constats généraux : j’ai été très surprise de voir à quel point les jeunes sont réceptifs et ouverts à la discussion. Ils ont envie de savoir. Ils se sentent concernés. Ils sont sensibles à l’avenir écologique mais ils demandent des informations concrètes. Ils se situent très loin des discours politiques ; c’est complètement abstrait pour eux et ils n’ont pas envie d’y prendre part.
Je ne rentrerai par dans le détail mais je vais vous en donner les grandes lignes. Ce questionnaire a été d’abord l’occasion d’un dialogue. J’ai fait des statistiques mais ce n’était pas le but de ce travail. Cela a été pour moi l’occasion d’aller à la rencontre des jeunes et d’en parler, tout simplement. La première question était : “Avez-vous entendu parler du développement durable ?” Les deux tiers en avait entendu parler, ce qui est assez positif. Malheureusement, la grande majorité confondait avec l’écologie. Les jeunes voient le développement durable comme de l’écologie, mais ils ne voient pas le volet social ou économique.
Les jeunes voient le développement durable comme de l’écologie, mais ils ne voient pas le volet social ou économique”
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Autres constats généraux : j’ai été très surprise de voir à quel point les jeunes sont réceptifs et ouverts à la discussion. Ils ont envie de savoir. Ils se sentent concernés. Ils sont sensibles à l’avenir écologique mais ils demandent des informations concrètes. Ils se situent très loin des discours politiques ; c’est complètement abstrait pour eux et ils n’ont pas envie d’y prendre part.
Ils se situent très loin des discours politiques ; c’est complètement abstrait pour eux et ils n’ont pas envie d’y prendre part”
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Le risque est que nous restions dans notre bulle de gens qui sont à peu près au courant de ce qui se passe. Ces jeunes demandent que nous venions sur leur terrain, ils pensent que c’est le rôle des politiques et des associations.
Le risque est que nous restions dans notre bulle de gens qui sont à peu près au courant de ce qui se passe. Ces jeunes demandent que nous venions sur leur terrain, ils pensent que c’est le rôle des politiques et des associations.
Lorsque je leur demandais : “D’après vous, comment pourrions-nous faire pour que davantage de jeunes soient au courant de tout cela, comment pouvons-nous communiquer auprès d’eux sur le développement durable ?” Ils me répondaient tout simplement : “La télé…”.
Lorsque je leur demandais : “D’après vous, comment pourrions-nous faire pour que davantage de jeunes soient au courant de tout cela, comment pouvons-nous communiquer auprès d’eux sur le développement durable ?” Ils me répondaient tout simplement : “La télé…”.
C’est un peu ambigu. Il existe de très bonnes émissions mais, en général, nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas ce qui informe de manière très juste ; mais ils sont très demandeurs. “Faites des publicités à la télé, parlez aux jeunes directement, faites des publicités choc, qui soient parlantes, comme celles de la sécurité routière qui ont très bien fonctionné !”.
C’est un peu ambigu. Il existe de très bonnes émissions mais, en général, nous sommes tous d’accord pour dire que ce n’est pas ce qui informe de manière très juste ; mais ils sont très demandeurs. “Faites des publicités à la télé, parlez aux jeunes directement, faites des publicités choc, qui soient parlantes, comme celles de la sécurité routière qui ont très bien fonctionné !”.
Ils ont aussi demandé des initiatives de la part de la mairie. Ils ont l’impression d’être plus proches de la commune que de la politique nationale. Ils demandent des initiatives concrètes de ce côté, mais également de celui de la rue et du spectacle ; ils s’y s’intéressent beaucoup.
Ils sont aussi très demandeurs de formations à l’école. Mais j’émets un petit bémol: environ 15000 jeunes par an font des études dans le développement durable, mais seulement 5000 postes sont créés annuellement. Il reste 10000 jeunes sur les rangs et ils seront employés par une entreprise parce qu’ils ont ce côté développement duraEnviron 15 000 jeunes par an font des études ble, ce qui va faire très bien pour l’image. dans le développement durable, mais seulement Ils vont donc adapter ce concept de déve5 000 postes sont créés annuellement” loppement durable à l’activité de l’entre-
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Ils se situent très loin des discours politiques ; c’est complètement abstrait pour eux et ils n’ont pas envie d’y prendre part”
ACIDD et Comité 21
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Ils ont aussi demandé des initiatives de la part de la mairie. Ils ont l’impression d’être plus proches de la commune que de la politique nationale. Ils demandent des initiatives concrètes de ce côté, mais également de celui de la rue et du spectacle ; ils s’y s’intéressent beaucoup.
Ils sont aussi très demandeurs de formations à l’école. Mais j’émets un petit bémol: environ 15000 jeunes par an font des études dans le développement durable, mais seulement 5000 postes sont créés annuellement. Il reste 10000 jeunes sur les rangs et ils seront employés par une entreprise parce qu’ils ont ce côté développement duraEnviron 15 000 jeunes par an font des études ble, ce qui va faire très bien pour l’image. dans le développement durable, mais seulement Ils vont donc adapter ce concept de déve5 000 postes sont créés annuellement” loppement durable à l’activité de l’entre-
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prise et pas réellement promouvoir le développement durable, ce qui est assez dangereux. Cela mérite d’être dit.
prise et pas réellement promouvoir le développement durable, ce qui est assez dangereux. Cela mérite d’être dit.
En général, ils ne se sont pas approprié le terme de développement durable, cela leur paraît complètement abstrait. Ils considèrent le terme trop “adulte”, pas assez “cool”, pas assez “choc”. Le terme de développement durable a fait son chemin, il faut le garder, mais il faudrait peut-être réfléchir à un autre. Ils préféreraient que ce soit plus proche d’eux, un terme tourné vers l’adaptation, le changement, la provocation.
En général, ils ne se sont pas approprié le terme de développement durable, cela leur paraît complètement abstrait. Ils considèrent le terme trop “adulte”, pas assez “cool”, pas assez “choc”. Le terme de développement durable a fait son chemin, il faut le garder, mais il faudrait peut-être réfléchir à un autre. Ils préféreraient que ce soit plus proche d’eux, un terme tourné vers l’adaptation, le changement, la provocation.
Ils ont aussi compris les enjeux environnementaux ; s’ils pouvaient changer les choses par leur comportement cela passerait notamment par le tri sélectif et l’économie d’énergie. Ils ont bien intégré cette notion, même si tous ne le font pas.
Ils ont aussi compris les enjeux environnementaux ; s’ils pouvaient changer les choses par leur comportement cela passerait notamment par le tri sélectif et l’économie d’énergie. Ils ont bien intégré cette notion, même si tous ne le font pas.
Ils n’ont pas forcément compris que, l’argent, c’est le pouvoir. Ils n’ont pas compris qu’acheter ou non constitue un pouvoir et qu’ils peuvent changer les choses à leur niveau en achetant ou non un produit. Mais ceci demande d’être suffisamment bien informé sur les produits en question, sur la production de CO2 que nécessite tel produit, etc.
Ils n’ont pas forcément compris que, l’argent, c’est le pouvoir. Ils n’ont pas compris qu’acheter ou non constitue un pouvoir et qu’ils peuvent changer les choses à leur niveau en achetant ou non un produit. Mais ceci demande d’être suffisamment bien informé sur les produits en question, sur la production de CO2 que nécessite tel produit, etc.
Il faudrait apparemment travailler beaucoup ces points.
Il faudrait apparemment travailler beaucoup ces points. (Applaudissements.)
É M I L I E
(Applaudissements.)
: J’ai fait des études purement d’environnement, de dépollution, de maîtrise des énergies et de gestion des déchets. Cette année, je me suis rendu compte de la problématique de communication et j’ai fait un DESS “Relations publiques de l’environnement”. J’ai pu faire un stage de sept mois au Comité 21, sur les territoires durables et l’Agenda 21, ce qui m’a vraiment permis de connaître les outils de communication importants du développement durable.
V A R R A U D
É M I L I E
Je voulais vous dire combien j’étais heureuse de participer à cette Université d’été. Lorsqu’on est étudiant, on n’a pas toujours la possibilité d’aller discuter avec les acteurs majeurs du développement durable, les colloques sont souvent fermés aux étudiants par leur prix ou par leur mode d’accès. C’est vraiment une chance pour nous de pouvoir échanger avec vous durant ces deux jours. J’espère que les échanges seront intéressants et fructueux.
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: J’ai fait des études purement d’environnement, de dépollution, de maîtrise des énergies et de gestion des déchets. Cette année, je me suis rendu compte de la problématique de communication et j’ai fait un DESS “Relations publiques de l’environnement”. J’ai pu faire un stage de sept mois au Comité 21, sur les territoires durables et l’Agenda 21, ce qui m’a vraiment permis de connaître les outils de communication importants du développement durable.
V A R R A U D
Je voulais vous dire combien j’étais heureuse de participer à cette Université d’été. Lorsqu’on est étudiant, on n’a pas toujours la possibilité d’aller discuter avec les acteurs majeurs du développement durable, les colloques sont souvent fermés aux étudiants par leur prix ou par leur mode d’accès. C’est vraiment une chance pour nous de pouvoir échanger avec vous durant ces deux jours. J’espère que les échanges seront intéressants et fructueux.
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Je voudrais appuyer sur huit points, puisque j’ai fait de nombreux stages en gestion des déchets en collectivité. Je me suis rendu compte que la plus grosse problématique, à mon sens, pour le développement durable et sa communication, sont les élus. Ils doivent finir par s’engager réellement et, surtout, rétablir le contact avec les citoyens, chose qu’ils ont perdu depuis déjà quelque temps. Si les citoyens ne s’engagent plus, c’est qu’ils ne comprennent plus les politiques, ni leur plans d’actions ; il n’existe plus du tout de dialogue entre eux. Les élus doivent se rappeler d’où ils viennent ; ils sont élus par les citoyens et ils doivent donc travailler avec eux et pour eux.
“
Des programmes comme l’Agenda 21 constituent un réel intérêt du fait qu’ils sont issus d’une concertation avec tous les citoyens. J’ai pu, par l’intermédiaire du Comité 21, voir des exemples qui marchent très bien. Je vais reprendre celui du parc naturel du Luberon ; c’est, à mon sens, un Agenda 21 où la concertation est vraiment très intéressante. Elle a été faite à domicile : un élu et un technicien sont allés chez l’habitant, ils n’ont pas attendu que le citoyen vienne à eux. Ils sont allés discuter sur leur terrain, avec un réel échange, et cela permettait au citoyen de comprendre son territoire, chose qu’il avait laissé de côté pour une forme d’individualisme.
Nous ne savons pas toujours comment faire. Il est vrai que l’association est un bon moyen mais nous en aimerions d’autres”
Il y a vraiment du chemin à faire sur ce point, c’est très important. De toute façon, une politique de territoire ne peut marcher qu’au travers des élus et de l’impulsion qu’ils vont donner à leur plan d’action.
Au Comité 21, nous rencontrons aussi tout ce qui est stratégie européenne et il est vrai que nous avons beaucoup de mouvements, d’action et de rassemblements entre les pays et les villes. Notamment, Barcelone a fait un jumelage avec le Comité 21 et, au travers de quarante villes membres, a construit un réel plan d’actions, notamment sur l’éducation à l’environnement. Il faudrait que cela passe également par les enfants. Comme le disait Jean-Baptiste, c’est nous la “génération future”, entre guillemets, puisque nous avons encore du temps pour réagir. Mais il faut une vraie impulsion des élus pour nous permettre de travailler et nous donner les moyens d’agir ; nous ne savons pas toujours comment faire. Il est vrai que l’association est un bon moyen mais nous en aimerions d’autres. J’espère que nous allons, tous ensemble, trouver des idées et des moyens.
M A R C
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Des programmes comme l’Agenda 21 constituent un réel intérêt du fait qu’ils sont issus d’une concertation avec tous les citoyens. J’ai pu, par l’intermédiaire du Comité 21, voir des exemples qui marchent très bien. Je vais reprendre celui du parc naturel du Luberon ; c’est, à mon sens, un Agenda 21 où la concertation est vraiment très intéressante. Elle a été faite à domicile : un élu et un technicien sont allés chez l’habitant, ils n’ont pas attendu que le citoyen vienne à eux. Ils sont allés discuter sur leur terrain, avec un réel échange, et cela permettait au citoyen de comprendre son territoire, chose qu’il avait laissé de côté pour une forme d’individualisme.
Nous ne savons pas toujours comment faire. Il est vrai que l’association est un bon moyen mais nous en aimerions d’autres”
Il y a vraiment du chemin à faire sur ce point, c’est très important. De toute façon, une politique de territoire ne peut marcher qu’au travers des élus et de l’impulsion qu’ils vont donner à leur plan d’action.
Au Comité 21, nous rencontrons aussi tout ce qui est stratégie européenne et il est vrai que nous avons beaucoup de mouvements, d’action et de rassemblements entre les pays et les villes. Notamment, Barcelone a fait un jumelage avec le Comité 21 et, au travers de quarante villes membres, a construit un réel plan d’actions, notamment sur l’éducation à l’environnement. Il faudrait que cela passe également par les enfants. Comme le disait Jean-Baptiste, c’est nous la “génération future”, entre guillemets, puisque nous avons encore du temps pour réagir. Mais il faut une vraie impulsion des élus pour nous permettre de travailler et nous donner les moyens d’agir ; nous ne savons pas toujours comment faire. Il est vrai que l’association est un bon moyen mais nous en aimerions d’autres. J’espère que nous allons, tous ensemble, trouver des idées et des moyens.
Je vais donner la parole à Marc qui fait partie du Conseil régional des jeunes de PACA. Il nous donnera également un exemple de concertation des jeunes.
Je vais donner la parole à Marc qui fait partie du Conseil régional des jeunes de PACA. Il nous donnera également un exemple de concertation des jeunes.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
: J’ai eu mon bac “éco” en juin dernier. Je suis ici en tant que membre du Conseil régional des jeunes de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. C’est un lieu où on donne la parole aux jeunes et où ils sont écoutés.
B R I E N N E
M A R C
Nous travaillons pendant un mandat de deux ans en plusieurs groupes de travail : le prix littéraire des lycéens, la santé, la politique régionale d’information sur les métiers. J’ai également travaillé sur la sécurité routière. Un groupe s’occupait de la coopération euro-méditerranéenne et un autre sur l’environnement. Ce dernier a mis en place un livre blanc, constat fait par les jeunes élus des problèmes environnementaux en région PACA ; ils ont proposé des solutions aux élus du Conseil régional. Ils ont ainsi 18
Je voudrais appuyer sur huit points, puisque j’ai fait de nombreux stages en gestion des déchets en collectivité. Je me suis rendu compte que la plus grosse problématique, à mon sens, pour le développement durable et sa communication, sont les élus. Ils doivent finir par s’engager réellement et, surtout, rétablir le contact avec les citoyens, chose qu’ils ont perdu depuis déjà quelque temps. Si les citoyens ne s’engagent plus, c’est qu’ils ne comprennent plus les politiques, ni leur plans d’actions ; il n’existe plus du tout de dialogue entre eux. Les élus doivent se rappeler d’où ils viennent ; ils sont élus par les citoyens et ils doivent donc travailler avec eux et pour eux.
ACIDD et Comité 21
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: J’ai eu mon bac “éco” en juin dernier. Je suis ici en tant que membre du Conseil régional des jeunes de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. C’est un lieu où on donne la parole aux jeunes et où ils sont écoutés.
B R I E N N E
Nous travaillons pendant un mandat de deux ans en plusieurs groupes de travail : le prix littéraire des lycéens, la santé, la politique régionale d’information sur les métiers. J’ai également travaillé sur la sécurité routière. Un groupe s’occupait de la coopération euro-méditerranéenne et un autre sur l’environnement. Ce dernier a mis en place un livre blanc, constat fait par les jeunes élus des problèmes environnementaux en région PACA ; ils ont proposé des solutions aux élus du Conseil régional. Ils ont ainsi 18
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réfléchi à la mise en place d’un label vert qui viserait à promouvoir les lycées qui appliquent une politique d’éducation à l’environnement, au développement durable et à tous ces problèmes.
réfléchi à la mise en place d’un label vert qui viserait à promouvoir les lycées qui appliquent une politique d’éducation à l’environnement, au développement durable et à tous ces problèmes.
Je passe la parole à Nicolas.
Je passe la parole à Nicolas. (Applaudissements.)
N I C O L A S
J A I S
:
(Applaudissements.)
Je travaille pour Blue Initiative. Je suis ancien étudiant de l’IAE.
N I C O L A S
J A I S
Je voudrais faire un constat : toutes ces initiatives sont vraiment nécessaires, mais le problème est qu’elles restent tout à fait marginales.
Il serait nécessaire que, dans la vie associative, au sens le plus large, nous arrivions à créer un réseau systémique qui fasse que, au lieu que chacun fasse une action isolée, à partir d’individualités, soit créé un collectif pour des actions qui auront forcément beaucoup plus de poids et seront plus significatives aux yeux du grand public.
Il serait nécessaire que, dans la vie associative, au sens le plus large, nous arrivions à créer un réseau systémique qui fasse que, au lieu que chacun fasse une action isolée, à partir d’individualités, soit créé un collectif pour des actions qui auront forcément beaucoup plus de poids et seront plus significatives aux yeux du grand public.
Nous cherchons aujourd’hui à communiquer sur le développement durable, sur des actions vis-à-vis des gens pour l’environnement, mais nous restons chacun dans notre coin. Je ne pense pas que nous puissions avoir un impact réel aux yeux du grand public et envers ceux auprès de qui nous devons nous retourner. Il faut partir de l’idée que le nombre fait loi. En essayant de nous réunir et de nous rassembler, nous arriverons petit à petit, même si le chemin est long, à réaliser quelque chose de plus important et significatif.
Nous cherchons aujourd’hui à communiquer sur le développement durable, sur des actions vis-à-vis des gens pour l’environnement, mais nous restons chacun dans notre coin. Je ne pense pas que nous puissions avoir un impact réel aux yeux du grand public et envers ceux auprès de qui nous devons nous retourner. Il faut partir de l’idée que le nombre fait loi. En essayant de nous réunir et de nous rassembler, nous arriverons petit à petit, même si le chemin est long, à réaliser quelque chose de plus important et significatif.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.) Prestation de Christian Gabriel ventriloque
S A C Q U E T : Merci pour cet intermède. Avant d’ouvrir le dialogue avec Pierre et Isabelle, Jean-Baptiste voudrait lancer, en synthèse, trois interpellations.
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Merci pour cet intermède. Avant d’ouvrir le dialogue avec Pierre et Isabelle, Jean-Baptiste voudrait lancer, en synthèse, trois interpellations.
D A V I D : Il s’agit d’une petite concertation de ce matin entre nous, liée évidemment au contenu de ces deux jours de réflexion et de propositions.
J E A N - B A P T I S T E
A N N E - M A R I E
D A V I D : Il s’agit d’une petite concertation de ce matin entre nous, liée évidemment au contenu de ces deux jours de réflexion et de propositions.
J E A N - B A P T I S T E
Je voudrais rappeler que le désintérêt politique est extrêmement dangereux, cela fait partie des choses sur lesquelles il faut travailler et apporter des solutions concrètes. C’est la démocratie de proximité. Jean-Louis Joseph a ouvert le débat en disant qu’il fallait faire vivre la démocratie de proximité. Il faut sortir de ces discours. ©
Je travaille pour Blue Initiative. Je suis ancien étudiant de l’IAE.
Je voudrais faire un constat : toutes ces initiatives sont vraiment nécessaires, mais le problème est qu’elles restent tout à fait marginales.
Prestation de Christian Gabriel ventriloque
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Je voudrais rappeler que le désintérêt politique est extrêmement dangereux, cela fait partie des choses sur lesquelles il faut travailler et apporter des solutions concrètes. C’est la démocratie de proximité. Jean-Louis Joseph a ouvert le débat en disant qu’il fallait faire vivre la démocratie de proximité. Il faut sortir de ces discours. 19
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Une question se détache : les décideurs, le monde politique, le monde économique seront-ils en mesure d’assurer cette nouvelle gouvernance, de créer les conditions pour une nouvelle organisation ? Je crois que c’est fondamental. Il faut vraiment réussir à trouver les conditions de dialogue pour aboutir à cela. Il faut répondre aux questions que les gens se posent ; intéresser le grand public passera certainement par là.
Une question se détache : les décideurs, le monde politique, le monde économique seront-ils en mesure d’assurer cette nouvelle gouvernance, de créer les conditions pour une nouvelle organisation ? Je crois que c’est fondamental. Il faut vraiment réussir à trouver les conditions de dialogue pour aboutir à cela. Il faut répondre aux questions que les gens se posent ; intéresser le grand public passera certainement par là.
Nous attendons également une véritable éthique de la part des médias et des entreprises. Ne pas faire, de sensationnalisme, ni apporter des réponses simplement en cas de grève, de catastrophe, de nouvelles lois. Un certain volontarisme de la part de différents acteurs est appelé en urgence.
Nous attendons également une véritable éthique de la part des médias et des entreprises. Ne pas faire, de sensationnalisme, ni apporter des réponses simplement en cas de grève, de catastrophe, de nouvelles lois. Un certain volontarisme de la part de différents acteurs est appelé en urgence.
Le dernier atelier est la croissance à tout prix, le développement de certains au détriment des autres. Il faut bien être conscient que le développement durable n’est pas uniquement de l’environnement ; des inégalités se creusent alors que, dès 1992, les objectifs du développement durable étaient la réduction de la pauvreté.
Le dernier atelier est la croissance à tout prix, le développement de certains au détriment des autres. Il faut bien être conscient que le développement durable n’est pas uniquement de l’environnement ; des inégalités se creusent alors que, dès 1992, les objectifs du développement durable étaient la réduction de la pauvreté.
“
Le développement durable est une question de priorité.
PIERRE RADANNE
P I E R R E
“
Il faut réfléchir vraiment concrètement aux moyens que nos allons nous donner ; cette croissance à tout prix n’est pas possible. Les ressources sont limitées par nature et il faut trouver de nouveaux modes d’organisation, y compris économiques. Le monde économique fait entièrement partie du développement durable.
Il faut réfléchir vraiment concrètement aux moyens que nos allons nous donner ; cette croissance à tout prix n’est pas possible. Les ressources sont limitées par nature et il faut trouver de nouveaux modes d’organisation, y compris économiques. Le monde économique fait entièrement partie du développement durable.
Anne-Marie Sacquet Il faut aimer ce siècle qui sera parlait des recommandacelui de votre vie. Il doit être tions : passons de la parole aux actes, essayons totalement différent du précédent” de trouver des recommandations qui soient suivies par la communication, l’information, les décisions et l’action.
Anne-Marie Sacquet Il faut aimer ce siècle qui sera parlait des recommandacelui de votre vie. Il doit être tions : passons de la parole aux actes, essayons totalement différent du précédent” de trouver des recommandations qui soient suivies par la communication, l’information, les décisions et l’action.
Je trouve que vous n’êtes pas assez “vache”. Les vieux, dont je fais partie, qui ont vécu une grande partie au XXe siècle, passent leur temps à vouloir pérenniser ce XXe siècle.
R A D A N N E
:
Je voudrais faire un plaidoyer en votre faveur. Il faut aimer ce siècle qui sera celui de votre vie. Il doit être totalement différent du précédent. Compte tenu des âges, vous allez vivre vos vies probablement au delà de 2060, 2070. Vous y verrez les changements climatiques, la fin du pétrole facile. Ce seront les événements de votre vie, comme certains ici l’ont dit. Le problème du développement durable n’est pas de savoir si vous, jeunes, êtes propres sur vous ou si vous êtes sérieux, en bons aficionados du développement durable. Le problème se trouve exactement dans le sens inverse : en quoi le développement durable vous aide-t-il à construire votre vie ? C’est la vraie question.
Le problème se trouve exactement dans le sens inverse : en quoi le développement durable vous aide-t-il à construire votre vie ? C’est la vraie question”
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Le développement durable est une question de priorité.
ACIDD et Comité 21
J’ai une fille de vingt ans et j’ai cette discussion avec elle. Certains font de la communication sur le développement durable, mais ce n’est pas seulement une communication sur les diagnostics, ni sur les quelques gestes qu’il faut que, les uns et les autres, nous fassions.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
PIERRE RADANNE
P I E R R E
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Je trouve que vous n’êtes pas assez “vache”. Les vieux, dont je fais partie, qui ont vécu une grande partie au XXe siècle, passent leur temps à vouloir pérenniser ce XXe siècle.
R A D A N N E
:
Je voudrais faire un plaidoyer en votre faveur. Il faut aimer ce siècle qui sera celui de votre vie. Il doit être totalement différent du précédent. Compte tenu des âges, vous allez vivre vos vies probablement au delà de 2060, 2070. Vous y verrez les changements climatiques, la fin du pétrole facile. Ce seront les événements de votre vie, comme certains ici l’ont dit. Le problème du développement durable n’est pas de savoir si vous, jeunes, êtes propres sur vous ou si vous êtes sérieux, en bons aficionados du développement durable. Le problème se trouve exactement dans le sens inverse : en quoi le développement durable vous aide-t-il à construire votre vie ? C’est la vraie question.
Le problème se trouve exactement dans le sens inverse : en quoi le développement durable vous aide-t-il à construire votre vie ? C’est la vraie question”
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J’ai une fille de vingt ans et j’ai cette discussion avec elle. Certains font de la communication sur le développement durable, mais ce n’est pas seulement une communication sur les diagnostics, ni sur les quelques gestes qu’il faut que, les uns et les autres, nous fassions.
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Le vrai problème auquel nous sommes, vous et nous, confrontés est que nous n’avons pas d’imaginaire de ce siècle, nous ne l’avons pas rêvé. Les siècles précédents, le XVIIIe, le XIXe, le XXe siècle avaient des projets pour leur siècle. Quel est notre espoir pour l’ensemble de l’humanité, sauf à faire une liste des catastrophes annoncées, mais ce qui ne met personne en mouvement ? Le vrai problème est d’avoir un imaginaire de ce siècle, celui du déroulement individuel de votre vie.
Le vrai problème auquel nous sommes, vous et nous, confrontés est que nous n’avons pas d’imaginaire de ce siècle, nous ne l’avons pas rêvé”
Il ne s’agit pas d’être sages en conduisant ou avec vos déchets. Qu’est une vie réussie dans ce siècle ? Quel est le compromis réussi entre le principe de plaisir, l’expression individuelle et, en même temps, la prise en compte des enjeux collectifs ?
L’humanité a fini l’exploration de la planète. Elle est unifiée d’un point de vue communication, économique. Il va falloir, pendant ce siècle, arrêter la prédation des ressources rares. En même temps, des pans s’ouvrent. Les nouvelles technologies de communication font que, dans vos vie singulières, vous aurez autant accès à des gens, à des cultures et à des connaissances que pendant toutes les générations qui vous ont précédées. Nous allons assister à une dématérialisation de l’économie et à la construction d’un espace de vie. Le vrai problème sur le développement durable… Nicolas avait raison, c’est que la liste des bons actes citoyens ne fait pas une adhésion collective.
“
Le vrai problème auquel nous sommes, vous et nous, confrontés est que nous n’avons pas d’imaginaire de ce siècle, nous ne l’avons pas rêvé”
L’humanité a fini l’exploration de la planète. Elle est unifiée d’un point de vue communication, économique. Il va falloir, pendant ce siècle, arrêter la prédation des ressources rares. En même temps, des pans s’ouvrent. Les nouvelles technologies de communication font que, dans vos vie singulières, vous aurez autant accès à des gens, à des cultures et à des connaissances que pendant toutes les générations qui vous ont précédées. Nous allons assister à une dématérialisation de l’économie et à la construction d’un espace de vie. Le vrai problème sur le développement durable… Nicolas avait raison, c’est que la liste des bons actes citoyens ne fait pas une adhésion collective.
“
Notre vrai chantier à nous, professionnels du développement durable, est d’arriver à traduire ces éléments en projets de vie, en itinéraires de vie, à raconter les vies à venir à l’ensemble de nos concitoyens. Nous devons montrer que ces vies à venir, qu’il faut raconter, vont nécessiNous sommes au service ter des vigilances supplémentaires par rapport à de la construction de vos vies. celles de ma génération Aimez ce siècle et bonne chance” mais, en même temps, elles ont des perspectives d’avancer ; cela n’a pas été présent dans vos paroles. Si nous voulons que ce siècle soit juste et pacifique, il faut bien qu’entre le nord et le sud, comme quelqu’un l’a dit, nous partagions un discours sur une réussite de vie sur la planète.
C’est ainsi que je reformule la question: “Comment les jeunes perçoivent-ils le développement durable ?”, plutôt en : “Que fait le développement durable pour les jeunes ?” Nous sommes au service de la construction de vos vies. Aimez ce siècle et bonne chance.
C’est ainsi que je reformule la question: “Comment les jeunes perçoivent-ils le développement durable ?”, plutôt en : “Que fait le développement durable pour les jeunes ?” Nous sommes au service de la construction de vos vies. Aimez ce siècle et bonne chance.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
S A C Q U E T : Merci Pierre. Ce que tu viens de dire doit largement inspirer la troisième série d’ateliers qui traite des valeurs et des ripostes. Isabelle Marras est chargée au programme des Nations Unies pour l’environnement de l’éducation à la consommation responsable. C’est évidemment un des enjeux de cette Université.
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Merci Pierre. Ce que tu viens de dire doit largement inspirer la troisième série d’ateliers qui traite des valeurs et des ripostes. Isabelle Marras est chargée au programme des Nations Unies pour l’environnement de l’éducation à la consommation responsable. C’est évidemment un des enjeux de cette Université.
M A R R A S : Mon intervention est exactement la somme de ce que vous avez dit. Je ne sais donc pas quoi ajouter.
I S A B E L L A
M A R R A S : Mon intervention est exactement la somme de ce que vous avez dit. Je ne sais donc pas quoi ajouter.
I S A B E L L A
Aux Nations Unies, nous avons fait une recherche dans vingt-quatre pays sur ce que les jeunes pensent du développement durable. Les mots-clés de toutes les interventions sont exactement les mêmes. Nous retrouvons le sentiment d’isolement, c’est pour cela ©
Il ne s’agit pas d’être sages en conduisant ou avec vos déchets. Qu’est une vie réussie dans ce siècle ? Quel est le compromis réussi entre le principe de plaisir, l’expression individuelle et, en même temps, la prise en compte des enjeux collectifs ?
Notre vrai chantier à nous, professionnels du développement durable, est d’arriver à traduire ces éléments en projets de vie, en itinéraires de vie, à raconter les vies à venir à l’ensemble de nos concitoyens. Nous devons montrer que ces vies à venir, qu’il faut raconter, vont nécessiNous sommes au service ter des vigilances supplémentaires par rapport à de la construction de vos vies. celles de ma génération Aimez ce siècle et bonne chance” mais, en même temps, elles ont des perspectives d’avancer ; cela n’a pas été présent dans vos paroles. Si nous voulons que ce siècle soit juste et pacifique, il faut bien qu’entre le nord et le sud, comme quelqu’un l’a dit, nous partagions un discours sur une réussite de vie sur la planète.
A N N E - M A R I E
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Le vrai problème auquel nous sommes, vous et nous, confrontés est que nous n’avons pas d’imaginaire de ce siècle, nous ne l’avons pas rêvé. Les siècles précédents, le XVIIIe, le XIXe, le XXe siècle avaient des projets pour leur siècle. Quel est notre espoir pour l’ensemble de l’humanité, sauf à faire une liste des catastrophes annoncées, mais ce qui ne met personne en mouvement ? Le vrai problème est d’avoir un imaginaire de ce siècle, celui du déroulement individuel de votre vie.
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Aux Nations Unies, nous avons fait une recherche dans vingt-quatre pays sur ce que les jeunes pensent du développement durable. Les mots-clés de toutes les interventions sont exactement les mêmes. Nous retrouvons le sentiment d’isolement, c’est pour cela 21
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Plénière d’ouverture
que je tenais à insister sur ce point. Tous les jeunes qui ont été interviewés, soit environ 10 000, ont répondu dans le même sens: “Qu’est-ce que je peux changer à moi tout seul?”
que je tenais à insister sur ce point. Tous les jeunes qui ont été interviewés, soit environ 10 000, ont répondu dans le même sens: “Qu’est-ce que je peux changer à moi tout seul?”
Il a été demandé aux institutions, aux industries, aux communicateurs, de communiquer de façon complète mais choquante, de faire un peu peur aux gens mais aussi de leur donner des alternatives et d’éviter de faire semblant que c’est facile : on arrête le robinet en se lavant les dents et on fait du développement durable.
Il a été demandé aux institutions, aux industries, aux communicateurs, de communiquer de façon complète mais choquante, de faire un peu peur aux gens mais aussi de leur donner des alternatives et d’éviter de faire semblant que c’est facile : on arrête le robinet en se lavant les dents et on fait du développement durable.
Sur la notion de la discussion nord/sud, nous avons vu des jeunes d’Afrique, de France, des États-Unis. Ils montraient véritablement un intérêt à comprendre ce que sont les enjeux dans les différentes parties du monde. C’est aussi participer à la prise des décisions et au travail. Beaucoup de gens sont très intéressés par le développement durable.
Sur la notion de la discussion nord/sud, nous avons vu des jeunes d’Afrique, de France, des États-Unis. Ils montraient véritablement un intérêt à comprendre ce que sont les enjeux dans les différentes parties du monde. C’est aussi participer à la prise des décisions et au travail. Beaucoup de gens sont très intéressés par le développement durable.
L’élément important est de mettre en communication, non seulement le jeune avec les gens qui travaillent sur le développement durable, mais aussi ceux qui considèrent le développement durable important avec ceux qui ne comprennent pas vraiment l’enjeu.
L’élément important est de mettre en communication, non seulement le jeune avec les gens qui travaillent sur le développement durable, mais aussi ceux qui considèrent le développement durable important avec ceux qui ne comprennent pas vraiment l’enjeu.
Le langage que parlent les institutions et les professionnels de la communication est sûrement efficace mais c’est surtout celui de jeune à jeune qui est perçu comme viable et impliquant. Le fait que ce soient les jeunes du même âge qui ont les mêmes problèmes qui communiquent avec d’autres jeunes ne comprenant pas le problème est très important.
Le langage que parlent les institutions et les professionnels de la communication est sûrement efficace mais c’est surtout celui de jeune à jeune qui est perçu comme viable et impliquant. Le fait que ce soient les jeunes du même âge qui ont les mêmes problèmes qui communiquent avec d’autres jeunes ne comprenant pas le problème est très important.
Nous avons vraiment un mouvement international qui va complètement dans le sens de la démarche dont vous avez parlé.
Nous avons vraiment un mouvement international qui va complètement dans le sens de la démarche dont vous avez parlé.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
A N N E - M A R I E
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ACIDD et Comité 21
S A C Q U E T
:
Nous allons continuer à travailler ensemble dans les ateliers.
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
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Nous allons continuer à travailler ensemble dans les ateliers.
Voilà quelques pistes d’échanges tracées pour les travaux de ces deux jours.
Voilà quelques pistes d’échanges tracées pour les travaux de ces deux jours.
Merci à tous.
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Première série d’ateliers
Première série d’ateliers
1.1 “Empreinte écologique”
1.1 “Empreinte écologique”
P A S C A L
L A U R E N T
LAURENT JOLIA-FERRIER EMPREINTE ÉCOLOGIQUE
Directeur de cabinet du Maire de Valenciennes, animateur: Notre sujet concerne l’empreinte écologique et autres indicateurs.
D U B O I S ,
P A S C A L
Depuis plusieurs années maintenant, nous voyons apparaître des sortes d’écobilans d’entreprises, de collectivités ou même d’individus, sur les impacts que nous avons au niveau de la planète.
Depuis plusieurs années maintenant, nous voyons apparaître des sortes d’écobilans d’entreprises, de collectivités ou même d’individus, sur les impacts que nous avons au niveau de la planète.
Les politiques publiques nous parlent maintenant de nécessité d’indicateurs dans le domaine des politiques appliquées à l’échelle d’un territoire.
Les politiques publiques nous parlent maintenant de nécessité d’indicateurs dans le domaine des politiques appliquées à l’échelle d’un territoire.
Laurent Jolia-Ferrier, dont je fais la connaissance aujourd’hui, représente l’Association et la structure Empreinte écologique. Nous respectons la règle du jeu : je vais donc tout de suite lui céder la parole pour une intervention d’environ dix minutes ; n’ayant pas de support vidéo, il ne nous fera pas un “cours magistral”. Nous aurons ensuite un échange et l’ensemble des avis pourront être confrontés.
Laurent Jolia-Ferrier, dont je fais la connaissance aujourd’hui, représente l’Association et la structure Empreinte écologique. Nous respectons la règle du jeu : je vais donc tout de suite lui céder la parole pour une intervention d’environ dix minutes ; n’ayant pas de support vidéo, il ne nous fera pas un “cours magistral”. Nous aurons ensuite un échange et l’ensemble des avis pourront être confrontés.
Je suis pour ma part sceptique de nature sur certaines choses. Par exemple, j’ai envie de mettre en œuvre cette notion d’empreinte écologique, mais je rencontre les plus grandes difficultés du monde avec les services de la collectivité locale.
Je suis pour ma part sceptique de nature sur certaines choses. Par exemple, j’ai envie de mettre en œuvre cette notion d’empreinte écologique, mais je rencontre les plus grandes difficultés du monde avec les services de la collectivité locale.
J O L I A - F E R R I E R , Empreinte écologique : Je vais tout d’abord consacrer quelques minutes à un très rapide rappel sur l’empreinte écologique ; effectivement, sans support vidéo, je ne rentrerai pas trop dans le détail.
L A U R E N T
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J O L I A - F E R R I E R , Empreinte écologique : Je vais tout d’abord consacrer quelques minutes à un très rapide rappel sur l’empreinte écologique ; effectivement, sans support vidéo, je ne rentrerai pas trop dans le détail.
On parle de l’empreinte écologique en France depuis le Sommet de Johannesburg. C’est Jacques Chirac qui, le premier, en a parlé publiquement de manière forte en France.
On parle de l’empreinte écologique en France depuis le Sommet de Johannesburg. C’est Jacques Chirac qui, le premier, en a parlé publiquement de manière forte en France.
Concrètement, lorsque vous entendez à la radio des entreprises ou des collectivités vous parler de nombre de planètes ou d’hectares disponibles consommés, en général, derrière, vous avez l’empreinte écologique.
Concrètement, lorsque vous entendez à la radio des entreprises ou des collectivités vous parler de nombre de planètes ou d’hectares disponibles consommés, en général, derrière, vous avez l’empreinte écologique.
Le produit fini de l’empreinte écologique est une mesure exprimée en nombre de planètes ou en hectares. En fait il s’agit d’hectares globaux. Un hectare global est un hectare ayant une productivité en biomasse au niveau de la moyenne mondiale. Un “vrai” hectare français équivaut à environ 3 hectares globaux.
Le produit fini de l’empreinte écologique est une mesure exprimée en nombre de planètes ou en hectares. En fait il s’agit d’hectares globaux. Un hectare global est un hectare ayant une productivité en biomasse au niveau de la moyenne mondiale. Un “vrai” hectare français équivaut à environ 3 hectares globaux.
LAURENT JOLIA-FERRIER EMPREINTE ÉCOLOGIQUE
Pour vous donner un ordre de grandeur, l’empreinte écologique de la France sur les deux ou trois dernières années, selon les méthodes de calcul mises en œuvre, correspond à 5,3-5,8 hectares par Français et par an. Chaque Français a donc besoin de 5,3-5,8 hectares pour vivre chaque année, sachant que la France dispose d’environ 2,2 2,9 hectares. Cela signifie qu’en France, nous sommes en “surchauffe”. C’est une
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Directeur de cabinet du Maire de Valenciennes, animateur: Notre sujet concerne l’empreinte écologique et autres indicateurs.
D U B O I S ,
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Pour vous donner un ordre de grandeur, l’empreinte écologique de la France sur les deux ou trois dernières années, selon les méthodes de calcul mises en œuvre, correspond à 5,3-5,8 hectares par Français et par an. Chaque Français a donc besoin de 5,3-5,8 hectares pour vivre chaque année, sachant que la France dispose d’environ 2,2 2,9 hectares. Cela signifie qu’en France, nous sommes en “surchauffe”. C’est une
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“surchauffe” relative, les États-Unis consommant entre 9 et 10 hectares par an et par habitant. Ils ont certes un peu plus de disponibilité que nous, mais pas tant que cela. Par conséquent, si l’objectif est d’adopter le modèle de vie américain, par exemple dans des pays en fort développement comme la Chine, il faudra environ cinq planètes pour soutenir la croissance et ces modes de vie, ce qui pose un problème puisque, a priori, nous ne disposons que d’une seule. Les suivantes, ce n’est pas pour tout de suite !
“surchauffe” relative, les États-Unis consommant entre 9 et 10 hectares par an et par habitant. Ils ont certes un peu plus de disponibilité que nous, mais pas tant que cela. Par conséquent, si l’objectif est d’adopter le modèle de vie américain, par exemple dans des pays en fort développement comme la Chine, il faudra environ cinq planètes pour soutenir la croissance et ces modes de vie, ce qui pose un problème puisque, a priori, nous ne disposons que d’une seule. Les suivantes, ce n’est pas pour tout de suite !
Historiquement, le concept d’empreinte écologique remonte au milieu des années 70. Il a été développé à Vancouver. Son application au départ concernait le développement de territoires. Je vous citerai quelques exemples d’application. En fait, c’est un concept qui s’applique à bien d’autres choses qu’à un territoire ; c’est l’un de ses intérêts.
Historiquement, le concept d’empreinte écologique remonte au milieu des années 70. Il a été développé à Vancouver. Son application au départ concernait le développement de territoires. Je vous citerai quelques exemples d’application. En fait, c’est un concept qui s’applique à bien d’autres choses qu’à un territoire ; c’est l’un de ses intérêts.
La méthodologie, globalement, a été peu modifiée depuis cette époque. Vraisemblablement, vous allez nous demander de parler des forces et des faiblesses et un certain nombre d’entre elles s’expliquent par ce petit historique.
La méthodologie, globalement, a été peu modifiée depuis cette époque. Vraisemblablement, vous allez nous demander de parler des forces et des faiblesses et un certain nombre d’entre elles s’expliquent par ce petit historique.
Le WWF soutient très fortement l’empreinte écologique et publie tous les deux ans le rapport “Planète vivante”, dans lequel vous retrouvez l’empreinte écologique d’environ 130 pays. La présentation du résultat fait état d’un chiffre global qui est, pour la France par exemple, entre 5,3 et 5,8 hectares. Par ailleurs, et c’est intéressant, ce chiffre est décomposé sous la forme d’un tableau comprenant plusieurs lignes et colonnes. Je voulais simplement vous le rappeler, car nous en reparlerons certainement.
Le WWF soutient très fortement l’empreinte écologique et publie tous les deux ans le rapport “Planète vivante”, dans lequel vous retrouvez l’empreinte écologique d’environ 130 pays. La présentation du résultat fait état d’un chiffre global qui est, pour la France par exemple, entre 5,3 et 5,8 hectares. Par ailleurs, et c’est intéressant, ce chiffre est décomposé sous la forme d’un tableau comprenant plusieurs lignes et colonnes. Je voulais simplement vous le rappeler, car nous en reparlerons certainement.
Les lignes représentent les différents aspects de la consommation d’un citoyen, d’un pays. Nous y retrouvons cinq grandes thématiques en termes de consommation : l’alimentation, le logement, les déplacements de personnes (la mobilité), la consommation de biens et la consommation de services. C’est une première décomposition de l’empreinte écologique. La deuxième décomposition de l’empreinte écologique correspond aux colonnes du tableau, en fonction cette fois du type d’espace utilisé, sachant que, dans l’empreinte écologique, il existe sept espaces dont six apparaissent : l’espace dévolu aux forêts (le bois d’œuvre, le papier, éventuellement le combustible), les prairies (pour faire pâturer les animaux), les champs (pour le maïs, le riz et autres céréales, les fruits, etc.), les sols bâtis ou dégradés (tout ce qui sert de support aux routes, aux habitations, aux usines, etc.), une partie de l’espace marin qui sert pour la production de poissons et autres crustacés, l’espace nécessaire pour produire l’énergie. Nous en reparlerons certainement ultérieurement.
Nous y retrouvons cinq grandes thématiques en termes de consommation : l’alimentation, le logement, les déplacements de personnes (la mobilité), la consommation de biens et la consommation de services”
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Les lignes représentent les différents aspects de la consommation d’un citoyen, d’un pays. Nous y retrouvons cinq grandes thématiques en termes de consommation : l’alimentation, le logement, les déplacements de personnes (la mobilité), la consommation de biens et la consommation de services. C’est une première décomposition de l’empreinte écologique. La deuxième décomposition de l’empreinte écologique correspond aux colonnes du tableau, en fonction cette fois du type d’espace utilisé, sachant que, dans l’empreinte écologique, il existe sept espaces dont six apparaissent : l’espace dévolu aux forêts (le bois d’œuvre, le papier, éventuellement le combustible), les prairies (pour faire pâturer les animaux), les champs (pour le maïs, le riz et autres céréales, les fruits, etc.), les sols bâtis ou dégradés (tout ce qui sert de support aux routes, aux habitations, aux usines, etc.), une partie de l’espace marin qui sert pour la production de poissons et autres crustacés, l’espace nécessaire pour produire l’énergie. Nous en reparlerons certainement ultérieurement.
Nous y retrouvons cinq grandes thématiques en termes de consommation : l’alimentation, le logement, les déplacements de personnes (la mobilité), la consommation de biens et la consommation de services”
Il existe un septième espace, mais qui n’apparaît pas ; c’est celui réservé à la biodiversité. En fait, dès le départ, on enlève une tranche de planète d’environ 12 % et on la met de côté pour la biodiversité.
Il existe un septième espace, mais qui n’apparaît pas ; c’est celui réservé à la biodiversité. En fait, dès le départ, on enlève une tranche de planète d’environ 12 % et on la met de côté pour la biodiversité.
Le premier exemple d’application de l’empreinte écologique que je vais vous donner est une application traditionnellement “historique”, à savoir le calcul de l’empreinte
Le premier exemple d’application de l’empreinte écologique que je vais vous donner est une application traditionnellement “historique”, à savoir le calcul de l’empreinte
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écologique de territoires. Je ne vous ferai pas la liste de tous ceux qui ont été faits en France, mais je peux, par exemple, vous citer ce qu’a fait et fait actuellement GrandLyon. La première chose qui a été faite il y a deux ans maintenant a consisté à calculer l’empreinte écologique moyenne d’un habitant du Grand-Lyon. Un deuxième travail a ensuite été réalisé, consistant à intégrer l’empreinte écologique dans un ensemble d’indicateurs pour leur Agenda 21.
écologique de territoires. Je ne vous ferai pas la liste de tous ceux qui ont été faits en France, mais je peux, par exemple, vous citer ce qu’a fait et fait actuellement GrandLyon. La première chose qui a été faite il y a deux ans maintenant a consisté à calculer l’empreinte écologique moyenne d’un habitant du Grand-Lyon. Un deuxième travail a ensuite été réalisé, consistant à intégrer l’empreinte écologique dans un ensemble d’indicateurs pour leur Agenda 21.
Le Grand-Lyon, en parallèle, lançait un Agenda 21. Il a défini un certain nombre d’indicateurs et il a fallu trouver une place pour l’empreinte écologique. Grand-Lyon a retenu, parmi ses indicateurs, les Indicateurs Communs Européens, qui comprennent, entre autres, l’empreinte écologique.
Le Grand-Lyon, en parallèle, lançait un Agenda 21. Il a défini un certain nombre d’indicateurs et il a fallu trouver une place pour l’empreinte écologique. Grand-Lyon a retenu, parmi ses indicateurs, les Indicateurs Communs Européens, qui comprennent, entre autres, l’empreinte écologique.
Actuellement, Grand-Lyon lance une étude sur l’empreinte écologique d’un produit immobilier. Grand-Lyon est donc parti du territoire pour s’orienter petit à petit vers des choses un peu plus précises et spécifiques.
Actuellement, Grand-Lyon lance une étude sur l’empreinte écologique d’un produit immobilier. Grand-Lyon est donc parti du territoire pour s’orienter petit à petit vers des choses un peu plus précises et spécifiques.
Autre exemple d’application complètement différente dans le secteur privé : le calcul sur plusieurs années de l’empreinte écologique d’un site industriel dans le secteur de Colomiers. C’est une étude assez intéressante parce qu’on a rapproché, avec succès, l’évolution de l’empreinte de celle des investissements en environnement ; les interprétations étaient assez intéressantes.
Autre exemple d’application complètement différente dans le secteur privé : le calcul sur plusieurs années de l’empreinte écologique d’un site industriel dans le secteur de Colomiers. C’est une étude assez intéressante parce qu’on a rapproché, avec succès, l’évolution de l’empreinte de celle des investissements en environnement ; les interprétations étaient assez intéressantes.
Actuellement, nous sommes en train de calculer, dans une région, l’empreinte de carrières…
Actuellement, nous sommes en train de calculer, dans une région, l’empreinte de carrières…
P A S C A L
D U B O I S
: Pourriez-vous être un peu plus précis ? Comment se déroulent ces études, ces analyses ?
P A S C A L
D U B O I S
: Pourriez-vous être un peu plus précis ? Comment se déroulent ces études, ces analyses ?
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Si je rentre trop dans le domaine technique, ditesle-moi… C’est très différent selon que l’on travaille sur un territoire, un produit ou un site industriel.
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Si je rentre trop dans le domaine technique, ditesle-moi… C’est très différent selon que l’on travaille sur un territoire, un produit ou un site industriel.
Pour travailler sur un territoire, il existe une méthodologie presque totalement standardisée, consistant à répartir des matrices qui existent pour les pays et à définir des variables permettant d’ajuster cette matrice en fonction des modifications de comportements des différents territoires.
Pour travailler sur un territoire, il existe une méthodologie presque totalement standardisée, consistant à répartir des matrices qui existent pour les pays et à définir des variables permettant d’ajuster cette matrice en fonction des modifications de comportements des différents territoires.
Pour les territoires, ce sont des études dans lesquelles nous nous appuyons sur des données qui existent, par exemple au WWF, à l’INSEE, à l’ADEME, au ministère de l’Environnement et qui permettent de manière relativement simple et peu coûteuse de recalculer les empreintes.
Pour les territoires, ce sont des études dans lesquelles nous nous appuyons sur des données qui existent, par exemple au WWF, à l’INSEE, à l’ADEME, au ministère de l’Environnement et qui permettent de manière relativement simple et peu coûteuse de recalculer les empreintes.
Pour donner un ordre de grandeur, l’empreinte d’un territoire (c’est-à-dire une région, une grande ville), c’est très couramment, en France, entre quinze et trente jours de travail. Cela peut être un peu moins ou un peu plus, mais la moyenne se situe dans cette fourchette, plutôt dans sa partie basse.
Pour donner un ordre de grandeur, l’empreinte d’un territoire (c’est-à-dire une région, une grande ville), c’est très couramment, en France, entre quinze et trente jours de travail. Cela peut être un peu moins ou un peu plus, mais la moyenne se situe dans cette fourchette, plutôt dans sa partie basse.
Pour travailler sur un produit ou sur un site industriel, on ne dispose pas de cette matrice standard telle qu’elle est présentée avec ses six colonnes et ses cinq lignes. Nous sommes donc obligés de lui créer complètement sa propre matrice. Par exemple, sur un site industriel, nous pouvons reprendre le découpage utilisé dans les tableaux de bord Environnement de l’entreprise ou prendre des découpages qui conviennent aux gestionnaires des sites industriels, en suivant leur processus par exemple. Il n’existe pas, dans ce cas, de modèle standard pour “découper” l’empreinte ; on la “découpe”
Pour travailler sur un produit ou sur un site industriel, on ne dispose pas de cette matrice standard telle qu’elle est présentée avec ses six colonnes et ses cinq lignes. Nous sommes donc obligés de lui créer complètement sa propre matrice. Par exemple, sur un site industriel, nous pouvons reprendre le découpage utilisé dans les tableaux de bord Environnement de l’entreprise ou prendre des découpages qui conviennent aux gestionnaires des sites industriels, en suivant leur processus par exemple. Il n’existe pas, dans ce cas, de modèle standard pour “découper” l’empreinte ; on la “découpe”
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comme on peut. C’est la première difficulté rencontrée lorsqu’on travaille sur autre chose que sur une entité autre qu’un territoire.
comme on peut. C’est la première difficulté rencontrée lorsqu’on travaille sur autre chose que sur une entité autre qu’un territoire.
Lorsqu’on travaille sur des territoires, en fait, on ne travaille que sur de l’empreinte écologique ; on ajuste certes quelques variables, mais, en gros, on ne travaille que sur l’empreinte des hectares globaux. On a des hectares au départ, des hectares à l’arrivée et des curseurs qui permettent de les faire varier.
Lorsqu’on travaille sur des territoires, en fait, on ne travaille que sur de l’empreinte écologique ; on ajuste certes quelques variables, mais, en gros, on ne travaille que sur l’empreinte des hectares globaux. On a des hectares au départ, des hectares à l’arrivée et des curseurs qui permettent de les faire varier.
Lorsqu’on travaille sur un site industriel, on a des tonnes de CO2, de solvants, de dépôts, de déchets, etc. À l’autre bout, on sait qu’on va arriver sur des hectares et, entre les deux, on n’a rien : il manque le curseur qui, en fonction du type de déchets par exemple, permet de déduire l’empreinte écologique. La deuxième difficulté consiste donc à définir le curseur, ce qui nécessite des facteurs de conversion. On est donc parfois obligé de se reporter à des écobilans.
Lorsqu’on travaille sur un site industriel, on a des tonnes de CO2, de solvants, de dépôts, de déchets, etc. À l’autre bout, on sait qu’on va arriver sur des hectares et, entre les deux, on n’a rien : il manque le curseur qui, en fonction du type de déchets par exemple, permet de déduire l’empreinte écologique. La deuxième difficulté consiste donc à définir le curseur, ce qui nécessite des facteurs de conversion. On est donc parfois obligé de se reporter à des écobilans.
Ce sont deux méthodologies très différentes : l’une totalement standardisée, assez rapide et peu coûteuse, et l’autre beaucoup plus lourde et qui relève parfois davantage de la R&D que de l’exploitation. Je ferme la parenthèse sur la méthodologie.
Ce sont deux méthodologies très différentes : l’une totalement standardisée, assez rapide et peu coûteuse, et l’autre beaucoup plus lourde et qui relève parfois davantage de la R&D que de l’exploitation. Je ferme la parenthèse sur la méthodologie.
Nous parlions de carrières. Nous sommes en train de calculer des empreintes écologiques de carrières, avec un objectif de prospective. Les gens qui nous ont demandé de faire ce travail ont élaboré des scénarios de développement de carrières (trois ou quatre scénarios en fonction de différents paramètres) sur vingt ans dans leur région. Ce scénario leur donne l’impact économique et l’impact social des différentes hypothèses envisagées, mais il leur manque la partie environnementale. Avec l’empreinte écologique, nous allons étudier à vingt ans, en fonction de ces trois ou quatre scénarios, l’impact environnemental de l’activité “carrières” dans la région qui les intéresse.
Nous parlions de carrières. Nous sommes en train de calculer des empreintes écologiques de carrières, avec un objectif de prospective. Les gens qui nous ont demandé de faire ce travail ont élaboré des scénarios de développement de carrières (trois ou quatre scénarios en fonction de différents paramètres) sur vingt ans dans leur région. Ce scénario leur donne l’impact économique et l’impact social des différentes hypothèses envisagées, mais il leur manque la partie environnementale. Avec l’empreinte écologique, nous allons étudier à vingt ans, en fonction de ces trois ou quatre scénarios, l’impact environnemental de l’activité “carrières” dans la région qui les intéresse.
Il est également possible d’appliquer l’empreinte écologique à des produits, à pas mal de choses ; je n’entrerai pas dans le détail.
Il est également possible d’appliquer l’empreinte écologique à des produits, à pas mal de choses ; je n’entrerai pas dans le détail.
Pour conclure très rapidement cette petite introduction, je rappelle les trois atouts de l’empreinte écologique :
Pour conclure très rapidement cette petite introduction, je rappelle les trois atouts de l’empreinte écologique :
– Premier atout : la prise en compte, lorsqu’on travaille sur un territoire, de l’impact environnemental, où qu’il se situe.
– Premier atout : la prise en compte, lorsqu’on travaille sur un territoire, de l’impact environnemental, où qu’il se situe.
Que vous achetiez une voiture fabriquée en France, au Japon ou en Chine, a priori, l’impact environnemental de la fabrication de la voiture apparaîtra de la même façon, au niveau de la France. Avec l’empreinte écologique, le phénomène de mondialisation n’a pas d’impact sur nos performances environnementales.
Que vous achetiez une voiture fabriquée en France, au Japon ou en Chine, a priori, l’impact environnemental de la fabrication de la voiture apparaîtra de la même façon, au niveau de la France. Avec l’empreinte écologique, le phénomène de mondialisation n’a pas d’impact sur nos performances environnementales.
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Prenons strictement les émissions de CO2 de la France ; du fait de la délocalisation de certaines industries, l’émission de CO2 en France doit être en baisse, cela mécaniquement puisque les industries disparaissent. Le PIB est peut-être stable, mais cela ne signifie pas que nous avons forcément amélioré nos performances environnementales. Cela signifie que nous avons transféré du CO2 en Chine ou ailleurs. L’empreinte prend cela en compte, ce qui est un atout par rapport à d’autres méthodologies.
Prenons strictement les émissions de CO2 de la France ; du fait de la délocalisation de certaines industries, l’émission de CO2 en France doit être en baisse, cela mécaniquement puisque les industries disparaissent. Le PIB est peut-être stable, mais cela ne signifie pas que nous avons forcément amélioré nos performances environnementales. Cela signifie que nous avons transféré du CO2 en Chine ou ailleurs. L’empreinte prend cela en compte, ce qui est un atout par rapport à d’autres méthodologies.
– Deuxième atout : l’empreinte montre la limite qui existe lorsqu’on ne touche pas la consommation de biens et de services.
– Deuxième atout : l’empreinte montre la limite qui existe lorsqu’on ne touche pas la consommation de biens et de services.
Je vous ai cité les cinq lignes : alimentation, logement, transport, consommation de biens et consommation de services. Lorsqu’on joue sur les trois premières lignes, en partant de cinq, pour la France, grosso modo, cela varie entre moins 1 et plus 1. Cela signifie que couramment, pour faire simple, en France, lorsqu’on joue sur les trois premières lignes, l’empreinte évolue entre 4 et 6 ; ce n’est pas tout à fait exact, mais cela donne un ordre de grandeur.
Je vous ai cité les cinq lignes : alimentation, logement, transport, consommation de biens et consommation de services. Lorsqu’on joue sur les trois premières lignes, en partant de cinq, pour la France, grosso modo, cela varie entre moins 1 et plus 1. Cela signifie que couramment, pour faire simple, en France, lorsqu’on joue sur les trois premières lignes, l’empreinte évolue entre 4 et 6 ; ce n’est pas tout à fait exact, mais cela donne un ordre de grandeur.
Ce qui nous intéresse, ce n’est pas de monter, mais de descendre et, pour descendre en dessous de 4, il faut travailler sur la consommation de biens et de services.
Ce qui nous intéresse, ce n’est pas de monter, mais de descendre et, pour descendre en dessous de 4, il faut travailler sur la consommation de biens et de services.
Pour l’empreinte écologique, une réduction importante de l’impact sur l’environnement passe par une réduction de la consommation de biens et de services ou par une modification radicale du processus de fabrication qui divise par trois, quatre ou cinq les consommations d’énergie (entre autres). L’empreinte écologique le met bien en évidence. Si on ne fait pas cela, on est coincé.
Pour l’empreinte écologique, une réduction importante de l’impact sur l’environnement passe par une réduction de la consommation de biens et de services ou par une modification radicale du processus de fabrication qui divise par trois, quatre ou cinq les consommations d’énergie (entre autres). L’empreinte écologique le met bien en évidence. Si on ne fait pas cela, on est coincé.
– Troisième et dernier avantage : il s’agit d’un excellent outil de communication.
Souvent, lorsque nous commençons à travailler sur un calcul d’empreinte écologique pour de grandes structures, nous faisons une réunion avec les parties prenantes : associations, techniciens, élus, etc., donc des gens qui, a priori, soit ne savent pas, soit ne veulent pas forcément communiquer. Or, nous nous sommes aperçus à plusieurs reprises — c’est un retour d’expérience sur deux ans et demi — que, chaque fois que nous “mettions l’empreinte écologique sur la table”, Pour l’empreinte écologique, un dialogue très riche s’engageait. Cela ne signifie pas une réduction importante de l’impact que l’empreinte écologique est “géniale” — elle donne lieu également à des critiques —, mais les gens oublient sur l’environnement passe par leurs différences, éventuellement leurs divergences d’obune réduction de la consommation jectifs, et se réunissent autour du concept et des terde biens et de services” mes de l’empreinte écologique. Pour animer un débat, l’empreinte écologique est donc assez intéressante. :
Cela favorise un consensus entre l’ensemble des partenaires.
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L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Je n’irai pas jusque-là, mais cela favorise un débat relativement calme et serein ; les couteaux restent dans les poches… Cela ne signifie pas que toutes les divergences sont aplanies, mais permet de faire avancer une discussion de façon assez intéressante.
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– Troisième et dernier avantage : il s’agit d’un excellent outil de communication.
Souvent, lorsque nous commençons à travailler sur un calcul d’empreinte écologique pour de grandes structures, nous faisons une réunion avec les parties prenantes : associations, techniciens, élus, etc., donc des gens qui, a priori, soit ne savent pas, soit ne veulent pas forcément communiquer. Or, nous nous sommes aperçus à plusieurs reprises — c’est un retour d’expérience sur deux ans et demi — que, chaque fois que nous “mettions l’empreinte écologique sur la table”, Pour l’empreinte écologique, un dialogue très riche s’engageait. Cela ne signifie pas une réduction importante de l’impact que l’empreinte écologique est “géniale” — elle donne lieu également à des critiques —, mais les gens oublient sur l’environnement passe par leurs différences, éventuellement leurs divergences d’obune réduction de la consommation jectifs, et se réunissent autour du concept et des terde biens et de services” mes de l’empreinte écologique. Pour animer un débat, l’empreinte écologique est donc assez intéressante.
Il faut peu de temps, vingt à trente minutes, pour que les gens s’approprient le concept de l’empreinte et commencent à échanger, à dire : “Si nous faisons cela, que se passe-t-il ?”...
D U B O I S
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Je n’irai pas jusque-là, mais cela favorise un débat relativement calme et serein ; les couteaux restent dans les poches… Cela ne signifie pas que toutes les divergences sont aplanies, mais permet de faire avancer une discussion de façon assez intéressante.
Il faut peu de temps, vingt à trente minutes, pour que les gens s’approprient le concept de l’empreinte et commencent à échanger, à dire : “Si nous faisons cela, que se passe-t-il ?”...
J’arrête là.
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:
Cela favorise un consensus entre l’ensemble des partenaires.
P A S C A L
J’arrête là.
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L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Nous avons récemment fait une étude comparée pour un client et qui était, en fait, une comparaison entre plusieurs indicateurs. Il y avait l’empreinte écologique, les indicateurs communs européens pour ceux qui connaissent (dont fait partie l’empreinte écologique) et les indicateurs de l’IFEN.
“
: Je pose la question et ensuite je laisse la parole aux participants. Quelle est la différence, à votre avis, entre un bilan empreinte écologique et un tableau de bord de suivi à partir d’indicateurs réalisés en fonction, par exemple, d’une démarche Agenda 21 ?
P A S C A L
D U B O I S
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Nous avons récemment fait une étude comparée pour un client et qui était, en fait, une comparaison entre plusieurs indicateurs. Il y avait l’empreinte écologique, les indicateurs communs européens pour ceux qui connaissent (dont fait partie l’empreinte écologique) et les indicateurs de l’IFEN.
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Nous avons cherché à savoir si les trois dimensions (environnement, social, économique) étaient couvertes et chacune dans quelle mesure.
Nous avons cherché à savoir si les trois dimensions (environnement, social, économique) étaient couvertes et chacune dans quelle mesure.
Ce qui est clair, c’est que l’empreinte écologique est un indicateur strictement environnemental. Lorsqu’on parle “empreinte écologique”, on ne devrait pas parler de développement durable, mais d’environnement. Il n’y a pas du tout de dimension sociale ni économique. On peut, certes, rapprocher l’empreinte d’autres indicateurs pour avoir ces dimensions, mais l’empreinte Ce qui est clair, c’est que l’empreinte en elle-même rend écologique est un indicateur compte uniquement de strictement environnemental” l’environnement. C’est le premier point.
Ce qui est clair, c’est que l’empreinte écologique est un indicateur strictement environnemental. Lorsqu’on parle “empreinte écologique”, on ne devrait pas parler de développement durable, mais d’environnement. Il n’y a pas du tout de dimension sociale ni économique. On peut, certes, rapprocher l’empreinte d’autres indicateurs pour avoir ces dimensions, mais l’empreinte Ce qui est clair, c’est que l’empreinte en elle-même rend écologique est un indicateur compte uniquement de strictement environnemental” l’environnement. C’est le premier point.
Par ailleurs, il faut être clair, dans l’environnement, l’empreinte ne prend pas tout. Elle ne prend pas en compte aujourd’hui, par exemple, de manière standard, la productivité en eau d’un bassin versant ou des rejets en oxyde d’azote. Ces limitations dans l’empreinte font qu’elle ne couvre pas actuellement toutes les problématiques environnementales.
Par ailleurs, il faut être clair, dans l’environnement, l’empreinte ne prend pas tout. Elle ne prend pas en compte aujourd’hui, par exemple, de manière standard, la productivité en eau d’un bassin versant ou des rejets en oxyde d’azote. Ces limitations dans l’empreinte font qu’elle ne couvre pas actuellement toutes les problématiques environnementales.
S’agissant des territoires, ce n’est pas très pénalisant, mais ça l’est beaucoup plus lorsque nous travaillons pour des industriels ou sur des produits puisque, dans ce cas, nous sommes obligés de développer chaque fois une petite méthodologie pour combler les manques.
S’agissant des territoires, ce n’est pas très pénalisant, mais ça l’est beaucoup plus lorsque nous travaillons pour des industriels ou sur des produits puisque, dans ce cas, nous sommes obligés de développer chaque fois une petite méthodologie pour combler les manques.
D U B O I S
L’aspect social, au niveau d’un territoire, au moins d’une collectivité…
:
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Je disais que les limites, même en environnement, de l’empreinte écologique étaient moins gênantes pour un territoire que pour un industriel, sachant que je ne parle que d’environnement.
P A S C A L
D U B O I S
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P H I L I P
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P A T R I C K
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: Je pose la question et ensuite je laisse la parole aux participants. Quelle est la différence, à votre avis, entre un bilan empreinte écologique et un tableau de bord de suivi à partir d’indicateurs réalisés en fonction, par exemple, d’une démarche Agenda 21 ?
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D’accord. Nous commençons notre dialogue… Une chose me gêne un peu dans ce que vous avez dit.
D U B O I S
L’aspect social, au niveau d’un territoire, au moins d’une collectivité…
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L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Je disais que les limites, même en environnement, de l’empreinte écologique étaient moins gênantes pour un territoire que pour un industriel, sachant que je ne parle que d’environnement.
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D’accord. Nous commençons notre dialogue… Une chose me gêne un peu dans ce que vous avez dit.
Ce que j’aime bien dans le concept d’empreinte écologique, c’est qu’il donne bien la dimension du constat que la planète est finie en termes de ressources et que, donc, nos activités et leurs impacts peuvent, à un moment donné, aller au delà de la capacité d’acceptation des écosystèmes.
Ce que j’aime bien dans le concept d’empreinte écologique, c’est qu’il donne bien la dimension du constat que la planète est finie en termes de ressources et que, donc, nos activités et leurs impacts peuvent, à un moment donné, aller au delà de la capacité d’acceptation des écosystèmes.
C’est très intéressant car, en faisant des globalisations, notamment en prenant l’équivalent hectares, nous arrivons tout de suite à cette notion de limite ; tout le monde dispose ainsi d’une sorte d’indicateur permettant de dire : “Attention, je suis allé trop loin, il faut que je revienne en arrière.” C’est en même temps utile, car l’économie est mondialisée.
C’est très intéressant car, en faisant des globalisations, notamment en prenant l’équivalent hectares, nous arrivons tout de suite à cette notion de limite ; tout le monde dispose ainsi d’une sorte d’indicateur permettant de dire : “Attention, je suis allé trop loin, il faut que je revienne en arrière.” C’est en même temps utile, car l’économie est mondialisée.
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Mais, à côté de cela, c’est un peu antinomique avec la notion même d’écologie. En effet, si l’économie est mondialisée, les écosystèmes ne le sont pas ! Leur fragilité, leur vulnérabilité est locale. Lorsqu’un territoire dispose d’énormément d’eau, si vous en prélevez (je ne parle pas de pollution) relativement beaucoup, vous le faites sans dommage pour l’écosystème. C’est la même chose pour la consommation d’énergie. Si vous avez de l’hydroélectricité dans un endroit et que vous installez à côté une usine de production d’aluminium, l’empreinte écologique sera relativement faible à cet endroit-là.
Mais, à côté de cela, c’est un peu antinomique avec la notion même d’écologie. En effet, si l’économie est mondialisée, les écosystèmes ne le sont pas ! Leur fragilité, leur vulnérabilité est locale. Lorsqu’un territoire dispose d’énormément d’eau, si vous en prélevez (je ne parle pas de pollution) relativement beaucoup, vous le faites sans dommage pour l’écosystème. C’est la même chose pour la consommation d’énergie. Si vous avez de l’hydroélectricité dans un endroit et que vous installez à côté une usine de production d’aluminium, l’empreinte écologique sera relativement faible à cet endroit-là.
Ce qui est un peu gênant dans le succès de la formule, c’est qu’il est très bon parce qu’il définit des limites, des cadres globaux, mais, lorsqu’on essaye ensuite de le transposer au niveau des agents économiques eux-mêmes, on a du mal ; à ce momentlà, on ne peut plus raisonner simplement en termes de consommation d’espace.
Ce qui est un peu gênant dans le succès de la formule, c’est qu’il est très bon parce qu’il définit des limites, des cadres globaux, mais, lorsqu’on essaye ensuite de le transposer au niveau des agents économiques eux-mêmes, on a du mal ; à ce momentlà, on ne peut plus raisonner simplement en termes de consommation d’espace.
J O L I A - F E R R I E R : Le choix qui a été fait au démarrage pour l’empreinte écologique a été de travailler en moyenne internationale. Par exemple, on multiplie l’espace français par trois parce que, en moyenne, il est encore trois fois plus productif que la moyenne mondiale.
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J O L I A - F E R R I E R : Le choix qui a été fait au démarrage pour l’empreinte écologique a été de travailler en moyenne internationale. Par exemple, on multiplie l’espace français par trois parce que, en moyenne, il est encore trois fois plus productif que la moyenne mondiale.
Il y a du pour et du contre. D’une part, cela facilite les comparaisons entre pays. D’autre part, cela permet justement de s’affranchir des frontières. C’est l’exemple d’un kilo de riz qui pousse en Camargue ou en Asie ; on arrive en fait à gérer cet aspect de manière assez simple.
Il y a du pour et du contre. D’une part, cela facilite les comparaisons entre pays. D’autre part, cela permet justement de s’affranchir des frontières. C’est l’exemple d’un kilo de riz qui pousse en Camargue ou en Asie ; on arrive en fait à gérer cet aspect de manière assez simple.
L’inconvénient est celui que vous notez, mais je ne suis pas un “ayatollah” de l’empreinte écologique !
L’inconvénient est celui que vous notez, mais je ne suis pas un “ayatollah” de l’empreinte écologique !
P H I L I P
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L A U R E N T
:
D’accord, mais il existe une contradiction…
J O L I A - F E R R I E R
:
P A T R I C K
J’avais l’habitude de formuler votre remarque de
P H I L I P
L A U R E N T
:
D’accord, mais il existe une contradiction…
J O L I A - F E R R I E R
:
J’avais l’habitude de formuler votre remarque de
manière différente.
manière différente.
Cette hypothèse pour l’empreinte écologique de travailler en therme de moyennes donne à tout le monde le droit de manger son pot de yaourt par exemple. On peut se demander si faire du yaourt en plein désert, en Arabie Saoudite, est vraiment raisonnable… C’est le cas aujourd’hui d’un groupe français bien connu. Lorsque vous regardez le bilan énergie/eau du pot de yaourt en Arabie Saoudite, c’est hallucinant parce que les étables sont climatisées, etc. Géo a fait un très beau reportage sur ce sujet ; vous pouvez vous y reporter. L’empreinte écologique peut contribuer effectivement à entériner ce genre de choses.
Cette hypothèse pour l’empreinte écologique de travailler en therme de moyennes donne à tout le monde le droit de manger son pot de yaourt par exemple. On peut se demander si faire du yaourt en plein désert, en Arabie Saoudite, est vraiment raisonnable… C’est le cas aujourd’hui d’un groupe français bien connu. Lorsque vous regardez le bilan énergie/eau du pot de yaourt en Arabie Saoudite, c’est hallucinant parce que les étables sont climatisées, etc. Géo a fait un très beau reportage sur ce sujet ; vous pouvez vous y reporter. L’empreinte écologique peut contribuer effectivement à entériner ce genre de choses.
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P H I L I P : C’est contradictoire avec ce que vous avez dit : “prise en compte de l’impact environnemental où qu’il se situe.” Vous stigmatisez le pot de yaourt en Arabie Saoudite, mais il ne faut pas le stigmatiser à d’autres endroits.
P A T R I C K
P H I L I P : C’est contradictoire avec ce que vous avez dit : “prise en compte de l’impact environnemental où qu’il se situe.” Vous stigmatisez le pot de yaourt en Arabie Saoudite, mais il ne faut pas le stigmatiser à d’autres endroits.
U N
: C’est peut-être pourquoi il ne faut pas utiliser un système de mesures, mais les compléter entre eux. Il en existe plusieurs et il faut regarder chacun de ces systèmes de mesures pour pouvoir prendre en compte réellement la position des dégâts – au sens large dont on parle.
U N
: C’est peut-être pourquoi il ne faut pas utiliser un système de mesures, mais les compléter entre eux. Il en existe plusieurs et il faut regarder chacun de ces systèmes de mesures pour pouvoir prendre en compte réellement la position des dégâts – au sens large dont on parle.
J O L I A - F E R R I E R : Je n’ai pas dit et je ne dirai jamais — pourtant cela fait deux ans et demi que je ne fais pratiquement que cela — que l’empreinte écologique est un indicateur : a) merveilleux avec uniquement des qualités et b) qui doit remplacer tous les autres, ne serait-ce que parce qu’il ne couvre que l’environnement.
L A U R E N T
I N T E R V E N A N T
L A U R E N T
“
Pour les collectivités, par exemple, il est inacceptable, impensable de n’avoir que l’empreinte écologique comme indicateur. Aucune collectivité n’utilisera que cet indicateur. Par ailleurs, il existe des situations dans lesquelles il faut soit compléter l’empreinte, soit utiliser d’autres outils. Je prends l’exemple des cimenteries. J’ai pas mal discuté de l’empreinte avec un ami qui travaille dans une cimenterie et, finalement, ils se sont plutôt orientés vers un “bilan carbone” de l’ADEME parce que leur principal problème est celui des émissions de CO2 ou l’équivalent, et les effets de serre. L’empreinte écologique était un outil à la limite trop large pour eux. L’empreinte écologique est très intéressante pour de la “communication grand public”. C’est clair. Il existe peu d’outils qui aient autant de succès dans ce domaine en “com grand public”, avec toutes les précautions qu’il faudrait employer et qui ne sont pas toujours prises, mais c’est un outil assez sympathique efficace pour cela.
L’empreinte écologique est très intéressante pour de la « communication grand public »”
Sur le plan technique, sur de gros ensembles de données, on arrive également à faire des analyses très intéressantes pour dégager de grandes tendances ou analyser des incohérences. C’est un outil assez puissant, mais dans ce cas, il est réservé à des techniciens.
Ce sont deux applications pour lesquelles l’empreinte est très forte par rapport à pas mal d’autres indicateurs. Il n’en demeure pas moins que, dans de nombreux cas, il existe d’autres solutions. D’ailleurs, nous ne travaillons pas uniquement sur l’empreinte écologique, heureusement. M A R I E
: Écoforum : À mon avis, l’empreinte écologique est un bon moyen pour arriver à une prise de conscience à l’échelle individuelle parce que, justement, c’est assez simple. On peut se renseigner sur Internet, trouver des questionnaires. Cela permet ensuite de voir quels comportements il est possible de changer.
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J O L I A - F E R R I E R : Je n’ai pas dit et je ne dirai jamais — pourtant cela fait deux ans et demi que je ne fais pratiquement que cela — que l’empreinte écologique est un indicateur : a) merveilleux avec uniquement des qualités et b) qui doit remplacer tous les autres, ne serait-ce que parce qu’il ne couvre que l’environnement.
Pour les collectivités, par exemple, il est inacceptable, impensable de n’avoir que l’empreinte écologique comme indicateur. Aucune collectivité n’utilisera que cet indicateur. Par ailleurs, il existe des situations dans lesquelles il faut soit compléter l’empreinte, soit utiliser d’autres outils. Je prends l’exemple des cimenteries. J’ai pas mal discuté de l’empreinte avec un ami qui travaille dans une cimenterie et, finalement, ils se sont plutôt orientés vers un “bilan carbone” de l’ADEME parce que leur principal problème est celui des émissions de CO2 ou l’équivalent, et les effets de serre. L’empreinte écologique était un outil à la limite trop large pour eux. L’empreinte écologique est très intéressante pour de la “communication grand public”. C’est clair. Il existe peu d’outils qui aient autant de succès dans ce domaine en “com grand public”, avec toutes les précautions qu’il faudrait employer et qui ne sont pas toujours prises, mais c’est un outil assez sympathique efficace pour cela.
L’empreinte écologique est très intéressante pour de la « communication grand public »”
Je l’ai fait avec beaucoup d’amis. Nous essayons tous, par exemple, de prendre le plus possible les transports en commun, de faire un peu attention. Ensuite se pose le problème de l’habitation ; nous ne pouvons pas tous avoir des panneaux solaires sur nos maisons, etc. ! Mais nous avons vu que les problèmes apparaissaient surtout dans le domaine de l’alimentation et essentiellement sur la provenance des aliments. En fait, ne demandons pas de tout en toute saison, mais essayons de manger local et de saison. C’est le grand axe que nous avons pu voir.
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Sur le plan technique, sur de gros ensembles de données, on arrive également à faire des analyses très intéressantes pour dégager de grandes tendances ou analyser des incohérences. C’est un outil assez puissant, mais dans ce cas, il est réservé à des techniciens.
Ce sont deux applications pour lesquelles l’empreinte est très forte par rapport à pas mal d’autres indicateurs. Il n’en demeure pas moins que, dans de nombreux cas, il existe d’autres solutions. D’ailleurs, nous ne travaillons pas uniquement sur l’empreinte écologique, heureusement. M A R I E
: Écoforum : À mon avis, l’empreinte écologique est un bon moyen pour arriver à une prise de conscience à l’échelle individuelle parce que, justement, c’est assez simple. On peut se renseigner sur Internet, trouver des questionnaires. Cela permet ensuite de voir quels comportements il est possible de changer.
J O U R D A I N
Je l’ai fait avec beaucoup d’amis. Nous essayons tous, par exemple, de prendre le plus possible les transports en commun, de faire un peu attention. Ensuite se pose le problème de l’habitation ; nous ne pouvons pas tous avoir des panneaux solaires sur nos maisons, etc. ! Mais nous avons vu que les problèmes apparaissaient surtout dans le domaine de l’alimentation et essentiellement sur la provenance des aliments. En fait, ne demandons pas de tout en toute saison, mais essayons de manger local et de saison. C’est le grand axe que nous avons pu voir.
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Cela dit, au delà du fait qu’il s’agit d’un bon moyen, c’est à mon avis un concept peu clair et très peu connu ; nous le constatons lorsque nous en parlons autour de nous. Il faut vraiment mettre les gens face au “truc” et le leur expliquer. Je ne sais donc pas si vraiment une bonne campagne de communication est faite sur l’empreinte écologique. Je n’ai pas rencontré énormément de gens faisant partie de ce que j’appellerai le grand public, donc M. et Mme “Tout le monde”, qui sachent ce qu’est l’empreinte écologique, à quoi elle sert, ce qu’elle va nous permettre de changer.
Cela dit, au delà du fait qu’il s’agit d’un bon moyen, c’est à mon avis un concept peu clair et très peu connu ; nous le constatons lorsque nous en parlons autour de nous. Il faut vraiment mettre les gens face au “truc” et le leur expliquer. Je ne sais donc pas si vraiment une bonne campagne de communication est faite sur l’empreinte écologique. Je n’ai pas rencontré énormément de gens faisant partie de ce que j’appellerai le grand public, donc M. et Mme “Tout le monde”, qui sachent ce qu’est l’empreinte écologique, à quoi elle sert, ce qu’elle va nous permettre de changer.
J’ai pu lire sur des sites Internet, notamment celui du Comité 21, qu’il fallait douze planètes à un businessman ; cela me révolte ! La chaîne CNN par exemple diffuse des pubs pour inciter à aller travailler dans un pays et vivre dans un autre. Ce sont des choses qu’il faut savoir arrêter. Pourquoi certains ont-ils droit de vivre à Londres tout en allant travailler à New York ? Bien sûr, ils en ont “le droit”, mais en termes d’écologie, de responsabilité pour l’ensemble de la planète, c’est un comportement auquel il faudrait pouvoir mettre un frein ; sachant, bien évidemment, qu’on ne va pas empêcher les gens de faire ce qu’ils souhaitent.
J’ai pu lire sur des sites Internet, notamment celui du Comité 21, qu’il fallait douze planètes à un businessman ; cela me révolte ! La chaîne CNN par exemple diffuse des pubs pour inciter à aller travailler dans un pays et vivre dans un autre. Ce sont des choses qu’il faut savoir arrêter. Pourquoi certains ont-ils droit de vivre à Londres tout en allant travailler à New York ? Bien sûr, ils en ont “le droit”, mais en termes d’écologie, de responsabilité pour l’ensemble de la planète, c’est un comportement auquel il faudrait pouvoir mettre un frein ; sachant, bien évidemment, qu’on ne va pas empêcher les gens de faire ce qu’ils souhaitent.
Enfin, nous parlons de la question “Empreinte écologique et autres indicateurs”. Lorsque, par exemple, un élu dit : “Au cours de mon mandat, je vais essayer de créer tant d’espaces verts” ou lorsque l’État annonce : “Je vais faire 21 % d’énergies renouvelables d’ici 2010”, finalement, quels sont les indicateurs ? Comment évalue-t-on ? Quels contrôles fait-on ?
Enfin, nous parlons de la question “Empreinte écologique et autres indicateurs”. Lorsque, par exemple, un élu dit : “Au cours de mon mandat, je vais essayer de créer tant d’espaces verts” ou lorsque l’État annonce : “Je vais faire 21 % d’énergies renouvelables d’ici 2010”, finalement, quels sont les indicateurs ? Comment évalue-t-on ? Quels contrôles fait-on ?
: Avant de donner la parole à Pierre et à Monsieur, je peux répondre que le Ministère de l’Environnement propose un référentiel basé sur vingt-sept indicateurs définis à partir d’une directive européenne, mais également à partir du travail réalisé par le réseau des Agences régionales de l’énergie. Il est possible d’ailleurs de les télécharger à partir du site du MEDD.
D U B O I S
P A S C A L
Par exemple, ma commune se sert de ces indicateurs. Le tableau de bord de cette année est fait sur la base de ces vingt-sept indicateurs.
“
P I E R R E
: Je suis extrêmement impressionné par la puissance du thème de l’empreinte écologique. Par rapport à des gens qui ont tendance à éluder une partie des problèmes environnementaux ou, en tout cas, qui sont sensibles à des traitements “petit sujet par petit sujet”, cela ramène à une problématique générale et tout le monde est obligé de reconnaître que de se retrouver dans une prédation de la planète au delà des capacités planétaires est inévitablement facteur de conflits.
R A D A N N E
Non seulement l’affaire de l’empreinte écologique est intéressante en termes de méthodes de calcul, mais elle pose également clairement, dès le départ, la question des relations Nord/Sud, celle de la capacité à vivre ensemble, en bonne intelligence sur la planète.
Moyennant quoi, derrière, nous tombons sur une vraie difficulté. Ce n’est pas du tout une critique du concept, mais cela montre le L’affaire de l’empreinte écologique chemin et le terrain qui se profilent derrière. Je pose également clairement, dès le départ, vais reprendre un peu le fil de ce que je disais tout à l’heure.
la question des relations Nord/Sud, celle de la capacité à vivre ensemble, en bonne intelligence sur la planète”
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Quelqu’un vient vous voir et vous dit : “Ok, j’ai tout compris. Quel mode vie me permet de ne consommer qu’une planète ?” Mais là, nous avons
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: Avant de donner la parole à Pierre et à Monsieur, je peux répondre que le Ministère de l’Environnement propose un référentiel basé sur vingt-sept indicateurs définis à partir d’une directive européenne, mais également à partir du travail réalisé par le réseau des Agences régionales de l’énergie. Il est possible d’ailleurs de les télécharger à partir du site du MEDD.
D U B O I S
Par exemple, ma commune se sert de ces indicateurs. Le tableau de bord de cette année est fait sur la base de ces vingt-sept indicateurs.
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P I E R R E
: Je suis extrêmement impressionné par la puissance du thème de l’empreinte écologique. Par rapport à des gens qui ont tendance à éluder une partie des problèmes environnementaux ou, en tout cas, qui sont sensibles à des traitements “petit sujet par petit sujet”, cela ramène à une problématique générale et tout le monde est obligé de reconnaître que de se retrouver dans une prédation de la planète au delà des capacités planétaires est inévitablement facteur de conflits.
R A D A N N E
Non seulement l’affaire de l’empreinte écologique est intéressante en termes de méthodes de calcul, mais elle pose également clairement, dès le départ, la question des relations Nord/Sud, celle de la capacité à vivre ensemble, en bonne intelligence sur la planète.
Moyennant quoi, derrière, nous tombons sur une vraie difficulté. Ce n’est pas du tout une critique du concept, mais cela montre le L’affaire de l’empreinte écologique chemin et le terrain qui se profilent derrière. Je pose également clairement, dès le départ, vais reprendre un peu le fil de ce que je disais tout à l’heure.
la question des relations Nord/Sud, celle de la capacité à vivre ensemble, en bonne intelligence sur la planète”
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Quelqu’un vient vous voir et vous dit : “Ok, j’ai tout compris. Quel mode vie me permet de ne consommer qu’une planète ?” Mais là, nous avons
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de vraies difficultés pour traduire en positif des itinéraires d’existence dans lesquels nous tenons les curseurs. En effet, bien évidemment, tout n’est pas du ressort du comportement individuel. Nous ne sommes pas acteurs dans la conception de nombre d’objets qui sont mis à notre disposition. D’où une vraie difficulté. Nous allons donc avoir un problème avec ces indicateurs. Ils vont, à un moment donné, mis en question par des tas d’experts, aller vers une certaine sophistication technique ; il suffit de voir comment, avec les indicateurs qui avaient été élaborés par l’OCDE, etc., sur les affaires de développement durable, on est arrivé à un “machin” complètement incompréhensible, tellement il est devenu sophistiqué.
de vraies difficultés pour traduire en positif des itinéraires d’existence dans lesquels nous tenons les curseurs. En effet, bien évidemment, tout n’est pas du ressort du comportement individuel. Nous ne sommes pas acteurs dans la conception de nombre d’objets qui sont mis à notre disposition. D’où une vraie difficulté. Nous allons donc avoir un problème avec ces indicateurs. Ils vont, à un moment donné, mis en question par des tas d’experts, aller vers une certaine sophistication technique ; il suffit de voir comment, avec les indicateurs qui avaient été élaborés par l’OCDE, etc., sur les affaires de développement durable, on est arrivé à un “machin” complètement incompréhensible, tellement il est devenu sophistiqué.
Nous avons donc au départ un très bon produit en termes de communication, mais nous n’avons pas fait — moi inclu — le travail consistant à “typer” des vies, des modes de consommation et des modes de production qui puissent servir de référents aux gens.
Nous avons donc au départ un très bon produit en termes de communication, mais nous n’avons pas fait — moi inclu — le travail consistant à “typer” des vies, des modes de consommation et des modes de production qui puissent servir de référents aux gens.
En fait, l’étape d’après sera de Nous recherchons, fabriquer des scénarios compatibles le « BIB », c’est-à-dire avec la planète. Certains peuvent être extrêmement économes en transport ; le bonheur intérieur brut” nous savons que le transport pèse très lourd dans le jeu. Ils seront plus ou moins formatés par exemple sur les questions alimentaires (alimentation carnée, alimentation végétale). Différents types seront présentés pour que les gens, en respect de leur nécessaire liberté, puissent se dire : “On me met sur la table dix modes de vie qui, en gros, passent. En ce qui me concerne, la viande, je m’en moque, par contre j’ai envie de me balader. Je choisis de prendre une part un peu plus importante sur le transport, mais je vais agir sur le reste de façon à ce que cela passe globalement.”
En fait, l’étape d’après sera de Nous recherchons, fabriquer des scénarios compatibles le « BIB », c’est-à-dire avec la planète. Certains peuvent être extrêmement économes en transport ; le bonheur intérieur brut” nous savons que le transport pèse très lourd dans le jeu. Ils seront plus ou moins formatés par exemple sur les questions alimentaires (alimentation carnée, alimentation végétale). Différents types seront présentés pour que les gens, en respect de leur nécessaire liberté, puissent se dire : “On me met sur la table dix modes de vie qui, en gros, passent. En ce qui me concerne, la viande, je m’en moque, par contre j’ai envie de me balader. Je choisis de prendre une part un peu plus importante sur le transport, mais je vais agir sur le reste de façon à ce que cela passe globalement.”
Ce travail très difficile de mise en scénarios non pas seulement de la question, mais également des réponses, n’est pas encore fait aujourd’hui, et c’est à mon avis fondamental. Cette critique fonctionne également avec les autres méthodes d’indicateurs. Plus elles sont détaillées, moins les gens peuvent en faire la synthèse.
Ce travail très difficile de mise en scénarios non pas seulement de la question, mais également des réponses, n’est pas encore fait aujourd’hui, et c’est à mon avis fondamental. Cette critique fonctionne également avec les autres méthodes d’indicateurs. Plus elles sont détaillées, moins les gens peuvent en faire la synthèse.
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D U B O I S : Une réaction à ce que tu dis. Ce qui commence à me gêner, par exemple, c’est le nombre de rapports développement durable que nous recevons d’entreprises et dont souvent les indicateurs sont des éléments complètement aléatoires et le plus souvent plutôt correlés à ce qu’on appelle le PIB et non pas à ce que nous recherchons, nous, depuis des années, à savoir le “BIB”, c’est-à-dire le bonheur intérieur brut.
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D U B O I S : Une réaction à ce que tu dis. Ce qui commence à me gêner, par exemple, c’est le nombre de rapports développement durable que nous recevons d’entreprises et dont souvent les indicateurs sont des éléments complètement aléatoires et le plus souvent plutôt correlés à ce qu’on appelle le PIB et non pas à ce que nous recherchons, nous, depuis des années, à savoir le “BIB”, c’est-à-dire le bonheur intérieur brut.
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Je continue à croire qu’il est dangereux de mettre une méthodologie en place. Il existe l’empreinte écologique, les indicateurs que j’ai cités, ceux de l’OCDE avec plus d’une centaine d’indicateurs. Effectivement, la piste que tu soulèves peut paraître intéressante, mais malheureusement, force est de constater que personne pour l’instant ne s’y attache ou très peu de gens.
Je continue à croire qu’il est dangereux de mettre une méthodologie en place. Il existe l’empreinte écologique, les indicateurs que j’ai cités, ceux de l’OCDE avec plus d’une centaine d’indicateurs. Effectivement, la piste que tu soulèves peut paraître intéressante, mais malheureusement, force est de constater que personne pour l’instant ne s’y attache ou très peu de gens.
Monsieur voulait intervenir, peut-être sur le même sujet pour compléter ?
Monsieur voulait intervenir, peut-être sur le même sujet pour compléter ?
E S P I N O S A : Tout d’abord, encore une fois, nous sommes sur des mots. Là, il s’agit des mots: “empreinte écologique”. Si nous faisions un tour de table, je suis certain que nous pourrions constater qu’il est très difficile de comprendre un concept comme celui-là. Sauf lorsque WWF parle de planète et dit que, lorsqu’on fait telle chose, on consomme comme un Américain, etc. Le concept global pour le public est très intéressant d’un point de vue pédagogique car il permet une prise de conscience. Mais, à part cela, lorsque vous rentrez dans les méthodes de calcul, cela reste un “truc” de technocrates auquel même les politiques ne comprennent rien. C’est ma première remarque.
E S P I N O S A : Tout d’abord, encore une fois, nous sommes sur des mots. Là, il s’agit des mots: “empreinte écologique”. Si nous faisions un tour de table, je suis certain que nous pourrions constater qu’il est très difficile de comprendre un concept comme celui-là. Sauf lorsque WWF parle de planète et dit que, lorsqu’on fait telle chose, on consomme comme un Américain, etc. Le concept global pour le public est très intéressant d’un point de vue pédagogique car il permet une prise de conscience. Mais, à part cela, lorsque vous rentrez dans les méthodes de calcul, cela reste un “truc” de technocrates auquel même les politiques ne comprennent rien. C’est ma première remarque.
V I C T O R - H U G O
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En outre, lorsque vous parlez d’empreinte écologique, cela dépend des gens pour lesquels vous travaillez. Je le dis de façon très provocatrice. C’est l’interprétation que vous allez nous donner pour continuer à travailler. C’est la même chose pour les indicateurs. VICTOR-HUGO ESPINOSA
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Les indicateurs m’intéressent beaucoup. Aujourd’hui, on est en train de mettre en place des indicateurs pour les déchets, pour les mairies. Parfois également, ces indicateurs sont manipulés parce qu’il ne faut pas toucher à telle synergie ou à telle autre, parce qu’on ne peut pas toucher les espaces verts, aux migrations des oiseaux, etc. Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas toucher et donc les indicateurs…
En outre, lorsque vous parlez d’empreinte écologique, cela dépend des gens pour lesquels vous travaillez. Je le dis de façon très provocatrice. C’est l’interprétation que vous allez nous donner pour continuer à travailler. C’est la même chose pour les indicateurs. VICTOR-HUGO ESPINOSA
Les indicateurs m’intéressent beaucoup. Aujourd’hui, on est en train de mettre en place des indicateurs pour les déchets, pour les mairies. Parfois également, ces indicateurs sont manipulés parce qu’il ne faut pas toucher à telle synergie ou à telle autre, parce qu’on ne peut pas toucher les espaces verts, aux migrations des oiseaux, etc. Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas toucher et donc les indicateurs…
Ce qui m’intéresse aujourd’hui dans ce débat, c’est d’arriver à la création de nouveaux indicateurs, en dehors de ceux qui existent, qui sont de bons indicateurs et qui constituent une base de travail. J’aimerais bien en voir naître de nouveaux.
Ce qui m’intéresse aujourd’hui dans ce débat, c’est d’arriver à la création de nouveaux indicateurs, en dehors de ceux qui existent, qui sont de bons indicateurs et qui constituent une base de travail. J’aimerais bien en voir naître de nouveaux.
Lorsque le maire d’Aix décide de faire la Charte de l’environnement, il s’engage à agir. Qui, dans ce pays, contrôle s’il a fait ou pas ce qu’il a annoncé ? C’est un point intéressant : contrôler les promesses des politiques de gauche ou de droite qui s’engagent à quelque chose. Comme cela a été dit tout à l’heure, on s’engage à mener une politique énergétique et puis, on sait très bien qu’on ne va pas y arriver comme on l’a tracée. Et on ne fait non plus les efforts nécessaires pour y arriver.
Lorsque le maire d’Aix décide de faire la Charte de l’environnement, il s’engage à agir. Qui, dans ce pays, contrôle s’il a fait ou pas ce qu’il a annoncé ? C’est un point intéressant : contrôler les promesses des politiques de gauche ou de droite qui s’engagent à quelque chose. Comme cela a été dit tout à l’heure, on s’engage à mener une politique énergétique et puis, on sait très bien qu’on ne va pas y arriver comme on l’a tracée. Et on ne fait non plus les efforts nécessaires pour y arriver.
Je me pose une question par rapport à ces indicateurs (CO2, gaz à effet de serre, aspect énergie). On dit : “On a l’Agenda 21”, mais en sachant que c’est du pipeau ! C’est un Agenda 21 qui sert à s’afficher, à vendre de la politique, un savoir-faire mais, au fond, il n’y a rien !
Je me pose une question par rapport à ces indicateurs (CO2, gaz à effet de serre, aspect énergie). On dit : “On a l’Agenda 21”, mais en sachant que c’est du pipeau ! C’est un Agenda 21 qui sert à s’afficher, à vendre de la politique, un savoir-faire mais, au fond, il n’y a rien !
On peut aller doucement, mais il faudrait que, dans les observatoires (nous avons des observatoires de différents types, santé, environnement, etc.), si nous voulons vraiment que ces indicateurs fonctionnent, encore une fois, soit résolue la question du contrôle des indicateurs.
On peut aller doucement, mais il faudrait que, dans les observatoires (nous avons des observatoires de différents types, santé, environnement, etc.), si nous voulons vraiment que ces indicateurs fonctionnent, encore une fois, soit résolue la question du contrôle des indicateurs.
Au moment venu, une instance indépendante doit nous dire : “Oui, c’est comme cela…”, parce que, parfois, il y a débat sur ces sujets.
Au moment venu, une instance indépendante doit nous dire : “Oui, c’est comme cela…”, parce que, parfois, il y a débat sur ces sujets.
: Sauf que, quand même, un territoire… Lorsqu’une collectivité s’engage sur une démarche de développement durable, c’est déjà une forte volonté politique. Vous n’allez pas demander à contrôler une volonté par une structure qui viendrait d’une institution quelconque. Il n’y a aucune obligation, en France, actuellement. En
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: Sauf que, quand même, un territoire… Lorsqu’une collectivité s’engage sur une démarche de développement durable, c’est déjà une forte volonté politique. Vous n’allez pas demander à contrôler une volonté par une structure qui viendrait d’une institution quelconque. Il n’y a aucune obligation, en France, actuellement. En
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Suède ; c’est réglementaire. L’ensemble des villes, l’ensemble des provinces sont obligées annuellement de rendre compte de leurs Agendas 21. Nous n’en sommes pas du tout à ce stade.
Suède ; c’est réglementaire. L’ensemble des villes, l’ensemble des provinces sont obligées annuellement de rendre compte de leurs Agendas 21. Nous n’en sommes pas du tout à ce stade.
Lorsque vous avez la volonté Faire légiférer pour que politique de faire, d’être honnête, de chaque commune de France faire participer les habitants, vous faites de l’affichage et, lorsque les ait son Agenda 21” habitants sont un peu formés et un peu habitués à avoir cette démarche de participation citoyenne, vous êtes très vite obligé de donner des indicateurs et de faire parler vos actions.
Lorsque vous avez la volonté Faire légiférer pour que politique de faire, d’être honnête, de chaque commune de France faire participer les habitants, vous faites de l’affichage et, lorsque les ait son Agenda 21” habitants sont un peu formés et un peu habitués à avoir cette démarche de participation citoyenne, vous êtes très vite obligé de donner des indicateurs et de faire parler vos actions.
Là encore, c’est une philosophie politique. Gauche, droite, le problème n’est pas là. On peut trouver des villes de gauche et de droite qui s’engagent sur cette voie, mais demander des contrôles d’indicateurs de démarche de développement durable me paraît, pour un certain nombre d’initiatives prises ou de volontés affirmées, un peu trop en avance sur son temps !
Là encore, c’est une philosophie politique. Gauche, droite, le problème n’est pas là. On peut trouver des villes de gauche et de droite qui s’engagent sur cette voie, mais demander des contrôles d’indicateurs de démarche de développement durable me paraît, pour un certain nombre d’initiatives prises ou de volontés affirmées, un peu trop en avance sur son temps !
Si nous arrivions à faire légiférer pour que chaque commune de France ait son Agenda 21, mette en place un tableau de bord ou mette en œuvre l’empreinte écologique, nous serions tous fiers d’un tel résultat !
Si nous arrivions à faire légiférer pour que chaque commune de France ait son Agenda 21, mette en place un tableau de bord ou mette en œuvre l’empreinte écologique, nous serions tous fiers d’un tel résultat !
: Je voudrais réagir à l’interpellation de notre jeune participante, Mlle Jourdain, sur le fait qu’on ne communique pas assez sur l’empreinte. Comme nous avons une Université d’été de la communication du développement durable et que j’ai les deux casquettes, cela tombe bien.
B R E M O N D
S Y L V I E
: Je voudrais réagir à l’interpellation de notre jeune participante, Mlle Jourdain, sur le fait qu’on ne communique pas assez sur l’empreinte. Comme nous avons une Université d’été de la communication du développement durable et que j’ai les deux casquettes, cela tombe bien.
B R E M O N D
D’abord, généralement, on communique sur ce qu’on fait. Il ne faut pas communiquer sur ce qu’on ne fait pas du tout ! La communication a ses limites. En fait, il y a peu de communication parce que, finalement, il n’y a peut-être pas grand-chose aujourd’hui qui se fasse vraiment.
D’abord, généralement, on communique sur ce qu’on fait. Il ne faut pas communiquer sur ce qu’on ne fait pas du tout ! La communication a ses limites. En fait, il y a peu de communication parce que, finalement, il n’y a peut-être pas grand-chose aujourd’hui qui se fasse vraiment.
Je voyage beaucoup dans le monde. Au Japon, les opérateurs, en tout cas pour la partie télécom, travaillent, etc. Évidemment France Télécom travaille également, mais n’a pas, pour l’instant, suffisamment d’éléments pour pouvoir communiquer très concrètement là-dessus et pour sensibiliser l’opinion publique.
Je voyage beaucoup dans le monde. Au Japon, les opérateurs, en tout cas pour la partie télécom, travaillent, etc. Évidemment France Télécom travaille également, mais n’a pas, pour l’instant, suffisamment d’éléments pour pouvoir communiquer très concrètement là-dessus et pour sensibiliser l’opinion publique.
La difficulté, en effet, est que nous créerions une immense frustration si, tout à coup, nous nous mettions à communiquer massivement sur ce sujet qui est évidemment très puissant, comme le disait Pierre tout à l’heure. À mon avis, c’est un sujet qui va sortir très fortement, mais aujourd’hui, c’est trop tôt. Nous créerions une frustration et je ne suis pas certaine que cela irait plus vite pour autant. Cela emballerait peut-être les choses de manière négative.
La difficulté, en effet, est que nous créerions une immense frustration si, tout à coup, nous nous mettions à communiquer massivement sur ce sujet qui est évidemment très puissant, comme le disait Pierre tout à l’heure. À mon avis, c’est un sujet qui va sortir très fortement, mais aujourd’hui, c’est trop tôt. Nous créerions une frustration et je ne suis pas certaine que cela irait plus vite pour autant. Cela emballerait peut-être les choses de manière négative.
Ce n’est pas parce qu’on ne communique pas… Il n’y a pas forcément beaucoup d’entreprises à cette Université d’été, mais surtout des collectivités locales, des instituts, etc. Je me permets donc de prendre la parole également pour les entreprises. Nous devons toujours être vigilants sur la façon dont nous communiquons. Nous ne sommes pas une association loi 1901, nous avons un objet, des actionnaires, des critères à respecter, etc. Lorsque nous communiquerons, c’est que nous aurons des choses à dire et à proposer sur le marché.
Ce n’est pas parce qu’on ne communique pas… Il n’y a pas forcément beaucoup d’entreprises à cette Université d’été, mais surtout des collectivités locales, des instituts, etc. Je me permets donc de prendre la parole également pour les entreprises. Nous devons toujours être vigilants sur la façon dont nous communiquons. Nous ne sommes pas une association loi 1901, nous avons un objet, des actionnaires, des critères à respecter, etc. Lorsque nous communiquerons, c’est que nous aurons des choses à dire et à proposer sur le marché.
L’empreinte écologique, ce n’est pas évident. Cela amène beaucoup de questions. D’abord, il faut évaluer : qu’est-ce que l’empreinte écologique dans les services télé-
L’empreinte écologique, ce n’est pas évident. Cela amène beaucoup de questions. D’abord, il faut évaluer : qu’est-ce que l’empreinte écologique dans les services télé-
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com ? Quels critères ? Que devons-nous analyser ? Il faut se mettre d’accord sur le champ d’analyse, essayer de trouver les moyens aux mesures, les solutions pour y remédier.
com ? Quels critères ? Que devons-nous analyser ? Il faut se mettre d’accord sur le champ d’analyse, essayer de trouver les moyens aux mesures, les solutions pour y remédier.
Vous imaginez ce que dire : “Nous allons faire le super produit télécom avec une super empreinte écologique” a déjà représenté comme étapes. Et là, commence un gymkhana au sein de l’entreprise. Il faut convaincre la direction des achats parce que, évidemment, cela a un impact sur la manière dont le matériel sera fabriqué, fourni, sur le choix des partenaires qui ne seront pas forcément les partenaires stratégiques habituels, etc. Il faut donc déjà convaincre différentes directions concernées, qui vont freiner.
Vous imaginez ce que dire : “Nous allons faire le super produit télécom avec une super empreinte écologique” a déjà représenté comme étapes. Et là, commence un gymkhana au sein de l’entreprise. Il faut convaincre la direction des achats parce que, évidemment, cela a un impact sur la manière dont le matériel sera fabriqué, fourni, sur le choix des partenaires qui ne seront pas forcément les partenaires stratégiques habituels, etc. Il faut donc déjà convaincre différentes directions concernées, qui vont freiner.
Je pense évidemment à la direction du marketing qui a “le nez dans le guidon”, qui a ses objectifs… La direction commerciale, n’en parlons pas ! La direction marketing a tout son pricing à faire. Donc si, sous prétexte d’empreinte écologique, on doit augmenter considérablement le prix, le marketing va se poser la question de savoir s’il met le produit sur le marché. Même si vous arrivez ensuite en disant qu’un tas d’études montrent que les gens sont prêts à acheter dès lors que le produit porte le label “développement durable”, vous savez tous ce qu’est la réalité du marketing.
Je pense évidemment à la direction du marketing qui a “le nez dans le guidon”, qui a ses objectifs… La direction commerciale, n’en parlons pas ! La direction marketing a tout son pricing à faire. Donc si, sous prétexte d’empreinte écologique, on doit augmenter considérablement le prix, le marketing va se poser la question de savoir s’il met le produit sur le marché. Même si vous arrivez ensuite en disant qu’un tas d’études montrent que les gens sont prêts à acheter dès lors que le produit porte le label “développement durable”, vous savez tous ce qu’est la réalité du marketing.
La jeune étudiante, qui a d’ailleurs fait ces questionnaires, a dit tout à l’heure : “Ils ne le font pas, mais ils ont déclaré qu’ils étaient prêts à le faire !” Cela étant, les produits du commerce équitable ne sont pas ceux qui remplissent le panier de la ménagère. Nos services marketing aujourd’hui sont sceptiques, loin d’être convaincus. Vous imaginez d’ailleurs bien que si tous l’étaient, le marché serait inondé de produits équitables.
La jeune étudiante, qui a d’ailleurs fait ces questionnaires, a dit tout à l’heure : “Ils ne le font pas, mais ils ont déclaré qu’ils étaient prêts à le faire !” Cela étant, les produits du commerce équitable ne sont pas ceux qui remplissent le panier de la ménagère. Nos services marketing aujourd’hui sont sceptiques, loin d’être convaincus. Vous imaginez d’ailleurs bien que si tous l’étaient, le marché serait inondé de produits équitables.
En guise de conclusion, C’est par la consommation qu’on avant de vous rendre la parole, pourra convaincre l’ensemble évoquons l’interaction qui des services au sein d’une existe entre l’offre et la demande. C’est par le marché, entreprise d’aller dans ce sens” par les consommateurs que cela viendra. De même que pour le commerce équitable, c’est la consommation qui fera en sorte qu’on deviendra de plus en plus responsable dans les entreprises. C’est par la consommation qu’on pourra convaincre l’ensemble des services au sein d’une entreprise d’aller dans ce sens.
En guise de conclusion, C’est par la consommation qu’on avant de vous rendre la parole, pourra convaincre l’ensemble évoquons l’interaction qui des services au sein d’une existe entre l’offre et la demande. C’est par le marché, entreprise d’aller dans ce sens” par les consommateurs que cela viendra. De même que pour le commerce équitable, c’est la consommation qui fera en sorte qu’on deviendra de plus en plus responsable dans les entreprises. C’est par la consommation qu’on pourra convaincre l’ensemble des services au sein d’une entreprise d’aller dans ce sens.
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J’ai deux commentaires à faire par rapport à ce que tu viens de dire.
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J’ai deux commentaires à faire par rapport à ce que tu viens de dire.
Parler de développement durable, c’est bien mais, avant toute chose, ayons déjà une culture commune du développement durable. Vous le constatez lorsque vous assistez à des rencontres entre des collectivités, des associations, des entreprises, des services de l’État ou régions administratives. Déjà, pour arriver à se mettre d’accord sur la véritable définition du développement durable, nous avons, à mon avis, encore du travail à faire ! Et là, la question de la formation est primordiale. Il faut développer les rencontres de ce type, dans lesquelles les gens apprennent à se connaître, apprennent leurs différentes cultures et essayent d’arriver à un consensus sur le sujet.
Parler de développement durable, c’est bien mais, avant toute chose, ayons déjà une culture commune du développement durable. Vous le constatez lorsque vous assistez à des rencontres entre des collectivités, des associations, des entreprises, des services de l’État ou régions administratives. Déjà, pour arriver à se mettre d’accord sur la véritable définition du développement durable, nous avons, à mon avis, encore du travail à faire ! Et là, la question de la formation est primordiale. Il faut développer les rencontres de ce type, dans lesquelles les gens apprennent à se connaître, apprennent leurs différentes cultures et essayent d’arriver à un consensus sur le sujet.
J’aimerais dire une deuxième chose. Il faut faire très attention aux mots : équitable, durable, etc. Je ne suis pas certain que ce qui est équitable soit toujours du développement durable.
J’aimerais dire une deuxième chose. Il faut faire très attention aux mots : équitable, durable, etc. Je ne suis pas certain que ce qui est équitable soit toujours du développement durable.
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Je rentre juste de Chine. La Chine est en train de faire du développement durable, mais je vous donne l’exemple de ce que j’ai pu voir de mes yeux. Ils passent dans des quartiers anciens entiers, avec des listes pour prévenir les gens qu’ils ont une journée pour partir de chez eux (sans même qu’ils soient relogés), cela parce que, dans les trois ans qui viennent, ils doivent passer à cinq millions d’habitants supplémentaires. Vous voyez le développement durable ? J A C Q U E S
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L A G O R C E , France Télécom : Nous sommes tous d’accord pour accepter l’effet important en termes de communication de l’empreinte écologique et l’effet percutant que peut avoir le fait de dire que, si nous continuons de la sorte, il faudra cinq planètes pour nous faire vivre.
Face à ce chiffre de cinq planètes pour faire vivre une planète, il y a deux attitudes possibles. La première, pour prendre un extrême, consiste à se dire que c’est inéluctable, qu’on n’y peut rien et on baisse les bras. La seconde est de se poser la question de savoir ce qu’on peut faire. Pour suivre ce que disait Pierre, si j’étais beaucoup plus jeune, j’aurais envie de dire : “Très bien, mais que me proposez-vous comme différents scénarios pour faire arriver à ce que notre planète nous suffise ? Et à quelle échéance ? Est-ce au XXIIe siècle, au XXIIIe siècle ? Quand ? J’aimerais savoir — l’un de vous parlait tout à l’heure de communication provocation — ce que les jeunes qui sont là en pensent et ce que, d’après eux, en pensent ceux qu’ils ont pu interroger ou avec lesquels ils ont pu discuter de ce sujet. P A S C A L
D U B O I S : Je fais une toute petite parenthèse avant de rendre la parole à Laurent. Voulez-vous réagir ? Préférez-vous attendre un peu ? Réfléchir ?
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Quelques réactions par rapport aux interventions de Pierre Radanne et Sylvie Brémond, peut-être un peu en vrac, mais je vais essayer de les rassembler.
Je ne vais pas non plus me focaliser là-dessus, mais très peu de sociétés ou de groupes industriels s’intéressent aujourd’hui à l’empreinte écologique. Ils sont trois ou quatre en France, dont je ne donnerai pas les noms. Pourquoi cet état de choses ? Parce qu’historiquement, en matière d’environnement et de développement durable, les collectivités sont les porte-drapeaux en France et, en général — c’est mon avis avec vingt ans d’expérience — les grands groupes sont plutôt suiveurs.
Historiquement, en matière d’environnement et de développement durable, les collectivités sont les porte-drapeaux en France et, en général les grands groupes sont plutôt suiveurs”
U N E
: Ils ne le disent pas. Ils préparent des choses, mais ils ne le disent pas ! Cela ne signifie pas qu’ils n’y travaillent pas. De nombreux groupes y travaillent, mais ils ne le disent pas.
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L A U R E N T
Je rentre juste de Chine. La Chine est en train de faire du développement durable, mais je vous donne l’exemple de ce que j’ai pu voir de mes yeux. Ils passent dans des quartiers anciens entiers, avec des listes pour prévenir les gens qu’ils ont une journée pour partir de chez eux (sans même qu’ils soient relogés), cela parce que, dans les trois ans qui viennent, ils doivent passer à cinq millions d’habitants supplémentaires. Vous voyez le développement durable ? J A C Q U E S
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J O L I A - F E R R I E R : En tout cas, très peu de sociétés privées travaillent sur l’empreinte écologique, je pense. Je les connais presque toutes.
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Face à ce chiffre de cinq planètes pour faire vivre une planète, il y a deux attitudes possibles. La première, pour prendre un extrême, consiste à se dire que c’est inéluctable, qu’on n’y peut rien et on baisse les bras. La seconde est de se poser la question de savoir ce qu’on peut faire. Pour suivre ce que disait Pierre, si j’étais beaucoup plus jeune, j’aurais envie de dire : “Très bien, mais que me proposez-vous comme différents scénarios pour faire arriver à ce que notre planète nous suffise ? Et à quelle échéance ? Est-ce au XXIIe siècle, au XXIIIe siècle ? Quand ? J’aimerais savoir — l’un de vous parlait tout à l’heure de communication provocation — ce que les jeunes qui sont là en pensent et ce que, d’après eux, en pensent ceux qu’ils ont pu interroger ou avec lesquels ils ont pu discuter de ce sujet. P A S C A L
D U B O I S : Je fais une toute petite parenthèse avant de rendre la parole à Laurent. Voulez-vous réagir ? Préférez-vous attendre un peu ? Réfléchir ?
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Quelques réactions par rapport aux interventions de Pierre Radanne et Sylvie Brémond, peut-être un peu en vrac, mais je vais essayer de les rassembler.
Je ne vais pas non plus me focaliser là-dessus, mais très peu de sociétés ou de groupes industriels s’intéressent aujourd’hui à l’empreinte écologique. Ils sont trois ou quatre en France, dont je ne donnerai pas les noms. Pourquoi cet état de choses ? Parce qu’historiquement, en matière d’environnement et de développement durable, les collectivités sont les porte-drapeaux en France et, en général — c’est mon avis avec vingt ans d’expérience — les grands groupes sont plutôt suiveurs.
Historiquement, en matière d’environnement et de développement durable, les collectivités sont les porte-drapeaux en France et, en général les grands groupes sont plutôt suiveurs”
U N E
: Ils ne le disent pas. Ils préparent des choses, mais ils ne le disent pas ! Cela ne signifie pas qu’ils n’y travaillent pas. De nombreux groupes y travaillent, mais ils ne le disent pas.
I N T E R V E N A N T E
L A U R E N T
On parle d’entreprises et de développement durable. Aujourd’hui, l’économique n’est à mon avis pas du tout orienté dans le sens du développement durable. À partir du moment où le seul critère d’évaluation d’un pays, du bien-être d’un pays et d’une entreprise est l’augmentation du chiffre d’affaires, des ventes, du bénéfice de 5-10 % par an, on va forcément dans le mur; c’est bêtement mathématique. Dans un espace fini, si on croît indéfiniment de 10 %, on s’aperçoit très vite qu’on “mange” la totalité de l’espace. 36
L A G O R C E , France Télécom : Nous sommes tous d’accord pour accepter l’effet important en termes de communication de l’empreinte écologique et l’effet percutant que peut avoir le fait de dire que, si nous continuons de la sorte, il faudra cinq planètes pour nous faire vivre.
J O L I A - F E R R I E R : En tout cas, très peu de sociétés privées travaillent sur l’empreinte écologique, je pense. Je les connais presque toutes.
On parle d’entreprises et de développement durable. Aujourd’hui, l’économique n’est à mon avis pas du tout orienté dans le sens du développement durable. À partir du moment où le seul critère d’évaluation d’un pays, du bien-être d’un pays et d’une entreprise est l’augmentation du chiffre d’affaires, des ventes, du bénéfice de 5-10 % par an, on va forcément dans le mur; c’est bêtement mathématique. Dans un espace fini, si on croît indéfiniment de 10 %, on s’aperçoit très vite qu’on “mange” la totalité de l’espace. 36
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Là, on ne peut pas cependant jeter la pierre uniquement aux entreprises. Il faut la jeter également aux actionnaires et, au passage, également aux consommateurs, qui sont souvent actionnaires, sont aussi responsables. Cette année, j’ai vu de la publicité dans plusieurs hypers pour des jeans à 1 ou 2 euros. Personnellement, j’en suis resté coi. Comment peut-on arriver à avoir des jeans à ce prix en Europe, sachant qu’ils ne sont probablement pas fabriqués ici ? C’est une aberration sur tous les plans vraisemblablement économique, social et environnemental.
Là, on ne peut pas cependant jeter la pierre uniquement aux entreprises. Il faut la jeter également aux actionnaires et, au passage, également aux consommateurs, qui sont souvent actionnaires, sont aussi responsables. Cette année, j’ai vu de la publicité dans plusieurs hypers pour des jeans à 1 ou 2 euros. Personnellement, j’en suis resté coi. Comment peut-on arriver à avoir des jeans à ce prix en Europe, sachant qu’ils ne sont probablement pas fabriqués ici ? C’est une aberration sur tous les plans vraisemblablement économique, social et environnemental.
Nous en venons aux problèmes de comportement. Là, ce ne sont pas les indicateurs qui vont nous donner les outils. Ils mesurent, ils photographient, mais ils ne nous disent pas comment faire avancer les choses dans un sens ou dans l’autre.
Nous en venons aux problèmes de comportement. Là, ce ne sont pas les indicateurs qui vont nous donner les outils. Ils mesurent, ils photographient, mais ils ne nous disent pas comment faire avancer les choses dans un sens ou dans l’autre.
Pour la petite histoire, sur l’empreinte, on a trouvé deux petits territoires qui ont des modes de vie quasiment durables aujourd’hui, malgré les pires des performances très moyennes en matière énergétique. Ce sont deux communautés religieuses dont nous avons évalué l’empreinte écologique à la demande du WWF France.
Pour la petite histoire, sur l’empreinte, on a trouvé deux petits territoires qui ont des modes de vie quasiment durables aujourd’hui, malgré les pires des performances très moyennes en matière énergétique. Ce sont deux communautés religieuses dont nous avons évalué l’empreinte écologique à la demande du WWF France.
Il s’agit, d’une part, de l’Institut bouddhiste Karma-Ling, qui se trouve dans la Chartreuse, au-dessus de Chambéry. Il a une très mauvaise performance énergétique, compte tenu de l’âge des bâtiments, avec, par contre, très peu de déplacements, des circuits courts pour l’alimentation… (Rires et réactions dans la salle.) Une minorité de personnes sont en retraite pour trois ans, mais le reste de la population est constituée de visiteurs ou de personnes qui se déplacent. Ils ne sont donc pas tous “bouclés” ! Par contre, ils utilisent uniquement le covoiturage pour se rendre de leur institut Karma-Ling à Chambéry et ensuite, systématiquement, les transports en commun. Ils font donc très peu de déplacements individuels.
Il s’agit, d’une part, de l’Institut bouddhiste Karma-Ling, qui se trouve dans la Chartreuse, au-dessus de Chambéry. Il a une très mauvaise performance énergétique, compte tenu de l’âge des bâtiments, avec, par contre, très peu de déplacements, des circuits courts pour l’alimentation… (Rires et réactions dans la salle.) Une minorité de personnes sont en retraite pour trois ans, mais le reste de la population est constituée de visiteurs ou de personnes qui se déplacent. Ils ne sont donc pas tous “bouclés” ! Par contre, ils utilisent uniquement le covoiturage pour se rendre de leur institut Karma-Ling à Chambéry et ensuite, systématiquement, les transports en commun. Ils font donc très peu de déplacements individuels.
L’autre communauté est une abbaye de moines bénédictins, En-Calcat, près de Carcassonne. La communauté a également des performances en matière d’énergie qui ne sont pas très bonnes : ils chauffent une église qui a 17 mètres sous plafond, mais ils ne gaspillent rien dans le domaine de l’alimentation.
L’autre communauté est une abbaye de moines bénédictins, En-Calcat, près de Carcassonne. La communauté a également des performances en matière d’énergie qui ne sont pas très bonnes : ils chauffent une église qui a 17 mètres sous plafond, mais ils ne gaspillent rien dans le domaine de l’alimentation.
La conclusion n’est pas forcément qu’il faut tous devenir moines… (Réactions dans la salle.), mais il faut peut-être revenir à une vie davantage plus locale, avec davantage d’échanges locaux, des circuits courts en alimentation. Faut-il que chacun ait sa machine à laver dans les immeubles ? En Suède, les immeubles ont des laveries. Il existe certainement dans ce domaine des idées à prendre.
La conclusion n’est pas forcément qu’il faut tous devenir moines… (Réactions dans la salle.), mais il faut peut-être revenir à une vie davantage plus locale, avec davantage d’échanges locaux, des circuits courts en alimentation. Faut-il que chacun ait sa machine à laver dans les immeubles ? En Suède, les immeubles ont des laveries. Il existe certainement dans ce domaine des idées à prendre.
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: Je voudrais revenir sur ce que disait Pierre Radanne. Cette idée de la consommation “à la carte” me semble intéressante, c’est-à-dire préférer par exemple investir dans le voyage et moins ailleurs, cela de façon à rester globalement dans une empreinte écologique raisonnable.
Y A K E R
Je voudrais simplement Les choix étatiques ont également attirer l’attention sur le fait un impact important sur qu’à mon avis les choix étatiques ont également un la consommation des individus” impact important sur la consommation des individus. Par conséquent, toutes les politiques publiques sont aussi à examiner et analyser, que ce soit dans le domaine énergétique, de l’étalement urbain, de l’urbanisation, des choix de hauteur des bâtiments, dans celui des services publics, etc. Celles-ci ont un impact sur la consommation individuelle et l’empreinte individuelle. Essayons de garder cela à l’esprit. Il faudra à la fois un travail de l’État et des politiques publiques, mais également des choix individuels pour permettre globalement de faire baisser l’empreinte écologique à l’échelle d’une nation. Nous devons tenir compte d’un troisième élément qui est l’élément international. Nous sommes en compétition avec d’autres pays et il faut également une approche multilatérale, des accords internationaux pour faire en sorte d’arriver à un consensus sur des politiques qui puissent être suivies par tous, avec des mécanismes d’observance, des systèmes de sanctions, etc. Ayons à l’esprit que l’issue est complexe.
Nous devons tenir compte d’un troisième élément qui est l’élément international. Nous sommes en compétition avec d’autres pays et il faut également une approche multilatérale”
Je voulais poser une question: l’empreinte écologique en tant qu’instrument d’évaluation des politiques est-il utilisé… ? L A U R E N T
P A S C A L E
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J O L I A - F E R R I E R : Nous avons relativement peu de recul sur ce point. Les calculs sérieux d’empreintes écologiques remontent à six ou sept ans en Europe. En France, c’est encore plus récent.
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Je voudrais simplement Les choix étatiques ont également attirer l’attention sur le fait un impact important sur qu’à mon avis les choix étatiques ont également un la consommation des individus” impact important sur la consommation des individus. Par conséquent, toutes les politiques publiques sont aussi à examiner et analyser, que ce soit dans le domaine énergétique, de l’étalement urbain, de l’urbanisation, des choix de hauteur des bâtiments, dans celui des services publics, etc. Celles-ci ont un impact sur la consommation individuelle et l’empreinte individuelle. Essayons de garder cela à l’esprit. Il faudra à la fois un travail de l’État et des politiques publiques, mais également des choix individuels pour permettre globalement de faire baisser l’empreinte écologique à l’échelle d’une nation. Nous devons tenir compte d’un troisième élément qui est l’élément international. Nous sommes en compétition avec d’autres pays et il faut également une approche multilatérale, des accords internationaux pour faire en sorte d’arriver à un consensus sur des politiques qui puissent être suivies par tous, avec des mécanismes d’observance, des systèmes de sanctions, etc. Ayons à l’esprit que l’issue est complexe.
Nous devons tenir compte d’un troisième élément qui est l’élément international. Nous sommes en compétition avec d’autres pays et il faut également une approche multilatérale”
Je voulais poser une question: l’empreinte écologique en tant qu’instrument d’évaluation des politiques est-il utilisé… ? L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Nous avons relativement peu de recul sur ce point. Les calculs sérieux d’empreintes écologiques remontent à six ou sept ans en Europe. En France, c’est encore plus récent.
J’ai appris hier qu’une étude venait de se terminer concernant l’île de Wight. Ils avaient fait leur calcul d’empreinte voici cinq ou six ans et ils viennent de le refaire. Ils ont constaté une évolution de l’empreinte écologique de 5 %, suite à la mise en œuvre d’un certain nombre de choix au niveau de l’administration de l’île. C’est un tout petit territoire, mais qui constitue un premier exemple.
J’ai appris hier qu’une étude venait de se terminer concernant l’île de Wight. Ils avaient fait leur calcul d’empreinte voici cinq ou six ans et ils viennent de le refaire. Ils ont constaté une évolution de l’empreinte écologique de 5 %, suite à la mise en œuvre d’un certain nombre de choix au niveau de l’administration de l’île. C’est un tout petit territoire, mais qui constitue un premier exemple.
Je peux vous citer l’exemple du comté de Sonoma aux États-Unis, en Californie, mais je ne me souviens plus du résultat. Ils ont actualisé cette année leur étude d’empreinte écologique. De mémoire, ils l’ont réduite assez considérablement, en particulier avec le développement des transports publics. Mais ce serait à vérifier sur Internet.
Je peux vous citer l’exemple du comté de Sonoma aux États-Unis, en Californie, mais je ne me souviens plus du résultat. Ils ont actualisé cette année leur étude d’empreinte écologique. De mémoire, ils l’ont réduite assez considérablement, en particulier avec le développement des transports publics. Mais ce serait à vérifier sur Internet.
D E R K A T C H A D O U R I A N , INEED - Innovation pour l’Environnement et l’Economie Durable : C’est un centre de ressources qui a été mis en place par la Chambre de commerce et d’industrie de la Drôme auprès des entreprises pour tout ce qui est technologies propres et sobres et leur application au développement durable.
P A S C A L E
Vous avez dit, monsieur, sur l’empreinte écologique que, finalement, l’effet levier le plus important était tout ce qui relevait de la consommation des biens et des services. 38
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: Je voudrais revenir sur ce que disait Pierre Radanne. Cette idée de la consommation “à la carte” me semble intéressante, c’est-à-dire préférer par exemple investir dans le voyage et moins ailleurs, cela de façon à rester globalement dans une empreinte écologique raisonnable.
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D E R K A T C H A D O U R I A N , INEED - Innovation pour l’Environnement et l’Economie Durable : C’est un centre de ressources qui a été mis en place par la Chambre de commerce et d’industrie de la Drôme auprès des entreprises pour tout ce qui est technologies propres et sobres et leur application au développement durable.
Vous avez dit, monsieur, sur l’empreinte écologique que, finalement, l’effet levier le plus important était tout ce qui relevait de la consommation des biens et des services. 38
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J O L I A - F E R R I E R : Je ne l’ai pas dit tout à fait ainsi. J’ai dit que si nous ne parlions pas des biens et services, nous allions rapidement atteindre certaines limites. C’est à peu près la moitié de l’empreinte.
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Je ne l’ai pas dit tout à fait ainsi. J’ai dit que si nous ne parlions pas des biens et services, nous allions rapidement atteindre certaines limites. C’est à peu près la moitié de l’empreinte.
P A S C A L E
D E R K A T C H A D O U R I A N : D’accord. Nous avons l’impression que l’empreinte écologique a ses limites… Lorsqu’on parle de développement durable, on fait des constats, des diagnostics, on donne des chiffres et on a toujours l’impression qu’on a du mal à passer à l’acte. C’est ce que disait Nicolas Hulot. C’est très juste. On reste toujours dans une sorte de “litanie d’expertise”… C’est un peu le côté frustrant de l’empreinte écologique ; elle est excellente en termes de sensibilisation et de communication, mais concrètement, comme le disait Monsieur, un jeune sait-il que, lorsqu’il achète un jean, c’est 60 000 kilomètres et 10 000 litres d’eau ? Non. Demain va-t-on dire à tous les jeunes : “N’achetez plus de jeans” (qu’ils soient fabriqués en Chine ou ailleurs, peu importe) ?
P A S C A L E
D E R K A T C H A D O U R I A N : D’accord. Nous avons l’impression que l’empreinte écologique a ses limites… Lorsqu’on parle de développement durable, on fait des constats, des diagnostics, on donne des chiffres et on a toujours l’impression qu’on a du mal à passer à l’acte. C’est ce que disait Nicolas Hulot. C’est très juste. On reste toujours dans une sorte de “litanie d’expertise”… C’est un peu le côté frustrant de l’empreinte écologique ; elle est excellente en termes de sensibilisation et de communication, mais concrètement, comme le disait Monsieur, un jeune sait-il que, lorsqu’il achète un jean, c’est 60 000 kilomètres et 10 000 litres d’eau ? Non. Demain va-t-on dire à tous les jeunes : “N’achetez plus de jeans” (qu’ils soient fabriqués en Chine ou ailleurs, peu importe) ?
L A U R E N T
Le fond du problème est là. Comment fait-on pour que les consommateurs changent de comportements et qu’ils aient un minimum de liberté ? Que va-t-on dire aux Chinois qui n’ont qu’une envie, après quatre-vingts ans de régime communiste, celle d’accéder au niveau de vie des Occidentaux, des Américains? Allez supprimer le jus d’orange chez les Allemands le matin; et cela représente toute la production de la Californie!
Le fond du problème est là. Comment fait-on pour que les consommateurs changent de comportements et qu’ils aient un minimum de liberté ? Que va-t-on dire aux Chinois qui n’ont qu’une envie, après quatre-vingts ans de régime communiste, celle d’accéder au niveau de vie des Occidentaux, des Américains? Allez supprimer le jus d’orange chez les Allemands le matin; et cela représente toute la production de la Californie!
Où est la solution ? Comment fait-on pour être à la fois dans une économie de mondialisation tout en sensibilisant le consommateur à consommer autre chose et nos industriels à produire autrement ?
Où est la solution ? Comment fait-on pour être à la fois dans une économie de mondialisation tout en sensibilisant le consommateur à consommer autre chose et nos industriels à produire autrement ?
J O L I A - F E R R I E R : Il est vrai que l’enjeu maintenant est de modifier les comportements et d’inverser la vapeur. L’empreinte écologique ne donne pas la solution. À mon avis, il existe une véritable révolution au sens révolution de 1789 à faire, si nous voulons inverser ce mouvement. Je ne pense pas que les petites touches… Je ne suis pas certain que les biocarburants soient une bonne idée. Il faudrait regarder les écobilans ; je ne suis pas certain que, pour le biocarburant, il ne faille pas injecter autant d’énergie qu’on en récupère… S’agissant de l’économie hydrogène, ce n’est pas demain la veille…
L A U R E N T
Je vous donne là un avis strictement personnel qui n’a rien à voir avec l’empreinte écologique, mais il y a véritablement une révolution à penser, qui touchera l’économie, le social et l’environnement. Et là actuellement nous sommes encore très loin d’être sur un mode de développement durable. Je suis presque plus radical que Pierre Radanne, mais c’est un peu la même idée. P A S C A L
U N E
Je vous donne là un avis strictement personnel qui n’a rien à voir avec l’empreinte écologique, mais il y a véritablement une révolution à penser, qui touchera l’économie, le social et l’environnement. Et là actuellement nous sommes encore très loin d’être sur un mode de développement durable. Je suis presque plus radical que Pierre Radanne, mais c’est un peu la même idée.
D U B O I S : Je me suis longtemps posé la question. Pour moi, la réponse est claire : le consommateur, tel qu’il est, à part les initiés que nous sommes, ne changera pas d’attitude. Je vous l’ai dit. J’ai pu le constater en voyant le comportement de quelques Européens en Chine! J’ai vu, par exemple, un magasin de vêtements de mode chinois pris d’assaut en quelques secondes par ces fameux touristes européens. À 15 euros l’ensemble qui est aussi bien que du Chanel ou du Cardin, peu de gens résistent !
I N T E R V E N A N T E
:
P A S C A L
Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des entre-
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: J’ai également visité des usines en Chine dans le cadre de mes missions. Elles tournent jour et nuit. En moyenne, le salarié chinois fait treize heures, avec une demi-heure d’arrêt. Lorsque vous discutez avec un industriel chinois de problè-
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
:
Tant qu’il y aura des gens pour acheter, il y aura des entre-
prises pour produire.
D U B O I S
ACIDD et Comité 21
D U B O I S : Je me suis longtemps posé la question. Pour moi, la réponse est claire : le consommateur, tel qu’il est, à part les initiés que nous sommes, ne changera pas d’attitude. Je vous l’ai dit. J’ai pu le constater en voyant le comportement de quelques Européens en Chine! J’ai vu, par exemple, un magasin de vêtements de mode chinois pris d’assaut en quelques secondes par ces fameux touristes européens. À 15 euros l’ensemble qui est aussi bien que du Chanel ou du Cardin, peu de gens résistent !
I N T E R V E N A N T E
prises pour produire. P A S C A L
J O L I A - F E R R I E R : Il est vrai que l’enjeu maintenant est de modifier les comportements et d’inverser la vapeur. L’empreinte écologique ne donne pas la solution. À mon avis, il existe une véritable révolution au sens révolution de 1789 à faire, si nous voulons inverser ce mouvement. Je ne pense pas que les petites touches… Je ne suis pas certain que les biocarburants soient une bonne idée. Il faudrait regarder les écobilans ; je ne suis pas certain que, pour le biocarburant, il ne faille pas injecter autant d’énergie qu’on en récupère… S’agissant de l’économie hydrogène, ce n’est pas demain la veille…
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: J’ai également visité des usines en Chine dans le cadre de mes missions. Elles tournent jour et nuit. En moyenne, le salarié chinois fait treize heures, avec une demi-heure d’arrêt. Lorsque vous discutez avec un industriel chinois de problè-
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mes d’investissement en France ou en Europe, il vous répond : “Alors, quand donnerez-vous votre décision ?” Dans la culture chinoise, vous vous décidez en quinze jours maximum. Alors, lorsque vous dites qu’en août, ce sont les vacances en France, etc., et que vous donnerez une réponse en septembre, il vous répond qu’en France, on est toujours en vacances. La réalité est celle-là.
Je ne crois absolument pas à une communication morcelée sur les actes vertueux demandés un par un aux gens” P I E R R E
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Pour l’anecdote, ce que je retiens de ma “balade” en Chine, si on peut appeler cela ainsi, c’est que d’ici cinq ans, nous rediscuterons ensemble des problèmes économiques et de l’empreinte écologique et nous verrons qu’au niveau planétaire, tout va se passer entre la Chine, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan.
: Pour répondre un peu du tac au tac, nous sommes au cœur du débat que nous devons avoir dans des instances de ce genre. Je ne crois absolument pas à une communication morcelée sur les actes vertueux demandés un par un aux gens. C’est nécessaire, mais absolument pas suffisant.
R A D A N N E
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Le deuxième point, sur lequel j’insistais, est qu’il faut avoir une communication beaucoup plus globale du type : “C’est quoi être un honnête homme ou une honnête femme dans ce siècle ? Qu’est-ce qu’une vie réussie dans ce siècle ? Quels sont les points de passage qui m’évitent de “me cartonner” avec les gens ?”
P A S C A L
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mes d’investissement en France ou en Europe, il vous répond : “Alors, quand donnerez-vous votre décision ?” Dans la culture chinoise, vous vous décidez en quinze jours maximum. Alors, lorsque vous dites qu’en août, ce sont les vacances en France, etc., et que vous donnerez une réponse en septembre, il vous répond qu’en France, on est toujours en vacances. La réalité est celle-là.
Je ne crois absolument pas à une communication morcelée sur les actes vertueux demandés un par un aux gens” P I E R R E
Pour l’anecdote, ce que je retiens de ma “balade” en Chine, si on peut appeler cela ainsi, c’est que d’ici cinq ans, nous rediscuterons ensemble des problèmes économiques et de l’empreinte écologique et nous verrons qu’au niveau planétaire, tout va se passer entre la Chine, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan.
: Pour répondre un peu du tac au tac, nous sommes au cœur du débat que nous devons avoir dans des instances de ce genre. Je ne crois absolument pas à une communication morcelée sur les actes vertueux demandés un par un aux gens. C’est nécessaire, mais absolument pas suffisant.
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Le deuxième point, sur lequel j’insistais, est qu’il faut avoir une communication beaucoup plus globale du type : “C’est quoi être un honnête homme ou une honnête femme dans ce siècle ? Qu’est-ce qu’une vie réussie dans ce siècle ? Quels sont les points de passage qui m’évitent de “me cartonner” avec les gens ?”
Notre attitude est anxiogène vis-à-vis des gens et il faut qu’ils aient une vision des itinéraires de solutions. Je fais énormément de débats publics, les gens me posent la question de savoir s’ils ont le droit d’avoir une voiture ou pas. Ils n’ont pas de point de référence, ils ne savent pas quels sont les compromis… Il faut des communications très ponctuelles, mais également une communication globale sur ces affaires d’itinéraires de vie, etc.
Notre attitude est anxiogène vis-à-vis des gens et il faut qu’ils aient une vision des itinéraires de solutions. Je fais énormément de débats publics, les gens me posent la question de savoir s’ils ont le droit d’avoir une voiture ou pas. Ils n’ont pas de point de référence, ils ne savent pas quels sont les compromis… Il faut des communications très ponctuelles, mais également une communication globale sur ces affaires d’itinéraires de vie, etc.
Intervient derrière un troiIl faut accepter de vivre sième problème. La question de en s’investissant dans l’empreinte écologique renvoie à un autre débat d’empreinte qui, des concepts qui restent lui, a près de 3 000 ans. C’est le un peu flous et transitoires” mythe de la caverne de Platon. Nous ne voyons jamais le réel, mais la reproduction sur le mur de la caverne d’une image du monde. Il ne faut pas chercher de précision d’horloger dans le réglage de l’empreinte écologique. Le concept peut être bon, tout en étant terriblement imprécis ; celui-là et d’autres !
Intervient derrière un troiIl faut accepter de vivre sième problème. La question de en s’investissant dans l’empreinte écologique renvoie à un autre débat d’empreinte qui, des concepts qui restent lui, a près de 3 000 ans. C’est le un peu flous et transitoires” mythe de la caverne de Platon. Nous ne voyons jamais le réel, mais la reproduction sur le mur de la caverne d’une image du monde. Il ne faut pas chercher de précision d’horloger dans le réglage de l’empreinte écologique. Le concept peut être bon, tout en étant terriblement imprécis ; celui-là et d’autres !
Le débat sur “tout le monde doit se mettre d’accord sur les indicateurs” ou sur “tout le monde doit se mettre d’accord sur les définitions de développement durable”, non ! Ces affaires-là sont inévitablement controversées, inévitablement mouvantes, historiques dans l’appréciation des critères ou de l’importance des facteurs et il faut accepter de vivre en s’investissant dans des concepts qui restent un peu flous et transitoires. Encore une fois, depuis Platon, c’est le sort commun. Il faut avoir conscience de ces trois critères.
Le débat sur “tout le monde doit se mettre d’accord sur les indicateurs” ou sur “tout le monde doit se mettre d’accord sur les définitions de développement durable”, non ! Ces affaires-là sont inévitablement controversées, inévitablement mouvantes, historiques dans l’appréciation des critères ou de l’importance des facteurs et il faut accepter de vivre en s’investissant dans des concepts qui restent un peu flous et transitoires. Encore une fois, depuis Platon, c’est le sort commun. Il faut avoir conscience de ces trois critères.
: Ce que tu dis est important. Je ne prétends pas qu’il faille un accord absolu sur le développement durable, mais un socle commun, ce que j’appelle “culture commune”. C’est ce qui m’apparaît primordial.
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: Ce que tu dis est important. Je ne prétends pas qu’il faille un accord absolu sur le développement durable, mais un socle commun, ce que j’appelle “culture commune”. C’est ce qui m’apparaît primordial.
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L’écologie, pour moi, n’est plus une histoire franco-française, européenne, c’est une affaire planétaire. Pour dialoguer à l’échelle planétaire, il faut arriver au moins à débattre sur un sens commun de ce qu’est le développement durable. Sinon, on aboutit à des aberrations du type : on dépollue et, en même temps, on “zigouille” un patrimoine considérable, on fait déplacer des populations… Je suis allé au barrage des Trois Gorges: ce sont des millions d’habitants déplacés. Et on impose maintenant à ceux qui vivent là de vivre comme on le faisait voici une centaine d’années, tout simplement parce qu’il faut développer le tourisme ! Pour eux, c’est du développement durable !
L’écologie, pour moi, n’est plus une histoire franco-française, européenne, c’est une affaire planétaire. Pour dialoguer à l’échelle planétaire, il faut arriver au moins à débattre sur un sens commun de ce qu’est le développement durable. Sinon, on aboutit à des aberrations du type : on dépollue et, en même temps, on “zigouille” un patrimoine considérable, on fait déplacer des populations… Je suis allé au barrage des Trois Gorges: ce sont des millions d’habitants déplacés. Et on impose maintenant à ceux qui vivent là de vivre comme on le faisait voici une centaine d’années, tout simplement parce qu’il faut développer le tourisme ! Pour eux, c’est du développement durable !
Je fais référence, en fait, à un aspect “socle commun” ou “culture commune”.
Je fais référence, en fait, à un aspect “socle commun” ou “culture commune”. P R I N , Conseil régional : Je voudrais commencer en posant une grande question. Très jeunes déjà, nous sommes mis dans un système de consommation, notamment à travers la télévision et la publicité. Dès trois ou quatre ans, les enfants y sont confrontés. C’est la première chose que développent les commerciaux. On s’aperçoit que ces produits sont ceux qui consomment le plus d’énergie et de ressources.
P R I N , Conseil régional : Je voudrais commencer en posant une grande question. Très jeunes déjà, nous sommes mis dans un système de consommation, notamment à travers la télévision et la publicité. Dès trois ou quatre ans, les enfants y sont confrontés. C’est la première chose que développent les commerciaux. On s’aperçoit que ces produits sont ceux qui consomment le plus d’énergie et de ressources.
J O N A T H A N
J O N A T H A N
Comment voulez-vous que, dix ou quinze ans plus tard, alors qu’ils ont toujours consommé de cette façon, ils arrêtent et reviennent à une vie identique à celle de leurs grands-parents ? C’est une aberration totale ! On nous élève dans un système de consommation et, à la fin, on nous dit qu’il faut faire attention. Or, depuis que les enfants sont tout petits, on leur dit d’acheter ceci ou cela, de faire ceci ou cela, de travailler pour avoir ce qu’ils veulent, etc. U N
I N T E R V E N A N T
:
Comment voulez-vous que, dix ou quinze ans plus tard, alors qu’ils ont toujours consommé de cette façon, ils arrêtent et reviennent à une vie identique à celle de leurs grands-parents ? C’est une aberration totale ! On nous élève dans un système de consommation et, à la fin, on nous dit qu’il faut faire attention. Or, depuis que les enfants sont tout petits, on leur dit d’acheter ceci ou cela, de faire ceci ou cela, de travailler pour avoir ce qu’ils veulent, etc.
C’est presque cela. J’ai trois enfants et c’est plutôt : “Donne-moi
U N
I N T E R V E N A N T
ça !” P R I N : Oui, c’est ce que disent les enfants à leurs parents, mais pourquoi ? Parce que la télé leur a dit qu’il leur fallait ceci ou cela, etc. À l’école également, on leur dit : “Il te faut ceci ou cela”, alors qu’ils n’en ont pas forcément besoin.
J O N A T H A N
À vingt ans, à l’âge où on commence à prendre des responsabilités, à pouvoir se débrouiller seul, eh bien on travaille pour gagner de l’argent, pour pouvoir dépenser et consommer. C’est un cercle vicieux.
À vingt ans, à l’âge où on commence à prendre des responsabilités, à pouvoir se débrouiller seul, eh bien on travaille pour gagner de l’argent, pour pouvoir dépenser et consommer. C’est un cercle vicieux.
D E L H A Y E : Juste une question par rapport à l’exemple du Grand-Lyon dont vous avez parlé tout à l’heure. Pourquoi le Grand-Lyon s’est-il engagé de façon apparemment importante dans l’empreinte écologique et comment ont-ils communiqué ? Avez-vous déjà des résultats par rapport aux habitants, aux jeunes ? Ils se sont en effet beaucoup engagés dans l’éducation au développement durable.
C H R I S T I N E
D E L H A Y E : Juste une question par rapport à l’exemple du Grand-Lyon dont vous avez parlé tout à l’heure. Pourquoi le Grand-Lyon s’est-il engagé de façon apparemment importante dans l’empreinte écologique et comment ont-ils communiqué ? Avez-vous déjà des résultats par rapport aux habitants, aux jeunes ? Ils se sont en effet beaucoup engagés dans l’éducation au développement durable.
J O L I A - F E R R I E R : Nous n’avons pas encore de retour en termes de performances environnementales. Ils se sont engagés dans cette démarche parce qu’ils avaient une grosse batterie d’indicateurs techniques. J’ai rarement vu cela ; c’est assez hallucinant, ils ont des bases de données d’indicateurs techniques extraordinaires, mais ils ne savaient pas comment communiquer sur l’environnement, en particulier vis-à-vis du public. Je dis “public” au sens large, car cela inclut les élus. Ils avaient donc des choses très techniques, mais dès qu’ils sortaient de cet aspect-là, ils étaient un peu gênés.
L A U R E N T
C H R I S T I N E
Ce fut la première motivation pour calculer l’empreinte. Qu’en est-il ressorti concrètement ? Il y a eu quatre ateliers pendant la dernière semaine du développement durable l’été dernier, avec des grandes affiches, la possibilité de calculer son empreinte écologique sur le parvis de la Part-Dieu, etc. Par ailleurs, dans le cadre de l’Agenda 21 qui a été lancé tout de suite après, nous nous sommes coordonnés avec le cabinet qui 41
©
ACIDD et Comité 21
C’est presque cela. J’ai trois enfants et c’est plutôt : “Donne-moi
P R I N : Oui, c’est ce que disent les enfants à leurs parents, mais pourquoi ? Parce que la télé leur a dit qu’il leur fallait ceci ou cela, etc. À l’école également, on leur dit : “Il te faut ceci ou cela”, alors qu’ils n’en ont pas forcément besoin.
J O N A T H A N
L A U R E N T
:
ça !”
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
J O L I A - F E R R I E R : Nous n’avons pas encore de retour en termes de performances environnementales. Ils se sont engagés dans cette démarche parce qu’ils avaient une grosse batterie d’indicateurs techniques. J’ai rarement vu cela ; c’est assez hallucinant, ils ont des bases de données d’indicateurs techniques extraordinaires, mais ils ne savaient pas comment communiquer sur l’environnement, en particulier vis-à-vis du public. Je dis “public” au sens large, car cela inclut les élus. Ils avaient donc des choses très techniques, mais dès qu’ils sortaient de cet aspect-là, ils étaient un peu gênés.
Ce fut la première motivation pour calculer l’empreinte. Qu’en est-il ressorti concrètement ? Il y a eu quatre ateliers pendant la dernière semaine du développement durable l’été dernier, avec des grandes affiches, la possibilité de calculer son empreinte écologique sur le parvis de la Part-Dieu, etc. Par ailleurs, dans le cadre de l’Agenda 21 qui a été lancé tout de suite après, nous nous sommes coordonnés avec le cabinet qui 41
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faisait l’Agenda 21 ; ils y ont intégré l’empreinte écologique. Dans le cadre de cet Agenda 21, le Grand-Lyon a publié un classeur avec une dizaine de fascicules sur des thématiques environnementales, dont un sur l’empreinte écologique et d’autres indicateurs. C’est le produit fini, concret, aujourd’hui, chez eux. C H R I S T I N E
D E L H A Y E
:
faisait l’Agenda 21 ; ils y ont intégré l’empreinte écologique. Dans le cadre de cet Agenda 21, le Grand-Lyon a publié un classeur avec une dizaine de fascicules sur des thématiques environnementales, dont un sur l’empreinte écologique et d’autres indicateurs. C’est le produit fini, concret, aujourd’hui, chez eux.
Pour eux, c’est un moyen de communication pour informer
C H R I S T I N E
et sensibiliser… ? L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : Voilà, sachant que nous n’avons pas suffisamment de recul aujourd’hui pour recalculer l’empreinte. C’est une question qui a été posée : “Quand devra-t-on recalculer l’empreinte ?” A priori, c’est une fois par an au maximum.
L A U R E N T
D E L H A Y E : Ils ne font pas de communication spécifique auprès des habitants. Ils le font sur l’Agenda 21 en général, mais…
C H R I S T I N E
J O L I A - F E R R I E R : Si. Trois numéros des journaux du Grand-Lyon, donc des journaux grand public de la Communauté urbaine, ont parlé de l’empreinte écologique. Un quatrième a présenté les résultats. Le premier le présentait de manière générale. Le suivant présentait l’étude et ainsi de suite.
L A U R E N T
Sur les résultats, on avait calculé l’empreinte écologique des habitants du GrandLyon ; on trouvait toutes les catégories socioprofessionnelles de l’INSEE et à peu près toutes les classes d’âge, de 18-19 à 90 ans. Cela permettait d’avoir des empreintes concrètes variant de 4 à plus de 6 hectares globaux. Chaque profil socioprofessionnel était accompagné d’une petite analyse de l’empreinte écologique (pourquoi, comment, etc.). Le but du jeu des études sur l’empreinte écologique aujourd’hui est de sensibiliser. C H R I S T I N E
D E L H A Y E
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Pour eux, c’est un moyen de communication pour informer
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J O L I A - F E R R I E R : Voilà, sachant que nous n’avons pas suffisamment de recul aujourd’hui pour recalculer l’empreinte. C’est une question qui a été posée : “Quand devra-t-on recalculer l’empreinte ?” A priori, c’est une fois par an au maximum.
J O L I A - F E R R I E R : Si. Trois numéros des journaux du Grand-Lyon, donc des journaux grand public de la Communauté urbaine, ont parlé de l’empreinte écologique. Un quatrième a présenté les résultats. Le premier le présentait de manière générale. Le suivant présentait l’étude et ainsi de suite.
Sur les résultats, on avait calculé l’empreinte écologique des habitants du GrandLyon ; on trouvait toutes les catégories socioprofessionnelles de l’INSEE et à peu près toutes les classes d’âge, de 18-19 à 90 ans. Cela permettait d’avoir des empreintes concrètes variant de 4 à plus de 6 hectares globaux. Chaque profil socioprofessionnel était accompagné d’une petite analyse de l’empreinte écologique (pourquoi, comment, etc.). Le but du jeu des études sur l’empreinte écologique aujourd’hui est de sensibiliser.
De sensibiliser et de modifier…
C H R I S T I N E
D E L H A Y E
:
De sensibiliser et de modifier…
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : En parallèle, ils développent pas mal les transports en commun en essayant de limiter la circulation des voitures. Cela fait partie d’un ensemble.
L A U R E N T
J O L I A - F E R R I E R : En parallèle, ils développent pas mal les transports en commun en essayant de limiter la circulation des voitures. Cela fait partie d’un ensemble.
P I E R R E
comédien, compagnie de la Tribouille : Je vais revenir un peu en arrière et m’appuyer sur deux interventions.
P I E R R E
comédien, compagnie de la Tribouille : Je vais revenir un peu en arrière et m’appuyer sur deux interventions.
R O B A ,
Dans votre intervention, monsieur, vous avez parlé tout à l’heure d’un imaginaire pour ce siècle à créer, à inventer, à trouver et à se raconter les vies à venir. Ce sont de belles phrases, je les ai notées pour m’en servir. Raconter, c’est mon travail. Raconter le monde, la vie…
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D E L H A Y E : Ils ne font pas de communication spécifique auprès des habitants. Ils le font sur l’Agenda 21 en général, mais…
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et sensibiliser… ?
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R O B A ,
Dans votre intervention, monsieur, vous avez parlé tout à l’heure d’un imaginaire pour ce siècle à créer, à inventer, à trouver et à se raconter les vies à venir. Ce sont de belles phrases, je les ai notées pour m’en servir. Raconter, c’est mon travail. Raconter le monde, la vie…
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Dans ce que j’entends depuis tout à l’heure, une chose me gêne : je n’ai pas envie de raconter des histoires dans lesquelles les gens se sentent toujours culpabilisés. Je reviens un peu sur le mot “communication” et le terme “grand public”. Dans ce que j’entends et ce que je vois, c’est souvent à l’individu qu’on s’adresse en tant que consommateur en essayant de le responsabiliser sur les fautes qu’il commet à chaque acte de consommation qu’il fait : le jean qui coûte 1 euro ! C’est aberrant, complètement hallucinant ! Mais si on le ramène au pouvoir d’achat, aux salaires, aux difficultés économiques, etc., il existe une logique individuelle justement, c’est-à-dire “on se débrouille”.
Dans ce que j’entends depuis tout à l’heure, une chose me gêne : je n’ai pas envie de raconter des histoires dans lesquelles les gens se sentent toujours culpabilisés. Je reviens un peu sur le mot “communication” et le terme “grand public”. Dans ce que j’entends et ce que je vois, c’est souvent à l’individu qu’on s’adresse en tant que consommateur en essayant de le responsabiliser sur les fautes qu’il commet à chaque acte de consommation qu’il fait : le jean qui coûte 1 euro ! C’est aberrant, complètement hallucinant ! Mais si on le ramène au pouvoir d’achat, aux salaires, aux difficultés économiques, etc., il existe une logique individuelle justement, c’est-à-dire “on se débrouille”.
On consomme en France 80 % des voitures, je crois, qui roulent au diesel. C’est une aberration. Je roule au GPL depuis déjà des années. Je n’ai pas le sentiment que la bonne solution, dans la communication, soit de culpabiliser les gens.
On consomme en France 80 % des voitures, je crois, qui roulent au diesel. C’est une aberration. Je roule au GPL depuis déjà des années. Je n’ai pas le sentiment que la bonne solution, dans la communication, soit de culpabiliser les gens.
En effet, il me semble qu’on oublie une donnée, alors que sont présents ici des représentants d’entreprises privées ou nationales, à savoir que je ne peux demander à quelqu’un d’agir différemment que si cette personne, me semble-t-il, sent chez les grands décideurs et les grandes entreprises cette volonté de changer et si, concrètement, cela se voit. Là, on est dans la communication. On peut lire, visualiser par des clips ; mais on ne visualise que le concept même de ces changements, on ne les vit pas.
En effet, il me semble qu’on oublie une donnée, alors que sont présents ici des représentants d’entreprises privées ou nationales, à savoir que je ne peux demander à quelqu’un d’agir différemment que si cette personne, me semble-t-il, sent chez les grands décideurs et les grandes entreprises cette volonté de changer et si, concrètement, cela se voit. Là, on est dans la communication. On peut lire, visualiser par des clips ; mais on ne visualise que le concept même de ces changements, on ne les vit pas.
J’habite en milieu rural, je suis À quel moment l’État va-t-il très sensible à l’environnement. À mon avis, l’individu ne voit pas le reprendre son rôle régalien” changement dans la volonté des entreprises. Je reviens là à ce que disait M. Farid Yaker tout à l’heure, en tout cas je l’ai compris comme cela ; se pose également la question de la puissance publique, du rôle de l’État.
J’habite en milieu rural, je suis À quel moment l’État va-t-il très sensible à l’environnement. À mon avis, l’individu ne voit pas le reprendre son rôle régalien” changement dans la volonté des entreprises. Je reviens là à ce que disait M. Farid Yaker tout à l’heure, en tout cas je l’ai compris comme cela ; se pose également la question de la puissance publique, du rôle de l’État.
À quel moment l’État va-t-il reprendre son rôle régalien, c’est-à-dire celui consistant à réguler les choses ? Aujourd’hui, je fais le constat — j’en suis désolé — que l’État ne régule plus rien parce qu’on oublie de parler d’une chose : le marché ! On nous renvoie toujours au volet économique, le PIB ; tout à l’heure, le mot a été “lâché”. Il existe plein d’autres indicateurs, nous en connaissons tous ici, mais le seul dont on nous parle dans les médias, c’est le PIB et ce qui en découle, c’est-à-dire la croissance. On “bourre un peu le crâne” aux gens sur… L’Irlande par exemple est un pays fabuleux en ce qui concerne son PIB. C’est le deuxième en Europe ! C’est le deuxième taux de croissance en Europe ! C’est un pays miracle. Or, près de 30 % de la population vient de passer sous le seuil de pauvreté. Cette énorme croissance, cet énorme élan économique a aussi un revers et, quand on passe au-dessous du seuil de pauvreté, on ne s’occupe plus d’écologie !
À quel moment l’État va-t-il reprendre son rôle régalien, c’est-à-dire celui consistant à réguler les choses ? Aujourd’hui, je fais le constat — j’en suis désolé — que l’État ne régule plus rien parce qu’on oublie de parler d’une chose : le marché ! On nous renvoie toujours au volet économique, le PIB ; tout à l’heure, le mot a été “lâché”. Il existe plein d’autres indicateurs, nous en connaissons tous ici, mais le seul dont on nous parle dans les médias, c’est le PIB et ce qui en découle, c’est-à-dire la croissance. On “bourre un peu le crâne” aux gens sur… L’Irlande par exemple est un pays fabuleux en ce qui concerne son PIB. C’est le deuxième en Europe ! C’est le deuxième taux de croissance en Europe ! C’est un pays miracle. Or, près de 30 % de la population vient de passer sous le seuil de pauvreté. Cette énorme croissance, cet énorme élan économique a aussi un revers et, quand on passe au-dessous du seuil de pauvreté, on ne s’occupe plus d’écologie !
Il a été question de la Chine. Je reviens de Roumanie, c’est moins loin. La Roumanie, c’est pourri ! Ils veulent se développer, mais ils développent – cela dit, c’était déjà pourri avant, il ne faut pas exagérer non plus ! (Rires.) aujourd’hui des choses hallucinantes. On voit les anciennes usines abandonnées : pourries, abandonnées ! On voit les nouvelles : pourries, mais qui marchent ! Je me suis promené là-bas, j’y ai des amis. Je les voyais travailler… Prenons un exemple concret, une maison… Comment pourrais-je leur parler du chanvre (?), alors qu’ils sont confrontés à des problèmes pour manger ?
Il a été question de la Chine. Je reviens de Roumanie, c’est moins loin. La Roumanie, c’est pourri ! Ils veulent se développer, mais ils développent – cela dit, c’était déjà pourri avant, il ne faut pas exagérer non plus ! (Rires.) aujourd’hui des choses hallucinantes. On voit les anciennes usines abandonnées : pourries, abandonnées ! On voit les nouvelles : pourries, mais qui marchent ! Je me suis promené là-bas, j’y ai des amis. Je les voyais travailler… Prenons un exemple concret, une maison… Comment pourrais-je leur parler du chanvre (?), alors qu’ils sont confrontés à des problèmes pour manger ?
Dans la communication au grand public, pour moi, deux choses vont de pair. Nous sommes obligés de parler de l’urgence parce que nous n’avons pas les moyens de fuir la planète dans les trente ans à venir. J’ai trois enfants et j’ai peur pour eux. Nous
Dans la communication au grand public, pour moi, deux choses vont de pair. Nous sommes obligés de parler de l’urgence parce que nous n’avons pas les moyens de fuir la planète dans les trente ans à venir. J’ai trois enfants et j’ai peur pour eux. Nous
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sommes obligés de parler de l’urgence, donc d’agir de manière violente, directive, mais, en même temps, il faut arriver à poser une réflexion sur la durée, et c’est ce qui est difficile. Nous avons tous envie de changer les choses, je comprends le discours de ceux qui ont 20 ou 25 ans lorsqu’ils disent : “Vous n’avez rien fait.” Et, en même temps, nous savons très bien que l’urgence empêche de poser tous les éléments de la réflexion.
sommes obligés de parler de l’urgence, donc d’agir de manière violente, directive, mais, en même temps, il faut arriver à poser une réflexion sur la durée, et c’est ce qui est difficile. Nous avons tous envie de changer les choses, je comprends le discours de ceux qui ont 20 ou 25 ans lorsqu’ils disent : “Vous n’avez rien fait.” Et, en même temps, nous savons très bien que l’urgence empêche de poser tous les éléments de la réflexion.
Je voudrais finir là-dessus. Je crée un spectacle, j’essaye de parler des indicateurs et je n’ai pas envie, à travers un spectacle, par exemple de culpabiliser les gens parce que je serais obligé de leur dire, comme cela a été rappelé par un jeune: “À quel moment Total, France Télécom ou n’importe quelle autre entreprise nous montrent-ils que, concrètement, ils agissent ?” Je ne dis pas “communiquent” communiquer, nous pouvons tous le faire, mais bien “agisIl faut faire adhérer les gens sent”. Il faut que cela soit lisible pour que les gens aient non pas à des problèmes, envie de changer eux-mêmes mais à des idées et à des rêves” leurs comportements.
Je voudrais finir là-dessus. Je crée un spectacle, j’essaye de parler des indicateurs et je n’ai pas envie, à travers un spectacle, par exemple de culpabiliser les gens parce que je serais obligé de leur dire, comme cela a été rappelé par un jeune: “À quel moment Total, France Télécom ou n’importe quelle autre entreprise nous montrent-ils que, concrètement, ils agissent ?” Je ne dis pas “communiquent” communiquer, nous pouvons tous le faire, mais bien “agisIl faut faire adhérer les gens sent”. Il faut que cela soit lisible pour que les gens aient non pas à des problèmes, envie de changer eux-mêmes mais à des idées et à des rêves” leurs comportements.
J’ai le sentiment d’éduquer mes enfants, je passe du temps avec eux. Un citoyen, cela s’éduque également et si on ne passe pas par l’Éducation nationale… on peut parler d’empreinte écologique y compris à des enfants de cinq ans ! Il faut faire adhérer les gens non pas à des problèmes, mais à des idées et à des rêves. Les problèmes, on les verra, mais il faut que les gens aient envie de rêver…
J’ai le sentiment d’éduquer mes enfants, je passe du temps avec eux. Un citoyen, cela s’éduque également et si on ne passe pas par l’Éducation nationale… on peut parler d’empreinte écologique y compris à des enfants de cinq ans ! Il faut faire adhérer les gens non pas à des problèmes, mais à des idées et à des rêves. Les problèmes, on les verra, mais il faut que les gens aient envie de rêver…
P A S C A L
D U B O I S
: Il faut bien les expliquer, monsieur. J’ai assisté à une réunion récemment, au cours de laquelle, pendant quarante-cinq minutes, il a été question du métabolisme de l’empreinte écologique. C’était destiné à des élus et à des directeurs de service…, cela pour l’anecdote.
P A S C A L
D U B O I S
P A T R I C K
P H I L I P : Je voudrais revenir sur le problème de l’utilité du concept d’empreinte écologique à l’échelle de l’action locale. Il a bien été dit que c’était une limite globale très intéressante, avec le côté “communication, participation, mobilisation, sensibilisation, etc.”, mais comment s’en servir à l’échelle locale ?
P A T R I C K
P H I L I P : Je voudrais revenir sur le problème de l’utilité du concept d’empreinte écologique à l’échelle de l’action locale. Il a bien été dit que c’était une limite globale très intéressante, avec le côté “communication, participation, mobilisation, sensibilisation, etc.”, mais comment s’en servir à l’échelle locale ?
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: Il faut bien les expliquer, monsieur. J’ai assisté à une réunion récemment, au cours de laquelle, pendant quarante-cinq minutes, il a été question du métabolisme de l’empreinte écologique. C’était destiné à des élus et à des directeurs de service…, cela pour l’anecdote.
Finalement, il m’est venu l’idée qu’avec le changement climatique, les gaz à effet de serre et les plans nationaux et internationaux d’allocation des quotas, nous avions là le moyen de gérer le concept d’empreinte écologique à une échelle locale. Voilà quelque chose qui pourrait être utilisé. Nous pouvons le faire par rapport à différents secteurs d’activité. L’énergie est un élément important, mais nous pourrions imaginer le faire pour d’autres secteurs et avoir des quotas par région, par pays. Cela obligerait à une connaissance réciproque de ce que l’on fait. Par ailleurs, la logique des quotas est de toute façon a priori la diminution ; peu importe si, au départ, on est à deux planètes, ce n’est pas très grave. Au moins, cela nous obligerait à utiliser ce concept pour l’action locale.
Finalement, il m’est venu l’idée qu’avec le changement climatique, les gaz à effet de serre et les plans nationaux et internationaux d’allocation des quotas, nous avions là le moyen de gérer le concept d’empreinte écologique à une échelle locale. Voilà quelque chose qui pourrait être utilisé. Nous pouvons le faire par rapport à différents secteurs d’activité. L’énergie est un élément important, mais nous pourrions imaginer le faire pour d’autres secteurs et avoir des quotas par région, par pays. Cela obligerait à une connaissance réciproque de ce que l’on fait. Par ailleurs, la logique des quotas est de toute façon a priori la diminution ; peu importe si, au départ, on est à deux planètes, ce n’est pas très grave. Au moins, cela nous obligerait à utiliser ce concept pour l’action locale.
Je livre cette idée à votre attention. N’est-ce pas là finalement le lien entre ce concept local et le problème de l’action locale ?
Je livre cette idée à votre attention. N’est-ce pas là finalement le lien entre ce concept local et le problème de l’action locale ?
: Je pense que la solution est toute simple. Il faut arriver à faire en sorte que, sur le plan législatif, chacun des territoires, qu’il soit local, départemental, régional, se responsabilise à travers la mise en œuvre d’un plan de développement durable avec, bien entendu, obligation de publier un rapport sur…
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: Je pense que la solution est toute simple. Il faut arriver à faire en sorte que, sur le plan législatif, chacun des territoires, qu’il soit local, départemental, régional, se responsabilise à travers la mise en œuvre d’un plan de développement durable avec, bien entendu, obligation de publier un rapport sur…
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P H I L I P : Soit, mais, au départ, il faut qu’on vous dise à l’intérieur de quelles limites vous travaillez, avec par exemple un objectif en cinq ou dix ans de vous améliorer de 10 ou 15 % par rapport à votre état initial. Si vous travaillez sans limites et sans objectifs, cela n’a pas d’intérêt.
P A T R I C K
P H I L I P : Soit, mais, au départ, il faut qu’on vous dise à l’intérieur de quelles limites vous travaillez, avec par exemple un objectif en cinq ou dix ans de vous améliorer de 10 ou 15 % par rapport à votre état initial. Si vous travaillez sans limites et sans objectifs, cela n’a pas d’intérêt.
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: Quand je dis qu’il faut imposer, bien entendu, c’est sous-entendu. Si je me réfère aux pays d’Europe du Nord qui ont mis cela en place, c’est exactement ce qu’ils font. Allez faire une visite en Suède, essayez de rencontrer des institutionnels. Demandez-leur qu’ils vous présentent leurs rapports Agenda 21 et vous verrez qu’ils ont choisi des indicateurs et là, également, en concertation avec les habitants. C’est là qu’on retrouve l’élément : agir localement, dans la vie de tous les jours.
P A S C A L
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U N
: On a dit que les consommateurs devaient essayer de diminuer leur consommation de façon à ce que l’empreinte diminue. Nous ne sommes pas toujours dans le cas de consommateurs vertueux, sensibilisés. C’est d’ailleurs plutôt au Nord qu’on les retrouve. Malheureusement, dans les pays pauvres, les gens sont un peu moins conscients de leur responsabilité environnementale.
I N T E R V E N A N T
Nous n’avons pas parlé de l’élément signal des prix. Aujourd’hui, le prix du pétrole augmente. Cela peut avoir des conséquences favorables non seulement sur les énergies renouvelables, mais également sur la consommation. Il faut tenir compte de ce mécanisme. Nous n’avons pas parlé d’internalisation des coûts écologiques. C’est tout de même un sujet extrêmement important. Si le jean arrive à 2 euros en Europe, c’est parce que les “kilomètres cachés” n’ont pas été pris en compte. Les coûts de transport, l’impact des émissions sur l’environnement ne sont pas inclus dans les prix. C’est également le rôle des autorités publiques de faire en sorte d’avoir, à l’échelle internationale, une prise en compte de ces coûts dans les prix pour qu’il soit réellement tenu compte de l’environnement et qu’il pèse sur nos décisions de consommation.
Si le jean arrive à 2 euros en Europe, c’est parce que les «kilomètres cachés » n’ont pas été pris en compte”
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: Quand je dis qu’il faut imposer, bien entendu, c’est sous-entendu. Si je me réfère aux pays d’Europe du Nord qui ont mis cela en place, c’est exactement ce qu’ils font. Allez faire une visite en Suède, essayez de rencontrer des institutionnels. Demandez-leur qu’ils vous présentent leurs rapports Agenda 21 et vous verrez qu’ils ont choisi des indicateurs et là, également, en concertation avec les habitants. C’est là qu’on retrouve l’élément : agir localement, dans la vie de tous les jours.
: On a dit que les consommateurs devaient essayer de diminuer leur consommation de façon à ce que l’empreinte diminue. Nous ne sommes pas toujours dans le cas de consommateurs vertueux, sensibilisés. C’est d’ailleurs plutôt au Nord qu’on les retrouve. Malheureusement, dans les pays pauvres, les gens sont un peu moins conscients de leur responsabilité environnementale.
I N T E R V E N A N T
Nous n’avons pas parlé de l’élément signal des prix. Aujourd’hui, le prix du pétrole augmente. Cela peut avoir des conséquences favorables non seulement sur les énergies renouvelables, mais également sur la consommation. Il faut tenir compte de ce mécanisme. Nous n’avons pas parlé d’internalisation des coûts écologiques. C’est tout de même un sujet extrêmement important. Si le jean arrive à 2 euros en Europe, c’est parce que les “kilomètres cachés” n’ont pas été pris en compte. Les coûts de transport, l’impact des émissions sur l’environnement ne sont pas inclus dans les prix. C’est également le rôle des autorités publiques de faire en sorte d’avoir, à l’échelle internationale, une prise en compte de ces coûts dans les prix pour qu’il soit réellement tenu compte de l’environnement et qu’il pèse sur nos décisions de consommation.
Si le jean arrive à 2 euros en Europe, c’est parce que les «kilomètres cachés » n’ont pas été pris en compte”
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E S P I N O S A : ...au niveau de la presse. Les médias parlent très bien… ont beaucoup fait parler de tous ces projets, partout en France.
V I C T O R - H U G O
C’est un rapport de forces et c’est à partir de ce rapport de forces, en plus des indicateurs, qu’on peut avancer. Mais aujourd’hui, on ne peut pas dire : “On peut avancer comme cela, la solution est simple”. C’est loin d’être le cas, c’est très compliqué, parce qu’il y a l’économie, le problème du travail. Je vous donne un autre exemple, celui de l’alimentation. La France a été le premier producteur en alimentaire de bio… Que s’est-il passé ? Aujourd’hui, nous sommes en train de tout importer, mais en plus, avec les conservateurs, nous sommes en train de manger des toxiques ! Que demandent les citoyens aujourd’hui ? Des produits de proximité, qui viennent d’endroits les plus proches possibles. Un produit bio qui vient du Chili n’est plus bio parce qu’il a fallu le transporter.
Que demandent les citoyens aujourd’hui ? Des produits de proximité”
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: Je suis désolé, il nous reste très peu de temps. Nous demanderons ensuite à notre ami Laurent de faire une sorte de synthèse.
P A S C A L
D U B O I S
U N
: Ce sera davantage une réflexion, parce que cela rebondit un peu sur… Nous sommes dans un paradoxe. Nous ne changerons rien si nous ne changeons pas nos comportements.
I N T E R V E N A N T
E S P I N O S A : ...au niveau de la presse. Les médias parlent très bien… ont beaucoup fait parler de tous ces projets, partout en France.
V I C T O R - H U G O
C’est un rapport de forces et c’est à partir de ce rapport de forces, en plus des indicateurs, qu’on peut avancer. Mais aujourd’hui, on ne peut pas dire : “On peut avancer comme cela, la solution est simple”. C’est loin d’être le cas, c’est très compliqué, parce qu’il y a l’économie, le problème du travail. Je vous donne un autre exemple, celui de l’alimentation. La France a été le premier producteur en alimentaire de bio… Que s’est-il passé ? Aujourd’hui, nous sommes en train de tout importer, mais en plus, avec les conservateurs, nous sommes en train de manger des toxiques ! Que demandent les citoyens aujourd’hui ? Des produits de proximité, qui viennent d’endroits les plus proches possibles. Un produit bio qui vient du Chili n’est plus bio parce qu’il a fallu le transporter.
Que demandent les citoyens aujourd’hui ? Des produits de proximité”
: Je suis désolé, il nous reste très peu de temps. Nous demanderons ensuite à notre ami Laurent de faire une sorte de synthèse.
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: Ce sera davantage une réflexion, parce que cela rebondit un peu sur… Nous sommes dans un paradoxe. Nous ne changerons rien si nous ne changeons pas nos comportements.
I N T E R V E N A N T
J’ai frémi à plusieurs reprises parce que, quelque part, nous ne sommes pas très loin – tu reviens de Chine — du Petit Livre rouge, du grand soir ; je l’ai entendu tout à l’heure. J’ai entendu citer des comportements bons ou mauvais. J’appartiens à la délégation française qui prépare une future norme ISO 26000 du développement durable. Il est prévu qu’elle ne soit pas certifiable en trois ans, mais déjà certains acteurs poussent à ce qu’elle soit certifiable. Par ailleurs, certains acteurs — je pense à des associations de consommateurs avec lesquelles je suis en relation — souhaiteraient qu’on normalise les comportements. Personnellement, je frémis parce que je ne sais pas ce qu’est un bon comportement ou un mauvais comportement.
J’ai frémi à plusieurs reprises parce que, quelque part, nous ne sommes pas très loin – tu reviens de Chine — du Petit Livre rouge, du grand soir ; je l’ai entendu tout à l’heure. J’ai entendu citer des comportements bons ou mauvais. J’appartiens à la délégation française qui prépare une future norme ISO 26000 du développement durable. Il est prévu qu’elle ne soit pas certifiable en trois ans, mais déjà certains acteurs poussent à ce qu’elle soit certifiable. Par ailleurs, certains acteurs — je pense à des associations de consommateurs avec lesquelles je suis en relation — souhaiteraient qu’on normalise les comportements. Personnellement, je frémis parce que je ne sais pas ce qu’est un bon comportement ou un mauvais comportement.
Ce genre de petit livret, c’est formidable, mais il existe aussi un risque de dogmatisme. Je n’ai pas de solution. Je crois qu’il faut probablement, et même certainement, continuer à avoir une communication et en même temps, probablement, également aider le consommateur au travers de processus. Or, nous n’avons pas parlé ici de processus sur les filières de produits et de services. Il serait à mon avis intéressant de réfléchir à une sorte de processus qui travaille sur trois points :
Ce genre de petit livret, c’est formidable, mais il existe aussi un risque de dogmatisme. Je n’ai pas de solution. Je crois qu’il faut probablement, et même certainement, continuer à avoir une communication et en même temps, probablement, également aider le consommateur au travers de processus. Or, nous n’avons pas parlé ici de processus sur les filières de produits et de services. Il serait à mon avis intéressant de réfléchir à une sorte de processus qui travaille sur trois points :
– Le premier point est la traçabilité de l’ensemble des critères, pas simplement environnementaux – nous sommes dans un atelier qui ne concerne pas simplement l’empreinte écologique, mais également les autres indicateurs, mais également sociaux et sociétaux sur toute la filière, du berceau à la tombe comme on dit ! Cela pose donc la question d’une coopération territoires/entreprises parce que les entreprises ne pourront pas faire toutes seules sans les territoires et réciproquement.
– Le premier point est la traçabilité de l’ensemble des critères, pas simplement environnementaux – nous sommes dans un atelier qui ne concerne pas simplement l’empreinte écologique, mais également les autres indicateurs, mais également sociaux et sociétaux sur toute la filière, du berceau à la tombe comme on dit ! Cela pose donc la question d’une coopération territoires/entreprises parce que les entreprises ne pourront pas faire toutes seules sans les territoires et réciproquement.
– Le deuxième point qui me paraît important pour pouvoir entrer dans des processus qui seraient réalisés (je vais dans un magasin et j’achète ce fer ou ce chapeau, j’ai effectivement un certificat selon lequel le processus a été mis en œuvre), consiste à faire en sorte que les comportements prennent en compte les contextes locaux.
– Le deuxième point qui me paraît important pour pouvoir entrer dans des processus qui seraient réalisés (je vais dans un magasin et j’achète ce fer ou ce chapeau, j’ai effectivement un certificat selon lequel le processus a été mis en œuvre), consiste à faire en sorte que les comportements prennent en compte les contextes locaux.
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J’ai vécu dans des pays du Sud, j’ai travaillé sur des questions de codéveloppement, etc. Une même pratique qui sera jugée absolument scandaleuse en France sera au contraire considérée comme extrêmement vertueuse dans un autre pays qui a un autre contexte. Nous sommes donc obligés de réinterpréter le sens de chacune de nos pratiques dans le contexte dans lequel nous nous trouvons.
J’ai vécu dans des pays du Sud, j’ai travaillé sur des questions de codéveloppement, etc. Une même pratique qui sera jugée absolument scandaleuse en France sera au contraire considérée comme extrêmement vertueuse dans un autre pays qui a un autre contexte. Nous sommes donc obligés de réinterpréter le sens de chacune de nos pratiques dans le contexte dans lequel nous nous trouvons.
– Le dernier point est qu’évidemment tout cela ne peut pas se faire sans un dialogue avec l’ensemble des parties contradictoires, qui ont des points de vue contradictoires sur des pratiques et sur leur sens ; une labellisation d’un processus sur un produit ou sur un service ne peut évidemment pas se faire sans avoir à cœur un processus de dialogue et de concertation.
– Le dernier point est qu’évidemment tout cela ne peut pas se faire sans un dialogue avec l’ensemble des parties contradictoires, qui ont des points de vue contradictoires sur des pratiques et sur leur sens ; une labellisation d’un processus sur un produit ou sur un service ne peut évidemment pas se faire sans avoir à cœur un processus de dialogue et de concertation.
Je ferai peut-être une suggestion opérationnelle, qui serait de compléter la communication grand public consommation produits/consommation services par une communication de deuxième degré, je dirais intermédiaire entre le consommateur et les gens qui réfléchissent à la complexité des choses, au travers de processus sur ces trois points.
Je ferai peut-être une suggestion opérationnelle, qui serait de compléter la communication grand public consommation produits/consommation services par une communication de deuxième degré, je dirais intermédiaire entre le consommateur et les gens qui réfléchissent à la complexité des choses, au travers de processus sur ces trois points.
:
Laurent…
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P A S C A L
D U B O I S
L A U R E N T
Si nous ne devons pas utiliser j’avais une seule chose à retenir de ce des indicateurs uniquement grand débat d’une heure, initiateur pour faire peur” de dialogues, ce serait l’idée suivante qui me paraît très frappante… ici ou ailleurs : que nous ne devons pas utiliser des indicateurs uniquement pour faire peur, nous devons arriver à “vendre” le développement durable en faisant rêver les gens. Et cela, c’est un sacré challenge.
P A S C A L
D U B O I S
J O L I A - F E R R I E R
ACIDD et Comité 21
:
:
Merci beaucoup à tous.
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L A U R E N T
: Si nous ne devons pas utiliser j’avais une seule chose à retenir de ce des indicateurs uniquement grand débat d’une heure, initiateur pour faire peur” de dialogues, ce serait l’idée suivante qui me paraît très frappante… ici ou ailleurs : que nous ne devons pas utiliser des indicateurs uniquement pour faire peur, nous devons arriver à “vendre” le développement durable en faisant rêver les gens. Et cela, c’est un sacré challenge.
P A S C A L
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J O L I A - F E R R I E R
(Applaudissements.)
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Laurent…
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Merci beaucoup à tous.
(Applaudissements.)
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1.2 “Agenda 21, communiquer pour impliquer les citoyens”
1.2 “Agenda 21, communiquer pour impliquer les citoyens”
S A C Q U E T , animatrice : Nous allons passer cette première partie de l’après-midi ensemble sur l’Agenda 21 local et l’Agenda 21 en tant que démarche permettant de communiquer, mobiliser et organiser la participation, voire organiser l’élaboration de la décision collective.
S A C Q U E T , animatrice : Nous allons passer cette première partie de l’après-midi ensemble sur l’Agenda 21 local et l’Agenda 21 en tant que démarche permettant de communiquer, mobiliser et organiser la participation, voire organiser l’élaboration de la décision collective.
A N N E - M A R I E
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A N N E - M A R I E
Nous avons une heure et quart pour mener à bien cet atelier. Ce n’est rien du tout, d’autant que nous avons trois intervenants émérites tout à fait impliqués, bien sûr, dans ce sujet :
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Nous avons une heure et quart pour mener à bien cet atelier. Ce n’est rien du tout, d’autant que nous avons trois intervenants émérites tout à fait impliqués, bien sûr, dans ce sujet :
– Aline Biardeaud, adjointe à l’environnement de la mairie de Limoges ;
– Aline Biardeaud, adjointe à l’environnement de la mairie de Limoges ;
– Guy Hascoët, que beaucoup de gens ici connaissent, directeur fondateur de l’Académie du développement durable et humain ; ANNE-MARIE SACQUET ANIMATRICE
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– Paul Vermeylen, de Ramboll Management, qui accompagne un certain nombre d’Agenda 21 en France et en Europe. Avant de leur passer la Quels messages peut-on attendre parole, j’aimerais préciser d’un Agenda 21 qui se respecte ?” qu’il s’agit bien du sujet “Communiquer sur le développement durable”. Nous ne parlerons pas de l’Agenda 21 territorial d’une manière générale. Il s’agit aujourd’hui de voir comment une démarche d’Agenda 21, lorsqu’elle est appliquée par des élus, peut contribuer à mobiliser les forces vives du territoire, la population, pour élaborer et participer à la construction d’une culture partagée du développement durable, à la construction d’une “communauté durable ». Tels sont les enjeux de cet atelier.
– Guy Hascoët, que beaucoup de gens ici connaissent, directeur fondateur de l’Académie du développement durable et humain ; ANNE-MARIE SACQUET ANIMATRICE
– Paul Vermeylen, de Ramboll Management, qui accompagne un certain nombre d’Agenda 21 en France et en Europe. Avant de leur passer la Quels messages peut-on attendre parole, j’aimerais préciser d’un Agenda 21 qui se respecte ?” qu’il s’agit bien du sujet “Communiquer sur le développement durable”. Nous ne parlerons pas de l’Agenda 21 territorial d’une manière générale. Il s’agit aujourd’hui de voir comment une démarche d’Agenda 21, lorsqu’elle est appliquée par des élus, peut contribuer à mobiliser les forces vives du territoire, la population, pour élaborer et participer à la construction d’une culture partagée du développement durable, à la construction d’une “communauté durable ». Tels sont les enjeux de cet atelier.
Il est évidemment possible d’évoquer plusieurs pistes. A quelles étapes de l’Agenda 21 doivent intervenir la communication et l’information ? Quels messages peut-on attendre d’un Agenda 21 qui se respecte ? Quel type de supports peut-on ou faut-il utiliser pour informer, transmettre, partager et codécider ? Toutes ces interrogations seront lancées au cours de cet atelier.
Il est évidemment possible d’évoquer plusieurs pistes. A quelles étapes de l’Agenda 21 doivent intervenir la communication et l’information ? Quels messages peut-on attendre d’un Agenda 21 qui se respecte ? Quel type de supports peut-on ou faut-il utiliser pour informer, transmettre, partager et codécider ? Toutes ces interrogations seront lancées au cours de cet atelier.
Les intervenants disposent de cinq minutes chacun. Bien sûr, ensuite, nous ouvrirons les travaux avec vous.
Les intervenants disposent de cinq minutes chacun. Bien sûr, ensuite, nous ouvrirons les travaux avec vous.
Je vous rappelle que nous avons pris deux engagements au sein de cette troisième université. En premier lieu, des jeunes sont présents dans tous les ateliers et je veillerai à ce qu’ils aient pleinement la parole Ensuite, nous devons consacrer un quart d’heure ou vingt minutes – c’est très court, mais compte tenu des délais que nous
Je vous rappelle que nous avons pris deux engagements au sein de cette troisième université. En premier lieu, des jeunes sont présents dans tous les ateliers et je veillerai à ce qu’ils aient pleinement la parole Ensuite, nous devons consacrer un quart d’heure ou vingt minutes – c’est très court, mais compte tenu des délais que nous
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avons, nous pouvons difficilement faire davantage à examiner le projet de manifeste et à voir comment nous pouvons le nourrir, le corriger et le valider.
avons, nous pouvons difficilement faire davantage à examiner le projet de manifeste et à voir comment nous pouvons le nourrir, le corriger et le valider.
Nous ouvrons les débats. A L I N E
Nous ouvrons les débats.
: Anne-Marie m’a demandé de préparer quelques exemplaires de l’Agenda 21 de Limoges, que vous pourrez prendre tout à l’heure.
B I A R D E A U D
A L I N E
Beaucoup de collectivités ont fait des Agendas 21. Cet Agenda 21 est très récent, il a été publié en juin dernier. Il est très transversal puisqu’il touche vraiment à l’ensemble des thématiques du développement durable. Nous nous sommes attachés à respecter tous les volets en nous appuyant sur les expériences d’autres collectivités, leurs réussites et leurs échecs, pour pouvoir déjouer ainsi certains pièges. Ce document a certainement des imperfections car il est tout jeune. Il a été assez long à élaborer puisque cela a pris presque trois ans, précisément à cause de cette nécessaire navette – c’est d’ailleurs passionnant à faire entre les citoyens et le “pool” d’élus qui s’est emparé de ce projet. ALINE BIARDEAUD ADJOINTE À L’ENVIRONNEMENT DE LA MAIRIE DE LIMOGES
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“
Afin de respecter l’esprit de l’Université d’été tel que je l’ai compris, j’ai quelques notes un peu en vrac que je vais vous soumettre. J’espère ensuite pouvoir participer aux échanges que nous aurons pour pouvoir forger le projet collectif. Je voudrais d’abord préciser une chose ; plus j’avance dans ma vie “politique”, entre guillemets puisque c’est mon troisième mandat, plus je suis persuadée qu’impliquer et convaincre les autres nécessite d’être soi-même vertueux. Il faut que la collectivité et l’élu qui porte le projet, en l’occurrence moi-même puisque je préside le Comité de pilotage constitué de six Impliquer et convaincre élus, donnent l’exemple. Si nous ne nous donnons pas pour objectif de le les autres nécessite d’être faire chaque année un peu plus, c’est soi-même vertueux” une perte de temps.
: Anne-Marie m’a demandé de préparer quelques exemplaires de l’Agenda 21 de Limoges, que vous pourrez prendre tout à l’heure.
B I A R D E A U D
Beaucoup de collectivités ont fait des Agendas 21. Cet Agenda 21 est très récent, il a été publié en juin dernier. Il est très transversal puisqu’il touche vraiment à l’ensemble des thématiques du développement durable. Nous nous sommes attachés à respecter tous les volets en nous appuyant sur les expériences d’autres collectivités, leurs réussites et leurs échecs, pour pouvoir déjouer ainsi certains pièges. Ce document a certainement des imperfections car il est tout jeune. Il a été assez long à élaborer puisque cela a pris presque trois ans, précisément à cause de cette nécessaire navette – c’est d’ailleurs passionnant à faire entre les citoyens et le “pool” d’élus qui s’est emparé de ce projet. ALINE BIARDEAUD ADJOINTE À L’ENVIRONNEMENT DE LA MAIRIE DE LIMOGES
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Afin de respecter l’esprit de l’Université d’été tel que je l’ai compris, j’ai quelques notes un peu en vrac que je vais vous soumettre. J’espère ensuite pouvoir participer aux échanges que nous aurons pour pouvoir forger le projet collectif. Je voudrais d’abord préciser une chose ; plus j’avance dans ma vie “politique”, entre guillemets puisque c’est mon troisième mandat, plus je suis persuadée qu’impliquer et convaincre les autres nécessite d’être soi-même vertueux. Il faut que la collectivité et l’élu qui porte le projet, en l’occurrence moi-même puisque je préside le Comité de pilotage constitué de six Impliquer et convaincre élus, donnent l’exemple. Si nous ne nous donnons pas pour objectif de le les autres nécessite d’être faire chaque année un peu plus, c’est soi-même vertueux” une perte de temps.
Deuxième remarque : il ne faut pas être trop dogmatique dans ses analyses, ni trop doctrinaire dans ses propos et ses propositions. Il faut éviter les jargons compliqués, les idées toutes faites, les “copier/coller” à partir de réflexions menées par d’autres collectivités ou par des écrits savants. Il faut rester vraiment très simple, sans évidemment devenir basique.
Deuxième remarque : il ne faut pas être trop dogmatique dans ses analyses, ni trop doctrinaire dans ses propos et ses propositions. Il faut éviter les jargons compliqués, les idées toutes faites, les “copier/coller” à partir de réflexions menées par d’autres collectivités ou par des écrits savants. Il faut rester vraiment très simple, sans évidemment devenir basique.
Troisième remarque : il ne faut pas, à l’inverse, tomber dans la démagogie, c’està-dire faire ce que les gens attendent de vous ou faire semblant d’agir sans avoir de réel contenu. Il faut aussi que celui-ci reste compréhensible par le plus grand nombre.
Troisième remarque : il ne faut pas, à l’inverse, tomber dans la démagogie, c’està-dire faire ce que les gens attendent de vous ou faire semblant d’agir sans avoir de réel contenu. Il faut aussi que celui-ci reste compréhensible par le plus grand nombre.
Tout à l’heure, j’entendais un étudiant dire : “Il faut associer tout le monde et pas seulement ses copains.” C’est assez juste ; souvent, notamment dans le cadre de la réflexion sur la gouvernance citoyenne, on a tendance à réunir ceux qu’on connaît déjà. On sait qu’ils seront présents et sauront rédiger un petit bilan de fin de réunion. C’est assez confortable mais il ne faut pas faire cela, même si c’est plus compliqué de faire autrement.
Tout à l’heure, j’entendais un étudiant dire : “Il faut associer tout le monde et pas seulement ses copains.” C’est assez juste ; souvent, notamment dans le cadre de la réflexion sur la gouvernance citoyenne, on a tendance à réunir ceux qu’on connaît déjà. On sait qu’ils seront présents et sauront rédiger un petit bilan de fin de réunion. C’est assez confortable mais il ne faut pas faire cela, même si c’est plus compliqué de faire autrement.
Quatrième remarque : il faut accepter la critique et l’idée de s’être trompé. Dans ma vie d’élue, il m’est arrivé de « faire faire des bêtises » à certains services. Évidemment, ils ne l’ont pas oublié et s’en sont déjà servi pour refuser d’éventuelles remises en cause internes. Il faut donc accepter ses erreurs et, même, s’en servir comme para-
Quatrième remarque : il faut accepter la critique et l’idée de s’être trompé. Dans ma vie d’élue, il m’est arrivé de « faire faire des bêtises » à certains services. Évidemment, ils ne l’ont pas oublié et s’en sont déjà servi pour refuser d’éventuelles remises en cause internes. Il faut donc accepter ses erreurs et, même, s’en servir comme para-
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Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois”
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mètre de départ. Je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas le droit de nous tromper.
En vrac, j’ajoute qu’il faut se méfier des médias. Je pense à l’article de “Libération” sur le commerce équitable ou à “Capital” qui avait fait une émission voici quelques années sur le tri sélectif. Cela avait “plombé” durablement des programmes que nous avions mis du temps à bâtir. Bien sûr, il faut travailler avec les médias, c’est évident. Mais il faut se méfier de l’impact incroyablement négatif que peut avoir un article qui tombe au mauvais moment et au mauvais endroit. Je ne pense pas qu’il faille vous parler de la façon dont nous avons bâti l’Agenda 21 et dont nous l’avons porté auprès de la population. Tout le monde sait faire de la communication institutionnelle, il suffit d’avoir un bon bureau d’études et cela se passe très bien. La question est de savoir plutôt comment associer la population, les citoyens, les élus et les services techniques et administratifs des collectivités à la démarche d’Agenda 21.
Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois”
mètre de départ. Je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas le droit de nous tromper.
En vrac, j’ajoute qu’il faut se méfier des médias. Je pense à l’article de “Libération” sur le commerce équitable ou à “Capital” qui avait fait une émission voici quelques années sur le tri sélectif. Cela avait “plombé” durablement des programmes que nous avions mis du temps à bâtir. Bien sûr, il faut travailler avec les médias, c’est évident. Mais il faut se méfier de l’impact incroyablement négatif que peut avoir un article qui tombe au mauvais moment et au mauvais endroit. Je ne pense pas qu’il faille vous parler de la façon dont nous avons bâti l’Agenda 21 et dont nous l’avons porté auprès de la population. Tout le monde sait faire de la communication institutionnelle, il suffit d’avoir un bon bureau d’études et cela se passe très bien. La question est de savoir plutôt comment associer la population, les citoyens, les élus et les services techniques et administratifs des collectivités à la démarche d’Agenda 21.
Les élus sont une priorité ; tout le monde doit être à l’unisson. Il est difficile d’y parvenir car certains sont contre-productifs. Ils ne veulent pas se casser la tête lorsque c’est vous qui portez le projet et qu’il leur déplaît. Il faut donc bien veiller à associer les autres élus à la démarche en leur demandant, au minimum, d’être neutres et, au maximum, d’être porteurs du programme.
Les élus sont une priorité ; tout le monde doit être à l’unisson. Il est difficile d’y parvenir car certains sont contre-productifs. Ils ne veulent pas se casser la tête lorsque c’est vous qui portez le projet et qu’il leur déplaît. Il faut donc bien veiller à associer les autres élus à la démarche en leur demandant, au minimum, d’être neutres et, au maximum, d’être porteurs du programme.
Vous savez tous ce qu’est une équipe municipale. À Limoges, nous sommes cinquante-cinq, avec des sensibilités parfois assez divergentes. Il faut donc absolument s’assurer de ne pas se trouver face à des problèmes en interne, au sein de l’équipe municipale. S’il s’agit de l’opposition municipale, éventuellement, c’est différent, mais s’il s’agit de l’équipe majoritaire, cela devient très gênant.
Vous savez tous ce qu’est une équipe municipale. À Limoges, nous sommes cinquante-cinq, avec des sensibilités parfois assez divergentes. Il faut donc absolument s’assurer de ne pas se trouver face à des problèmes en interne, au sein de l’équipe municipale. S’il s’agit de l’opposition municipale, éventuellement, c’est différent, mais s’il s’agit de l’équipe majoritaire, cela devient très gênant.
Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois. Il faut donc avoir des personnes “ressources” ou des personnes “référentes” un peu partout et que le propos soit vraiment collectif.
Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois. Il faut donc avoir des personnes “ressources” ou des personnes “référentes” un peu partout et que le propos soit vraiment collectif.
Tout cela ne demande pas d’argent. On pourrait nous opposer que c’est une question de budget, que cela va coûter cher, qu’il faut recruter du personnel, etc. Pas du tout. Il suffit d’assurer de bonnes formations, au bon moment, aux bonnes personnes, et la boucle est bouclée. En fait, les équipes qui sont plutôt jeunes connaissent déjà le développement durable et ont envie d’être entendues. Il faut simplement un déclencheur, le catalyseur, et c’est parti! En général, elles deviennent très porteuses de la démarche.
Tout cela ne demande pas d’argent. On pourrait nous opposer que c’est une question de budget, que cela va coûter cher, qu’il faut recruter du personnel, etc. Pas du tout. Il suffit d’assurer de bonnes formations, au bon moment, aux bonnes personnes, et la boucle est bouclée. En fait, les équipes qui sont plutôt jeunes connaissent déjà le développement durable et ont envie d’être entendues. Il faut simplement un déclencheur, le catalyseur, et c’est parti! En général, elles deviennent très porteuses de la démarche.
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J’ai identifié trois types de public citoyen :
J’ai identifié trois types de public citoyen : – Le public constructif ; celui qui répond présent, quelle que soit la demande de la collectivité. Il s’agit des conseils de quartier, des comités consultatifs, des associations, etc. Ils sont toujours présents, riches d’idées, enrichissants, très au fait d’ailleurs de la problématique du développement durable. Ce sont quasiment nos partenaires d’office. Malheureusement, ce sont un peu toujours les mêmes, ce qui peut stériliser la participation d’autres personnes qui se lassent d’être avec les mêmes institutionnels de la mairie. Or, nous ne les avons pas forcément voulus mais ils s’imposent. Ils ont leur place dans la démarche de concertation, tout simplement parce qu’ils ont toujours répondu à l’appel.
– Le public constructif ; celui qui répond présent, quelle que soit la demande de la collectivité. Il s’agit des conseils de quartier, des comités consultatifs, des associations, etc. Ils sont toujours présents, riches d’idées, enrichissants, très au fait d’ailleurs de la problématique du développement durable. Ce sont quasiment nos partenaires d’office. Malheureusement, ce sont un peu toujours les mêmes, ce qui peut stériliser la participation d’autres personnes qui se lassent d’être avec les mêmes institutionnels de la mairie. Or, nous ne les avons pas forcément voulus mais ils s’imposent. Ils ont leur place dans la démarche de concertation, tout simplement parce qu’ils ont toujours répondu à l’appel.
– Tous ceux qui s’en moquent complètement ; c’est un public nombreux ! (Rires.) Vous me direz que c’est génial et que, s’ils s’en moquent, nous pouvons faire “notre cuisine dans notre coin”, au lieu de parler de citoyenneté, de gouvernance et de concertation. Ces gens nous disent : “Nous vous avons élu, c’est votre problème. C’est dans votre programme municipal, vous le mettez en chantier et si cela ne nous plaît pas, la prochaine fois, nous vous virerons.” J’entendais tout à l’heure que, dans le Luberon, un élu et un technicien étaient allés rencontrer les gens dans les foyers. Il n’est pas possible de le faire avec 70 000 foyers et 136 000 habitants. L’idée même m’épouvante, je vous le dis tout de suite ! La plupart du temps, on me dirait : “Pourquoi venezvous nous embêter chez nous ! Nous étions bien, devant la télé…” (Rires.)
– Tous ceux qui s’en moquent complètement ; c’est un public nombreux ! (Rires.) Vous me direz que c’est génial et que, s’ils s’en moquent, nous pouvons faire “notre cuisine dans notre coin”, au lieu de parler de citoyenneté, de gouvernance et de concertation. Ces gens nous disent : “Nous vous avons élu, c’est votre problème. C’est dans votre programme municipal, vous le mettez en chantier et si cela ne nous plaît pas, la prochaine fois, nous vous virerons.” J’entendais tout à l’heure que, dans le Luberon, un élu et un technicien étaient allés rencontrer les gens dans les foyers. Il n’est pas possible de le faire avec 70 000 foyers et 136 000 habitants. L’idée même m’épouvante, je vous le dis tout de suite ! La plupart du temps, on me dirait : “Pourquoi venezvous nous embêter chez nous ! Nous étions bien, devant la télé…” (Rires.)
– Les “râleurs actifs”, groupe encore plus incroyable. C’est le Français râleur ! Nous en sommes tous ici, j’en suis convaincue même si, de temps en temps, nous savons être positifs ! Ceux-ci ne veulent surtout pas qu’on leur donne l’occasion de transformer leur potentiel de râleurs en éléments constructifs. On se dit qu’il existe une incroyable richesse qu’on n’arrive pas à capter. Peut-être Limoges a-t-elle une responsabilité historique ? Cette ville est de gauche, avec des mandats affreusement longs. Peut-être a-t-on complètement stérilisé l’envie des gens de s’impliquer ?
– Les “râleurs actifs”, groupe encore plus incroyable. C’est le Français râleur ! Nous en sommes tous ici, j’en suis convaincue même si, de temps en temps, nous savons être positifs ! Ceux-ci ne veulent surtout pas qu’on leur donne l’occasion de transformer leur potentiel de râleurs en éléments constructifs. On se dit qu’il existe une incroyable richesse qu’on n’arrive pas à capter. Peut-être Limoges a-t-elle une responsabilité historique ? Cette ville est de gauche, avec des mandats affreusement longs. Peut-être a-t-on complètement stérilisé l’envie des gens de s’impliquer ?
En revanche, ceux-ci ont une capacité de nuisance redoutable. Il faut donc savoir anticiper là où cela va faire mal.
En revanche, ceux-ci ont une capacité de nuisance redoutable. Il faut donc savoir anticiper là où cela va faire mal.
Ce petit préalable tendait à vous monter la complexité de la démarche. Cela dit, c’est passionnant et, avec la mise en place du tri sélectif à Limoges en 1995, ce sera la deuxième aventure la plus géniale de ma “micro-carrière” politique.
Ce petit préalable tendait à vous monter la complexité de la démarche. Cela dit, c’est passionnant et, avec la mise en place du tri sélectif à Limoges en 1995, ce sera la deuxième aventure la plus géniale de ma “micro-carrière” politique.
S A C Q U E T : Merci beaucoup, Aline, de ce panorama. Je voudrais revenir sur votre première remarque : communiquer sur le développement durable, c’est d’abord être vertueux soi-même. Mais que signifie pour vous “être vertueux” en matière de communication ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Merci beaucoup, Aline, de ce panorama. Je voudrais revenir sur votre première remarque : communiquer sur le développement durable, c’est d’abord être vertueux soi-même. Mais que signifie pour vous “être vertueux” en matière de communication ?
: Ce sont des choses très simples. Être vertueux, c’est ce que vous avez fait vous-mêmes. Dans nos réunions à Limoges, nous ne proposons plus de bouteilles en plastique mais des carafes. Nous vantions la qualité de notre eau, la première des choses était donc de la consommer lors de nos réunions plénières. Peut-être les petits gadgets dans cette pochette ne sont-ils pas tout à fait vertueux… Lorsque nous organisons des pots, cela consiste à proposer des jus de fruits ou du café issus du commerce équitable.
A L I N E
A N N E - M A R I E
A L I N E
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Il s’agit également de faire attention à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite en se donnant les moyens de faire respecter leur passage pour que les voitu-
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: Ce sont des choses très simples. Être vertueux, c’est ce que vous avez fait vous-mêmes. Dans nos réunions à Limoges, nous ne proposons plus de bouteilles en plastique mais des carafes. Nous vantions la qualité de notre eau, la première des choses était donc de la consommer lors de nos réunions plénières. Peut-être les petits gadgets dans cette pochette ne sont-ils pas tout à fait vertueux… Lorsque nous organisons des pots, cela consiste à proposer des jus de fruits ou du café issus du commerce équitable.
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Il s’agit également de faire attention à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite en se donnant les moyens de faire respecter leur passage pour que les voitu-
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res ne les gênent pas. Cela se retrouve à tous les niveaux. C’est très facile à illustrer par ce genre de petits exemples.
res ne les gênent pas. Cela se retrouve à tous les niveaux. C’est très facile à illustrer par ce genre de petits exemples.
En tant qu’élue, je préfère qu’on me voie dans les transports en commun plutôt qu’en voiture pour faire les 500 mètres qui séparent mon domicile de la mairie et me garer sur le trottoir devant le parvis… Ce que je n’ai jamais fait ! (Rires.)
En tant qu’élue, je préfère qu’on me voie dans les transports en commun plutôt qu’en voiture pour faire les 500 mètres qui séparent mon domicile de la mairie et me garer sur le trottoir devant le parvis… Ce que je n’ai jamais fait ! (Rires.)
: On m’a demandé d’intervenir dans cet atelier, ce qui n’était pas initialement mon choix qui se portait sur autre chose, mais je le fais avec plaisir.
H A S C O Ë T
GUY HASCOËT DIRECTEUR FONDATEUR DE L’ACADÉMIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET HUMAIN
G U Y
La démarche participative que suggère le développement durable est porteuse de la régénérescence de l’action politique. Lorsqu’on regarde le décrochage entre l’opinion et ses représentants et la crise de confiance qui s’agrandit — devenant même inquiétante — il s’agit de savoir en quoi les méthodes employées et la démarche proposée sont de nature à réconcilier le plus possible de nos concitoyens avec l’idée d’une production collective.
La démarche participative que suggère le développement durable est porteuse de la régénérescence de l’action politique. Lorsqu’on regarde le décrochage entre l’opinion et ses représentants et la crise de confiance qui s’agrandit — devenant même inquiétante — il s’agit de savoir en quoi les méthodes employées et la démarche proposée sont de nature à réconcilier le plus possible de nos concitoyens avec l’idée d’une production collective.
Pour les gens de métier, il s’agit de savoir comment arriver à trouver des vecteurs d’intérêt, de mobilisation pour élargir le cercle entre les râleurs et les “super actifs” qui sont obligés d’accepter autre chose. Plus la participation s’élargit, plus le consensus qui se dégage n’est pas forcément celui des professionnels. Ce qui pose un autre problème politique. Mais, pour l’élu et les sphères techniques qui sont cachées derrière, c’est l’obligation d’une authenticité dans la démarche et la prise en compte des résultats qu’elle a dégagés.
Pour les gens de métier, il s’agit de savoir comment arriver à trouver des vecteurs d’intérêt, de mobilisation pour élargir le cercle entre les râleurs et les “super actifs” qui sont obligés d’accepter autre chose. Plus la participation s’élargit, plus le consensus qui se dégage n’est pas forcément celui des professionnels. Ce qui pose un autre problème politique. Mais, pour l’élu et les sphères techniques qui sont cachées derrière, c’est l’obligation d’une authenticité dans la démarche et la prise en compte des résultats qu’elle a dégagés.
GUY HASCOËT DIRECTEUR FONDATEUR DE L’ACADÉMIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET HUMAIN
Nous sommes sans doute, c’est ainsi que je le sens, à un stade où il faut passer d’un “infantilisme” dans la gestion locale à une recherche de maturité, ce qui complique parfois les choix. Faire telle chose dans les dix ans suppose d’avoir tels moyens ; il est possible de le faire sur quinze ou cinq ans, mais là ce sera beaucoup plus cher…
Nous sommes sans doute, c’est ainsi que je le sens, à un stade où il faut passer d’un “infantilisme” dans la gestion locale à une recherche de maturité, ce qui complique parfois les choix. Faire telle chose dans les dix ans suppose d’avoir tels moyens ; il est possible de le faire sur quinze ou cinq ans, mais là ce sera beaucoup plus cher…
Or, des sphères techniques veulent conserver ce qu’elles font. Elles ont peur que leurs élus se mettent à avoir du temps, trop contentes d’être déléguées à la gestion réelle du pouvoir au quotidien. Cela vient interpeller des univers techniques qui sont “au chaud”, avec la certitude, à tort ou à raison, d’être l’incarnation du pouvoir et de pouvoir imposer leurs choix par-dessus la légitimité politique.
Or, des sphères techniques veulent conserver ce qu’elles font. Elles ont peur que leurs élus se mettent à avoir du temps, trop contentes d’être déléguées à la gestion réelle du pouvoir au quotidien. Cela vient interpeller des univers techniques qui sont “au chaud”, avec la certitude, à tort ou à raison, d’être l’incarnation du pouvoir et de pouvoir imposer leurs choix par-dessus la légitimité politique.
Cela doit interpeller les politiques dans le sens où ils doivent s’impliquer. Je ne vous ferai pas de discours sur ce que cela signifie dans le statut d’élu, avec le cumul des mandats et bien d’autres choses. Il est évident que les élus doivent avoir du temps, sinon ils sont submergés par le processus qu’ils engagent ou par le conservatisme d’experts techniques à l’affût de tout pour empêcher tout progrès. On entend n’importe quoi de la part de gens qui ne veulent pas comprendre et qui ont surtout une équation économique en tête.
Cela doit interpeller les politiques dans le sens où ils doivent s’impliquer. Je ne vous ferai pas de discours sur ce que cela signifie dans le statut d’élu, avec le cumul des mandats et bien d’autres choses. Il est évident que les élus doivent avoir du temps, sinon ils sont submergés par le processus qu’ils engagent ou par le conservatisme d’experts techniques à l’affût de tout pour empêcher tout progrès. On entend n’importe quoi de la part de gens qui ne veulent pas comprendre et qui ont surtout une équation économique en tête.
Il ne s’agit pas de la schizophrénie des communicants ni du développement durable ! C’est celle de ceux qui, sentant ce qui s’inscrit dans l’air du temps, veulent affi-
Il ne s’agit pas de la schizophrénie des communicants ni du développement durable ! C’est celle de ceux qui, sentant ce qui s’inscrit dans l’air du temps, veulent affi-
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Plus la participation s’élargit, Il faut donc déjouer tout plus le consensus qui se dégage cela et la communication dans cette affaire doit inviter les comn’est pas forcément celui manditaires… C’est-à-dire des professionnels” qu’une contradiction existe à vouloir sincèrement engager un processus et croire qu’on peut le retenir ou le maîtriser, voire ne pas aller au bout ou ne pas vouloir en assumer les conséquences. Cela ne tient pas.
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: On m’a demandé d’intervenir dans cet atelier, ce qui n’était pas initialement mon choix qui se portait sur autre chose, mais je le fais avec plaisir.
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Plus la participation s’élargit, Il faut donc déjouer tout plus le consensus qui se dégage cela et la communication dans cette affaire doit inviter les comn’est pas forcément celui manditaires… C’est-à-dire des professionnels” qu’une contradiction existe à vouloir sincèrement engager un processus et croire qu’on peut le retenir ou le maîtriser, voire ne pas aller au bout ou ne pas vouloir en assumer les conséquences. Cela ne tient pas.
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cher qu’ils en font, tout en n’assumant pas les changements dans leurs pratiques et leurs orientations. C’est là que se trouve le “nœud” pour moi.
cher qu’ils en font, tout en n’assumant pas les changements dans leurs pratiques et leurs orientations. C’est là que se trouve le “nœud” pour moi.
Et puis nous avons le L’enjeu, pour la jeunesse, citoyen râleur, consommateur est de voir en quoi le exigeant, assez aisé dans la déresponsabilisation… C’est développement durable construit aussi l’élu local qui dit: “C’est des libertés pour l’avenir” le gouvernement” ; c’est le gouvernement qui dit : “C’est la Commission européenne” et c’est l’Europe qui dit : “C’est le monde.” J’imagine que si, un jour, nous devions avoir des dirigeants mondiaux, ils diraient : “C’est Mars” ou “C’est la galaxie”, chacun renvoyant la responsabilité sur un autre indéfini.
Et puis nous avons le L’enjeu, pour la jeunesse, citoyen râleur, consommateur est de voir en quoi le exigeant, assez aisé dans la déresponsabilisation… C’est développement durable construit aussi l’élu local qui dit: “C’est des libertés pour l’avenir” le gouvernement” ; c’est le gouvernement qui dit : “C’est la Commission européenne” et c’est l’Europe qui dit : “C’est le monde.” J’imagine que si, un jour, nous devions avoir des dirigeants mondiaux, ils diraient : “C’est Mars” ou “C’est la galaxie”, chacun renvoyant la responsabilité sur un autre indéfini.
À mon avis, il faut faire tout le contraire, c’est-à-dire ramener tout à un langage de responsabilité. L’enjeu, pour la jeunesse, est de voir en quoi le développement durable construit des libertés pour l’avenir ou enferme les gens dans des contraintes néfastes. Cela signifie qu’il faut construire un vrai consensus au sein de la population, les acteurs économiques dans chaque grande branche de professions, parmi les responsables publics dans chaque sphère technique ou chaque sphère élue.
À mon avis, il faut faire tout le contraire, c’est-à-dire ramener tout à un langage de responsabilité. L’enjeu, pour la jeunesse, est de voir en quoi le développement durable construit des libertés pour l’avenir ou enferme les gens dans des contraintes néfastes. Cela signifie qu’il faut construire un vrai consensus au sein de la population, les acteurs économiques dans chaque grande branche de professions, parmi les responsables publics dans chaque sphère technique ou chaque sphère élue.
Le but du processus continuel est bien de produire des réponses et du consensus, et c’est fort de celui-ci que nous pourrons engager des mutations. Ce que je dis est vrai au niveau local, régional ou national. La problématique est exactement la même, sauf que la capacité de nuisance de certaines sphères augmente à mesure que le niveau s’élève. (Rires.)
Le but du processus continuel est bien de produire des réponses et du consensus, et c’est fort de celui-ci que nous pourrons engager des mutations. Ce que je dis est vrai au niveau local, régional ou national. La problématique est exactement la même, sauf que la capacité de nuisance de certaines sphères augmente à mesure que le niveau s’élève. (Rires.)
S A C Q U E T : Merci. Paul est un communicant de l’Agenda 21. Comment construit-on une communication pour produire du consensus, voire engager des mutations ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Merci. Paul est un communicant de l’Agenda 21. Comment construit-on une communication pour produire du consensus, voire engager des mutations ?
: À vrai dire, la question est celle-ci: “L’herbe est-elle plus verte ailleurs?” (Rires.) Je suis un Bruxellois européen; je ne suis ni un Français, ni un Belge, je ne me considère pas comme tel. J’ai l’occasion de travailler sur une dizaine d’Agendas 21 dans différentes villes européennes et d’en avoir analysé une bonne cinquantaine dans d’autres villes. Je voudrais simplement souligner quelques points, sans prétendre que l’herbe est plus verte ailleurs…
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: À vrai dire, la question est celle-ci: “L’herbe est-elle plus verte ailleurs?” (Rires.) Je suis un Bruxellois européen; je ne suis ni un Français, ni un Belge, je ne me considère pas comme tel. J’ai l’occasion de travailler sur une dizaine d’Agendas 21 dans différentes villes européennes et d’en avoir analysé une bonne cinquantaine dans d’autres villes. Je voudrais simplement souligner quelques points, sans prétendre que l’herbe est plus verte ailleurs…
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Je travaille au sein d’un cabinet conseil d’origine danoise, où travaillent trois cents collègues dans des pays scandinaves et en Allemagne. Nous sommes donc à Bruxelles les “têtes de pont latins” si je puis dire, et cela nous donne une bonne visibilité de ce qui se fait dans le nord et l’est européen.
Je travaille au sein d’un cabinet conseil d’origine danoise, où travaillent trois cents collègues dans des pays scandinaves et en Allemagne. Nous sommes donc à Bruxelles les “têtes de pont latins” si je puis dire, et cela nous donne une bonne visibilité de ce qui se fait dans le nord et l’est européen.
Je prendrai rapidement cinq caractéristiques présentes dans nombre de ces agendas.
Je prendrai rapidement cinq caractéristiques présentes dans nombre de ces agendas.
Qu’est-ce que le cœur d’un dispositif Agenda 21 à Copenhague ou Göteborg, des villes scandinaves ? Premier aspect, beaucoup d’agendas recourent à l’appel public à projets, qui vise à libérer les initiatives, les énergies, et qui sera dès lors basé sur ce qu’il est possible de construire à partir des adhésions individuelles ou partenariales. Deuxième aspect, je suis très frappé de voir le règlement de la construction de Copenhague. C’est un document en trois parties : une partie obligatoire, une partie impérative qui s’applique aux pouvoirs publics eux-mêmes à tout le moins, et une partie exploratoire, d’in-
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Qu’est-ce que le cœur d’un dispositif Agenda 21 à Copenhague ou Göteborg, des villes scandinaves ? Premier aspect, beaucoup d’agendas recourent à l’appel public à projets, qui vise à libérer les initiatives, les énergies, et qui sera dès lors basé sur ce qu’il est possible de construire à partir des adhésions individuelles ou partenariales. Deuxième aspect, je suis très frappé de voir le règlement de la construction de Copenhague. C’est un document en trois parties : une partie obligatoire, une partie impérative qui s’applique aux pouvoirs publics eux-mêmes à tout le moins, et une partie exploratoire, d’in-
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citation à l’innovation dans le HQE. Ce document est diffusé dans tous les cabinets d’architecture, auprès de tous les intervenants et de tous ceux qui veulent construire. je suis très frappé de constater que la plupart d’entre eux À Bruxelles, nous avons à peu près “piochent” dans les mesures qui sont suggérées, pour aller 1 200 enquêtes publiques par an au delà de ce qui est obligatoire. C’est un document avec trois niveaux de possibilités, l’adhésion à l’idéal étant prosur des projets d’aménagement” posé comme application concrète, sans utopie. Troisième aspect, le volume des débats publics. Ce que je remarque dans le débat public à Anvers, à Bruxelles ou dans des villes des Pays-Bas, c’est la multiplicité des enquêtes publiques. À Bruxelles, nous avons à peu près 1 200 enquêtes publiques par an sur des projets d’aménagement, des permis de construire, des réaménagements de ronds-points, que sais-je encore, d’où une capacité d’intervention quotidienne du citoyen. Quatrième aspect, c’est le budget participatif. Je prends l’exemple de Munster ou Fribourg : on y base son Agenda 21 sur l’appel à projets, dans le cadre du budget participatif. L’essentiel, 80 % peut-on dire, de l’Agenda de Munster est basé sur ce type d’approche, avec des thèmes un peu comme le fait Lille aujourd’hui tels que l’alimentation, l’eau, etc., et avec des plans d’action sur une période d’un an, voire deux ans.
citation à l’innovation dans le HQE. Ce document est diffusé dans tous les cabinets d’architecture, auprès de tous les intervenants et de tous ceux qui veulent construire. je suis très frappé de constater que la plupart d’entre eux À Bruxelles, nous avons à peu près “piochent” dans les mesures qui sont suggérées, pour aller 1 200 enquêtes publiques par an au delà de ce qui est obligatoire. C’est un document avec trois niveaux de possibilités, l’adhésion à l’idéal étant prosur des projets d’aménagement” posé comme application concrète, sans utopie.
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Quatrième aspect, c’est le budget participatif. Je prends l’exemple de Munster ou Fribourg : on y base son Agenda 21 sur l’appel à projets, dans le cadre du budget participatif. L’essentiel, 80 % peut-on dire, de l’Agenda de Munster est basé sur ce type d’approche, avec des thèmes un peu comme le fait Lille aujourd’hui tels que l’alimentation, l’eau, etc., et avec des plans d’action sur une période d’un an, voire deux ans.
Newcastle, Liverpool pratiquent ce même type d’approche, beaucoup plus basée sur le partenariat public-privé, incitant les acteurs économiques à déposer des projets qu’ils contribueront à financer. Le meilleur l’emporte.
Newcastle, Liverpool pratiquent ce même type d’approche, beaucoup plus basée sur le partenariat public-privé, incitant les acteurs économiques à déposer des projets qu’ils contribueront à financer. Le meilleur l’emporte.
Cinquième aspect. Göteborg, Gratz et d’autres villes poussent très loin l’écoconsommation et prennent le levier de leurs achats pour indiquer dans leurs cahiers des charges, les contraintes fortes, qui soutienent de fait le développement d’un secteur économique d’avant-garde sur les critères de durabilité.
Cinquième aspect. Göteborg, Gratz et d’autres villes poussent très loin l’écoconsommation et prennent le levier de leurs achats pour indiquer dans leurs cahiers des charges, les contraintes fortes, qui soutienent de fait le développement d’un secteur économique d’avant-garde sur les critères de durabilité.
Autrement dit, la communication dans ces exemples, c’est le contenu, c’est faire dire plutôt que dire. Une chose me frappe souvent lorsque je suis en France, c’est la dimension de la compétition de la parole et la difficulté de l’écoute. Il est normal que le débat soit toujours une compétition ; c’est celui qui parle le mieux, qui “tient le crachoir” un peu plus longtemps qu’un autre. Mais dans les débats auxquels je participe dans des pays nordiques et en Allemagne, le temps de parole de chacun est d’une minute, c’est la règle. L’intervention ne peut pas comporter plus de deux phrases. Vous voyez que nous en sommes souvent éloignés ! Cela amène une espèce de démocratie de la parole, que j’observe plus rarement en France et dans le monde latin en général.
Autrement dit, la communication dans ces exemples, c’est le contenu, c’est faire dire plutôt que dire. Une chose me frappe souvent lorsque je suis en France, c’est la dimension de la compétition de la parole et la difficulté de l’écoute. Il est normal que le débat soit toujours une compétition ; c’est celui qui parle le mieux, qui “tient le crachoir” un peu plus longtemps qu’un autre. Mais dans les débats auxquels je participe dans des pays nordiques et en Allemagne, le temps de parole de chacun est d’une minute, c’est la règle. L’intervention ne peut pas comporter plus de deux phrases. Vous voyez que nous en sommes souvent éloignés ! Cela amène une espèce de démocratie de la parole, que j’observe plus rarement en France et dans le monde latin en général.
Est-ce bien ? Est-ce adapté aux culEn Allemagne, le temps tures? Je ne porte pas de jugement, c’est de parole de chacun simplement ce que j’observe. Je remarque que l’axe principal des pratiques que est d’une minute, je décris consiste à libérer les énergies… c’est la règle” pour le XXIe siècle. J’ai été frappé par le message des jeunes et l’intervention de Pierre Radanne sur la capacité de s’approprier une dimension, un axe de développement au même titre que nos parents l’ont probablement fait dans la sphère de l’économie et du social aux XIXe et XXe siècles. Or, aujourd’hui, nous sommes occupés à basculer vers la prise en compte d’une troisième dimension, qui est celle des ressources, pour libérer les énergies pour le XXIe siècle.
Est-ce bien ? Est-ce adapté aux culEn Allemagne, le temps tures? Je ne porte pas de jugement, c’est de parole de chacun simplement ce que j’observe. Je remarque que l’axe principal des pratiques que est d’une minute, je décris consiste à libérer les énergies… c’est la règle” pour le XXIe siècle. J’ai été frappé par le message des jeunes et l’intervention de Pierre Radanne sur la capacité de s’approprier une dimension, un axe de développement au même titre que nos parents l’ont probablement fait dans la sphère de l’économie et du social aux XIXe et XXe siècles. Or, aujourd’hui, nous sommes occupés à basculer vers la prise en compte d’une troisième dimension, qui est celle des ressources, pour libérer les énergies pour le XXIe siècle.
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Troisième aspect, le volume des débats publics. Ce que je remarque dans le débat public à Anvers, à Bruxelles ou dans des villes des Pays-Bas, c’est la multiplicité des enquêtes publiques. À Bruxelles, nous avons à peu près 1 200 enquêtes publiques par an sur des projets d’aménagement, des permis de construire, des réaménagements de ronds-points, que sais-je encore, d’où une capacité d’intervention quotidienne du citoyen.
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Je ne voudrais néanmoins pas m’associer à ceux qui condamnent le modèle français. Car en Europe les cultures et les modèles s’entrechoquent. Dans les politiques européennes, au sein de la DG Environnement ou de la DG Recherche, les chocs sont fréquents. On remarque cependant la place de plus en plus grande de l’approche anglosaxonne pour faire très bref, scandinave si on veut entrer un peu plus dans le détail, qui prennent en compte les dimensions individuelles et collectives de bien-être et de santé principalement pour l’individu, et de durabilité et de création d’emplois pour ce qui concerne l’économie.
Je ne voudrais néanmoins pas m’associer à ceux qui condamnent le modèle français. Car en Europe les cultures et les modèles s’entrechoquent. Dans les politiques européennes, au sein de la DG Environnement ou de la DG Recherche, les chocs sont fréquents. On remarque cependant la place de plus en plus grande de l’approche anglosaxonne pour faire très bref, scandinave si on veut entrer un peu plus dans le détail, qui prennent en compte les dimensions individuelles et collectives de bien-être et de santé principalement pour l’individu, et de durabilité et de création d’emplois pour ce qui concerne l’économie.
Je voudrais terminer en répétant donc que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Les Pays-Bas, cités souvent en exemple dans le domaine du développement durable, n’ont jamais autant construit d’autoroutes que ces cinq dernières années. Ce n’est pas forcément mieux. L’Angleterre n’est pas connue pour son égalitarisme social, c’est un pays qui connaît des crises sociales avec une société à deux vitesses, dont nous connaissons tous l’ampleur.
Je voudrais terminer en répétant donc que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Les Pays-Bas, cités souvent en exemple dans le domaine du développement durable, n’ont jamais autant construit d’autoroutes que ces cinq dernières années. Ce n’est pas forcément mieux. L’Angleterre n’est pas connue pour son égalitarisme social, c’est un pays qui connaît des crises sociales avec une société à deux vitesses, dont nous connaissons tous l’ampleur.
Voici quelques considérations à ajouter au débat sur la communication : la qualité de l’écoute, la flexibilité, la dynamisation des énergies. Elles me semblent importantes comme vecteurs de la communication sur les questions du développement durable.
Voici quelques considérations à ajouter au débat sur la communication : la qualité de l’écoute, la flexibilité, la dynamisation des énergies. Elles me semblent importantes comme vecteurs de la communication sur les questions du développement durable.
: Tout à l’heure je crains de n’avoir pas répondu à la question : “Comment communiquer pour impliquer les citoyens ?”
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Il existe tout de même des recettes simples. Je pense notamment aux forums de discussions. Nous en avons mis en place sur le site Internet de la Ville. Sur quaranteneuf sujets abordés, nous avons moins d’une centaine d’intervenants, c’est un désintérêt total malgré de multiples piqûres de rappel. Peut-être les Français n’ont-ils pas l’habitude du chat ? Pourtant, j’avais l’impression que cela marchait bien. On peut rester anonyme et mettre n’importe quel nom.
Il existe tout de même des recettes simples. Je pense notamment aux forums de discussions. Nous en avons mis en place sur le site Internet de la Ville. Sur quaranteneuf sujets abordés, nous avons moins d’une centaine d’intervenants, c’est un désintérêt total malgré de multiples piqûres de rappel. Peut-être les Français n’ont-ils pas l’habitude du chat ? Pourtant, j’avais l’impression que cela marchait bien. On peut rester anonyme et mettre n’importe quel nom.
Par ailleurs, de quoi est-il question constamment ? Du solaire, du solaire, du vélo, du vélo, de l’urbanisme et de deux ou trois bricoles… Cela tourne un peu en rond. Malgré les piqûres de rappel et les réponses du Comité de pilotage, nous n’arrivons pas à avoir une accroche alors que nous pensions toucher les jeunes avec ce forum de discussion.
Par ailleurs, de quoi est-il question constamment ? Du solaire, du solaire, du vélo, du vélo, de l’urbanisme et de deux ou trois bricoles… Cela tourne un peu en rond. Malgré les piqûres de rappel et les réponses du Comité de pilotage, nous n’arrivons pas à avoir une accroche alors que nous pensions toucher les jeunes avec ce forum de discussion.
A Limoges, nous sommes aujourd’hui partis sur deux programmes qui trouvent leur source dans l’Agenda 21 :
A Limoges, nous sommes aujourd’hui partis sur deux programmes qui trouvent leur source dans l’Agenda 21 :
— La demande sur les déchets étant très forte, le premier concerne tout ce qui est réduction à la source des déchets. Une quarantaine de “familles pilotes” volontaires vont s’intéresser à la manière dont elles consomment. C’est ce qui a été fait à Rennes et que nous avons pris comme référence. Il n’y a pas de raison de réinventer quelque chose qui a bien fonctionné; nous nous sommes donc appuyés sur leur méthodologie.
— La demande sur les déchets étant très forte, le premier concerne tout ce qui est réduction à la source des déchets. Une quarantaine de “familles pilotes” volontaires vont s’intéresser à la manière dont elles consomment. C’est ce qui a été fait à Rennes et que nous avons pris comme référence. Il n’y a pas de raison de réinventer quelque chose qui a bien fonctionné; nous nous sommes donc appuyés sur leur méthodologie.
— Le deuxième concerne le guide éco-citoyen qui est distribué dans toutes boîtes aux lettres, avec un Comité de pilotage très ouvert, notamment aux associations et aux associations d’étudiants.
— Le deuxième concerne le guide éco-citoyen qui est distribué dans toutes boîtes aux lettres, avec un Comité de pilotage très ouvert, notamment aux associations et aux associations d’étudiants.
Ce que vous avez dit sur les impacts environnemenS A C Q U E T : taux de la communication est également à prendre en compte.
Ce que vous avez dit sur les impacts environnemenS A C Q U E T : taux de la communication est également à prendre en compte.
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: Tout à l’heure je crains de n’avoir pas répondu à la question : “Comment communiquer pour impliquer les citoyens ?”
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Je voulais vous montrer quelque chose qui relève totalement de la communication et de l’Agenda 21. Il s’agit des huit défis de l’Agenda 21 de l’Hérault. L’Agenda 21 propose un projetpolitique. Ces huit défis ne sont pas anodins : ne laisser personne au bord du chemin, un toit pour chacun, donner toute leur place aux jeunes… C’est à l’occasion du lancement de la concertation sur l’Agenda 21 qu’ont été conçus ces huit défis qui constituent en quelque sorte l’armature de la communication du Département. U N E
: À Limoges, avez-vous eu une communication spécifique pour accompagner toute la partie antérieure à l’Agenda 21 et donc la sensibilisation des parties prenantes de l’interne et de l’externe ? Et si oui, quel type de communication était-ce ?
I N T E R V E N A N T E
: Nous avons eu une démarche très semblable à celle que les collectivités ont utilisée pour mettre en place le tri sélectif. Nous avons fait des communications à travers un forum de lancement, puis des forums intermédiaires avec des grands ateliers qui ont décidé des thématiques sur lesquelles nous allions travailler de manière plus approfondie. Si cela intéresse plus particuNous avons prévu une évaluation lièrement des gens qui participent à l’atelier, je peux vous annuelle et nous pensons avoir tous envoyer une sélection de tous ces documents. Nous l’avons fait en interne sans nous faire épauler par un bureau de les deux ou trois ans une nouvelle communication. Nous avions envie de mettre du contenu édition de l’Agenda 21” plus que de l’image, même si nous avons joué les deux. A L I N E
B I A R D E A U D
Un Agenda 21 est forcément évolutif. Je n’ai porté que la première version. D’autres Agendas 21 viendront ensuite compléter et modifier assez substantiellement le premier. Nous avons prévu une évaluation annuelle et nous pensons avoir tous les deux ou trois ans une nouvelle édition de l’Agenda 21. De toute façon, il est en ligne sur le site de la ville de Limoges, dans la rubrique “Actualités”. Je pense que nous l’avons également en cédérom. Il est assez lourd à télécharger.
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Je voulais vous montrer quelque chose qui relève totalement de la communication et de l’Agenda 21. Il s’agit des huit défis de l’Agenda 21 de l’Hérault. L’Agenda 21 propose un projetpolitique. Ces huit défis ne sont pas anodins : ne laisser personne au bord du chemin, un toit pour chacun, donner toute leur place aux jeunes… C’est à l’occasion du lancement de la concertation sur l’Agenda 21 qu’ont été conçus ces huit défis qui constituent en quelque sorte l’armature de la communication du Département. U N E
: À Limoges, avez-vous eu une communication spécifique pour accompagner toute la partie antérieure à l’Agenda 21 et donc la sensibilisation des parties prenantes de l’interne et de l’externe ? Et si oui, quel type de communication était-ce ?
I N T E R V E N A N T E
: Nous avons eu une démarche très semblable à celle que les collectivités ont utilisée pour mettre en place le tri sélectif. Nous avons fait des communications à travers un forum de lancement, puis des forums intermédiaires avec des grands ateliers qui ont décidé des thématiques sur lesquelles nous allions travailler de manière plus approfondie. Si cela intéresse plus particuNous avons prévu une évaluation lièrement des gens qui participent à l’atelier, je peux vous annuelle et nous pensons avoir tous envoyer une sélection de tous ces documents. Nous l’avons fait en interne sans nous faire épauler par un bureau de les deux ou trois ans une nouvelle communication. Nous avions envie de mettre du contenu édition de l’Agenda 21” plus que de l’image, même si nous avons joué les deux. A L I N E
Un Agenda 21 est forcément évolutif. Je n’ai porté que la première version. D’autres Agendas 21 viendront ensuite compléter et modifier assez substantiellement le premier. Nous avons prévu une évaluation annuelle et nous pensons avoir tous les deux ou trois ans une nouvelle édition de l’Agenda 21. De toute façon, il est en ligne sur le site de la ville de Limoges, dans la rubrique “Actualités”. Je pense que nous l’avons également en cédérom. Il est assez lourd à télécharger.
Nous avons fait du “très classique” à ce niveau-là. Nous avons eu énormément de monde à nos réunions. U N E
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Nous avons fait du “très classique” à ce niveau-là. Nous avons eu énormément de monde à nos réunions.
: Ces outils de communication ont-ils permis de mieux fédérer les élus aux problèmes que vous évoquiez et de les aider à défendre le projet ? Cela a-t-il été très utile pour arriver à ce résultat ?
U N E
: Environ 50 % des élus ne sont venus à aucune réunion, ni au forum de lancement… Pourtant, ils viennent lorsque le maire est présent, pour se montrer… C’est vrai que c’est assez préoccupant.
A L I N E
I N T E R V E N A N T E
A L I N E
B I A R D E A U D
B I A R D E A U D
: Ces outils de communication ont-ils permis de mieux fédérer les élus aux problèmes que vous évoquiez et de les aider à défendre le projet ? Cela a-t-il été très utile pour arriver à ce résultat ?
I N T E R V E N A N T E
: Environ 50 % des élus ne sont venus à aucune réunion, ni au forum de lancement… Pourtant, ils viennent lorsque le maire est présent, pour se montrer… C’est vrai que c’est assez préoccupant.
B I A R D E A U D
En revanche, à la réunion de présentation de l’Agenda 21, l’opposition est venue quasiment au complet, pour faire ensuite un communiqué de presse disant que c’était de “la merde”… Je le dis crûment, excusez-moi, mais ce sont également des termes qu’ils ont employés dans les médias. Ils l’ont démoli, mais ce genre de stratégie ne leur a jamais servi puisque nous sommes toujours là… (Rires.)
En revanche, à la réunion de présentation de l’Agenda 21, l’opposition est venue quasiment au complet, pour faire ensuite un communiqué de presse disant que c’était de “la merde”… Je le dis crûment, excusez-moi, mais ce sont également des termes qu’ils ont employés dans les médias. Ils l’ont démoli, mais ce genre de stratégie ne leur a jamais servi puisque nous sommes toujours là… (Rires.)
Souvent ailleurs, l’opposition dans les collectivités “pousse aux fesses” ; cela se joue à 2 ou 3 % et cela rend finalement les équipes en place meilleures. Vous verrez, nous ne sommes pas mauvais. (Rires.)
Souvent ailleurs, l’opposition dans les collectivités “pousse aux fesses” ; cela se joue à 2 ou 3 % et cela rend finalement les équipes en place meilleures. Vous verrez, nous ne sommes pas mauvais. (Rires.)
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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J’ai su que cela se passerait bien le jour où le maire l’a mis dans le programme de mandature et qu’il m’a donné carte blanche même si je lui rends des comptes tout le temps. Dès qu’il s’est impliqué, j’ai su que notre Agenda 21 marcherait parce que le Maire en avait compris l’intérêt et les enjeux.
J’ai su que cela se passerait bien le jour où le maire l’a mis dans le programme de mandature et qu’il m’a donné carte blanche même si je lui rends des comptes tout le temps. Dès qu’il s’est impliqué, j’ai su que notre Agenda 21 marcherait parce que le Maire en avait compris l’intérêt et les enjeux.
: Je souhaiterais rebondir sur la remarque que vous avez faite dans la première présentation en parlant des râleurs et de ceux qui sont toujours là… Nous sommes ici un parterre de gens qui connaissent le concept d’Agenda 21 et de développement durable. Ce qui m’intéresserait, ce serait de voir comment nous pourrions démocratiser ce concept et le mettre à la portée du citoyen lambda pour qu’il puisse en comprendre les enjeux et s’impliquer. C’est l’implication des citoyens, la démarche participative. Il faut que le citoyen s’engage pour arriver à une démarche globale et efficace. Comment peut-on démocratiser ce concept ?
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
M U R I E L E
: Je souhaiterais rebondir sur la remarque que vous avez faite dans la première présentation en parlant des râleurs et de ceux qui sont toujours là… Nous sommes ici un parterre de gens qui connaissent le concept d’Agenda 21 et de développement durable. Ce qui m’intéresserait, ce serait de voir comment nous pourrions démocratiser ce concept et le mettre à la portée du citoyen lambda pour qu’il puisse en comprendre les enjeux et s’impliquer. C’est l’implication des citoyens, la démarche participative. Il faut que le citoyen s’engage pour arriver à une démarche globale et efficace. Comment peut-on démocratiser ce concept ?
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Je voulais savoir si des expériences cibles différentes avaient été menées suivant les tranches de population, avec, par exemple, des communications à destination des jeunes ou des personnes âgées, dans un langage qui leur correspond mieux, pour les impliquer.
U N E
I N T E R V E N A N T E
L A B R O U S S E : Y a-t-il eu sensibilisation, formation des services ? Et si oui, cela a-t-il amené leur réorganisation ?
M U R I E L E
:
Aussi bien à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale.
U N E
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: Il faut former les services, mais également les élus. Si les élus eux-mêmes ne sont pas sensibilisés…
U N
: Elle a dit que cela avait été fait. La question que je posais concernait les élus et les services, mais visiblement, une formation a été donnée aux élus.
U N E
: Les élus ont été formés, les services vont l’être dans les mois qui viennent. Nous sommes en train de faire l’inventaire de toutes les personnes qui seront “ressources” ou “référentes” à tous les niveaux de la hiérarchie. Au début, des responsables ne voulaient absolument pas être dépossédés de leur rôle de directeur de service. Nous les voyions arriver aux ateliers, “faisant la tête” parce qu’ils avaient dû abandonner une réunion de chantier ou autres. Nous avons eu ce problème.
A L I N E
I N T E R V E N A N T E
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ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
L A B R O U S S E : Y a-t-il eu sensibilisation, formation des services ? Et si oui, cela a-t-il amené leur réorganisation ?
D’après moi, si les politiques veulent un Agenda 21, alors que les services ne sont pas sensibilisés et qu’ils n’adhèrent pas, cela crée des difficultés et des blocages.
I N T E R V E N A N T
A L I N E
Aussi bien à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale.
: Je voulais savoir si des expériences cibles différentes avaient été menées suivant les tranches de population, avec, par exemple, des communications à destination des jeunes ou des personnes âgées, dans un langage qui leur correspond mieux, pour les impliquer.
D’après moi, si les politiques veulent un Agenda 21, alors que les services ne sont pas sensibilisés et qu’ils n’adhèrent pas, cela crée des difficultés et des blocages. U N
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: Il faut former les services, mais également les élus. Si les élus eux-mêmes ne sont pas sensibilisés…
I N T E R V E N A N T
: Elle a dit que cela avait été fait. La question que je posais concernait les élus et les services, mais visiblement, une formation a été donnée aux élus.
I N T E R V E N A N T E
: Les élus ont été formés, les services vont l’être dans les mois qui viennent. Nous sommes en train de faire l’inventaire de toutes les personnes qui seront “ressources” ou “référentes” à tous les niveaux de la hiérarchie. Au début, des responsables ne voulaient absolument pas être dépossédés de leur rôle de directeur de service. Nous les voyions arriver aux ateliers, “faisant la tête” parce qu’ils avaient dû abandonner une réunion de chantier ou autres. Nous avons eu ce problème.
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Nous mettrons en place la formation de manière très organisée, très structurée. Vous verrez que l’Agenda 21 comporte un volet approprié. Par exemple, nous sommes partis sur la mise en place d’un bureau du temps (?) pour le personnel municipal, et c’est une révolution. Vous verrez un petit document qui liste les actions déjà engagées. Il nous a fallu deux ans pour rédiger l’Agenda 21 ; certaines actions ont déjà commencé. Il ne faut pas mentir et faire croire que nous sommes magiciens. G U Y
U N E
: L’essentiel est de permettre aux gens de s’approprier les enjeux de manière de plus en plus large dans les services. Certains, quels que soient les éléments d’information qu’on leur produit, ont toujours considéré que ce qu’on faisait avant était mieux. En France, c’est une attitude classique qu’on appelle le conservatisme. Elle est très prégnante. La stratégie de formation par le biais de la sensibilisation, ateliers actions, coproduction des contenus dans chaque service, est un bon outil d’appropriation. Cela permet aux gens de se sentir plus à l’aise dans la mise en œuvre.
H A S C O E T
Il faut nourrir, instruire et donner les outils, c’est un élément très important.
Il faut nourrir, instruire et donner les outils, c’est un élément très important.
I N T E R V E N A N T E
:
“
Pour l’HQE, c’est un problème que nous rencontrons à la
U N E
: Si on prend cette maison, puisque j’ai eu le bonheur de passer… (inaudible, bruit dans la salle) …personnes en salle l’année dernière, cela débouche sur une réorganisation des services. La conséquence de l’Agenda 21 et de la formation a été une refonte de l’organigramme.
G U Y
S A C Q U E T : On n’a toujours pas répondu à Géraldine sur “faire adhérer les citoyens à l’Agenda 21”, ni à Isabelle sur les différentes cibles.
A N N E - M A R I E
: Justement, je souhaitais répondre à Géraldine qui posait la question de la participation, de la capacité des citoyens à répondre et à intervenir dans le débat.
U N
H A S C O E T
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Pour l’HQE, c’est un problème que nous rencontrons à la
: Si on prend cette maison, puisque j’ai eu le bonheur de passer… (inaudible, bruit dans la salle) …personnes en salle l’année dernière, cela débouche sur une réorganisation des services. La conséquence de l’Agenda 21 et de la formation a été une refonte de l’organigramme.
H A S C O E T
S A C Q U E T : On n’a toujours pas répondu à Géraldine sur “faire adhérer les citoyens à l’Agenda 21”, ni à Isabelle sur les différentes cibles. : Justement, je souhaitais répondre à Géraldine qui posait la question de la participation, de la capacité des citoyens à répondre et à intervenir dans le débat.
I N T E R V E N A N T
Nous ne verrons de participation En fait, on peut parler importante dans les démarches d’un problème culturel général face à quelque d’Agendas 21 des villes que si les chose de nouveau. Plusieurs gens sont suffisamment conscients” générations sont concernées par cette histoire. En matière de formation, de sensibilisation, d’information, le travail à faire est magistral. Nous ne verrons de participation importante dans les démarches d’Agendas 21 des villes que si les gens sont suffisamment conscients des enjeux pour eux et leur entourage. Cela passe par une sensibilisation et une culture vraiment approfondie, qui n’existe pas aujourd’hui.
De la même façon, tout à l’heure, nous évoquions la création d’un site par une ville, sur lequel un forum avait été ouvert. Il ne peut y avoir de forums et de débats que si la sensibilisation et l’implication des individus sont satisfaisantes. C’est une question de communication, de qualité des débats, d’injections d’informations ou d’interpellations des individus. ©
I N T E R V E N A N T E
Région Île-de-France.
Nous ne verrons de participation En fait, on peut parler importante dans les démarches d’un problème culturel général face à quelque d’Agendas 21 des villes que si les chose de nouveau. Plusieurs gens sont suffisamment conscients” générations sont concernées par cette histoire. En matière de formation, de sensibilisation, d’information, le travail à faire est magistral. Nous ne verrons de participation importante dans les démarches d’Agendas 21 des villes que si les gens sont suffisamment conscients des enjeux pour eux et leur entourage. Cela passe par une sensibilisation et une culture vraiment approfondie, qui n’existe pas aujourd’hui.
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: L’essentiel est de permettre aux gens de s’approprier les enjeux de manière de plus en plus large dans les services. Certains, quels que soient les éléments d’information qu’on leur produit, ont toujours considéré que ce qu’on faisait avant était mieux. En France, c’est une attitude classique qu’on appelle le conservatisme. Elle est très prégnante. La stratégie de formation par le biais de la sensibilisation, ateliers actions, coproduction des contenus dans chaque service, est un bon outil d’appropriation. Cela permet aux gens de se sentir plus à l’aise dans la mise en œuvre.
H A S C O E T
Bien sûr, cela ne lève pas tous les obstacles. Vous trouverez toujours des gens pour dire que quelque chose est plus cher alors qu’il s’agit en fait d’économies. Mais, pour le voir, il faut faire un calcul global et cela ne leur a jamais traversé l’esprit. Nous sommes confrontés à cette difficulté : ce sont des résistances liées à des habitudes de sphères techniques de toutes sortes.
A N N E - M A R I E
U N
G U Y
Bien sûr, cela ne lève pas tous les obstacles. Vous trouverez toujours des gens pour dire que quelque chose est plus cher alors qu’il s’agit en fait d’économies. Mais, pour le voir, il faut faire un calcul global et cela ne leur a jamais traversé l’esprit. Nous sommes confrontés à cette difficulté : ce sont des résistances liées à des habitudes de sphères techniques de toutes sortes.
Région Île-de-France. G U Y
Nous mettrons en place la formation de manière très organisée, très structurée. Vous verrez que l’Agenda 21 comporte un volet approprié. Par exemple, nous sommes partis sur la mise en place d’un bureau du temps (?) pour le personnel municipal, et c’est une révolution. Vous verrez un petit document qui liste les actions déjà engagées. Il nous a fallu deux ans pour rédiger l’Agenda 21 ; certaines actions ont déjà commencé. Il ne faut pas mentir et faire croire que nous sommes magiciens.
De la même façon, tout à l’heure, nous évoquions la création d’un site par une ville, sur lequel un forum avait été ouvert. Il ne peut y avoir de forums et de débats que si la sensibilisation et l’implication des individus sont satisfaisantes. C’est une question de communication, de qualité des débats, d’injections d’informations ou d’interpellations des individus. 59
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U N E
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: Cela part du constat que l’Agenda 21 est inconnu du grand public. Il existe un décalage entre vous et le citoyen de la rue. C’est là qu’un effort doit être fait.
I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T
P R É C É D E N T
:
U N E
C’est peut-être les mots… Les mots sont pro-
: Cela part du constat que l’Agenda 21 est inconnu du grand public. Il existe un décalage entre vous et le citoyen de la rue. C’est là qu’un effort doit être fait.
I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T
duits par les professionnels… : …On invite les gens à un processus participatif qui débouche sur un certain nombre d’orientations et, par la suite, sur un Agenda 21. Ceux qui comprennent ce que c’est, en s’y associant et sont clairs à la sortie. On ne part pas en disant : “Venez aux réunions Agenda 21”. Personne ne comprend !
U N
I N T E R V E N A N T
: Nous le sentons très nettement, le problème soulevé est celui de l’élu. Si le maire n’a pas une volonté assez forte de dire : “Je m’implique et je vais faire pour la ville une démarche d’Agenda 21”, rien ne se fait.
U N
I N T E R V E N A N T
U N
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U N
I N T E R V E N A N T
: Nous le sentons très nettement, le problème soulevé est celui de l’élu. Si le maire n’a pas une volonté assez forte de dire : “Je m’implique et je vais faire pour la ville une démarche d’Agenda 21”, rien ne se fait.
: Excusez-moi, nous ne parlons pas de conviction des élus, mais de communication… Il faut répondre à la question d’Isabelle qui attend toujours…
U N E
: Cela veut dire que la communication, selon moi, doit être auparavant interne. Il faut un travail énorme pour mobiliser, dans un premier temps, les gens qui sont en responsabilité de la cité. S’ils ne sont pas informés en premier, le reste suivra de façon chaotique. Donc, formation interne, me semble-t-il, avant tout !
L ’ I N T E R V E N A N T
: Je voudrais poser une question un peu hors sujet puisque le sujet est “communiquer pour impliquer les citoyens”. Comment allez-vous communiquer auprès des acteurs économiques qui peuvent être également enrôlés ? En effet, les citoyens travaillent au sein d’entreprises ou de collectivités locales…
U N E
: En fait, nous avions un “tapis rouge”. Nous travaillions depuis un an et demi sur des chartes de management environnemental avec les deux parcs d’activité de la ville de Limoges. Ils avaient donc déjà totalement intégré la démarche. Les deux associations d’industriels des deux zones d’activité… Quant à la technopole de Limoges, elle est déjà “technopole du développement durable” ; elle est déjà inscrite dans une logique. Notre école d’ingénieurs est spécialisée dans les questions de déchets, de l’eau, etc. Nous avions là une facilité incroyable. D’ailleurs, ils nous ont considérablement aidés.
A L I N E
I N T E R V E N A N T E
: Excusez-moi, nous ne parlons pas de conviction des élus, mais de communication… Il faut répondre à la question d’Isabelle qui attend toujours…
I N T E R V E N A N T E
: Cela veut dire que la communication, selon moi, doit être auparavant interne. Il faut un travail énorme pour mobiliser, dans un premier temps, les gens qui sont en responsabilité de la cité. S’ils ne sont pas informés en premier, le reste suivra de façon chaotique. Donc, formation interne, me semble-t-il, avant tout !
I N T E R V E N A N T E
A L I N E
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: Il y a peut-être une piste entre la question très concrète de l’implication des citoyens et ce que disait Pierre Radanne, à savoir : “Que voulons-nous faire de nos vies dans le siècle qui vient ? En mai 2004, à Barcelone, une petite centaine de villes se sont réunies autour de l’Agenda 21 culture et, là, je rejoins ce que vous disiez à propos des questions culturelles : changements d’habitudes, donc changements culturels. N’y a-t-il pas une démarche complémentaire importante à mettre en place autour de ce texte qui est très fort, à discuter, impliquant concrètement nos habitudes dans la collectivité quelle qu’elle soit ? Est-ce une démarche qui est dans l’air ou pas ? Cela peut-il être une piste ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: En fait, nous avions un “tapis rouge”. Nous travaillions depuis un an et demi sur des chartes de management environnemental avec les deux parcs d’activité de la ville de Limoges. Ils avaient donc déjà totalement intégré la démarche. Les deux associations d’industriels des deux zones d’activité… Quant à la technopole de Limoges, elle est déjà “technopole du développement durable” ; elle est déjà inscrite dans une logique. Notre école d’ingénieurs est spécialisée dans les questions de déchets, de l’eau, etc. Nous avions là une facilité incroyable. D’ailleurs, ils nous ont considérablement aidés.
B I A R D E A U D
Le fait d’avoir le monde économique avec nous dans cette démarche a permis de débloquer beaucoup de difficultés. C’était un concours de circonstances favorable.
D A N T E C
ACIDD et Comité 21
: Je voudrais poser une question un peu hors sujet puisque le sujet est “communiquer pour impliquer les citoyens”. Comment allez-vous communiquer auprès des acteurs économiques qui peuvent être également enrôlés ? En effet, les citoyens travaillent au sein d’entreprises ou de collectivités locales…
I N T E R V E N A N T E
Le fait d’avoir le monde économique avec nous dans cette démarche a permis de débloquer beaucoup de difficultés. C’était un concours de circonstances favorable. R O N A N
C’est peut-être les mots… Les mots sont pro-
Tous les intervenants le disent : très peu d’élus se sentent concernés. Nous parlions d’Agenda 21 s’agissant du conseil de développement pour les communautés d’agglomération…
L ’ I N T E R V E N A N T
U N E
:
: …On invite les gens à un processus participatif qui débouche sur un certain nombre d’orientations et, par la suite, sur un Agenda 21. Ceux qui comprennent ce que c’est, en s’y associant et sont clairs à la sortie. On ne part pas en disant : “Venez aux réunions Agenda 21”. Personne ne comprend !
Tous les intervenants le disent : très peu d’élus se sentent concernés. Nous parlions d’Agenda 21 s’agissant du conseil de développement pour les communautés d’agglomération… U N E
P R É C É D E N T
duits par les professionnels…
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: Il y a peut-être une piste entre la question très concrète de l’implication des citoyens et ce que disait Pierre Radanne, à savoir : “Que voulons-nous faire de nos vies dans le siècle qui vient ? En mai 2004, à Barcelone, une petite centaine de villes se sont réunies autour de l’Agenda 21 culture et, là, je rejoins ce que vous disiez à propos des questions culturelles : changements d’habitudes, donc changements culturels. N’y a-t-il pas une démarche complémentaire importante à mettre en place autour de ce texte qui est très fort, à discuter, impliquant concrètement nos habitudes dans la collectivité quelle qu’elle soit ? Est-ce une démarche qui est dans l’air ou pas ? Cela peut-il être une piste ?
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S A C Q U E T : Vous avez raison, c’est vraiment un texte qu’il faut faire connaître… et qui, finalement, met en scène à la fois la nécessité de changement de posture du monde politique et la responsabilité du citoyen dans des changements de…
S A C Q U E T : Vous avez raison, c’est vraiment un texte qu’il faut faire connaître… et qui, finalement, met en scène à la fois la nécessité de changement de posture du monde politique et la responsabilité du citoyen dans des changements de…
A N N E - M A R I E
U N
I N T E R V E N A N T
A N N E - M A R I E P A U L
:
A N N E - M A R I E
On le trouve sur agenda21cultura. net, je crois.
S A C Q U E T
:
U N
Paul souhaitait ajouter quelque chose.
I N T E R V E N A N T
A N N E - M A R I E
: Pour répondre à Isabelle, une campagne de communication à Copenhague, ce n’est pas cela, ce ne sont pas des messages conceptuels. C’est: “Oui, gagner la bataille de l’eau… Quelles sont les mesures que vous pouvez suivre pour gagner dans votre portefeuille, ou créer des emplois, ou améliorer la proximité de votre environnement.”
V E R M E Y L E N
P A U L
: Je voulais revenir sur ce qu’a dit Mme Biardeaud au sujet de la difficulté qu’ont les élus à aller voir chaque habitant. C’est sans doute très difficile, mais c’est bien un devoir pour eux que d’aller communiquer. Si les gens peuvent être réticents dans un premier temps à ce qu’on vienne les voir chez eux, peut-être verront-ils également l’intérêt que leur porte leur territoire et réagiront-ils forcément à un moment donné. J’en suis persuadée.
V A R R A U D
I N T E R V E N A N T E
remonte les attentes.
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: Je voulais revenir sur ce qu’a dit Mme Biardeaud au sujet de la difficulté qu’ont les élus à aller voir chaque habitant. C’est sans doute très difficile, mais c’est bien un devoir pour eux que d’aller communiquer. Si les gens peuvent être réticents dans un premier temps à ce qu’on vienne les voir chez eux, peut-être verront-ils également l’intérêt que leur porte leur territoire et réagiront-ils forcément à un moment donné. J’en suis persuadée.
V A R R A U D
“
: Il me semble que pour démocratiser un concept complexe, on peut renvoyer à ce qui touche les personnes, à ce qui les sensibilise. Pour certains, ce seront les arbres, pour d’autres le sport, l’environnement ou encore la santé. Un des tissus intéressants est le tissu associatif. Je n’en ai pas beaucoup entendu parler jusqu’à présent. Il peut y avoir beaucoup plus de partenariat, de collaboration dans les deux sens entre la collectivité et le milieu associatif pour toucher au plus près les personnes concernées par tel ou tel angle d’entrée.
I N T E R V E N A N T E
Je ne sais pas si les responsaPour démocratiser un concept bles associatifs, les relais sont invités dans les réunions de complexe, on peut renvoyer rédaction… d’Agendas 21. Il me à ce qui touche les personnes” semble que le milieu associatif est très présent, qu’il soit bénévole ou professionnel, et que c’est vraiment une ramification même s’ils ne fonctionnent pas toujours en réseau important.
Quand ce milieu associatif joue ensuite le rôle de relais et
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Paul souhaitait ajouter quelque chose.
J’ai été ambassadeur du tri. Vous allez chez des gens. Certes, vous pouvez prendre un “coup de pierre” parce que vous venez leur expliquer qu’ils vont payer deux fois plus cher, et leur dire des choses qui touchent leur porte-monnaie, mais, finalement, au bout d’une demi-heure d’explication… Cela ne marche pas à chaque fois, soit, mais quand on arrive à en convaincre dix, ce sont dix personnes qui vont ensuite faire le travail autour d’eux. C’est très long, cela s’inscrit dans le temps, mais ce doivent être des actions régulières.
Je ne sais pas si les responsaPour démocratiser un concept bles associatifs, les relais sont invités dans les réunions de complexe, on peut renvoyer rédaction… d’Agendas 21. Il me à ce qui touche les personnes” semble que le milieu associatif est très présent, qu’il soit bénévole ou professionnel, et que c’est vraiment une ramification même s’ils ne fonctionnent pas toujours en réseau important. U N E
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: Pour répondre à Isabelle, une campagne de communication à Copenhague, ce n’est pas cela, ce ne sont pas des messages conceptuels. C’est: “Oui, gagner la bataille de l’eau… Quelles sont les mesures que vous pouvez suivre pour gagner dans votre portefeuille, ou créer des emplois, ou améliorer la proximité de votre environnement.”
É M I L I E
: Il me semble que pour démocratiser un concept complexe, on peut renvoyer à ce qui touche les personnes, à ce qui les sensibilise. Pour certains, ce seront les arbres, pour d’autres le sport, l’environnement ou encore la santé. Un des tissus intéressants est le tissu associatif. Je n’en ai pas beaucoup entendu parler jusqu’à présent. Il peut y avoir beaucoup plus de partenariat, de collaboration dans les deux sens entre la collectivité et le milieu associatif pour toucher au plus près les personnes concernées par tel ou tel angle d’entrée.
I N T E R V E N A N T E
S A C Q U E T
La dimension culturelle, bien sûr, est importante, mais il y a une manière de communiquer qui doit être à mon sens beaucoup plus opérationnelle et qui renvoie au type de messages que vous avez fait passer tout à l’heure en disant : “Nous sommes impatients de voir des choses concrètes.” Il faut donner les moyens aux jeunes d’être concrets, de créer leurs jobs dans ce domaine-là, de changer leur comportement, leur santé, tout ce qui les touche très directement.
J’ai été ambassadeur du tri. Vous allez chez des gens. Certes, vous pouvez prendre un “coup de pierre” parce que vous venez leur expliquer qu’ils vont payer deux fois plus cher, et leur dire des choses qui touchent leur porte-monnaie, mais, finalement, au bout d’une demi-heure d’explication… Cela ne marche pas à chaque fois, soit, mais quand on arrive à en convaincre dix, ce sont dix personnes qui vont ensuite faire le travail autour d’eux. C’est très long, cela s’inscrit dans le temps, mais ce doivent être des actions régulières. U N E
On le trouve sur agenda21cultura. net, je crois.
V E R M E Y L E N
La dimension culturelle, bien sûr, est importante, mais il y a une manière de communiquer qui doit être à mon sens beaucoup plus opérationnelle et qui renvoie au type de messages que vous avez fait passer tout à l’heure en disant : “Nous sommes impatients de voir des choses concrètes.” Il faut donner les moyens aux jeunes d’être concrets, de créer leurs jobs dans ce domaine-là, de changer leur comportement, leur santé, tout ce qui les touche très directement. É M I L I E
:
U N E
I N T E R V E N A N T E
remonte les attentes.
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ACIDD et Comité 21
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Quand ce milieu associatif joue ensuite le rôle de relais et
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S Y L V I E
“
: Un élément me paraît très important, cité dans l’intervention de Pierre Radanne : il faut “positiver” la communication.
B R E M O N D
J’ai bientôt quarante-cinq ans, j’ai vécu dans un siècle qui avait des valeurs, des envies. Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions. J’ai des enfants et je me rends compte qu’il faut “positiver” la communication.
Je suis d’accord avec vous. Dans certaines cultures, il faut être plus rationnel. Dans des cultures comme les nôtres, il faut davantage laisser la place à l’échange, à l’humain parce que nous avons des modes de fonctionnement différents. Ce qui marche avec les jeunes, c’est l’envie, le plaisir, le fait de leur donner des envies.
Je suis d’accord avec vous. Dans certaines cultures, il faut être plus rationnel. Dans des cultures comme les nôtres, il faut davantage laisser la place à l’échange, à l’humain parce que nous avons des modes de fonctionnement différents. Ce qui marche avec les jeunes, c’est l’envie, le plaisir, le fait de leur donner des envies.
(Rires.) J’ai appliqué l’ADEME cet été : “Les petits trajets, je les fais à pied !” Lorsqu’on leur demande d’appliquer cela et de mettre vingt minutes pour aller à la plage quand cinq suffisent en voiture, on leur demande quelque part de régresser par rapport à des acquis.
Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions”
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©
Je dis qu’il faut “positiver” et se servir de ce qui fait avancer les gens, sans tomber dans la démagogie, la vulgarité et autres… Il faut se servir des locomotives et donner envie.
: Pour rebondir sur la dimension culturelle, dans le cadre de la communication sur les Agendas 21, êtes-vous allés à la rencontre des citoyens sur le terrain de leurs motivations et de leurs envies, des sphères sportives, culturelles? Beaucoup vont au théâtre, au cinéma… Nous faisons tous des tas de choses, du sport sur des terrains de foot, dans des associations sportives… J’ai été surpris de voir qu’on ne parlait quasiment jamais de développement durable dans une association sportive, sur un terrain de foot, dans un club de tennis, etc. C’est là où sont les gens !
S A L C I O
L ’ I N T E R V E N A N T E U N
: Un élément me paraît très important, cité dans l’intervention de Pierre Radanne : il faut “positiver” la communication.
B R E M O N D
J’ai bientôt quarante-cinq ans, j’ai vécu dans un siècle qui avait des valeurs, des envies. Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions. J’ai des enfants et je me rends compte qu’il faut “positiver” la communication.
Vous parlez du tissu associatif. Mes enfants sont aujourd’hui des ados. Les ados réagissent à des choses de “riposte”, un peu “choc” ; ils ont des idoles qui ne sont pas les nôtres. Il faut se servir de cela. Il faut leur donner envie de suivre même si, à quarante-cinq ans, on considère qu’il faut qu’ils en passent par-là et que ce n’est pas toujours amusant. Ce sont des moteurs, des locomotives. Il faut jouer sur l’envie, le positif.
P I E R R E
S Y L V I E
:
Et où ils peuvent accrocher derrière…
“
: Et c’est pourquoi, lorsque vous avez une locomotive comme Zidane, cela marche très bien.
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(Rires.) J’ai appliqué l’ADEME cet été : “Les petits trajets, je les fais à pied !” Lorsqu’on leur demande d’appliquer cela et de mettre vingt minutes pour aller à la plage quand cinq suffisent en voiture, on leur demande quelque part de régresser par rapport à des acquis.
Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions”
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
Vous parlez du tissu associatif. Mes enfants sont aujourd’hui des ados. Les ados réagissent à des choses de “riposte”, un peu “choc” ; ils ont des idoles qui ne sont pas les nôtres. Il faut se servir de cela. Il faut leur donner envie de suivre même si, à quarante-cinq ans, on considère qu’il faut qu’ils en passent par-là et que ce n’est pas toujours amusant. Ce sont des moteurs, des locomotives. Il faut jouer sur l’envie, le positif.
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: Pour rebondir sur la dimension culturelle, dans le cadre de la communication sur les Agendas 21, êtes-vous allés à la rencontre des citoyens sur le terrain de leurs motivations et de leurs envies, des sphères sportives, culturelles? Beaucoup vont au théâtre, au cinéma… Nous faisons tous des tas de choses, du sport sur des terrains de foot, dans des associations sportives… J’ai été surpris de voir qu’on ne parlait quasiment jamais de développement durable dans une association sportive, sur un terrain de foot, dans un club de tennis, etc. C’est là où sont les gens !
S A L C I O
L ’ I N T E R V E N A N T E U N
Je dis qu’il faut “positiver” et se servir de ce qui fait avancer les gens, sans tomber dans la démagogie, la vulgarité et autres… Il faut se servir des locomotives et donner envie.
:
Et où ils peuvent accrocher derrière…
: Et c’est pourquoi, lorsque vous avez une locomotive comme Zidane, cela marche très bien.
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S A L C I O
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On peut aussi le faire sur le terrain.
: Sur la manière de communiquer, tout à l’heure, les jeunes nous ont dit: “Choquez-nous; ce que nous voulons, ce sont des images “choc”.” J’entends maintenant quelqu’un dire: “Soyons positifs.” En tant qu’agence, ce que je sais, c’est qu’on ne sait pas. Sur ces sujets, l’important est d’être présent en Le propre de la communication est que permanence. Je travaille sur des sujets comme la prévention routière; …les messages “choc”. Nous sentons les messages s’annulent et qu’il faut que nous atteignons la limite. Cela ne marche plus. Nous en permanence renouveler le désir” sommes très inquiets sur ces sujets-là. U N E
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L’intérêt n’est plus là parce que, justement, le propre de la communication est que les messages s’annulent et qu’il faut en permanence renouveler le désir. C’est vraiment une affaire de désir, comme vous l’avez dit. L’objectif est vraiment de jouer à deux niveaux: individuel et collectif, “Je veux bien faire un effort si l’autre en fait un”, mais également “Comment la “com” va-t-elle réussir à me toucher moi, en tant qu’individu? parce que c’est d’abord un projet personnel: “Si je ne suis pas intimement convaincu que cela doit changer et si je n’ai pas envie que cela change, cela ne peut pas fonctionner.”
P I E R R E
S A C Q U E T : Merci beaucoup, il y aurait évidemment encore beaucoup à dire. Si vous souhaitez ajouter des propositions, des constats sur cet atelier, je suis là jusqu’à demain. Nous pourrons en parler dans les temps de pause – bien qu’ils se raccourcissent terriblement ou ce soir.
I N T E R V E N A N T E
L’intérêt n’est plus là parce que, justement, le propre de la communication est que les messages s’annulent et qu’il faut en permanence renouveler le désir. C’est vraiment une affaire de désir, comme vous l’avez dit. L’objectif est vraiment de jouer à deux niveaux: individuel et collectif, “Je veux bien faire un effort si l’autre en fait un”, mais également “Comment la “com” va-t-elle réussir à me toucher moi, en tant qu’individu? parce que c’est d’abord un projet personnel: “Si je ne suis pas intimement convaincu que cela doit changer et si je n’ai pas envie que cela change, cela ne peut pas fonctionner.”
S A C Q U E T : Merci beaucoup, il y aurait évidemment encore beaucoup à dire. Si vous souhaitez ajouter des propositions, des constats sur cet atelier, je suis là jusqu’à demain. Nous pourrons en parler dans les temps de pause – bien qu’ils se raccourcissent terriblement ou ce soir.
A N N E - M A R I E
Je voudrais maintenant que nous consacrions vingt minutes au projet de manifeste puisque nous nous y sommes engagés pour l’ensemble des ateliers.
Je voudrais maintenant que nous consacrions vingt minutes au projet de manifeste puisque nous nous y sommes engagés pour l’ensemble des ateliers.
Voilà ce que je vous propose. Tout le monde est à même de balayer le texte. Tout le monde l’a-t-il ? Il est en page 3 du dossier. Je vous propose donc de consacrer deux minutes à parcourir le texte.
Voilà ce que je vous propose. Tout le monde est à même de balayer le texte. Tout le monde l’a-t-il ? Il est en page 3 du dossier. Je vous propose donc de consacrer deux minutes à parcourir le texte.
I N T E R V E N A N T E
:
Pourriez-vous nous rappeler l’objectif ?
U N E
S A C Q U E T : Je vous rappelle l’objet de ce manifeste. Nous l’avons évoqué en ouverture, je pense. Nous avons l’an dernier, déjà lancé un projet d’appel. Il s’agit cette année de le concrétiser Ce texte de manifeste a essentiellement pour objet que nous portions ensemble quelques constats et quelques engagementssur la communication pour le développement durable.
I N T E R V E N A N T E
:
Pourriez-vous nous rappeler l’objectif ?
S A C Q U E T : Je vous rappelle l’objet de ce manifeste. Nous l’avons évoqué en ouverture, je pense. Nous avons l’an dernier, déjà lancé un projet d’appel. Il s’agit cette année de le concrétiser Ce texte de manifeste a essentiellement pour objet que nous portions ensemble quelques constats et quelques engagementssur la communication pour le développement durable.
A N N E - M A R I E
A N N E - M A R I E
Ce texte, une fois amendé par les participants, doit pouvoir être diffusé par l’ensemble des réseaux membres du groupe de pilotage, mais également participants à l’Université.
Ce texte, une fois amendé par les participants, doit pouvoir être diffusé par l’ensemble des réseaux membres du groupe de pilotage, mais également participants à l’Université.
Sur la base de ce manifeste qui compte neuf points d’engagement, le groupe de pilotage de l’Université travaillera sur un outil de suivi et d’évaluation. Nous venons de passer deux années à échanger nos points de vue, nos attentes, parfois nos fantasmes sur la communication et sa contribution au développement durable. Il s’agit à partir de cette année de fixer quelques points d’ancrage essentiels.
Sur la base de ce manifeste qui compte neuf points d’engagement, le groupe de pilotage de l’Université travaillera sur un outil de suivi et d’évaluation. Nous venons de passer deux années à échanger nos points de vue, nos attentes, parfois nos fantasmes sur la communication et sa contribution au développement durable. Il s’agit à partir de cette année de fixer quelques points d’ancrage essentiels.
Avez-vous des remarques ? ©
On peut aussi le faire sur le terrain.
Il faut être ouvert, il n’y a pas de recettes. Pour finir, j’en viens à une vraie question qui n’est pas prise en compte, celle de l’évaluation. On fait des choses et on ne sait pas ce qui se passe derrière. Les instituts d’études aujourd’hui sont un peu en panne. Ce sont vraiment des acteurs à inviter à nos journées. Nous avons aujourd’hui des modèles d’évaluation qui ne mesurent pas les comportements.
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: Sur la manière de communiquer, tout à l’heure, les jeunes nous ont dit: “Choquez-nous; ce que nous voulons, ce sont des images “choc”.” J’entends maintenant quelqu’un dire: “Soyons positifs.” En tant qu’agence, ce que je sais, c’est qu’on ne sait pas. Sur ces sujets, l’important est d’être présent en Le propre de la communication est que permanence. Je travaille sur des sujets comme la prévention routière; …les messages “choc”. Nous sentons les messages s’annulent et qu’il faut que nous atteignons la limite. Cela ne marche plus. Nous en permanence renouveler le désir” sommes très inquiets sur ces sujets-là. U N E
Il faut être ouvert, il n’y a pas de recettes. Pour finir, j’en viens à une vraie question qui n’est pas prise en compte, celle de l’évaluation. On fait des choses et on ne sait pas ce qui se passe derrière. Les instituts d’études aujourd’hui sont un peu en panne. Ce sont vraiment des acteurs à inviter à nos journées. Nous avons aujourd’hui des modèles d’évaluation qui ne mesurent pas les comportements.
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S A L C I O
ACIDD et Comité 21
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Avez-vous des remarques ?
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A L I N E
: J’en ai deux. Je ne mettrai pas “pouvoirs locaux”, mais “collectivités locales et territoriales”. “Les pouvoirs locaux”… Cela n’a-t-il pas un côté un peu “ringard”? Mais cela a dû être réfléchi, je suis sûre que vous en avez parlé des heures…
A L I N E
S A C Q U E T : Disons que c’est l’expression généralement donnée au niveau international, mais nous pouvons remplacer par “collectivités locales”.
A N N E - M A R I E
B I A R D E A U D
S A C Q U E T : Disons que c’est l’expression généralement donnée au niveau international, mais nous pouvons remplacer par “collectivités locales”.
A N N E - M A R I E
U N
I N T E R V E N A N T
:
“Pouvoirs locaux”, cela ramène à “Pouvoirs” avec un grand “P” !
U N
(Rires.) U N E
U N E
: Je proposais que nous enlevions simplement “alibi” qui est un jugement moral. Certes, cela fait plaisir de les appeler ainsi, mais si on dit qu’“on dénonce et qu’on appelle à dénoncer la communication quand elle s’approprie des attentes et ne repose sur rien”, cela suffit.
U N E
: Un manifeste, c’est également des choses qu’on peut faire. Ici, je vois deux points qui disent “nous nous engageons” et beaucoup qui disent “nous dénonçons…” Nous pourrions dire : “Nous nous engageons à dénoncer”. Il faut que nous signions un engagement à faire quelque chose.
I S A B E L L E
: C’est un manifeste ; il faut regarder chacun des points dans l’ordre. Vous êtes partis au point 6…
U N
: Je voulais aller un peu plus loin. On ne peut qu’être d’accord avec l’ensemble du texte. Certes, nous allons nous “battre” sur des petits points, mais dans l’ensemble, nous sommes d’accord. Ensuite, ce qui est important, ce sont les modes et les méthodes que nous allons pouvoir appliquer derrière pour que cela ait un effet.
U N E
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I N T E R V E N A N T
I N T E R V E N A N T E
“Pouvoirs locaux”, cela ramène à “Pouvoirs” avec un grand “P” !
: Trois points. D’abord, à la première page, pour “positiver” comme cela a été dit tout à l’heure, au troisième paragraphe, on parle “...pour réduire les risques…”, d’accord… On parle aussi des chances… sur la formation à Internet, transport et tourisme, etc.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je proposais que nous enlevions simplement “alibi” qui est un jugement moral. Certes, cela fait plaisir de les appeler ainsi, mais si on dit qu’“on dénonce et qu’on appelle à dénoncer la communication quand elle s’approprie des attentes et ne repose sur rien”, cela suffit.
I N T E R V E N A N T E
: C’est un manifeste ; il faut regarder chacun des points dans l’ordre. Vous êtes partis au point 6…
I N T E R V E N A N T
: Je voulais aller un peu plus loin. On ne peut qu’être d’accord avec l’ensemble du texte. Certes, nous allons nous “battre” sur des petits points, mais dans l’ensemble, nous sommes d’accord. Ensuite, ce qui est important, ce sont les modes et les méthodes que nous allons pouvoir appliquer derrière pour que cela ait un effet.
I N T E R V E N A N T E
Puis, ce qui est important, et ce qui me gêne très souvent d’ailleurs dans le développement durable, c’est qu’on arrive bien à en parler, mais que, derrière, on a du mal à agir. Le manifeste est intéressant à partir du moment où on envisage derrière, point par point, des modes d’action auxquels chacun s’engage.
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
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: Un manifeste, c’est également des choses qu’on peut faire. Ici, je vois deux points qui disent “nous nous engageons” et beaucoup qui disent “nous dénonçons…” Nous pourrions dire : “Nous nous engageons à dénoncer”. Il faut que nous signions un engagement à faire quelque chose.
Puis, ce qui est important, et ce qui me gêne très souvent d’ailleurs dans le développement durable, c’est qu’on arrive bien à en parler, mais que, derrière, on a du mal à agir. Le manifeste est intéressant à partir du moment où on envisage derrière, point par point, des modes d’action auxquels chacun s’engage. U N
I N T E R V E N A N T
(Rires.)
I S A B E L L E
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: J’en ai deux. Je ne mettrai pas “pouvoirs locaux”, mais “collectivités locales et territoriales”. “Les pouvoirs locaux”… Cela n’a-t-il pas un côté un peu “ringard”? Mais cela a dû être réfléchi, je suis sûre que vous en avez parlé des heures…
B I A R D E A U D
U N
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: Trois points. D’abord, à la première page, pour “positiver” comme cela a été dit tout à l’heure, au troisième paragraphe, on parle “...pour réduire les risques…”, d’accord… On parle aussi des chances… sur la formation à Internet, transport et tourisme, etc.
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“Alibi”, cela ne me choque pas ; il y a de l’alibi, mais également des choses positives. L’action peut être lorsqu’il y a des éléments positifs dans toutes les sphères… L’alibi peut concerner le politique, l’associatif, le social. En revanche, il existe des bonnes pratiques un peu partout. On peut les identifier, les évaluer et les faire connaître. On peut aussi servir à cela.
“Alibi”, cela ne me choque pas ; il y a de l’alibi, mais également des choses positives. L’action peut être lorsqu’il y a des éléments positifs dans toutes les sphères… L’alibi peut concerner le politique, l’associatif, le social. En revanche, il existe des bonnes pratiques un peu partout. On peut les identifier, les évaluer et les faire connaître. On peut aussi servir à cela.
Le troisième point est une question. Pas mal de gens ici sont là avant tout pour le développement durable lui-même. L’Université, j’ai bien compris que c’était pour la communication pour le développement durable, soit. On parle beaucoup de publicité, de marketing, soit. L’information des médias, écrite et audiovisuelle, rentre-t-elle dans le champ ? C’est un peu absent dans certaines des propositions.
Le troisième point est une question. Pas mal de gens ici sont là avant tout pour le développement durable lui-même. L’Université, j’ai bien compris que c’était pour la communication pour le développement durable, soit. On parle beaucoup de publicité, de marketing, soit. L’information des médias, écrite et audiovisuelle, rentre-t-elle dans le champ ? C’est un peu absent dans certaines des propositions.
U N E
I N T E R V E N A N T E
:
U N E
I N T E R V E N A N T E
:
C’est le point 4 : “On appelle les médias à relayer”… Le point 7 à ce moment-là également.
U N E
I N T E R V E N A N T E
:
U N E
I N T E R V E N A N T E
:
: À certains endroits, on parle de publicité et de marketing, mais pas d’information des médias. C’est le point 9…
L ’ I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T : Il me semble y avoir des choses à dire spécifiquement sur la publicité, le marketing, le pouvoir qu’ils exercent. La pub est une cible, autre que celle des médias.
A N N E - M A R I E
: La communication à la première page, c’est : télévision, publicité, marketing… Il n’y a pas la presse, par exemple.
L ’ I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T : Il me semble y avoir des choses à dire spécifiquement sur la publicité, le marketing, le pouvoir qu’ils exercent. La pub est une cible, autre que celle des médias.
A N N E - M A R I E
: La communication à la première page, c’est : télévision, publicité, marketing… Il n’y a pas la presse, par exemple.
L ’ I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T
:
Nous pouvons l’ajouter effectivement. Ce sont les
A N N E - M A R I E
médias en fait. U N
: Par rapport à l’idée importante d’évaluation, en fait, cela n’apparaît pas beaucoup, à part pour la publicité à la fin sur l’élaboration de critères de responsabilité sociale. Cela ne vaudrait-il pas le coup de mettre dans le point 3 : “moderniser les processus de consultation, d’évaluation et de participation aux…” ? Sinon cette question me paraît relativement absente.
U N
G U I C H E N E Y : À propos de l’information, il en est question dans le point 1 où nous dénonçons généreusement les pays dans lesquels cela ne se passe pas bien. Nous pourrions peut-être “balayer devant notre porte” parce que je ne trouve pas que cela se passe si bien que cela chez nous. Il y a probablement une formulation sur la vraie attente à l’égard des citoyens dans un pays démocratique…
G E N E V I È V E
I N T E R V E N A N T
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©
: Il y a peut-être une formulation à trouver “d’être plus fidèles aux enjeux de la société d’aujourd’hui, et d’en rendre compte de façon à éclairer les citoyens”, qui sont bien malins aujourd’hui s’ils arrivent à tout deviner ; franchement, ce n’est pas avec l’information qu’on leur apporte qu’ils peuvent le faire !
U N E
: Concernant ce manifeste, il y a deux choses que j’aimerais savoir. Quel usage, au delà de la reprise annuelle du document, compte-t-on faire de ce document en matière de communication ? Souhaite-t-on, à l’issue de cette rencontre, en faire quelque chose qui porte et qui a un impact ? Si oui, il est probable, en effet, qu’il
U N
I N T E R V E N A N T
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Nous pouvons l’ajouter effectivement. Ce sont les
: Par rapport à l’idée importante d’évaluation, en fait, cela n’apparaît pas beaucoup, à part pour la publicité à la fin sur l’élaboration de critères de responsabilité sociale. Cela ne vaudrait-il pas le coup de mettre dans le point 3 : “moderniser les processus de consultation, d’évaluation et de participation aux…” ? Sinon cette question me paraît relativement absente.
I N T E R V E N A N T
D’autre part, on évoque la responsabilité sociale et on dit : “Nous appelons les médias à relayer…” Nos médias ont quand même aussi l’impression que leur indépendance est quelque chose de très important, même si, tous les jours, on peut constater le contraire. Je ne pense pas qu’il soit habile de les appeler “à relayer”. Ils vont nous dire que ce n’est pas leur boulot de relayer.
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ACIDD et Comité 21
:
G U I C H E N E Y : À propos de l’information, il en est question dans le point 1 où nous dénonçons généreusement les pays dans lesquels cela ne se passe pas bien. Nous pourrions peut-être “balayer devant notre porte” parce que je ne trouve pas que cela se passe si bien que cela chez nous. Il y a probablement une formulation sur la vraie attente à l’égard des citoyens dans un pays démocratique…
D’autre part, on évoque la responsabilité sociale et on dit : “Nous appelons les médias à relayer…” Nos médias ont quand même aussi l’impression que leur indépendance est quelque chose de très important, même si, tous les jours, on peut constater le contraire. Je ne pense pas qu’il soit habile de les appeler “à relayer”. Ils vont nous dire que ce n’est pas leur boulot de relayer.
U N
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médias en fait.
G E N E V I È V E
U N E
Le point 7 à ce moment-là également.
: À certains endroits, on parle de publicité et de marketing, mais pas d’information des médias. C’est le point 9…
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A N N E - M A R I E
C’est le point 4 : “On appelle les médias à relayer”…
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: Il y a peut-être une formulation à trouver “d’être plus fidèles aux enjeux de la société d’aujourd’hui, et d’en rendre compte de façon à éclairer les citoyens”, qui sont bien malins aujourd’hui s’ils arrivent à tout deviner ; franchement, ce n’est pas avec l’information qu’on leur apporte qu’ils peuvent le faire !
I N T E R V E N A N T E
: Concernant ce manifeste, il y a deux choses que j’aimerais savoir. Quel usage, au delà de la reprise annuelle du document, compte-t-on faire de ce document en matière de communication ? Souhaite-t-on, à l’issue de cette rencontre, en faire quelque chose qui porte et qui a un impact ? Si oui, il est probable, en effet, qu’il
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faille tourner la totalité de ce qui est proposé en éléments positifs, d’une part, et avec des propositions concrètes de ce qui est à mener, d’autre part.
faille tourner la totalité de ce qui est proposé en éléments positifs, d’une part, et avec des propositions concrètes de ce qui est à mener, d’autre part.
Si j’arrive au point 8, je ne suis pas certain que nous soyons dans une cohérence totale. En effet, le secteur des télécoms est évoqué ; pourquoi ce seul secteur ? Nous sommes dans un contexte multimédias, les télécoms n’en sont qu’un des éléments. En outre, à l’intérieur de ces médias, il existe de multiples supports. Si l’on parle des télécoms, il faut également parler des réseaux, et c’est probablement ce qu’on veut dire quand on lit le texte. Je pense que nous avons intérêt à améliorer un peu ce texte-là…
Si j’arrive au point 8, je ne suis pas certain que nous soyons dans une cohérence totale. En effet, le secteur des télécoms est évoqué ; pourquoi ce seul secteur ? Nous sommes dans un contexte multimédias, les télécoms n’en sont qu’un des éléments. En outre, à l’intérieur de ces médias, il existe de multiples supports. Si l’on parle des télécoms, il faut également parler des réseaux, et c’est probablement ce qu’on veut dire quand on lit le texte. Je pense que nous avons intérêt à améliorer un peu ce texte-là…
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À l’élargir…
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Nous pourrions mettre : “les technologies de l’information et de la communication”, les TIC.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Dernier aspect. Nous venons de prendre connaissance de ce document. Si nous voulons en faire quelque chose d’intelligent et d’intéressant, il faut également la part de la réflexion un peu au delà de l’immédiat. Je me demande s’il ne faut pas revenir dessus, plus tard, en ayant un moment de réflexion, pas forcément en le relisant…
L ’ I N T E R V E N A N T
En le lisant, nous avons découvert quelque chose avec lequel nous sommes tous à peu près d’accord, mais nous avons peut-être la possibilité de l’améliorer et surtout de le rendre plus percutant. C’est très important en termes de communication si nous voulons l’exploiter. : Je suis forcément d’accord sur le contenu, mais nous risquons de ne pas avoir beaucoup d’impact avec un texte de ce type parce qu’il n’est pas porteur d’une vision. Nous avons entendu tout à l’heure les jeunes qui disaient : “...donner envie, etc.”. Or, nous sommes dans le “non”, le “il ne faut pas faire ceci”, etc. Nous devons, à mon avis, plutôt porter une vision positive des engagements personnels de chacun de ceux qui sont ici et de l’exemplarité.
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T E
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:
: Nous pourrions mettre : “les technologies de l’information et de la communication”, les TIC.
En le lisant, nous avons découvert quelque chose avec lequel nous sommes tous à peu près d’accord, mais nous avons peut-être la possibilité de l’améliorer et surtout de le rendre plus percutant. C’est très important en termes de communication si nous voulons l’exploiter. U N E
En effet, pour moi, certains points ici sont des jugements moraux. Pourquoi les télécoms ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Nous pourrions apparaître comme sectaires ou comme portant un jugement sur des choses… Tout d’abord, peut-être des choses ont-elles été faites. Ensuite, nous risquons de nous décrédibiliser, nous ne sommes pas là pour juger de ce qui est bien ou pas. Nous pouvons vouloir que les choses soient mieux et avoir envie d’y mettre notre énergie, mais la formulation me paraît un peu sectaire. U N E
: Je suis forcément d’accord sur le contenu, mais nous risquons de ne pas avoir beaucoup d’impact avec un texte de ce type parce qu’il n’est pas porteur d’une vision. Nous avons entendu tout à l’heure les jeunes qui disaient : “...donner envie, etc.”. Or, nous sommes dans le “non”, le “il ne faut pas faire ceci”, etc. Nous devons, à mon avis, plutôt porter une vision positive des engagements personnels de chacun de ceux qui sont ici et de l’exemplarité.
I N T E R V E N A N T E
En effet, pour moi, certains points ici sont des jugements moraux. Pourquoi les télécoms ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Nous pourrions apparaître comme sectaires ou comme portant un jugement sur des choses… Tout d’abord, peut-être des choses ont-elles été faites. Ensuite, nous risquons de nous décrédibiliser, nous ne sommes pas là pour juger de ce qui est bien ou pas. Nous pouvons vouloir que les choses soient mieux et avoir envie d’y mettre notre énergie, mais la formulation me paraît un peu sectaire.
Négative ?
U N E
Oui. Cela n’aide pas, on ne fait pas passer des messages en disant…
I N T E R V E N A N T E
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I N T E R V E N A N T E
: Anne-Marie, il faudrait au moins que cela débouche sur un point positif. Nous pouvons dire que nous dénonçons ceci et cela, que nous ne voulons plus de tout cela, soit, et dire qu’en fonction de cela, nous avons “décidé de”… Et nous mettons là un point sur lequel nous nous engageons dans nos différentes institutions, entreprises, etc.
U N E
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:
Négative ?
Oui. Cela n’aide pas, on ne fait pas passer des messages en disant…
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: Les jeunes ont quand même appuyé tout à l’heure sur la nécessité d’introduire la crédibilité, la légitimité lorsqu’il est question de développement durable. Nous ne pouvons donc pas nous contenter d’être des bénis-oui-oui. : Anne-Marie, il faudrait au moins que cela débouche sur un point positif. Nous pouvons dire que nous dénonçons ceci et cela, que nous ne voulons plus de tout cela, soit, et dire qu’en fonction de cela, nous avons “décidé de”… Et nous mettons là un point sur lequel nous nous engageons dans nos différentes institutions, entreprises, etc.
Sinon, il est facile de dire… 66
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: Les jeunes ont quand même appuyé tout à l’heure sur la nécessité d’introduire la crédibilité, la légitimité lorsqu’il est question de développement durable. Nous ne pouvons donc pas nous contenter d’être des bénis-oui-oui.
U N E
À l’élargir…
: Dernier aspect. Nous venons de prendre connaissance de ce document. Si nous voulons en faire quelque chose d’intelligent et d’intéressant, il faut également la part de la réflexion un peu au delà de l’immédiat. Je me demande s’il ne faut pas revenir dessus, plus tard, en ayant un moment de réflexion, pas forcément en le relisant…
L ’ I N T E R V E N A N T
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Sinon, il est facile de dire… 66
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: C’est intéressant, tous les titres commencent par “pour”. À mon avis, dans la hiérarchie de la discussion, il y a des choses…
I N T E R V E N A N T
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: C’est intéressant, tous les titres commencent par “pour”. À mon avis, dans la hiérarchie de la discussion, il y a des choses…
I N T E R V E N A N T
Je me suis fait la même réflexion sur le secteur des télécoms ; je suis en effet bien (Rires.) Mais je vois l’idée de placé pour savoir qu’il y en a d’autres sur lesquels… communication qui est derrière… J’ai bien compris.
Je me suis fait la même réflexion sur le secteur des télécoms ; je suis en effet bien (Rires.) Mais je vois l’idée de placé pour savoir qu’il y en a d’autres sur lesquels… communication qui est derrière… J’ai bien compris.
Le fait que les titres commencent tous par “pour” montre au contraire une démarche assez positive, une direction. J’avoue que la question est déjà de savoir si nous sommes d’accord sur les titres. Cela me paraît, en termes de méthode, être un premier élément.
Le fait que les titres commencent tous par “pour” montre au contraire une démarche assez positive, une direction. J’avoue que la question est déjà de savoir si nous sommes d’accord sur les titres. Cela me paraît, en termes de méthode, être un premier élément.
Ensuite, dans les textes, nous commençons vraiment à rentrer dans des questions de formulation et nous risquons d’y passer beaucoup de temps parce que, derrière, interviennent toutes les questions qui ont été soulevées : “Comment “positiver” ? Quelle action ensuite ? etc.
Ensuite, dans les textes, nous commençons vraiment à rentrer dans des questions de formulation et nous risquons d’y passer beaucoup de temps parce que, derrière, interviennent toutes les questions qui ont été soulevées : “Comment “positiver” ? Quelle action ensuite ? etc.
Je ne sais pas comment aborder la question, mais il me semble y avoir déjà l’adhésion aux principes affichés, et la formulation en ce qui concerne les titres me va globalement assez bien, sous la réserve que j’ai mentionnée au début.
Je ne sais pas comment aborder la question, mais il me semble y avoir déjà l’adhésion aux principes affichés, et la formulation en ce qui concerne les titres me va globalement assez bien, sous la réserve que j’ai mentionnée au début.
: Nous sommes dans un contexte de communication et un manifeste est un acte d’engagement… Là il y a un grand hiatus. J’ai l’impression que n’importe qui aurait pu prendre des idées-force, les titres en l’occurrence dont vous parliez, puis les éclairer par deux ou trois lignes avant d’appeler cela un manifeste.
I N T E R V E N A N T
U N
: Nous sommes dans un contexte de communication et un manifeste est un acte d’engagement… Là il y a un grand hiatus. J’ai l’impression que n’importe qui aurait pu prendre des idées-force, les titres en l’occurrence dont vous parliez, puis les éclairer par deux ou trois lignes avant d’appeler cela un manifeste.
I N T E R V E N A N T
Si on s’inspire des Surréalistes, de gens qui ont fait des manifestes, il faut qu’on ait envie sur les murs dans les villes d’écrire des bouts de ce manifeste. Il me semble que l’erreur fondamentale est sémantique. Il faut une idée-force, comme celle dont Luther King parle : “J’ai fait un rêve…”, c’est-à-dire une idée qui reste à tout jamais universelle.
Si on s’inspire des Surréalistes, de gens qui ont fait des manifestes, il faut qu’on ait envie sur les murs dans les villes d’écrire des bouts de ce manifeste. Il me semble que l’erreur fondamentale est sémantique. Il faut une idée-force, comme celle dont Luther King parle : “J’ai fait un rêve…”, c’est-à-dire une idée qui reste à tout jamais universelle.
Structurellement, cela ne donne pas une idée belle, grande, poétique ou politique… Donc, dans un lieu où nous sommes spécialistes en communication, si nous lançons un manifeste, nous nous nous devons d’avoir, dans la forme, une dimension qui fasse école, qui “bluffe”, qui donne envie. Autrement, c’est un joli texte qui nous donne envie entre nous…
Structurellement, cela ne donne pas une idée belle, grande, poétique ou politique… Donc, dans un lieu où nous sommes spécialistes en communication, si nous lançons un manifeste, nous nous nous devons d’avoir, dans la forme, une dimension qui fasse école, qui “bluffe”, qui donne envie. Autrement, c’est un joli texte qui nous donne envie entre nous…
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
:
Si on respecte les engagements qui sont décrits ici, c’est
A N N E - M A R I E
loin d’être anodin… L ’ I N T E R V E N A N T A N N I C K
P R É C É D E N T
:
Je parlais de la forme !
L ’ I N T E R V E N A N T
D E L H A Y E : Nous avons entendu Aline et Guy nous parler de la co-construction avec les élus, les services et la population. La première des choses aurait été, selon moi, que nous co-construisions ce manifeste aujourd’hui. Au lieu d’avoir un atelier de plus, il y en aurait un de moins, dans lequel nous aurions co-construit ensemble ; cela aurait plus de sens.
A N N I C K
Cela aurait pu être un seul atelier avec des personnes des différents groupes qui avaient envie de se pencher sur ce manifeste. U N E
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:
Si on respecte les engagements qui sont décrits ici, c’est
: Je pensais que, justement parce que ce manifeste s’adressait à l’ensemble du grand public, un des points importants — le premier ou le dernier, selon qu’on veut construire son futur ou regarder dans le rétroviseur de sa vie — est peut-être de lui dédier un point qui soit strictement humain, qui vise un concept,
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
P R É C É D E N T
:
Je parlais de la forme !
D E L H A Y E : Nous avons entendu Aline et Guy nous parler de la co-construction avec les élus, les services et la population. La première des choses aurait été, selon moi, que nous co-construisions ce manifeste aujourd’hui. Au lieu d’avoir un atelier de plus, il y en aurait un de moins, dans lequel nous aurions co-construit ensemble ; cela aurait plus de sens.
Cela aurait pu être un seul atelier avec des personnes des différents groupes qui avaient envie de se pencher sur ce manifeste.
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ACIDD et Comité 21
S A C Q U E T
loin d’être anodin…
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: Je pensais que, justement parce que ce manifeste s’adressait à l’ensemble du grand public, un des points importants — le premier ou le dernier, selon qu’on veut construire son futur ou regarder dans le rétroviseur de sa vie — est peut-être de lui dédier un point qui soit strictement humain, qui vise un concept,
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peut-être intellectuellement utopiste, humaniste, un point dédié aux hommes et aux femmes qui vont contribuer et qui seront les porte-drapeaux d’une démarche. Nous connaissons la vôtre, Anne-Marie, et justement… U N
I N T E R V E N A N T
:
peut-être intellectuellement utopiste, humaniste, un point dédié aux hommes et aux femmes qui vont contribuer et qui seront les porte-drapeaux d’une démarche. Nous connaissons la vôtre, Anne-Marie, et justement…
Je souscris.
U N
S A C Q U E T : Quelques éléments de réponse à ce que vous avez dit. Tout d’abord, avec Gilles, nous avons une attitude extrêmement modeste vis-à-vis de ce texte. L’an dernier, nous avons essayé de lancer le processus avec les participants. J’avais fixé un créneau d’une heure et demie pour ceux qui souhaitaient participer à sa rédaction et j’ai eu trois personnes. (Rires.)
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A N N E - M A R I E
Ici, le projet consiste plutôt à construire une bannière commune. Je rappelle qu’à la suite de ce travail, nous vous proposerons un outil de suivi d’évaluation pour chacun des points que vous auriez adoptés. Vous voyez un peu comment le travail s’articule ? Il est difficile de construire ensemble un outil précis assorti d’actions concrètes et de critères d’évaluation.
Ici, le projet consiste plutôt à construire une bannière commune. Je rappelle qu’à la suite de ce travail, nous vous proposerons un outil de suivi d’évaluation pour chacun des points que vous auriez adoptés. Vous voyez un peu comment le travail s’articule ? Il est difficile de construire ensemble un outil précis assorti d’actions concrètes et de critères d’évaluation.
Je vais transmettre vos remarques… Merci à tous.
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Je souscris.
S A C Q U E T : Quelques éléments de réponse à ce que vous avez dit. Tout d’abord, avec Gilles, nous avons une attitude extrêmement modeste vis-à-vis de ce texte. L’an dernier, nous avons essayé de lancer le processus avec les participants. J’avais fixé un créneau d’une heure et demie pour ceux qui souhaitaient participer à sa rédaction et j’ai eu trois personnes. (Rires.)
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Je vais transmettre vos remarques… Merci à tous.
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1.3 “Quelle mesure du progrès pour les États ?”
1.3 “Quelle mesure du progrès pour les États ?”
M O I S A N , Animateur, directeur scientifique, ADEME: Je suis chargé d’animer cet atelier. Il a bien été rappelé que nous ne faisions pas de tour de table : vous avez les curriculums, photos et noms de tous les participants au séminaire et des chevalets sont installés.
M O I S A N , Animateur, directeur scientifique, ADEME: Je suis chargé d’animer cet atelier. Il a bien été rappelé que nous ne faisions pas de tour de table : vous avez les curriculums, photos et noms de tous les participants au séminaire et des chevalets sont installés.
F R A N Ç O I S
FRANÇOIS MOISAN ANIMATEUR, DIRECTEUR SCIENTIFIQUE, ADEME
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F R A N Ç O I S
Je rappelle les règles de la discussion. Je dis quelques mots pour introduire le sujet, ensuite nous avons deux contributeurs, deux personnes chargées de lancer le débat en donnant leurs points de vue. Ils sont privilégiés parce qu’ils commencent, mais ils ne le sont pas pour le temps de parole puisqu’ils disposent chacun de cinq à sept minutes. Après, c’est vous qui participez en prenant la parole. J’essaierai de veiller à ce que tout le monde puisse parler.
Je rappelle les règles de la discussion. Je dis quelques mots pour introduire le sujet, ensuite nous avons deux contributeurs, deux personnes chargées de lancer le débat en donnant leurs points de vue. Ils sont privilégiés parce qu’ils commencent, mais ils ne le sont pas pour le temps de parole puisqu’ils disposent chacun de cinq à sept minutes. Après, c’est vous qui participez en prenant la parole. J’essaierai de veiller à ce que tout le monde puisse parler.
Nous devons arrêter à 16 h 30 et je vous propose de dresser des conclusions à 16 h 15. Je pense que nous devrions avoir le temps, en un quart d’heure, de rassembler les meilleures idées proposées.
Nous devons arrêter à 16 h 30 et je vous propose de dresser des conclusions à 16 h 15. Je pense que nous devrions avoir le temps, en un quart d’heure, de rassembler les meilleures idées proposées.
Le premier contributeur est Alain Chosson, de l’association Logement et Cadre de vie. Nous devions avoir Guillaume Sainteny, le Directeur des études économiques et de l’évaluation environnementale au ministère de l’Écologie et du Développement durable, mais il n’a pas pu venir. Nous avons demandé à Gilles Pennequin, chargé de l’environnement durable à la DATAR, de le remplacer. Il représente un peu l’État.
FRANÇOIS MOISAN ANIMATEUR, DIRECTEUR SCIENTIFIQUE, ADEME
Le premier contributeur est Alain Chosson, de l’association Logement et Cadre de vie. Nous devions avoir Guillaume Sainteny, le Directeur des études économiques et de l’évaluation environnementale au ministère de l’Écologie et du Développement durable, mais il n’a pas pu venir. Nous avons demandé à Gilles Pennequin, chargé de l’environnement durable à la DATAR, de le remplacer. Il représente un peu l’État.
Le titre de notre atelier est un peu ingrat. Dès que l’on met le mot “État” dans un atelier, il n’y a plus personne. Il s’appelle : “Quelle mesure du progrès pour les États ? On ne m’a pas demandé mon avis sur le titre et, lorsque je l’ai lu, je me suis posé quelques questions. Je pose ces problèmes aux contributeurs et à vous tous.
Le titre de notre atelier est un peu ingrat. Dès que l’on met le mot “État” dans un atelier, il n’y a plus personne. Il s’appelle : “Quelle mesure du progrès pour les États ? On ne m’a pas demandé mon avis sur le titre et, lorsque je l’ai lu, je me suis posé quelques questions. Je pose ces problèmes aux contributeurs et à vous tous.
Que veut dire “mesurer le progrès” dans le développement durable, par rapport à d’autres mesures de progrès ? Nous sommes tous d’accord que, par le terme “progrès”, il faut entendre “progrès vers le développement durable”.
Que veut dire “mesurer le progrès” dans le développement durable, par rapport à d’autres mesures de progrès ? Nous sommes tous d’accord que, par le terme “progrès”, il faut entendre “progrès vers le développement durable”.
Par rapport aux différents piliers, nous avons des indicateurs économiques : le PIB est relativement simple et nous avons l’impression de bien le traduire. Pour le social, c’est déjà un peu plus compliqué. Nous avons les taux de chômage, mais vous serez d’accord pour dire que ce n’est pas cela qui résume cette dimension sociale.
Par rapport aux différents piliers, nous avons des indicateurs économiques : le PIB est relativement simple et nous avons l’impression de bien le traduire. Pour le social, c’est déjà un peu plus compliqué. Nous avons les taux de chômage, mais vous serez d’accord pour dire que ce n’est pas cela qui résume cette dimension sociale.
Dans l’environnement, nous avons beaucoup d’indicateurs. C’est pluridisciplinaire, mais pas unidimensionnel. Nous voyons bien qu’il n’est pas forcément facile de mesurer le progrès vers le développement durable.
Dans l’environnement, nous avons beaucoup d’indicateurs. C’est pluridisciplinaire, mais pas unidimensionnel. Nous voyons bien qu’il n’est pas forcément facile de mesurer le progrès vers le développement durable.
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GILLES PENNEQUIN CHARGÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DATAR
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Deux volets sont beaucoup Allons-nous mesurer si l’État, discutés actuellement au niveau en tant que territoire des États et à l’international. et nation, avance vers “Mesurer l’État” : mesurons-nous les actions de l’État, sa performance le développement durable ?” et ses politiques publiques (lois, réglementations ou incitations de mise en œuvre) ou l’importance de leur impact ? Avons-nous progressé ? Allons-nous mesurer si l’État, en tant que territoire et nation, avance vers le développement durable ?
Deux volets sont beaucoup Allons-nous mesurer si l’État, discutés actuellement au niveau en tant que territoire des États et à l’international. et nation, avance vers “Mesurer l’État” : mesurons-nous les actions de l’État, sa performance le développement durable ?” et ses politiques publiques (lois, réglementations ou incitations de mise en œuvre) ou l’importance de leur impact ? Avons-nous progressé ? Allons-nous mesurer si l’État, en tant que territoire et nation, avance vers le développement durable ?
A l’ADEME, il nous est assez difficile de faire le lien entre les évaluations des résultats de “nos” actions et les transformations de la société française, dans son ensemble. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Cela peut ne pas avoir, pour l’État, les mêmes significations. Nous rendons compte, dans les conventions internationales, de l’avancée des émissions de gaz à effet de serre. Le lien avec les politiques publiques n’est pas forcément immédiat ou tout au moins aussi simple.
A l’ADEME, il nous est assez difficile de faire le lien entre les évaluations des résultats de “nos” actions et les transformations de la société française, dans son ensemble. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Cela peut ne pas avoir, pour l’État, les mêmes significations. Nous rendons compte, dans les conventions internationales, de l’avancée des émissions de gaz à effet de serre. Le lien avec les politiques publiques n’est pas forcément immédiat ou tout au moins aussi simple.
Je lisais dans un rapport de la Commission que nous avons reçu voici deux jours, qu’une façon de se rendre compte des progrès était la liste des plaintes et des degrés de mises en conformité des États avec les directives européennes. Je vous cite juste ces chiffres que j’ai trouvés intéressants: en 2004, un tiers des plaintes à la Commission relevaient de l’environnement, mais c’est toutefois en décroissance relative :
Je lisais dans un rapport de la Commission que nous avons reçu voici deux jours, qu’une façon de se rendre compte des progrès était la liste des plaintes et des degrés de mises en conformité des États avec les directives européennes. Je vous cite juste ces chiffres que j’ai trouvés intéressants: en 2004, un tiers des plaintes à la Commission relevaient de l’environnement, mais c’est toutefois en décroissance relative :
161 plaintes adressées à l’Union européenne sur l’environnement en 1996,
161 plaintes adressées à l’Union européenne sur l’environnement en 1996,
587 en 2001,
587 en 2001,
336 en 2004.
336 en 2004.
Il s’agit de mesurer aussi les progrès dans l’absolu ou en relatif : faisons-nous mieux que les autres ? Dans l’absolu, c’est bien, mais si nous voulons vraiment mesurer, il faut faire du benchmarking pour essayer de voir si nous faisons mieux que les autres. Sommes-nous meilleurs que les Allemands ou pas dans tel et tel domaine ? Évidemment, il y a beaucoup de pièges.
Il s’agit de mesurer aussi les progrès dans l’absolu ou en relatif : faisons-nous mieux que les autres ? Dans l’absolu, c’est bien, mais si nous voulons vraiment mesurer, il faut faire du benchmarking pour essayer de voir si nous faisons mieux que les autres. Sommes-nous meilleurs que les Allemands ou pas dans tel et tel domaine ? Évidemment, il y a beaucoup de pièges.
Nous sommes tout de même ici pour parler non pas du développement durable dans son ensemble, mais de la communication sur le développement durable. Je pense que c’est un des volets essentiels de notre atelier, mais encore faut-il que ces indicateurs et mesures de résultats soient compréhensibles par les acteurs, non seulement les décideurs mais l’ensemble des acteurs que nous sommes tous, donc le grand public. Comment faire que des indicateurs et des mesures soient “appropriables” et aussi un peu “responsabilisants”. Le discours des jeunes m’a frappé : “on se sent seul et dépassé, il y a une distance entre Mais encore faut-il que ces indicateurs la société et soi-même mais on est soi-même et mesures de résultats soient un acteur de l’ensemble compréhensibles par les acteurs” de cette Europe”.
Nous sommes tout de même ici pour parler non pas du développement durable dans son ensemble, mais de la communication sur le développement durable. Je pense que c’est un des volets essentiels de notre atelier, mais encore faut-il que ces indicateurs et mesures de résultats soient compréhensibles par les acteurs, non seulement les décideurs mais l’ensemble des acteurs que nous sommes tous, donc le grand public. Comment faire que des indicateurs et des mesures soient “appropriables” et aussi un peu “responsabilisants”. Le discours des jeunes m’a frappé : “on se sent seul et dépassé, il y a une distance entre Mais encore faut-il que ces indicateurs la société et soi-même mais on est soi-même et mesures de résultats soient un acteur de l’ensemble compréhensibles par les acteurs” de cette Europe”.
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Je donne la parole à Gilles Pennequin.
GILLES PENNEQUIN CHARGÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DATAR
chargé du développement durable, DATAR : C’est une tâche un peu difficile mais, heureusement, je n’ai que très peu de temps. J’ai appris voici trois quarts d’heure que je devais essayer de remplacer Guillaume Sainteny. De plus, Gilles Berhault a dit que tous les hauts fonctionnaires étaient rappelés parce qu’ils avaient
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Je donne la parole à Gilles Pennequin. chargé du développement durable, DATAR : C’est une tâche un peu difficile mais, heureusement, je n’ai que très peu de temps. J’ai appris voici trois quarts d’heure que je devais essayer de remplacer Guillaume Sainteny. De plus, Gilles Berhault a dit que tous les hauts fonctionnaires étaient rappelés parce qu’ils avaient
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du travail. J’en déduis que je ne fais pas partie de ceux qui sont sollicités. Il faudra bien évidemment relativiser mon propos qui n’engage que moi, bien sûr.
du travail. J’en déduis que je ne fais pas partie de ceux qui sont sollicités. Il faudra bien évidemment relativiser mon propos qui n’engage que moi, bien sûr.
Avant de parler du sujet “Quelle mesure du progrès pour les États ?” j’aimerais dire quelques mots sur les enjeux de la mesure et des indicateurs. En France, nous sommes tout de même dans une société cartésienne. Nous avons besoin de quantifier et de prouver les choses. Je pense que, avec tous les champs du développement durable (énergie, eau, biodiversité, etc.), nous avons une masse considérable de thèmes possibles et la nécessité de montrer quels sont les problèmes.
Avant de parler du sujet “Quelle mesure du progrès pour les États ?” j’aimerais dire quelques mots sur les enjeux de la mesure et des indicateurs. En France, nous sommes tout de même dans une société cartésienne. Nous avons besoin de quantifier et de prouver les choses. Je pense que, avec tous les champs du développement durable (énergie, eau, biodiversité, etc.), nous avons une masse considérable de thèmes possibles et la nécessité de montrer quels sont les problèmes.
Le premier enjeu est de pouvoir quantifier et comprendre les problèmes. Nous avons vraiment cette nécessité de bâtir des indicateurs dans un système complexe. Énormément de ces problèmes touchent et vont toucher les générations futures et ne sont donc pas “appréhendables” par les générations actuelles. La mesure permet aux générations présentes de comprendre que ce qu’elles font marquera les générations futures, avec la nécessité d’un changement et même d’une rupture dans un certain nombre de domaines pour éviter que ces générations aient des problèmes.
Le premier enjeu est de pouvoir quantifier et comprendre les problèmes. Nous avons vraiment cette nécessité de bâtir des indicateurs dans un système complexe. Énormément de ces problèmes touchent et vont toucher les générations futures et ne sont donc pas “appréhendables” par les générations actuelles. La mesure permet aux générations présentes de comprendre que ce qu’elles font marquera les générations futures, avec la nécessité d’un changement et même d’une rupture dans un certain nombre de domaines pour éviter que ces générations aient des problèmes.
Le deuxième enjeu est la nécessité de la mesure pour inciter à l’action, quels que soient les acteurs (État, collectivités territoriales, entreprises, citoyens). En effet, nous sommes dans une société cartésienne et je me rends compte tous les jours que des questions d’environnement durable sont abordées ; mais dès que se présente une incertitude, cela devient une raison pour ne pas agir.
Le deuxième enjeu est la nécessité de la mesure pour inciter à l’action, quels que soient les acteurs (État, collectivités territoriales, entreprises, citoyens). En effet, nous sommes dans une société cartésienne et je me rends compte tous les jours que des questions d’environnement durable sont abordées ; mais dès que se présente une incertitude, cela devient une raison pour ne pas agir.
J’étais au ministère de l’Équipement et, systématiquement, dès que nous voulions prendre des mesures sur la haute qualité environnementale par rapport aux changements climatiques et aux problèmes énergétiques ou repenser l’aménagement du territoire, on nous mettait tout de suite en avant : “Sommes-nous sûrs du réchauffement climatique ? Sommes-nous sûrs de ne plus avoir de pétrole dans trente ou quarante ans ?” On a besoin de préciser la date comme si c’était complètement déterminant par rapport à l’action.
J’étais au ministère de l’Équipement et, systématiquement, dès que nous voulions prendre des mesures sur la haute qualité environnementale par rapport aux changements climatiques et aux problèmes énergétiques ou repenser l’aménagement du territoire, on nous mettait tout de suite en avant : “Sommes-nous sûrs du réchauffement climatique ? Sommes-nous sûrs de ne plus avoir de pétrole dans trente ou quarante ans ?” On a besoin de préciser la date comme si c’était complètement déterminant par rapport à l’action.
Nous avons la nécessité de travailler pour avoir les indicateurs les plus performants, les plus pertinents et les plus complets possible afin de réduire l’incertitude et de pousser à l’action un certain nombre d’acteurs.
Nous avons la nécessité de travailler pour avoir les indicateurs les plus performants, les plus pertinents et les plus complets possible afin de réduire l’incertitude et de pousser à l’action un certain nombre d’acteurs.
J’ai pris l’État, mais nous avons la même démarche dans les entreprises, peut-être même davantage, avec des rentabilités à court terme : il faut être capable de prouver qu’il existe des risques de dommages pour pousser à l’action.
J’ai pris l’État, mais nous avons la même démarche dans les entreprises, peut-être même davantage, avec des rentabilités à court terme : il faut être capable de prouver qu’il existe des risques de dommages pour pousser à l’action.
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Face à ces incertitudes que nous n’arriverons pas à lever sur un certain nombre de sujets — c’est un domaine dans lequel je travaille beaucoup à la DATAR — il faut essayer d’élaborer des “scénarios de l’inacceptable”. J’ai proposé à la DATAR, notamment dans les futurs contrats de plan État/région, de réfléchir pour proposer aux territoires d’élaborer des scénarios-catastrophe sur leurs territoires, qu’ils essayent d’imaginer le pire. A partir de là, nous pourrons déterminer les actions à mener pour empêcher que ces scénarios-catastrophe ne deviennent une réalité. Sinon, nous nous heurterons toujours à la question de l’incertitude. Mais, pour élaborer ces scénarios du pire, il faut être capable d’imaginer le pire. Ce n’est pas toujours évident. Donc, là encore, nous retombons dans la nécessité d’avoir des indicateurs pertinents pour essayer de comprendre la nature des phénomènes que nous engendrons.
Face à ces incertitudes que nous n’arriverons pas à lever sur un certain nombre de sujets — c’est un domaine dans lequel je travaille beaucoup à la DATAR — il faut essayer d’élaborer des “scénarios de l’inacceptable”. J’ai proposé à la DATAR, notamment dans les futurs contrats de plan État/région, de réfléchir pour proposer aux territoires d’élaborer des scénarios-catastrophe sur leurs territoires, qu’ils essayent d’imaginer le pire. A partir de là, nous pourrons déterminer les actions à mener pour empêcher que ces scénarios-catastrophe ne deviennent une réalité. Sinon, nous nous heurterons toujours à la question de l’incertitude. Mais, pour élaborer ces scénarios du pire, il faut être capable d’imaginer le pire. Ce n’est pas toujours évident. Donc, là encore, nous retombons dans la nécessité d’avoir des indicateurs pertinents pour essayer de comprendre la nature des phénomènes que nous engendrons.
Pourquoi des indicateurs perIl faut essayer d’élaborer des tinents? Il s’agit, pour l’État, d’arriver à une éco-conditionnalité « scénarios de l’inacceptable »” des aides publiques. Pour la haute qualité environnementale, nous sommes dans des exonérations fiscales supplémentaires et des subventions. Aussi, plutôt que d’avoir des moyens de financement supplémentaires pour un certain nombre d’actions de l’État, il s’agit d’arriver au point que si vous n’êtes pas “développement durable”, vous n’avez plus de crédits. Mais, pour arriver à cela pour avoir négocié avec eux un certain nombre d’exonérations fiscales, Bercy n’ouvre le porte-monnaie que si vous avez des choses extrêmement précises et mesurables et qu’ils puissent évaluer les progrès accomplis. Sinon, il est difficile, surtout dans le contexte actuel, de pouvoir bénéficier d’exonérations fiscales ou de subventions sans la capacité de montrer que l’action a bien été menée et qu’elle a porté ses fruits.
Pourquoi des indicateurs perIl faut essayer d’élaborer des tinents? Il s’agit, pour l’État, d’arriver à une éco-conditionnalité « scénarios de l’inacceptable »” des aides publiques. Pour la haute qualité environnementale, nous sommes dans des exonérations fiscales supplémentaires et des subventions. Aussi, plutôt que d’avoir des moyens de financement supplémentaires pour un certain nombre d’actions de l’État, il s’agit d’arriver au point que si vous n’êtes pas “développement durable”, vous n’avez plus de crédits. Mais, pour arriver à cela pour avoir négocié avec eux un certain nombre d’exonérations fiscales, Bercy n’ouvre le porte-monnaie que si vous avez des choses extrêmement précises et mesurables et qu’ils puissent évaluer les progrès accomplis. Sinon, il est difficile, surtout dans le contexte actuel, de pouvoir bénéficier d’exonérations fiscales ou de subventions sans la capacité de montrer que l’action a bien été menée et qu’elle a porté ses fruits.
Deux points encore sur les enjeux de la mesure.
Deux points encore sur les enjeux de la mesure.
C’est d’abord un enjeu géopolitique (nous parlons des États et pas seulement de la France) en matière de développement durable. Il nous faut des indicateurs agrégés et communs à tous les États, sinon c’est ce qui est appelé en économie “la théorie du passage des clandestins”. Il est très facile pour des États de ne pas engager d’actions ou de le faire de manière relativement modeste par rapport à d’autres beaucoup plus volontaristes.
C’est d’abord un enjeu géopolitique (nous parlons des États et pas seulement de la France) en matière de développement durable. Il nous faut des indicateurs agrégés et communs à tous les États, sinon c’est ce qui est appelé en économie “la théorie du passage des clandestins”. Il est très facile pour des États de ne pas engager d’actions ou de le faire de manière relativement modeste par rapport à d’autres beaucoup plus volontaristes.
Catherine Trautmann est parmi nous, elle pourra en parler bien mieux que moi.
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Catherine Trautmann est parmi nous, elle pourra en parler bien mieux que moi.
Nous voyons bien que la politique européenne est très volontariste, comparée à celle des États-Unis qui porte sur d’autres aspects. Nous avons la nécessité d’avoir des indicateurs globaux et internationaux qui montrent comment les uns et les autres agissent afin de comparer et juger ce qu’ils font.
Nous voyons bien que la politique européenne est très volontariste, comparée à celle des États-Unis qui porte sur d’autres aspects. Nous avons la nécessité d’avoir des indicateurs globaux et internationaux qui montrent comment les uns et les autres agissent afin de comparer et juger ce qu’ils font.
Dans une économie globalisée, on peut débattre des notions de coût et de surcoût, mais les efforts que nous engageons, et que les autres ne font pas, sont un avantage comparatif et compétitif; sinon nous perdons des parts de marchés. Dans une société où l’économie est l’élément moteur de la société, il est important d’avoir des éléments de mesure qui nous permettent de nous assurer qu’il n’existe pas de concurrence déloyale entre les États et que tout le monde avance à peu près avec la même volonté.
Dans une économie globalisée, on peut débattre des notions de coût et de surcoût, mais les efforts que nous engageons, et que les autres ne font pas, sont un avantage comparatif et compétitif; sinon nous perdons des parts de marchés. Dans une société où l’économie est l’élément moteur de la société, il est important d’avoir des éléments de mesure qui nous permettent de nous assurer qu’il n’existe pas de concurrence déloyale entre les États et que tout le monde avance à peu près avec la même volonté.
Le dernier enjeu est démocratique. Si nous voulons que les citoyens adhèrent aux mesures qui seront, pour certaines d’entre elles, impopulaires… Je prends un exemple tout récent : on parle de limiter la circulation à 115 km/heure sur les autoroutes, mais la mesure semble être relativement enterrée. On voit bien la nécessité d’avoir des outils
Le dernier enjeu est démocratique. Si nous voulons que les citoyens adhèrent aux mesures qui seront, pour certaines d’entre elles, impopulaires… Je prends un exemple tout récent : on parle de limiter la circulation à 115 km/heure sur les autoroutes, mais la mesure semble être relativement enterrée. On voit bien la nécessité d’avoir des outils
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de mesure et des indicateurs mis à la disposition de la société pour que les gens perçoivent les problèmes et qu’ils puissent ensuite adhérer aux solutions proposées. Je trouve qu’il existe beaucoup d’outils de mesure et d’indicateurs, je dirais presque que nous en avons trop, mais également pas assez. Nous avons des centaines d’indicateurs du développement durable, compte tenu de la diversité des sujets. Mais, en même temps, nous voyons bien que, dès que nous entrons dans le détail, il nous manque de nombreux éléments pour pouvoir mener un certain nombre de politiques.
Tout l’enjeu est de mettre des indicateurs de développement durable dans la LOLF”
Nous avons déjà beaucoup d’indicateurs si je me cantonne à la France dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable : 45 indicateurs, un peu globaux, ont été définis. Ils ont été élaborés par le Plan et le ministère de l’Écologie. Ils doivent avoir une déclinaison régionale. Nous y travaillons en ce moment avec la DATAR, le Plan, et le ministère de l’Écologie. J’ai bon espoir que ces indicateurs régionaux du développement durable puissent servir, notamment pour les contrats de plan et l’utilisation des fonds européens pour la période 2007-2013.
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de mesure et des indicateurs mis à la disposition de la société pour que les gens perçoivent les problèmes et qu’ils puissent ensuite adhérer aux solutions proposées. Je trouve qu’il existe beaucoup d’outils de mesure et d’indicateurs, je dirais presque que nous en avons trop, mais également pas assez. Nous avons des centaines d’indicateurs du développement durable, compte tenu de la diversité des sujets. Mais, en même temps, nous voyons bien que, dès que nous entrons dans le détail, il nous manque de nombreux éléments pour pouvoir mener un certain nombre de politiques.
Tout l’enjeu est de mettre des indicateurs de développement durable dans la LOLF”
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Nous avons déjà beaucoup d’indicateurs si je me cantonne à la France dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable : 45 indicateurs, un peu globaux, ont été définis. Ils ont été élaborés par le Plan et le ministère de l’Écologie. Ils doivent avoir une déclinaison régionale. Nous y travaillons en ce moment avec la DATAR, le Plan, et le ministère de l’Écologie. J’ai bon espoir que ces indicateurs régionaux du développement durable puissent servir, notamment pour les contrats de plan et l’utilisation des fonds européens pour la période 2007-2013.
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Par rapport aux indicateurs de mesure, l’enjeu est la LOLF. C’est la réforme assez fondamentale sur l’organisation de l’État. Avec la LOLF, nous avons des obligations de résultat. Tout l’enjeu est de mettre des indicateurs de développement durable dans la LOLF. Ce n’est pas encore tout à fait le cas actuellement parce que, demain, cela va conditionner et déterminer tout le travail de l’administration.
Par rapport aux indicateurs de mesure, l’enjeu est la LOLF. C’est la réforme assez fondamentale sur l’organisation de l’État. Avec la LOLF, nous avons des obligations de résultat. Tout l’enjeu est de mettre des indicateurs de développement durable dans la LOLF. Ce n’est pas encore tout à fait le cas actuellement parce que, demain, cela va conditionner et déterminer tout le travail de l’administration.
S’il existe des choses parfaites, il me semble que nous devrions travailler un peu plus sur des indicateurs globaux facilement communicables. J’en vois un bien pratique, même s’il est très imparfait : l’empreinte écologique. Nous essayons de faire que l’empreinte, sous toutes ses formes, puisse servir d’analyse des territoires et permettre la mise en place de politiques allant dans le sens du développement durable.
S’il existe des choses parfaites, il me semble que nous devrions travailler un peu plus sur des indicateurs globaux facilement communicables. J’en vois un bien pratique, même s’il est très imparfait : l’empreinte écologique. Nous essayons de faire que l’empreinte, sous toutes ses formes, puisse servir d’analyse des territoires et permettre la mise en place de politiques allant dans le sens du développement durable.
Il faudrait peut-être aussi des indicaIl faudrait mesurer teurs venant d’une université de la communication pour mesurer la cohérence des le degré d’incohérence propos des médias. Nous parlions de schidans la communication” zophrénie tout à l’heure, mais il est possible d’entendre à 8 heures sur France Inter quelqu’un qui va parler des enjeux du réchauffement de la planète, puis à 8 heures 10, un autre pester contre les bouchons à Paris parce qu’on met en place des lignes de bus, etc. Là aussi, il faudrait mesurer le degré d’incohérence dans la communication.
Il faudrait peut-être aussi des indicaIl faudrait mesurer teurs venant d’une université de la communication pour mesurer la cohérence des le degré d’incohérence propos des médias. Nous parlions de schidans la communication” zophrénie tout à l’heure, mais il est possible d’entendre à 8 heures sur France Inter quelqu’un qui va parler des enjeux du réchauffement de la planète, puis à 8 heures 10, un autre pester contre les bouchons à Paris parce qu’on met en place des lignes de bus, etc. Là aussi, il faudrait mesurer le degré d’incohérence dans la communication.
M O I S A N : Merci, Gilles. Je vais donner la parole à Alain Chosson mais, auparavant, je voudrais vous rappeler que l’objectif est d’arriver à formuler quelques propositions. Aussi, n’hésitez pas, comme l’a dit Gilles Berhault, à être “impertinents et provocateurs”. Nous sommes là pour aller au delà de ce que nous n’osons pas dire. Alain, essaie d’être relativement bref pour que nous puissions avoir cet échange.
F R A N Ç O I S
Secrétaire général, association Consommation, Logement et Cadre de Vie : Je vais être très bref. Je n’entrerai pas dans les outils et les mécanismes de mesure. Je suis ici en tant que consommateur, citoyen lambda, et aussi porteur de la réflexion collective d’une organisation de consommateurs et d’usagers. Cette organisation a la particularité d’avoir une démarche citoyenne depuis ses origines.
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M O I S A N : Merci, Gilles. Je vais donner la parole à Alain Chosson mais, auparavant, je voudrais vous rappeler que l’objectif est d’arriver à formuler quelques propositions. Aussi, n’hésitez pas, comme l’a dit Gilles Berhault, à être “impertinents et provocateurs”. Nous sommes là pour aller au delà de ce que nous n’osons pas dire. Alain, essaie d’être relativement bref pour que nous puissions avoir cet échange.
C H O S S O N ,
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Secrétaire général, association Consommation, Logement et Cadre de Vie : Je vais être très bref. Je n’entrerai pas dans les outils et les mécanismes de mesure. Je suis ici en tant que consommateur, citoyen lambda, et aussi porteur de la réflexion collective d’une organisation de consommateurs et d’usagers. Cette organisation a la particularité d’avoir une démarche citoyenne depuis ses origines.
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Dans les années 70, lors de la montée de la société de consommation, nous étions critiqués pour être trop citoyens et pas assez consuméristes. Je ne fais pas partie de ceux qui disent que nous faisons du développement durable depuis longtemps, cela se saurait.
Dans les années 70, lors de la montée de la société de consommation, nous étions critiqués pour être trop citoyens et pas assez consuméristes. Je ne fais pas partie de ceux qui disent que nous faisons du développement durable depuis longtemps, cela se saurait.
Cependant les besoins, la demande du public, sociale et citoyenne, existent depuis longtemps. La manière dont nous répondons à ces attentes, dans l’organisation des services, lors de la création des produits, est souvent la cause de nombre d’erreurs et dysfonctionnements qui nous ont amenés à cette situation que nous trouvons aujourd’hui inacceptable. Je me sens assez en phase avec ce qu’ont dit les jeunes tout à l’heure. On est vieux quand on perd sa capacité de s’insurger.
Cependant les besoins, la demande du public, sociale et citoyenne, existent depuis longtemps. La manière dont nous répondons à ces attentes, dans l’organisation des services, lors de la création des produits, est souvent la cause de nombre d’erreurs et dysfonctionnements qui nous ont amenés à cette situation que nous trouvons aujourd’hui inacceptable. Je me sens assez en phase avec ce qu’ont dit les jeunes tout à l’heure. On est vieux quand on perd sa capacité de s’insurger.
Que mesure-t-on et qu’est-il nécessaire de mesurer ?
Que mesure-t-on et qu’est-il nécessaire de mesurer ?
Je suis d’accord avec Gilles lorsqu’il dit que c’est très difficile parce qu’il existe beaucoup d’incertitudes, que nous ne connaissons pas tout, etc.
Je suis d’accord avec Gilles lorsqu’il dit que c’est très difficile parce qu’il existe beaucoup d’incertitudes, que nous ne connaissons pas tout, etc.
Mais je pense que nous n’en sommes plus à définir des scénarios, nous savons très bien ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il ne faut plus faire dans les modes de production, de distribution, d’organisation et de décision. Il faut passer à l’acte.
Mais je pense que nous n’en sommes plus à définir des scénarios, nous savons très bien ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il ne faut plus faire dans les modes de production, de distribution, d’organisation et de décision. Il faut passer à l’acte.
Ce qui est problématique, notamment dans ce qu’il faut mesurer aujourd’hui, est que l’on entend trop souvent, non pas l’État mais la puissance publique en général, dire qu’il faut informer, sensibiliser, éduquer, changer les comportements. Tout se résume à cela. Oui, il faut le faire, bien sûr. C’est notre métier de contribuer à le faire.
Ce qui est problématique, notamment dans ce qu’il faut mesurer aujourd’hui, est que l’on entend trop souvent, non pas l’État mais la puissance publique en général, dire qu’il faut informer, sensibiliser, éduquer, changer les comportements. Tout se résume à cela. Oui, il faut le faire, bien sûr. C’est notre métier de contribuer à le faire.
Mais avant de dire : “Que va-t-on bien pouvoir mesurer et de quelle façon ? nous devons prendre acte que nous ne changerons pas fondamentalement les modes de consommation sans changer, dans le même temps, les modes de production, de distribution et de décision. On peut toujours dire que c’est la poule et l’œuf. Pourtant les décisions publiques qui ont été prises dans certains domaines et qui étaient contestables (l’urbanisation en « chemin de grue » par exemple qui a produit les ZUP que l’on démolit aujourd’hui), comme celles des industriels ou des distributeurs qui mettent sur le marché des produits dont les impacts négatifs lourds sont pourtant connus, avec quelquefois des incidences irréversibles, nous ont toujours été présentées comme une réponse à la demande des consommateurs : “On a fait ce produit, il est dangereux pour l’environnement et pour la santé, mais c’était à la demande des consommateurs”.
Mais avant de dire : “Que va-t-on bien pouvoir mesurer et de quelle façon ? nous devons prendre acte que nous ne changerons pas fondamentalement les modes de consommation sans changer, dans le même temps, les modes de production, de distribution et de décision. On peut toujours dire que c’est la poule et l’œuf. Pourtant les décisions publiques qui ont été prises dans certains domaines et qui étaient contestables (l’urbanisation en « chemin de grue » par exemple qui a produit les ZUP que l’on démolit aujourd’hui), comme celles des industriels ou des distributeurs qui mettent sur le marché des produits dont les impacts négatifs lourds sont pourtant connus, avec quelquefois des incidences irréversibles, nous ont toujours été présentées comme une réponse à la demande des consommateurs : “On a fait ce produit, il est dangereux pour l’environnement et pour la santé, mais c’était à la demande des consommateurs”.
Il faut sortir de ces quelques faux débats et fausses pistes et se dire que, même si nous ne savons pas exactement ce qu’il faudrait faire pour être au “top du top” et que la planète continue à exister dans un certain nombre de siècles, mettons-nous d’accord déjà sur ce qu’il faut stopper. Nous avons encore un peu de temps pour certaines choses mais pas pour d’autres.
Il faut sortir de ces quelques faux débats et fausses pistes et se dire que, même si nous ne savons pas exactement ce qu’il faudrait faire pour être au “top du top” et que la planète continue à exister dans un certain nombre de siècles, mettons-nous d’accord déjà sur ce qu’il faut stopper. Nous avons encore un peu de temps pour certaines choses mais pas pour d’autres.
M O I S A N : À la limite, ce sont des indicateurs “tout ou rien”, c’est-à-dire qu’il faut arrêter certaines choses.
F R A N Ç O I S
M O I S A N : À la limite, ce sont des indicateurs “tout ou rien”, c’est-à-dire qu’il faut arrêter certaines choses.
: Il ne faut pas attendre d’être d’accord au niveau mondial sur la série d’indicateurs nécessaires pour voir si nous travaillons bien, car dans plusieurs générations nous en serons encore aux définitions. C’est ce que nos homologues au plan international nous disent. Il existe des organisations comme la nôtre sur tous les continents. Nous sommes 230 organisations de consommateurs et d’usagers à travers le monde, dont la majorité dans les pays en voie de développement. Ces dernières demandent aux organisations des pays industrialisés : “Dites à vos entreprises et à vos pouvoirs publics de ne pas nous imposer votre mode de développement !”
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: Il ne faut pas attendre d’être d’accord au niveau mondial sur la série d’indicateurs nécessaires pour voir si nous travaillons bien, car dans plusieurs générations nous en serons encore aux définitions. C’est ce que nos homologues au plan international nous disent. Il existe des organisations comme la nôtre sur tous les continents. Nous sommes 230 organisations de consommateurs et d’usagers à travers le monde, dont la majorité dans les pays en voie de développement. Ces dernières demandent aux organisations des pays industrialisés : “Dites à vos entreprises et à vos pouvoirs publics de ne pas nous imposer votre mode de développement !”
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Nous sommes d’accord pour ne pas poursuivre certaines erreurs, des consensus existent. Pourquoi sommes-nous toujours aussi en retard ? Pourquoi restons-nous dans les opérations pilotes, dans les sites expérimentaux ? Certains intérêts contradictoires sont à remettre en cause. Si nous n’avons pas un certain équilibre des forces et des rapports de force, nous ne trouverons pas les bons compromis. C’est une bataille, une lutte. L’État a ses contradictions comme chacun Cela ne peut être qu’une coproduction d’entre nous. Si nous sommes ici, c’est que nous ou une participation directe à l’analyse savons à peu près comment il faudrait se comporter mais que, ensuite, nous avons des comporteet aux choix difficiles à faire” ments différents. Le débat n’est pas, pour nous, de savoir si nous sommes bien d’accord sur tous les indicateurs nécessaires ; il faut en sortir et savoir comment procéder. Nous ne pouvons pas avoir des politiques publiques, même bien faites, qui impulsent vraiment des tendances lourdes vers un développement durable et qui considéreraient les consommateurs, les entreprises et les citoyens comme des destinataires de ces politiques publiques. Si nous sommes toujours dans cette logique, nous avons tout faux. Cela ne peut être qu’une coproduction ou une participation directe à l’analyse et aux choix difficiles à faire sans pour autant “s’enquiquiner la vie”. F R A N Ç O I S F L O R I S
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:
Nous sommes d’accord pour ne pas poursuivre certaines erreurs, des consensus existent. Pourquoi sommes-nous toujours aussi en retard ? Pourquoi restons-nous dans les opérations pilotes, dans les sites expérimentaux ? Certains intérêts contradictoires sont à remettre en cause. Si nous n’avons pas un certain équilibre des forces et des rapports de force, nous ne trouverons pas les bons compromis. C’est une bataille, une lutte. L’État a ses contradictions comme chacun Cela ne peut être qu’une coproduction d’entre nous. Si nous sommes ici, c’est que nous ou une participation directe à l’analyse savons à peu près comment il faudrait se comporter mais que, ensuite, nous avons des comporteet aux choix difficiles à faire” ments différents.
Merci. Nous allons donner la parole à la salle.
Le débat n’est pas, pour nous, de savoir si nous sommes bien d’accord sur tous les indicateurs nécessaires ; il faut en sortir et savoir comment procéder. Nous ne pouvons pas avoir des politiques publiques, même bien faites, qui impulsent vraiment des tendances lourdes vers un développement durable et qui considéreraient les consommateurs, les entreprises et les citoyens comme des destinataires de ces politiques publiques. Si nous sommes toujours dans cette logique, nous avons tout faux. Cela ne peut être qu’une coproduction ou une participation directe à l’analyse et aux choix difficiles à faire sans pour autant “s’enquiquiner la vie”. F R A N Ç O I S
L I D T H D E J E U D E : Je voudrais faire deux remarques ; la première d’ordre général et la seconde concrète.
V A N
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Merci. Nous allons donner la parole à la salle.
L I D T H D E J E U D E : Je voudrais faire deux remarques ; la première d’ordre général et la seconde concrète.
Nous pouvons développer tous les indicateurs possibles ; s’ils restent dans des rapports un peu discrets dans les bureaux, cela n’a aucun intérêt. Or, en contrepoint de ces indicateurs que nous pouvons développer mais qui risquent de rester dans le tiroir, l’ensemble de la société politique, civile, etc., est totalement imbibée indirectement des indicateurs économiques, avec ce besoin permanent de croissance. Avec un peu plus de croissance, on respire ; mais quand il y en a un peu moins, on déprime. Donc, il faut aussi faire le lien avec cette espèce de lavage de cerveau permanent, médiatique, sur cette nécessité de croissance.
Nous pouvons développer tous les indicateurs possibles ; s’ils restent dans des rapports un peu discrets dans les bureaux, cela n’a aucun intérêt. Or, en contrepoint de ces indicateurs que nous pouvons développer mais qui risquent de rester dans le tiroir, l’ensemble de la société politique, civile, etc., est totalement imbibée indirectement des indicateurs économiques, avec ce besoin permanent de croissance. Avec un peu plus de croissance, on respire ; mais quand il y en a un peu moins, on déprime. Donc, il faut aussi faire le lien avec cette espèce de lavage de cerveau permanent, médiatique, sur cette nécessité de croissance.
Comment pourrions-nous adapter l’indice IDH de demain qui nous intéresse pour la publicité, qui est basé sur trois séries de données ? La plupart d’entre nous doivent les connaître, l’IDH se base sur :
Comment pourrions-nous adapter l’indice IDH de demain qui nous intéresse pour la publicité, qui est basé sur trois séries de données ? La plupart d’entre nous doivent les connaître, l’IDH se base sur : – l’espérance de vie à la naissance,
– le niveau d’instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux d’alphabétisation,
– le niveau d’instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux d’alphabétisation,
– le PIB réel est défini comme devant poser l’inflation par habitant, calculé en parité de pouvoir d’achat. Le PIB par habitant donne l’indication sur le niveau de vie moyen du pays.
– le PIB réel est défini comme devant poser l’inflation par habitant, calculé en parité de pouvoir d’achat. Le PIB par habitant donne l’indication sur le niveau de vie moyen du pays.
Ces trois indicateurs font l’IDH. Comment pouvons-nous l’adapter pour avoir un indice de développement durable qui aborde l’aspect environnemental? Pour cet indice, nous avons eu déjà deux bases : l’humain et l’économique.
Ces trois indicateurs font l’IDH. Comment pouvons-nous l’adapter pour avoir un indice de développement durable qui aborde l’aspect environnemental? Pour cet indice, nous avons eu déjà deux bases : l’humain et l’économique.
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:
V A N
– l’espérance de vie à la naissance,
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M O I S A N
V A N
ACIDD et Comité 21
L I D T H
:
Il pourrait se communiquer comme le PIB.
D E
J E U D E
:
F R A N Ç O I S
Oui, voilà.
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ACIDD et Comité 21
L I D T H
:
Il pourrait se communiquer comme le PIB.
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:
Oui, voilà.
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: Il est communiqué ; voici deux jours, le palmarès des États a été publié dans la presse.
I N T E R V E N A N T E
F R A N Ç O I S
M O I S A N
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U N E
Oui. Je parle de celui que Florice envisage franchement.
F R A N Ç O I S
G É R A R D , Head Ethical Research Höller AG – ZURICH Notation et développement durable : Nous avons parlé de propositions concrètes. Il m’est venu une idée, en entendant Gilles, à propos des indicateurs.
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:
Oui. Je parle de celui que Florice envisage franchement.
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J E A N - L U C
Mon travail est de faire la notation sociale et environnementale des États. Lorsqu’on note les États, on note les consommateurs, les entreprises et l’État. Il faut différencier la notion de pays et d’État. Mais il serait intéressant de revenir à l’État. L’État est quelque chose de beaucoup plus palpable et mesurable qu’un pays. Je me rappelle de notations faites par une autre agence : plus le budget de la santé est important, plus la note est élevée. Cela veut dire que les gens consomment davantage de médicaments et qu’ils sont donc malades. Ce n’est pas un signe de santé. Nous avons donc un problème avec les indicateurs.
Mon travail est de faire la notation sociale et environnementale des États. Lorsqu’on note les États, on note les consommateurs, les entreprises et l’État. Il faut différencier la notion de pays et d’État. Mais il serait intéressant de revenir à l’État. L’État est quelque chose de beaucoup plus palpable et mesurable qu’un pays. Je me rappelle de notations faites par une autre agence : plus le budget de la santé est important, plus la note est élevée. Cela veut dire que les gens consomment davantage de médicaments et qu’ils sont donc malades. Ce n’est pas un signe de santé. Nous avons donc un problème avec les indicateurs.
Si nous parlons maintenant L’État est quelque chose uniquement de l’État, nous pouvons de beaucoup plus palpable discuter de son utilité, des services publics, de l’organisation de la santé, et mesurable qu’un pays” etc. L’État a des budgets pour cela, il les connaît. À Zurich, nous avons inventé une méthode pour les entreprises ; elle consiste à regarder les budgets attribués par les entreprises aux énergies et à quels types, les matériaux achetés (engrais, pesticides, etc.). Ensuite, nous attribuons des points de pollution à chaque budget.
Si nous parlons maintenant L’État est quelque chose uniquement de l’État, nous pouvons de beaucoup plus palpable discuter de son utilité, des services publics, de l’organisation de la santé, et mesurable qu’un pays” etc. L’État a des budgets pour cela, il les connaît. À Zurich, nous avons inventé une méthode pour les entreprises ; elle consiste à regarder les budgets attribués par les entreprises aux énergies et à quels types, les matériaux achetés (engrais, pesticides, etc.). Ensuite, nous attribuons des points de pollution à chaque budget.
L’idée serait, pour l’Union européenne ou pour un État, de définir des étapes par rapport au budget, afin de les comparer. Dans un monde où l’économie est dominante, il faut tout mesurer et comparer, bien que ce soit impossible. Il serait intéressant de mettre des indicateurs pour le social, l’éducation, les transports, etc. Cela permettrait de voir qui détruit l’environnement ou bien qui a des portées sociales négatives ou pas, puis de noter. Nous aurions alors un facteur de progression avec une photo à l’instant A, puis cinq ans après ; avons-nous fait du chemin ? Cela serait comparable pour tous les pays puisque tous ont des budgets pour l’éducation, les transports, etc.
L’idée serait, pour l’Union européenne ou pour un État, de définir des étapes par rapport au budget, afin de les comparer. Dans un monde où l’économie est dominante, il faut tout mesurer et comparer, bien que ce soit impossible. Il serait intéressant de mettre des indicateurs pour le social, l’éducation, les transports, etc. Cela permettrait de voir qui détruit l’environnement ou bien qui a des portées sociales négatives ou pas, puis de noter. Nous aurions alors un facteur de progression avec une photo à l’instant A, puis cinq ans après ; avons-nous fait du chemin ? Cela serait comparable pour tous les pays puisque tous ont des budgets pour l’éducation, les transports, etc.
C’est ma proposition.
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G É R A R D , Head Ethical Research Höller AG – ZURICH Notation et développement durable : Nous avons parlé de propositions concrètes. Il m’est venu une idée, en entendant Gilles, à propos des indicateurs.
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: Il est communiqué ; voici deux jours, le palmarès des États a été publié dans la presse.
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C’est ma proposition.
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Je la note. Nous allons y revenir.
F R A N Ç O I S
J’ai deux remarques avant d’en venir à une suggestion.
F A B R I C E
La première porte sur les mesures impopulaires. Je suis assez d’accord avec Alain Chosson. Les mesures sont impopulaires, non parce qu’elles dérangent les gros intérêts, mais les petits. Forcément, les petits ne sont pas contents. D’autres mesures sont possibles et elles seraient parfaitement populaires, mais ce ne sont pas celles qui sont prônées. Impopulaires : oui et non. C’est plutôt qu’elles ne partent pas d’en bas.
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Je la note. Nous allons y revenir.
J’ai deux remarques avant d’en venir à une suggestion.
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Ensuite, être sûrs avant d’agir. Je crois au contraire que l’on agit en ce moment en se fiant à des indicateurs parfaitement incertains, comme le PIB. Dans le genre incertain, on ne peut pas faire mieux ! Le PIB ne veut rien dire. Cela n’empêche pas Bercy de courir après le PIB.
Ensuite, être sûrs avant d’agir. Je crois au contraire que l’on agit en ce moment en se fiant à des indicateurs parfaitement incertains, comme le PIB. Dans le genre incertain, on ne peut pas faire mieux ! Le PIB ne veut rien dire. Cela n’empêche pas Bercy de courir après le PIB.
Si nous voulons changer les indicateurs, il faut aussi “délégitimer” ceux qui sont en service actuellement et qui sont absurdes. Dire que l’on doit être sûr avant d’agir signifie : “Je n’ai pas envie de changer mes habitudes”. Ce n’est pas quelqu’un qui écoute qui répond cela.
Si nous voulons changer les indicateurs, il faut aussi “délégitimer” ceux qui sont en service actuellement et qui sont absurdes. Dire que l’on doit être sûr avant d’agir signifie : “Je n’ai pas envie de changer mes habitudes”. Ce n’est pas quelqu’un qui écoute qui répond cela.
Ensuite, il faut voir que les indicateurs se diffractent dans la société. On entend très souvent l’argument : “Les Chinois polluent, leur croissance pollue”. Quand nous comparons l’intensité en CO2 par rapport au PIB, par exemIl faut aussi « délégitimer » ceux ple, nous faisons mieux. La qui sont en service actuellement belle affaire ! Que mesure le PIB ? Donc, le raisonnement ne et qui sont absurdes” tient pas. Nous ne savons pas si les Chinois polluent plus que nous relativement à la qualité des services créés. Cela n’empêche pas d’utiliser des indicateurs qui ne veulent rien dire. S’ils ne veulent rien dire, c’est parce qu’il y a des intérêts derrière.
Ensuite, il faut voir que les indicateurs se diffractent dans la société. On entend très souvent l’argument : “Les Chinois polluent, leur croissance pollue”. Quand nous comparons l’intensité en CO2 par rapport au PIB, par exemIl faut aussi « délégitimer » ceux ple, nous faisons mieux. La qui sont en service actuellement belle affaire ! Que mesure le PIB ? Donc, le raisonnement ne et qui sont absurdes” tient pas. Nous ne savons pas si les Chinois polluent plus que nous relativement à la qualité des services créés. Cela n’empêche pas d’utiliser des indicateurs qui ne veulent rien dire. S’ils ne veulent rien dire, c’est parce qu’il y a des intérêts derrière.
On pense que l’activité, en soi, est bien tant qu’elle grossit. Tant que cette idée restera au cœur des choses, fatalement, tous les autres indicateurs passeront au second plan. C’est une question de priorité. Il faut aussi “délégitimer” à mon avis l’activité économique et dire : “Non, l’activité économique qui grossit, comme celle de la santé, ce n’est pas forcément bon.” Les entreprises qui décroissent, c’est parfois bien. Cela ne signifie pas une décroissance de l’emploi, là aussi ce sont des priorités. On peut très bien faire décroître fortement le PIB en augmentant beaucoup l’emploi. Il n’y a aucune incompatibilité, ni théorique, ni pratique.
On pense que l’activité, en soi, est bien tant qu’elle grossit. Tant que cette idée restera au cœur des choses, fatalement, tous les autres indicateurs passeront au second plan. C’est une question de priorité. Il faut aussi “délégitimer” à mon avis l’activité économique et dire : “Non, l’activité économique qui grossit, comme celle de la santé, ce n’est pas forcément bon.” Les entreprises qui décroissent, c’est parfois bien. Cela ne signifie pas une décroissance de l’emploi, là aussi ce sont des priorités. On peut très bien faire décroître fortement le PIB en augmentant beaucoup l’emploi. Il n’y a aucune incompatibilité, ni théorique, ni pratique.
Je trouve que l’IDH est extrêmement limité. Nous en avons un autre qui s’appelle “l’indicateur de bien-être économique soutenable”. Il déduit les dépenses inutiles et ajoute les dépenses utiles. Cela a été fait en Angleterre et aux États-Unis. On dépense, on dépense, mais ce n’est pas utile. Quand on regarde avec cet indicateur, plus l’empreinte écologique, quel type de pays serait soutenable – sans prendre le critère démocratie, on voit que les pays comme le Kerala (Inde) avec un PNB de 1 000 dollars par habitant, ou Cuba, sont des pays qui arrivent en tête. Les gens n’y sont pas malheureux du tout. Nous avons un PNB 25 fois plus élevé, et alors ?
Je trouve que l’IDH est extrêmement limité. Nous en avons un autre qui s’appelle “l’indicateur de bien-être économique soutenable”. Il déduit les dépenses inutiles et ajoute les dépenses utiles. Cela a été fait en Angleterre et aux États-Unis. On dépense, on dépense, mais ce n’est pas utile. Quand on regarde avec cet indicateur, plus l’empreinte écologique, quel type de pays serait soutenable – sans prendre le critère démocratie, on voit que les pays comme le Kerala (Inde) avec un PNB de 1 000 dollars par habitant, ou Cuba, sont des pays qui arrivent en tête. Les gens n’y sont pas malheureux du tout. Nous avons un PNB 25 fois plus élevé, et alors ?
G É R A R D : Je crois personnellement que l’on construit les indicateurs par rapport à la question qui est posée. Il n’existe pas d’indicateurs spécifiques pour les États servant à mesurer un produit national brut, un environnement national brut, un
G É R A R D : Je crois personnellement que l’on construit les indicateurs par rapport à la question qui est posée. Il n’existe pas d’indicateurs spécifiques pour les États servant à mesurer un produit national brut, un environnement national brut, un
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La première porte sur les mesures impopulaires. Je suis assez d’accord avec Alain Chosson. Les mesures sont impopulaires, non parce qu’elles dérangent les gros intérêts, mais les petits. Forcément, les petits ne sont pas contents. D’autres mesures sont possibles et elles seraient parfaitement populaires, mais ce ne sont pas celles qui sont prônées. Impopulaires : oui et non. C’est plutôt qu’elles ne partent pas d’en bas.
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développement durable brut, etc. Je crois que c’est par rapport à la question de la stratégie de développement qu’il faut savoir se situer si l’on est dans un équilibre raisonnable entre plusieurs dimensions du développement durable. Je vais prendre l’exemple de la Réunion, car il est très simple.
développement durable brut, etc. Je crois que c’est par rapport à la question de la stratégie de développement qu’il faut savoir se situer si l’on est dans un équilibre raisonnable entre plusieurs dimensions du développement durable. Je vais prendre l’exemple de la Réunion, car il est très simple.
Nous avons proposé de faire une évaluation en disant que le développement équilibré durable à la Réunion s’articulait nécessairement autour de quatre dimensions, les principales du développement durable, telles que nous les voyons dans les textes et dans la littérature :
Nous avons proposé de faire une évaluation en disant que le développement équilibré durable à la Réunion s’articulait nécessairement autour de quatre dimensions, les principales du développement durable, telles que nous les voyons dans les textes et dans la littérature :
– le développement économique, y compris le développement de l’activité de l’emploi,
– le développement économique, y compris le développement de l’activité de l’emploi,
– le développement social, y compris les activités d’insertion des populations en difficulté,
– le développement social, y compris les activités d’insertion des populations en difficulté,
– le développement durable de l’environnement et des milieux, au sens de la préservation et de la valorisation des milieux et des sources naturelles, au sens de l’écologie et de la gestion du patrimoine,
– le développement durable de l’environnement et des milieux, au sens de la préservation et de la valorisation des milieux et des sources naturelles, au sens de l’écologie et de la gestion du patrimoine,
– la démocratie participative, c’est-à-dire la mise en place de concertations à tous les niveaux et notamment des élus, ce qui permet aujourd’hui aux agglomérations de discuter avec les départements et les régions. Ceci a été accepté. Cela veut dire que, pour chacune des dimensions, on nous demande de mettre en place des systèmes d’indicateurs qui permettraient de juger des politiques globales, des politiques de développement structurées dans différents domaines du jeu. De l’indicateur que l’on va construire, répond la question de l’évaluation de la politique qui va être menée. Sur l’emploi, par exemple, si nous disons que le problème fondamental est que la Réunion est capable de créer 4 000 emplois par an, mais que 7 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, cela montre un déficit structurel de long terme de 3 000 personnes qu’il va falloir exporter en Métropole. Il va falloir les recycler ailleurs, dans une autre dimension, à partir d’un taux de chômage qui est déjà de 30 %. Si c’est cela le problème principal, cela veut dire que, vraisemblablement, la stratégie des quatre dimensions sera centrée sur le problème de l’emploi.
C’est par rapport à la question de la stratégie de développement qu’il faut savoir se situer”
Si on dit que le problème principal est que nous avons affaire à des terrains de recueil récents qui vont s’éroder de façon extrêmement rapide et si on ne fait rien pour contrôler les activités et la croissance économiques assez fortes de l’île (3 % ou 4 %), nous allons considérer que l’incinérateur doit être mis en œuvre ailleurs. Actuellement, il a des incidences sur les milieux marins et urbains, du fait des vents qui rabattent les fumées un petit peu partout et n’importe comment. Nous allons donc considérer qu’il ne faut pas construire de sentiers pour le développement touristique ; on va donc créer moins d’emplois touristiques que prévu et de façon un peu ignorante.
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Ceci a été accepté. Cela veut dire que, pour chacune des dimensions, on nous demande de mettre en place des systèmes d’indicateurs qui permettraient de juger des politiques globales, des politiques de développement structurées dans différents domaines du jeu. De l’indicateur que l’on va construire, répond la question de l’évaluation de la politique qui va être menée. Sur l’emploi, par exemple, si nous disons que le problème fondamental est que la Réunion est capable de créer 4 000 emplois par an, mais que 7 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, cela montre un déficit structurel de long terme de 3 000 personnes qu’il va falloir exporter en Métropole. Il va falloir les recycler ailleurs, dans une autre dimension, à partir d’un taux de chômage qui est déjà de 30 %. Si c’est cela le problème principal, cela veut dire que, vraisemblablement, la stratégie des quatre dimensions sera centrée sur le problème de l’emploi.
C’est par rapport à la question de la stratégie de développement qu’il faut savoir se situer”
Nous avons une vision qui peut être différente. Il est certain que, sans indicateurs, on fera n’importe quoi. Mon propos est de dire que si on n’a pas d’indicateurs pour les quatre domaines du jeu, au moins, qui permettent d’évaluer la situation avec les décideurs, il est alors certain que l’on aura la reproduction pure et simple des tendances préexistantes. Les lobbies et les intérêts se sont stabilisés autour d’une certaine 78
– la démocratie participative, c’est-à-dire la mise en place de concertations à tous les niveaux et notamment des élus, ce qui permet aujourd’hui aux agglomérations de discuter avec les départements et les régions.
Si on dit que le problème principal est que nous avons affaire à des terrains de recueil récents qui vont s’éroder de façon extrêmement rapide et si on ne fait rien pour contrôler les activités et la croissance économiques assez fortes de l’île (3 % ou 4 %), nous allons considérer que l’incinérateur doit être mis en œuvre ailleurs. Actuellement, il a des incidences sur les milieux marins et urbains, du fait des vents qui rabattent les fumées un petit peu partout et n’importe comment. Nous allons donc considérer qu’il ne faut pas construire de sentiers pour le développement touristique ; on va donc créer moins d’emplois touristiques que prévu et de façon un peu ignorante. Nous avons une vision qui peut être différente. Il est certain que, sans indicateurs, on fera n’importe quoi. Mon propos est de dire que si on n’a pas d’indicateurs pour les quatre domaines du jeu, au moins, qui permettent d’évaluer la situation avec les décideurs, il est alors certain que l’on aura la reproduction pure et simple des tendances préexistantes. Les lobbies et les intérêts se sont stabilisés autour d’une certaine
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configuration. Ils l’imposent, plus ou moins, à différents niveaux : à la population, aux citoyens, à la République française, voire à la Commission européenne.
configuration. Ils l’imposent, plus ou moins, à différents niveaux : à la population, aux citoyens, à la République française, voire à la Commission européenne.
M O I S A N : N’est-ce pas le dernier pilier que vous avez évoqué, celui de la démocratie participative, qui permettrait de hiérarchiser les trois autres ? Comment construire la stratégie ?
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M O I S A N : N’est-ce pas le dernier pilier que vous avez évoqué, celui de la démocratie participative, qui permettrait de hiérarchiser les trois autres ? Comment construire la stratégie ?
G É R A R D : Vous avez parfaitement raison. Malheureusement, je crois que nous sommes encore aux balbutiements, en France, de cette remontée d’informations émanant des citoyens et des associations, même si cela a beaucoup progressé ces vingt dernières années.
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G É R A R D : Vous avez parfaitement raison. Malheureusement, je crois que nous sommes encore aux balbutiements, en France, de cette remontée d’informations émanant des citoyens et des associations, même si cela a beaucoup progressé ces vingt dernières années.
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Depuis que j’ai quitté la fontion de chef de la prospective au ministère de l’Environnement, beaucoup d’eau a passé sous les ponts. Beaucoup de progrès ont été réalisés mais, en même temps, nous sommes dans des systèmes de démocratie élective : cela passe par les élus. On peut penser que de nouveaux niveaux, comme les agglomérations par exemple, seront plus sensibles à cette pluralité de dimensions. En effet, elles couvrent l’ensemble des dimensions sur un territoire donné, au lieu de la compartimentation excessive que nous avions précédemment.
Depuis que j’ai quitté la fontion de chef de la prospective au ministère de l’Environnement, beaucoup d’eau a passé sous les ponts. Beaucoup de progrès ont été réalisés mais, en même temps, nous sommes dans des systèmes de démocratie élective : cela passe par les élus. On peut penser que de nouveaux niveaux, comme les agglomérations par exemple, seront plus sensibles à cette pluralité de dimensions. En effet, elles couvrent l’ensemble des dimensions sur un territoire donné, au lieu de la compartimentation excessive que nous avions précédemment.
D E L A V E R G N E : Merci. Lorsqu’on m’a proposé à participer à cet atelier, j’ai eu quelques hésitations. C’est cet atelier qui m’intéressait le plus mais qui me posait également le plus de questions. Je trouve que les trois thèmes (mesure, État et progrès) interpellent. Il faut nous poser ces questions parce qu’elles sont au centre de nos préoccupations, surtout dans une période de mutation où nous passons d’un système international à un système mondialisé.
D E L A V E R G N E : Merci. Lorsqu’on m’a proposé à participer à cet atelier, j’ai eu quelques hésitations. C’est cet atelier qui m’intéressait le plus mais qui me posait également le plus de questions. Je trouve que les trois thèmes (mesure, État et progrès) interpellent. Il faut nous poser ces questions parce qu’elles sont au centre de nos préoccupations, surtout dans une période de mutation où nous passons d’un système international à un système mondialisé.
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J’ai été fonctionnaire pendant plusieurs années durant mon existence et je ne veux pas critiquer l’État. Je pense que l’État n’est pas nécessairement la mesure que l’on doit prendre en considération dans l’objectif que nous poursuivons, celui du développement durable. J’ai entendu Gilles Pennequin mentionner qu’il fallait que tout cela “percole” par le haut, mais en fait vers le bas. C’est une expression assez importante parce que nous devons faire passer ces idées auprès des régions, des pouvoirs locaux, pour qu’ils comprennent et agissent en fonction d’une réflexion des États. C’est vrai, les États peuvent avoir un rôle à jouer. Il ne s’agit pas de supprimer l’État, mais tout de même de se poser la question de son rôle par rapport à ces dangers et ces défis.
J’ai été fonctionnaire pendant plusieurs années durant mon existence et je ne veux pas critiquer l’État. Je pense que l’État n’est pas nécessairement la mesure que l’on doit prendre en considération dans l’objectif que nous poursuivons, celui du développement durable. J’ai entendu Gilles Pennequin mentionner qu’il fallait que tout cela “percole” par le haut, mais en fait vers le bas. C’est une expression assez importante parce que nous devons faire passer ces idées auprès des régions, des pouvoirs locaux, pour qu’ils comprennent et agissent en fonction d’une réflexion des États. C’est vrai, les États peuvent avoir un rôle à jouer. Il ne s’agit pas de supprimer l’État, mais tout de même de se poser la question de son rôle par rapport à ces dangers et ces défis.
Je vais vous donner un autre exemple. J’étais à Aichi voici quelque temps. L’exposition universelle est composée de pavillons des États. J’étais simplement éberlué par le manque d’imagination de ceux-ci. C’était vraiment épouvantable sur le thème du développement durable, dont ils n’avaient strictement rien à dire. Le pavillon de la France dénonçait beaucoup de problèmes mais n’apportait et ne cherchait à apporter aucune solution à toutes les questions qui pouvaient se poser. Alors, on dénonçait tout ce qui était critiquable, mais on s’arrêtait là. Je pense que nous avons véritablement une réflexion à mener sur qui est l’entité institutionnelle la plus importante à mobiliser pour Il ne s’agit pas de supprimer l’État, essayer d’initier et puis mais tout de même de se poser d’apporter les champs nécessaires. Je ne crois pas la question de son rôle par rapport que l’État soit cette entité.
Je vais vous donner un autre exemple. J’étais à Aichi voici quelque temps. L’exposition universelle est composée de pavillons des États. J’étais simplement éberlué par le manque d’imagination de ceux-ci. C’était vraiment épouvantable sur le thème du développement durable, dont ils n’avaient strictement rien à dire. Le pavillon de la France dénonçait beaucoup de problèmes mais n’apportait et ne cherchait à apporter aucune solution à toutes les questions qui pouvaient se poser. Alors, on dénonçait tout ce qui était critiquable, mais on s’arrêtait là. Je pense que nous avons véritablement une réflexion à mener sur qui est l’entité institutionnelle la plus importante à mobiliser pour Il ne s’agit pas de supprimer l’État, essayer d’initier et puis mais tout de même de se poser d’apporter les champs nécessaires. Je ne crois pas la question de son rôle par rapport que l’État soit cette entité.
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à ces dangers et ces défis”
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à ces dangers et ces défis”
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Le progrès est un mot chargé d’espoirs. Tous les États ont pour modèle d’autres États et d’autres types de développement comme ceux atteints par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et d’autres pays riches. L’idée du progrès est d’atteindre le même niveau que ces États. Je pense que c’est aussi extrêmement dangereux. Il ne s’agit pas de comparer, je ne crois pas aux comparaisons, elles sont totalement inutiles. Il est peut-être intéressant de savoir, pour sa fierté nationale, si on fait mieux que les autres ou, si on est dans l’opposition, que l’on fait moins bien pour dénoncer cette situation. Je ne pense pas que ce soit l’important. C’est une grave erreur qui a été faite par les Allemands. C’est un grand progrès aussi que cette notion d’Institut mondial de l’environnement que l’on veut créer, ou que l’on propose.
Le progrès est un mot chargé d’espoirs. Tous les États ont pour modèle d’autres États et d’autres types de développement comme ceux atteints par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et d’autres pays riches. L’idée du progrès est d’atteindre le même niveau que ces États. Je pense que c’est aussi extrêmement dangereux. Il ne s’agit pas de comparer, je ne crois pas aux comparaisons, elles sont totalement inutiles. Il est peut-être intéressant de savoir, pour sa fierté nationale, si on fait mieux que les autres ou, si on est dans l’opposition, que l’on fait moins bien pour dénoncer cette situation. Je ne pense pas que ce soit l’important. C’est une grave erreur qui a été faite par les Allemands. C’est un grand progrès aussi que cette notion d’Institut mondial de l’environnement que l’on veut créer, ou que l’on propose.
Les mesures sont différentes dans un pays en développement ou un pays riche et les rapports à la richesse sont totalement différents ; on peut être heureux ou malheureux, peu importe la richesse. Ces indicateurs, au niveau mondial, sont vraiment une perte de temps. J’ai été un peu à l’origine de cette notion de développement durable. Cela a été mené dans le cadre de la commission Brundland à laquelle j’ai eu l’honneur de participer. Je sais comment s’est créée cette notion de développement durable. C’est un compromis de table, simplement pour se mettre d’accord entre des positions impossibles à faire converger. Nous nous sommes mis d’accord et personne n’a fait d’opposition sur ce thème. C’est d’ailleurs pour cela qu’il plaît et qu’il emporte l’adhésion des politiciens. Derrière, on a dépensé des millions.
Les mesures sont différentes dans un pays en développement ou un pays riche et les rapports à la richesse sont totalement différents ; on peut être heureux ou malheureux, peu importe la richesse. Ces indicateurs, au niveau mondial, sont vraiment une perte de temps. J’ai été un peu à l’origine de cette notion de développement durable. Cela a été mené dans le cadre de la commission Brundland à laquelle j’ai eu l’honneur de participer. Je sais comment s’est créée cette notion de développement durable. C’est un compromis de table, simplement pour se mettre d’accord entre des positions impossibles à faire converger. Nous nous sommes mis d’accord et personne n’a fait d’opposition sur ce thème. C’est d’ailleurs pour cela qu’il plaît et qu’il emporte l’adhésion des politiciens. Derrière, on a dépensé des millions.
Tous les pays, la France, peuvent faire des bibliothèques d’indicateurs sur le développement durable, cela ne sert à rien. Bien sûr, nombre d’indicateurs sont développés par le CNUD, mais que nous apportent-ils ? Nous pouvons nous poser beaucoup de questions sur ce point, mais ils continuent à investir dans ces indicateurs. Ils sont appelés “satellites”, car ils donnent un éclairage sur les autres, mais ils tournent autour.
Tous les pays, la France, peuvent faire des bibliothèques d’indicateurs sur le développement durable, cela ne sert à rien. Bien sûr, nombre d’indicateurs sont développés par le CNUD, mais que nous apportent-ils ? Nous pouvons nous poser beaucoup de questions sur ce point, mais ils continuent à investir dans ces indicateurs. Ils sont appelés “satellites”, car ils donnent un éclairage sur les autres, mais ils tournent autour.
Je reviens à cette question de “comment mesurer” et les décisions à prendre. J’étais à Arles voici peu de temps, pour voir ces expositions photographiques. Dans l’un des locaux, une entité française qui travaillait sur les forêts présentait le travail qu’elle avait fait au cours de ces cinquante dernières années. Certaines images étaient particulièrement frappantes ; pour le même paysage, ils nous montraient des collines totalement déboisées, puis les mêmes complètement reboisées. Il n’existait pas d’indicateurs à l’époque, mais la décision avait été prise de reboiser et aujourd’hui son bénéfice, par rapport aux intempéries que l’on a connues, est extraordinaire. On a évité ici des milliards de dégâts grâce à ce travail de reboisement qui a été réalisé au début des années 20 ou 30. Cela montre, d’une certaine manière, la vanité de tous ces indicateurs.
Je reviens à cette question de “comment mesurer” et les décisions à prendre. J’étais à Arles voici peu de temps, pour voir ces expositions photographiques. Dans l’un des locaux, une entité française qui travaillait sur les forêts présentait le travail qu’elle avait fait au cours de ces cinquante dernières années. Certaines images étaient particulièrement frappantes ; pour le même paysage, ils nous montraient des collines totalement déboisées, puis les mêmes complètement reboisées. Il n’existait pas d’indicateurs à l’époque, mais la décision avait été prise de reboiser et aujourd’hui son bénéfice, par rapport aux intempéries que l’on a connues, est extraordinaire. On a évité ici des milliards de dégâts grâce à ce travail de reboisement qui a été réalisé au début des années 20 ou 30. Cela montre, d’une certaine manière, la vanité de tous ces indicateurs.
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vers cette poste qu’iront les clients plutôt que vers une autre, dans un système complètement concurrentiel. En revanche, c’est très difficile à faire pour un État et aussi pour une entreprise; elle doit avoir une taille importante et plusieurs activités. T R A U T M A N N : Hier, j’ai participé à une discussion sur le rapport REACH qui est très important. Il doit permettre, une fois adopté et mis en directives, d’enregistrer des substances. Il met en cause absolument tout ce dont nous discutons ici.
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vers cette poste qu’iront les clients plutôt que vers une autre, dans un système complètement concurrentiel. En revanche, c’est très difficile à faire pour un État et aussi pour une entreprise; elle doit avoir une taille importante et plusieurs activités. T R A U T M A N N : Hier, j’ai participé à une discussion sur le rapport REACH qui est très important. Il doit permettre, une fois adopté et mis en directives, d’enregistrer des substances. Il met en cause absolument tout ce dont nous discutons ici.
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Deux points sont tout à fait intéressants par rapport la question posée: on ne peut pas traiter de ces questions à l’échelle stricte des États. On a besoin d’indicateurs pour nous permettre d’aller le plus loin possible vers l’international et vers la plus grande visibilité et acceptabilité possible et L’intérêt d’un indicateur aussi la pertinence dans l’usage que l’on peut en faire dans l’entreprise est de répondre à un objectif” et dans la collectivité locale.
Deux points sont tout à fait intéressants par rapport la question posée: on ne peut pas traiter de ces questions à l’échelle stricte des États. On a besoin d’indicateurs pour nous permettre d’aller le plus loin possible vers l’international et vers la plus grande visibilité et acceptabilité possible et L’intérêt d’un indicateur aussi la pertinence dans l’usage que l’on peut en faire dans l’entreprise est de répondre à un objectif” et dans la collectivité locale.
Le développement durable n’est pas une notion simple. La combinaison des critères est une équation à données multiples. Si on raisonne par indicateurs, il faut forcément trouver les moyens de les combiner. C’est ce que vous disiez tout à l’heure. C’est simplement un problème de concurrence, de compétitions entre pays forcément larvées, discrètes, avec des pays qui ont les plus grands groupes chimiques (Allemagne, France). Nous sommes toujours confrontés à ces questions dans des enjeux économiques, chacun voulant sauver la compétitivité.
Le développement durable n’est pas une notion simple. La combinaison des critères est une équation à données multiples. Si on raisonne par indicateurs, il faut forcément trouver les moyens de les combiner. C’est ce que vous disiez tout à l’heure. C’est simplement un problème de concurrence, de compétitions entre pays forcément larvées, discrètes, avec des pays qui ont les plus grands groupes chimiques (Allemagne, France). Nous sommes toujours confrontés à ces questions dans des enjeux économiques, chacun voulant sauver la compétitivité.
Puis, une collègue nordique a dit : “Nous avons un problème car, pour nous, le développement durable est la condition de notre compétitivité nationale”. La question nous était donc posée : “Le développement durable est-il un objectif, une condition ? Cette question est-elle posée aujourd’hui ? En posant la question des indicateurs, ne renvoie-t-on pas le problème à demain ? Cette collègue disait qu’il fallait avancer dans l’enregistrement de ces substances, et de manière suffisamment claire et ambitieuse, même si on cherche l’équilibre entre les emplois, la production de substances dont on a besoin dans l’industrie, la santé des gens et l’environnement. Je pense qu’il existe trois types d’appréciation :
Puis, une collègue nordique a dit : “Nous avons un problème car, pour nous, le développement durable est la condition de notre compétitivité nationale”. La question nous était donc posée : “Le développement durable est-il un objectif, une condition ? Cette question est-elle posée aujourd’hui ? En posant la question des indicateurs, ne renvoie-t-on pas le problème à demain ? Cette collègue disait qu’il fallait avancer dans l’enregistrement de ces substances, et de manière suffisamment claire et ambitieuse, même si on cherche l’équilibre entre les emplois, la production de substances dont on a besoin dans l’industrie, la santé des gens et l’environnement. Je pense qu’il existe trois types d’appréciation :
– un type d’appréciation ou de critères qui sont indispensables à la décision publique;
– un type d’appréciation ou de critères qui sont indispensables à la décision publique;
– la décision publique doit être la plus collective et la plus partagée possible ;
– la décision publique doit être la plus collective et la plus partagée possible ;
– les aides à la décision.
– les aides à la décision.
J’ai été très sensible à ce que disait Gilles Pennequin. Si nous allons vers des contrats de plan État/région en ayant plusieurs scénarios et en les tenant de manière publique, cela permet aux gens de se prononcer et de faire le choix. Le problème est que l’on refuse souvent que le choix soit partagé. Or, c’est là que nous devons pouvoir avancer, à mon avis.
J’ai été très sensible à ce que disait Gilles Pennequin. Si nous allons vers des contrats de plan État/région en ayant plusieurs scénarios et en les tenant de manière publique, cela permet aux gens de se prononcer et de faire le choix. Le problème est que l’on refuse souvent que le choix soit partagé. Or, c’est là que nous devons pouvoir avancer, à mon avis.
Ensuite, il nous faut les critères de sanctions. Traduit-on le scénario ou pas dans le budget ? Nous avons alors une pénalité de pollution. La manière dont on a introduit le pacte de stabilité en Europe, avec des sanctions pour les pays, est indicative de l’économisme dans lequel nous vivons. Pourquoi n’est-ce pas possible pour les ressources, l’éducation ou la santé ? Il faut peut-être s’orienter vers des indicateurs prospectifs qui permettent la combinaison du scénario optimal et qui nécessitent des indicateurs-sanctions.
Ensuite, il nous faut les critères de sanctions. Traduit-on le scénario ou pas dans le budget ? Nous avons alors une pénalité de pollution. La manière dont on a introduit le pacte de stabilité en Europe, avec des sanctions pour les pays, est indicative de l’économisme dans lequel nous vivons. Pourquoi n’est-ce pas possible pour les ressources, l’éducation ou la santé ? Il faut peut-être s’orienter vers des indicateurs prospectifs qui permettent la combinaison du scénario optimal et qui nécessitent des indicateurs-sanctions.
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Ces indicateurs ont forcément un lien avec l’appréciation de la participation à la décision publique. C’est à la qualité de la décision publique et au coût (environnemental, social, budgétaire) puisque c’est au niveau des ressources dont on dispose et de l’économie qu’on retire de celles-ci que l’on peut apprécier la politique publique.
Ces indicateurs ont forcément un lien avec l’appréciation de la participation à la décision publique. C’est à la qualité de la décision publique et au coût (environnemental, social, budgétaire) puisque c’est au niveau des ressources dont on dispose et de l’économie qu’on retire de celles-ci que l’on peut apprécier la politique publique.
Voilà, simplement comment j’apprécierais les choses. Sur le plan européen, nous avons cette double question : faire avancer et mettre, en face des règles rigides sur le plan monétaire et économique que nous nous sommes données, des règles qui constituent les clés du développement durable. Sinon, nous irons vraiment vers une dissociation des pays avec ceux entrant récemment dans l’Union qui disent : “Vous nous ennuyez avec vos critères environnementaux. Nous voulons vous rattraper, nous n’avons pas le temps de nous occuper de cela”. À un moment donné, le progrès, c’est le progrès que l’on peut contribuer à financer ailleurs que chez soi. Si on pose la question du progrès pour les États, ce n’est pas forcément le Mettre en face des règles rigides progrès pour son État, sur le plan monétaire et économique mais celui qui est partagé des règles qui constituent les clés entre les États qui n’ont pas les mêmes critères de du développement durable” développement durable.
Voilà, simplement comment j’apprécierais les choses. Sur le plan européen, nous avons cette double question : faire avancer et mettre, en face des règles rigides sur le plan monétaire et économique que nous nous sommes données, des règles qui constituent les clés du développement durable. Sinon, nous irons vraiment vers une dissociation des pays avec ceux entrant récemment dans l’Union qui disent : “Vous nous ennuyez avec vos critères environnementaux. Nous voulons vous rattraper, nous n’avons pas le temps de nous occuper de cela”. À un moment donné, le progrès, c’est le progrès que l’on peut contribuer à financer ailleurs que chez soi. Si on pose la question du progrès pour les États, ce n’est pas forcément le Mettre en face des règles rigides progrès pour son État, sur le plan monétaire et économique mais celui qui est partagé des règles qui constituent les clés entre les États qui n’ont pas les mêmes critères de du développement durable” développement durable.
B U C H M A N N
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Je suis aussi élue au Conseil régional d’Alsace.
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Je suis aussi élue au Conseil régional d’Alsace.
Le développement durable doit être considéré comme étant une condition de développement et pas du tout comme un objectif. Si c’est un objectif, c’est encore une fois du “blabla” et cela ne sert pas à grand-chose. L’expression que tu as utilisée, dont tu m’as déjà parlé quand nous avions agi ensemble, me paraît parfaitement pertinente : “Développement durable : conditions pour le développement dans le pays, pour l’intégration des pays de l’Est mais aussi dans la relation Nord-Sud”.
Le développement durable doit être considéré comme étant une condition de développement et pas du tout comme un objectif. Si c’est un objectif, c’est encore une fois du “blabla” et cela ne sert pas à grand-chose. L’expression que tu as utilisée, dont tu m’as déjà parlé quand nous avions agi ensemble, me paraît parfaitement pertinente : “Développement durable : conditions pour le développement dans le pays, pour l’intégration des pays de l’Est mais aussi dans la relation Nord-Sud”.
Nous ne pouvons pas continuer à laisser dépérir l’Afrique, elle continue à être pillée par les pays du Nord. Nous ne pouvons pas nous permettre non plus que des pays en émergence et en développement soient confrontés à des questions énergétiques et de consommation énergétique. Mon sentiment est qu’en France nous avons un problème culturel.
Nous ne pouvons pas continuer à laisser dépérir l’Afrique, elle continue à être pillée par les pays du Nord. Nous ne pouvons pas nous permettre non plus que des pays en émergence et en développement soient confrontés à des questions énergétiques et de consommation énergétique. Mon sentiment est qu’en France nous avons un problème culturel.
On dit que la Chine veut développer le nucléaire. Mais, en parlant avec des Chinois ou des personnes qui vont en Chine et qui sont en contact avec la population, nous voyons une prise en compte des questions environnementales, énergétiques et des stratégies d’énergies renouvelables dont nous n’avons pas du tout conscience. Ils sont beaucoup plus avancés que nous. Mon sentiment est que nous sommes en retard par rapport aux réflexions mondiales et même africaines. Lors de la préparation de Johannesburg, nous avons été en contact avec des hommes et des femmes de tous les pays africains. Je ne parle pas des analphabètes mais des personnes qui participent aux réflexions. Ils en savent bien plus.
On dit que la Chine veut développer le nucléaire. Mais, en parlant avec des Chinois ou des personnes qui vont en Chine et qui sont en contact avec la population, nous voyons une prise en compte des questions environnementales, énergétiques et des stratégies d’énergies renouvelables dont nous n’avons pas du tout conscience. Ils sont beaucoup plus avancés que nous. Mon sentiment est que nous sommes en retard par rapport aux réflexions mondiales et même africaines. Lors de la préparation de Johannesburg, nous avons été en contact avec des hommes et des femmes de tous les pays africains. Je ne parle pas des analphabètes mais des personnes qui participent aux réflexions. Ils en savent bien plus.
Tu as dit que les mesures que nous devrions proposer sont impopulaires. Pour cela, je dirai quasiment la même chose. En discutant avec les gens ces derniers temps, avec l’augmentation du prix du pétrole, ils se rendent compte que ce n’est pas une crise transitoire mais durable. Dans leur propre stratégie de ménage, de petits groupes, de villages, etc., ils doivent intégrer cela et ils l’intègrent, et ce autour de deux facteurs fondamentaux : le déplacement (l’essence) et le chauffage. J’ai également le
Tu as dit que les mesures que nous devrions proposer sont impopulaires. Pour cela, je dirai quasiment la même chose. En discutant avec les gens ces derniers temps, avec l’augmentation du prix du pétrole, ils se rendent compte que ce n’est pas une crise transitoire mais durable. Dans leur propre stratégie de ménage, de petits groupes, de villages, etc., ils doivent intégrer cela et ils l’intègrent, et ce autour de deux facteurs fondamentaux : le déplacement (l’essence) et le chauffage. J’ai également le
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sentiment qu’une partie de la population, et pas forcément des élites, est en avance par rapport aux décisionnaires. Nous avons vraiment un problème culturel en France, celui de nos élites.
sentiment qu’une partie de la population, et pas forcément des élites, est en avance par rapport aux décisionnaires. Nous avons vraiment un problème culturel en France, celui de nos élites.
En tant qu’élue locale, j’aimerais bien que, lors d’un choix entre tel ou tel type de politique, nous ayons une grille. Alors, je ne suis pas sûre qu’il faille faire une “usine à gaz” développement durable, mais des idées simples qui correspondent à des choses essentielles. C’est la question de l’énergie qui me paraît la plus essentielle. À partir de cela, nous pouvons réfléchir et choisir d’autres politiques à condition d’avoir une connivence. Lundi, mon Président de Une partie de la population, région a signé un papier sur les énergies renouvelables ; je ne l’aurais pas et pas forcément des élites, signé parce que je le trouve trop est en avance par rapport radical et que nous n’avons aucun aux décisionnaires” chiffre en face.
En tant qu’élue locale, j’aimerais bien que, lors d’un choix entre tel ou tel type de politique, nous ayons une grille. Alors, je ne suis pas sûre qu’il faille faire une “usine à gaz” développement durable, mais des idées simples qui correspondent à des choses essentielles. C’est la question de l’énergie qui me paraît la plus essentielle. À partir de cela, nous pouvons réfléchir et choisir d’autres politiques à condition d’avoir une connivence. Lundi, mon Président de Une partie de la population, région a signé un papier sur les énergies renouvelables ; je ne l’aurais pas et pas forcément des élites, signé parce que je le trouve trop est en avance par rapport radical et que nous n’avons aucun aux décisionnaires” chiffre en face.
Il est vrai que nous faisons des choses, je le vois au quotidien, puisque je fais partie de l’assemblée : nous avons, d’un côté, tout un discours sur les énergies renouvelables, nous donnons des crédits en relation avec l’ADEME, nous faisons des shows, etc. En réalité, les grands choix énergétiques sont tout à fait à l’opposé. On a soutenu un contournement autoroutier à Strasbourg, mais c’est aberrant dans la situation actuelle des questions énergétiques. On donne beaucoup d’argent aux villages et un peu partout pour l’éclairage de choses débiles, des monuments, etc. C’est pareil du point de vue de l’économie. On soutient officiellement un certain type d’économie qui intègre les énergies renouvelables mais, par ailleurs, c’est le patronat le plus classique qui est en réalité aux manettes.
Il est vrai que nous faisons des choses, je le vois au quotidien, puisque je fais partie de l’assemblée : nous avons, d’un côté, tout un discours sur les énergies renouvelables, nous donnons des crédits en relation avec l’ADEME, nous faisons des shows, etc. En réalité, les grands choix énergétiques sont tout à fait à l’opposé. On a soutenu un contournement autoroutier à Strasbourg, mais c’est aberrant dans la situation actuelle des questions énergétiques. On donne beaucoup d’argent aux villages et un peu partout pour l’éclairage de choses débiles, des monuments, etc. C’est pareil du point de vue de l’économie. On soutient officiellement un certain type d’économie qui intègre les énergies renouvelables mais, par ailleurs, c’est le patronat le plus classique qui est en réalité aux manettes.
Il faut vraiment arriver à une cohérence de politiques. À condition d’avoir des grilles simples, la question énergétique peut se décliner de façon très intéressante.
Si vous dites : “Je vais réduire ma consommation d’essence, donc adopter une stratégie à partir de l’endroit où j’habite, pour ma propre maison mais aussi pour ce qui est autour, et aller à La Poste à bicyclette, à pied, en bus, etc.”. L’ensemble de la vie se décline autour de cela. Les personnes décisionnaires À condition d’avoir des grilles simples, doivent faire en sorte que La Poste soit le plus près possible des personnes, dans les plus petits bourgs. la question énergétique peut se décliner de façon très intéressante” Ce sont des stratégies d’aménagement qui me semblent tout à fait intéressantes.
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M O I S A N : Nous avons près de cinq minutes pour des propositions. Je souhaite qu’à partir des problèmes abordés, vous puissiez formuler des conditions plutôt que des objectifs, pour essayer de donner quelques conclusions.
F R A N Ç O I S
T É N I È R E - B U C H O T : Je suis tout à fait d’accord avec la plupart des choses qui ont été dites alors je ne veux pas les paraphraser.
P I E R R E - F R É D É R I C
Avec ce qui vient d’être dit par les uns et les autres, j’aurais préféré le titre : “Quelle mesure du développement pour les États ?” Ce qui a été dit sur les nouveaux arrivants dans l’Union européenne est encore plus valable dans les pays du Sud, notamment d’Afrique. Plus un pays a des difficultés, moins les États sont représentatifs de la population. Sur les 191 pays présents à l’ONU, nous en avons 121, à peu près, où les États sont représentés mais cela ne veut pas du tout dire qu’il y a eu progrès. Pour les jeu-
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Il faut vraiment arriver à une cohérence de politiques. À condition d’avoir des grilles simples, la question énergétique peut se décliner de façon très intéressante.
Si vous dites : “Je vais réduire ma consommation d’essence, donc adopter une stratégie à partir de l’endroit où j’habite, pour ma propre maison mais aussi pour ce qui est autour, et aller à La Poste à bicyclette, à pied, en bus, etc.”. L’ensemble de la vie se décline autour de cela. Les personnes décisionnaires À condition d’avoir des grilles simples, doivent faire en sorte que La Poste soit le plus près possible des personnes, dans les plus petits bourgs. la question énergétique peut se décliner de façon très intéressante” Ce sont des stratégies d’aménagement qui me semblent tout à fait intéressantes.
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M O I S A N : Nous avons près de cinq minutes pour des propositions. Je souhaite qu’à partir des problèmes abordés, vous puissiez formuler des conditions plutôt que des objectifs, pour essayer de donner quelques conclusions.
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T É N I È R E - B U C H O T : Je suis tout à fait d’accord avec la plupart des choses qui ont été dites alors je ne veux pas les paraphraser.
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Avec ce qui vient d’être dit par les uns et les autres, j’aurais préféré le titre : “Quelle mesure du développement pour les États ?” Ce qui a été dit sur les nouveaux arrivants dans l’Union européenne est encore plus valable dans les pays du Sud, notamment d’Afrique. Plus un pays a des difficultés, moins les États sont représentatifs de la population. Sur les 191 pays présents à l’ONU, nous en avons 121, à peu près, où les États sont représentés mais cela ne veut pas du tout dire qu’il y a eu progrès. Pour les jeu-
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nes dont nous parlions tout à l’heure, il est probable que dans trente, quarante, cinquante ans, les États ne voudront pas dire grand-chose pour eux, beaucoup moins que les multinationales ou les ONG internationales.
nes dont nous parlions tout à l’heure, il est probable que dans trente, quarante, cinquante ans, les États ne voudront pas dire grand-chose pour eux, beaucoup moins que les multinationales ou les ONG internationales.
Focaliser le mot “progrès” en l’associant à “État” correspond à un développement durable que je connais bien : j’en ai fait partie comme technocrate. C’est celui d’offres institutionnelles. Cela ne veut absolument pas dire que les populations le partagent.
Focaliser le mot “progrès” en l’associant à “État” correspond à un développement durable que je connais bien : j’en ai fait partie comme technocrate. C’est celui d’offres institutionnelles. Cela ne veut absolument pas dire que les populations le partagent.
Un indicateur intéressant est le vote pour la Constitution européenne. Il montre vraiment la différence entre les institutions et ce que pense la population, comment elle réagit. Donc, nous avons du développement durable qui, malheureusement, ne correspond pas à ce que nous avons tous en tête ; il est beaucoup plus micro-économique, ou micro-social. C’est l’individu chinois que l’on interroge et non des entreprises ou le gouvernement chinois. Ils ne disent pas la même chose.
Un indicateur intéressant est le vote pour la Constitution européenne. Il montre vraiment la différence entre les institutions et ce que pense la population, comment elle réagit. Donc, nous avons du développement durable qui, malheureusement, ne correspond pas à ce que nous avons tous en tête ; il est beaucoup plus micro-économique, ou micro-social. C’est l’individu chinois que l’on interroge et non des entreprises ou le gouvernement chinois. Ils ne disent pas la même chose.
Il serait intéressant de redonner de la vigueur, dans un débat démocratique, de démocratie directe, à ce développement durable qui n’est absolument pas pris en compte la plupart du temps par les institutions.
Il serait intéressant de redonner de la vigueur, dans un débat démocratique, de démocratie directe, à ce développement durable qui n’est absolument pas pris en compte la plupart du temps par les institutions.
: J’ai lancé un groupe travail sur l’attractivité, la compétitivité durable du territoire au sein de la DATAR. Nous nous sommes rendu compte très vite que nous manquions d’outils pour mesurer les externalités négatives. À partir du moment où nous ne sommes pas capables de prouver que c’est une condition, — le développement durable étant un processus — il faut peut-être insister sur les indicateurs d’objectifs et travailler à l’élaboration d’indicateurs qui montrent que c’est une condition.
P E N N E Q U I N
G I L L E S
J’ai été aussi conseiller régional écologiste, donc j’ai été porteur du discours de la démocratie participative. L’appareil dans lequel j’étais ne l’appliquait absolument pas, mais c’est autre chose ! Nous pouvons également avoir des gens qui, démocratiquement, refusent le développement durable. J’étais dans le bassin minier du Nord/Pasde-Calais, à côté de Métal Europe. Chaque fois que l’on prenait des mesures, je recevais des lettres incendiaires des habitants.
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U N
: Évidemment, l’échelle de l’État n’est pas idéale mais cela semble être, malheureusement, la moins mauvaise.
I N T E R V E N A N T
Comme le disait Catherine Trautmann, le progrès partagé par les États serait de donner à un indicateur national une dimension internationale qui mesure l’impact de ce pays sur les pays environnants. On peut très bien imaginer qu’un pays soit “environnementalement” parfait, mais s’il dépose ses déchets nucléaires ailleurs, l’indice n’a plus aucun sens. G É R A R D : Une remarque sur le titre : “Assurer le progrès pour les États, de développement durable sur les États”. Je pense que c’est à souligner : “progrès” est trop flou, “développement durable” l’est moins.
J E A N - L U C
On demande aux consommateurs d’être durables, il faut aussi le demander à l’État, le mesurer et le comparer”
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Quels indicateurs pour quels États ? Je voudrais rappeler que l’État est le premier consommateur de chaque pays. C’est le plus gros client de toutes les industries. Donc, il faut essayer de mesurer quelles sont ses dépenses. On demande aux consommateurs d’être durables, il faut aussi le demander à l’État, le mesurer et le comparer.
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: J’ai lancé un groupe travail sur l’attractivité, la compétitivité durable du territoire au sein de la DATAR. Nous nous sommes rendu compte très vite que nous manquions d’outils pour mesurer les externalités négatives. À partir du moment où nous ne sommes pas capables de prouver que c’est une condition, — le développement durable étant un processus — il faut peut-être insister sur les indicateurs d’objectifs et travailler à l’élaboration d’indicateurs qui montrent que c’est une condition.
P E N N E Q U I N
J’ai été aussi conseiller régional écologiste, donc j’ai été porteur du discours de la démocratie participative. L’appareil dans lequel j’étais ne l’appliquait absolument pas, mais c’est autre chose ! Nous pouvons également avoir des gens qui, démocratiquement, refusent le développement durable. J’étais dans le bassin minier du Nord/Pasde-Calais, à côté de Métal Europe. Chaque fois que l’on prenait des mesures, je recevais des lettres incendiaires des habitants.
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U N
: Évidemment, l’échelle de l’État n’est pas idéale mais cela semble être, malheureusement, la moins mauvaise.
I N T E R V E N A N T
Comme le disait Catherine Trautmann, le progrès partagé par les États serait de donner à un indicateur national une dimension internationale qui mesure l’impact de ce pays sur les pays environnants. On peut très bien imaginer qu’un pays soit “environnementalement” parfait, mais s’il dépose ses déchets nucléaires ailleurs, l’indice n’a plus aucun sens. G É R A R D : Une remarque sur le titre : “Assurer le progrès pour les États, de développement durable sur les États”. Je pense que c’est à souligner : “progrès” est trop flou, “développement durable” l’est moins.
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On demande aux consommateurs d’être durables, il faut aussi le demander à l’État, le mesurer et le comparer”
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Quels indicateurs pour quels États ? Je voudrais rappeler que l’État est le premier consommateur de chaque pays. C’est le plus gros client de toutes les industries. Donc, il faut essayer de mesurer quelles sont ses dépenses. On demande aux consommateurs d’être durables, il faut aussi le demander à l’État, le mesurer et le comparer.
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Nous avons les deux extrêmes :
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Nous avons les deux extrêmes :
— ce n’est pas au niveau des États qu’il faut mesurer parce que cela n’a pas forcément de signification ;
— l’État a quand même un rôle important car il est encore prescripteur de beaucoup de choses, et donc il s’agit de pouvoir évaluer son efficacité.
— l’État a quand même un rôle important car il est encore prescripteur de beaucoup de choses, et donc il s’agit de pouvoir évaluer son efficacité.
Il faut bien regarder les deux. Maintenant, s’agissant d’un indicateur global, pour quoi faire ? Mesure-t-on l’évolution dans le temps ? Personnellement — je m’exprime aussi en tant qu’animateur — l’évolution dans le temps semble être moins compliquée, mais les comparaisons internationales sont bigrement difficiles. Dans un pays vraiment froid, il faut chauffer, cela paraît évident, mais dans les négociations internationales, lorsque l’on parle aux Américains, ils disent : “Nous sommes un grand pays, donc nous devons nous déplacer”. Nous voyons bien les limites de ces national circumstancies, cela peut aller très loin dans les discussions.
Il faut bien regarder les deux. Maintenant, s’agissant d’un indicateur global, pour quoi faire ? Mesure-t-on l’évolution dans le temps ? Personnellement — je m’exprime aussi en tant qu’animateur — l’évolution dans le temps semble être moins compliquée, mais les comparaisons internationales sont bigrement difficiles. Dans un pays vraiment froid, il faut chauffer, cela paraît évident, mais dans les négociations internationales, lorsque l’on parle aux Américains, ils disent : “Nous sommes un grand pays, donc nous devons nous déplacer”. Nous voyons bien les limites de ces national circumstancies, cela peut aller très loin dans les discussions.
: Il est certain que l’État n’est pas le seul en niveau. La nécessité de mesurer à chaque niveau est importante, aussi bien à celui de l’État ou des États que de l’ensemble des collectivités territoriales.
C H O S S O N
A L A I N
: Il est certain que l’État n’est pas le seul en niveau. La nécessité de mesurer à chaque niveau est importante, aussi bien à celui de l’État ou des États que de l’ensemble des collectivités territoriales.
C H O S S O N
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Nous sommes sollicités actuellement par le gouvernement, mais c’est arrivé aussi avec les précédents, qui nous dit : qu’attendez-vous pour convaincre les consommateurs qu’ils doivent consommer ? sans dire un seul mot sur le type de consommation et de croissance que l’on souhaite. Ce que disait Florice, au début, est tout à fait important. Nous sommes effarés de voir l’écart entre l’affichage de la stratégie nationale de développement durable — cela a au moins le mérite d’être écrit — avec des d’objectifs et ce qui se fait au quotidien. Trop souvent les politiques sectorielles sont contradictoires entre elles et assez éloignées de la statégie de changement esquissée par ailleurs. Dans les outils de mesure utilisés on en est encore à dire que polluer pour ensuite dépolluer est bon pour le PIB ! Comment voulez-vous entraîner l’adhésion de qui que ce soit avec de telles contradictions ?
Nous sommes sollicités actuellement par le gouvernement, mais c’est arrivé aussi avec les précédents, qui nous dit : qu’attendez-vous pour convaincre les consommateurs qu’ils doivent consommer ? sans dire un seul mot sur le type de consommation et de croissance que l’on souhaite. Ce que disait Florice, au début, est tout à fait important. Nous sommes effarés de voir l’écart entre l’affichage de la stratégie nationale de développement durable — cela a au moins le mérite d’être écrit — avec des d’objectifs et ce qui se fait au quotidien. Trop souvent les politiques sectorielles sont contradictoires entre elles et assez éloignées de la statégie de changement esquissée par ailleurs. Dans les outils de mesure utilisés on en est encore à dire que polluer pour ensuite dépolluer est bon pour le PIB ! Comment voulez-vous entraîner l’adhésion de qui que ce soit avec de telles contradictions ?
Ce n’est pas le fait qu’il Trop souvent les politiques faille de la croissance ou pas, sectorielles sont contradictoires mais de déterminer quelle croissance : quelles sont les mesures entre elles et assez éloignées à prendre impérativement pour de la statégie de changement que les choses changent en esquissée par ailleurs” France ? Parlons de nous, déjà ! Nous savons que ces mesures sont, par ailleurs, créatrices d’emplois dont certains sont non délocalisables, etc.
Ce n’est pas le fait qu’il Trop souvent les politiques faille de la croissance ou pas, sectorielles sont contradictoires mais de déterminer quelle croissance : quelles sont les mesures entre elles et assez éloignées à prendre impérativement pour de la statégie de changement que les choses changent en esquissée par ailleurs” France ? Parlons de nous, déjà ! Nous savons que ces mesures sont, par ailleurs, créatrices d’emplois dont certains sont non délocalisables, etc.
Il existe un autre texte qui dit qu’avant chaque texte législatif et réglementaire il faut une étude d’impact. Mais où est-elle ? Chaque fois que l’on va rédiger un texte, recalons-nous sur cette stratégie nationale pour vérifier si ce que nous sommes en train de débattre correspond ou pas. Si cela ne va pas, on refait la copie. Mais nous n’en sommes même pas là aujourd’hui.
Il existe un autre texte qui dit qu’avant chaque texte législatif et réglementaire il faut une étude d’impact. Mais où est-elle ? Chaque fois que l’on va rédiger un texte, recalons-nous sur cette stratégie nationale pour vérifier si ce que nous sommes en train de débattre correspond ou pas. Si cela ne va pas, on refait la copie. Mais nous n’en sommes même pas là aujourd’hui.
Il faut mesurer ce que nous faisons mais aussi ce que nous ne faisons pas.
Il faut mesurer ce que nous faisons mais aussi ce que nous ne faisons pas.
En ce qui concerne la discussion sur les mesures de progrès, je pense qu’il ne s’agissait pas du “progrès” technique ou scientifique, mais : comment mesurer les progrès que nous réalisons dans nos méthodes et pratiques. ©
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— ce n’est pas au niveau des États qu’il faut mesurer parce que cela n’a pas forcément de signification ;
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En ce qui concerne la discussion sur les mesures de progrès, je pense qu’il ne s’agissait pas du “progrès” technique ou scientifique, mais : comment mesurer les progrès que nous réalisons dans nos méthodes et pratiques. 86
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Que l’État fasse d’abord ce qu’il demande aux autres de faire.
U N E
M O I S A N : Dans le rapport de la Commission que j’ai reçu voici deux jours, nous avons le nombre d’études d’impact à réaliser pour chaque État par rapport à la législation.
F R A N Ç O I S
: Ce qui est tout de même encourageant, c’est que nous avons le sentiment que davantage de choses bougent actuellement dans des collectivités territoriales, chez les individus, les groupes. Les gens qui viennent dans les espaces InfoÉnergie ne se demandent pas s’ils doivent être sensibilisés : ils veulent passer à l’acte. Ils se heurtent continuellement à des obstacles, c’est encore un parcours du combattant.
A L A I N
D E L A V E R G N E : Il me semblerait utile de préciser. Développer des indicateurs de développement durable me paraît être une démarche intéressante. Néanmoins, un système d’indicateurs intégrés faisant que les décideurs se saisissent de ces indicateurs d’environnement, d’écologie, de développement, de valorisation, de préservation des milieux et de valorisation des ressources naturelles, et ce, au même niveau que les autres indicateurs, serait très certainement des aides à la décision d’une autre nature que celles que nous avons actuellement.
F R A N Ç O I S
C H O S S O N
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: Ce qui est tout de même encourageant, c’est que nous avons le sentiment que davantage de choses bougent actuellement dans des collectivités territoriales, chez les individus, les groupes. Les gens qui viennent dans les espaces InfoÉnergie ne se demandent pas s’ils doivent être sensibilisés : ils veulent passer à l’acte. Ils se heurtent continuellement à des obstacles, c’est encore un parcours du combattant.
C H O S S O N
Vous parliez des études d’impact. J’ai vécu au ministère de l’Environnement une période où l’on considérait comme une victoire fabuleuse d’imposer des études d’impact avant les mises en place des grands équipements.
Vous parliez des études d’impact. J’ai vécu au ministère de l’Environnement une période où l’on considérait comme une victoire fabuleuse d’imposer des études d’impact avant les mises en place des grands équipements.
On constate, comme vous l’avez dit, que les études d’impact sont relativement marginalisées dans le processus de décision. Elles sont faites parce qu’elles sont obligatoires. Sont-elles vraiment utiles pour remettre en cause les décisions ? Dans 99 % des cas, non. La question est l’intégration de cette dimension d’études de l’impact environnemental, écologique et de développement durable, de la durabilité des milieux et des ressources, dans des critères de décision des décideurs aujourd’hui. Catherine Trautmann disait qu’il fallait se battre pour que, chaque fois que l’on prend une décision, l’ensemble des éléments du jeu soit pris en considération. Cela signifie que l’on a mené une action parallèle de mise en forme de ces systèmes d’implication préalables à la décision et pas seulement l’avis du bonheur national brut, ou du développement durable brut, qui sera l’indicateur spécifique.
On constate, comme vous l’avez dit, que les études d’impact sont relativement marginalisées dans le processus de décision. Elles sont faites parce qu’elles sont obligatoires. Sont-elles vraiment utiles pour remettre en cause les décisions ? Dans 99 % des cas, non. La question est l’intégration de cette dimension d’études de l’impact environnemental, écologique et de développement durable, de la durabilité des milieux et des ressources, dans des critères de décision des décideurs aujourd’hui. Catherine Trautmann disait qu’il fallait se battre pour que, chaque fois que l’on prend une décision, l’ensemble des éléments du jeu soit pris en considération. Cela signifie que l’on a mené une action parallèle de mise en forme de ces systèmes d’implication préalables à la décision et pas seulement l’avis du bonheur national brut, ou du développement durable brut, qui sera l’indicateur spécifique.
M O I S A N : Cela oblige à des évaluations de politiques connues et à s’interroger selon les réflexions.
F R A N Ç O I S
D E L A V E R G N E : …réflexions sur le système d’évaluation publique et d’aides à la décision nationale intégrant ces éléments de valeur pondérable qui démarrent.
F R A N Ç O I S
Je suis très content de voir que la DATAR est en train de mettre en place un système d’indications. Pour reprendre l’exemple des évaluations des politiques européennes, nous avons besoin des cinq ou dix indicateurs simples pour mettre, d’un côté, les indicateurs emploi, croissance économique, pourcentage de personnes en insertion qui trouvent un emploi au bout de deux ans, etc.
Pour reprendre l’exemple des évaluations des politiques européennes, nous avons besoin des cinq ou dix indicateurs simples”
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Que l’État fasse d’abord ce qu’il demande aux autres de faire.
D E L A V E R G N E : Il me semblerait utile de préciser. Développer des indicateurs de développement durable me paraît être une démarche intéressante. Néanmoins, un système d’indicateurs intégrés faisant que les décideurs se saisissent de ces indicateurs d’environnement, d’écologie, de développement, de valorisation, de préservation des milieux et de valorisation des ressources naturelles, et ce, au même niveau que les autres indicateurs, serait très certainement des aides à la décision d’une autre nature que celles que nous avons actuellement.
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M O I S A N : Dans le rapport de la Commission que j’ai reçu voici deux jours, nous avons le nombre d’études d’impact à réaliser pour chaque État par rapport à la législation.
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Cependant, ils doivent être mis ensemble dans un système qui permette une appréciation globale de la stratégie de dépenses publiques. Sinon, nous aurons toujours d’abord l’écono-
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M O I S A N : Cela oblige à des évaluations de politiques connues et à s’interroger selon les réflexions.
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D E L A V E R G N E : …réflexions sur le système d’évaluation publique et d’aides à la décision nationale intégrant ces éléments de valeur pondérable qui démarrent.
F R A N Ç O I S
Je suis très content de voir que la DATAR est en train de mettre en place un système d’indications. Pour reprendre l’exemple des évaluations des politiques européennes, nous avons besoin des cinq ou dix indicateurs simples pour mettre, d’un côté, les indicateurs emploi, croissance économique, pourcentage de personnes en insertion qui trouvent un emploi au bout de deux ans, etc.
Pour reprendre l’exemple des évaluations des politiques européennes, nous avons besoin des cinq ou dix indicateurs simples”
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Cependant, ils doivent être mis ensemble dans un système qui permette une appréciation globale de la stratégie de dépenses publiques. Sinon, nous aurons toujours d’abord l’écono-
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mie, sous la pression des lobbies, ensuite éventuellement l’emploi et le social sous la pression des collectivités locales qui, du fait de la proximité, ont les problèmes sociaux à gérer à leurs portes, et le reste après.
mie, sous la pression des lobbies, ensuite éventuellement l’emploi et le social sous la pression des collectivités locales qui, du fait de la proximité, ont les problèmes sociaux à gérer à leurs portes, et le reste après.
M O I S A N : Merci. J’ai trouvé ces échanges passionnants. Au début, le titre m’a paru très technique mais nous avons abordé beaucoup de choses très concrètes.
M O I S A N : Merci. J’ai trouvé ces échanges passionnants. Au début, le titre m’a paru très technique mais nous avons abordé beaucoup de choses très concrètes.
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Les États-Unis donnent l’exemple, aujourd’hui, de collectivités locales capables de prendre des décisions et de s’engager”
Si on m’avait demandé de proposer un titre à cet atelier, j’aurais plutôt choisi : “Quelle mesure pour la créativité ? Nous avons besoin d’être véritablement créatifs aujourd’hui et pas par rapport à ces notions qui ne font plus référence : mesure, progrès et État. Donc, il s’agit de sortir d’une logique et de s’efforcer de penser autrement.
Je voudrais donner un dernier exemple, celui des États-Unis. C’est un immense État et il est toujours critiqué parce qu’il ne se met pas au diapason et qu’il ne respecte pas des conventions internationales. Ce n’est pas le seul, d’autres signent et ne les respectent pas pour autant. Les États-Unis donnent l’exemple, aujourd’hui, de collectivités locales capables de prendre des décisions et de s’engager. Cela ne vient pas de l’État et ce n’est pas sur la base des indicateurs et des informations fournies par l’État. Ces décisions viennent vraiment d’une prise de conscience en fonction d’une situation donnée, celle que vivent tous les concitoyens aujourd’hui. C’est le principe de proximité. C’est à partir de cela que nous devrions enrichir notre débat.
Les États-Unis donnent l’exemple, aujourd’hui, de collectivités locales capables de prendre des décisions et de s’engager”
M O I S A N : Merci. Votre contribution est très intéressante dans notre débat. Vous posez des questions par rapport à l’intitulé de l’atelier : est-ce l’État ?
F R A N Ç O I S
Chacun peut vous suivre ou ne pas être d’accord. Beaucoup de choses ne sont pas convergentes. Comparaisons internationales ? Oui ? Non ? Par exemple, dans les négociations internationales, le terme consacré est national circumstances : cela exprime qu’il est tout à fait normal qu’un Américain consomme telle chose mais pas un habitant d’un autre pays.
Chacun peut vous suivre ou ne pas être d’accord. Beaucoup de choses ne sont pas convergentes. Comparaisons internationales ? Oui ? Non ? Par exemple, dans les négociations internationales, le terme consacré est national circumstances : cela exprime qu’il est tout à fait normal qu’un Américain consomme telle chose mais pas un habitant d’un autre pays.
Nous pouvons dire ne pas avoir besoin de comparaisons internationales. Cela dépend, je trouve qu’elles peuvent servir.
Nous pouvons dire ne pas avoir besoin de comparaisons internationales. Cela dépend, je trouve qu’elles peuvent servir.
Je reviens sur ce que vous avez dit, je pense que cela porte débat. Ne faut-il pas tout de même responsabiliser l’État ? N’a-t-on pas besoin d’indicateurs pour dire à l’État ?…
Je reviens sur ce que vous avez dit, je pense que cela porte débat. Ne faut-il pas tout de même responsabiliser l’État ? N’a-t-on pas besoin d’indicateurs pour dire à l’État ?…
Vous dites que les États-Unis sont bien plus fédéralistes que nous. J’aimerais bien que nous soyons parfois un peu moins centralisés, un peu plus fédéraux.
Vous dites que les États-Unis sont bien plus fédéralistes que nous. J’aimerais bien que nous soyons parfois un peu moins centralisés, un peu plus fédéraux.
Faut-il un indicateur de développement durable ? Je me pose la question, je n’ai pas de réponse définitive. Par exemple, à la télévision, on parle d’indicateurs économiques de croissance. Malheureusement, on n’a pas d’indicateurs de développement durable. Cela permettrait aux médias de dire si nous progressons ou pas. En faut-il un ou, au contraire, le développement durable ne se mesure-t-il pas ?
Faut-il un indicateur de développement durable ? Je me pose la question, je n’ai pas de réponse définitive. Par exemple, à la télévision, on parle d’indicateurs économiques de croissance. Malheureusement, on n’a pas d’indicateurs de développement durable. Cela permettrait aux médias de dire si nous progressons ou pas. En faut-il un ou, au contraire, le développement durable ne se mesure-t-il pas ?
R E N A R D : Il faut peut-être faire une comparaison avec les entreprises. Nous sommes également dans la problématique de mesurer les effets de nos engagements dans le développement durable. Nous avons aussi un peu les mêmes objectifs : argumenter, prouver qu’au delà de la loi, etc., en tant qu’entreprise publique appartenant à l’État… De nombreuses grandes entreprises publiques appartiennent à l’État, il en est actionnaire. L’État a peut-être un rôle à jouer dans l’incitation de sa sphère économique publique. Nous avons, nous aussi, ces problèmes. Comment parle-t-on aux autres ?
H É L È N E
Si je prends La Poste et si je la compare à nos concurrents allemands, peut-on dire qu’il existe une poste en Europe plus “développement durable” qu’une autre ? Nous avons bien besoin d’avoir des indicateurs partagés et acceptés par tous. C’est peut-être 81
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Je voudrais donner un dernier exemple, celui des États-Unis. C’est un immense État et il est toujours critiqué parce qu’il ne se met pas au diapason et qu’il ne respecte pas des conventions internationales. Ce n’est pas le seul, d’autres signent et ne les respectent pas pour autant. Les États-Unis donnent l’exemple, aujourd’hui, de collectivités locales capables de prendre des décisions et de s’engager. Cela ne vient pas de l’État et ce n’est pas sur la base des indicateurs et des informations fournies par l’État. Ces décisions viennent vraiment d’une prise de conscience en fonction d’une situation donnée, celle que vivent tous les concitoyens aujourd’hui. C’est le principe de proximité. C’est à partir de cela que nous devrions enrichir notre débat. M O I S A N : Merci. Votre contribution est très intéressante dans notre débat. Vous posez des questions par rapport à l’intitulé de l’atelier : est-ce l’État ?
F R A N Ç O I S
H É L È N E
Si on m’avait demandé de proposer un titre à cet atelier, j’aurais plutôt choisi : “Quelle mesure pour la créativité ? Nous avons besoin d’être véritablement créatifs aujourd’hui et pas par rapport à ces notions qui ne font plus référence : mesure, progrès et État. Donc, il s’agit de sortir d’une logique et de s’efforcer de penser autrement.
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R E N A R D : Il faut peut-être faire une comparaison avec les entreprises. Nous sommes également dans la problématique de mesurer les effets de nos engagements dans le développement durable. Nous avons aussi un peu les mêmes objectifs : argumenter, prouver qu’au delà de la loi, etc., en tant qu’entreprise publique appartenant à l’État… De nombreuses grandes entreprises publiques appartiennent à l’État, il en est actionnaire. L’État a peut-être un rôle à jouer dans l’incitation de sa sphère économique publique. Nous avons, nous aussi, ces problèmes. Comment parle-t-on aux autres ?
Si je prends La Poste et si je la compare à nos concurrents allemands, peut-on dire qu’il existe une poste en Europe plus “développement durable” qu’une autre ? Nous avons bien besoin d’avoir des indicateurs partagés et acceptés par tous. C’est peut-être 81
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1.4 “Campagnes d’intérêt général”
1.4 “Campagnes d’intérêt général”
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animateur, Président des Amis du festival du vent : Bonjour. Je tiens à vous remercier d’avoir choisi cet atelier, ce sera le plus passionnant dans ce planning !
O R R U ,
S E R G E
animateur, Président des Amis du festival du vent : Bonjour. Je tiens à vous remercier d’avoir choisi cet atelier, ce sera le plus passionnant dans ce planning !
O R R U ,
Je voudrais vous offrir quelque chose. Puisque nous allons parler de campagnes et sans parler de la mienne, je vous fais passer ce sac réutilisable, vous allez pouvoir vous en servir. Ils sont réservés uniquement pour les gens de cet atelier, comme cela vous n’utiliserez plus de sacs plastiques. C’est un sac en nylon, fabriqué en Chine comme la plupart des objets que vous avez achetés hier. En revanche, vous allez pouvoir profiter d’un modèle réutilisable.
Je voudrais vous offrir quelque chose. Puisque nous allons parler de campagnes et sans parler de la mienne, je vous fais passer ce sac réutilisable, vous allez pouvoir vous en servir. Ils sont réservés uniquement pour les gens de cet atelier, comme cela vous n’utiliserez plus de sacs plastiques. C’est un sac en nylon, fabriqué en Chine comme la plupart des objets que vous avez achetés hier. En revanche, vous allez pouvoir profiter d’un modèle réutilisable.
Servez-vous ! Vous ferez vos courses en pensant à l’action “halte aux sacs plastiques” initiée par les Amis du vent en 1999 en Corse. Le vent est là.
Servez-vous ! Vous ferez vos courses en pensant à l’action “halte aux sacs plastiques” initiée par les Amis du vent en 1999 en Corse. Le vent est là.
Nous disposons d’un temps relativement court pour parler des campagnes d’intérêt général pour convaincre le grand public.
Nous disposons d’un temps relativement court pour parler des campagnes d’intérêt général pour convaincre le grand public.
Je m’appelle Serge Orru. Je suis Président de l’association des Amis du vent. Elle organise, chaque année, en Corse, le Festival du vent qui est pluridisciplinaire. Si vous voulez assister au prochain atelier consacré à l’événementiel, Alain Chauveau en sera l’animateur. Vous aurez l’occasion d’évoquer les impacts de ces événements.
Je m’appelle Serge Orru. Je suis Président de l’association des Amis du vent. Elle organise, chaque année, en Corse, le Festival du vent qui est pluridisciplinaire. Si vous voulez assister au prochain atelier consacré à l’événementiel, Alain Chauveau en sera l’animateur. Vous aurez l’occasion d’évoquer les impacts de ces événements.
Nous pouvons nous poser la question : quelles sont les campagnes d’intérêt général qui ont fonctionné ces vingt dernières années ? La Sécurité routière, la sobriété, la cigarette, le SIDA, l’ADEME avec “Faisons vite, ça chauffe”, toutes les actions des associations, de personnalités telles que Nicolas Hulot ou de la chère Brigitte Bardot, avec les bébés phoques ? Cela a marché, cela a fonctionné. Pourquoi une campagne fonctionne-t-elle ? Pourquoi ne fonctionne-t-elle pas ?
Nous pouvons nous poser la question : quelles sont les campagnes d’intérêt général qui ont fonctionné ces vingt dernières années ? La Sécurité routière, la sobriété, la cigarette, le SIDA, l’ADEME avec “Faisons vite, ça chauffe”, toutes les actions des associations, de personnalités telles que Nicolas Hulot ou de la chère Brigitte Bardot, avec les bébés phoques ? Cela a marché, cela a fonctionné. Pourquoi une campagne fonctionne-t-elle ? Pourquoi ne fonctionne-t-elle pas ?
Nous sommes dans un monde où les gens savent confusément —vous le savez parce que vous êtes des initiés de ce domaine— qu’il y a un véritable problème environnemental. On sait que, dans les villes, l’air est pollué, que l’eau n’est pas forcément terrible à boire et que c’est pour cela que l’on utilise tant ces bouteilles en PET. Nous avons également des problèmes pour notre alimentation, de prolifération des cancers. Est-ce dû à notre alimentation, à notre environnement? D’après le Pr Belpomme, il paraîtrait que oui.
Nous sommes dans un monde où les gens savent confusément —vous le savez parce que vous êtes des initiés de ce domaine— qu’il y a un véritable problème environnemental. On sait que, dans les villes, l’air est pollué, que l’eau n’est pas forcément terrible à boire et que c’est pour cela que l’on utilise tant ces bouteilles en PET. Nous avons également des problèmes pour notre alimentation, de prolifération des cancers. Est-ce dû à notre alimentation, à notre environnement? D’après le Pr Belpomme, il paraîtrait que oui.
Puis, nous sommes dans cet univers assez angoissant: problèmes, angoisses, changements climatiques. Aujourd’hui, même PPDA tous les soirs, dans son journal de 20 heures, provoque un sujet sur l’environnement. Chaque journal, chaque magazine, a des pages consacrées au développement durable, à l’écologie. Un sentiment très angoissant s’insère dans tous nos interstices de vie: quel avenir pour nos enfants? Certains disent, et ils sont légions: “Ne vous inquiétez pas, de toutes façons, la science et les technologies nouvelles vont apporter des alternatives et des solutions à tous ces problèmes”.
Puis, nous sommes dans cet univers assez angoissant: problèmes, angoisses, changements climatiques. Aujourd’hui, même PPDA tous les soirs, dans son journal de 20 heures, provoque un sujet sur l’environnement. Chaque journal, chaque magazine, a des pages consacrées au développement durable, à l’écologie. Un sentiment très angoissant s’insère dans tous nos interstices de vie: quel avenir pour nos enfants? Certains disent, et ils sont légions: “Ne vous inquiétez pas, de toutes façons, la science et les technologies nouvelles vont apporter des alternatives et des solutions à tous ces problèmes”.
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D’autres disent : “Arrêtez l’action contre les 4 x 4, cela ne sert à rien, c’est ridicule, c’est dérisoire” ; “Le photovoltaïque, c’est cher. Pour installer un chauffe-eau solaire, il est difficile de trouver un installateur digne d’intérêt, qui saura faire les choses correctement” ; “Il existe tout de même d’autres actions plus importantes à mener pour la planète et pour notre environnement que celle des sacs en plastique”.
D’autres disent : “Arrêtez l’action contre les 4 x 4, cela ne sert à rien, c’est ridicule, c’est dérisoire” ; “Le photovoltaïque, c’est cher. Pour installer un chauffe-eau solaire, il est difficile de trouver un installateur digne d’intérêt, qui saura faire les choses correctement” ; “Il existe tout de même d’autres actions plus importantes à mener pour la planète et pour notre environnement que celle des sacs en plastique”.
Au milieu, la population est prise dans ces contradictions et dans ces avis différents. Elle n’a pas d’alternative dans son quotidien. On lui demande d’avoir des gestes importants pour alléger l’empreinte écologique de chacun, de sa famille, de son usine, de son industrie et de son économie. Mais, franchement, les alternatives n’apparaissent guère. Alors, l’importance des campagnes d’intérêt général, qu’elles soient menées par des institutions ou par des entreprises de manière promotionnelle ou publicitaire, ou par des associations petites ou grandes…
Au milieu, la population est prise dans ces contradictions et dans ces avis différents. Elle n’a pas d’alternative dans son quotidien. On lui demande d’avoir des gestes importants pour alléger l’empreinte écologique de chacun, de sa famille, de son usine, de son industrie et de son économie. Mais, franchement, les alternatives n’apparaissent guère. Alors, l’importance des campagnes d’intérêt général, qu’elles soient menées par des institutions ou par des entreprises de manière promotionnelle ou publicitaire, ou par des associations petites ou grandes…
Nous pouvons considérer qu’en France, dans le domaine de l’environnement, le système associatif est quand même fragile et précaire face au monde de l’industrie et à celui de l’économie. Le rapport de force n’est pas forcément en faveur des associations qui tentent de se battre avec, souvent, des moyens dérisoires.
Fragile et précaire face au monde de l’industrie et à celui de l’économie”
Comment fonctionne une campagne d’intérêt général ? Pourquoi va-t-elle porter ses fruits ? Nous sommes là pour en débattre avec Élisabeth Coutureau, Yves Leers et Vincent David.
Notre action “Halte aux sacs plastiques” a été initiée en Corse en 1999. Au 1er août 2003, grâce à une campagne assez intense, la distribution des sacs à usage unique a pu cesser dans les grandes surfaces de Corse. Cette campagne a porté ses fruits. Aujourd’hui, elle se propage sur le continent et sur les continents. Nous avons lancé une campagne “Halte aux sacs plastiques” dans les îles. Nous sommes convaincus que le combat est encore long, dur. Les résistances sont féroces. Je ne veux pas monopoliser la parole, n’étant que l’animateur, et je la cède à Élisabeth.
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Nous pouvons considérer qu’en France, dans le domaine de l’environnement, le système associatif est quand même fragile et précaire face au monde de l’industrie et à celui de l’économie. Le rapport de force n’est pas forcément en faveur des associations qui tentent de se battre avec, souvent, des moyens dérisoires.
Fragile et précaire face au monde de l’industrie et à celui de l’économie”
C O U T U R E A U , vice-présidente TBWA Corporate: Je voulais me livrer avec vous à quelques réflexions toutes simples sur ce qui me paraît être des clés de succès des campagnes d’intérêt général, sachant que si elles étaient parfaites et partagées par tous, nous ne serions pas là. C’est davantage pour vous faire part de notre expérience.
Notre action “Halte aux sacs plastiques” a été initiée en Corse en 1999. Au 1er août 2003, grâce à une campagne assez intense, la distribution des sacs à usage unique a pu cesser dans les grandes surfaces de Corse. Cette campagne a porté ses fruits. Aujourd’hui, elle se propage sur le continent et sur les continents. Nous avons lancé une campagne “Halte aux sacs plastiques” dans les îles. Nous sommes convaincus que le combat est encore long, dur. Les résistances sont féroces. Je ne veux pas monopoliser la parole, n’étant que l’animateur, et je la cède à Élisabeth. C O U T U R E A U , vice-présidente TBWA Corporate: Je voulais me livrer avec vous à quelques réflexions toutes simples sur ce qui me paraît être des clés de succès des campagnes d’intérêt général, sachant que si elles étaient parfaites et partagées par tous, nous ne serions pas là. C’est davantage pour vous faire part de notre expérience.
É L I S A B E T H
É L I S A B E T H
A l’agence, nous avons l’expérience de la campagne ADEME sur les économies d’énergie. Elle va continuer mais une deuxième campagne va prendre le relais, au mois d’octobre, sur la gestion des déchets. Je ne m’en occupe pas, donc je ne saurais pas vous en parler. Nous avons travaillé également sans faire de publicité, mais cela nous permet d’avoir deux trois réflexions avec des grandes entreprises (La Poste, la SNCF, la Lyonnaise des Eaux) sur leurs outils de développement durable et leurs attentes en la matière.
A l’agence, nous avons l’expérience de la campagne ADEME sur les économies d’énergie. Elle va continuer mais une deuxième campagne va prendre le relais, au mois d’octobre, sur la gestion des déchets. Je ne m’en occupe pas, donc je ne saurais pas vous en parler. Nous avons travaillé également sans faire de publicité, mais cela nous permet d’avoir deux trois réflexions avec des grandes entreprises (La Poste, la SNCF, la Lyonnaise des Eaux) sur leurs outils de développement durable et leurs attentes en la matière.
Voici donc six petites réflexions.
ÉLISABETH COUTUREAU VICE-PRÉSIDENTE TBWA CORPORATE
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1) Il me semble que, même si cela peut paraître provocant — mais nous ne sommes pas là pour faire de la “langue de bois” — pour qu’une campagne d’intérêt général soit réussie, il faut d’abord et essentiellement parler de l’intérêt particulier. Lorsque l’on parle du concept d’intérêt général, on a trop tendance, de temps en temps, à parler de façon conceptuelle, donc de façon éloignée des gens et de leurs propres vies. C’est un petit peu ce que disait Pierre Radanne tout à l’heure.
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Comment fonctionne une campagne d’intérêt général ? Pourquoi va-t-elle porter ses fruits ? Nous sommes là pour en débattre avec Élisabeth Coutureau, Yves Leers et Vincent David.
Voici donc six petites réflexions.
ÉLISABETH COUTUREAU VICE-PRÉSIDENTE TBWA CORPORATE
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1) Il me semble que, même si cela peut paraître provocant — mais nous ne sommes pas là pour faire de la “langue de bois” — pour qu’une campagne d’intérêt général soit réussie, il faut d’abord et essentiellement parler de l’intérêt particulier. Lorsque l’on parle du concept d’intérêt général, on a trop tendance, de temps en temps, à parler de façon conceptuelle, donc de façon éloignée des gens et de leurs propres vies. C’est un petit peu ce que disait Pierre Radanne tout à l’heure.
ACIDD et Comité 21
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Pour moi, une campagne d’intérêt général réussie, c’est d’abord parler à l’individu. Il se trouve que cet individu a, sur beaucoup de sujets (l’écologie et le développement durable en font partie), des intérêts particuliers et il peut être amené à avoir un même intérêt. Donc, c’est la somme des intérêts particuliers qui forme l’intérêt général. C’est un même sens de l’intérêt, mais cela veut dire que pour nous, communicants, il faut d’abord toucher l’individu, essayer de lui donner des clés, lui parler, sinon il ne bouge pas. Dès que nous traitons des choses trop macros, trop d’intérêt général au sens conceptuel du terme, nous pouvons nous éloigner de la perception du problème et de la solution.
Pour moi, une campagne d’intérêt général réussie, c’est d’abord parler à l’individu. Il se trouve que cet individu a, sur beaucoup de sujets (l’écologie et le développement durable en font partie), des intérêts particuliers et il peut être amené à avoir un même intérêt. Donc, c’est la somme des intérêts particuliers qui forme l’intérêt général. C’est un même sens de l’intérêt, mais cela veut dire que pour nous, communicants, il faut d’abord toucher l’individu, essayer de lui donner des clés, lui parler, sinon il ne bouge pas. Dès que nous traitons des choses trop macros, trop d’intérêt général au sens conceptuel du terme, nous pouvons nous éloigner de la perception du problème et de la solution.
Cela nous a amenés, avec l’ADEME, à parler des individus, des gestes de chacun et des problèmes de perception : on sait ce que l’on doit faire et on ne le fait pas. La ligne de la campagne est très liée avec ce qui nous réunit aujourd’hui : il faut maintenant passer de la parole aux actes.
Cela nous a amenés, avec l’ADEME, à parler des individus, des gestes de chacun et des problèmes de perception : on sait ce que l’on doit faire et on ne le fait pas. La ligne de la campagne est très liée avec ce qui nous réunit aujourd’hui : il faut maintenant passer de la parole aux actes.
2) Lorsque nous parlons d’une campagne d’intérêt général, elle est souvent de sensibilisation et d’information. Je crois que le terme “information” est absolument fondamental, à deux titres.
2) Lorsque nous parlons d’une campagne d’intérêt général, elle est souvent de sensibilisation et d’information. Je crois que le terme “information” est absolument fondamental, à deux titres.
Il faut donner des faits, faire toucher du doigt, faire comprendre ce qu’il se passe sur des dégâts, si on fait tels gestes, ce qui se passe en positif. Mais j’aurais tendance à parler de plus en plus de faits et à faire de l’information précise. Ce qui me frappe encore, c’est que Une campagne d’intérêt général réussie, nous avons trop tendance — et nous c’est d’abord parler à l’individu” en sommes responsables, moi la première — à faire des amalgames sur des problèmes d’effets de serre, d’ozone, d’eau. Sur le plan strictement écologique, ce sont des choses très différentes. Nous devons mener une pédagogie très précise pour donner les clés de lecture au public.
Il faut donner des faits, faire toucher du doigt, faire comprendre ce qu’il se passe sur des dégâts, si on fait tels gestes, ce qui se passe en positif. Mais j’aurais tendance à parler de plus en plus de faits et à faire de l’information précise. Ce qui me frappe encore, c’est que Une campagne d’intérêt général réussie, nous avons trop tendance — et nous c’est d’abord parler à l’individu” en sommes responsables, moi la première — à faire des amalgames sur des problèmes d’effets de serre, d’ozone, d’eau. Sur le plan strictement écologique, ce sont des choses très différentes. Nous devons mener une pédagogie très précise pour donner les clés de lecture au public.
3) Il est très important, me semble-t-il, de nous demander de quelle manière, dans les campagnes d’intérêt général, nous recherchons tous à provoquer des changements de comportements. Quel est le registre ? Nous avons eu beaucoup de débats en France sur la question : “Faut-il faire peur ou non, faut-il être positif ?
3) Il est très important, me semble-t-il, de nous demander de quelle manière, dans les campagnes d’intérêt général, nous recherchons tous à provoquer des changements de comportements. Quel est le registre ? Nous avons eu beaucoup de débats en France sur la question : “Faut-il faire peur ou non, faut-il être positif ?
Je vous propose une réflexion : il me semble que la peur, surtout en ce moment, n’est pas particulièrement nécessaire à développer, parce qu’elle est latente. Je crois que trop de peur fige. A l’inverse, le positivisme “tout va bien” ne peut pas être producteur de mobilisation de comportements. Je préfère parler de créer la conviction et surtout créer la réflexion. Quand on cherche à générer des comportements vis-à-vis des individus, il faut leur donner la clé qui leur permette de s’approprier eux-mêmes le message et de raconter la suite de l’histoire. C’est ce que disait Pierre : “Cela reste à inventer”. Je ne crois pas que l’on puisse créer des changements de comportements en disant aux gens : “Voilà ce qu’il faut faire”, pas uniquement, mais : “Voilà des exemples de ce que vous pouvez faire et pourquoi”. De cette façon, ils se réapproprient le message et ils le font dans leur propre quotidien.
Je vous propose une réflexion : il me semble que la peur, surtout en ce moment, n’est pas particulièrement nécessaire à développer, parce qu’elle est latente. Je crois que trop de peur fige. A l’inverse, le positivisme “tout va bien” ne peut pas être producteur de mobilisation de comportements. Je préfère parler de créer la conviction et surtout créer la réflexion. Quand on cherche à générer des comportements vis-à-vis des individus, il faut leur donner la clé qui leur permette de s’approprier eux-mêmes le message et de raconter la suite de l’histoire. C’est ce que disait Pierre : “Cela reste à inventer”. Je ne crois pas que l’on puisse créer des changements de comportements en disant aux gens : “Voilà ce qu’il faut faire”, pas uniquement, mais : “Voilà des exemples de ce que vous pouvez faire et pourquoi”. De cette façon, ils se réapproprient le message et ils le font dans leur propre quotidien.
Il est très important en communication de se dire : “Je dois générer de la propre réflexion chez les personnes”. Concrètement, la campagne de l’ADEME “Faisons vite, ça chauffe”, est faite avec un peu d’humour parce qu’elle est, en fait, un micro-trottoir inversé. Ce sont des personnes qui disent : “Y a qu’à… faut qu’on”, la célèbre chose
Il est très important en communication de se dire : “Je dois générer de la propre réflexion chez les personnes”. Concrètement, la campagne de l’ADEME “Faisons vite, ça chauffe”, est faite avec un peu d’humour parce qu’elle est, en fait, un micro-trottoir inversé. Ce sont des personnes qui disent : “Y a qu’à… faut qu’on”, la célèbre chose
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que nous faisons tous dans notre vie : “Y a qu’à prendre des douches plutôt que des bains”, “Y a qu’à pas prendre sa voiture pour des petits trajets”. Ce sont autant d’exemples qui rappellent des choses que nous pouvons tous faire. Derrière, vous entendez la chanson de Dalida “Paroles, Paroles, toujours les mêmes mots…”. C’est une façon décalée de dire aux gens que nous savons ce qu’il faut faire pour les économies d’énergie et, maintenant que nous le savons, nous sommes tous pareils, nous ne le faisons pas. C’est ce que j’appelle créer de la réflexion.
Plus on communique au présent, plus on mobilise ”
Nous ne sommes pas dans l’injonction, dans le drame ou dans le positivisme, mais nous laissons à chaque individu la possibilité de se dire : “Oui, finalement, qu’est-ce que je suis par rapport à cela ?”
Au regard des résultats, en toute modestie, nous sommes loin d’avoir réglé le problème. Mais la plus grande satisfaction, pour l’ADEME essentiellement et pour nous aussi, a été de se dire que plus de 50 % des gens, après avoir vu cette campagne, non seulement se sont dit intéressés, mais ont été incités à faire un geste le lendemain. Nous ne sommes pas allés vérifier, nous n’avions pas installé des caméras chez les gens. En tout cas, cela veut dire que la compréhension du message a été profonde. 4) La notion de temporalité, pour moi, est très importante concernant les sujets de développement durable et d’écologie, en particulier. Je ne suis pas écologiquement correcte mais je pense qu’à force de parler de générations futures et de les porter, nous décalons le problème et surtout la mobilisation. Nous sommes tous de générations un peu différentes mais nous sommes tous conscients des problèmes puisque nous les vivons. Les gens commencent à vivre parfaitement le problème des dérèglements climatiques. Plus on communique au présent, plus on mobilise ; de mon point de vue, il faut le faire le moins possible au futur.
Plus on communique au présent, plus on mobilise ”
5) Je crois qu’il est très important de parler de mobilisation et de persévérance. Dans le cas d’une campagne d’intérêt général, le “général” doit s’appliquer à l’ensemble des acteurs. Je n’ai pas trouvé la recette pour qu’une campagne d’intérêt général, portée au grand public, soit suffisante à elle seule. Donc, faire de la publicité ou des relations de presse, cela ne suffit pas. Il faut absolument sentir les politiques, les acteurs de terrain, les entreprises, les mobiliser vers les mêmes objectifs. Sinon, comment vouloir que les citoyens français fassent des choses si tout le monde ne va pas dans le même sens ?
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que nous faisons tous dans notre vie : “Y a qu’à prendre des douches plutôt que des bains”, “Y a qu’à pas prendre sa voiture pour des petits trajets”. Ce sont autant d’exemples qui rappellent des choses que nous pouvons tous faire. Derrière, vous entendez la chanson de Dalida “Paroles, Paroles, toujours les mêmes mots…”. C’est une façon décalée de dire aux gens que nous savons ce qu’il faut faire pour les économies d’énergie et, maintenant que nous le savons, nous sommes tous pareils, nous ne le faisons pas. C’est ce que j’appelle créer de la réflexion. Nous ne sommes pas dans l’injonction, dans le drame ou dans le positivisme, mais nous laissons à chaque individu la possibilité de se dire : “Oui, finalement, qu’est-ce que je suis par rapport à cela ?”
Au regard des résultats, en toute modestie, nous sommes loin d’avoir réglé le problème. Mais la plus grande satisfaction, pour l’ADEME essentiellement et pour nous aussi, a été de se dire que plus de 50 % des gens, après avoir vu cette campagne, non seulement se sont dit intéressés, mais ont été incités à faire un geste le lendemain. Nous ne sommes pas allés vérifier, nous n’avions pas installé des caméras chez les gens. En tout cas, cela veut dire que la compréhension du message a été profonde. 4) La notion de temporalité, pour moi, est très importante concernant les sujets de développement durable et d’écologie, en particulier. Je ne suis pas écologiquement correcte mais je pense qu’à force de parler de générations futures et de les porter, nous décalons le problème et surtout la mobilisation. Nous sommes tous de générations un peu différentes mais nous sommes tous conscients des problèmes puisque nous les vivons. Les gens commencent à vivre parfaitement le problème des dérèglements climatiques. Plus on communique au présent, plus on mobilise ; de mon point de vue, il faut le faire le moins possible au futur. 5) Je crois qu’il est très important de parler de mobilisation et de persévérance. Dans le cas d’une campagne d’intérêt général, le “général” doit s’appliquer à l’ensemble des acteurs. Je n’ai pas trouvé la recette pour qu’une campagne d’intérêt général, portée au grand public, soit suffisante à elle seule. Donc, faire de la publicité ou des relations de presse, cela ne suffit pas. Il faut absolument sentir les politiques, les acteurs de terrain, les entreprises, les mobiliser vers les mêmes objectifs. Sinon, comment vouloir que les citoyens français fassent des choses si tout le monde ne va pas dans le même sens ?
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Pour la campagne ADEME, un travail a été fait dans les relations de presse pour que tous les journalistes, y compris de la presse grand public, essaient de reprendre le sujet, et non pas simplement des journalistes spécialisés. Nous avons créé un club de partenaires qui ont tous mené des actions de terrain exemplaires pour montrer que tout le monde pousse dans le même sens.
Pour la campagne ADEME, un travail a été fait dans les relations de presse pour que tous les journalistes, y compris de la presse grand public, essaient de reprendre le sujet, et non pas simplement des journalistes spécialisés. Nous avons créé un club de partenaires qui ont tous mené des actions de terrain exemplaires pour montrer que tout le monde pousse dans le même sens.
6) J’ai entendu parler tout à l’heure de “persévérance” ; l’important n’est pas de travailler sur un one shot, c’est presque criminel. Avec des sujets aussi lourds que le développement durable, il faut mettre en permanence les mêmes messages sur le tapis. Il faut donc travailler dans la durée pour faire changer les choses.
6) J’ai entendu parler tout à l’heure de “persévérance” ; l’important n’est pas de travailler sur un one shot, c’est presque criminel. Avec des sujets aussi lourds que le développement durable, il faut mettre en permanence les mêmes messages sur le tapis. Il faut donc travailler dans la durée pour faire changer les choses.
L’analyse que je peux avoir sur ce que disait Serge : “Pourquoi il y a eu tout d’un coup un déclic en France sur la sécurité routière ? Pourquoi il y a eu un déclic notamment sur le tabac ?” C’est probablement parce qu’un certain nombre de suggestions proposées ont été suivies mais c’est aussi à cause du “battage”. C’est peut-être un terme trop fort, mais il a été fait preuve de beaucoup de persévérance, sur de nombreux sujets. L’opinion a fini par entendre, s’approprier le sujet et passer à l’acte.
L’analyse que je peux avoir sur ce que disait Serge : “Pourquoi il y a eu tout d’un coup un déclic en France sur la sécurité routière ? Pourquoi il y a eu un déclic notamment sur le tabac ?” C’est probablement parce qu’un certain nombre de suggestions proposées ont été suivies mais c’est aussi à cause du “battage”. C’est peut-être un terme trop fort, mais il a été fait preuve de beaucoup de persévérance, sur de nombreux sujets. L’opinion a fini par entendre, s’approprier le sujet et passer à l’acte.
J’espère que nous en sommes à ce stade sur l’environnement, mais je n’en suis pas sûre.
J’espère que nous en sommes à ce stade sur l’environnement, mais je n’en suis pas sûre.
: Je retiens beaucoup de choses de ce que vient de dire Élisabeth, mais créer la conviction me parait intéressant. Créer la conviction, c’est créer la passion de la vie. Le développement durable, c’est la défense de notre planète, de notre vie. Jean-Baptiste disait tout à l’heure : “Cette génération démarre la vie en faisant l’amour avec un préservatif”, mais aussi avec une planète extrêmement déstructurée et une connaissance de la pollution telle qu’une peur s’empare des esprits.
O R R U
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S E R G E
Souvent, la réaction des individus et de la population est de dire : “C’est très intéressant ce que vous faites, mais que pouvons-nous faire ? Nous nous sentons impuissants”. C’est cette notion d’impuissance qui est relayée fréquemment et sur laquelle il faut agir pour créer cette force de conviction et de passion de la vie. Y V E S
Y V E S
Nous voulions que des associations
YVES LEERS ADEME
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Parmi les différents et des entreprises se saisissent points, l’idée d’essaimer a du message pour que les individus été celle qui nous tenait le plus à cœur. Nous voulions finissent par se l’approprier” que des associations et des entreprises se saisissent du message pour que les individus finissent par se l’approprier, donc essaimer. Être proche des gens correspond à la double notion “intérêt général / intérêt particulier”. Pour cela, il faut vraiment jouer la proximité. C’est le cas des spots de la campagne « Faisons vite, ça chauffe… » avec le micro-trottoir inversé : un concept créatif, simple, auquel le public, d’après les sondages post-campagne, a largement adhéré. C’était grâce à cette adhésion du public que nous pouvions jouer la démultiplication. L’imagination, c’est la campagne elle-même et, autour de celle-ci, beaucoup d’événements.
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Souvent, la réaction des individus et de la population est de dire : “C’est très intéressant ce que vous faites, mais que pouvons-nous faire ? Nous nous sentons impuissants”. C’est cette notion d’impuissance qui est relayée fréquemment et sur laquelle il faut agir pour créer cette force de conviction et de passion de la vie.
ADEME : Nous pensions, dès le départ, qu’une chose était nécessaire, celle d’être convaincu de ce que l’on fait et de ce que l’on a à dire. Cela a l’air évident mais ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup de gens font des campagnes, mais nous ne sommes pas dans une campagne “produits” au sens classique, mais de communication et d’information. Nous donnons des recettes mais, à la base, c’est : “Voilà ce que vous pouvez faire”.
L E E R S ,
: Je retiens beaucoup de choses de ce que vient de dire Élisabeth, mais créer la conviction me parait intéressant. Créer la conviction, c’est créer la passion de la vie. Le développement durable, c’est la défense de notre planète, de notre vie. Jean-Baptiste disait tout à l’heure : “Cette génération démarre la vie en faisant l’amour avec un préservatif”, mais aussi avec une planète extrêmement déstructurée et une connaissance de la pollution telle qu’une peur s’empare des esprits.
O R R U
ADEME : Nous pensions, dès le départ, qu’une chose était nécessaire, celle d’être convaincu de ce que l’on fait et de ce que l’on a à dire. Cela a l’air évident mais ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup de gens font des campagnes, mais nous ne sommes pas dans une campagne “produits” au sens classique, mais de communication et d’information. Nous donnons des recettes mais, à la base, c’est : “Voilà ce que vous pouvez faire”.
L E E R S ,
Nous voulions que des associations
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Parmi les différents et des entreprises se saisissent points, l’idée d’essaimer a du message pour que les individus été celle qui nous tenait le plus à cœur. Nous voulions finissent par se l’approprier” que des associations et des entreprises se saisissent du message pour que les individus finissent par se l’approprier, donc essaimer. Être proche des gens correspond à la double notion “intérêt général / intérêt particulier”. Pour cela, il faut vraiment jouer la proximité. C’est le cas des spots de la campagne « Faisons vite, ça chauffe… » avec le micro-trottoir inversé : un concept créatif, simple, auquel le public, d’après les sondages post-campagne, a largement adhéré. C’était grâce à cette adhésion du public que nous pouvions jouer la démultiplication. L’imagination, c’est la campagne elle-même et, autour de celle-ci, beaucoup d’événements.
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Le dernier événement que nous avons créé cette année est le “Défi pour la Terre” avec la Fondation Nicolas Hulot. A ce jour, près de 250 000 personnes se sont engagées dans le “Défi pour la Terre”. L’important maintenant est de continuer à créer l’évènement pour maintenir une certaine pression.
Le dernier événement que nous avons créé cette année est le “Défi pour la Terre” avec la Fondation Nicolas Hulot. A ce jour, près de 250 000 personnes se sont engagées dans le “Défi pour la Terre”. L’important maintenant est de continuer à créer l’évènement pour maintenir une certaine pression.
Ensuite, il faut de la constance, persévérer. L’ADEME et, avant, l’AFME (l’Agence française de la maîtrise de l’énergie) a mené bien d’autres campagnes sur les économie d’énergies. En 1973, premier choc pétrolier : “On n’a pas de pétrole mais on a des idées”, “La chasse au gaspi”, en 2001, la campagne de Luchini. La dernière campagne a un avantage sur les autres, c’est celui de la durée : trois ans, ce qui permet d’autant mieux de faire passer le message, surtout quand on évoque des problématqiues comme le changement climatique.
Ensuite, il faut de la constance, persévérer. L’ADEME et, avant, l’AFME (l’Agence française de la maîtrise de l’énergie) a mené bien d’autres campagnes sur les économie d’énergies. En 1973, premier choc pétrolier : “On n’a pas de pétrole mais on a des idées”, “La chasse au gaspi”, en 2001, la campagne de Luchini. La dernière campagne a un avantage sur les autres, c’est celui de la durée : trois ans, ce qui permet d’autant mieux de faire passer le message, surtout quand on évoque des problématqiues comme le changement climatique.
Je voudrais revenir sur un autre aspect : la peur. Nous sommes dans une logique de sensibilisation qui consiste à avertir et à informer, mais sans culpabiliser. A l’automne, nous lançons une campagne sur les déchets, axée sur la prévention (« moins de déchets »). Vraiment, si nous culpabilisons, nous aurons échoué. Il faut éviter les leçons de morale. Nous jouons sur les comportements et également en partenariat avec les autres agences européennes de l’énergie en organisant régulièrement des séminaires pour voir comment travailler de façon intelligente sur les comportements en matière d’économie d’énergie.
Je voudrais revenir sur un autre aspect : la peur. Nous sommes dans une logique de sensibilisation qui consiste à avertir et à informer, mais sans culpabiliser. A l’automne, nous lançons une campagne sur les déchets, axée sur la prévention (« moins de déchets »). Vraiment, si nous culpabilisons, nous aurons échoué. Il faut éviter les leçons de morale. Nous jouons sur les comportements et également en partenariat avec les autres agences européennes de l’énergie en organisant régulièrement des séminaires pour voir comment travailler de façon intelligente sur les comportements en matière d’économie d’énergie.
Mais pour réussir pleinement, il faut être aidé par une action de l’État, par des incitations fiscales. Par exemple, ce sont les crédits d’impôt pour les chauffe-eau solaires et tous les équipements énergiquement performants. Ce crédit d’impôt, à 40 % pour les chauffe-eau solaires, fait que lors du premier semestre 2005, la progression a été de 75 % par rapport à 2004. Nous devrions sur l’année atteindre les 100 000 m2 de chauffe-eau solaires. Il était temps, mais nous sommes loin des Allemands ou des autres Européens, où cela se chiffre en millions de mètres carrés. Cependant, le mouvement est réel cette fois, même s’il y a encore du travail.
Mais pour réussir pleinement, il faut être aidé par une action de l’État, par des incitations fiscales. Par exemple, ce sont les crédits d’impôt pour les chauffe-eau solaires et tous les équipements énergiquement performants. Ce crédit d’impôt, à 40 % pour les chauffe-eau solaires, fait que lors du premier semestre 2005, la progression a été de 75 % par rapport à 2004. Nous devrions sur l’année atteindre les 100 000 m2 de chauffe-eau solaires. Il était temps, mais nous sommes loin des Allemands ou des autres Européens, où cela se chiffre en millions de mètres carrés. Cependant, le mouvement est réel cette fois, même s’il y a encore du travail.
Selon les annonces faites par le Premier ministre, nous espérons un renforcement du crédit d’impôt, pas uniquement sur le produit lui-même, mais sur toute l’installation. Si vous dépensez 3 000 € pour un chauffe-eau solaire Il faut développer aussi le crédit d’impôt et les éléments incitatifs pour les économies d’énergie dans le logement social, les résidences secondaires. Cela ferait économiser énormément de pétrole ou autres, et de l’électricité le cas échéant. Nous avons également organisé des relations de presse fortes et développées, pas uniquement pour cette campagne mais pour l’ensemble de l’ADEME. Nous nous sommes aperçus que c’était très rentable à partir du moment où, comme le citoyen, le journaliste s’appropriait le message, puis le diffusait et le distribuait comme il le voulait. La prochaine campagne portera donc sur la prévention des déchets. Nous menons les deux parallèlement. Il s’agit aussi d’une campagne grand public également conçue avec des partenariats, dont un club “Planète gagnante” qui va être étendu à la partie déchets. Nous aurons beaucoup d’outils de diffusion afin que cela puisse être réapproprié et de multiples actions avec les associations de consommateurs. Nous avons vu que cela donnait de très bons résultats. Toutes les grandes organisations de consommateurs et les petites associations sont très partantes sur cette thématique des déchets, sachant que ce n’est pas très facile ; il va falloir avoir des idées.
Le mouvement est réel cette fois, même s’il y a encore du travail”
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Selon les annonces faites par le Premier ministre, nous espérons un renforcement du crédit d’impôt, pas uniquement sur le produit lui-même, mais sur toute l’installation. Si vous dépensez 3 000 € pour un chauffe-eau solaire Il faut développer aussi le crédit d’impôt et les éléments incitatifs pour les économies d’énergie dans le logement social, les résidences secondaires. Cela ferait économiser énormément de pétrole ou autres, et de l’électricité le cas échéant. Nous avons également organisé des relations de presse fortes et développées, pas uniquement pour cette campagne mais pour l’ensemble de l’ADEME. Nous nous sommes aperçus que c’était très rentable à partir du moment où, comme le citoyen, le journaliste s’appropriait le message, puis le diffusait et le distribuait comme il le voulait. La prochaine campagne portera donc sur la prévention des déchets. Nous menons les deux parallèlement. Il s’agit aussi d’une campagne grand public également conçue avec des partenariats, dont un club “Planète gagnante” qui va être étendu à la partie déchets. Nous aurons beaucoup d’outils de diffusion afin que cela puisse être réapproprié et de multiples actions avec les associations de consommateurs. Nous avons vu que cela donnait de très bons résultats. Toutes les grandes organisations de consommateurs et les petites associations sont très partantes sur cette thématique des déchets, sachant que ce n’est pas très facile ; il va falloir avoir des idées.
Le mouvement est réel cette fois, même s’il y a encore du travail”
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V I N C E N T
VINCENT DAVID RESPONSABLE DES RELATIONS EXTÉRIEURES, ASSOCIATION MAX HAVELAAR
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Pour revenir aux économies d’énergie, il nous reste à continuer puisque nous sommes sur une campagne de trois ans, peut-être plus. Pour les déchets, nous sommes aussi sur une campagne de trois ans. Il est évident qu’un pétrole durablement cher est un atout ! Ce n’est pas de la provocation mais c’est une réalité. Un pétrole durablement cher est un atout pour arriver à convaincre durablement les esprits qu’il faut qu’ils avancent et que, maintenant, il n’y a pas d’autre choix que de faire des économies d’énergie.
Pour revenir aux économies d’énergie, il nous reste à continuer puisque nous sommes sur une campagne de trois ans, peut-être plus. Pour les déchets, nous sommes aussi sur une campagne de trois ans. Il est évident qu’un pétrole durablement cher est un atout ! Ce n’est pas de la provocation mais c’est une réalité. Un pétrole durablement cher est un atout pour arriver à convaincre durablement les esprits qu’il faut qu’ils avancent et que, maintenant, il n’y a pas d’autre choix que de faire des économies d’énergie.
Le gisement d’efficacité énergétique est énorme dans ce pays. Nous pouvons gagner 50 %, c’est le chiffre le plus couramment annoncé. Nous savons que cela ne se fera pas sur un an ou deux ans. Ce gisement est énorme sur tout ce qui est bâtiment, en particulier le bâtiment ancien. Dans ce domaine, nous avons du travail pour quinze ou vingt ans, voire plus. Je ne dirai pas que le pétrole cher est une aubaine pour nous, mais c’est quand même une bonne opération. Même s’il m’arrive, moi aussi, de faire le plein comme tout le monde.
Le gisement d’efficacité énergétique est énorme dans ce pays. Nous pouvons gagner 50 %, c’est le chiffre le plus couramment annoncé. Nous savons que cela ne se fera pas sur un an ou deux ans. Ce gisement est énorme sur tout ce qui est bâtiment, en particulier le bâtiment ancien. Dans ce domaine, nous avons du travail pour quinze ou vingt ans, voire plus. Je ne dirai pas que le pétrole cher est une aubaine pour nous, mais c’est quand même une bonne opération. Même s’il m’arrive, moi aussi, de faire le plein comme tout le monde.
D A V I D , responsable des relations extérieures, association Max Havelaar : Je vais essayer de vous parler du cas d’école Max Havelaar qui, d’un succès d’estime, est devenu un succès grand public. Mais, avant cela, il faut que je parle un peu des origines.
Si on parle vraiment du commerce équitable depuis trois ans, il faut savoir que c’est une notion assez ancienne. On en trouve les prémices dans les années 60, aux PaysBas, en Grande-Bretagne avec des boutiques spécialisées sur l’artisanat. Les précurseurs, en France, ont été l’Abbé Pierre en 1971 et l’association Artisans du monde en 1974 ; ils ont décidé d’ouvrir des boutiques pour vendre des produits alimentaires et artisanaux et faire des campagnes d’opinion. Max Havelaar est arrivé plus tard ; en 1986, des producteurs de café dans l’État de Oaxaca au Mexique ont rencontré un prêtre ouvrier Hollandais, Francisco Van der Hoff, d’une ONG hollandaise. Ils lui ont demandé de les aider à contourner les intermédiaires locaux (“les coyotes”, en espagnol cela veut bien dire ce que cela veut dire…) et à vendre leurs produits en Europe. Après deux ans d’études, ils ont lancé en 1988 le label Max Havelaar aux Pays-Bas. Max Havelaar est le nom d’un héros de roman, c’est donc une personne fictive, même si c’est inspiré de la vie d’un philanthrope hollandais en Indonésie qui était une colonie néerlandaise.
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V I N C E N T
VINCENT DAVID RESPONSABLE DES RELATIONS EXTÉRIEURES, ASSOCIATION MAX HAVELAAR
D A V I D , responsable des relations extérieures, association Max Havelaar : Je vais essayer de vous parler du cas d’école Max Havelaar qui, d’un succès d’estime, est devenu un succès grand public. Mais, avant cela, il faut que je parle un peu des origines.
Si on parle vraiment du commerce équitable depuis trois ans, il faut savoir que c’est une notion assez ancienne. On en trouve les prémices dans les années 60, aux PaysBas, en Grande-Bretagne avec des boutiques spécialisées sur l’artisanat. Les précurseurs, en France, ont été l’Abbé Pierre en 1971 et l’association Artisans du monde en 1974 ; ils ont décidé d’ouvrir des boutiques pour vendre des produits alimentaires et artisanaux et faire des campagnes d’opinion. Max Havelaar est arrivé plus tard ; en 1986, des producteurs de café dans l’État de Oaxaca au Mexique ont rencontré un prêtre ouvrier Hollandais, Francisco Van der Hoff, d’une ONG hollandaise. Ils lui ont demandé de les aider à contourner les intermédiaires locaux (“les coyotes”, en espagnol cela veut bien dire ce que cela veut dire…) et à vendre leurs produits en Europe. Après deux ans d’études, ils ont lancé en 1988 le label Max Havelaar aux Pays-Bas. Max Havelaar est le nom d’un héros de roman, c’est donc une personne fictive, même si c’est inspiré de la vie d’un philanthrope hollandais en Indonésie qui était une colonie néerlandaise.
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Cela a été un fort succès dès le début grâce à un très fort soutien des pouvoirs publics, des associations, des syndicats, etc. Ensuite, l’association a essaimé dans divers pays. Elle s’est créée en 1993 en France, à l’initiative de trois autres associations : Peuples solidaires, Ingénieurs sans Frontières et le CICDA (Centre international de coopération pour le développement On ne sait pas qui vous êtes, agricole), devenu Agronomes et Vétérinaires sans Frontières. Croyezrevenez nous voir moi, à cette époque, peu de gens quand vous serez connus” connaissaient Max Havelaar.
Cela a été un fort succès dès le début grâce à un très fort soutien des pouvoirs publics, des associations, des syndicats, etc. Ensuite, l’association a essaimé dans divers pays. Elle s’est créée en 1993 en France, à l’initiative de trois autres associations : Peuples solidaires, Ingénieurs sans Frontières et le CICDA (Centre international de coopération pour le développement On ne sait pas qui vous êtes, agricole), devenu Agronomes et Vétérinaires sans Frontières. Croyezrevenez nous voir moi, à cette époque, peu de gens quand vous serez connus” connaissaient Max Havelaar.
Pendant des années, l’association a “végété” : elle n’avait pas de permanents, pas d’argent public, quasiment aucun industriel engagé et, a fortiori, aucune enseigne. On leur disait : “On ne sait pas qui vous êtes, revenez nous voir quand vous serez connus”. Ils ont subi une certaine traversée du désert. Il a fallu attendre 1998 pour que les premières enseignes acceptent de mettre les produits dans les rayons et pour que plusieurs industriels se lancent dans la démarche et acceptent de payer la récolte de café au prix équitable.
Pendant des années, l’association a “végété” : elle n’avait pas de permanents, pas d’argent public, quasiment aucun industriel engagé et, a fortiori, aucune enseigne. On leur disait : “On ne sait pas qui vous êtes, revenez nous voir quand vous serez connus”. Ils ont subi une certaine traversée du désert. Il a fallu attendre 1998 pour que les premières enseignes acceptent de mettre les produits dans les rayons et pour que plusieurs industriels se lancent dans la démarche et acceptent de payer la récolte de café au prix équitable.
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En l’an 2000, il y avait 9 % de notoriété pour le commerce équitable, c’était donc très faible. La volonté de Max Havelaar France de mener des actions pour convaincre le grand public vient d’un double constat sociologique : nous vivons dans une société de consommation nous pouvons nous en féliciter ou le déplorer, mais c’est un état de fait et ce n’est pas les quelques salariés et militants de Max Havelaar qui vont pouvoir changer cette donnée ; 80 % des personnes font leurs courses dans les supermarchés. À partir du moment où nous avons fait ce constat sociologique, que mettons-nous en face pour parvenir à nos objectifs ? Les objectifs du commerce équitable sont les suivants :
En l’an 2000, il y avait 9 % de notoriété pour le commerce équitable, c’était donc très faible. La volonté de Max Havelaar France de mener des actions pour convaincre le grand public vient d’un double constat sociologique : nous vivons dans une société de consommation nous pouvons nous en féliciter ou le déplorer, mais c’est un état de fait et ce n’est pas les quelques salariés et militants de Max Havelaar qui vont pouvoir changer cette donnée ; 80 % des personnes font leurs courses dans les supermarchés. À partir du moment où nous avons fait ce constat sociologique, que mettons-nous en face pour parvenir à nos objectifs ? Les objectifs du commerce équitable sont les suivants :
Le premier objectif, et sans doute le principal, est de permettre l’autonomie de millions de producteurs qui sont complètement oppressés parce que les prix agricoles ne sont pas rémunérateurs. Comment faire pour que ces producteurs touchent un revenu décent et vivre de leur travail correctement, dans le respect de l’environnement et de leurs droits sociaux ?
Le premier objectif, et sans doute le principal, est de permettre l’autonomie de millions de producteurs qui sont complètement oppressés parce que les prix agricoles ne sont pas rémunérateurs. Comment faire pour que ces producteurs touchent un revenu décent et vivre de leur travail correctement, dans le respect de l’environnement et de leurs droits sociaux ?
Le deuxième objectif est de sensibiliser les consommateurs, les citoyens, pour qu’ils changent leurs pratiques de consommation et qu’ils tiennent compte des aspects NordSud dans leurs pratiques politiques.
Le deuxième objectif est de sensibiliser les consommateurs, les citoyens, pour qu’ils changent leurs pratiques de consommation et qu’ils tiennent compte des aspects NordSud dans leurs pratiques politiques.
Le troisième objectif, plus fondamental et sans doute plus utopiste, est de contribuer à la modification des règles du commerce international. Pour cela, il faut mettre une pression suffisante sur les gouvernements et les organisations internationales afin qu’elles reviennent, d’une certaine manière, à une économie plus équitable. Auparavant, il existait des régulations publiques (notamment du café), mais elles ont été abandonnées à la fin des années 80 pour les raisons que nous connaissons.
Le troisième objectif, plus fondamental et sans doute plus utopiste, est de contribuer à la modification des règles du commerce international. Pour cela, il faut mettre une pression suffisante sur les gouvernements et les organisations internationales afin qu’elles reviennent, d’une certaine manière, à une économie plus équitable. Auparavant, il existait des régulations publiques (notamment du café), mais elles ont été abandonnées à la fin des années 80 pour les raisons que nous connaissons.
A ces trois objectifs, Max Havelaar France en ajoute un quatrième, qui est éloigné des positions d’autres acteurs du commerce équitable. En effet, nous pensons que pour changer les pratiques du commerce international, il faut changer les pratiques des entreprises, notamment les multinationales. Si l’on prend l’exemple du café, ce sont quatre multinationales qui tiennent le marché du café. Elles sont très largement responsables de la chute des cours. S’il est certes nécessaire de créer des filières alternatives pour permettre à quelques milliers de producteurs de vivre mieux, nous pensons qu’il faut obliger les multinationales à se convertir au commerce équitable afin d’améliorer la vie des centaines de millions de producteurs qui, hélas, dépendent de leur bon vouloir.
A ces trois objectifs, Max Havelaar France en ajoute un quatrième, qui est éloigné des positions d’autres acteurs du commerce équitable. En effet, nous pensons que pour changer les pratiques du commerce international, il faut changer les pratiques des entreprises, notamment les multinationales. Si l’on prend l’exemple du café, ce sont quatre multinationales qui tiennent le marché du café. Elles sont très largement responsables de la chute des cours. S’il est certes nécessaire de créer des filières alternatives pour permettre à quelques milliers de producteurs de vivre mieux, nous pensons qu’il faut obliger les multinationales à se convertir au commerce équitable afin d’améliorer la vie des centaines de millions de producteurs qui, hélas, dépendent de leur bon vouloir.
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Afin de sensibiliser le public français, nous avons, en 2001, choisi de faire “La quinzaine du commerce équitable”, avec des dégustations de café dans les stations de métro à Paris. Ensuite, nous avons mis “la Quinzaine du commerce équitable” dans les mains de la Plate-forme pour le commerce équitable. Je vais vous raconter rapidement comment nous sommes montés en puissance.
Afin de sensibiliser le public français, nous avons, en 2001, choisi de faire “La quinzaine du commerce équitable”, avec des dégustations de café dans les stations de métro à Paris. Ensuite, nous avons mis “la Quinzaine du commerce équitable” dans les mains de la Plate-forme pour le commerce équitable. Je vais vous raconter rapidement comment nous sommes montés en puissance.
En 2002, nous avons fait des animations dans les gares SNCF.
En 2002, nous avons fait des animations dans les gares SNCF.
En 2003, nous avons fait venir des producteurs d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie. Nous avons organisé une tournée avec un bus en Île-de-France et un autre dans des grandes villes de France pour aller au-devant des citoyens et leur expliquer la démarche. Pour l’anecdote, nous avons reçu en 2003 le label “Campagne d’intérêt général”. Le terme est très précis, on peut l’utiliser de manière plus générique comme aujourd’hui, mais “Campagne d’intérêt général” est un label qui est donné par le gouvernement. Il existe la “Grande cause”, et, en dessous, le label “Campagne d’intérêt général” ; il est donné, en général, à deux ou trois associations. La “Grande cause” donne droit à 100 % de réduction sur les grandes chaînes de télévision et les grandes radios pour les spots publicitaires. Pour la “Campagne d’intérêt général”, c’est 25 % de réduction. Comme nous ne disposions pas des 75 %, nous n’avons pas pu en bénéficier. Mais au point de vue institutionnel, c’est une reconnaissance importante.
En 2003, nous avons fait venir des producteurs d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie. Nous avons organisé une tournée avec un bus en Île-de-France et un autre dans des grandes villes de France pour aller au-devant des citoyens et leur expliquer la démarche. Pour l’anecdote, nous avons reçu en 2003 le label “Campagne d’intérêt général”. Le terme est très précis, on peut l’utiliser de manière plus générique comme aujourd’hui, mais “Campagne d’intérêt général” est un label qui est donné par le gouvernement. Il existe la “Grande cause”, et, en dessous, le label “Campagne d’intérêt général” ; il est donné, en général, à deux ou trois associations. La “Grande cause” donne droit à 100 % de réduction sur les grandes chaînes de télévision et les grandes radios pour les spots publicitaires. Pour la “Campagne d’intérêt général”, c’est 25 % de réduction. Comme nous ne disposions pas des 75 %, nous n’avons pas pu en bénéficier. Mais au point de vue institutionnel, c’est une reconnaissance importante.
En 2004, nous sommes montés en puissance et nous avons fait revenir des producteurs. Nous avons organisé des conférences dans les grandes villes, en partenariat avec elles. Nous avons surtout Nous avons reçu en 2003 le label utilisé le parrainage ; nous avons demandé à des person« Campagne d’intérêt général »” nalités de la télévision, du journalisme, du spectacle, des médias, etc., de parrainer les producteurs. Dès 2004, nous avons travaillé avec l’agence de communication responsable Beautiful World. Elle ne travaille que pour des associations. Nous avons essayé de trouver des idées un peu innovantes. Nous avons également fait un partenariat avec l’ADEME. Si cela vous intéresse, je peux vous faire passer quelques documents sur les différentes initiatives que nous avions prises, dont certaines avec l’ADEME. En 2004, nous avons eu un très fort impact médiatique.
En 2004, nous sommes montés en puissance et nous avons fait revenir des producteurs. Nous avons organisé des conférences dans les grandes villes, en partenariat avec elles. Nous avons surtout Nous avons reçu en 2003 le label utilisé le parrainage ; nous avons demandé à des person« Campagne d’intérêt général »” nalités de la télévision, du journalisme, du spectacle, des médias, etc., de parrainer les producteurs. Dès 2004, nous avons travaillé avec l’agence de communication responsable Beautiful World. Elle ne travaille que pour des associations. Nous avons essayé de trouver des idées un peu innovantes. Nous avons également fait un partenariat avec l’ADEME. Si cela vous intéresse, je peux vous faire passer quelques documents sur les différentes initiatives que nous avions prises, dont certaines avec l’ADEME. En 2004, nous avons eu un très fort impact médiatique.
En 2005, je vais essayer de détailler un peu pour vous montrer comment nous procédons. Nous avons fait revenir les producteurs et ils ont été parrainés à nouveau par des personnalités médiatiques. Nous avons organisé des conférences dans une vingtaine de FNAC, en France, avec un livre de recettes pour donner une accroche médiatique. Là aussi, cela a eu un énorme impact : désormais, le commerce équitable est connu de 74 % de la population. En cinq ans, nous avons vraiment fait un saut qualitatif et quantitatif. Mais, pour arriver là, cela représente un énorme travail. Il faut à peu près un an pour préparer une Quinzaine du commerce équitable. Nous préparons d’ores et déjà celle de 2006.
En 2005, je vais essayer de détailler un peu pour vous montrer comment nous procédons. Nous avons fait revenir les producteurs et ils ont été parrainés à nouveau par des personnalités médiatiques. Nous avons organisé des conférences dans une vingtaine de FNAC, en France, avec un livre de recettes pour donner une accroche médiatique. Là aussi, cela a eu un énorme impact : désormais, le commerce équitable est connu de 74 % de la population. En cinq ans, nous avons vraiment fait un saut qualitatif et quantitatif. Mais, pour arriver là, cela représente un énorme travail. Il faut à peu près un an pour préparer une Quinzaine du commerce équitable. Nous préparons d’ores et déjà celle de 2006.
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Comment avons-nous procédé ?
Comment avons-nous procédé ?
D’une part, nous avons mobilisé les bénévoles. Nous avons environ un millier de bénévoles en France, dans une quarantaine de groupes locaux qui mènent des actions : des animations dans les magasins, des interventions dans les établissements scolaires, des conférences, des projections de films, etc. Cette année, 1 800 animations ont été organisées dans toute la France par des bénévoles. Nous avons également mobilisé 97
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D’une part, nous avons mobilisé les bénévoles. Nous avons environ un millier de bénévoles en France, dans une quarantaine de groupes locaux qui mènent des actions : des animations dans les magasins, des interventions dans les établissements scolaires, des conférences, des projections de films, etc. Cette année, 1 800 animations ont été organisées dans toute la France par des bénévoles. Nous avons également mobilisé 97
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(c’est mon rôle à Max Havelaar France) des syndicats, des associations de consommateurs, d’autres ONG qui relayent cet événement auprès de leurs antennes locales qui mènent à leur tour des actions locales. Ensuite, 1200 animations ont été organisées par les détenteurs de la licence, c’està-dire les entreprises agréées par Max Havelaar. Plusieurs distributeurs ont joué le jeu également. de même que des réseaux “hors domicile”, tels que les groupes hôteliers “Accor” et “Best Western”, ou “Touristra” (Structure de tourisme social pour les comités d’entreprises).
Dès le départ, nous avions la volonté d’aller sur le terrain et de mener des actions en direct. Dans les sondages réalisés, les personnes sont globalement assez favorables pour consommer des produits équitables, mais ils ne passent pas forcément à l’acte. En revanche, lorsque des actions sont menées dans les Dès le départ, nous avions magasins, nous nous rendons compte que, quel que soient les classes sociales, quand la personne voit le produit et la volonté d’aller sur le terrain et de mener des actions en direct” qu’elle a en face d’elle un militant qui lui “fait l’article”, cela marche très bien. À côté de la partie “animation”, il existe toute une partie de communication dont voici des éléments chiffrés assez parlants : – 1 million de flyers ont été distribués très largement dans les animations ; – 500 expositions se sont promenées un petit peu partout en France ; – 2 300 kits d’animation ont été envoyés à toutes les associations qui menaient les actions ;
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(c’est mon rôle à Max Havelaar France) des syndicats, des associations de consommateurs, d’autres ONG qui relayent cet événement auprès de leurs antennes locales qui mènent à leur tour des actions locales. Ensuite, 1200 animations ont été organisées par les détenteurs de la licence, c’està-dire les entreprises agréées par Max Havelaar. Plusieurs distributeurs ont joué le jeu également. de même que des réseaux “hors domicile”, tels que les groupes hôteliers “Accor” et “Best Western”, ou “Touristra” (Structure de tourisme social pour les comités d’entreprises).
Dès le départ, nous avions la volonté d’aller sur le terrain et de mener des actions en direct. Dans les sondages réalisés, les personnes sont globalement assez favorables pour consommer des produits équitables, mais ils ne passent pas forcément à l’acte. En revanche, lorsque des actions sont menées dans les Dès le départ, nous avions magasins, nous nous rendons compte que, quel que soient les classes sociales, quand la personne voit le produit et la volonté d’aller sur le terrain et de mener des actions en direct” qu’elle a en face d’elle un militant qui lui “fait l’article”, cela marche très bien.
– 15 500 panneaux d’affichage ont été mis à disposition (4 x 3, des abribus….) Max Havelaar France ne paie pas ces espaces, ils sont offerts gracieusement à 52 % par des réseaux privés (Métrobus, Avenir, Decaux, etc.) et à 48 % par des collectivités locales, précisément 205 collectivités locales. Cet engagement est le fruit d’une campagne lancée en 2002 et intitulée “500 villes s’engagent pour le commerce équitable”. Il y a à l’heure actuelle 150 collectivités locales signataires.
À côté de la partie “animation”, il existe toute une partie de communication dont voici des éléments chiffrés assez parlants : – 1 million de flyers ont été distribués très largement dans les animations ; – 500 expositions se sont promenées un petit peu partout en France ; – 2 300 kits d’animation ont été envoyés à toutes les associations qui menaient les actions ; – 15 500 panneaux d’affichage ont été mis à disposition (4 x 3, des abribus….) Max Havelaar France ne paie pas ces espaces, ils sont offerts gracieusement à 52 % par des réseaux privés (Métrobus, Avenir, Decaux, etc.) et à 48 % par des collectivités locales, précisément 205 collectivités locales. Cet engagement est le fruit d’une campagne lancée en 2002 et intitulée “500 villes s’engagent pour le commerce équitable”. Il y a à l’heure actuelle 150 collectivités locales signataires.
– 56 millions de bannières Internet offertes par différents sites ;
– 56 millions de bannières Internet offertes par différents sites ;
– 8 300 spots radio : de gros réseaux type NRJ, des radios plus indépendantes (Latina, Beur FM, Radio Classique) et énormément de radios associatives ;
– 8 300 spots radio : de gros réseaux type NRJ, des radios plus indépendantes (Latina, Beur FM, Radio Classique) et énormément de radios associatives ;
– 1 500 spots télévision : 200 sur les chaînes nationales et 1 300 sur les télévisions régionales.
– 1 500 spots télévision : 200 sur les chaînes nationales et 1 300 sur les télévisions régionales.
A côté de la campagne de communication, il y a eu toute une campagne de relations presse afin d’obtenir des articles dans la presse, des reportages dans les radios et les télévisions. Nous avons envoyé 8 800 dossiers de presse. Je pense qu’il ne faut pas négliger cela, les relations presse ne s’inventent pas. Il faut vraiment cibler très large et accompagner cette démarche.
A côté de la campagne de communication, il y a eu toute une campagne de relations presse afin d’obtenir des articles dans la presse, des reportages dans les radios et les télévisions. Nous avons envoyé 8 800 dossiers de presse. Je pense qu’il ne faut pas négliger cela, les relations presse ne s’inventent pas. Il faut vraiment cibler très large et accompagner cette démarche.
Suite à ces 8 800 dossiers de presse, nous avons eu :
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Suite à ces 8 800 dossiers de presse, nous avons eu :
– 540 articles en deux mois : 160 en presse nationale, 300 en presse régionale, 40 en presse spécialisée ;
– 540 articles en deux mois : 160 en presse nationale, 300 en presse régionale, 40 en presse spécialisée ;
– 350 passages médias : 110 en télévision nationale et 40 en télévision locale, 130 radios nationales et 70 radios associatives.
– 350 passages médias : 110 en télévision nationale et 40 en télévision locale, 130 radios nationales et 70 radios associatives.
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C’était pour vous montrer que si nous arrivons désormais à 75 % de notoriété pour le commerce équitable mais pas pour le label Max Havelaar (32 % de notoriété), c’est grâce au travail fait en amont et depuis des années, avec un maillage de la société française (les collectivités locales, les entreprises, les associations, les syndicats) pour mener les actions sur le terrain.
En conclusion, il me semble que, pour mener une campagne d’intérêt général ayant un impact, il faut le faire en lien avec les pouvoirs publics. Si nous avons mis autant de temps à démarrer en France, c’est Si nous arrivons désormais à 75 % parce que nous n’avions aucun soutien des pouvoirs publics, de notoriété pour le commerce ni financiers, ni institutionnels. A ce titre, le Ministère des Affaires étrangères finance 50 % du budget de Max Havelaar équitable, c’est grâce au travail France. Je crois que c’est fondamental ; il ne peut y avoir de fait en amont, avec un maillage campagne d’intérêt général sans argent public au départ, et de la société française” sans le soutien bien sûr de bénévoles et d’associations multiples, et puis sans le soutien d’entreprises qui sont au cœur de l’activité économique française. Si nous voulons pouvoir toucher les personnes sur leurs lieux de travail et avoir également des moyens financiers, il faut un lien avec les entreprises. Nous n’avons payé aucun espace, tout nous a été offert. La fabrication des outils de communication a été assurée par nos partenaires, c’est-à-dire des entreprises de l’économie sociale (la MACIF, le Chèque Déjeuner et le Crédit Coopératif). S E R G E
S E R G E
S E R G E
F O S S A T I : Ma première question s’adresse à Yves et à Élisabeth, à propos de la fameuse campagne de l’ADEME. Je vous accompagne complètement dans votre réflexion et votre théorie. En pratique, lorsque j’ai parlé de cette campagne autour de moi, elle n’avait pas beaucoup marqué les esprits.
M O N I C A
:
“Faisons vite, ça chauffe” ?
:
Elle démarre lundi !
S E R G E
F O S S A T I : Voilà. Je disais donc que lorsque j’en parle à des gens autour de moi, peu de d’entre eux ont constaté qu’elle existait. Cela m’a un peu choqué.
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“Faisons vite, ça chauffe” ?
:
Elle démarre lundi !
F O S S A T I : Voilà. Je disais donc que lorsque j’en parle à des gens autour de moi, peu de d’entre eux ont constaté qu’elle existait. Cela m’a un peu choqué.
Ma première remarque porte sur le côté multi-cibles. On ne sait pas trop quels téléspectateurs vont s’identifier aux personnages, dans l’absolu. Lorsqu’un spot est diffusé, entre une grosse publicité extrêmement attractive sur une voiture et juste après, la publicité pour les pastilles Rennie avec un homme à l’estomac en feu, on se rend compte que ce sont deux publicités ayant une forte puissance attractive et visuelle. En fin de compte, l’autre à côté est très douce et gentillette. Ne pensez-vous pas être un peu étouffés par la puissance ? Ne croyez-vous pas également que, si la sécurité routière et le tabac ont réussi à véritablement pénétrer les esprits, c’est parce qu’ils sont passés par cette pleine puissance et un peu plus de brutalité ?
: Plus de brutalité, peut-être mais davantage de budget également. Ces derniers sont sans commune mesure avec les moyens que nous avions mis sur cette campagne : 3,5 M€ par an. Ce n’est pas ridicule, mais dès que vous devez faire des achats
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:
F O S S A T I : Oui, absolument. La dernière qui est passée est justement celle des témoignages avec le micro-trottoir que vous avez évoqué.
O R R U
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L E E R S
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F O S S A T I : Ma première question s’adresse à Yves et à Élisabeth, à propos de la fameuse campagne de l’ADEME. Je vous accompagne complètement dans votre réflexion et votre théorie. En pratique, lorsque j’ai parlé de cette campagne autour de moi, elle n’avait pas beaucoup marqué les esprits. O R R U
M O N I C A
Ma première remarque porte sur le côté multi-cibles. On ne sait pas trop quels téléspectateurs vont s’identifier aux personnages, dans l’absolu. Lorsqu’un spot est diffusé, entre une grosse publicité extrêmement attractive sur une voiture et juste après, la publicité pour les pastilles Rennie avec un homme à l’estomac en feu, on se rend compte que ce sont deux publicités ayant une forte puissance attractive et visuelle. En fin de compte, l’autre à côté est très douce et gentillette. Ne pensez-vous pas être un peu étouffés par la puissance ? Ne croyez-vous pas également que, si la sécurité routière et le tabac ont réussi à véritablement pénétrer les esprits, c’est parce qu’ils sont passés par cette pleine puissance et un peu plus de brutalité ? Y V E S
: Vincent, pour rester équitable avec l’ensemble des intervenants. Merci Max Havelaar.
O R R U
S E R G E
F O S S A T I : Oui, absolument. La dernière qui est passée est justement celle des témoignages avec le micro-trottoir que vous avez évoqué.
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M O N I C A
Nous n’avons payé aucun espace, tout nous a été offert. La fabrication des outils de communication a été assurée par nos partenaires, c’est-à-dire des entreprises de l’économie sociale (la MACIF, le Chèque Déjeuner et le Crédit Coopératif).
: Vincent, pour rester équitable avec l’ensemble des intervenants. Merci Max Havelaar.
O R R U
M O N I C A
C’était pour vous montrer que si nous arrivons désormais à 75 % de notoriété pour le commerce équitable mais pas pour le label Max Havelaar (32 % de notoriété), c’est grâce au travail fait en amont et depuis des années, avec un maillage de la société française (les collectivités locales, les entreprises, les associations, les syndicats) pour mener les actions sur le terrain.
En conclusion, il me semble que, pour mener une campagne d’intérêt général ayant un impact, il faut le faire en lien avec les pouvoirs publics. Si nous avons mis autant de temps à démarrer en France, c’est Si nous arrivons désormais à 75 % parce que nous n’avions aucun soutien des pouvoirs publics, de notoriété pour le commerce ni financiers, ni institutionnels. A ce titre, le Ministère des Affaires étrangères finance 50 % du budget de Max Havelaar équitable, c’est grâce au travail France. Je crois que c’est fondamental ; il ne peut y avoir de fait en amont, avec un maillage campagne d’intérêt général sans argent public au départ, et de la société française” sans le soutien bien sûr de bénévoles et d’associations multiples, et puis sans le soutien d’entreprises qui sont au cœur de l’activité économique française. Si nous voulons pouvoir toucher les personnes sur leurs lieux de travail et avoir également des moyens financiers, il faut un lien avec les entreprises.
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: Plus de brutalité, peut-être mais davantage de budget également. Ces derniers sont sans commune mesure avec les moyens que nous avions mis sur cette campagne : 3,5 M€ par an. Ce n’est pas ridicule, mais dès que vous devez faire des achats
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d’espaces et de temps de télévision, vous savez ce que cela coûte.
d’espaces et de temps de télévision, vous savez ce que cela coûte.
C O U T U R E A U : “Faisons vite, ça chauffe”. Ce n’est pas pour le plaisir de la campagne, mais parce que cela les mobilise. Sur ce point, je suis un peu rigoriste. Je ne crois qu’aux statistiques, c’est pour cela que nous faisons des post-tests. En l’occurrence, beaucoup de personnes l’ont vu, puisque nous sommes largement au-dessus de l’impact, toutes populations confondues.
C O U T U R E A U : “Faisons vite, ça chauffe”. Ce n’est pas pour le plaisir de la campagne, mais parce que cela les mobilise. Sur ce point, je suis un peu rigoriste. Je ne crois qu’aux statistiques, c’est pour cela que nous faisons des post-tests. En l’occurrence, beaucoup de personnes l’ont vu, puisque nous sommes largement au-dessus de l’impact, toutes populations confondues.
É L I S A B E T H
S E R G E
É L I S A B E T H
Vous avez raison, la cible est tous publics. L’ADEME travaille avec des instituts d’études pour faire des mesures, une fois la campagne en cours. En l’occurrence, j’ai les chiffres de cette campagne, mais je ne vais pas vous les asséner. Je peux simplement dire que, par rapport aux campagnes de marques, qui parlent tout à fait d’autres choses, dont Rennie, nous sommes, pour l’impact (c’est-à-dire que les personnes se souviennent d’avoir vu cette campagne) et l’attribut au sujet (l’attribuer à l’ADEME n’est pas important), largement au-dessus de la moyenne. Par exemple, 80 % des Français disent que cette campagne est intéressante et agréable à regarder, et donc qu’ils ont envie de la revoir.
Vous avez raison, la cible est tous publics. L’ADEME travaille avec des instituts d’études pour faire des mesures, une fois la campagne en cours. En l’occurrence, j’ai les chiffres de cette campagne, mais je ne vais pas vous les asséner. Je peux simplement dire que, par rapport aux campagnes de marques, qui parlent tout à fait d’autres choses, dont Rennie, nous sommes, pour l’impact (c’est-à-dire que les personnes se souviennent d’avoir vu cette campagne) et l’attribut au sujet (l’attribuer à l’ADEME n’est pas important), largement au-dessus de la moyenne. Par exemple, 80 % des Français disent que cette campagne est intéressante et agréable à regarder, et donc qu’ils ont envie de la revoir.
Je relativise sur votre sentiment par rapport à la mobilisation. Dans la question, il y avait autre chose sur la gentillesse. Après cela, chacun pense ce qu’il veut, je respecte cela parfaitement. L’important est de savoir si cela mobilise. La seule chose qui nous a intéressés a été de savoir si les gens se disaient ensuite : “Cela me donne envie de faire quelque chose.” Il nous semble que, par rapport à d’autres post-tests que nous pouvons faire sur des campagnes qui font peur, nous avons un très bon résultat.
Je relativise sur votre sentiment par rapport à la mobilisation. Dans la question, il y avait autre chose sur la gentillesse. Après cela, chacun pense ce qu’il veut, je respecte cela parfaitement. L’important est de savoir si cela mobilise. La seule chose qui nous a intéressés a été de savoir si les gens se disaient ensuite : “Cela me donne envie de faire quelque chose.” Il nous semble que, par rapport à d’autres post-tests que nous pouvons faire sur des campagnes qui font peur, nous avons un très bon résultat.
O R R U
: Je ne vais pas être gentil avec vous, Élisabeth, je vous coupe. Stéphane !
S E R G E
S A N T E N I : Pour prolonger ce que disait Monica, nous avons également la question de l’aspect connu d’une campagne. Il ne faut pas citer seulement la campagne de l’ADEME. L’analyse que nous faisons de la campagne contre les 4 x 4 est que, depuis deux ans, elle est globalement un échec. Cette campagne est-elle connue ? Change-t-elle réellement les choses ?
S T É P H A N E
Yves Leers parlait de constance. Je pense malheureusement que le budget de l’ADEME suit aussi la courbe du prix du pétrole. En 1980, le budget de l’ADEME était important, en 1986, il a complètement chuté, et récemment, il a ré-augmenté et rebaissé.
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: Je ne vais pas être gentil avec vous, Élisabeth, je vous coupe. Stéphane !
S A N T E N I : Pour prolonger ce que disait Monica, nous avons également la question de l’aspect connu d’une campagne. Il ne faut pas citer seulement la campagne de l’ADEME. L’analyse que nous faisons de la campagne contre les 4 x 4 est que, depuis deux ans, elle est globalement un échec. Cette campagne est-elle connue ? Change-t-elle réellement les choses ?
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Yves Leers parlait de constance. Je pense malheureusement que le budget de l’ADEME suit aussi la courbe du prix du pétrole. En 1980, le budget de l’ADEME était important, en 1986, il a complètement chuté, et récemment, il a ré-augmenté et rebaissé.
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:
Comment est-ce possible ?
S A N T E N I
:
Il faudra interroger les politiques.
Ceci me fait dire qu’une campagne d’intérêt public n’est pas seulement une campagne d’information, mais aussi une incitation financière. C’est aussi brider les différentes communications concurrentes. En général, cela vient de la publicité. L’ADEME est face à l’ensemble des constructeurs automobiles qui vont carrément à l’inverse.
Nous avons un autre souci : la cohérence dans l’action du gouvernement. Quand l’ADEME communique sur “Paroles, Paroles, Paroles” et qu’en même temps, le gouvernement fait une superbe cacophonie sur le Une campagne d’intérêt public n’est pas bonus/malus, en laissant entendre que, potentiellement, il pourrait y avoir des prix sur des “petites seulement une campagne d’information, voitures”, mais que les “grosses” vont être sancmais aussi une incitation financière” tionnées, cela a pour effet que tout ceux qui veulent acheter un 4 x 4 se précipitent avant la taxe, et ceux qui veulent acheter des “petites voitures” attendent l’incitation fiscale qui ne vient jamais. C’est contre-productif. S E R G E U N
O R R U
:
Je ne sais pas si cela s’est réellement passé.
: Juste pour répondre sur la campagne 4 x 4. C’était un relais des statistiques réalisées sur la consommation des carburants et sur les émissions de CO2, l’échec est très relatif. Là aussi, nous retrouvons de la constance, on en parle énormément. Lors du Salon du 4 x 4 à Val d’Isère, nous n’avons jamais été autant interrogés sur ce point — je suppose que vous aussi — et sur l’aspect environnemental. Cela ne veut pas dire qu’il s’est vendu moins de 4 x 4.
I N T E R V E N A N T
“
S E R G E
S T É P H A N E
S E R G E U N
©
O R R U
M A R T I N - F E R R A R I , journaliste, directrice générale de Gaïa Network: Je voudrais réagir à plusieurs choses. D’abord, une question technique. Tout à l’heure, j’ai cru entendre que, sur les campagnes nationales, vous avez parlé de rabais de 50 %?
D O M I N I Q U E
:
Je ne sais pas si cela s’est réellement passé.
: On peut simplement être surpris de la mansuétude à l’égard des constructeurs automobiles de la part des Pouvoirs publics et des consommateurs.
: Non, pour les campagnes d’intérêt général : 25 % et pour les grandes causes nationales : 100 % sur les émetteurs publics.
Y V E S
M A R T I N - F E R R A R I : Donc, quand une grande cause nationale est décidée, par exemple l’économie d’énergie, est-ce que Total qui fait sa publicité a la même réduction de 50 % que l’ADEME ? Non, quand même pas !
D O M I N I Q U E
: Non, dans les propositions du groupe « sensibilisation » du Plan “Climat”, nous avions retenu celle de taxer les compagnies pétrolières et les producteurs d’essence afin d’obtenir de l’argent pour sensibiliser aux économies d’énergie. Nous trouvions que c’était une bonne idée mais cela n’a pas été retenu.
Y V E S
M A R T I N - F E R R A R I : C’était pourtant une bonne idée. En revanche, je vous invite à venir poser la question sur la cohérence à l’atelier que j’anime sur la responsabilité sociale des médias. Geneviève Guicheney, responsable de la mission “développement durable” de France Télévision, sera présente. Comment mettre en cohé-
D O M I N I Q U E
O R R U
M A R T I N - F E R R A R I , journaliste, directrice générale de Gaïa Network: Je voudrais réagir à plusieurs choses. D’abord, une question technique. Tout à l’heure, j’ai cru entendre que, sur les campagnes nationales, vous avez parlé de rabais de 50 %?
L E E R S
: Non, pour les campagnes d’intérêt général : 25 % et pour les grandes causes nationales : 100 % sur les émetteurs publics.
L E E R S
M A R T I N - F E R R A R I : Donc, quand une grande cause nationale est décidée, par exemple l’économie d’énergie, est-ce que Total qui fait sa publicité a la même réduction de 50 % que l’ADEME ? Non, quand même pas !
L E E R S
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Il faudra interroger les politiques.
: Juste pour répondre sur la campagne 4 x 4. C’était un relais des statistiques réalisées sur la consommation des carburants et sur les émissions de CO2, l’échec est très relatif. Là aussi, nous retrouvons de la constance, on en parle énormément. Lors du Salon du 4 x 4 à Val d’Isère, nous n’avons jamais été autant interrogés sur ce point — je suppose que vous aussi — et sur l’aspect environnemental. Cela ne veut pas dire qu’il s’est vendu moins de 4 x 4.
S E R G E
ACIDD et Comité 21
:
I N T E R V E N A N T
: On peut simplement être surpris de la mansuétude à l’égard des constructeurs automobiles de la part des Pouvoirs publics et des consommateurs.
O R R U
: Non, dans les propositions du groupe « sensibilisation » du Plan “Climat”, nous avions retenu celle de taxer les compagnies pétrolières et les producteurs d’essence afin d’obtenir de l’argent pour sensibiliser aux économies d’énergie. Nous trouvions que c’était une bonne idée mais cela n’a pas été retenu.
L E E R S
M A R T I N - F E R R A R I : C’était pourtant une bonne idée. En revanche, je vous invite à venir poser la question sur la cohérence à l’atelier que j’anime sur la responsabilité sociale des médias. Geneviève Guicheney, responsable de la mission “développement durable” de France Télévision, sera présente. Comment mettre en cohé-
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S A N T E N I
Dans les mesures qui seront annoncées par le Premier ministre avant le milieu du mois de septembre, il est fort probable que certaines soient prises contre les véhicules les plus polluants, effectivement, mais peut-être pas en faveur des autres.
D O M I N I Q U E
Y V E S
Comment est-ce possible ?
Nous avons un autre souci : la cohérence dans l’action du gouvernement. Quand l’ADEME communique sur “Paroles, Paroles, Paroles” et qu’en même temps, le gouvernement fait une superbe cacophonie sur le Une campagne d’intérêt public n’est pas bonus/malus, en laissant entendre que, potentiellement, il pourrait y avoir des prix sur des “petites seulement une campagne d’information, voitures”, mais que les “grosses” vont être sancmais aussi une incitation financière” tionnées, cela a pour effet que tout ceux qui veulent acheter un 4 x 4 se précipitent avant la taxe, et ceux qui veulent acheter des “petites voitures” attendent l’incitation fiscale qui ne vient jamais. C’est contre-productif.
D O M I N I Q U E
Y V E S
:
Ceci me fait dire qu’une campagne d’intérêt public n’est pas seulement une campagne d’information, mais aussi une incitation financière. C’est aussi brider les différentes communications concurrentes. En général, cela vient de la publicité. L’ADEME est face à l’ensemble des constructeurs automobiles qui vont carrément à l’inverse.
Dans les mesures qui seront annoncées par le Premier ministre avant le milieu du mois de septembre, il est fort probable que certaines soient prises contre les véhicules les plus polluants, effectivement, mais peut-être pas en faveur des autres. S E R G E
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rence les politiques de contenus et les politiques économiques et, en même temps, la gestion de la publicité et des messages publicitaires en lien avec les grandes causes?
rence les politiques de contenus et les politiques économiques et, en même temps, la gestion de la publicité et des messages publicitaires en lien avec les grandes causes?
C O U T U R E A U : Je ne voudrais pas que vous fassiez une mauvaise interprétation de ce que j’ai dit. Mon propos n’était pas de dire qu’une Il faut mettre la pression campagne comme celle de l’ADEME par une prise de parole, était formidable, qu’elle avait bien sur le sujet environnemental” marché, etc., mais justement le contraire. En regardant tous les indicateurs, on peut dire que, publicitairement, cela passe, que la presse relaie les messages et qu’il existe une mobilisation des partenaires. Mais nous avons besoin de persévérance.
É L I S A B E T H
C O U T U R E A U : Je ne voudrais pas que vous fassiez une mauvaise interprétation de ce que j’ai dit. Mon propos n’était pas de dire qu’une Il faut mettre la pression campagne comme celle de l’ADEME par une prise de parole, était formidable, qu’elle avait bien sur le sujet environnemental” marché, etc., mais justement le contraire. En regardant tous les indicateurs, on peut dire que, publicitairement, cela passe, que la presse relaie les messages et qu’il existe une mobilisation des partenaires. Mais nous avons besoin de persévérance.
É L I S A B E T H
Nous sommes ici pour voir comment mieux communiquer sur le développement durable, eh bien, la première chose est de continuer et mettre de l’eau dans un océan. Après cela, chaque individu doit faire sa propre interprétation du spot ou de l’article. Mais il faut mettre la pression par une prise de parole, sur le sujet environnemental notamment, de plus en plus forte. Cela ne va pas se faire en un jour. Yves a dit tout à l’heure que le budget de communication de l’ADEME était de 3 M ; mais, par exemple, un achat d’espace strictement publicitaire coûte 1,5 M . D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I
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Nous sommes ici pour voir comment mieux communiquer sur le développement durable, eh bien, la première chose est de continuer et mettre de l’eau dans un océan. Après cela, chaque individu doit faire sa propre interprétation du spot ou de l’article. Mais il faut mettre la pression par une prise de parole, sur le sujet environnemental notamment, de plus en plus forte. Cela ne va pas se faire en un jour. Yves a dit tout à l’heure que le budget de communication de l’ADEME était de 3 M ; mais, par exemple, un achat d’espace strictement publicitaire coûte 1,5 M .
En dehors de l’ADEME ou de grands grou-
D O M I N I Q U E
C’est faux de dire que ce sont des campagnes nationales, celles-ci sont réservées, soit à de grands groupes multinationaux, soit à des agences d’État. Ce n’est pas ce que l’on appelle une campagne nationale au sens où peuvent y accéder public et privé, toute personne ayant un message allant dans le sens du développement durable.
: Je souhaite intervenir sur les limites et l’efficacité de ces campagnes. L’efficacité n’est pas seulement de savoir si les gens adhèrent, s’ils ont apprécié, mais c’est s’ils changent leurs habitudes, c’est cela le problème. J’ai l’impression qu’au delà de ces campagnes de publicité, on laisse les gens seuls. Une fois qu’ils sont rentrés chez eux, que font-ils? On leur a dit de fermer le robinet quand ils se lavent les dents, c’est bien gentil. Mais, que faisons-nous après pour les accompagner dans le changement?
A L A I N
C H A U V E A U
: C’est pour cela que ce livre vert existe et que des événements comme le nôtre ont lieu.
S E R G E
O R R U
Oui, si tu veux, les gens le ramènent chez eux, mais qu’en font-
A L A I N
C H A U V E A U
S E R G E
O R R U
A L A I N
C H A U V E A U
:
:
Oui, mais de la prise de conscience à l’action, il faut des alternatives.
S E R G E
O R R U
A L A I N
C H A U V E A U
: Je voulais partager avec vous ce que j’ai vu en Angleterre. Vous me ferez part de vos réflexions par rapport à cela.
L E E R S
:
ACIDD et Comité 21
:
: C’est pour cela que ce livre vert existe et que des événements comme le nôtre ont lieu. :
Oui, si tu veux, les gens le ramènent chez eux, mais qu’en font-
O R R U
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C H A U V E A U
Y V E S
En général, ils sont entre huit et dix.
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:
Oui, mais de la prise de conscience à l’action, il faut des alternatives.
S E R G E
: Je voulais partager avec vous ce que j’ai vu en Angleterre. Vous me ferez part de vos réflexions par rapport à cela.
C’est une ONG anglaise qui a mis en place des gestes éco-citoyens. Ils préconisent de les faire en groupe. Un leader réunit un groupe de voisins, d’amis… Il est conseillé de se réunir tous les mois, de boire un verre ensemble et donc d’échanger sur les gestes mis en place, les difficultés rencontrées ou les bonnes idées pour mettre en place ces gestes.
Ce sont des groupes de combien ?
C H A U V E A U
: Je souhaite intervenir sur les limites et l’efficacité de ces campagnes. L’efficacité n’est pas seulement de savoir si les gens adhèrent, s’ils ont apprécié, mais c’est s’ils changent leurs habitudes, c’est cela le problème. J’ai l’impression qu’au delà de ces campagnes de publicité, on laisse les gens seuls. Une fois qu’ils sont rentrés chez eux, que font-ils? On leur a dit de fermer le robinet quand ils se lavent les dents, c’est bien gentil. Mais, que faisons-nous après pour les accompagner dans le changement?
ils ? Je n’en sais rien.
C’est une ONG anglaise qui a mis en place des gestes éco-citoyens. Ils préconisent de les faire en groupe. Un leader réunit un groupe de voisins, d’amis… Il est conseillé de se réunir tous les mois, de boire un verre ensemble et donc d’échanger sur les gestes mis en place, les difficultés rencontrées ou les bonnes idées pour mettre en place ces gestes.
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En dehors de l’ADEME ou de grands grou-
C’est faux de dire que ce sont des campagnes nationales, celles-ci sont réservées, soit à de grands groupes multinationaux, soit à des agences d’État. Ce n’est pas ce que l’on appelle une campagne nationale au sens où peuvent y accéder public et privé, toute personne ayant un message allant dans le sens du développement durable.
ils ? Je n’en sais rien.
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:
pes, qui peut se le permettre ?
C H A U V E A U
A L A I N
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pes, qui peut se le permettre ?
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Ce sont des groupes de combien ?
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En général, ils sont entre huit et dix.
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L E E R S
:
Est-ce dans un quartier ?
C H A U V E A U
:
Y V E S
Oui, et cela permet de lier écologie et convivialité.
A L A I N
: C’est anglo-saxon, c’est du commando civique, du Tupperware de l’écologie. C’est pas mal.
L E E R S
C H A U V E A U
:
Y V E S
Le but de cette campagne est de prévoir des choses pour aider
A L A I N
L E E R S
“
L E E R S
É L I S A B E T H D O M I N I Q U E
:
L E E R S
Oui, bien.
Y V E S
C O U T U R E A U
:
La ville de Venise a mis ce genre de chose en place.
M A R T I N - F E R R A R I
:
:
Ce sont de très bonnes expériences. Y avez-
Alain va nous préparer un projet.
D A V I D : Juste une petite précision technique. Lorsqu’on m’a demandé d’intervenir dans cet atelier et que j’ai entendu “campagne d’intérêt général”, je pensais qu’il s’agissait du label “Campagne d’intérêt général”. Or il ne faut pas confondre une campagne d’intérêt général au sens large du terme et le label “Campagne d’intérêt général” qui est délivré par le Premier Ministre. En général, le label “Campagne d’intérêt général” est délivré à deux ou trois associations par an. En revanche, le label “Grande cause nationale” est délivré par le Premier Ministre à une cause portée par un collectif d’associations. Le label « Grande cause nationale » L’attribution de ces deux labels est au préalable discutée est délivré par le Premier Ministre dans des réunions interministérielles, mais c’est le Premier à une cause portée par un collectif ministre qui arbitre au final. Toute association peut déposer un dossier pour obtenir l’un ou l’autre de ces labels. V I N C E N T
d’associations.”
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:
Oui, et cela permet de lier écologie et convivialité.
: C’est anglo-saxon, c’est du commando civique, du Tupperware de l’écologie. C’est pas mal.
L E E R S
C H A U V E A U
:
Le but de cette campagne est de prévoir des choses pour aider
les gens.
vous pensé à l’ADEME ? Y V E S
Est-ce dans un quartier ?
C H A U V E A U
les gens. Y V E S
:
Pour lancer une campagne d’intérêt général, au sens générique du terme, il faut des moyens et faire des partenariats. Ce sont deux choses différentes. J E A N - B A P T I S T E
D A V I D
:
Je souhaite rebondir sur l’accompagnement.
Certaines initiatives menées pour le compostage individuel des déchets, par exemple, n’ont eu de succès qu’après un véritable accompagnement des techniciens qui suivaient un certain nombre de foyers. Dans une communication d’intérêt général, il faudrait, autant que faire se peut, l’accompagner d’une campagne de communication, que ce soit du groupe Tupperware ou autre ; cela a marché pour les déchets. Nous avons cette information de proximité avec les Ambassadeurs du tri, par exemple. Nous avons là une appropriation du message.
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L E E R S
É L I S A B E T H D O M I N I Q U E
:
Oui, bien.
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:
La ville de Venise a mis ce genre de chose en place.
M A R T I N - F E R R A R I
:
Ce sont de très bonnes expériences. Y avez-
vous pensé à l’ADEME ? Y V E S
L E E R S
:
Alain va nous préparer un projet.
D A V I D : Juste une petite précision technique. Lorsqu’on m’a demandé d’intervenir dans cet atelier et que j’ai entendu “campagne d’intérêt général”, je pensais qu’il s’agissait du label “Campagne d’intérêt général”. Or il ne faut pas confondre une campagne d’intérêt général au sens large du terme et le label “Campagne d’intérêt général” qui est délivré par le Premier Ministre. En général, le label “Campagne d’intérêt général” est délivré à deux ou trois associations par an. En revanche, le label “Grande cause nationale” est délivré par le Premier Ministre à une cause portée par un collectif d’associations. Le label « Grande cause nationale » L’attribution de ces deux labels est au préalable discutée est délivré par le Premier Ministre dans des réunions interministérielles, mais c’est le Premier à une cause portée par un collectif ministre qui arbitre au final. Toute association peut déposer un dossier pour obtenir l’un ou l’autre de ces labels. V I N C E N T
d’associations.”
Pour lancer une campagne d’intérêt général, au sens générique du terme, il faut des moyens et faire des partenariats. Ce sont deux choses différentes. J E A N - B A P T I S T E
D A V I D
:
Je souhaite rebondir sur l’accompagnement.
Certaines initiatives menées pour le compostage individuel des déchets, par exemple, n’ont eu de succès qu’après un véritable accompagnement des techniciens qui suivaient un certain nombre de foyers. Dans une communication d’intérêt général, il faudrait, autant que faire se peut, l’accompagner d’une campagne de communication, que ce soit du groupe Tupperware ou autre ; cela a marché pour les déchets. Nous avons cette information de proximité avec les Ambassadeurs du tri, par exemple. Nous avons là une appropriation du message.
J’ai deux interrogations. La constance est effectivement indispensable dans la prise de conscience des gens sur, par exemple, la sécurité routière et le tabac. Cependant, il ne faut pas sous-estimer le rôle des incitations fiscales dans le changement des comportements. Elles ont un poids énorme.
J’ai deux interrogations. La constance est effectivement indispensable dans la prise de conscience des gens sur, par exemple, la sécurité routière et le tabac. Cependant, il ne faut pas sous-estimer le rôle des incitations fiscales dans le changement des comportements. Elles ont un poids énorme.
Que fait-on par rapport au principe de précaution et à l’incertitude de certains problèmes écologiques ? Exemple : l’appel de Paris. Je ne sais pas si tout le monde a entendu parler de cela. S’agissant des risques chroniques de la pollution chimique à travers l’alimentation, la pollution et autres, les gens ne sont pas convaincus du lien santé/environnement, alors que le milieu scientifique est convaincu du lien en tant
Que fait-on par rapport au principe de précaution et à l’incertitude de certains problèmes écologiques ? Exemple : l’appel de Paris. Je ne sais pas si tout le monde a entendu parler de cela. S’agissant des risques chroniques de la pollution chimique à travers l’alimentation, la pollution et autres, les gens ne sont pas convaincus du lien santé/environnement, alors que le milieu scientifique est convaincu du lien en tant
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que tel. S E R G E
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Cela commence au sein de la population. Cela se sent.
:
S E R G E
R O B E R T
J E A N - B A P T I S T E
D A V I D : Cela commence mais pour les émissions de polluants, le tabagisme, l’alimentation, on n’arrive pas à trouver les liens de cause à effet. Comment faire pour communiquer sur quelque chose d’intérêt général, entre cet appel de Paris, la pollution alimentaire, etc. ? Comment faire, parce que nous sommes face à une incertitude ?
: Je perçois que le phénomène environnement-santé commence à être perçu par les gens.
S E R G E
L I O N , Président d’AGRISUD : Vous êtes tous sur des actions qui débouchent sur des modifications de comportements éco-citoyens. Mon champ est le développement durable au Sud. Au Sud, cela n’appelle pas des changements de comportements, mais peut-être tout simplement de la générosité. Il a été dit tout à l’heure qu’il ne fallait pas faire appel à la peur, je suis d’accord. Là, nous sommes plutôt sur le registre du cœur. Il existe, bien entendu, des campagnes d’intérêt général sur le registre du cœur dans le domaine de la santé. Elles sont bien connues et, dans l’ensemble, assez réussies.
R O B E R T
O R R U
Puis, vous avez des campagnes d’intérêt général qui ne sont provoquées par personne, sinon par des chaînes de télévision ; je pense aux élans d’émotion et de générosité lors de catastrophes comme celles de l’hiver dernier. Pour des actions de développement durable qui se déroulent dans les pays du Sud et qui n’ont pas d’impact immédiat, sinon dans les grands raisonnements (peur, pauvreté, risques que le sous-développement peut entraîner pour nous), comment voyez-vous les choses pour intéresser, mobiliser et, accessoirement — c’est mon travail quotidien — récolter de l’argent ? U N
: Vous dites que la réponse est uniquement caritative, mais il y aussi des changements de comportements au Nord vis-à-vis d’une évolution positive au Sud. Les changements de comportements portent aussi sur notre agriculture et d’autres domaines. Par exemple : les pesticides que l’on pourrait éviter d’envoyer en Afrique, les ordinateurs, etc. Ce n’est pas juste du caritatif pur et simple.
U N
: Il n’existe pas de développement durable sans solidarité, sans démocratie et sans droit humain.
S E R G E
R O B E R T
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phes ? S E R G E
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:
“
La solidarité est-elle un problème de campagnes, sauf lors de catastro-
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L I O N , Président d’AGRISUD : Vous êtes tous sur des actions qui débouchent sur des modifications de comportements éco-citoyens. Mon champ est le développement durable au Sud. Au Sud, cela n’appelle pas des changements de comportements, mais peut-être tout simplement de la générosité. Il a été dit tout à l’heure qu’il ne fallait pas faire appel à la peur, je suis d’accord. Là, nous sommes plutôt sur le registre du cœur. Il existe, bien entendu, des campagnes d’intérêt général sur le registre du cœur dans le domaine de la santé. Elles sont bien connues et, dans l’ensemble, assez réussies.
: Vous dites que la réponse est uniquement caritative, mais il y aussi des changements de comportements au Nord vis-à-vis d’une évolution positive au Sud. Les changements de comportements portent aussi sur notre agriculture et d’autres domaines. Par exemple : les pesticides que l’on pourrait éviter d’envoyer en Afrique, les ordinateurs, etc. Ce n’est pas juste du caritatif pur et simple.
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: Il n’existe pas de développement durable sans solidarité, sans démocratie et sans droit humain.
O R R U
L I O N
phes ?
: C’est évident. Pourquoi le monde tarde-t-il autant à réagir alors que nous savons très bien que, dans le domaine environnemental, nous avons vingt ans devant nous pour changer et infléchir les choses ? Pourquoi tardons-nous tant ? Pourquoi, alors que depuis cinq ans les uns et les autres parlent du pétrole cher ? Je me souviens être allé à Matignon voici un an et demi pour dire Le phénomène environnement-santé que, bientôt, nous commence à être perçu par les gens” aurions le baril à 100 dollars. On m’a ri au nez. Lorsque nous disions cela dans le monde industriel voici à peine un an, on nous traitait d’écolos, de gauchistes, d’utopistes…
O R R U
: Je perçois que le phénomène environnement-santé commence à être perçu par les gens.
O R R U
Puis, vous avez des campagnes d’intérêt général qui ne sont provoquées par personne, sinon par des chaînes de télévision ; je pense aux élans d’émotion et de générosité lors de catastrophes comme celles de l’hiver dernier. Pour des actions de développement durable qui se déroulent dans les pays du Sud et qui n’ont pas d’impact immédiat, sinon dans les grands raisonnements (peur, pauvreté, risques que le sous-développement peut entraîner pour nous), comment voyez-vous les choses pour intéresser, mobiliser et, accessoirement — c’est mon travail quotidien — récolter de l’argent ?
I N T E R V E N A N T
S E R G E
Cela commence au sein de la population. Cela se sent.
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D A V I D : Cela commence mais pour les émissions de polluants, le tabagisme, l’alimentation, on n’arrive pas à trouver les liens de cause à effet. Comment faire pour communiquer sur quelque chose d’intérêt général, entre cet appel de Paris, la pollution alimentaire, etc. ? Comment faire, parce que nous sommes face à une incertitude ?
J E A N - B A P T I S T E
S E R G E
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La solidarité est-elle un problème de campagnes, sauf lors de catastro-
: C’est évident. Pourquoi le monde tarde-t-il autant à réagir alors que nous savons très bien que, dans le domaine environnemental, nous avons vingt ans devant nous pour changer et infléchir les choses ? Pourquoi tardons-nous tant ? Pourquoi, alors que depuis cinq ans les uns et les autres parlent du pétrole cher ? Je me souviens être allé à Matignon voici un an et demi pour dire Le phénomène environnement-santé que, bientôt, nous commence à être perçu par les gens” aurions le baril à 100 dollars. On m’a ri au nez. Lorsque nous disions cela dans le monde industriel voici à peine un an, on nous traitait d’écolos, de gauchistes, d’utopistes…
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Nous avons quelque chose d’extrêmement récurrent dans la prise de conscience, celui d’agir pour tous les pays qui ont besoin d’un soutien financier et un soutien du cœur. Mais on peut se poser la question : pourquoi cela tarde-t-il tant ? R O B E R T S E R G E
L I O N O R R U
R O B E R T
Pourquoi ?
S E R G E
L I O N : Parce que cela n’interpelle pas les gens dans leur quotidien. Vous avez un certain nombre de causes : la santé, les enfants, les chats et les baleines… ; et puis aussi parce que vous essayez d’agir sur les comportements. C’est très bien. Mais, susciter des élans de solidarité durable pour des améliorations — je n’ose pas dire des progrès — dans les pays du Sud : silence.
R O B E R T
S E R G E
Cela prend difficilement.
: :
Nous avons quelque chose d’extrêmement récurrent dans la prise de conscience, celui d’agir pour tous les pays qui ont besoin d’un soutien financier et un soutien du cœur. Mais on peut se poser la question : pourquoi cela tarde-t-il tant ?
O R R U
V I N C E N T
:
L I O N O R R U
S E R G E
D A V I D : Il faut bien distinguer deux choses : la communication pour obtenir des dons et celle pour faire passer des messages et faire des campagnes d’opinion. Ce sont deux parties très différentes. Il est évident qu’il est très difficile, pour des ONG de développement stricto sensu — qui ne sont donc pas des ONG d’urgence — de communiquer, car le public est habitué à des images de détresse et pas à des explications sur le fait que les populations du Sud peuvent prendre elles-mêmes en main leur développement. Une des exceptions est le CCFD qui dispose d’un budget important parce que cette association s’appuie sur un large réseau de militants-donateurs.
O R R U
V I N C E N T
Je ne l’ai pas dit tout à l’heure car j’ai insisté sur la notoriété, mais il faut signaler que les ventes de produits issus du commerce équitable ont explosé. S E R G E
O R R U
V I N C E N T
U N
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Dans quel pourcentage ?
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
D A V I D
:
:
S E R G E
:
C’est vrai.
D A V I D : Il faut bien distinguer deux choses : la communication pour obtenir des dons et celle pour faire passer des messages et faire des campagnes d’opinion. Ce sont deux parties très différentes. Il est évident qu’il est très difficile, pour des ONG de développement stricto sensu — qui ne sont donc pas des ONG d’urgence — de communiquer, car le public est habitué à des images de détresse et pas à des explications sur le fait que les populations du Sud peuvent prendre elles-mêmes en main leur développement. Une des exceptions est le CCFD qui dispose d’un budget important parce que cette association s’appuie sur un large réseau de militants-donateurs.
O R R U
V I N C E N T
Vous considérez-vous comme une ONG de développement ?
U N
Max Havelaar France est une ONG de développement, mais pas au
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Pourquoi ?
Je ne l’ai pas dit tout à l’heure car j’ai insisté sur la notoriété, mais il faut signaler que les ventes de produits issus du commerce équitable ont explosé.
D A V I D : Les ventes doublent chaque année. Le café représente désormais 3 % à 4 % ventes de café en France. C’est grâce à de la communication mais aussi parce que des bénévoles et des gens sur le terrain agissent. Je ne crois pas à une communication uniquement médiatique.
V I N C E N T
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L I O N : Parce que cela n’interpelle pas les gens dans leur quotidien. Vous avez un certain nombre de causes : la santé, les enfants, les chats et les baleines… ; et puis aussi parce que vous essayez d’agir sur les comportements. C’est très bien. Mais, susciter des élans de solidarité durable pour des améliorations — je n’ose pas dire des progrès — dans les pays du Sud : silence.
R O B E R T
C’est vrai.
Cela prend difficilement.
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Dans quel pourcentage ?
D A V I D : Les ventes doublent chaque année. Le café représente désormais 3 % à 4 % ventes de café en France. C’est grâce à de la communication mais aussi parce que des bénévoles et des gens sur le terrain agissent. Je ne crois pas à une communication uniquement médiatique.
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Vous considérez-vous comme une ONG de développement ?
Max Havelaar France est une ONG de développement, mais pas au
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même titre qu’Agrisud de Robert Lion, car notre action est principalement de mettre en relation des producteurs avec des industriels et de faire en sorte que les consommateurs achètent leurs produits. M A R T I N - F E R R A R I : Je souhaitais poser un peu la même question sur les problématiques environnementales. Comment arrive-t-on à faire passer, sur un des sujets d’ordre international et mondial pour certains qui ne sont pas forcément réversibles, la capacité de l’individu à agir ? C’est à cela que nous voyons que cela fonctionne sur des sujets comme le tabac ou la sécurité routière, parce que nous avons réussi à convaincre les individus qu’ils avaient un intérêt à agir pour eux. Un intérêt collectif et particulier. Sur l’environnement, la campagne de l’ADEME est quelque chose de formidable mais est-ce suffisant pour l’évolution des comportements ? Est-ce que l’on arrive à cette investigation ?
D O M I N I Q U E
“
C O U T U R E A U : J’ai le sentiment qu’il existe beaucoup de problématiques environnementales, l’effet de serre en particulier, pour lesquelles nous avons vraiment la possibilité de les rapprocher de notre quotidien. En l’occurrence, j’ai travaillé sur la campagne Tout travail de communiquant de 2000. En très peu de temps, la perception des est d’essayer de trouver Français du dérèglement climatique et de ses effets sur leur propre quotidien — je parle en négatif, de la l’angle d’attaque qui rapproche peur — a terriblement augmenté. le sujet du quotidien des gens”
É L I S A B E T H
Tout travail de communiquant est d’essayer de trouver — mais c’est difficile, notamment avec les militants — l’angle d’attaque qui rapproche le sujet du quotidien des gens. Pour certains sujets c’est plus facile. Je pense que dans le domaine écologique, cela s’est énormément rapproché depuis cinq à six ans.
P A S C A L E
S E R G E
L O G E T : Je trouve que certaines campagnes peuvent être extrêmement décrédibilisantes pour nous, les politiques, lorsque vous avez un tel hiatus entre “ça chauffe” et, de l’autre côté, “plus un rond pour les politiques publiques de transport”.
M A R T I N - F E R R A R I : Je souhaitais poser un peu la même question sur les problématiques environnementales. Comment arrive-t-on à faire passer, sur un des sujets d’ordre international et mondial pour certains qui ne sont pas forcément réversibles, la capacité de l’individu à agir ? C’est à cela que nous voyons que cela fonctionne sur des sujets comme le tabac ou la sécurité routière, parce que nous avons réussi à convaincre les individus qu’ils avaient un intérêt à agir pour eux. Un intérêt collectif et particulier. Sur l’environnement, la campagne de l’ADEME est quelque chose de formidable mais est-ce suffisant pour l’évolution des comportements ? Est-ce que l’on arrive à cette investigation ?
D O M I N I Q U E
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C O U T U R E A U : J’ai le sentiment qu’il existe beaucoup de problématiques environnementales, l’effet de serre en particulier, pour lesquelles nous avons vraiment la possibilité de les rapprocher de notre quotidien. En l’occurrence, j’ai travaillé sur la campagne Tout travail de communiquant de 2000. En très peu de temps, la perception des est d’essayer de trouver Français du dérèglement climatique et de ses effets sur leur propre quotidien — je parle en négatif, de la l’angle d’attaque qui rapproche peur — a terriblement augmenté. le sujet du quotidien des gens”
É L I S A B E T H
Tout travail de communiquant est d’essayer de trouver — mais c’est difficile, notamment avec les militants — l’angle d’attaque qui rapproche le sujet du quotidien des gens. Pour certains sujets c’est plus facile. Je pense que dans le domaine écologique, cela s’est énormément rapproché depuis cinq à six ans.
P A S C A L E
L O G E T : Je trouve que certaines campagnes peuvent être extrêmement décrédibilisantes pour nous, les politiques, lorsque vous avez un tel hiatus entre “ça chauffe” et, de l’autre côté, “plus un rond pour les politiques publiques de transport”.
Tout à l’heure, tu as parlé de la campagne 4 x 4. Même si l’action ne donne pas des résultats, je me souviens tout de même d’un article dans le supplément du “Monde” de cet été sur toute la problématique 4 x 4 remise dans un contexte.
Tout à l’heure, tu as parlé de la campagne 4 x 4. Même si l’action ne donne pas des résultats, je me souviens tout de même d’un article dans le supplément du “Monde” de cet été sur toute la problématique 4 x 4 remise dans un contexte.
Que pensez-vous de l’arrêt brutal de la campagne “En ville sans ma voiture” ? Je voulais te renvoyer vers un texte magnifique de Jacques Elul sur les lieux communs. Il interroge tout à fait la notion d’intérêt général. L’intérêt général a toujours été fait pour opprimer, notamment les femmes. Cela va vraiment à l’opposé de l’initiative citoyenne de la gouvernance.
Que pensez-vous de l’arrêt brutal de la campagne “En ville sans ma voiture” ? Je voulais te renvoyer vers un texte magnifique de Jacques Elul sur les lieux communs. Il interroge tout à fait la notion d’intérêt général. L’intérêt général a toujours été fait pour opprimer, notamment les femmes. Cela va vraiment à l’opposé de l’initiative citoyenne de la gouvernance.
: L’opération “En ville sans ma voiture” se transforme cette année parce qu’elle avait un peu vieilli ; elle sera transformée en “Bougeons autrement”, je crois. Ces dernières années, les résultats n’étaient plus très forts.
O R R U
É L I S A B E T H S E R G E
même titre qu’Agrisud de Robert Lion, car notre action est principalement de mettre en relation des producteurs avec des industriels et de faire en sorte que les consommateurs achètent leurs produits.
C O U T U R E A U
:
S E R G E
Elle va démarrer dans une semaine.
É L I S A B E T H
Je suis tout à fait de votre avis, les budgets ne sont pas suffisants. Pour la campagne sur les déchets, on admet des partenaires autres. Eco-Emballages participe à la future campagne.
O R R U
: L’opération “En ville sans ma voiture” se transforme cette année parce qu’elle avait un peu vieilli ; elle sera transformée en “Bougeons autrement”, je crois. Ces dernières années, les résultats n’étaient plus très forts.
O R R U
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S E R G E
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Elle va démarrer dans une semaine.
Je suis tout à fait de votre avis, les budgets ne sont pas suffisants. Pour la campagne sur les déchets, on admet des partenaires autres. Eco-Emballages participe à la future campagne.
Si vous voulez vous associer en 2006 à la campagne “Faisons vite”, il n’y a aucun
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Si vous voulez vous associer en 2006 à la campagne “Faisons vite”, il n’y a aucun
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problème. Vous êtes la bienvenue. On peut doubler le budget quand vous voulez.
problème. Vous êtes la bienvenue. On peut doubler le budget quand vous voulez. U N E
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: Vous souvenez-vous de ces mauvaises images de YannArthus Bertrand, avec les commentaires ? Vous pouvez imaginer la même chose avec certaines cibles ; on pourrait imaginer montrer des images catastrophiques en expliquant ce qui se passe et en apportant la solution en disant : tant de voitures roulent et elles dégagent tant de CO2 (gaz à effet de serre), montrer des sols érodés, toutes ces catastrophes climatiques que nous connaissons, et ensuite montrer un homme en vélo ou à pied. C’est en fait un peu simpliste.
I N T E R V E N A N T E
O R R U
:
U N E
C’est un peu ce qu’a fait le WWF.
S E R G E
Président de la Grande odyssée : Je voudrais vous parler d’une expérience un peu différente. Je suis un peu atypique ici. Je suis l’organisateur d’un événement qui, a priori, n’a pas grand-chose à voir avec le développement durable, même s’il en véhicule des images. C’est une grande course de chiens de traîneaux, la plus difficile au monde et la plus importante d’Europe. Avec le temps, un certain nombre de partenaires sont venus autour de nous, comme Eco-Emballages et l’ADEME. Nous nous sommes aperçus qu’avec la Grande odyssée, qui est extrêmement médiatique, nous sommes passés une dizaine de fois au journal télévisé au cours du mois de janvier dernier. Nous avons eu plus de 600 articles en moins de quinze jours.
C A M ,
: Vous souvenez-vous de ces mauvaises images de YannArthus Bertrand, avec les commentaires ? Vous pouvez imaginer la même chose avec certaines cibles ; on pourrait imaginer montrer des images catastrophiques en expliquant ce qui se passe et en apportant la solution en disant : tant de voitures roulent et elles dégagent tant de CO2 (gaz à effet de serre), montrer des sols érodés, toutes ces catastrophes climatiques que nous connaissons, et ensuite montrer un homme en vélo ou à pied. C’est en fait un peu simpliste.
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C’est un peu ce qu’a fait le WWF.
Président de la Grande odyssée : Je voudrais vous parler d’une expérience un peu différente. Je suis un peu atypique ici. Je suis l’organisateur d’un événement qui, a priori, n’a pas grand-chose à voir avec le développement durable, même s’il en véhicule des images. C’est une grande course de chiens de traîneaux, la plus difficile au monde et la plus importante d’Europe. Avec le temps, un certain nombre de partenaires sont venus autour de nous, comme Eco-Emballages et l’ADEME. Nous nous sommes aperçus qu’avec la Grande odyssée, qui est extrêmement médiatique, nous sommes passés une dizaine de fois au journal télévisé au cours du mois de janvier dernier. Nous avons eu plus de 600 articles en moins de quinze jours.
C A M ,
Nous avons pensé qu’en utilisant cette médiatisation nous pourrions avoir un effet de levier sur des messages que des gens peuvent nous faire passer. Nous avons monté des opérations assez intéressantes et qui devraient vous faire réfléchir à peut-être d’autres techniques, de simples campagnes télévisuelles. Nous avons monté, par exemple, des jeux et des concours avec des écoles et des enfants. Nous avons fait cela avec la presse enfantine. Tous ces jeux consistent à faire des projets, à répondre à des questions et accéder à de l’information. Nous emmenons les gagnants sur les bords de la Grande odyssée et nous leur montrons ce qu’est un chien de traîneau, un musher, une course dans les Alpes.
Nous avons pensé qu’en utilisant cette médiatisation nous pourrions avoir un effet de levier sur des messages que des gens peuvent nous faire passer. Nous avons monté des opérations assez intéressantes et qui devraient vous faire réfléchir à peut-être d’autres techniques, de simples campagnes télévisuelles. Nous avons monté, par exemple, des jeux et des concours avec des écoles et des enfants. Nous avons fait cela avec la presse enfantine. Tous ces jeux consistent à faire des projets, à répondre à des questions et accéder à de l’information. Nous emmenons les gagnants sur les bords de la Grande odyssée et nous leur montrons ce qu’est un chien de traîneau, un musher, une course dans les Alpes.
Pour la prochaine édition qui aura lieu au mois de janvier, nous sommes partenaires de l’opération “Un geste pour la Terre”. Nous allons distribuer des cartes d’engagement le long des départs. Il faut s’imaginer que la Grande odyssée est un peu comme un Tour de France à la montagne. Tous ces engagements vont être repris au travers de ces cartes qui vont être collectées, comptabilisées par l’ADEME et, à la fin de l’odyssée qui dure deux semaines, nous indiquerons l’équivalent de CO2 économisé par l’ensemble des promesses faites le long de l’itinéraire.
Pour la prochaine édition qui aura lieu au mois de janvier, nous sommes partenaires de l’opération “Un geste pour la Terre”. Nous allons distribuer des cartes d’engagement le long des départs. Il faut s’imaginer que la Grande odyssée est un peu comme un Tour de France à la montagne. Tous ces engagements vont être repris au travers de ces cartes qui vont être collectées, comptabilisées par l’ADEME et, à la fin de l’odyssée qui dure deux semaines, nous indiquerons l’équivalent de CO2 économisé par l’ensemble des promesses faites le long de l’itinéraire.
Je citerai une troisième expérience extrêmement intéressante et très riche en termes de communication. Nous avons monté avec le groupe “Dauphiné Libéré”, une opération appelée “Mille Enfants”. Après un jeu-concours, nous avons emmené l’année dernière 1 000 enfants à l’arrivée. Ils sont tous passés par une base solaire construite par les Chasseurs alpins, sur laquelle Eco-Emballages avait mis une station de tri sélectif à 2 000 mètres d’altitude. Tous les enfants sont repartis avec de petits bonnets marqués “La Grande odyssée/Eco-Emballages”. Ils ont tous participé à un jeu avec un certain nombre de questions sur le tri et la protection de l’environnement.
Je citerai une troisième expérience extrêmement intéressante et très riche en termes de communication. Nous avons monté avec le groupe “Dauphiné Libéré”, une opération appelée “Mille Enfants”. Après un jeu-concours, nous avons emmené l’année dernière 1 000 enfants à l’arrivée. Ils sont tous passés par une base solaire construite par les Chasseurs alpins, sur laquelle Eco-Emballages avait mis une station de tri sélectif à 2 000 mètres d’altitude. Tous les enfants sont repartis avec de petits bonnets marqués “La Grande odyssée/Eco-Emballages”. Ils ont tous participé à un jeu avec un certain nombre de questions sur le tri et la protection de l’environnement.
Je pense que s’adresser à un public d’enfants, au travers d’opérations qui servent à faire des effets de levier financier, peut être efficace. Les finances mises en jeu sont bien moindres que pour des campagnes de télévision.
Je pense que s’adresser à un public d’enfants, au travers d’opérations qui servent à faire des effets de levier financier, peut être efficace. Les finances mises en jeu sont bien moindres que pour des campagnes de télévision.
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Je voulais vous apporter cette expérience, elle peut vous donner des idées dans d’autres domaines. Un événementiel produit un effet d’amplification extrêmement important sur la médiatisation d’un message, à condition que la stratégie d’ensemble ait été extrêmement bien conçue et bien imaginée. U N
“
“
: Les entreprises se sont lancées dans le développement durable, non pas par philanthropie, mais parce qu’elles y voient un intérêt économique et une meilleure façon d’améliorer leur efficacité économique. Elles se mobilisent parce qu’elles y voient un intérêt.
I N T E R V E N A N T
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: Les entreprises se sont lancées dans le développement durable, non pas par philanthropie, mais parce qu’elles y voient un intérêt économique et une meilleure façon d’améliorer leur efficacité économique. Elles se mobilisent parce qu’elles y voient un intérêt.
I N T E R V E N A N T
Le problème est : comment les particuliers vont-ils se mobiliser pour le Sud ? À part le pourcentage classique de gens qui participent, tout cela parce qu’ils en ont la culture… Si nous souhaitons que les gens participent massivement à des actions pour le Sud, il faut arriver à leur montrer en quoi le Sud a un impact sur le Nord. C’est compliqué mais, lorsque nous arriverons à leur montrer cela, ils verront un intérêt à faire quelque chose pour que cela s’améliore dans le Sud.
Nous avons eu quelques occasions ces derniers mois, Comment les particuliers avec le textile — sans entrer vont-ils se mobiliser pour le Sud ?” dans le détail — qui montrent que nous avons des moyens de commencer à expliquer que l’intérêt des gens des pays développés est que le Sud se développe. C’est là-dessus, à mon avis, qu’il faut travailler pour élargir le cercle des personnes qui vont participer activement à des actions en direction du Sud.
Nous avons eu quelques occasions ces derniers mois, Comment les particuliers avec le textile — sans entrer vont-ils se mobiliser pour le Sud ?” dans le détail — qui montrent que nous avons des moyens de commencer à expliquer que l’intérêt des gens des pays développés est que le Sud se développe. C’est là-dessus, à mon avis, qu’il faut travailler pour élargir le cercle des personnes qui vont participer activement à des actions en direction du Sud.
L’histoire des 4 x 4 est un peu anecdotique. D’un côté, nous avons ceux qui critiquent les 4 x 4 et qui crient “environnement” et ceux qui roulent dans les 4 x 4 et qui les ont achetés uniquement pour des questions de sécurité. Les personnes ne peuvent pas se comprendre, elles ne parlent pas de la même chose.
fortement, pour faire changer notre société humaine.”
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U N
Le problème est : comment les particuliers vont-ils se mobiliser pour le Sud ? À part le pourcentage classique de gens qui participent, tout cela parce qu’ils en ont la culture… Si nous souhaitons que les gens participent massivement à des actions pour le Sud, il faut arriver à leur montrer en quoi le Sud a un impact sur le Nord. C’est compliqué mais, lorsque nous arriverons à leur montrer cela, ils verront un intérêt à faire quelque chose pour que cela s’améliore dans le Sud.
Le problème est toujours de créer des liens entre les gens. Ils se mobiliseront pour le développement durable, non pas parce qu’ils ont pris conscience des problèmes écologiques mais parce que, individuellement, ils se demandent ce qu’ils peuvent faire dans leur coin. Non, il faut arriver à montrer que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Alain disait avoir prévu des campagnes de communication en ce sens pour montrer que la somme des petits gestes arrive à des choses très importantes. Le développement durable est Il est temps que les artisans de la vie un changement de comportements. Pour le futur, c’est beaucoup que sont les artistes, s’investissent d’actions de communication.
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Je voulais vous apporter cette expérience, elle peut vous donner des idées dans d’autres domaines. Un événementiel produit un effet d’amplification extrêmement important sur la médiatisation d’un message, à condition que la stratégie d’ensemble ait été extrêmement bien conçue et bien imaginée.
S E R G E O R R U : Mais le spectre environnemental de la misère humaine sur notre planète est tellement vaste que l’individu solitaire, ou même en famille ou en tribu, ne sait pas ce qu’il peut faire. Mais, par rapport à la machine, ce n’est pas simplement un cliché des bons et des mauvais film cinématographique qui véhicule très souvent des facteurs violents de guerre, de gangsters, où on rend honorable cette horreur humaine… Si des gamins sont allés voir “Le jour d’après”, ils ont vu que cela arrive brusquement et que, soudain, d’un coup de baguette magique, tout redevient comme avant.
Il est aussi temps que, dans le vaste domaine culturel, les entreprises, les institutions et les citoyens provoquent tout simplement le fait de voir, non pas des images idylliques, toujours belles, mais des messages qui aiguisent la conscience des uns et
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L’histoire des 4 x 4 est un peu anecdotique. D’un côté, nous avons ceux qui critiquent les 4 x 4 et qui crient “environnement” et ceux qui roulent dans les 4 x 4 et qui les ont achetés uniquement pour des questions de sécurité. Les personnes ne peuvent pas se comprendre, elles ne parlent pas de la même chose.
Le problème est toujours de créer des liens entre les gens. Ils se mobiliseront pour le développement durable, non pas parce qu’ils ont pris conscience des problèmes écologiques mais parce que, individuellement, ils se demandent ce qu’ils peuvent faire dans leur coin. Non, il faut arriver à montrer que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Alain disait avoir prévu des campagnes de communication en ce sens pour montrer que la somme des petits gestes arrive à des choses très importantes. Le développement durable est Il est temps que les artisans de la vie un changement de comportements. Pour le futur, c’est beaucoup que sont les artistes, s’investissent d’actions de communication.
fortement, pour faire changer notre société humaine.”
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S E R G E O R R U : Mais le spectre environnemental de la misère humaine sur notre planète est tellement vaste que l’individu solitaire, ou même en famille ou en tribu, ne sait pas ce qu’il peut faire. Mais, par rapport à la machine, ce n’est pas simplement un cliché des bons et des mauvais film cinématographique qui véhicule très souvent des facteurs violents de guerre, de gangsters, où on rend honorable cette horreur humaine… Si des gamins sont allés voir “Le jour d’après”, ils ont vu que cela arrive brusquement et que, soudain, d’un coup de baguette magique, tout redevient comme avant.
Il est aussi temps que, dans le vaste domaine culturel, les entreprises, les institutions et les citoyens provoquent tout simplement le fait de voir, non pas des images idylliques, toujours belles, mais des messages qui aiguisent la conscience des uns et
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des autres. Que faire face au déferlement publicitaire ? Franchement, les publicités de la téléphonie, des voitures, etc., sont extraordinairement bien faites: on est tous séduits. Il y a toujours de l’humour, ce sont des artistes qui réalisent cela. Il est temps que les artisans de la vie que sont les artistes, ceux qui inventent la vie de demain, s’investissent fortement, et pas simplement pour des causes humanitaires ou des causes ponctuelles dans le domaine environnemental, pour faire changer notre société humaine.
des autres. Que faire face au déferlement publicitaire ? Franchement, les publicités de la téléphonie, des voitures, etc., sont extraordinairement bien faites: on est tous séduits. Il y a toujours de l’humour, ce sont des artistes qui réalisent cela. Il est temps que les artisans de la vie que sont les artistes, ceux qui inventent la vie de demain, s’investissent fortement, et pas simplement pour des causes humanitaires ou des causes ponctuelles dans le domaine environnemental, pour faire changer notre société humaine.
Les critères tels qu’on nous les propose, que les jeunes ont devant eux sont : chercher un emploi, rare aujourd’hui, vivre, réussir sa vie comme le disait Pierre Radanne tout à l’heure, mais être utile dans la vie. Comment investir le domaine culturel et tous les domaines ? Parce que si le développement durable et l’écologie se résument aux sacs plastiques, aux 4 x4 ou au tri sélectif, je vous les laisse parce qu’il faut créer la passion de la vie, la passion de l’autre. Et comment créer cela face aux modèles dominants que l’on nous envoie sans cesse : cinéma, publicité, magazines ? Nous sommes responsables de cela, parce que nous cohabitons avec. Nous haussons les épaules et nous pestons devant la télévision, devant la violence, etc., mais que fait-on face au Sud et au spectre environnemental qui nous semble comme l’Himalaya ?
Les critères tels qu’on nous les propose, que les jeunes ont devant eux sont : chercher un emploi, rare aujourd’hui, vivre, réussir sa vie comme le disait Pierre Radanne tout à l’heure, mais être utile dans la vie. Comment investir le domaine culturel et tous les domaines ? Parce que si le développement durable et l’écologie se résument aux sacs plastiques, aux 4 x4 ou au tri sélectif, je vous les laisse parce qu’il faut créer la passion de la vie, la passion de l’autre. Et comment créer cela face aux modèles dominants que l’on nous envoie sans cesse : cinéma, publicité, magazines ? Nous sommes responsables de cela, parce que nous cohabitons avec. Nous haussons les épaules et nous pestons devant la télévision, devant la violence, etc., mais que fait-on face au Sud et au spectre environnemental qui nous semble comme l’Himalaya ?
C É L I N E
D E C O S T E R
: La publicité, le cinéma — mais c’est aussi vrai pour les magazines — on peut en faire d’extrêmement bien. Au cinéma, il est temps aussi de faire des films utiles, de même pour les campagnes de publicité. Il ne faut pas critiquer ces systèmes, il faut utiliser à bon escient leur puissance d’impact. Il ne faut pas aller contre, mais dans leur sens et les utiliser.
C É L I N E
D E C O S T E R
Y V E S
: Je pense que vous avez tout à fait raison, cela rejoint ce que l’on disait sur la question des moyens. Nous avons plus de conviction politique sur les campagnes d’intérêt général. Nous avons trois tutelles : le ministère de l’Écologie, celui de la Recherche et celui de l’Industrie, sous l’angle énergie. Si celles-ci ne sont pas décidées, il ne se passe rien. C’est peut-être le pétrole qui va nous aider à franchir une étape supplémentaire.
Y V E S
: Je pense que vous avez tout à fait raison, cela rejoint ce que l’on disait sur la question des moyens. Nous avons plus de conviction politique sur les campagnes d’intérêt général. Nous avons trois tutelles : le ministère de l’Écologie, celui de la Recherche et celui de l’Industrie, sous l’angle énergie. Si celles-ci ne sont pas décidées, il ne se passe rien. C’est peut-être le pétrole qui va nous aider à franchir une étape supplémentaire.
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: La publicité, le cinéma — mais c’est aussi vrai pour les magazines — on peut en faire d’extrêmement bien. Au cinéma, il est temps aussi de faire des films utiles, de même pour les campagnes de publicité. Il ne faut pas critiquer ces systèmes, il faut utiliser à bon escient leur puissance d’impact. Il ne faut pas aller contre, mais dans leur sens et les utiliser.
L E E R S
Ce que je vais dire rejoint les propos d’Henry Cam. Sans communication et sans éducation à l’environnement, ce n’est même pas la peine d’essayer de faire quelque chose. Nous avons franchi un virage à l’ADEME dans ce domaine cette année. Isabelle Clostre, qui est étudiante et présente ici, a fait son mémoire à l’ADEME sur l’éducation à l’environnement et la communication en direction des jeunes dans le domaine de l’environnement. C’est vraiment un mode d’emploi pour avancer.
Ce que je vais dire rejoint les propos d’Henry Cam. Sans communication et sans éducation à l’environnement, ce n’est même pas la peine d’essayer de faire quelque chose. Nous avons franchi un virage à l’ADEME dans ce domaine cette année. Isabelle Clostre, qui est étudiante et présente ici, a fait son mémoire à l’ADEME sur l’éducation à l’environnement et la communication en direction des jeunes dans le domaine de l’environnement. C’est vraiment un mode d’emploi pour avancer.
Nous sortons aussi une BD, elle est en cours d’impression. Elle rejoint les préoccupations du Sud. Il s’agit de sensibiliser les enfants français à ce qui se passe dans l’archipel de Tuvalu, dans l’Océan Indien. Ces îles sont menacées par le réchauffement climatique. Nous allons en sortir 170 000 exemplaires dans un premier temps, dont 50 000 dans le Journal des enfants. Cela coûte beaucoup moins cher que de grosses campagnes de publicité mais c’est très complémentaire et indispensable pour les citoyens de demain, juste après nous.
Nous sortons aussi une BD, elle est en cours d’impression. Elle rejoint les préoccupations du Sud. Il s’agit de sensibiliser les enfants français à ce qui se passe dans l’archipel de Tuvalu, dans l’Océan Indien. Ces îles sont menacées par le réchauffement climatique. Nous allons en sortir 170 000 exemplaires dans un premier temps, dont 50 000 dans le Journal des enfants. Cela coûte beaucoup moins cher que de grosses campagnes de publicité mais c’est très complémentaire et indispensable pour les citoyens de demain, juste après nous.
: Je voudrais simplement vous citer une anecdote. Dans la Grande odyssée, je suis associé avec Nicolas Vanier. J’étais récemment avec lui dans une classe et j’ai été frappé par une petite phrase qu’il a prononcée. Il a expliqué aux enfants que, dans le grand Nord, les autoroutes sont les rivières. L’hiver, elles sont gelées et on ne peut circuler que sur celles-ci, sinon il n’existe aucune autre route. En ce moment, avec les changements climatiques, les rivières ne sont pas totalement gelées et, parfois, on ne
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: Je voudrais simplement vous citer une anecdote. Dans la Grande odyssée, je suis associé avec Nicolas Vanier. J’étais récemment avec lui dans une classe et j’ai été frappé par une petite phrase qu’il a prononcée. Il a expliqué aux enfants que, dans le grand Nord, les autoroutes sont les rivières. L’hiver, elles sont gelées et on ne peut circuler que sur celles-ci, sinon il n’existe aucune autre route. En ce moment, avec les changements climatiques, les rivières ne sont pas totalement gelées et, parfois, on ne
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peut plus circuler. Il a dit après : “Imaginez qu’en France on ferme toutes les routes !”. Là, cela déstabilise les gens.
peut plus circuler. Il a dit après : “Imaginez qu’en France on ferme toutes les routes !”. Là, cela déstabilise les gens.
C O U T U R E A U : Tous les moyens de communication doivent être utilisés pour faire passer nos messages. Je vais juste donner une anecdote par rapport à ce que tu disais. Lorsque le film “Le jour d’après” est sorti, nous avions, avec l’ADEME, fait un partenariat avec les salles de cinéma et nous avons presque fait le contre-pouvoir. Nous avons distribué un outil que l’ADEME avait fait de façon assez intelligente et qui s’appelle le Clim’acte. C’est l’impact de notre consommation de CO2 sur le climat et notre quotidien. Les spectateurs du film, jeunes ou moins jeunes, ont vu un film avec une information autre. Après, chacun se positionne. Je crois beaucoup à ce genre de choses.
É L I S A B E T H
C O U T U R E A U : Tous les moyens de communication doivent être utilisés pour faire passer nos messages. Je vais juste donner une anecdote par rapport à ce que tu disais. Lorsque le film “Le jour d’après” est sorti, nous avions, avec l’ADEME, fait un partenariat avec les salles de cinéma et nous avons presque fait le contre-pouvoir. Nous avons distribué un outil que l’ADEME avait fait de façon assez intelligente et qui s’appelle le Clim’acte. C’est l’impact de notre consommation de CO2 sur le climat et notre quotidien. Les spectateurs du film, jeunes ou moins jeunes, ont vu un film avec une information autre. Après, chacun se positionne. Je crois beaucoup à ce genre de choses.
: C’est une très belle initiative, elle touche vraiment le grand public. Après avoir regardé “Le jour d’après” pendant deux heures, vous arrivez, vous, avec votre information ; ce n’est pas un clip télévisé de trente secondes. Nous sommes dans la possibilité de mise en cohérence dont nous avons parlé. La difficulté est de trouver des lieux de mise en cohérence des discours à travers toute cette puissance créatrice, contradictoire.
U N E
C O U T U R E A U : Nous sommes tous d’accord sur ce point : la publicité télévisée, par exemple dans le cas de figure de l’ADEME, est une façon d’allumer l’intérêt. Mais, après, toutes les opérations sur le terrain (plus de 200 sur la première année) sont absolument fondamentales. Cela crée de multiples exemples qui donnent envie de continuer, que ce soit dans les entreprises, les écoles ou ailleurs.
É L I S A B E T H
É L I S A B E T H
U N E
I N T E R V E N A N T E
C O U T U R E A U : Nous sommes tous d’accord sur ce point : la publicité télévisée, par exemple dans le cas de figure de l’ADEME, est une façon d’allumer l’intérêt. Mais, après, toutes les opérations sur le terrain (plus de 200 sur la première année) sont absolument fondamentales. Cela crée de multiples exemples qui donnent envie de continuer, que ce soit dans les entreprises, les écoles ou ailleurs.
É L I S A B E T H
Pour parler Nord-Sud, je n’ai absolument pas la solution. Mais ce que vous disiez me faisait penser à quelque chose. Nous faisons des études sur les donateurs. Nous travaillons beaucoup à l’agence avec les associations. Nous nous rendons compte que les élans de générosité sont de plus en plus spontanés (pour le tsunami par exemple), quand l’individu se dit : “Je pourrais être dans ce cas”, c’est-à-dire avec une réelle empathie. C’est un peu l’histoire de l’autoroute aussi. C’est plus facile à dire qu’à faire, parce qu’il est très difficile d’avoir cette proximité. C’est peut-être une façon de réfléchir pour essayer de rapprocher les gens pour qu’ils pensent qu’ils pourraient être dans cette situation. S E R G E
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O R R U
ACIDD et Comité 21
Pour parler Nord-Sud, je n’ai absolument pas la solution. Mais ce que vous disiez me faisait penser à quelque chose. Nous faisons des études sur les donateurs. Nous travaillons beaucoup à l’agence avec les associations. Nous nous rendons compte que les élans de générosité sont de plus en plus spontanés (pour le tsunami par exemple), quand l’individu se dit : “Je pourrais être dans ce cas”, c’est-à-dire avec une réelle empathie. C’est un peu l’histoire de l’autoroute aussi. C’est plus facile à dire qu’à faire, parce qu’il est très difficile d’avoir cette proximité. C’est peut-être une façon de réfléchir pour essayer de rapprocher les gens pour qu’ils pensent qu’ils pourraient être dans cette situation.
: Ou : comment passer de la civilisation du jetable à celle du durable ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: C’est une très belle initiative, elle touche vraiment le grand public. Après avoir regardé “Le jour d’après” pendant deux heures, vous arrivez, vous, avec votre information ; ce n’est pas un clip télévisé de trente secondes. Nous sommes dans la possibilité de mise en cohérence dont nous avons parlé. La difficulté est de trouver des lieux de mise en cohérence des discours à travers toute cette puissance créatrice, contradictoire.
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: Ou : comment passer de la civilisation du jetable à celle du durable ?
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Deuxième série d’ateliers
Deuxième série d’ateliers
2.1 “Événementiel”
2.1 “Événementiel”
A L A I N
“
journaliste : Je vous propose de commencer cet atelier sur la communication événementielle. Avant de vous présenter les intervenants, je tiens à donner quelques précisions pour être certain que nous parlons de la même chose en ce qui concerne les différents types d’événements.
C H A U V E A U ,
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journaliste : Je vous propose de commencer cet atelier sur la communication événementielle. Avant de vous présenter les intervenants, je tiens à donner quelques précisions pour être certain que nous parlons de la même chose en ce qui concerne les différents types d’événements.
C H A U V E A U ,
L’interprétation du terme “événement” est assez large : lorsqu’on parle d’événements ou de manifestations, on pense avant tout, parce qu’ils sont les plus médiatiques, aux grands événements sportifs tels que les jeux Olympiques, la Coupe du monde de football, le Tour de France, etc.
L’interprétation du terme “événement” est assez large : lorsqu’on parle d’événements ou de manifestations, on pense avant tout, parce qu’ils sont les plus médiatiques, aux grands événements sportifs tels que les jeux Olympiques, la Coupe du monde de football, le Tour de France, etc.
Nous avons, bien sûr, aussi tous les événements culturels, comme les festivals : il s’en déroule environ quatre cents en France durant l’été. Ce sont également de grands concerts, des tournées, etc. Beaucoup d’événements de rue se sont développés récemment : Paris a connu la troisième édition de Paris Plage et l’on se rappelle « la grande moisson sur les Champs Elysées ». Enfin, il existe les traditionnels salons et foires.
Nous avons, bien sûr, aussi tous les événements culturels, comme les festivals : il s’en déroule environ quatre cents en France durant l’été. Ce sont également de grands concerts, des tournées, etc. Beaucoup d’événements de rue se sont développés récemment : Paris a connu la troisième édition de Paris Plage et l’on se rappelle « la grande moisson sur les Champs Elysées ». Enfin, il existe les traditionnels salons et foires.
Ce sont également des événements d’entreprises avec des conventions, des séminaires, des lancements de produits, etc. Enfin, les congrès professionnels ou politiques peuvent aussi avoir des conséquences importantes : je ne ferai pas référence à l’UMP, je pense que tout le monde a compris…
Ce sont également des événements d’entreprises avec des conventions, des séminaires, des lancements de produits, etc. Enfin, les congrès professionnels ou politiques peuvent aussi avoir des conséquences importantes : je ne ferai pas référence à l’UMP, je pense que tout le monde a compris…
Nous allons donc parler des impacts environnementaux de ces événements qui déplacent beaucoup de monde. Ils provoquent des problèmes de gaz à effet de serre, car les gens y viennent en voiture, en avion ou en train. Ces visiteurs consomment sur place, ce qui produit beaucoup de déchets. Enfin, la consommation d’énergie et d’eau pour l’organisation est souvent importante.
Nous allons donc parler des impacts environnementaux de ces événements qui déplacent beaucoup de monde. Ils provoquent des problèmes de gaz à effet de serre, car les gens y viennent en voiture, en avion ou en train. Ces visiteurs consomment sur place, ce qui produit beaucoup de déchets. Enfin, la consommation d’énergie et d’eau pour l’organisation est souvent importante.
Ces concentrations représentent parfois plusieurs centaines de milliers de personnes et elles ont des impacts dont la prise de conscience est très récente. Nous n’en sommes qu’au début des mesures qui doivent être prises pour essayer de limiter ces impacts.
Les intervenants autour de cette table sont : Sylvie Fourn, directrice des salons Pollutec au sein du groupe Reed Expositions ; Philippe Contant, directeur régional SudEst d’Eco-Emballages (à ce titre, il a fait des partenariats avec plusieurs événements) ; Serge Orru, président de l’association des Amis du vent et Ces concentrations représentent directeur du Festival du vent, en Corse, qui se déroulera cette année du 29 octobre au 2 novembre à Calvi ; Benoît parfois plusieurs centaines Desveaux, directeur général de l’agence Le Public Système, de milliers de personnes et l’un des principaux intervenants dans le domaine de l’évéelles ont des impacts dont la prise nementiel. Enfin, Henry Cam, créateur et directeur de La Grande Odyssée, qui nous parlera davantage de la commude conscience est très récente” nication par l’événementiel.
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Ces concentrations représentent parfois plusieurs centaines de milliers de personnes et elles ont des impacts dont la prise de conscience est très récente. Nous n’en sommes qu’au début des mesures qui doivent être prises pour essayer de limiter ces impacts.
Les intervenants autour de cette table sont : Sylvie Fourn, directrice des salons Pollutec au sein du groupe Reed Expositions ; Philippe Contant, directeur régional SudEst d’Eco-Emballages (à ce titre, il a fait des partenariats avec plusieurs événements) ; Serge Orru, président de l’association des Amis du vent et Ces concentrations représentent directeur du Festival du vent, en Corse, qui se déroulera cette année du 29 octobre au 2 novembre à Calvi ; Benoît parfois plusieurs centaines Desveaux, directeur général de l’agence Le Public Système, de milliers de personnes et l’un des principaux intervenants dans le domaine de l’évéelles ont des impacts dont la prise nementiel. Enfin, Henry Cam, créateur et directeur de La Grande Odyssée, qui nous parlera davantage de la commude conscience est très récente” nication par l’événementiel.
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ATELIER 2.1
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Je laisse la parole à Sylvie Fourn. S Y L V I E
A L A I N
S Y L V I E
Je laisse la parole à Sylvie Fourn.
Commissaire général, Salon Pollutec/Reed Exposition: Pollutec est un salon tourné davantage que les autres manifestations du groupe vers l’environnement et le développement durable. La nature même de l’activité est de mettre en place des exposants qui traitent de la prévention, du traitement des pollutions, de quelque nature qu’elles soient. Le public, les industriels ou les collectivités locales investissent dans ce secteur.
S Y L V I E
: Pour nous donner un ordre d’idée, pouvez-vous nous donner des éléments chiffrés sur les visiteurs, les exposants, les mètres carrés, etc ?
A L A I N
: En France, un événement tel que Pollutec génère, dans une ville comme Lyon, 65000 visiteurs professionnels auxquels viennent s’ajouter 2 500 exposants qui ne sont généralement pas seuls dans leur stand. C’est une énorme affluence et l’événement sature complètement la ville et la région pendant une semaine.
S Y L V I E
F O U R N ,
C H A U V E A U
F O U R N
La Ville de Lyon considère cet événement comme de l’ampleur d’un G7. Nous sommes pratiquement en surcapacité par rapport à la taille de la ville et de la région, ce qui nécessite une logistique organisationnelle pour le trafic routier et la capacité hôtelière principalement. A L A I N
S Y L V I E
SYLVIE FOURN COMMISSAIRE GÉNÉRAL, SALON POLLUTEC/REED EXPOSITION
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Commissaire général, Salon Pollutec/Reed Exposition: Pollutec est un salon tourné davantage que les autres manifestations du groupe vers l’environnement et le développement durable. La nature même de l’activité est de mettre en place des exposants qui traitent de la prévention, du traitement des pollutions, de quelque nature qu’elles soient. Le public, les industriels ou les collectivités locales investissent dans ce secteur.
F O U R N ,
: Pour nous donner un ordre d’idée, pouvez-vous nous donner des éléments chiffrés sur les visiteurs, les exposants, les mètres carrés, etc ?
C H A U V E A U
: En France, un événement tel que Pollutec génère, dans une ville comme Lyon, 65000 visiteurs professionnels auxquels viennent s’ajouter 2 500 exposants qui ne sont généralement pas seuls dans leur stand. C’est une énorme affluence et l’événement sature complètement la ville et la région pendant une semaine.
F O U R N
La Ville de Lyon considère cet événement comme de l’ampleur d’un G7. Nous sommes pratiquement en surcapacité par rapport à la taille de la ville et de la région, ce qui nécessite une logistique organisationnelle pour le trafic routier et la capacité hôtelière principalement.
: Afin de rentrer tout de suite dans le sujet, pourriez-vous décrire les impacts les plus lourds d’un salon comme Pollutec ?
A L A I N
: Pour éviter toute langue de bois, il faut reconnaître que nous ne pouvons pas régler tous les problèmes de forte affluence, de consommation énergétique par les voitures, les avions, etc. Je m’attacherai davantage au problème énergétique qu’à la convergence en un même lieu d’autant de personnes en une semaine.
S Y L V I E
C H A U V E A U
F O U R N
: Afin de rentrer tout de suite dans le sujet, pourriez-vous décrire les impacts les plus lourds d’un salon comme Pollutec ?
C H A U V E A U
: Pour éviter toute langue de bois, il faut reconnaître que nous ne pouvons pas régler tous les problèmes de forte affluence, de consommation énergétique par les voitures, les avions, etc. Je m’attacherai davantage au problème énergétique qu’à la convergence en un même lieu d’autant de personnes en une semaine.
F O U R N
Nous tâchons simplement de voir ce que nous pouvons faire pour être un peu plus vertueux et quels sont les principaux impacts environnementaux que nous générons.
Nous tâchons simplement de voir ce que nous pouvons faire pour être un peu plus vertueux et quels sont les principaux impacts environnementaux que nous générons.
Le premier impact est énergétique. Nous opérons un travail de sensibilisation auprès des propriétaires de halls afin qu’ils nous fournissent des structures plus modernes et plus efficaces du point de vue énergétique pour que la facture d’énergie soit moins lourde à l’issue de notre manifestation.
Le premier impact est énergétique. Nous opérons un travail de sensibilisation auprès des propriétaires de halls afin qu’ils nous fournissent des structures plus modernes et plus efficaces du point de vue énergétique pour que la facture d’énergie soit moins lourde à l’issue de notre manifestation.
Pour la consommation d’énergie, nous veillons à mettre en place des partenariats avec la SNCF et les villes pour obtenir des systèmes de navettes et inciter les publics à se déplacer en transports en commun. Nous passons par des agréments SNCF, Air France ou en contractant avec des sociétés. Je ferme la boucle énergétique pour en venir au plus gros impact que nous générons.
Pour la consommation d’énergie, nous veillons à mettre en place des partenariats avec la SNCF et les villes pour obtenir des systèmes de navettes et inciter les publics à se déplacer en transports en commun. Nous passons par des agréments SNCF, Air France ou en contractant avec des sociétés. Je ferme la boucle énergétique pour en venir au plus gros impact que nous générons.
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SYLVIE FOURN COMMISSAIRE GÉNÉRAL, SALON POLLUTEC/REED EXPOSITION
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Il s’agit de la quantité de déchets qui représentent plusieurs centaines de tonnes. Nous avons pris une mesure récente, avec les organisateurs, pour entamer un dialogue fort avec les parcs. Il s’agit de ne pas nous limiter à la benne unique dont le contenu finira en CET (centre Il s’agit de ne pas nous limiter d’enfouissement technique) et de mettre en place une collecte sélecà la benne unique dont tive des déchets. Cela demande le contenu finira en CET ” une vraie organisation.
Il s’agit de la quantité de déchets qui représentent plusieurs centaines de tonnes. Nous avons pris une mesure récente, avec les organisateurs, pour entamer un dialogue fort avec les parcs. Il s’agit de ne pas nous limiter à la benne unique dont le contenu finira en CET (centre Il s’agit de ne pas nous limiter d’enfouissement technique) et de mettre en place une collecte sélecà la benne unique dont tive des déchets. Cela demande le contenu finira en CET ” une vraie organisation.
Nous avons deux grandes pistes de réflexion pour tous les gens qui font de l’événementiel et qui génèrent du déchet. La première est de travailler avec la filière des déchets pour trier efficacement certains matériaux tels que le verre. On boit beaucoup
Nous avons deux grandes pistes de réflexion pour tous les gens qui font de l’événementiel et qui génèrent du déchet. La première est de travailler avec la filière des déchets pour trier efficacement certains matériaux tels que le verre. On boit beaucoup
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dans les salons et, plus généralement, durant les événements. Il est tout à fait possible de trier le bois, le papier et le carton.
Des millions de mètres carrés de moquette non recyclables finissent donc chaque année en décharge”
Il faut que nous fassions ce travail avec tous les acteurs concernés. Il peut s’agir des parcs d’expositions, des prestataires classiques comme Onyx ou la SITA, qui interviennent sur les sites. Nous pouvons également traiter directement avec des entreprises de recyclage se positionnant sur le marché. Ces intervenants économiques peuvent être intéressés par la récupération de déchets qu’ils pourront revendre. Nous avons un travail de négociation à faire avec tous ces acteurs.
Plus particulièrement, nous avons un gros problème de moquette. C’est un matériau bas de gamme destiné généralement aux salons et qui n’est absolument pas recyclable à ce jour. C’est une honte, car la majorité des parcs d’exposition français qui sont encore très différents des autres sites comme ceux des Allemands vous fournissent un sol bétonné, inutilisable tel quel. Des millions de mètres carrés de moquette non recyclables finissent donc chaque année en décharge, sans aucune possibilité de recyclage.
dans les salons et, plus généralement, durant les événements. Il est tout à fait possible de trier le bois, le papier et le carton.
Des millions de mètres carrés de moquette non recyclables finissent donc chaque année en décharge”
Plus particulièrement, nous avons un gros problème de moquette. C’est un matériau bas de gamme destiné généralement aux salons et qui n’est absolument pas recyclable à ce jour. C’est une honte, car la majorité des parcs d’exposition français qui sont encore très différents des autres sites comme ceux des Allemands vous fournissent un sol bétonné, inutilisable tel quel. Des millions de mètres carrés de moquette non recyclables finissent donc chaque année en décharge, sans aucune possibilité de recyclage.
Nous avons mis en place un appel d’offres à l’échelle mondiale. Une transaction a failli aboutir avec l’un des fournisseurs de Pollutec 2004. Mais, au dernier moment, les essais en nature ont montré que leur moquette n’était pas d’assez bonne qualité ; au bout de deux heures, nous avions l’impression que la moquette avait deux ans. Nous avons décidé au dernier moment de ne pas la mettre.
Nous avons mis en place un appel d’offres à l’échelle mondiale. Une transaction a failli aboutir avec l’un des fournisseurs de Pollutec 2004. Mais, au dernier moment, les essais en nature ont montré que leur moquette n’était pas d’assez bonne qualité ; au bout de deux heures, nous avions l’impression que la moquette avait deux ans. Nous avons décidé au dernier moment de ne pas la mettre.
Pour les gens qui font de petits événements, on commence à voir des produits recyclables — dans l’industrie automobile, par exemple, qui utilise ensuite les composés.
Pour les gens qui font de petits événements, on commence à voir des produits recyclables — dans l’industrie automobile, par exemple, qui utilise ensuite les composés.
Je soulignerai que ce dossier est très important et très compliqué. Dans un événement, l’évacuation des déchets se fait dans un délai extrêmement limité.
Je soulignerai que ce dossier est très important et très compliqué. Dans un événement, l’évacuation des déchets se fait dans un délai extrêmement limité.
Des sociétés comme Onyx ou SITA ont mis des mois pour former leur personnel à la collecte des différents déchets dans les villes. Nous devons ramasser, en une nuit, des quantités astronomiques de déchets avec des sociétés dont le personnel est très peu qualifié et ne parle souvent pas français.
Des sociétés comme Onyx ou SITA ont mis des mois pour former leur personnel à la collecte des différents déchets dans les villes. Nous devons ramasser, en une nuit, des quantités astronomiques de déchets avec des sociétés dont le personnel est très peu qualifié et ne parle souvent pas français.
Au dernier Pollutec, je me suis “amusée” à suivre les wagonnets entre une heure et deux heures du matin. C’est un travail de très longue haleine et, à la fin de la collecte, on trouvait tout et n’importe quoi dans les bacs.
Au dernier Pollutec, je me suis “amusée” à suivre les wagonnets entre une heure et deux heures du matin. C’est un travail de très longue haleine et, à la fin de la collecte, on trouvait tout et n’importe quoi dans les bacs.
J’insiste également sur un fait qui touche davantage à la communication : les visiteurs de Pollutec sont tous issus du monde économique ; ce sont des collectivités locales, des industriels a priori préoccupés par l’environnement. Si vous suivez des visiteurs devant des corbeilles deux bacs, négociées avec Plasticorion (?) et Sitec (?), des fabricants spécialisés, pour leur dire de mettre leurs papiers dans un bac et le tout-venant ailleurs… C’était tout et n’importe quoi !
J’insiste également sur un fait qui touche davantage à la communication : les visiteurs de Pollutec sont tous issus du monde économique ; ce sont des collectivités locales, des industriels a priori préoccupés par l’environnement. Si vous suivez des visiteurs devant des corbeilles deux bacs, négociées avec Plasticorion (?) et Sitec (?), des fabricants spécialisés, pour leur dire de mettre leurs papiers dans un bac et le tout-venant ailleurs… C’était tout et n’importe quoi !
Visiblement, une fois que le visiteur a quitté sa maison, il fait n’importe quoi dans son enceinte professionnelle. C’est l’un des grands chantiers de l’événementiel : arriver à un résultat satisfaisant dans le tri des déchets.
Visiblement, une fois que le visiteur a quitté sa maison, il fait n’importe quoi dans son enceinte professionnelle. C’est l’un des grands chantiers de l’événementiel : arriver à un résultat satisfaisant dans le tri des déchets.
Un autre grand impact concerne la débauche d’énergie lors d’un événementiel.
Un autre grand impact concerne la débauche d’énergie lors d’un événementiel.
Nous-mêmes, organisateurs, et nos publics, c’est-à-dire tout type d’exposant, investissons beaucoup dans l’événement et ils en attendent des retombées économiques très fortes. Nous avons donc tout un travail de sensibilisation pour leur
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Il faut que nous fassions ce travail avec tous les acteurs concernés. Il peut s’agir des parcs d’expositions, des prestataires classiques comme Onyx ou la SITA, qui interviennent sur les sites. Nous pouvons également traiter directement avec des entreprises de recyclage se positionnant sur le marché. Ces intervenants économiques peuvent être intéressés par la récupération de déchets qu’ils pourront revendre. Nous avons un travail de négociation à faire avec tous ces acteurs.
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Nous-mêmes, organisateurs, et nos publics, c’est-à-dire tout type d’exposant, investissons beaucoup dans l’événement et ils en attendent des retombées économiques très fortes. Nous avons donc tout un travail de sensibilisation pour leur
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apprendre à raisonner leur investissement sur le plan de l’impact environnemental et écologique.
apprendre à raisonner leur investissement sur le plan de l’impact environnemental et écologique.
Cela passe par nos propres expériences et des comportements vertueux. C’est notamment l’usage de papier recyclé pour nos documents. Il faut également se poser systématiquement certaines questions. J’ai une équipe de vingt personnes pour qui c’est un leitmotiv. Chaque fois que nous faisons quelque chose pour Pollutec, nous nous demandons si cela peut être réutilisé ou refait différemment.
Cela passe par nos propres expériences et des comportements vertueux. C’est notamment l’usage de papier recyclé pour nos documents. Il faut également se poser systématiquement certaines questions. J’ai une équipe de vingt personnes pour qui c’est un leitmotiv. Chaque fois que nous faisons quelque chose pour Pollutec, nous nous demandons si cela peut être réutilisé ou refait différemment.
Par exemple, nous n’envoyons plus de badges en carton avec des affranchissements de mailings. Pour n’importe quel événement, 50 % des gens qui se sont préenregistrés ne viennent pas. Nous sommes donc passés à la politique de l’e-mail. C’est moins haut de gamme mais cela évite toute la débauche de badges bien cartonnés et vitrifiés. Les gens arrivent au salon et n’ont plus qu’à scanner leur inscription.
Par exemple, nous n’envoyons plus de badges en carton avec des affranchissements de mailings. Pour n’importe quel événement, 50 % des gens qui se sont préenregistrés ne viennent pas. Nous sommes donc passés à la politique de l’e-mail. C’est moins haut de gamme mais cela évite toute la débauche de badges bien cartonnés et vitrifiés. Les gens arrivent au salon et n’ont plus qu’à scanner leur inscription.
Systématiquement, il faut se poser la question : “Est-ce utile et à quoi cela sertil ? C’est un réflexe que nous essayons d’inculquer à nos exposants. Nous avons créé des outils pour les inciter à produire une exposition plus écologique.
Systématiquement, il faut se poser la question : “Est-ce utile et à quoi cela sertil ? C’est un réflexe que nous essayons d’inculquer à nos exposants. Nous avons créé des outils pour les inciter à produire une exposition plus écologique.
Nous avons créé un trophée de l’éco-conception de stand avec l’ADEME. Un concours se déroule à chaque édition. Nous avons produit un cahier des charges à l’attention de nos exposants pour leur expliquer comment faire un événement plus écologique. Par exemple, nous leur expliquons que ce n’est pas la peine d’apporter des tonnes de plaquettes qui ne servent généralement pas du tout au visiteur. Nous leur indiquons également qu’il vaut mieux utiliser du verre pour le recycler. Ce cahier des charges vise à leur expliquer comment être plus efficaces eux-mêmes dans la communication.
Nous avons créé un trophée de l’éco-conception de stand avec l’ADEME. Un concours se déroule à chaque édition. Nous avons produit un cahier des charges à l’attention de nos exposants pour leur expliquer comment faire un événement plus écologique. Par exemple, nous leur expliquons que ce n’est pas la peine d’apporter des tonnes de plaquettes qui ne servent généralement pas du tout au visiteur. Nous leur indiquons également qu’il vaut mieux utiliser du verre pour le recycler. Ce cahier des charges vise à leur expliquer comment être plus efficaces eux-mêmes dans la communication.
Il faut également parler des impacts emblématiques. Pour la question énergétique, nous avons acheté des certificats d’électricité verte durant la tenue de Pollutec. Ce n’est pas un investissement dramatique — de l’ordre de 5 000 euros pour la semaine. Derrière cette démarche, nous avons essayé Nous avons créé un trophée d’expliquer tous les enjeux de la de l’éco-conception politique énergétique et ce qu’était un certificat d’électricité vert. de stand avec l’ADEME”
Il faut également parler des impacts emblématiques. Pour la question énergétique, nous avons acheté des certificats d’électricité verte durant la tenue de Pollutec. Ce n’est pas un investissement dramatique — de l’ordre de 5 000 euros pour la semaine. Derrière cette démarche, nous avons essayé Nous avons créé un trophée d’expliquer tous les enjeux de la de l’éco-conception politique énergétique et ce qu’était un certificat d’électricité vert. de stand avec l’ADEME”
Certains actes symboliques permettent de communiquer et de toucher nos différents publics dans ce secteur.
Certains actes symboliques permettent de communiquer et de toucher nos différents publics dans ce secteur.
Je terminerai sur un point : comme nous sommes à la convergence de nos prestataires (public, exposants, visiteurs, presse), nous essayons d’induire une sélection de prestataires vertueux dans notre cahier des charges. Certaines choses sont faciles, d’autres moins.
Je terminerai sur un point : comme nous sommes à la convergence de nos prestataires (public, exposants, visiteurs, presse), nous essayons d’induire une sélection de prestataires vertueux dans notre cahier des charges. Certaines choses sont faciles, d’autres moins.
Par exemple, pour Pollutec 2004, nous avons voulu organiser des animations écologiques, et je voudrais faire amende honorable car nous nous sommes trompés. Nous avons fait une soirée musicale avec en toile de fond des Harley-Davidson car c’était l’époque reflétée. Ce qui a provoqué un tollé. Certains journalistes se sont étonnés de voir une démonstration de motos qui polluent beaucoup pour un salon Pollutec… Ce qui était vrai.
Par exemple, pour Pollutec 2004, nous avons voulu organiser des animations écologiques, et je voudrais faire amende honorable car nous nous sommes trompés. Nous avons fait une soirée musicale avec en toile de fond des Harley-Davidson car c’était l’époque reflétée. Ce qui a provoqué un tollé. Certains journalistes se sont étonnés de voir une démonstration de motos qui polluent beaucoup pour un salon Pollutec… Ce qui était vrai.
Nous sommes dans le symbolique, et nous devons mener une réflexion chaque fois que nous faisons quelque chose. Il faut se demander ce que nos choix vont induire et essayer de trouver des fournisseurs vertueux qui donnent l’exemple.
Nous sommes dans le symbolique, et nous devons mener une réflexion chaque fois que nous faisons quelque chose. Il faut se demander ce que nos choix vont induire et essayer de trouver des fournisseurs vertueux qui donnent l’exemple.
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A L A I N
B E N O Î T
ATELIER 2.1
: Merci. Benoît Desveaux, vous dirigez une agence de communication événementielle. Comment se décline votre activité et quels sont vos clients ?
A L A I N
D E S V E A U X : Nous sommes un groupe de communication et de marketing et notre agence a intégré trois grands métiers de la communication qui sont les métiers de l’événement, des relations publiques qui sont très proches et du marketing.
B E N O Î T
C H A U V E A U
: Merci. Benoît Desveaux, vous dirigez une agence de communication événementielle. Comment se décline votre activité et quels sont vos clients ?
C H A U V E A U
D E S V E A U X : Nous sommes un groupe de communication et de marketing et notre agence a intégré trois grands métiers de la communication qui sont les métiers de l’événement, des relations publiques qui sont très proches et du marketing.
Nous travaillons à 80 % pour des groupes et des entreprises françaises ou internationales, et à 20 % pour des collectivités ou des villes.
Nous travaillons à 80 % pour des groupes et des entreprises françaises ou internationales, et à 20 % pour des collectivités ou des villes.
Nos domaines d’intervention sont assez vastes. Nous aidons ces entreprises à gérer trois grandes problématiques : dynamiser leurs hommes, mobiliser et parler à tous leurs publics ; agir sur l’image et l’opinion pour les produits auprès des collectivités et des entreprises ; et développer les ventes.
Nos domaines d’intervention sont assez vastes. Nous aidons ces entreprises à gérer trois grandes problématiques : dynamiser leurs hommes, mobiliser et parler à tous leurs publics ; agir sur l’image et l’opinion pour les produits auprès des collectivités et des entreprises ; et développer les ventes.
Nous avons conçu un groupe de façon un peu différente des groupes traditionnels de communication. Nous estimons offrir une alternative puisque le marché de la communication est divisée en trois gros tiers :
Nous avons conçu un groupe de façon un peu différente des groupes traditionnels de communication. Nous estimons offrir une alternative puisque le marché de la communication est divisée en trois gros tiers :
– Le one-to-many, c’est de la publicité qui s’adresse à tout le monde, par le truchement de la télévision et des médias classiques.
– Le one-to-many, c’est de la publicité qui s’adresse à tout le monde, par le truchement de la télévision et des médias classiques.
– Le one-to-one, qui est souvent du faux one-to-many. Ce sont les courriers que vous recevez dans vos boîtes aux lettres.
– Le one-to-one, qui est souvent du faux one-to-many. Ce sont les courriers que vous recevez dans vos boîtes aux lettres.
– Le one-to-few, c’est-à-dire tout le reste, dont les métiers sont rassemblés dans l’agence. C’est le point commun de toutes ces actions. Cela permet à l’entreprise ou à la collectivité de parler à des publics bien identifiés, d’adapter leur message et de créer un média spécifique pour chacun d’entre eux.
– Le one-to-few, c’est-à-dire tout le reste, dont les métiers sont rassemblés dans l’agence. C’est le point commun de toutes ces actions. Cela permet à l’entreprise ou à la collectivité de parler à des publics bien identifiés, d’adapter leur message et de créer un média spécifique pour chacun d’entre eux.
En français, on parle de marketing de communauté. A L A I N B E N O Î T
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C H A U V E A U
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En français, on parle de marketing de communauté.
Quel type d’événements organisez-vous pour vos clients ?
A L A I N
D E S V E A U X : C’est très vaste. Demain soir, nous organisons le festival du film américain de Deauville. Nous travaillons pour la Ville de Soissons qui a préempté le territoire du logiciel libre en créant une zone franche pour accueillir toutes les sociétés qui créent des logiciels. Nous essayons de promouvoir les valeurs de l’open source. Nous avons également créé un prix du logiciel libre voici quelques mois.
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Quel type d’événements organisez-vous pour vos clients ?
D E S V E A U X : C’est très vaste. Demain soir, nous organisons le festival du film américain de Deauville. Nous travaillons pour la Ville de Soissons qui a préempté le territoire du logiciel libre en créant une zone franche pour accueillir toutes les sociétés qui créent des logiciels. Nous essayons de promouvoir les valeurs de l’open source. Nous avons également créé un prix du logiciel libre voici quelques mois.
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Nous montons une opération depuis plusieurs années pour le Fonds de promotion des métiers de l’artisanat. Nous avons créé une caravane qui va dans les écoles et nous emmenons des artisans rencontrer des étudiants pour qu’ils choisissent cette filière. Nous organisons des événements très divers. Ce sont des assemblées générales d’actionnaires, des conventions de forces de vente pour lancer des voitures, des road shows pour présenter de nouveaux ordinateurs à des réseaux de distribution. Nous organisons des congrès médicaux. Ils sont d’ailleurs nombreux et représentent un gros marché. Ce sont également des congrès de pompiers ou semblables à celui-ci.
Aucun fournisseur n’est venu nous démarcher pour nous proposer une moquette recyclable ou des verres en granulés de maïs”
Pour en venir au sujet qui nous intéresse, nous travaillons notamment avec Michelin sur le challenge Bibendum qui est un très grand congrès sur la mobilité durable. Pour la conception d’un événement durable, nous avons décidé de ne pas entreprendre de chantier gigantesque tout seuls. Il faut savoir qu’aucun fournisseur n’est venu nous démarcher pour nous proposer une moquette recyclable ou des verres en granulés de maïs. En général, selon le cahier des charges du client, l’événement doit être créatif, économique et correspondre aux objectifs de communication. Cependant, on ne nous a jamais demandé de respecter l’environnement. A L A I N
B E N O Î T
U N E
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Nous montons une opération depuis plusieurs années pour le Fonds de promotion des métiers de l’artisanat. Nous avons créé une caravane qui va dans les écoles et nous emmenons des artisans rencontrer des étudiants pour qu’ils choisissent cette filière. Nous organisons des événements très divers. Ce sont des assemblées générales d’actionnaires, des conventions de forces de vente pour lancer des voitures, des road shows pour présenter de nouveaux ordinateurs à des réseaux de distribution. Nous organisons des congrès médicaux. Ils sont d’ailleurs nombreux et représentent un gros marché. Ce sont également des congrès de pompiers ou semblables à celui-ci.
Aucun fournisseur n’est venu nous démarcher pour nous proposer une moquette recyclable ou des verres en granulés de maïs”
Pour en venir au sujet qui nous intéresse, nous travaillons notamment avec Michelin sur le challenge Bibendum qui est un très grand congrès sur la mobilité durable. Pour la conception d’un événement durable, nous avons décidé de ne pas entreprendre de chantier gigantesque tout seuls. Il faut savoir qu’aucun fournisseur n’est venu nous démarcher pour nous proposer une moquette recyclable ou des verres en granulés de maïs. En général, selon le cahier des charges du client, l’événement doit être créatif, économique et correspondre aux objectifs de communication. Cependant, on ne nous a jamais demandé de respecter l’environnement.
: Cela signifie que le cahier des charges des grandes entreprises et des collectivités locales ne comprend pas de critères écologiques ?
A L A I N
D E S V E A U X : Nous savons que les grands groupes sont en train de sensibiliser leurs cadres à ce sujet. La Poste développe un guide pour former leurs acheteurs au développement durable.
B E N O Î T
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I N T E R V E N A N T E
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Il est diffusé depuis six mois.
U N E
: Cela signifie que le cahier des charges des grandes entreprises et des collectivités locales ne comprend pas de critères écologiques ?
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D E S V E A U X : Nous savons que les grands groupes sont en train de sensibiliser leurs cadres à ce sujet. La Poste développe un guide pour former leurs acheteurs au développement durable.
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Il est diffusé depuis six mois.
: Pourtant, ces grands groupes sont déjà investis dans le développement durable, notamment par la loi NRE dont l’article 116 les oblige à faire des rapports de développement durable. Ils sont au Parc mondial de l’ONU, etc. Ne commencent-ils pas à avoir une démarche dans ce sens vis-à-vis de leurs fournisseurs et prestataires ?
A L A I N
B E N O Î T
D E S V E A U X : Cette contrainte va certainement faire évoluer les choses. Nous avons reçu des courriers de grands comptes nous demandant d’intégrer les problématiques environnementales. Pour l’instant, cela reste au stade de l’écrit, mais ils nous indiquent ainsi qu’ils s’y Nous avons reçu des courriers intéressent et qu’il faude grands comptes nous demandant dra, dans l’avenir, monter ensemble des projets d’intégrer les problématiques concrets sur des chantiers environnementales” définis.
B E N O Î T
D E S V E A U X : Cette contrainte va certainement faire évoluer les choses. Nous avons reçu des courriers de grands comptes nous demandant d’intégrer les problématiques environnementales. Pour l’instant, cela reste au stade de l’écrit, mais ils nous indiquent ainsi qu’ils s’y Nous avons reçu des courriers intéressent et qu’il faude grands comptes nous demandant dra, dans l’avenir, monter ensemble des projets d’intégrer les problématiques concrets sur des chantiers environnementales” définis.
U N E
: On trouve des choses dans les cahiers des charges pour l’édition. Pour les événements, cela doit se rapporter au budget achats. Nos enjeux de développement durable en matière d’achats les plus importants ne portent pas sur la création d’événements. Nous essayons d’abord de régler les problèmes sur les plus gros budgets dont nous sommes responsables.
U N E
: On trouve des choses dans les cahiers des charges pour l’édition. Pour les événements, cela doit se rapporter au budget achats. Nos enjeux de développement durable en matière d’achats les plus importants ne portent pas sur la création d’événements. Nous essayons d’abord de régler les problèmes sur les plus gros budgets dont nous sommes responsables.
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: Pourtant, ces grands groupes sont déjà investis dans le développement durable, notamment par la loi NRE dont l’article 116 les oblige à faire des rapports de développement durable. Ils sont au Parc mondial de l’ONU, etc. Ne commencent-ils pas à avoir une démarche dans ce sens vis-à-vis de leurs fournisseurs et prestataires ?
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Toutefois, j’inverserais le schéma ; si une agence qui est consultée sur un événement met cette offre en avant, c’est un avantage concurrentiel, même si ce n’est pas dans le cahier des charges. A L A I N
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A L A I N
B E N O Î T
A L A I N
Toutefois, j’inverserais le schéma ; si une agence qui est consultée sur un événement met cette offre en avant, c’est un avantage concurrentiel, même si ce n’est pas dans le cahier des charges.
: Les agences de communication événementielle sont organisées en syndicat. Avez-vous un début de réflexion commune sur le sujet ?
A L A I N
D E S V E A U X : Nous sommes membres du syndicat ANAE qui regroupe environ quatre-vingts agences représentant 60 % du marché de l’événement. C’est assez significatif. Cela représente un peu moins de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 40 % correspondent à du conseil et de la création. Le travail à faire portera sur l’éco-conception d’un événement durable. Les 60 % restants sont consacrés à des achats et à des assemblages de prestations. Dans ce cas, le travail consiste à chercher des prestataires pour travailler avec eux, sensibiliser et informer.
B E N O Î T
: C’est-à-dire que vous allez voir vos prestataires du son, de la lumière, des transports, etc., pour les sensibiliser ?
A L A I N
D E S V E A U X : Oui, ce sont les enjeux que nous nous sommes fixés. Pour le moment, nous en sommes au début. C’est une association dont le bureau a acté la création d’un chantier sur le développement durable. Une réunion aura lieu le 7 septembre pour la sensibilisation des managers des agences. Vraisemblablement, des chantiers seront décidés lors de cette réunion.
B E N O Î T
C H A U V E A U
C H A U V E A U
C H A U V E A U
:
Merci, Benoît Desveaux.
A L A I N
Serge, je crois que tout le monde connaît le Festival du vent. Pouvez-vous nous en dire plus ? S E R G E
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: Les agences de communication événementielle sont organisées en syndicat. Avez-vous un début de réflexion commune sur le sujet ?
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D E S V E A U X : Nous sommes membres du syndicat ANAE qui regroupe environ quatre-vingts agences représentant 60 % du marché de l’événement. C’est assez significatif. Cela représente un peu moins de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 40 % correspondent à du conseil et de la création. Le travail à faire portera sur l’éco-conception d’un événement durable. Les 60 % restants sont consacrés à des achats et à des assemblages de prestations. Dans ce cas, le travail consiste à chercher des prestataires pour travailler avec eux, sensibiliser et informer. : C’est-à-dire que vous allez voir vos prestataires du son, de la lumière, des transports, etc., pour les sensibiliser ?
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D E S V E A U X : Oui, ce sont les enjeux que nous nous sommes fixés. Pour le moment, nous en sommes au début. C’est une association dont le bureau a acté la création d’un chantier sur le développement durable. Une réunion aura lieu le 7 septembre pour la sensibilisation des managers des agences. Vraisemblablement, des chantiers seront décidés lors de cette réunion. C H A U V E A U
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Merci, Benoît Desveaux.
Serge, je crois que tout le monde connaît le Festival du vent. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Association Les Amis du vent : Le Festival du vent est organisé depuis 1992 par l’Association des Amis du vent.
O R R U ,
S E R G E
Association Les Amis du vent : Le Festival du vent est organisé depuis 1992 par l’Association des Amis du vent.
O R R U ,
C’est un événement qui dure cinq jours et qui se déroule du 29 octobre au 2 novembre. Auparavant, il durait neuf jours, mais ce serait aujourd’hui un luxe. Je parle davantage d’énergie dépensée que de moyens. L’équipe sortait totalement épuisée de ce marathon.
C’est un événement qui dure cinq jours et qui se déroule du 29 octobre au 2 novembre. Auparavant, il durait neuf jours, mais ce serait aujourd’hui un luxe. Je parle davantage d’énergie dépensée que de moyens. L’équipe sortait totalement épuisée de ce marathon.
Durant cinq jours, c’est la rencontre de l’art, de la science, du sport, de l’écologie, des droits humains. C’est un caravansérail de passionnés, de gens que nous choisissons totalement subjectivement et que nous suivons depuis longtemps. C’est une ode à la biodiversité, à la diversité humaine, au pluralisme de pensées. Nous y tenons.
Durant cinq jours, c’est la rencontre de l’art, de la science, du sport, de l’écologie, des droits humains. C’est un caravansérail de passionnés, de gens que nous choisissons totalement subjectivement et que nous suivons depuis longtemps. C’est une ode à la biodiversité, à la diversité humaine, au pluralisme de pensées. Nous y tenons.
Nous avons l’habitude de dire que nous ne travaillons pas dans l’événementiel mais plutôt dans le ciel. En effet, le Festival du vent, c’est ce qui bouge dans les airs, dans la tête. C’est de la rencontre, de la “tchatche”, des plasticiens, des performances. Nous avons un espace enfants qui s’appelle “Fête en l’air”. Il accueille près de 11 000 gamins avec 35 ateliers et 140 animateurs.
Nous avons l’habitude de dire que nous ne travaillons pas dans l’événementiel mais plutôt dans le ciel. En effet, le Festival du vent, c’est ce qui bouge dans les airs, dans la tête. C’est de la rencontre, de la “tchatche”, des plasticiens, des performances. Nous avons un espace enfants qui s’appelle “Fête en l’air”. Il accueille près de 11 000 gamins avec 35 ateliers et 140 animateurs.
Tout est précaire, il faut monter chaque tente. Nous avons des plasticiens. C’est la rencontre d’airs contemporains. Il y a des conférences, des colloques, des concerts très éclectiques. C’est vraiment de la pollinisation d’idées qui peuvent ce confronter à d’autres sur un territoire insulaire qu’on dit difficile et rebelle.
Tout est précaire, il faut monter chaque tente. Nous avons des plasticiens. C’est la rencontre d’airs contemporains. Il y a des conférences, des colloques, des concerts très éclectiques. C’est vraiment de la pollinisation d’idées qui peuvent ce confronter à d’autres sur un territoire insulaire qu’on dit difficile et rebelle.
À travers cet événement, nous avons toujours voulu lancer des actions, sur les dons d’organes, les langues minoritaires, etc. Et puis, forcément, on ne peut pas s’appeler le Festival du vent sans être “branché” fortement environnement.
À travers cet événement, nous avons toujours voulu lancer des actions, sur les dons d’organes, les langues minoritaires, etc. Et puis, forcément, on ne peut pas s’appeler le Festival du vent sans être “branché” fortement environnement.
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Nous ne sommes pas un festival écologiste bien que nous soyons jumelés avec le festival italien Fiesta Bien qui est un vrai festival écologiste. Nous pensons que l’environnement est un tout, global. Il épouse la rotondité de la planète. Donc, tout est dans tout. C’est pourquoi nous aimons à parler d’histoire, de politique, de géographie, d’écologie, de droits humains, etc.
Nous avons fait la campagne du « jetable ou durable » pour porter l’estocade aux sacs plastiques sur l’ensemble des continents”
Nous dédions la quatorzième édition de ce festival au peuple tchétchène parce que nous sommes liés à la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme. L’année dernière, c’était pour les reporters emprisonnés sur la planète. Nous avons un lien fort avec les droits humains.
Nous avons également lancé des actions en septembre 1999, telles que “Halte aux sacs plastiques”. C’est intéressant d’avoir une attractivité, une popularité, une crédibilité, une confiance de la part du public. Cela concerne 40 000 personnes en Corse dont 11 000 gamins sur un territoire de 272 000 habitants. Vous pouvez tout de suite faire la projection de ce que cela pourrait représenter sur le Continent. Nous avons mené l’opération “Halte aux sacs plastiques” et nous avons réussi, à force de persuasion et d’une campagne d’information, à éradiquer les sacs à usage unique de la grande distribution insulaire. C’est un premier résultat.
Nous ne sommes pas un festival écologiste bien que nous soyons jumelés avec le festival italien Fiesta Bien qui est un vrai festival écologiste. Nous pensons que l’environnement est un tout, global. Il épouse la rotondité de la planète. Donc, tout est dans tout. C’est pourquoi nous aimons à parler d’histoire, de politique, de géographie, d’écologie, de droits humains, etc.
Nous avons fait la campagne du « jetable ou durable » pour porter l’estocade aux sacs plastiques sur l’ensemble des continents”
Nous avons également lancé des actions en septembre 1999, telles que “Halte aux sacs plastiques”. C’est intéressant d’avoir une attractivité, une popularité, une crédibilité, une confiance de la part du public. Cela concerne 40 000 personnes en Corse dont 11 000 gamins sur un territoire de 272 000 habitants. Vous pouvez tout de suite faire la projection de ce que cela pourrait représenter sur le Continent. Nous avons mené l’opération “Halte aux sacs plastiques” et nous avons réussi, à force de persuasion et d’une campagne d’information, à éradiquer les sacs à usage unique de la grande distribution insulaire. C’est un premier résultat.
Entre-temps, nous avons lancé “Oui aux papiers recyclés”. Nous tentons de faire utiliser du papier recyclé en Corse. Ce n’est pas simple. Nous avons également lancé une action qui s’appelle “Sème pas tes piles” car le système de collecte en Corse est très faible. Vous connaissez les dégâts que produit une pile dans la nature, dans la mer. Nous travaillons avec WWF et nous avons fait la campagne du “jetable ou durable” pour porter l’estocade aux sacs plastiques sur l’ensemble des continents.
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Entre-temps, nous avons lancé “Oui aux papiers recyclés”. Nous tentons de faire utiliser du papier recyclé en Corse. Ce n’est pas simple. Nous avons également lancé une action qui s’appelle “Sème pas tes piles” car le système de collecte en Corse est très faible. Vous connaissez les dégâts que produit une pile dans la nature, dans la mer. Nous travaillons avec WWF et nous avons fait la campagne du “jetable ou durable” pour porter l’estocade aux sacs plastiques sur l’ensemble des continents.
: Tu as évoqué le chiffre de 40 000 personnes sur un territoire insulaire. Ces gens doivent se rendre sur l’île et y consomment pendant plusieurs jours. Comment prenez-vous en compte ces impacts ?
A L A I N
C H A U V E A U
: Il n’est pas possible de le chiffrer, mais nous en sommes au début d’un festival éco-conçu. Nous en avions vu les prémices avec des gobelets biodégradables qui sont en place chez nous depuis trois ans.
S E R G E
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Nous dédions la quatorzième édition de ce festival au peuple tchétchène parce que nous sommes liés à la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme. L’année dernière, c’était pour les reporters emprisonnés sur la planète. Nous avons un lien fort avec les droits humains.
: Tu as évoqué le chiffre de 40 000 personnes sur un territoire insulaire. Ces gens doivent se rendre sur l’île et y consomment pendant plusieurs jours. Comment prenez-vous en compte ces impacts ?
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: Il n’est pas possible de le chiffrer, mais nous en sommes au début d’un festival éco-conçu. Nous en avions vu les prémices avec des gobelets biodégradables qui sont en place chez nous depuis trois ans.
Si nous organisons un pique-nique, tout est biodégradable. Si nous faisons un grand grill avec du taureau corse, c’est forcément bio. Mais tout ne l’est pas, comme notre fromage qui nous est fourni par une fromagerie industrielle installée en Corse.
Si nous organisons un pique-nique, tout est biodégradable. Si nous faisons un grand grill avec du taureau corse, c’est forcément bio. Mais tout ne l’est pas, comme notre fromage qui nous est fourni par une fromagerie industrielle installée en Corse.
Il est extrêmement difficile d’être éco-conçu à 100 %. Quelques-uns portent des tee-shirts en coton bio provenant du commerce équitable. Nous faisons du tri sélectif mais, en Corse, nous n’en sommes qu’au début. Le travail est long.
Il est extrêmement difficile d’être éco-conçu à 100 %. Quelques-uns portent des tee-shirts en coton bio provenant du commerce équitable. Nous faisons du tri sélectif mais, en Corse, nous n’en sommes qu’au début. Le travail est long.
Puisque notre événement est fesIl est extrêmement difficile tif, nous tentons de donner, non pas d’être éco-conçu à 100 %” des mots d’ordre, mais des conceptions de vie, de solidarité, de l’écologie. Nous formons progressivement le public, il se dit que si le festival le fait, il faut qu’il continue.
Puisque notre événement est fesIl est extrêmement difficile tif, nous tentons de donner, non pas d’être éco-conçu à 100 %” des mots d’ordre, mais des conceptions de vie, de solidarité, de l’écologie. Nous formons progressivement le public, il se dit que si le festival le fait, il faut qu’il continue.
Mais, ils ont très souvent une exigence plus forte envers nous qu’envers les municipalités. Quelques-uns disent que nous avons un festival écologique et que certaines poubelles… Mais notre histoire est précaire, le Festival du vent représente un budget
Mais, ils ont très souvent une exigence plus forte envers nous qu’envers les municipalités. Quelques-uns disent que nous avons un festival écologique et que certaines poubelles… Mais notre histoire est précaire, le Festival du vent représente un budget
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de 1,5 million d’euros, soit seulement 20 % de budget institutionnel. Il faut survivre et ce n’est pas simple.
de 1,5 million d’euros, soit seulement 20 % de budget institutionnel. Il faut survivre et ce n’est pas simple.
Nous sommes victimes de notre succès. Nous avons réussi avec les sacs plastiques, nous commençons à bouger assez fortement avec les piles. Les tonnages qui partent s’alourdissent, mais ce n’est pas encore cela, le travail est encore long.
Nous sommes victimes de notre succès. Nous avons réussi avec les sacs plastiques, nous commençons à bouger assez fortement avec les piles. Les tonnages qui partent s’alourdissent, mais ce n’est pas encore cela, le travail est encore long.
L’ADEME a sorti un magnifique travail sur l’éco-communication. Il va falloir faire des éco-festivals ou éco-événements. Mais, ce travail reste à accomplir.
L’ADEME a sorti un magnifique travail sur l’éco-communication. Il va falloir faire des éco-festivals ou éco-événements. Mais, ce travail reste à accomplir.
Pour compenser, nous plantons des arbres. Nous allons planter près de 1000 arbres dans la pinède de Calvi et ce, en lien avec la mairie et l’Office national des forêts. Nous avons toujours planté des arbres au Festival du vent. C’est une passion personnelle. Je ne sais pas si le chiffre de 1 000 arbres représente votre empreinte écologique… Nous avons fait des calculs, mais… nous ne connaissons pas scientifiquement l’exactitude de notre impact.
Pour compenser, nous plantons des arbres. Nous allons planter près de 1000 arbres dans la pinède de Calvi et ce, en lien avec la mairie et l’Office national des forêts. Nous avons toujours planté des arbres au Festival du vent. C’est une passion personnelle. Je ne sais pas si le chiffre de 1 000 arbres représente votre empreinte écologique… Nous avons fait des calculs, mais… nous ne connaissons pas scientifiquement l’exactitude de notre impact.
Dans l’espace “Fête en l’air”, nous prévoyons d’avoir un endroit sur l’éco-construction qui s’appellera “Éco-joli”. Il est très difficile de concevoir et de construire une maison écologique. Nous tentons d’avoir un espace pour cela et nous avons demandé à EDF d’y distribuer gracieusement des lampes basse consommation à la population présente. Ils vont le faire.
Dans l’espace “Fête en l’air”, nous prévoyons d’avoir un endroit sur l’éco-construction qui s’appellera “Éco-joli”. Il est très difficile de concevoir et de construire une maison écologique. Nous tentons d’avoir un espace pour cela et nous avons demandé à EDF d’y distribuer gracieusement des lampes basse consommation à la population présente. Ils vont le faire.
C H A U V E A U
:
Merci, Serge.
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Merci, Serge.
Philippe Contant, je rappelle que vous êtes directeur régional sud-est EcoEmballages.
Merci de nous dire un mot sur la mission d’Eco-Emballages. Vous nous direz ensuite pourquoi vous avez voulu être partenaire du festival. Je crois même que vous avez créé un label d’éco-festival qui va intéresser Serge.
Merci de nous dire un mot sur la mission d’Eco-Emballages. Vous nous direz ensuite pourquoi vous avez voulu être partenaire du festival. Je crois même que vous avez créé un label d’éco-festival qui va intéresser Serge.
C O N T A N T , Directeur régional Eco-Emballages : Eco-Emballages représente 35 000 entreprises adhérentes et 400 millions d’euros l’an dernier. La petite pastille verte que vous voyez sur l’emballage signifie que l’entreprise adhère ; elle coûte 0,4 centime par produit.
DIRECTEUR RÉGIONAL ECO-EMBALLAGES
:
Philippe Contant, je rappelle que vous êtes directeur régional sud-est EcoEmballages.
C O N T A N T , Directeur régional Eco-Emballages : Eco-Emballages représente 35 000 entreprises adhérentes et 400 millions d’euros l’an dernier. La petite pastille verte que vous voyez sur l’emballage signifie que l’entreprise adhère ; elle coûte 0,4 centime par produit.
P H I L I P P E
PHILIPPE CONTANT
C H A U V E A U
P H I L I P P E
Avec cette cagnotte, Eco-Emballages finance la collecte, le tri, le recyclage des collectivités locales, donc de vos déchets ménagers. Aujourd’hui, 60 millions de Français sont partenaires d’Eco-Emballages, ainsi que 1 500 collectivités locales dont quelques-unes en Corse.
Avec cette cagnotte, Eco-Emballages finance la collecte, le tri, le recyclage des collectivités locales, donc de vos déchets ménagers. Aujourd’hui, 60 millions de Français sont partenaires d’Eco-Emballages, ainsi que 1 500 collectivités locales dont quelques-unes en Corse.
Aujourd’hui, tous les Français trient chez eux et j’espère que vous le faites. Passé cette première étape de mise en place du tri par les collectivités locales dans les foyers, l’objectif, douze ans après, puisque nous avons commencé en 1993, est d’ancrer ce geste.
Aujourd’hui, tous les Français trient chez eux et j’espère que vous le faites. Passé cette première étape de mise en place du tri par les collectivités locales dans les foyers, l’objectif, douze ans après, puisque nous avons commencé en 1993, est d’ancrer ce geste.
Ce n’est pas parce que cette démarche est maintenant bien installée qu’elle est vraiment définitive. Il faut que ce geste devienne récurrent, soit un réflexe et que les gens ne se posent même plus de questions.
Ce n’est pas parce que cette démarche est maintenant bien installée qu’elle est vraiment définitive. Il faut que ce geste devienne récurrent, soit un réflexe et que les gens ne se posent même plus de questions.
Pour ce faire, il faut d’abord agir du côté des élus en rendant ces collectes sélectives économiquement intéressantes. C’est de l’optimisation, et je vais essayer de vous démontrer que ce concept rejoint aussi le développement durable.
Pour ce faire, il faut d’abord agir du côté des élus en rendant ces collectes sélectives économiquement intéressantes. C’est de l’optimisation, et je vais essayer de vous démontrer que ce concept rejoint aussi le développement durable.
Il faut également montrer aux habitants qu’on ne trie plus seulement chez soi mais partout. Si on a une bouteille de plastique à la main, dans un foyer, chez soi, à
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
PHILIPPE CONTANT DIRECTEUR RÉGIONAL ECO-EMBALLAGES
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Il faut également montrer aux habitants qu’on ne trie plus seulement chez soi mais partout. Si on a une bouteille de plastique à la main, dans un foyer, chez soi, à
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Pollutec, La Grande Odyssée, Paris Bercy ou Paris-Plage, on doit chercher le bac spécifique pour cette bouteille.
Pollutec, La Grande Odyssée, Paris Bercy ou Paris-Plage, on doit chercher le bac spécifique pour cette bouteille.
Dans un premier temps, l’idée nous est L’an dernier, j’ai lancé venue de mettre en place des bacs sur des lieux dans le Sud-Est, touristiques. Grâce aux collectivités du Var, qui est le premier département touristique de « éco-festival »” France, nous avons mis en place le tri dans les campings et le port de plaisance. Cela a très bien fonctionné, il y a d’ailleurs beaucoup d’étrangers qui y sont habitués.
Dans un premier temps, l’idée nous est L’an dernier, j’ai lancé venue de mettre en place des bacs sur des lieux dans le Sud-Est, touristiques. Grâce aux collectivités du Var, qui est le premier département touristique de « éco-festival »” France, nous avons mis en place le tri dans les campings et le port de plaisance. Cela a très bien fonctionné, il y a d’ailleurs beaucoup d’étrangers qui y sont habitués.
Ensuite, nous nous sommes dit que le lien entre le domicile et les vacances était bien souvent l’autoroute. Nous avons donc passé un partenariat avec les sociétés d’autoroute, et toutes les aires de repos et de services du réseau sont équipées de points de recyclage. La Sanef s’y met, ASF commence à le faire, AREA, en Rhône-Alpes, est un peu plus dure, mais cela avance.
Ensuite, nous nous sommes dit que le lien entre le domicile et les vacances était bien souvent l’autoroute. Nous avons donc passé un partenariat avec les sociétés d’autoroute, et toutes les aires de repos et de services du réseau sont équipées de points de recyclage. La Sanef s’y met, ASF commence à le faire, AREA, en Rhône-Alpes, est un peu plus dure, mais cela avance.
Il faut maintenant toucher d’autres moments de la vie quotidienne qui sont la fête, l’événement, le sport, la culture, etc.
Il faut maintenant toucher d’autres moments de la vie quotidienne qui sont la fête, l’événement, le sport, la culture, etc.
L’an dernier, j’ai lancé dans le Sud-Est, le “label”, entre guillemets, “éco-festival”. Il n’y a rien derrière mais cela fait plaisir d’avoir un beau titre. Lorsqu’on parle de Pavillon bleu, tout le monde sait ce que cela signifie. Maintenant, les gens savent ce qu’est l’éco-festival. Cela consiste à faire trier les festivaliers, les musiciens, les acteurs et les organisateurs.
L’an dernier, j’ai lancé dans le Sud-Est, le “label”, entre guillemets, “éco-festival”. Il n’y a rien derrière mais cela fait plaisir d’avoir un beau titre. Lorsqu’on parle de Pavillon bleu, tout le monde sait ce que cela signifie. Maintenant, les gens savent ce qu’est l’éco-festival. Cela consiste à faire trier les festivaliers, les musiciens, les acteurs et les organisateurs.
L’un des objectifs était de mettre en place un festival écologique pour mieux gérer les déchets, et basé sur la communication. Il s’agit de communiquer par l’exemple : ce n’est pas la peine qu’une collectivité dise à ses habitants de trier si elle fait n’importe quoi pendant ses propres manifestations. Mais ce n’était pas notre premier objectif de montrer aux gens qu’il faut trier partout. Nous avons commencé avec le festival de jazz à Vienne. C’est tout de même le premier festival de jazz en Europe, dans un site unique, l’amphithéâtre romain de Vienne. On peut penser que les organisateurs devant accueillir de grands musiciens du monde entier, la presse internationale et faire vivre toutes ces équipes, considèrent le tri comme le dernier de leurs soucis. J’ai été agréablement surpris de voir que les organisateurs et la collectivité locale — il ne faut pas oublier que, sans volonté politique, on n’arrive à rien — étaient extrêmement favorables au projet. Vous l’avez sans doute constaté, aujourd’hui, toute entité veut communiquer sur le développement durable. Lorsqu’elle n’a plus rien à dire sur son métier et qu’elle a montré ce qu’elle savait faire, elle parle de développement durable.
Nous avons « labellisé » Jazz Antibes, le festival d’Avignon, Y Salsa et Guinguettes à Lyon”
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Nous avons installé des doubles corbeilles dans tout le festival. Nous avons inséré des encarts dans les programmes et les dépliants. Pendant les entractes, des projections sur les deux écrans géants de part et d’autre de la scène rappelaient aux gens qu’il fallait trier pendant le festival. Cela a bien fonctionné et, cette année, nous avons “labellisé” Jazz Antibes, le festival d’Avignon, Y Salsa et Guinguettes à Lyon, qui sont le petit Paris-Plage de Lyon. Ce week-end, nous avons également un festival de musique moderne à Lyon.
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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L’un des objectifs était de mettre en place un festival écologique pour mieux gérer les déchets, et basé sur la communication. Il s’agit de communiquer par l’exemple : ce n’est pas la peine qu’une collectivité dise à ses habitants de trier si elle fait n’importe quoi pendant ses propres manifestations. Mais ce n’était pas notre premier objectif de montrer aux gens qu’il faut trier partout. Nous avons commencé avec le festival de jazz à Vienne. C’est tout de même le premier festival de jazz en Europe, dans un site unique, l’amphithéâtre romain de Vienne. On peut penser que les organisateurs devant accueillir de grands musiciens du monde entier, la presse internationale et faire vivre toutes ces équipes, considèrent le tri comme le dernier de leurs soucis. J’ai été agréablement surpris de voir que les organisateurs et la collectivité locale — il ne faut pas oublier que, sans volonté politique, on n’arrive à rien — étaient extrêmement favorables au projet. Vous l’avez sans doute constaté, aujourd’hui, toute entité veut communiquer sur le développement durable. Lorsqu’elle n’a plus rien à dire sur son métier et qu’elle a montré ce qu’elle savait faire, elle parle de développement durable.
Nous avons « labellisé » Jazz Antibes, le festival d’Avignon, Y Salsa et Guinguettes à Lyon”
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Nous avons installé des doubles corbeilles dans tout le festival. Nous avons inséré des encarts dans les programmes et les dépliants. Pendant les entractes, des projections sur les deux écrans géants de part et d’autre de la scène rappelaient aux gens qu’il fallait trier pendant le festival. Cela a bien fonctionné et, cette année, nous avons “labellisé” Jazz Antibes, le festival d’Avignon, Y Salsa et Guinguettes à Lyon, qui sont le petit Paris-Plage de Lyon. Ce week-end, nous avons également un festival de musique moderne à Lyon.
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Le premier objectif n’était pas de traiter de façon écologique le festival, mais cela se rejoint et personne ne va s’en plaindre. Cela consistait surtout à communiquer par l’exemple, en montrant aux gens que, s’ils trient chez vous, ils doivent trier partout.
Le premier objectif n’était pas de traiter de façon écologique le festival, mais cela se rejoint et personne ne va s’en plaindre. Cela consistait surtout à communiquer par l’exemple, en montrant aux gens que, s’ils trient chez vous, ils doivent trier partout.
Comme cela a été dit, l’idée est d’être vertueux et de montrer l’exemple. Comment voulez-vous qu’une collectivité dise à ses habitants de moins utiliser leur voiture et, pendant ce temps, d’envoyer des bennes à ordures tous les jours en centre-ville qui collectent trois fois rien. Et, en PACA, ce n’est pas mal! Alors qu’avec un ramassage sept jours sur sept, on collecte du vide: on ne peut pas dire quelque chose et faire son contraire.
Comme cela a été dit, l’idée est d’être vertueux et de montrer l’exemple. Comment voulez-vous qu’une collectivité dise à ses habitants de moins utiliser leur voiture et, pendant ce temps, d’envoyer des bennes à ordures tous les jours en centre-ville qui collectent trois fois rien. Et, en PACA, ce n’est pas mal! Alors qu’avec un ramassage sept jours sur sept, on collecte du vide: on ne peut pas dire quelque chose et faire son contraire.
Le premier geste important pour communiquer sur le développement durable et pour traiter ces événements de façon écologique est de montrer l’exemple et de mettre l’expérience à contribution. Pour l’instant, cela fonctionne bien.
Le premier geste important pour communiquer sur le développement durable et pour traiter ces événements de façon écologique est de montrer l’exemple et de mettre l’expérience à contribution. Pour l’instant, cela fonctionne bien.
: Henry Cam, vous êtes organisateur de La Grande Odyssée. C’est une course de chiens de traîneau. La problématique est un peu différente car, à part quelques crottes de chiens, les impacts ne doivent pas être très importants.
A L A I N
président de La Grande Odyssée : Pour commencer, La Grande Odyssée est une fabuleuse aventure qui a démarré en 2002 avec Nicolas Vanier. Elle a abouti à la première édition, l’année dernière, de la plus grande course de chiens de traîneau qui ait jamais eu lieu en Europe. Nous avons fait venir dix-huit des meilleurs mushers mondiaux, tous professionnels.
H E N R Y
C H A U V E A U
C A M ,
: Henry Cam, vous êtes organisateur de La Grande Odyssée. C’est une course de chiens de traîneau. La problématique est un peu différente car, à part quelques crottes de chiens, les impacts ne doivent pas être très importants.
C H A U V E A U
président de La Grande Odyssée : Pour commencer, La Grande Odyssée est une fabuleuse aventure qui a démarré en 2002 avec Nicolas Vanier. Elle a abouti à la première édition, l’année dernière, de la plus grande course de chiens de traîneau qui ait jamais eu lieu en Europe. Nous avons fait venir dix-huit des meilleurs mushers mondiaux, tous professionnels.
C A M ,
L’épreuve couvre dix-neuf stations de ski, treize étapes sur 1000 kilomètres, 25000 mètres de dénivelés positifs. Les concurrents font 1 000 kilomètres à 80 % en dehors des domaines skiables et à 50 % la nuit. Ce sont deux semaines pour plus de quatre cents personnes travaillant sur La Grande Odyssée et plus de cent journalistes accrédités. Nous avons participé à huit journaux télévisés ainsi qu’à quatorze heures d’émissions de radio en direct sur France Info et France Bleue Pays de Savoie. Quelque six cents article de presse ont couvert l’événement et véhiculé des images de rêve.
L’épreuve couvre dix-neuf stations de ski, treize étapes sur 1000 kilomètres, 25000 mètres de dénivelés positifs. Les concurrents font 1 000 kilomètres à 80 % en dehors des domaines skiables et à 50 % la nuit. Ce sont deux semaines pour plus de quatre cents personnes travaillant sur La Grande Odyssée et plus de cent journalistes accrédités. Nous avons participé à huit journaux télévisés ainsi qu’à quatorze heures d’émissions de radio en direct sur France Info et France Bleue Pays de Savoie. Quelque six cents article de presse ont couvert l’événement et véhiculé des images de rêve.
Je passe une année et demie à définir ces parcours. Chaque fois, nous cherchons les crêtes les plus belles, les cols les plus extraordinaires, tout cela en relation avec les écoles de ski. C’est une très grande aventure qui tourne autour d’un acte extrêmement authentique, très proche des valeurs du développement durable.
Je passe une année et demie à définir ces parcours. Chaque fois, nous cherchons les crêtes les plus belles, les cols les plus extraordinaires, tout cela en relation avec les écoles de ski. C’est une très grande aventure qui tourne autour d’un acte extrêmement authentique, très proche des valeurs du développement durable.
Un musher parle à son équipage de chiens, il n’a ni fouet ni rênes. Il le conduit simplement par la voix. Un traîneau qui passe sur la neige peut laisser une petite crotte de chien de temps en temps, sinon il laisse deux traces dans la neige.
Un musher parle à son équipage de chiens, il n’a ni fouet ni rênes. Il le conduit simplement par la voix. Un traîneau qui passe sur la neige peut laisser une petite crotte de chien de temps en temps, sinon il laisse deux traces dans la neige.
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Nous avons beaucoup travaillé les valeurs de développement durable sur le plan de la communication. Nous avons des partenariats avec Eco-Emballages, l’ADEME, Veolia Environnement, Energizer, Pierre et Vacances, etc., ainsi que de nombreux médias.
Nous avons beaucoup travaillé les valeurs de développement durable sur le plan de la communication. Nous avons des partenariats avec Eco-Emballages, l’ADEME, Veolia Environnement, Energizer, Pierre et Vacances, etc., ainsi que de nombreux médias.
Nous nous sommes astreints à respecter un certain nombre de règles qui relèvent du bon sens et sont parfois innovantes. Nous essayons de laisser les endroits aussi beaux que nous les avons trouvés en arrivant. Il n’y a aucun marquage commercial en dehors des stations de ski. Dès que l’on sort des 100 mètres qui passent les banderoles de départ et d’arrivée, on se retrouve dans la montagne vierge. Bien évidemment, tout est ramassé. Mais ce sont des banalités.
Nous nous sommes astreints à respecter un certain nombre de règles qui relèvent du bon sens et sont parfois innovantes. Nous essayons de laisser les endroits aussi beaux que nous les avons trouvés en arrivant. Il n’y a aucun marquage commercial en dehors des stations de ski. Dès que l’on sort des 100 mètres qui passent les banderoles de départ et d’arrivée, on se retrouve dans la montagne vierge. Bien évidemment, tout est ramassé. Mais ce sont des banalités.
Plus particulièrement, nous avons monté des opérations de tri tout au long de La Grande Odyssée. Nous allons le faire davantage encore cette année, y compris dans des endroits tout à fait hors du commun, comme les bases polaires à 2 000 mètres d’altitude, qui fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Plus particulièrement, nous avons monté des opérations de tri tout au long de La Grande Odyssée. Nous allons le faire davantage encore cette année, y compris dans des endroits tout à fait hors du commun, comme les bases polaires à 2 000 mètres d’altitude, qui fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Cette année, nous avons ajouté un certain nombre d’éléments. La Grande Odyssée fonctionne pendant deux semaines avec près de quatre cents personnes. Tu parlais de cinq jours…
Cette année, nous avons ajouté un certain nombre d’éléments. La Grande Odyssée fonctionne pendant deux semaines avec près de quatre cents personnes. Tu parlais de cinq jours…
Vous pouvez imaginer que nous en ressortons relativement fatigués. De plus, cela ne s’arrête jamais, c’est vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Chaque bénévole ou personne qui travaille sur La Grande Odyssée signe une charte de comportement dans laquelle elle s’engage personnellement à respecter une dizaine de points de bons sens. Nous avons des contrats de bénévolat, pour des problèmes de droit du travail et d’assurance, qui comprennent cette annexe. Les gens s’engagent à respecter ces points, sinon ils ne peuvent pas être bénévoles.
Vous pouvez imaginer que nous en ressortons relativement fatigués. De plus, cela ne s’arrête jamais, c’est vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Chaque bénévole ou personne qui travaille sur La Grande Odyssée signe une charte de comportement dans laquelle elle s’engage personnellement à respecter une dizaine de points de bons sens. Nous avons des contrats de bénévolat, pour des problèmes de droit du travail et d’assurance, qui comprennent cette annexe. Les gens s’engagent à respecter ces points, sinon ils ne peuvent pas être bénévoles.
Parallèlement, nous montons beaucoup d’opérations ludo-éducatives pour les enfants, avec comme objectif d’apporter un message. Nous emmenons également des gens sur des départs ou des arrivées ou des franchissements de cols à deux heures du matin avec une lampe frontale et des guides. Nous touchons une certaine réalité qui est extrêmement motivante et également à de l’éducatif pur, basé sur les grandes expéditions, le froid polaire, les grands équilibres de la nature, etc.
Parallèlement, nous montons beaucoup d’opérations ludo-éducatives pour les enfants, avec comme objectif d’apporter un message. Nous emmenons également des gens sur des départs ou des arrivées ou des franchissements de cols à deux heures du matin avec une lampe frontale et des guides. Nous touchons une certaine réalité qui est extrêmement motivante et également à de l’éducatif pur, basé sur les grandes expéditions, le froid polaire, les grands équilibres de la nature, etc.
C H A U V E A U
:
Merci, Henry.
Avez-vous des questions ? U N E
: Pour compléter le début de l’échange, et peut-être une expérience un peu pratique. Nous en sommes au début de la réflexion sur l’éco-communication. au delà de l’édition, il paraît presque inconcevable de publier un rapport de développement durable qui ne serait pas sur papier recyclé. Toutefois, cela se fait encore et nous avons un peu de chemin à parcourir.
I N T E R V E N A N T E
Il faut donc prendre en compte, en amont de la conception de l’événement, un certain nombre de critères ou de règles de comportement ou de choix de matériaux, etc.”
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ACIDD et Comité 21
Il est certain que nous en sommes au début de la prise de conscience qu’un événement a un impact environnemental et social. Il faut donc prendre en compte, en amont de la conception de l’événement, un certain nombre de critères ou de règles de comportement ou de choix de matériaux, etc. C’est tout à fait cohérent sur un événement lié au thème du développement durable, bien que certains aient encore des difficultés. Cela semble souvent complètement incongru sur des événements d’une autre nature.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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:
Merci, Henry.
Avez-vous des questions ? U N E
: Pour compléter le début de l’échange, et peut-être une expérience un peu pratique. Nous en sommes au début de la réflexion sur l’éco-communication. au delà de l’édition, il paraît presque inconcevable de publier un rapport de développement durable qui ne serait pas sur papier recyclé. Toutefois, cela se fait encore et nous avons un peu de chemin à parcourir.
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Il faut donc prendre en compte, en amont de la conception de l’événement, un certain nombre de critères ou de règles de comportement ou de choix de matériaux, etc.”
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Il est certain que nous en sommes au début de la prise de conscience qu’un événement a un impact environnemental et social. Il faut donc prendre en compte, en amont de la conception de l’événement, un certain nombre de critères ou de règles de comportement ou de choix de matériaux, etc. C’est tout à fait cohérent sur un événement lié au thème du développement durable, bien que certains aient encore des difficultés. Cela semble souvent complètement incongru sur des événements d’une autre nature.
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J’évoquais tout à l’heure le Salon des maires où nous accueillons des représentants des collectivités locales. Dans ce salon emblématique, on trouve de plus en plus de stands sur le développement durable. Pourtant, la problématique ne figure pas au cahier des charges des organisateurs de l’événement.
J’évoquais tout à l’heure le Salon des maires où nous accueillons des représentants des collectivités locales. Dans ce salon emblématique, on trouve de plus en plus de stands sur le développement durable. Pourtant, la problématique ne figure pas au cahier des charges des organisateurs de l’événement.
Au cours de l’événement, on croise le propre intérêt de l’entreprise, de l’exposant, par rapport au sujet et ce que le conseil en communication, l’agence, le standiste vous propose. Au mois d’août, j’ai assisté aux consultations et aux sélections de l’agence qui allait nous aider à organiser cet événement. Le développement durable figurait bien dans le cahier des charges en tant que problématique. Je précise qu’il ne s’agissait pas de faire un stand sur le développement durable mais de l’intégrer dans les sujets dont La Poste allait parler.
Au cours de l’événement, on croise le propre intérêt de l’entreprise, de l’exposant, par rapport au sujet et ce que le conseil en communication, l’agence, le standiste vous propose. Au mois d’août, j’ai assisté aux consultations et aux sélections de l’agence qui allait nous aider à organiser cet événement. Le développement durable figurait bien dans le cahier des charges en tant que problématique. Je précise qu’il ne s’agissait pas de faire un stand sur le développement durable mais de l’intégrer dans les sujets dont La Poste allait parler.
Certains ont proposé des choses à la limite du contre-productif. C’était une représentation de ce que peut être le développement durable mais de manière gadgétisée, contraire à ce que nous voulions montrer.
Certains ont proposé des choses à la limite du contre-productif. C’était une représentation de ce que peut être le développement durable mais de manière gadgétisée, contraire à ce que nous voulions montrer.
Les agences connaissaient l’entreprise : nous avons publié le deuxième rapport sur le site Internet. Le b-a-ba, pour une agence, est de se renseigner et de proposer une offre en regard des attentes du client. Certaines agences sont pourtant connues sur la place, mais nous n’avons eu aucune offre cohérente avec cette demande. Même si ce n’était pas dans le cahier des charges…. U N
I N T E R V E N A N T
:
Pourquoi ne l’avez-vous pas mis dans le cahier des charges ?
: Je vais peut-être dire quelque chose de choquant mais, selon mon expérience à la direction du développement durable, la communication ne s’intéresse pas encore à ce sujet. Et ce sont eux qui sensibilisent les acheteurs…
L ’ I N T E R V E N A N T E
La communication ne s’intéresse pas encore à ce sujet. Et ce sont eux qui sensibilisent les acheteurs…”
C’est bien de sensibiliser les acheteurs et c’est ce que nous faisons. Il faut que l’acheteur soit capable de traiter une offre sous l’angle du développement durable. Mais si le prescripteur, qui compte beaucoup dans l’acte d’achat car il a le budget et oriente l’acheteur, ne le met pas…
: J’ai écouté votre président au Comité 21 lors du petit déjeuner. Il était très bon dans le domaine du développement durable. Nous savons que l’application est difficile mais, à partir du moment où le président donne des axes, tout le monde doit suivre.
L ’ I N T E R V E N A N T
U N
I N T E R V E N A N T
U N
A U T R E
:
Sauf si c’est plus cher.
I N T E R V E N A N T : Si une agence faisait une recommandation sur un événement éco-conçu coûtant 10 % plus cher, quelle serait la réaction de La Poste ?
L ’ I N T E R V E N A N T E L ’ I N T E R V E N A N T
: :
“
Aujourd’hui, cela passerait. Pour 10 % ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
:
Pourquoi ne l’avez-vous pas mis dans le cahier des charges ?
: Je vais peut-être dire quelque chose de choquant mais, selon mon expérience à la direction du développement durable, la communication ne s’intéresse pas encore à ce sujet. Et ce sont eux qui sensibilisent les acheteurs…
L ’ I N T E R V E N A N T E
C’est bien de sensibiliser les acheteurs et c’est ce que nous faisons. Il faut que l’acheteur soit capable de traiter une offre sous l’angle du développement durable. Mais si le prescripteur, qui compte beaucoup dans l’acte d’achat car il a le budget et oriente l’acheteur, ne le met pas…
: J’ai écouté votre président au Comité 21 lors du petit déjeuner. Il était très bon dans le domaine du développement durable. Nous savons que l’application est difficile mais, à partir du moment où le président donne des axes, tout le monde doit suivre.
L ’ I N T E R V E N A N T
U N
I N T E R V E N A N T
U N
A U T R E
:
Sauf si c’est plus cher.
I N T E R V E N A N T : Si une agence faisait une recommandation sur un événement éco-conçu coûtant 10 % plus cher, quelle serait la réaction de La Poste ?
L ’ I N T E R V E N A N T
: :
Aujourd’hui, cela passerait. Pour 10 % ?
: Il faut aussi être cohérent. Si un événement éco-conçu signifie faire attention aux consommations d’énergie, utiliser moins de papier, etc., cela devrait revenir moins cher.
L ’ I N T E R V E N A N T E
La moquette recyclable coûte peut-être plus cher que les autres, je ne suis pas spécialiste. Certains matériaux ont un coût plus élevé parce qu’ils intègrent un certain nombre de… Normalement, un matériau éco-conçu coûte moins cher puisqu’il a utilisé moins d’énergie pour sa fabrication. ACIDD et Comité 21
I N T E R V E N A N T
L ’ I N T E R V E N A N T E
: Il faut aussi être cohérent. Si un événement éco-conçu signifie faire attention aux consommations d’énergie, utiliser moins de papier, etc., cela devrait revenir moins cher.
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U N
La communication ne s’intéresse pas encore à ce sujet. Et ce sont eux qui sensibilisent les acheteurs…”
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Les agences connaissaient l’entreprise : nous avons publié le deuxième rapport sur le site Internet. Le b-a-ba, pour une agence, est de se renseigner et de proposer une offre en regard des attentes du client. Certaines agences sont pourtant connues sur la place, mais nous n’avons eu aucune offre cohérente avec cette demande. Même si ce n’était pas dans le cahier des charges….
La moquette recyclable coûte peut-être plus cher que les autres, je ne suis pas spécialiste. Certains matériaux ont un coût plus élevé parce qu’ils intègrent un certain nombre de… Normalement, un matériau éco-conçu coûte moins cher puisqu’il a utilisé moins d’énergie pour sa fabrication. 123
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L ’ I N T E R V E N A N T
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Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
: Je ne sais pas combien coûtent ces gobelets par rapport à un gobelet en plastique standard. Mais, de toute façon, nous sommes prêts à payer ce surcoût qui nous met en cohérence avec nos engagements. Certes, nous ne monterons peutêtre pas à 50 % de plus.
L ’ I N T E R V E N A N T
L ’ I N T E R V E N A N T E
“
Nous ne sommes pas dans le choix du moins-disant sur ce type d’événement. Étant donné l’importance des élus dans notre stratégie, si cela peut être bon pour l’entreprise, nous sommes prêts à payer. Mais, l’offre n’existe pas. U N
: J’aimerais que Benoît Desveaux s’explique, car les clients font des appels d’offres, et c’est le moins-disant qui gagne.
I N T E R V E N A N T
B E N O Î T
D E S V E A U X : Il y a le moins-disant, et il contribue à faire des événements qui si on a moins d’argent pour le faire, on fait des décors moins gros. J’ai des exemples où on n’a pas mis de moquette dans le hall… On avait laissé le béton brut avec des éclairages permettant que cela reste discret.
La technologie permet, notamment dans la lumière, de consommer moins. Des projecteurs qui coûtent très cher et qui ne sont pas encore connus du grand public sont utilisés en exposition et en soirée. Ce sont des éclairages à LED. Au lieu de mettre trois “gamelles”, ce sont trois petites LED qui font toutes les couleurs.
La technologie permet, notamment dans la lumière, de consommer moins” U N
I N T E R V E N A N T
B E N O Î T
Qu’est-ce que les LED ?
:
D E S V E A U X : Ce sont des diodes. Ce sont des projecteurs beaucoup plus petits et qui prennent moins de place dans les camions. On dépense donc moins d’énergie pour transporter l’objet de l’entrepôt jusqu’à l’événement. Cela consomme moins d’électricité, chauffe moins car il faut savoir que la climatisation dans les salles de congrès coûte une fortune. Par le progrès technologique, sans même le vouloir, nous faisons de l’éco…
L ’ I N T E R V E N A N T E U N
I N T E R V E N A N T
:
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:
Nous ne sommes pas dans le choix du moins-disant sur ce type d’événement. Étant donné l’importance des élus dans notre stratégie, si cela peut être bon pour l’entreprise, nous sommes prêts à payer. Mais, l’offre n’existe pas. U N
: J’aimerais que Benoît Desveaux s’explique, car les clients font des appels d’offres, et c’est le moins-disant qui gagne.
I N T E R V E N A N T
B E N O Î T
U N
B E N O Î T
Après, c’est le débat du marketing de la démarche…
B E N O Î T
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De qui pourrait venir l’initiative ?
U N
:
Après, c’est le débat du marketing de la démarche…
Je dirais, oui.
: :
De qui pourrait venir l’initiative ?
Je gère une agence de communication en Belgique, qui est spécialisée dans la question du développement durable. Et nous sommes un peu dépourvus en termes d’événementiel. Nous ne sommes pas plus avancés qu’en France. Il faudrait proposer des outils tout à fait alternatifs… U N
: Nous avons une petite expérience avec le trophée “éco-conception”. D’après ce que nous avons vu avec les entreprises qui ont participé à ce concours, l’initiative vient toujours de l’annonceur, de l’exposant.
S Y L V I E
F O U R N
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
D E S V E A U X
I N T E R V E N A N T
: Nous rencontrons les syndicats à partir de lundi et je pense que nous en parlerons. Je ne sais plus comment s’appelle le syndicat spécifique pour l’événementiel en Belgique.
ACIDD et Comité 21
D E S V E A U X : Ce sont des diodes. Ce sont des projecteurs beaucoup plus petits et qui prennent moins de place dans les camions. On dépense donc moins d’énergie pour transporter l’objet de l’entrepôt jusqu’à l’événement. Cela consomme moins d’électricité, chauffe moins car il faut savoir que la climatisation dans les salles de congrès coûte une fortune. Par le progrès technologique, sans même le vouloir, nous faisons de l’éco…
L ’ I N T E R V E N A N T E
Comme Mme Renard l’a dit, les prises de conscience correspondent à la cohérence de l’entreprise. Par ailleurs, je me rends compte que, dans les directions de la com124
Qu’est-ce que les LED ?
:
: C’est assez paradoxal, car les agences de communication qui, normalement, savent vendre, ne savent pas promouvoir ce genre de produit.
I N T E R V E N A N T
S Y L V I E
La technologie permet, notamment dans la lumière, de consommer moins. Des projecteurs qui coûtent très cher et qui ne sont pas encore connus du grand public sont utilisés en exposition et en soirée. Ce sont des éclairages à LED. Au lieu de mettre trois “gamelles”, ce sont trois petites LED qui font toutes les couleurs.
I N T E R V E N A N T
Je gère une agence de communication en Belgique, qui est spécialisée dans la question du développement durable. Et nous sommes un peu dépourvus en termes d’événementiel. Nous ne sommes pas plus avancés qu’en France. Il faudrait proposer des outils tout à fait alternatifs… U N
D E S V E A U X : Il y a le moins-disant, et il contribue à faire des événements qui si on a moins d’argent pour le faire, on fait des décors moins gros. J’ai des exemples où on n’a pas mis de moquette dans le hall… On avait laissé le béton brut avec des éclairages permettant que cela reste discret.
L ’ I N T E R V E N A N T E
Je dirais, oui.
:
: Je ne sais pas combien coûtent ces gobelets par rapport à un gobelet en plastique standard. Mais, de toute façon, nous sommes prêts à payer ce surcoût qui nous met en cohérence avec nos engagements. Certes, nous ne monterons peutêtre pas à 50 % de plus.
La technologie permet, notamment dans la lumière, de consommer moins”
: C’est assez paradoxal, car les agences de communication qui, normalement, savent vendre, ne savent pas promouvoir ce genre de produit. D E S V E A U X
Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
L ’ I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T E
B E N O Î T
:
: Nous rencontrons les syndicats à partir de lundi et je pense que nous en parlerons. Je ne sais plus comment s’appelle le syndicat spécifique pour l’événementiel en Belgique.
I N T E R V E N A N T
: Nous avons une petite expérience avec le trophée “éco-conception”. D’après ce que nous avons vu avec les entreprises qui ont participé à ce concours, l’initiative vient toujours de l’annonceur, de l’exposant.
F O U R N
Comme Mme Renard l’a dit, les prises de conscience correspondent à la cohérence de l’entreprise. Par ailleurs, je me rends compte que, dans les directions de la com124
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munication, ce sont souvent des femmes qui sont de plus en plus investies et convaincues. Elles nous interpellent beaucoup sur ce que Pollutec doit faire. C’est un vrai dialogue qui s’installe sur ce plan.
Je crois que l’initiative vient nécessairement, à mon sens, du donneur d’ordres, donc de celui qui paie pour avoir.
Je crois que l’initiative vient nécessairement, à mon sens, du donneur d’ordres, donc de celui qui paie pour avoir.
Je ne voudrais pas culpabiliser des organismes qui font ce qu’ils peuvent, mais nous constatons souvent que les standistes se comportent très mal. J’ai vu des entreprises récompensées pour la qualité de leur stand éco-conçu se voir mettre une amende de 1000 euros parce qu’elles avaient laissé tous leurs déchets et leur moquette non enlevée, etc. Lorsque je me suis retournée vers la collectivité locale, parce que nous le portons sur les factures pour l’exemple, elle n’était absolument pas au courant et furieuse.
Je ne voudrais pas culpabiliser des organismes qui font ce qu’ils peuvent, mais nous constatons souvent que les standistes se comportent très mal. J’ai vu des entreprises récompensées pour la qualité de leur stand éco-conçu se voir mettre une amende de 1000 euros parce qu’elles avaient laissé tous leurs déchets et leur moquette non enlevée, etc. Lorsque je me suis retournée vers la collectivité locale, parce que nous le portons sur les factures pour l’exemple, elle n’était absolument pas au courant et furieuse.
Pour les petites structures, faire un stand éco-conçu, c’est se remettre en cause. On trouve des prestataires de mobilier en carton, de matériaux… L’ADEME a fait, au dernier Pollutec 2004, un superbe stand éco-conçu, avec des choses très originales. En revanche, pour l’entreprise, c’est du travail, de l’imagination et, surtout, pour l’organisation même, un travail de rigueur plus important. Donc, c’est plus difficile.
Pour les petites structures, faire un stand éco-conçu, c’est se remettre en cause. On trouve des prestataires de mobilier en carton, de matériaux… L’ADEME a fait, au dernier Pollutec 2004, un superbe stand éco-conçu, avec des choses très originales. En revanche, pour l’entreprise, c’est du travail, de l’imagination et, surtout, pour l’organisation même, un travail de rigueur plus important. Donc, c’est plus difficile.
J’adhère complètement à ce que vous avez dit. Depuis que j’ai pris la direction de Pollutec, en l’espace de quatre ans, je n’ai pas fait d’investissements supplémentaires en communication. J’ai réinvesti éventuellement dans d’autres choses, mais ma politique ne me coûte pas plus cher.
J’adhère complètement à ce que vous avez dit. Depuis que j’ai pris la direction de Pollutec, en l’espace de quatre ans, je n’ai pas fait d’investissements supplémentaires en communication. J’ai réinvesti éventuellement dans d’autres choses, mais ma politique ne me coûte pas plus cher.
“
Les standistes se comportent très mal”
: Cela veut dire que le fait d’essayer de faire de l’éco-conception sur un salon ne coûte pas plus cher…
U N
: Cela vous fait même économiser de l’argent que vous pouvez réinvestir. Par exemple, cette année, nous faisons un espace produits développement durable.
S Y L V I E
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munication, ce sont souvent des femmes qui sont de plus en plus investies et convaincues. Elles nous interpellent beaucoup sur ce que Pollutec doit faire. C’est un vrai dialogue qui s’installe sur ce plan.
F O U R N
: Cela veut dire que le fait d’essayer de faire de l’éco-conception sur un salon ne coûte pas plus cher…
I N T E R V E N A N T
Pour répondre à Monsieur, c’est l’une des questions que nous nous sommes posées pour Pollutec. Nous nous sommes dit qu’il fallait transposer le citoyen de son univers BtoB (B2B, Business to Business - de Professionnels à Professionnels). Nous avons donc lancé cette année un espace qui s’appelle “Produits et Développement durable”, que nous mettons en œuvre avec l’ADEME, le Comité 21, etc.
Nous allons proposer des produits de l’univers B to B ; cela va de la bureautique au mobilier. Cela nous permettra de lancer davantage l’offre de produits qui sont écolabellisés, qui entrent dans une politique d’achat éco-responsable.
Nous allons proposer des produits de l’univers B to B ; cela va de la bureautique au mobilier. Cela nous permettra de lancer davantage l’offre de produits qui sont écolabellisés, qui entrent dans une politique d’achat éco-responsable.
L’argent gardé grâce à une politique plus économe est investi en communication sur des produits de cette nature.
L’argent gardé grâce à une politique plus économe est investi en communication sur des produits de cette nature.
:
Pensez-vous pouvoir réduire la diffusion des sacs plastiques par
U N
I N T E R V E N A N T
vos stands ?
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: Cela vous fait même économiser de l’argent que vous pouvez réinvestir. Par exemple, cette année, nous faisons un espace produits développement durable.
F O U R N
Pour répondre à Monsieur, c’est l’une des questions que nous nous sommes posées pour Pollutec. Nous nous sommes dit qu’il fallait transposer le citoyen de son univers BtoB (B2B, Business to Business - de Professionnels à Professionnels). Nous avons donc lancé cette année un espace qui s’appelle “Produits et Développement durable”, que nous mettons en œuvre avec l’ADEME, le Comité 21, etc.
I N T E R V E N A N T
S Y L V I E
“
Les standistes se comportent très mal”
: Pour être honnête, je ne suis pas convaincue que l’impact du sac plastique soit moins bon que celui du sac papier. Nous allons y réfléchir, mais je ne sais pas encore ce que nous allons faire sur ce plan. J’aimerais qu’on récupère, au moins dans un premier temps, les sacs qui sont…
S Y L V I E
: C’est un vrai travail. Par exemple, au Salon du livre à Montreuil, ou ailleurs, le sac plastique est un symbole. Ce n’est effectivement pas la matière la
U N
F O U R N
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
:
Pensez-vous pouvoir réduire la diffusion des sacs plastiques par
vos stands ?
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: Pour être honnête, je ne suis pas convaincue que l’impact du sac plastique soit moins bon que celui du sac papier. Nous allons y réfléchir, mais je ne sais pas encore ce que nous allons faire sur ce plan. J’aimerais qu’on récupère, au moins dans un premier temps, les sacs qui sont…
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: C’est un vrai travail. Par exemple, au Salon du livre à Montreuil, ou ailleurs, le sac plastique est un symbole. Ce n’est effectivement pas la matière la
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plus polluante sur la planète. Je ne suis pas contre la matière plastique mais, comme je le disais tout à l’heure, le spectre environnemental est tellement vaste qu’il nous faut procéder par étapes. C’est pour cela que nous demandons des exigences sur l’événement éco-conçu, pour une empreinte écologique la plus légère possible sur l’environnement. Mais c’est aussi notre quotidien et celui de l’entreprise notamment. À La Poste, vous consacrez votre vie à cela et j’imagine l’immensité du travail et des résistances…. U N E
I N T E R V E N A N T E
:
Nous transportons beaucoup de papier, donc….
C’est une résistance face à tout ce que l’on propose pour favoriser un meilleur environnement au quotidien dans l’entreprise ou dans les domiciles. Nous savons bien que ce n’est pas facile. Les alternatives sont peu nombreuses.
L ’ I N T E R V E N A N T
:
L’environnement et l’écologie nous permettent de nous responsabiliser”
Il existe un chantier fantastique avec les éco-festivals. Philippe a eu une très bonne idée. Il faut être exigeant pour les événements, mais également envers les entreprises et les familles. Cela a valeur d’exemplarité.
Nous vivons dans une société où ce sont toujours le maire ou le député qui sont responsables, le président de la République qui est bon à rien, le Premier ministre qui n’y connaît rien, etc. L’autre est toujours plus responsable dans notre société et nous nous déresponsabilisons en permanence. L’environnement et l’écologie nous permettent de nous responsabiliser, y compris de donner les valeurs qui manquent à l’entreprise. Que je sache, la richesse se trouve dans l’entreprise où nous passons la majeure partie de notre vie. U N
U N
: Tout à l’heure, vous demandiez pourquoi cela n’avançait pas. Il me semble, d’une façon générale, que le réflexe est de dire que le développement durable va coûter plus cher, que ce sera moins beau et plus compliqué. Or, bien souvent, ce n’est pas plus cher mais, au contraire, générateur d’économies
I N T E R V E N A N T
“
U N E
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Nous transportons beaucoup de papier, donc….
C’est une résistance face à tout ce que l’on propose pour favoriser un meilleur environnement au quotidien dans l’entreprise ou dans les domiciles. Nous savons bien que ce n’est pas facile. Les alternatives sont peu nombreuses.
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Il existe un chantier fantastique avec les éco-festivals. Philippe a eu une très bonne idée. Il faut être exigeant pour les événements, mais également envers les entreprises et les familles. Cela a valeur d’exemplarité.
Nous vivons dans une société où ce sont toujours le maire ou le député qui sont responsables, le président de la République qui est bon à rien, le Premier ministre qui n’y connaît rien, etc. L’autre est toujours plus responsable dans notre société et nous nous déresponsabilisons en permanence. L’environnement et l’écologie nous permettent de nous responsabiliser, y compris de donner les valeurs qui manquent à l’entreprise. Que je sache, la richesse se trouve dans l’entreprise où nous passons la majeure partie de notre vie. U N
: Tout à l’heure, vous demandiez pourquoi cela n’avançait pas. Il me semble, d’une façon générale, que le réflexe est de dire que le développement durable va coûter plus cher, que ce sera moins beau et plus compliqué. Or, bien souvent, ce n’est pas plus cher mais, au contraire, générateur d’économies
I N T E R V E N A N T
Une commune peut proposer, comme je l’ai fait, de partager ses outils de communication. Les réfractaires commencent à trouver que ce n’est pas si compliqué. Ensuite, on peut montrer que mettre deux bacs ne dénature pas forcément le site. Finalement, on arrive à convaincre.
Une commune peut proposer, comme je l’ai fait, de partager ses outils de communication. Les réfractaires commencent à trouver que ce n’est pas si compliqué. Ensuite, on peut montrer que mettre deux bacs ne dénature pas forcément le site. Finalement, on arrive à convaincre.
Contrairement à ce qui a été dit tout à l’heure, à part quelques illuminés, ce n’est pas chez l’organisateur que nous allons trouver la première motivation pour mettre en valeur l’aspect écologique. Cela vient généralement d’organismes comme EcoEmballages, Poste Plus en Belgique, ou l’ADEME, qui sont déjà de la partie.
Contrairement à ce qui a été dit tout à l’heure, à part quelques illuminés, ce n’est pas chez l’organisateur que nous allons trouver la première motivation pour mettre en valeur l’aspect écologique. Cela vient généralement d’organismes comme EcoEmballages, Poste Plus en Belgique, ou l’ADEME, qui sont déjà de la partie.
Lorsqu’on a passé ces trois obstacles : ce n’est pas beau, cela va coûter cher et c’est compliqué…
Lorsqu’on a passé ces trois obstacles : ce n’est pas beau, cela va coûter cher et c’est compliqué…
A U T R E
I N T E R V E N A N T
:
C’est la fatalité du désespoir. Alors que l’environ-
U N
A U T R E
I N T E R V E N A N T
: À une époque, on disait que le papier recyclé n’était pas beau. Ce n’est pas vrai du tout.
L ’ I N T E R V E N A N T
: C’est juste une proposition par rapport à des événements que vous organisez et où vous rencontrez des problèmes de collecte. L’an dernier, nous avons eu la Fête du bateau à Marseille. Dans une équipe de jeunes, nous nous sommes mobilisés pour faire passer des caddies à travers la foule pour récupérer les canettes en verre
L ’ I N T E R V E N A N T E
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
C’est la fatalité du désespoir. Alors que l’environ-
: À une époque, on disait que le papier recyclé n’était pas beau. Ce n’est pas vrai du tout.
: C’est juste une proposition par rapport à des événements que vous organisez et où vous rencontrez des problèmes de collecte. L’an dernier, nous avons eu la Fête du bateau à Marseille. Dans une équipe de jeunes, nous nous sommes mobilisés pour faire passer des caddies à travers la foule pour récupérer les canettes en verre
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ACIDD et Comité 21
:
nement, c’est la fatalité de l’espoir.
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C’est pour cela que nous demandons des exigences sur l’événement éco-conçu, pour une empreinte écologique la plus légère possible sur l’environnement. Mais c’est aussi notre quotidien et celui de l’entreprise notamment. À La Poste, vous consacrez votre vie à cela et j’imagine l’immensité du travail et des résistances….
L’environnement et l’écologie nous permettent de nous responsabiliser”
nement, c’est la fatalité de l’espoir.
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plus polluante sur la planète. Je ne suis pas contre la matière plastique mais, comme je le disais tout à l’heure, le spectre environnemental est tellement vaste qu’il nous faut procéder par étapes.
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ou en aluminium. Parallèlement, nous avons distribué des tracts pour expliquer aux gens pourquoi nous le faisions.
ou en aluminium. Parallèlement, nous avons distribué des tracts pour expliquer aux gens pourquoi nous le faisions.
Dans ce cadre, c’était très facile à mettre en place. Ce serait peut-être plus compliqué pour Pollutec. Il faudrait pouvoir adapter le système à la cible, car les gens ne le font pas d’eux-mêmes. C’est peut-être un début de réflexion.
Dans ce cadre, c’était très facile à mettre en place. Ce serait peut-être plus compliqué pour Pollutec. Il faudrait pouvoir adapter le système à la cible, car les gens ne le font pas d’eux-mêmes. C’est peut-être un début de réflexion.
A U T R E
I N T E R V E N A N T E
:
Vous avez raison, sur ce plan, on peut large-
U N E
A U T R E
ment mieux faire. : Au début, vous avez parlé de la difficulté de faire une bonne collecte, c’est peut-être un manque de formation des personnels.
L ’ I N T E R V E N A N T E
: Notre rôle consiste également à inciter les prestataires à sensibiliser leurs personnels. D’ailleurs, nous évoquions ce que vous dites lors de la préparation de cet atelier sur les impacts environnementaux. Dans le monde de l’événementiel, beaucoup de gens sont employés dans des conditions parfois difficiles.
S Y L V I E
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Vous avez raison, sur ce plan, on peut large-
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: Notre rôle consiste également à inciter les prestataires à sensibiliser leurs personnels. D’ailleurs, nous évoquions ce que vous dites lors de la préparation de cet atelier sur les impacts environnementaux. Dans le monde de l’événementiel, beaucoup de gens sont employés dans des conditions parfois difficiles.
F O U R N
Il faut prendre en compte le fait que l’événement a des caractéristiques de rapidité, d’adrénaline. Souvent les personnels mobilisés sont assez stressés. Dans l’impact sociétal, qui est une part importante du développement durable, il faut être vigilant à la qualité des prestataires qu’on utilise. Il y a aujourd’hui beaucoup de dérogations et des prestataires qui se comportent mal avec leur personnel parce que le contexte…
Il faut prendre en compte le fait que l’événement a des caractéristiques de rapidité, d’adrénaline. Souvent les personnels mobilisés sont assez stressés. Dans l’impact sociétal, qui est une part importante du développement durable, il faut être vigilant à la qualité des prestataires qu’on utilise. Il y a aujourd’hui beaucoup de dérogations et des prestataires qui se comportent mal avec leur personnel parce que le contexte…
Il faut s’assurer qu’ils Dans le monde de l’événementiel, déclarent correctement les beaucoup de gens sont employés gens, mettre en place des structures… Par exemple, dans des conditions parfois difficiles” c’est avoir au minimum un médecin sur le site, capable de donner les premiers secours pour un doigt blessé ou tout autre problème de santé. C’est un aspect auquel il faut penser pour un événement.
Il faut s’assurer qu’ils Dans le monde de l’événementiel, déclarent correctement les beaucoup de gens sont employés gens, mettre en place des structures… Par exemple, dans des conditions parfois difficiles” c’est avoir au minimum un médecin sur le site, capable de donner les premiers secours pour un doigt blessé ou tout autre problème de santé. C’est un aspect auquel il faut penser pour un événement.
Il existe tout de même une législation en France qui est très précise. Chez les annonceurs, depuis trois ou quatre ans, on voit une montée en puissance de services achats. Aujourd’hui, en plus de contrôler la bonne organisation de l’appel d’offres classique, ils doivent négocier les prix avec les fournisseurs et leur imposer de respecter la loi. Cela a toujours existé, mais nous étions dans une culture de l’oral.
I N T E R V E N A N T
:
U N
Il existe tout de même une législation en France qui est très précise. Chez les annonceurs, depuis trois ou quatre ans, on voit une montée en puissance de services achats. Aujourd’hui, en plus de contrôler la bonne organisation de l’appel d’offres classique, ils doivent négocier les prix avec les fournisseurs et leur imposer de respecter la loi. Cela a toujours existé, mais nous étions dans une culture de l’oral.
I N T E R V E N A N T
:
Encore récemment, nous organisions la tenue d’une convention avec des clients en nous tapant dans la main. Aujourd’hui, plus une seule opération n’est possible sans contrat. Cela garantit même la protection des fournisseurs puisque des grosses sociétés ne sont pas toujours correctes avec les petits fournisseurs.
Encore récemment, nous organisions la tenue d’une convention avec des clients en nous tapant dans la main. Aujourd’hui, plus une seule opération n’est possible sans contrat. Cela garantit même la protection des fournisseurs puisque des grosses sociétés ne sont pas toujours correctes avec les petits fournisseurs.
Tout cet environnement est mieux borné par des contrats commerciaux, la législation du travail et pour la protection des salariés.
Tout cet environnement est mieux borné par des contrats commerciaux, la législation du travail et pour la protection des salariés.
: Je voudrais approfondir la question des transports. C’est une dimension importante pour l’environnement. Nous avons effleuré le sujet tout à l’heure.
I N T E R V E N A N T
U N
: Nous avons les deux-roues et les quatre-roues. Évidemment, il faut rapporter cela au nombre de personnes transportées.
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je voudrais approfondir la question des transports. C’est une dimension importante pour l’environnement. Nous avons effleuré le sujet tout à l’heure.
I N T E R V E N A N T
Par exemple, comment utiliser les transports en commun ? Je ne demande qu’à être convaincu, mais il me semble avoir vu des études contradictoires avec ce que vous disiez sur…. : Nous avons les deux-roues et les quatre-roues. Évidemment, il faut rapporter cela au nombre de personnes transportées.
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: Au début, vous avez parlé de la difficulté de faire une bonne collecte, c’est peut-être un manque de formation des personnels.
Par exemple, comment utiliser les transports en commun ? Je ne demande qu’à être convaincu, mais il me semble avoir vu des études contradictoires avec ce que vous disiez sur….
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ment mieux faire.
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:
À la Mairie de Paris, on serait plutôt contre les deux-
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roues ! S Y L V I E
: Pour ne pas attiser la polémique, je voudrais juste dire que nous aurions dû aligner notre animation sur la musique, sans mettre les motos.
F O U R N
U N
I N T E R V E N A N T
U N
A U T R E
:
S Y L V I E
Sur la question des transport des visiteurs…
U N
I N T E R V E N A N T
:
A-t-on déjà mesuré l’impact environnemental des
: J’y pensais justement en voyant la représentante de la LPO. A-t-on mesuré l’impact, notamment sur les oiseaux et les mammifères ?
I N T E R V E N A N T
U N
A U T R E
“
Répondons d’abord sur les transports.
©
I N T E R V E N A N T
:
A-t-on déjà mesuré l’impact environnemental des
U N
: J’y pensais justement en voyant la représentante de la LPO. A-t-on mesuré l’impact, notamment sur les oiseaux et les mammifères ?
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T
S Y L V I E
:
Répondons d’abord sur les transports.
: Comme je l’ai dit en introduction, je suis très modeste. La nature d’un événement tel que le nôtre est de faire en sorte que les gens se rencontrent dans un cadre professionnel et festif.
F O U R N
Pour l’instant, le plus adéquat est le train, le RER, le tramway, le métro, etc. À défaut, des navettes de bus, surtout quand ils roulent avec un gaz propre.
Pour l’instant, le plus adéquat est le train, le RER, le tramway, le métro, etc. À défaut, des navettes de bus, surtout quand ils roulent avec un gaz propre.
Pour un événement tel que Pollutec à Lyon, ce sont des dizaines de milliers de gens qui arrivent…
Pour un événement tel que Pollutec à Lyon, ce sont des dizaines de milliers de gens qui arrivent…
:
Ce n’est pas de votre responsabilité ?
I N T E R V E N A N T
F O U R N
:
I N T E R V E N A N T F O U R N
:
:
Si, en partie.
Si j’ai intérêt à faire… :
C’est une provocation !
Je ne parle même pas des gens qui viennent de l’étranger.
C O N T A N T : Il faut aller à petits pas. Il est très difficile d’être bon dans tous les registres, les transports, les déchets, l’énergie, etc. De plus, comme nos concitoyens ne sont pas forcément complètement convaincus, il ne faut pas être trop ambitieux.
P H I L I P P E
Il faut aller à petits pas. Il est très difficile d’être bon dans tous les registres, les transports, les déchets, l’énergie”
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Sur la question des transport des visiteurs…
Il est vrai que nous n’avons pas beaucoup de solutions. Nous nous y employons, mais c’est un travail de longue haleine. C’est évidemment plus facile à Paris qu’à Lyon. Le parc d’expositions de cette dernière ville… Je n’ai rien contre la Ville de Lyon avec laquelle j’entretiens les meilleurs rapports. Mais il est certain que tous les lieux qui ont une certaine envergure pour prétendre organiser des événements doivent intégrer un système de transports économique et écologique.
A U T R E
Cela nous a pris douze ans pour former toute la France, et certaines collectivités ne trient pas encore. Mais, elles finiront par y venir, nous n’allons pas nous soucier de cela. Il serait utopique de vouloir tout régler à la prochaine édition de Pollutec.
Ensuite, l’organisateur du festival n’est pas responsable de tout. Bien sûr, le salon va générer la venue de visiteurs mais ce n’est pas lui qui pilote les bus, qui est le président du Sytra, le Syndicat du transport de Lyon. U N E
:
Il est vrai que nous n’avons pas beaucoup de solutions. Nous nous y employons, mais c’est un travail de longue haleine. C’est évidemment plus facile à Paris qu’à Lyon. Le parc d’expositions de cette dernière ville… Je n’ai rien contre la Ville de Lyon avec laquelle j’entretiens les meilleurs rapports. Mais il est certain que tous les lieux qui ont une certaine envergure pour prétendre organiser des événements doivent intégrer un système de transports économique et écologique.
I N T E R V E N A N T
S Y L V I E
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: Comme je l’ai dit en introduction, je suis très modeste. La nature d’un événement tel que le nôtre est de faire en sorte que les gens se rencontrent dans un cadre professionnel et festif.
U N
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: Pour ne pas attiser la polémique, je voudrais juste dire que nous aurions dû aligner notre animation sur la musique, sans mettre les motos.
I N T E R V E N A N T
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À la Mairie de Paris, on serait plutôt contre les deux-
feux d’artifice ?
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feux d’artifice ? U N E
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roues !
: Il est responsable des événements internes. Lorsqu’on fait venir des personnes, c’est à nous de faire en sorte qu’elles s’organisent.
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Ce n’est pas de votre responsabilité ?
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Si, en partie.
Si j’ai intérêt à faire… :
C’est une provocation !
Je ne parle même pas des gens qui viennent de l’étranger.
C O N T A N T : Il faut aller à petits pas. Il est très difficile d’être bon dans tous les registres, les transports, les déchets, l’énergie, etc. De plus, comme nos concitoyens ne sont pas forcément complètement convaincus, il ne faut pas être trop ambitieux.
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Il faut aller à petits pas. Il est très difficile d’être bon dans tous les registres, les transports, les déchets, l’énergie”
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Cela nous a pris douze ans pour former toute la France, et certaines collectivités ne trient pas encore. Mais, elles finiront par y venir, nous n’allons pas nous soucier de cela. Il serait utopique de vouloir tout régler à la prochaine édition de Pollutec.
Ensuite, l’organisateur du festival n’est pas responsable de tout. Bien sûr, le salon va générer la venue de visiteurs mais ce n’est pas lui qui pilote les bus, qui est le président du Sytra, le Syndicat du transport de Lyon. U N E
: Il est responsable des événements internes. Lorsqu’on fait venir des personnes, c’est à nous de faire en sorte qu’elles s’organisent.
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: Lorsqu’on téléphone aux hôtels pour faire dormir les gens, on nous renvoie à Genève, Valence ou Mâcon, soit à 70 ou 150 km de Lyon ! L’organisation n’est pas responsable de celui qui va aller tout seul en voiture le soir, qui va faire quatre allers-retours dans la semaine à 100 km pour aller dormir. On ne peut pas régler tous les problèmes.
I N T E R V E N A N T
U N
: Lorsqu’on téléphone aux hôtels pour faire dormir les gens, on nous renvoie à Genève, Valence ou Mâcon, soit à 70 ou 150 km de Lyon ! L’organisation n’est pas responsable de celui qui va aller tout seul en voiture le soir, qui va faire quatre allers-retours dans la semaine à 100 km pour aller dormir. On ne peut pas régler tous les problèmes.
I N T E R V E N A N T
Je crois beaucoup plus aux petits pas.
P I E R R E
Je crois beaucoup plus aux petits pas.
Pour en revenir à la France profonde, celle des 36 000 communes, nous n’avons pas parlé du bal des pompiers ou du Goujon frétillant ! Je suis conseiller municipal dans ma petite commune mondialement connue ! Je suis vice-président de la communauté des communes. Pas une seule commune, lorsqu’elle fait son bal des pompiers ou du foot dans la salle des fêtes, n’est capable de trier. Je me fâche chaque fois et on commence un peu à le faire.
Pour en revenir à la France profonde, celle des 36 000 communes, nous n’avons pas parlé du bal des pompiers ou du Goujon frétillant ! Je suis conseiller municipal dans ma petite commune mondialement connue ! Je suis vice-président de la communauté des communes. Pas une seule commune, lorsqu’elle fait son bal des pompiers ou du foot dans la salle des fêtes, n’est capable de trier. Je me fâche chaque fois et on commence un peu à le faire.
Il faut aussi agir, pas seulement pour Pollutec, mais dans toutes les petites salles des fêtes, dans les petits bals populaires. On convainc beaucoup plus.
Il faut aussi agir, pas seulement pour Pollutec, mais dans toutes les petites salles des fêtes, dans les petits bals populaires. On convainc beaucoup plus.
: Je suis comédien et je scénarise depuis quelque années des événements d’entreprise. Je n’ai jamais eu ce genre de préoccupations dans les cahiers des charges. Je scénarise de manière artistique, souvent dès la première approche avec le client, le prestataire de services, l’agence de communication, etc.
R O B A
P I E R R E
: Je suis comédien et je scénarise depuis quelque années des événements d’entreprise. Je n’ai jamais eu ce genre de préoccupations dans les cahiers des charges. Je scénarise de manière artistique, souvent dès la première approche avec le client, le prestataire de services, l’agence de communication, etc.
R O B A
Je voulais juste revenir aux politiques. J’habite en milieu rural, et il me semble qu’il y a des propriétaires de lieux dans toutes les villes et les communes. Ce sont des gens qui gèrent soit le Palais des congrès, soit de petites salles des fêtes. Je reviens d’un festival dans une petite commune de 400 habitants où nous avons mangé bio. C’était aussi une démarche des élus.
Je voulais juste revenir aux politiques. J’habite en milieu rural, et il me semble qu’il y a des propriétaires de lieux dans toutes les villes et les communes. Ce sont des gens qui gèrent soit le Palais des congrès, soit de petites salles des fêtes. Je reviens d’un festival dans une petite commune de 400 habitants où nous avons mangé bio. C’était aussi une démarche des élus.
Je ne voudrais pas dédouaner les politiques. Ces lieux, que n’importe quelle entreprise privée peut louer pour un congrès, appartiennent à des villes ou sont gérées par des sociétés mixtes. Mais derrière tout cela, nous avons des élus qui peuvent très bien décider, au vu de tout ce qui existe… Parce qu’en France, nous sommes champions pour les expériences, mais ensuite, pour les mettre en place, c’est long. Pourtant, ce que j’ai entendu ici me fait dire que tout cela est viable, parce que le critère économique est toujours important.
Je ne voudrais pas dédouaner les politiques. Ces lieux, que n’importe quelle entreprise privée peut louer pour un congrès, appartiennent à des villes ou sont gérées par des sociétés mixtes. Mais derrière tout cela, nous avons des élus qui peuvent très bien décider, au vu de tout ce qui existe… Parce qu’en France, nous sommes champions pour les expériences, mais ensuite, pour les mettre en place, c’est long. Pourtant, ce que j’ai entendu ici me fait dire que tout cela est viable, parce que le critère économique est toujours important.
Pourquoi s’exonère-t-on de certaines règles, même pour louer les lieux ?
Pourquoi s’exonère-t-on de certaines règles, même pour louer les lieux ?
Je viens de Nantes dont la Cité des congrès peut accueillir d’énormes manifestations. On pourrait très bien imposer des règles pour que chaque salon mette obligatoirement en place certaines choses. Cela pourrait servir pour les moquettes et tout ce dont vous avez parlé.
Je viens de Nantes dont la Cité des congrès peut accueillir d’énormes manifestations. On pourrait très bien imposer des règles pour que chaque salon mette obligatoirement en place certaines choses. Cela pourrait servir pour les moquettes et tout ce dont vous avez parlé.
On se renvoie la balle entre l’agence de communication et le donneur d’ordres, mais, à un moment donné, on n’a plus besoin de savoir qui va donner l’ordre. Le politique peut l’imposer.
On se renvoie la balle entre l’agence de communication et le donneur d’ordres, mais, à un moment donné, on n’a plus besoin de savoir qui va donner l’ordre. Le politique peut l’imposer.
C O N T A N T : Il est encore trop tôt. Ce n’est pas complètement dans les esprits. Il faut être patient. Nous sommes tous très motivés et nous avons l’impression que tout le monde devrait penser comme nous. Combien de communes triaient en France il y a douze ans ? Aujourd’hui, tout le monde le fait. Comme je l’ai dit, ces accords sont très fragiles.
C O N T A N T : Il est encore trop tôt. Ce n’est pas complètement dans les esprits. Il faut être patient. Nous sommes tous très motivés et nous avons l’impression que tout le monde devrait penser comme nous. Combien de communes triaient en France il y a douze ans ? Aujourd’hui, tout le monde le fait. Comme je l’ai dit, ces accords sont très fragiles.
P H I L I P P E
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Il faut prendre le temps.
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Il faut prendre le temps.
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:
Une formation des élus serait peut-être nécessaire.
: Il existe un secteur événementiel spécifique qui se met peu à peu en place de façon institutionnelle. Je parle des activités sportives dans les espaces naturels, les activités de pleine nature.
U N
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I N T E R V E N A N T
J’en parle parce que je suis conseiller général et président de la Commission environnement du département. Une trentaine de départements, me semble-t-il, ont mis en place ce que l’on appelle la CDESI, la Commission départementale des espaces, sites et itinéraires, qui, entre autres, a pour mission de veiller à la protection et à la remise en état de l’espace utilisé lors de cette activité sportive ponctuelle. C’est souvent le week-end, avec de la course à pied, du VTT… C’est quelque chose qui se met bien en place et qui permet d’apporter une réponse à certains problèmes et implique la responsabilité des collectivités locales. U N
U N E
: Nous avons très peu parlé du sport et c’est vrai qu’il est en avance. Puisque le Comité national olympique sportif français a déjà un agenda 21. Le CIO lui-même, lorsqu’il attribue les Jeux olympiques, est très regardant sur ces questions.
U N
: Je voudrais revenir sur l’idée que tout dépend d’une personne. Cette dame a transmis sa passion. Elle a fait passer des idées. Souvent, pour qu’un projet décolle, il suffit d’une personne dans une collectivité, une association, un organisme quelconque. Pourquoi pas des agences de communication ? Il suffit que quelqu’un s’“automandate” ; le savoir-faire existe déjà, on n’invente plus rien.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Il existe un secteur événementiel spécifique qui se met peu à peu en place de façon institutionnelle. Je parle des activités sportives dans les espaces naturels, les activités de pleine nature.
“
: Nous avons très peu parlé du sport et c’est vrai qu’il est en avance. Puisque le Comité national olympique sportif français a déjà un agenda 21. Le CIO lui-même, lorsqu’il attribue les Jeux olympiques, est très regardant sur ces questions.
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: Je voudrais revenir sur l’idée que tout dépend d’une personne. Cette dame a transmis sa passion. Elle a fait passer des idées. Souvent, pour qu’un projet décolle, il suffit d’une personne dans une collectivité, une association, un organisme quelconque. Pourquoi pas des agences de communication ? Il suffit que quelqu’un s’“automandate” ; le savoir-faire existe déjà, on n’invente plus rien.
I N T E R V E N A N T E
En revanche, le problème des moquettes reste entier. Elles sont souvent faites avec des bouteilles en polyéthylène, elles sont déjà faites à partir de fibres recyclées, mais elles ne sont pas recyclables. Souvent, les gens font la confusion entre les deux termes.
Je crois que les collectivités font ce qu’elles veulent. Par exemple, pour notre foireexposition à Limoges, nous faisons le tri depuis très longtemps. De même qu’il y a une deuxième poubelle dans les bureaux des 2 700 employés. Peut-être a-t-il fallu un déclic, mais ce n’est pas compliqué à transformer.
Je crois que les collectivités font ce qu’elles veulent. Par exemple, pour notre foireexposition à Limoges, nous faisons le tri depuis très longtemps. De même qu’il y a une deuxième poubelle dans les bureaux des 2 700 employés. Peut-être a-t-il fallu un déclic, mais ce n’est pas compliqué à transformer.
J’ai une question sur les feux d’artifice et leur impact environnePour notre foire-exposition mental. Après le dernier feu d’artià Limoges, nous faisons le tri fice du 14-Juillet… Vous savez que, dans les commissions d’appels d’ofdepuis très longtemps” fres, on peut choisir l’option du bruit renforcé. Souvent les élus, qui sont des gens gentils mais des fois un peu simplets…
J’ai une question sur les feux d’artifice et leur impact environnePour notre foire-exposition mental. Après le dernier feu d’artià Limoges, nous faisons le tri fice du 14-Juillet… Vous savez que, dans les commissions d’appels d’ofdepuis très longtemps” fres, on peut choisir l’option du bruit renforcé. Souvent les élus, qui sont des gens gentils mais des fois un peu simplets…
:
...choisissent ce qui fait le plus de bruit. Du coup, les chiens s’enfuient, les enfants hurlent et les oiseaux meurent comme des mouches, sans parler des chauves-souris qui doivent payer un lourd tribut !
L ’ I N T E R V E N A N T E
Avons-nous une étude sur cet impact ? Cette année, c’était une hécatombe d’oiseaux. Ce sera l’un de mes mini-combats à venir. : Il est certain qu’il y a un impact. Nous travaillons de plus en plus sur les pollutions nocturnes, et les feux d’artifice font partie de ce type de pollution. Cela dépend aussi des périodes, l’impact sera réduit en hiver par exemple. De la même façon, les chauves-souris sont très sensibles au son.
I N T E R V E N A N T E
ACIDD et Comité 21
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Avons-nous une étude sur cet impact ? Cette année, c’était une hécatombe d’oiseaux. Ce sera l’un de mes mini-combats à venir. U N E
: Il est certain qu’il y a un impact. Nous travaillons de plus en plus sur les pollutions nocturnes, et les feux d’artifice font partie de ce type de pollution. Cela dépend aussi des périodes, l’impact sera réduit en hiver par exemple. De la même façon, les chauves-souris sont très sensibles au son.
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En revanche, le problème des moquettes reste entier. Elles sont souvent faites avec des bouteilles en polyéthylène, elles sont déjà faites à partir de fibres recyclées, mais elles ne sont pas recyclables. Souvent, les gens font la confusion entre les deux termes.
...choisissent ce qui fait le plus de bruit. Du coup, les chiens s’enfuient, les enfants hurlent et les oiseaux meurent comme des mouches, sans parler des chauves-souris qui doivent payer un lourd tribut !
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Une formation des élus serait peut-être nécessaire.
J’en parle parce que je suis conseiller général et président de la Commission environnement du département. Une trentaine de départements, me semble-t-il, ont mis en place ce que l’on appelle la CDESI, la Commission départementale des espaces, sites et itinéraires, qui, entre autres, a pour mission de veiller à la protection et à la remise en état de l’espace utilisé lors de cette activité sportive ponctuelle. C’est souvent le week-end, avec de la course à pied, du VTT… C’est quelque chose qui se met bien en place et qui permet d’apporter une réponse à certains problèmes et implique la responsabilité des collectivités locales.
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: Votre histoire de feu d’artifice est intéressante car c’est exactement ce que je voulais illustrer avec celle des mes Harley-Davidson. Il faut chaque fois se poser la question de la pertinence des choses. Cela dit, j’adore les feux d’artifice, je les regarde donc volontiers.
: Votre histoire de feu d’artifice est intéressante car c’est exactement ce que je voulais illustrer avec celle des mes Harley-Davidson. Il faut chaque fois se poser la question de la pertinence des choses. Cela dit, j’adore les feux d’artifice, je les regarde donc volontiers.
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L ’ I N T E R V E N A N T E
À toutes les échelles de ce que vous construisez, qu’il s’agisse d’un événement ou d’autre chose, il faut se demander si cela vaut le coup ou si on peut le faire différemment. C’est introduire systématiquement l’impact environnemental dans sa réflexion.
À toutes les échelles de ce que vous construisez, qu’il s’agisse d’un événement ou d’autre chose, il faut se demander si cela vaut le coup ou si on peut le faire différemment. C’est introduire systématiquement l’impact environnemental dans sa réflexion.
[…] U N
[…]
: Il faut également faire attention aux idées reçues. Il vaut mieux une moquette non recyclable qui sera légère et vous fera dépenser moins d’énergie dans les transports qu’une autre qui sera recyclable mais qui va peser deux fois plus lourd.
I N T E R V E N A N T
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: Il faut également faire attention aux idées reçues. Il vaut mieux une moquette non recyclable qui sera légère et vous fera dépenser moins d’énergie dans les transports qu’une autre qui sera recyclable mais qui va peser deux fois plus lourd.
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1.2 “Agenda 21, communiquer pour impliquer les citoyens”
1.2 “Agenda 21, communiquer pour impliquer les citoyens”
S A C Q U E T , animatrice : Nous allons passer cette première partie de l’après-midi ensemble sur l’Agenda 21 local et l’Agenda 21 en tant que démarche permettant de communiquer, mobiliser et organiser la participation, voire organiser l’élaboration de la décision collective.
S A C Q U E T , animatrice : Nous allons passer cette première partie de l’après-midi ensemble sur l’Agenda 21 local et l’Agenda 21 en tant que démarche permettant de communiquer, mobiliser et organiser la participation, voire organiser l’élaboration de la décision collective.
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A N N E - M A R I E
Nous avons une heure et quart pour mener à bien cet atelier. Ce n’est rien du tout, d’autant que nous avons trois intervenants émérites tout à fait impliqués, bien sûr, dans ce sujet :
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Nous avons une heure et quart pour mener à bien cet atelier. Ce n’est rien du tout, d’autant que nous avons trois intervenants émérites tout à fait impliqués, bien sûr, dans ce sujet :
– Aline Biardeaud, adjointe à l’environnement de la mairie de Limoges ;
– Aline Biardeaud, adjointe à l’environnement de la mairie de Limoges ;
– Guy Hascoët, que beaucoup de gens ici connaissent, directeur fondateur de l’Académie du développement durable et humain ; ANNE-MARIE SACQUET ANIMATRICE
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– Paul Vermeylen, de Ramboll Management, qui accompagne un certain nombre d’Agenda 21 en France et en Europe. Avant de leur passer la Quels messages peut-on attendre parole, j’aimerais préciser d’un Agenda 21 qui se respecte ?” qu’il s’agit bien du sujet “Communiquer sur le développement durable”. Nous ne parlerons pas de l’Agenda 21 territorial d’une manière générale. Il s’agit aujourd’hui de voir comment une démarche d’Agenda 21, lorsqu’elle est appliquée par des élus, peut contribuer à mobiliser les forces vives du territoire, la population, pour élaborer et participer à la construction d’une culture partagée du développement durable, à la construction d’une “communauté durable ». Tels sont les enjeux de cet atelier.
– Guy Hascoët, que beaucoup de gens ici connaissent, directeur fondateur de l’Académie du développement durable et humain ; ANNE-MARIE SACQUET ANIMATRICE
– Paul Vermeylen, de Ramboll Management, qui accompagne un certain nombre d’Agenda 21 en France et en Europe. Avant de leur passer la Quels messages peut-on attendre parole, j’aimerais préciser d’un Agenda 21 qui se respecte ?” qu’il s’agit bien du sujet “Communiquer sur le développement durable”. Nous ne parlerons pas de l’Agenda 21 territorial d’une manière générale. Il s’agit aujourd’hui de voir comment une démarche d’Agenda 21, lorsqu’elle est appliquée par des élus, peut contribuer à mobiliser les forces vives du territoire, la population, pour élaborer et participer à la construction d’une culture partagée du développement durable, à la construction d’une “communauté durable ». Tels sont les enjeux de cet atelier.
Il est évidemment possible d’évoquer plusieurs pistes. A quelles étapes de l’Agenda 21 doivent intervenir la communication et l’information ? Quels messages peut-on attendre d’un Agenda 21 qui se respecte ? Quel type de supports peut-on ou faut-il utiliser pour informer, transmettre, partager et codécider ? Toutes ces interrogations seront lancées au cours de cet atelier.
Il est évidemment possible d’évoquer plusieurs pistes. A quelles étapes de l’Agenda 21 doivent intervenir la communication et l’information ? Quels messages peut-on attendre d’un Agenda 21 qui se respecte ? Quel type de supports peut-on ou faut-il utiliser pour informer, transmettre, partager et codécider ? Toutes ces interrogations seront lancées au cours de cet atelier.
Les intervenants disposent de cinq minutes chacun. Bien sûr, ensuite, nous ouvrirons les travaux avec vous.
Les intervenants disposent de cinq minutes chacun. Bien sûr, ensuite, nous ouvrirons les travaux avec vous.
Je vous rappelle que nous avons pris deux engagements au sein de cette troisième université. En premier lieu, des jeunes sont présents dans tous les ateliers et je veillerai à ce qu’ils aient pleinement la parole Ensuite, nous devons consacrer un quart d’heure ou vingt minutes – c’est très court, mais compte tenu des délais que nous
Je vous rappelle que nous avons pris deux engagements au sein de cette troisième université. En premier lieu, des jeunes sont présents dans tous les ateliers et je veillerai à ce qu’ils aient pleinement la parole Ensuite, nous devons consacrer un quart d’heure ou vingt minutes – c’est très court, mais compte tenu des délais que nous
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avons, nous pouvons difficilement faire davantage à examiner le projet de manifeste et à voir comment nous pouvons le nourrir, le corriger et le valider.
avons, nous pouvons difficilement faire davantage à examiner le projet de manifeste et à voir comment nous pouvons le nourrir, le corriger et le valider.
Nous ouvrons les débats. A L I N E
Nous ouvrons les débats.
: Anne-Marie m’a demandé de préparer quelques exemplaires de l’Agenda 21 de Limoges, que vous pourrez prendre tout à l’heure.
B I A R D E A U D
A L I N E
Beaucoup de collectivités ont fait des Agendas 21. Cet Agenda 21 est très récent, il a été publié en juin dernier. Il est très transversal puisqu’il touche vraiment à l’ensemble des thématiques du développement durable. Nous nous sommes attachés à respecter tous les volets en nous appuyant sur les expériences d’autres collectivités, leurs réussites et leurs échecs, pour pouvoir déjouer ainsi certains pièges. Ce document a certainement des imperfections car il est tout jeune. Il a été assez long à élaborer puisque cela a pris presque trois ans, précisément à cause de cette nécessaire navette – c’est d’ailleurs passionnant à faire entre les citoyens et le “pool” d’élus qui s’est emparé de ce projet. ALINE BIARDEAUD ADJOINTE À L’ENVIRONNEMENT DE LA MAIRIE DE LIMOGES
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Afin de respecter l’esprit de l’Université d’été tel que je l’ai compris, j’ai quelques notes un peu en vrac que je vais vous soumettre. J’espère ensuite pouvoir participer aux échanges que nous aurons pour pouvoir forger le projet collectif. Je voudrais d’abord préciser une chose ; plus j’avance dans ma vie “politique”, entre guillemets puisque c’est mon troisième mandat, plus je suis persuadée qu’impliquer et convaincre les autres nécessite d’être soi-même vertueux. Il faut que la collectivité et l’élu qui porte le projet, en l’occurrence moi-même puisque je préside le Comité de pilotage constitué de six Impliquer et convaincre élus, donnent l’exemple. Si nous ne nous donnons pas pour objectif de le les autres nécessite d’être faire chaque année un peu plus, c’est soi-même vertueux” une perte de temps.
: Anne-Marie m’a demandé de préparer quelques exemplaires de l’Agenda 21 de Limoges, que vous pourrez prendre tout à l’heure.
B I A R D E A U D
Beaucoup de collectivités ont fait des Agendas 21. Cet Agenda 21 est très récent, il a été publié en juin dernier. Il est très transversal puisqu’il touche vraiment à l’ensemble des thématiques du développement durable. Nous nous sommes attachés à respecter tous les volets en nous appuyant sur les expériences d’autres collectivités, leurs réussites et leurs échecs, pour pouvoir déjouer ainsi certains pièges. Ce document a certainement des imperfections car il est tout jeune. Il a été assez long à élaborer puisque cela a pris presque trois ans, précisément à cause de cette nécessaire navette – c’est d’ailleurs passionnant à faire entre les citoyens et le “pool” d’élus qui s’est emparé de ce projet. ALINE BIARDEAUD ADJOINTE À L’ENVIRONNEMENT DE LA MAIRIE DE LIMOGES
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Afin de respecter l’esprit de l’Université d’été tel que je l’ai compris, j’ai quelques notes un peu en vrac que je vais vous soumettre. J’espère ensuite pouvoir participer aux échanges que nous aurons pour pouvoir forger le projet collectif. Je voudrais d’abord préciser une chose ; plus j’avance dans ma vie “politique”, entre guillemets puisque c’est mon troisième mandat, plus je suis persuadée qu’impliquer et convaincre les autres nécessite d’être soi-même vertueux. Il faut que la collectivité et l’élu qui porte le projet, en l’occurrence moi-même puisque je préside le Comité de pilotage constitué de six Impliquer et convaincre élus, donnent l’exemple. Si nous ne nous donnons pas pour objectif de le les autres nécessite d’être faire chaque année un peu plus, c’est soi-même vertueux” une perte de temps.
Deuxième remarque : il ne faut pas être trop dogmatique dans ses analyses, ni trop doctrinaire dans ses propos et ses propositions. Il faut éviter les jargons compliqués, les idées toutes faites, les “copier/coller” à partir de réflexions menées par d’autres collectivités ou par des écrits savants. Il faut rester vraiment très simple, sans évidemment devenir basique.
Deuxième remarque : il ne faut pas être trop dogmatique dans ses analyses, ni trop doctrinaire dans ses propos et ses propositions. Il faut éviter les jargons compliqués, les idées toutes faites, les “copier/coller” à partir de réflexions menées par d’autres collectivités ou par des écrits savants. Il faut rester vraiment très simple, sans évidemment devenir basique.
Troisième remarque : il ne faut pas, à l’inverse, tomber dans la démagogie, c’està-dire faire ce que les gens attendent de vous ou faire semblant d’agir sans avoir de réel contenu. Il faut aussi que celui-ci reste compréhensible par le plus grand nombre.
Troisième remarque : il ne faut pas, à l’inverse, tomber dans la démagogie, c’està-dire faire ce que les gens attendent de vous ou faire semblant d’agir sans avoir de réel contenu. Il faut aussi que celui-ci reste compréhensible par le plus grand nombre.
Tout à l’heure, j’entendais un étudiant dire : “Il faut associer tout le monde et pas seulement ses copains.” C’est assez juste ; souvent, notamment dans le cadre de la réflexion sur la gouvernance citoyenne, on a tendance à réunir ceux qu’on connaît déjà. On sait qu’ils seront présents et sauront rédiger un petit bilan de fin de réunion. C’est assez confortable mais il ne faut pas faire cela, même si c’est plus compliqué de faire autrement.
Tout à l’heure, j’entendais un étudiant dire : “Il faut associer tout le monde et pas seulement ses copains.” C’est assez juste ; souvent, notamment dans le cadre de la réflexion sur la gouvernance citoyenne, on a tendance à réunir ceux qu’on connaît déjà. On sait qu’ils seront présents et sauront rédiger un petit bilan de fin de réunion. C’est assez confortable mais il ne faut pas faire cela, même si c’est plus compliqué de faire autrement.
Quatrième remarque : il faut accepter la critique et l’idée de s’être trompé. Dans ma vie d’élue, il m’est arrivé de « faire faire des bêtises » à certains services. Évidemment, ils ne l’ont pas oublié et s’en sont déjà servi pour refuser d’éventuelles remises en cause internes. Il faut donc accepter ses erreurs et, même, s’en servir comme para-
Quatrième remarque : il faut accepter la critique et l’idée de s’être trompé. Dans ma vie d’élue, il m’est arrivé de « faire faire des bêtises » à certains services. Évidemment, ils ne l’ont pas oublié et s’en sont déjà servi pour refuser d’éventuelles remises en cause internes. Il faut donc accepter ses erreurs et, même, s’en servir comme para-
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Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois”
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mètre de départ. Je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas le droit de nous tromper.
En vrac, j’ajoute qu’il faut se méfier des médias. Je pense à l’article de “Libération” sur le commerce équitable ou à “Capital” qui avait fait une émission voici quelques années sur le tri sélectif. Cela avait “plombé” durablement des programmes que nous avions mis du temps à bâtir. Bien sûr, il faut travailler avec les médias, c’est évident. Mais il faut se méfier de l’impact incroyablement négatif que peut avoir un article qui tombe au mauvais moment et au mauvais endroit. Je ne pense pas qu’il faille vous parler de la façon dont nous avons bâti l’Agenda 21 et dont nous l’avons porté auprès de la population. Tout le monde sait faire de la communication institutionnelle, il suffit d’avoir un bon bureau d’études et cela se passe très bien. La question est de savoir plutôt comment associer la population, les citoyens, les élus et les services techniques et administratifs des collectivités à la démarche d’Agenda 21.
Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois”
mètre de départ. Je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas le droit de nous tromper.
En vrac, j’ajoute qu’il faut se méfier des médias. Je pense à l’article de “Libération” sur le commerce équitable ou à “Capital” qui avait fait une émission voici quelques années sur le tri sélectif. Cela avait “plombé” durablement des programmes que nous avions mis du temps à bâtir. Bien sûr, il faut travailler avec les médias, c’est évident. Mais il faut se méfier de l’impact incroyablement négatif que peut avoir un article qui tombe au mauvais moment et au mauvais endroit. Je ne pense pas qu’il faille vous parler de la façon dont nous avons bâti l’Agenda 21 et dont nous l’avons porté auprès de la population. Tout le monde sait faire de la communication institutionnelle, il suffit d’avoir un bon bureau d’études et cela se passe très bien. La question est de savoir plutôt comment associer la population, les citoyens, les élus et les services techniques et administratifs des collectivités à la démarche d’Agenda 21.
Les élus sont une priorité ; tout le monde doit être à l’unisson. Il est difficile d’y parvenir car certains sont contre-productifs. Ils ne veulent pas se casser la tête lorsque c’est vous qui portez le projet et qu’il leur déplaît. Il faut donc bien veiller à associer les autres élus à la démarche en leur demandant, au minimum, d’être neutres et, au maximum, d’être porteurs du programme.
Les élus sont une priorité ; tout le monde doit être à l’unisson. Il est difficile d’y parvenir car certains sont contre-productifs. Ils ne veulent pas se casser la tête lorsque c’est vous qui portez le projet et qu’il leur déplaît. Il faut donc bien veiller à associer les autres élus à la démarche en leur demandant, au minimum, d’être neutres et, au maximum, d’être porteurs du programme.
Vous savez tous ce qu’est une équipe municipale. À Limoges, nous sommes cinquante-cinq, avec des sensibilités parfois assez divergentes. Il faut donc absolument s’assurer de ne pas se trouver face à des problèmes en interne, au sein de l’équipe municipale. S’il s’agit de l’opposition municipale, éventuellement, c’est différent, mais s’il s’agit de l’équipe majoritaire, cela devient très gênant.
Vous savez tous ce qu’est une équipe municipale. À Limoges, nous sommes cinquante-cinq, avec des sensibilités parfois assez divergentes. Il faut donc absolument s’assurer de ne pas se trouver face à des problèmes en interne, au sein de l’équipe municipale. S’il s’agit de l’opposition municipale, éventuellement, c’est différent, mais s’il s’agit de l’équipe majoritaire, cela devient très gênant.
Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois. Il faut donc avoir des personnes “ressources” ou des personnes “référentes” un peu partout et que le propos soit vraiment collectif.
Les services doivent parler d’une seule voix sans, pour autant, qu’il s’agisse de censure ou de langue de bois. Il faut donc avoir des personnes “ressources” ou des personnes “référentes” un peu partout et que le propos soit vraiment collectif.
Tout cela ne demande pas d’argent. On pourrait nous opposer que c’est une question de budget, que cela va coûter cher, qu’il faut recruter du personnel, etc. Pas du tout. Il suffit d’assurer de bonnes formations, au bon moment, aux bonnes personnes, et la boucle est bouclée. En fait, les équipes qui sont plutôt jeunes connaissent déjà le développement durable et ont envie d’être entendues. Il faut simplement un déclencheur, le catalyseur, et c’est parti! En général, elles deviennent très porteuses de la démarche.
Tout cela ne demande pas d’argent. On pourrait nous opposer que c’est une question de budget, que cela va coûter cher, qu’il faut recruter du personnel, etc. Pas du tout. Il suffit d’assurer de bonnes formations, au bon moment, aux bonnes personnes, et la boucle est bouclée. En fait, les équipes qui sont plutôt jeunes connaissent déjà le développement durable et ont envie d’être entendues. Il faut simplement un déclencheur, le catalyseur, et c’est parti! En général, elles deviennent très porteuses de la démarche.
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J’ai identifié trois types de public citoyen :
J’ai identifié trois types de public citoyen : – Le public constructif ; celui qui répond présent, quelle que soit la demande de la collectivité. Il s’agit des conseils de quartier, des comités consultatifs, des associations, etc. Ils sont toujours présents, riches d’idées, enrichissants, très au fait d’ailleurs de la problématique du développement durable. Ce sont quasiment nos partenaires d’office. Malheureusement, ce sont un peu toujours les mêmes, ce qui peut stériliser la participation d’autres personnes qui se lassent d’être avec les mêmes institutionnels de la mairie. Or, nous ne les avons pas forcément voulus mais ils s’imposent. Ils ont leur place dans la démarche de concertation, tout simplement parce qu’ils ont toujours répondu à l’appel.
– Le public constructif ; celui qui répond présent, quelle que soit la demande de la collectivité. Il s’agit des conseils de quartier, des comités consultatifs, des associations, etc. Ils sont toujours présents, riches d’idées, enrichissants, très au fait d’ailleurs de la problématique du développement durable. Ce sont quasiment nos partenaires d’office. Malheureusement, ce sont un peu toujours les mêmes, ce qui peut stériliser la participation d’autres personnes qui se lassent d’être avec les mêmes institutionnels de la mairie. Or, nous ne les avons pas forcément voulus mais ils s’imposent. Ils ont leur place dans la démarche de concertation, tout simplement parce qu’ils ont toujours répondu à l’appel.
– Tous ceux qui s’en moquent complètement ; c’est un public nombreux ! (Rires.) Vous me direz que c’est génial et que, s’ils s’en moquent, nous pouvons faire “notre cuisine dans notre coin”, au lieu de parler de citoyenneté, de gouvernance et de concertation. Ces gens nous disent : “Nous vous avons élu, c’est votre problème. C’est dans votre programme municipal, vous le mettez en chantier et si cela ne nous plaît pas, la prochaine fois, nous vous virerons.” J’entendais tout à l’heure que, dans le Luberon, un élu et un technicien étaient allés rencontrer les gens dans les foyers. Il n’est pas possible de le faire avec 70 000 foyers et 136 000 habitants. L’idée même m’épouvante, je vous le dis tout de suite ! La plupart du temps, on me dirait : “Pourquoi venezvous nous embêter chez nous ! Nous étions bien, devant la télé…” (Rires.)
– Tous ceux qui s’en moquent complètement ; c’est un public nombreux ! (Rires.) Vous me direz que c’est génial et que, s’ils s’en moquent, nous pouvons faire “notre cuisine dans notre coin”, au lieu de parler de citoyenneté, de gouvernance et de concertation. Ces gens nous disent : “Nous vous avons élu, c’est votre problème. C’est dans votre programme municipal, vous le mettez en chantier et si cela ne nous plaît pas, la prochaine fois, nous vous virerons.” J’entendais tout à l’heure que, dans le Luberon, un élu et un technicien étaient allés rencontrer les gens dans les foyers. Il n’est pas possible de le faire avec 70 000 foyers et 136 000 habitants. L’idée même m’épouvante, je vous le dis tout de suite ! La plupart du temps, on me dirait : “Pourquoi venezvous nous embêter chez nous ! Nous étions bien, devant la télé…” (Rires.)
– Les “râleurs actifs”, groupe encore plus incroyable. C’est le Français râleur ! Nous en sommes tous ici, j’en suis convaincue même si, de temps en temps, nous savons être positifs ! Ceux-ci ne veulent surtout pas qu’on leur donne l’occasion de transformer leur potentiel de râleurs en éléments constructifs. On se dit qu’il existe une incroyable richesse qu’on n’arrive pas à capter. Peut-être Limoges a-t-elle une responsabilité historique ? Cette ville est de gauche, avec des mandats affreusement longs. Peut-être a-t-on complètement stérilisé l’envie des gens de s’impliquer ?
– Les “râleurs actifs”, groupe encore plus incroyable. C’est le Français râleur ! Nous en sommes tous ici, j’en suis convaincue même si, de temps en temps, nous savons être positifs ! Ceux-ci ne veulent surtout pas qu’on leur donne l’occasion de transformer leur potentiel de râleurs en éléments constructifs. On se dit qu’il existe une incroyable richesse qu’on n’arrive pas à capter. Peut-être Limoges a-t-elle une responsabilité historique ? Cette ville est de gauche, avec des mandats affreusement longs. Peut-être a-t-on complètement stérilisé l’envie des gens de s’impliquer ?
En revanche, ceux-ci ont une capacité de nuisance redoutable. Il faut donc savoir anticiper là où cela va faire mal.
En revanche, ceux-ci ont une capacité de nuisance redoutable. Il faut donc savoir anticiper là où cela va faire mal.
Ce petit préalable tendait à vous monter la complexité de la démarche. Cela dit, c’est passionnant et, avec la mise en place du tri sélectif à Limoges en 1995, ce sera la deuxième aventure la plus géniale de ma “micro-carrière” politique.
Ce petit préalable tendait à vous monter la complexité de la démarche. Cela dit, c’est passionnant et, avec la mise en place du tri sélectif à Limoges en 1995, ce sera la deuxième aventure la plus géniale de ma “micro-carrière” politique.
S A C Q U E T : Merci beaucoup, Aline, de ce panorama. Je voudrais revenir sur votre première remarque : communiquer sur le développement durable, c’est d’abord être vertueux soi-même. Mais que signifie pour vous “être vertueux” en matière de communication ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Merci beaucoup, Aline, de ce panorama. Je voudrais revenir sur votre première remarque : communiquer sur le développement durable, c’est d’abord être vertueux soi-même. Mais que signifie pour vous “être vertueux” en matière de communication ?
: Ce sont des choses très simples. Être vertueux, c’est ce que vous avez fait vous-mêmes. Dans nos réunions à Limoges, nous ne proposons plus de bouteilles en plastique mais des carafes. Nous vantions la qualité de notre eau, la première des choses était donc de la consommer lors de nos réunions plénières. Peut-être les petits gadgets dans cette pochette ne sont-ils pas tout à fait vertueux… Lorsque nous organisons des pots, cela consiste à proposer des jus de fruits ou du café issus du commerce équitable.
A L I N E
A N N E - M A R I E
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Il s’agit également de faire attention à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite en se donnant les moyens de faire respecter leur passage pour que les voitu-
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: Ce sont des choses très simples. Être vertueux, c’est ce que vous avez fait vous-mêmes. Dans nos réunions à Limoges, nous ne proposons plus de bouteilles en plastique mais des carafes. Nous vantions la qualité de notre eau, la première des choses était donc de la consommer lors de nos réunions plénières. Peut-être les petits gadgets dans cette pochette ne sont-ils pas tout à fait vertueux… Lorsque nous organisons des pots, cela consiste à proposer des jus de fruits ou du café issus du commerce équitable.
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Il s’agit également de faire attention à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite en se donnant les moyens de faire respecter leur passage pour que les voitu-
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res ne les gênent pas. Cela se retrouve à tous les niveaux. C’est très facile à illustrer par ce genre de petits exemples.
res ne les gênent pas. Cela se retrouve à tous les niveaux. C’est très facile à illustrer par ce genre de petits exemples.
En tant qu’élue, je préfère qu’on me voie dans les transports en commun plutôt qu’en voiture pour faire les 500 mètres qui séparent mon domicile de la mairie et me garer sur le trottoir devant le parvis… Ce que je n’ai jamais fait ! (Rires.)
En tant qu’élue, je préfère qu’on me voie dans les transports en commun plutôt qu’en voiture pour faire les 500 mètres qui séparent mon domicile de la mairie et me garer sur le trottoir devant le parvis… Ce que je n’ai jamais fait ! (Rires.)
: On m’a demandé d’intervenir dans cet atelier, ce qui n’était pas initialement mon choix qui se portait sur autre chose, mais je le fais avec plaisir.
H A S C O Ë T
GUY HASCOËT DIRECTEUR FONDATEUR DE L’ACADÉMIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET HUMAIN
G U Y
La démarche participative que suggère le développement durable est porteuse de la régénérescence de l’action politique. Lorsqu’on regarde le décrochage entre l’opinion et ses représentants et la crise de confiance qui s’agrandit — devenant même inquiétante — il s’agit de savoir en quoi les méthodes employées et la démarche proposée sont de nature à réconcilier le plus possible de nos concitoyens avec l’idée d’une production collective.
La démarche participative que suggère le développement durable est porteuse de la régénérescence de l’action politique. Lorsqu’on regarde le décrochage entre l’opinion et ses représentants et la crise de confiance qui s’agrandit — devenant même inquiétante — il s’agit de savoir en quoi les méthodes employées et la démarche proposée sont de nature à réconcilier le plus possible de nos concitoyens avec l’idée d’une production collective.
Pour les gens de métier, il s’agit de savoir comment arriver à trouver des vecteurs d’intérêt, de mobilisation pour élargir le cercle entre les râleurs et les “super actifs” qui sont obligés d’accepter autre chose. Plus la participation s’élargit, plus le consensus qui se dégage n’est pas forcément celui des professionnels. Ce qui pose un autre problème politique. Mais, pour l’élu et les sphères techniques qui sont cachées derrière, c’est l’obligation d’une authenticité dans la démarche et la prise en compte des résultats qu’elle a dégagés.
Pour les gens de métier, il s’agit de savoir comment arriver à trouver des vecteurs d’intérêt, de mobilisation pour élargir le cercle entre les râleurs et les “super actifs” qui sont obligés d’accepter autre chose. Plus la participation s’élargit, plus le consensus qui se dégage n’est pas forcément celui des professionnels. Ce qui pose un autre problème politique. Mais, pour l’élu et les sphères techniques qui sont cachées derrière, c’est l’obligation d’une authenticité dans la démarche et la prise en compte des résultats qu’elle a dégagés.
GUY HASCOËT DIRECTEUR FONDATEUR DE L’ACADÉMIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET HUMAIN
Nous sommes sans doute, c’est ainsi que je le sens, à un stade où il faut passer d’un “infantilisme” dans la gestion locale à une recherche de maturité, ce qui complique parfois les choix. Faire telle chose dans les dix ans suppose d’avoir tels moyens ; il est possible de le faire sur quinze ou cinq ans, mais là ce sera beaucoup plus cher…
Nous sommes sans doute, c’est ainsi que je le sens, à un stade où il faut passer d’un “infantilisme” dans la gestion locale à une recherche de maturité, ce qui complique parfois les choix. Faire telle chose dans les dix ans suppose d’avoir tels moyens ; il est possible de le faire sur quinze ou cinq ans, mais là ce sera beaucoup plus cher…
Or, des sphères techniques veulent conserver ce qu’elles font. Elles ont peur que leurs élus se mettent à avoir du temps, trop contentes d’être déléguées à la gestion réelle du pouvoir au quotidien. Cela vient interpeller des univers techniques qui sont “au chaud”, avec la certitude, à tort ou à raison, d’être l’incarnation du pouvoir et de pouvoir imposer leurs choix par-dessus la légitimité politique.
Or, des sphères techniques veulent conserver ce qu’elles font. Elles ont peur que leurs élus se mettent à avoir du temps, trop contentes d’être déléguées à la gestion réelle du pouvoir au quotidien. Cela vient interpeller des univers techniques qui sont “au chaud”, avec la certitude, à tort ou à raison, d’être l’incarnation du pouvoir et de pouvoir imposer leurs choix par-dessus la légitimité politique.
Cela doit interpeller les politiques dans le sens où ils doivent s’impliquer. Je ne vous ferai pas de discours sur ce que cela signifie dans le statut d’élu, avec le cumul des mandats et bien d’autres choses. Il est évident que les élus doivent avoir du temps, sinon ils sont submergés par le processus qu’ils engagent ou par le conservatisme d’experts techniques à l’affût de tout pour empêcher tout progrès. On entend n’importe quoi de la part de gens qui ne veulent pas comprendre et qui ont surtout une équation économique en tête.
Cela doit interpeller les politiques dans le sens où ils doivent s’impliquer. Je ne vous ferai pas de discours sur ce que cela signifie dans le statut d’élu, avec le cumul des mandats et bien d’autres choses. Il est évident que les élus doivent avoir du temps, sinon ils sont submergés par le processus qu’ils engagent ou par le conservatisme d’experts techniques à l’affût de tout pour empêcher tout progrès. On entend n’importe quoi de la part de gens qui ne veulent pas comprendre et qui ont surtout une équation économique en tête.
Il ne s’agit pas de la schizophrénie des communicants ni du développement durable ! C’est celle de ceux qui, sentant ce qui s’inscrit dans l’air du temps, veulent affi-
Il ne s’agit pas de la schizophrénie des communicants ni du développement durable ! C’est celle de ceux qui, sentant ce qui s’inscrit dans l’air du temps, veulent affi-
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Plus la participation s’élargit, Il faut donc déjouer tout plus le consensus qui se dégage cela et la communication dans cette affaire doit inviter les comn’est pas forcément celui manditaires… C’est-à-dire des professionnels” qu’une contradiction existe à vouloir sincèrement engager un processus et croire qu’on peut le retenir ou le maîtriser, voire ne pas aller au bout ou ne pas vouloir en assumer les conséquences. Cela ne tient pas.
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: On m’a demandé d’intervenir dans cet atelier, ce qui n’était pas initialement mon choix qui se portait sur autre chose, mais je le fais avec plaisir.
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Plus la participation s’élargit, Il faut donc déjouer tout plus le consensus qui se dégage cela et la communication dans cette affaire doit inviter les comn’est pas forcément celui manditaires… C’est-à-dire des professionnels” qu’une contradiction existe à vouloir sincèrement engager un processus et croire qu’on peut le retenir ou le maîtriser, voire ne pas aller au bout ou ne pas vouloir en assumer les conséquences. Cela ne tient pas.
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cher qu’ils en font, tout en n’assumant pas les changements dans leurs pratiques et leurs orientations. C’est là que se trouve le “nœud” pour moi.
cher qu’ils en font, tout en n’assumant pas les changements dans leurs pratiques et leurs orientations. C’est là que se trouve le “nœud” pour moi.
Et puis nous avons le L’enjeu, pour la jeunesse, citoyen râleur, consommateur est de voir en quoi le exigeant, assez aisé dans la déresponsabilisation… C’est développement durable construit aussi l’élu local qui dit: “C’est des libertés pour l’avenir” le gouvernement” ; c’est le gouvernement qui dit : “C’est la Commission européenne” et c’est l’Europe qui dit : “C’est le monde.” J’imagine que si, un jour, nous devions avoir des dirigeants mondiaux, ils diraient : “C’est Mars” ou “C’est la galaxie”, chacun renvoyant la responsabilité sur un autre indéfini.
Et puis nous avons le L’enjeu, pour la jeunesse, citoyen râleur, consommateur est de voir en quoi le exigeant, assez aisé dans la déresponsabilisation… C’est développement durable construit aussi l’élu local qui dit: “C’est des libertés pour l’avenir” le gouvernement” ; c’est le gouvernement qui dit : “C’est la Commission européenne” et c’est l’Europe qui dit : “C’est le monde.” J’imagine que si, un jour, nous devions avoir des dirigeants mondiaux, ils diraient : “C’est Mars” ou “C’est la galaxie”, chacun renvoyant la responsabilité sur un autre indéfini.
À mon avis, il faut faire tout le contraire, c’est-à-dire ramener tout à un langage de responsabilité. L’enjeu, pour la jeunesse, est de voir en quoi le développement durable construit des libertés pour l’avenir ou enferme les gens dans des contraintes néfastes. Cela signifie qu’il faut construire un vrai consensus au sein de la population, les acteurs économiques dans chaque grande branche de professions, parmi les responsables publics dans chaque sphère technique ou chaque sphère élue.
À mon avis, il faut faire tout le contraire, c’est-à-dire ramener tout à un langage de responsabilité. L’enjeu, pour la jeunesse, est de voir en quoi le développement durable construit des libertés pour l’avenir ou enferme les gens dans des contraintes néfastes. Cela signifie qu’il faut construire un vrai consensus au sein de la population, les acteurs économiques dans chaque grande branche de professions, parmi les responsables publics dans chaque sphère technique ou chaque sphère élue.
Le but du processus continuel est bien de produire des réponses et du consensus, et c’est fort de celui-ci que nous pourrons engager des mutations. Ce que je dis est vrai au niveau local, régional ou national. La problématique est exactement la même, sauf que la capacité de nuisance de certaines sphères augmente à mesure que le niveau s’élève. (Rires.)
Le but du processus continuel est bien de produire des réponses et du consensus, et c’est fort de celui-ci que nous pourrons engager des mutations. Ce que je dis est vrai au niveau local, régional ou national. La problématique est exactement la même, sauf que la capacité de nuisance de certaines sphères augmente à mesure que le niveau s’élève. (Rires.)
S A C Q U E T : Merci. Paul est un communicant de l’Agenda 21. Comment construit-on une communication pour produire du consensus, voire engager des mutations ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Merci. Paul est un communicant de l’Agenda 21. Comment construit-on une communication pour produire du consensus, voire engager des mutations ?
: À vrai dire, la question est celle-ci: “L’herbe est-elle plus verte ailleurs?” (Rires.) Je suis un Bruxellois européen; je ne suis ni un Français, ni un Belge, je ne me considère pas comme tel. J’ai l’occasion de travailler sur une dizaine d’Agendas 21 dans différentes villes européennes et d’en avoir analysé une bonne cinquantaine dans d’autres villes. Je voudrais simplement souligner quelques points, sans prétendre que l’herbe est plus verte ailleurs…
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: À vrai dire, la question est celle-ci: “L’herbe est-elle plus verte ailleurs?” (Rires.) Je suis un Bruxellois européen; je ne suis ni un Français, ni un Belge, je ne me considère pas comme tel. J’ai l’occasion de travailler sur une dizaine d’Agendas 21 dans différentes villes européennes et d’en avoir analysé une bonne cinquantaine dans d’autres villes. Je voudrais simplement souligner quelques points, sans prétendre que l’herbe est plus verte ailleurs…
V E R M E Y L E N
Je travaille au sein d’un cabinet conseil d’origine danoise, où travaillent trois cents collègues dans des pays scandinaves et en Allemagne. Nous sommes donc à Bruxelles les “têtes de pont latins” si je puis dire, et cela nous donne une bonne visibilité de ce qui se fait dans le nord et l’est européen.
Je travaille au sein d’un cabinet conseil d’origine danoise, où travaillent trois cents collègues dans des pays scandinaves et en Allemagne. Nous sommes donc à Bruxelles les “têtes de pont latins” si je puis dire, et cela nous donne une bonne visibilité de ce qui se fait dans le nord et l’est européen.
Je prendrai rapidement cinq caractéristiques présentes dans nombre de ces agendas.
Je prendrai rapidement cinq caractéristiques présentes dans nombre de ces agendas.
Qu’est-ce que le cœur d’un dispositif Agenda 21 à Copenhague ou Göteborg, des villes scandinaves ? Premier aspect, beaucoup d’agendas recourent à l’appel public à projets, qui vise à libérer les initiatives, les énergies, et qui sera dès lors basé sur ce qu’il est possible de construire à partir des adhésions individuelles ou partenariales. Deuxième aspect, je suis très frappé de voir le règlement de la construction de Copenhague. C’est un document en trois parties : une partie obligatoire, une partie impérative qui s’applique aux pouvoirs publics eux-mêmes à tout le moins, et une partie exploratoire, d’in-
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Qu’est-ce que le cœur d’un dispositif Agenda 21 à Copenhague ou Göteborg, des villes scandinaves ? Premier aspect, beaucoup d’agendas recourent à l’appel public à projets, qui vise à libérer les initiatives, les énergies, et qui sera dès lors basé sur ce qu’il est possible de construire à partir des adhésions individuelles ou partenariales. Deuxième aspect, je suis très frappé de voir le règlement de la construction de Copenhague. C’est un document en trois parties : une partie obligatoire, une partie impérative qui s’applique aux pouvoirs publics eux-mêmes à tout le moins, et une partie exploratoire, d’in-
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citation à l’innovation dans le HQE. Ce document est diffusé dans tous les cabinets d’architecture, auprès de tous les intervenants et de tous ceux qui veulent construire. je suis très frappé de constater que la plupart d’entre eux À Bruxelles, nous avons à peu près “piochent” dans les mesures qui sont suggérées, pour aller 1 200 enquêtes publiques par an au delà de ce qui est obligatoire. C’est un document avec trois niveaux de possibilités, l’adhésion à l’idéal étant prosur des projets d’aménagement” posé comme application concrète, sans utopie. Troisième aspect, le volume des débats publics. Ce que je remarque dans le débat public à Anvers, à Bruxelles ou dans des villes des Pays-Bas, c’est la multiplicité des enquêtes publiques. À Bruxelles, nous avons à peu près 1 200 enquêtes publiques par an sur des projets d’aménagement, des permis de construire, des réaménagements de ronds-points, que sais-je encore, d’où une capacité d’intervention quotidienne du citoyen. Quatrième aspect, c’est le budget participatif. Je prends l’exemple de Munster ou Fribourg : on y base son Agenda 21 sur l’appel à projets, dans le cadre du budget participatif. L’essentiel, 80 % peut-on dire, de l’Agenda de Munster est basé sur ce type d’approche, avec des thèmes un peu comme le fait Lille aujourd’hui tels que l’alimentation, l’eau, etc., et avec des plans d’action sur une période d’un an, voire deux ans.
citation à l’innovation dans le HQE. Ce document est diffusé dans tous les cabinets d’architecture, auprès de tous les intervenants et de tous ceux qui veulent construire. je suis très frappé de constater que la plupart d’entre eux À Bruxelles, nous avons à peu près “piochent” dans les mesures qui sont suggérées, pour aller 1 200 enquêtes publiques par an au delà de ce qui est obligatoire. C’est un document avec trois niveaux de possibilités, l’adhésion à l’idéal étant prosur des projets d’aménagement” posé comme application concrète, sans utopie.
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Quatrième aspect, c’est le budget participatif. Je prends l’exemple de Munster ou Fribourg : on y base son Agenda 21 sur l’appel à projets, dans le cadre du budget participatif. L’essentiel, 80 % peut-on dire, de l’Agenda de Munster est basé sur ce type d’approche, avec des thèmes un peu comme le fait Lille aujourd’hui tels que l’alimentation, l’eau, etc., et avec des plans d’action sur une période d’un an, voire deux ans.
Newcastle, Liverpool pratiquent ce même type d’approche, beaucoup plus basée sur le partenariat public-privé, incitant les acteurs économiques à déposer des projets qu’ils contribueront à financer. Le meilleur l’emporte.
Newcastle, Liverpool pratiquent ce même type d’approche, beaucoup plus basée sur le partenariat public-privé, incitant les acteurs économiques à déposer des projets qu’ils contribueront à financer. Le meilleur l’emporte.
Cinquième aspect. Göteborg, Gratz et d’autres villes poussent très loin l’écoconsommation et prennent le levier de leurs achats pour indiquer dans leurs cahiers des charges, les contraintes fortes, qui soutienent de fait le développement d’un secteur économique d’avant-garde sur les critères de durabilité.
Cinquième aspect. Göteborg, Gratz et d’autres villes poussent très loin l’écoconsommation et prennent le levier de leurs achats pour indiquer dans leurs cahiers des charges, les contraintes fortes, qui soutienent de fait le développement d’un secteur économique d’avant-garde sur les critères de durabilité.
Autrement dit, la communication dans ces exemples, c’est le contenu, c’est faire dire plutôt que dire. Une chose me frappe souvent lorsque je suis en France, c’est la dimension de la compétition de la parole et la difficulté de l’écoute. Il est normal que le débat soit toujours une compétition ; c’est celui qui parle le mieux, qui “tient le crachoir” un peu plus longtemps qu’un autre. Mais dans les débats auxquels je participe dans des pays nordiques et en Allemagne, le temps de parole de chacun est d’une minute, c’est la règle. L’intervention ne peut pas comporter plus de deux phrases. Vous voyez que nous en sommes souvent éloignés ! Cela amène une espèce de démocratie de la parole, que j’observe plus rarement en France et dans le monde latin en général.
Autrement dit, la communication dans ces exemples, c’est le contenu, c’est faire dire plutôt que dire. Une chose me frappe souvent lorsque je suis en France, c’est la dimension de la compétition de la parole et la difficulté de l’écoute. Il est normal que le débat soit toujours une compétition ; c’est celui qui parle le mieux, qui “tient le crachoir” un peu plus longtemps qu’un autre. Mais dans les débats auxquels je participe dans des pays nordiques et en Allemagne, le temps de parole de chacun est d’une minute, c’est la règle. L’intervention ne peut pas comporter plus de deux phrases. Vous voyez que nous en sommes souvent éloignés ! Cela amène une espèce de démocratie de la parole, que j’observe plus rarement en France et dans le monde latin en général.
Est-ce bien ? Est-ce adapté aux culEn Allemagne, le temps tures? Je ne porte pas de jugement, c’est de parole de chacun simplement ce que j’observe. Je remarque que l’axe principal des pratiques que est d’une minute, je décris consiste à libérer les énergies… c’est la règle” pour le XXIe siècle. J’ai été frappé par le message des jeunes et l’intervention de Pierre Radanne sur la capacité de s’approprier une dimension, un axe de développement au même titre que nos parents l’ont probablement fait dans la sphère de l’économie et du social aux XIXe et XXe siècles. Or, aujourd’hui, nous sommes occupés à basculer vers la prise en compte d’une troisième dimension, qui est celle des ressources, pour libérer les énergies pour le XXIe siècle.
Est-ce bien ? Est-ce adapté aux culEn Allemagne, le temps tures? Je ne porte pas de jugement, c’est de parole de chacun simplement ce que j’observe. Je remarque que l’axe principal des pratiques que est d’une minute, je décris consiste à libérer les énergies… c’est la règle” pour le XXIe siècle. J’ai été frappé par le message des jeunes et l’intervention de Pierre Radanne sur la capacité de s’approprier une dimension, un axe de développement au même titre que nos parents l’ont probablement fait dans la sphère de l’économie et du social aux XIXe et XXe siècles. Or, aujourd’hui, nous sommes occupés à basculer vers la prise en compte d’une troisième dimension, qui est celle des ressources, pour libérer les énergies pour le XXIe siècle.
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Troisième aspect, le volume des débats publics. Ce que je remarque dans le débat public à Anvers, à Bruxelles ou dans des villes des Pays-Bas, c’est la multiplicité des enquêtes publiques. À Bruxelles, nous avons à peu près 1 200 enquêtes publiques par an sur des projets d’aménagement, des permis de construire, des réaménagements de ronds-points, que sais-je encore, d’où une capacité d’intervention quotidienne du citoyen.
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Je ne voudrais néanmoins pas m’associer à ceux qui condamnent le modèle français. Car en Europe les cultures et les modèles s’entrechoquent. Dans les politiques européennes, au sein de la DG Environnement ou de la DG Recherche, les chocs sont fréquents. On remarque cependant la place de plus en plus grande de l’approche anglosaxonne pour faire très bref, scandinave si on veut entrer un peu plus dans le détail, qui prennent en compte les dimensions individuelles et collectives de bien-être et de santé principalement pour l’individu, et de durabilité et de création d’emplois pour ce qui concerne l’économie.
Je ne voudrais néanmoins pas m’associer à ceux qui condamnent le modèle français. Car en Europe les cultures et les modèles s’entrechoquent. Dans les politiques européennes, au sein de la DG Environnement ou de la DG Recherche, les chocs sont fréquents. On remarque cependant la place de plus en plus grande de l’approche anglosaxonne pour faire très bref, scandinave si on veut entrer un peu plus dans le détail, qui prennent en compte les dimensions individuelles et collectives de bien-être et de santé principalement pour l’individu, et de durabilité et de création d’emplois pour ce qui concerne l’économie.
Je voudrais terminer en répétant donc que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Les Pays-Bas, cités souvent en exemple dans le domaine du développement durable, n’ont jamais autant construit d’autoroutes que ces cinq dernières années. Ce n’est pas forcément mieux. L’Angleterre n’est pas connue pour son égalitarisme social, c’est un pays qui connaît des crises sociales avec une société à deux vitesses, dont nous connaissons tous l’ampleur.
Je voudrais terminer en répétant donc que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Les Pays-Bas, cités souvent en exemple dans le domaine du développement durable, n’ont jamais autant construit d’autoroutes que ces cinq dernières années. Ce n’est pas forcément mieux. L’Angleterre n’est pas connue pour son égalitarisme social, c’est un pays qui connaît des crises sociales avec une société à deux vitesses, dont nous connaissons tous l’ampleur.
Voici quelques considérations à ajouter au débat sur la communication : la qualité de l’écoute, la flexibilité, la dynamisation des énergies. Elles me semblent importantes comme vecteurs de la communication sur les questions du développement durable.
Voici quelques considérations à ajouter au débat sur la communication : la qualité de l’écoute, la flexibilité, la dynamisation des énergies. Elles me semblent importantes comme vecteurs de la communication sur les questions du développement durable.
: Tout à l’heure je crains de n’avoir pas répondu à la question : “Comment communiquer pour impliquer les citoyens ?”
B I A R D E A U D
A L I N E
Il existe tout de même des recettes simples. Je pense notamment aux forums de discussions. Nous en avons mis en place sur le site Internet de la Ville. Sur quaranteneuf sujets abordés, nous avons moins d’une centaine d’intervenants, c’est un désintérêt total malgré de multiples piqûres de rappel. Peut-être les Français n’ont-ils pas l’habitude du chat ? Pourtant, j’avais l’impression que cela marchait bien. On peut rester anonyme et mettre n’importe quel nom.
Il existe tout de même des recettes simples. Je pense notamment aux forums de discussions. Nous en avons mis en place sur le site Internet de la Ville. Sur quaranteneuf sujets abordés, nous avons moins d’une centaine d’intervenants, c’est un désintérêt total malgré de multiples piqûres de rappel. Peut-être les Français n’ont-ils pas l’habitude du chat ? Pourtant, j’avais l’impression que cela marchait bien. On peut rester anonyme et mettre n’importe quel nom.
Par ailleurs, de quoi est-il question constamment ? Du solaire, du solaire, du vélo, du vélo, de l’urbanisme et de deux ou trois bricoles… Cela tourne un peu en rond. Malgré les piqûres de rappel et les réponses du Comité de pilotage, nous n’arrivons pas à avoir une accroche alors que nous pensions toucher les jeunes avec ce forum de discussion.
Par ailleurs, de quoi est-il question constamment ? Du solaire, du solaire, du vélo, du vélo, de l’urbanisme et de deux ou trois bricoles… Cela tourne un peu en rond. Malgré les piqûres de rappel et les réponses du Comité de pilotage, nous n’arrivons pas à avoir une accroche alors que nous pensions toucher les jeunes avec ce forum de discussion.
A Limoges, nous sommes aujourd’hui partis sur deux programmes qui trouvent leur source dans l’Agenda 21 :
A Limoges, nous sommes aujourd’hui partis sur deux programmes qui trouvent leur source dans l’Agenda 21 :
— La demande sur les déchets étant très forte, le premier concerne tout ce qui est réduction à la source des déchets. Une quarantaine de “familles pilotes” volontaires vont s’intéresser à la manière dont elles consomment. C’est ce qui a été fait à Rennes et que nous avons pris comme référence. Il n’y a pas de raison de réinventer quelque chose qui a bien fonctionné; nous nous sommes donc appuyés sur leur méthodologie.
— La demande sur les déchets étant très forte, le premier concerne tout ce qui est réduction à la source des déchets. Une quarantaine de “familles pilotes” volontaires vont s’intéresser à la manière dont elles consomment. C’est ce qui a été fait à Rennes et que nous avons pris comme référence. Il n’y a pas de raison de réinventer quelque chose qui a bien fonctionné; nous nous sommes donc appuyés sur leur méthodologie.
— Le deuxième concerne le guide éco-citoyen qui est distribué dans toutes boîtes aux lettres, avec un Comité de pilotage très ouvert, notamment aux associations et aux associations d’étudiants.
— Le deuxième concerne le guide éco-citoyen qui est distribué dans toutes boîtes aux lettres, avec un Comité de pilotage très ouvert, notamment aux associations et aux associations d’étudiants.
Ce que vous avez dit sur les impacts environnemenS A C Q U E T : taux de la communication est également à prendre en compte.
Ce que vous avez dit sur les impacts environnemenS A C Q U E T : taux de la communication est également à prendre en compte.
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: Tout à l’heure je crains de n’avoir pas répondu à la question : “Comment communiquer pour impliquer les citoyens ?”
B I A R D E A U D
ACIDD et Comité 21
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Je voulais vous montrer quelque chose qui relève totalement de la communication et de l’Agenda 21. Il s’agit des huit défis de l’Agenda 21 de l’Hérault. L’Agenda 21 propose un projetpolitique. Ces huit défis ne sont pas anodins : ne laisser personne au bord du chemin, un toit pour chacun, donner toute leur place aux jeunes… C’est à l’occasion du lancement de la concertation sur l’Agenda 21 qu’ont été conçus ces huit défis qui constituent en quelque sorte l’armature de la communication du Département. U N E
: À Limoges, avez-vous eu une communication spécifique pour accompagner toute la partie antérieure à l’Agenda 21 et donc la sensibilisation des parties prenantes de l’interne et de l’externe ? Et si oui, quel type de communication était-ce ?
I N T E R V E N A N T E
: Nous avons eu une démarche très semblable à celle que les collectivités ont utilisée pour mettre en place le tri sélectif. Nous avons fait des communications à travers un forum de lancement, puis des forums intermédiaires avec des grands ateliers qui ont décidé des thématiques sur lesquelles nous allions travailler de manière plus approfondie. Si cela intéresse plus particuNous avons prévu une évaluation lièrement des gens qui participent à l’atelier, je peux vous annuelle et nous pensons avoir tous envoyer une sélection de tous ces documents. Nous l’avons fait en interne sans nous faire épauler par un bureau de les deux ou trois ans une nouvelle communication. Nous avions envie de mettre du contenu édition de l’Agenda 21” plus que de l’image, même si nous avons joué les deux. A L I N E
B I A R D E A U D
Un Agenda 21 est forcément évolutif. Je n’ai porté que la première version. D’autres Agendas 21 viendront ensuite compléter et modifier assez substantiellement le premier. Nous avons prévu une évaluation annuelle et nous pensons avoir tous les deux ou trois ans une nouvelle édition de l’Agenda 21. De toute façon, il est en ligne sur le site de la ville de Limoges, dans la rubrique “Actualités”. Je pense que nous l’avons également en cédérom. Il est assez lourd à télécharger.
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Je voulais vous montrer quelque chose qui relève totalement de la communication et de l’Agenda 21. Il s’agit des huit défis de l’Agenda 21 de l’Hérault. L’Agenda 21 propose un projetpolitique. Ces huit défis ne sont pas anodins : ne laisser personne au bord du chemin, un toit pour chacun, donner toute leur place aux jeunes… C’est à l’occasion du lancement de la concertation sur l’Agenda 21 qu’ont été conçus ces huit défis qui constituent en quelque sorte l’armature de la communication du Département. U N E
: À Limoges, avez-vous eu une communication spécifique pour accompagner toute la partie antérieure à l’Agenda 21 et donc la sensibilisation des parties prenantes de l’interne et de l’externe ? Et si oui, quel type de communication était-ce ?
I N T E R V E N A N T E
: Nous avons eu une démarche très semblable à celle que les collectivités ont utilisée pour mettre en place le tri sélectif. Nous avons fait des communications à travers un forum de lancement, puis des forums intermédiaires avec des grands ateliers qui ont décidé des thématiques sur lesquelles nous allions travailler de manière plus approfondie. Si cela intéresse plus particuNous avons prévu une évaluation lièrement des gens qui participent à l’atelier, je peux vous annuelle et nous pensons avoir tous envoyer une sélection de tous ces documents. Nous l’avons fait en interne sans nous faire épauler par un bureau de les deux ou trois ans une nouvelle communication. Nous avions envie de mettre du contenu édition de l’Agenda 21” plus que de l’image, même si nous avons joué les deux. A L I N E
Un Agenda 21 est forcément évolutif. Je n’ai porté que la première version. D’autres Agendas 21 viendront ensuite compléter et modifier assez substantiellement le premier. Nous avons prévu une évaluation annuelle et nous pensons avoir tous les deux ou trois ans une nouvelle édition de l’Agenda 21. De toute façon, il est en ligne sur le site de la ville de Limoges, dans la rubrique “Actualités”. Je pense que nous l’avons également en cédérom. Il est assez lourd à télécharger.
Nous avons fait du “très classique” à ce niveau-là. Nous avons eu énormément de monde à nos réunions. U N E
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Nous avons fait du “très classique” à ce niveau-là. Nous avons eu énormément de monde à nos réunions.
: Ces outils de communication ont-ils permis de mieux fédérer les élus aux problèmes que vous évoquiez et de les aider à défendre le projet ? Cela a-t-il été très utile pour arriver à ce résultat ?
U N E
: Environ 50 % des élus ne sont venus à aucune réunion, ni au forum de lancement… Pourtant, ils viennent lorsque le maire est présent, pour se montrer… C’est vrai que c’est assez préoccupant.
A L I N E
I N T E R V E N A N T E
A L I N E
B I A R D E A U D
B I A R D E A U D
: Ces outils de communication ont-ils permis de mieux fédérer les élus aux problèmes que vous évoquiez et de les aider à défendre le projet ? Cela a-t-il été très utile pour arriver à ce résultat ?
I N T E R V E N A N T E
: Environ 50 % des élus ne sont venus à aucune réunion, ni au forum de lancement… Pourtant, ils viennent lorsque le maire est présent, pour se montrer… C’est vrai que c’est assez préoccupant.
B I A R D E A U D
En revanche, à la réunion de présentation de l’Agenda 21, l’opposition est venue quasiment au complet, pour faire ensuite un communiqué de presse disant que c’était de “la merde”… Je le dis crûment, excusez-moi, mais ce sont également des termes qu’ils ont employés dans les médias. Ils l’ont démoli, mais ce genre de stratégie ne leur a jamais servi puisque nous sommes toujours là… (Rires.)
En revanche, à la réunion de présentation de l’Agenda 21, l’opposition est venue quasiment au complet, pour faire ensuite un communiqué de presse disant que c’était de “la merde”… Je le dis crûment, excusez-moi, mais ce sont également des termes qu’ils ont employés dans les médias. Ils l’ont démoli, mais ce genre de stratégie ne leur a jamais servi puisque nous sommes toujours là… (Rires.)
Souvent ailleurs, l’opposition dans les collectivités “pousse aux fesses” ; cela se joue à 2 ou 3 % et cela rend finalement les équipes en place meilleures. Vous verrez, nous ne sommes pas mauvais. (Rires.)
Souvent ailleurs, l’opposition dans les collectivités “pousse aux fesses” ; cela se joue à 2 ou 3 % et cela rend finalement les équipes en place meilleures. Vous verrez, nous ne sommes pas mauvais. (Rires.)
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J’ai su que cela se passerait bien le jour où le maire l’a mis dans le programme de mandature et qu’il m’a donné carte blanche même si je lui rends des comptes tout le temps. Dès qu’il s’est impliqué, j’ai su que notre Agenda 21 marcherait parce que le Maire en avait compris l’intérêt et les enjeux.
J’ai su que cela se passerait bien le jour où le maire l’a mis dans le programme de mandature et qu’il m’a donné carte blanche même si je lui rends des comptes tout le temps. Dès qu’il s’est impliqué, j’ai su que notre Agenda 21 marcherait parce que le Maire en avait compris l’intérêt et les enjeux.
: Je souhaiterais rebondir sur la remarque que vous avez faite dans la première présentation en parlant des râleurs et de ceux qui sont toujours là… Nous sommes ici un parterre de gens qui connaissent le concept d’Agenda 21 et de développement durable. Ce qui m’intéresserait, ce serait de voir comment nous pourrions démocratiser ce concept et le mettre à la portée du citoyen lambda pour qu’il puisse en comprendre les enjeux et s’impliquer. C’est l’implication des citoyens, la démarche participative. Il faut que le citoyen s’engage pour arriver à une démarche globale et efficace. Comment peut-on démocratiser ce concept ?
U N E
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U N E
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U N E
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M U R I E L E
: Je souhaiterais rebondir sur la remarque que vous avez faite dans la première présentation en parlant des râleurs et de ceux qui sont toujours là… Nous sommes ici un parterre de gens qui connaissent le concept d’Agenda 21 et de développement durable. Ce qui m’intéresserait, ce serait de voir comment nous pourrions démocratiser ce concept et le mettre à la portée du citoyen lambda pour qu’il puisse en comprendre les enjeux et s’impliquer. C’est l’implication des citoyens, la démarche participative. Il faut que le citoyen s’engage pour arriver à une démarche globale et efficace. Comment peut-on démocratiser ce concept ?
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Je voulais savoir si des expériences cibles différentes avaient été menées suivant les tranches de population, avec, par exemple, des communications à destination des jeunes ou des personnes âgées, dans un langage qui leur correspond mieux, pour les impliquer.
U N E
I N T E R V E N A N T E
L A B R O U S S E : Y a-t-il eu sensibilisation, formation des services ? Et si oui, cela a-t-il amené leur réorganisation ?
M U R I E L E
:
Aussi bien à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale.
U N E
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: Il faut former les services, mais également les élus. Si les élus eux-mêmes ne sont pas sensibilisés…
U N
: Elle a dit que cela avait été fait. La question que je posais concernait les élus et les services, mais visiblement, une formation a été donnée aux élus.
U N E
: Les élus ont été formés, les services vont l’être dans les mois qui viennent. Nous sommes en train de faire l’inventaire de toutes les personnes qui seront “ressources” ou “référentes” à tous les niveaux de la hiérarchie. Au début, des responsables ne voulaient absolument pas être dépossédés de leur rôle de directeur de service. Nous les voyions arriver aux ateliers, “faisant la tête” parce qu’ils avaient dû abandonner une réunion de chantier ou autres. Nous avons eu ce problème.
A L I N E
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L A B R O U S S E : Y a-t-il eu sensibilisation, formation des services ? Et si oui, cela a-t-il amené leur réorganisation ?
D’après moi, si les politiques veulent un Agenda 21, alors que les services ne sont pas sensibilisés et qu’ils n’adhèrent pas, cela crée des difficultés et des blocages.
I N T E R V E N A N T
A L I N E
Aussi bien à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale.
: Je voulais savoir si des expériences cibles différentes avaient été menées suivant les tranches de population, avec, par exemple, des communications à destination des jeunes ou des personnes âgées, dans un langage qui leur correspond mieux, pour les impliquer.
D’après moi, si les politiques veulent un Agenda 21, alors que les services ne sont pas sensibilisés et qu’ils n’adhèrent pas, cela crée des difficultés et des blocages. U N
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: Il faut former les services, mais également les élus. Si les élus eux-mêmes ne sont pas sensibilisés…
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: Elle a dit que cela avait été fait. La question que je posais concernait les élus et les services, mais visiblement, une formation a été donnée aux élus.
I N T E R V E N A N T E
: Les élus ont été formés, les services vont l’être dans les mois qui viennent. Nous sommes en train de faire l’inventaire de toutes les personnes qui seront “ressources” ou “référentes” à tous les niveaux de la hiérarchie. Au début, des responsables ne voulaient absolument pas être dépossédés de leur rôle de directeur de service. Nous les voyions arriver aux ateliers, “faisant la tête” parce qu’ils avaient dû abandonner une réunion de chantier ou autres. Nous avons eu ce problème.
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Nous mettrons en place la formation de manière très organisée, très structurée. Vous verrez que l’Agenda 21 comporte un volet approprié. Par exemple, nous sommes partis sur la mise en place d’un bureau du temps (?) pour le personnel municipal, et c’est une révolution. Vous verrez un petit document qui liste les actions déjà engagées. Il nous a fallu deux ans pour rédiger l’Agenda 21 ; certaines actions ont déjà commencé. Il ne faut pas mentir et faire croire que nous sommes magiciens. G U Y
U N E
: L’essentiel est de permettre aux gens de s’approprier les enjeux de manière de plus en plus large dans les services. Certains, quels que soient les éléments d’information qu’on leur produit, ont toujours considéré que ce qu’on faisait avant était mieux. En France, c’est une attitude classique qu’on appelle le conservatisme. Elle est très prégnante. La stratégie de formation par le biais de la sensibilisation, ateliers actions, coproduction des contenus dans chaque service, est un bon outil d’appropriation. Cela permet aux gens de se sentir plus à l’aise dans la mise en œuvre.
H A S C O E T
Il faut nourrir, instruire et donner les outils, c’est un élément très important.
Il faut nourrir, instruire et donner les outils, c’est un élément très important.
I N T E R V E N A N T E
:
“
Pour l’HQE, c’est un problème que nous rencontrons à la
U N E
: Si on prend cette maison, puisque j’ai eu le bonheur de passer… (inaudible, bruit dans la salle) …personnes en salle l’année dernière, cela débouche sur une réorganisation des services. La conséquence de l’Agenda 21 et de la formation a été une refonte de l’organigramme.
G U Y
S A C Q U E T : On n’a toujours pas répondu à Géraldine sur “faire adhérer les citoyens à l’Agenda 21”, ni à Isabelle sur les différentes cibles.
A N N E - M A R I E
: Justement, je souhaitais répondre à Géraldine qui posait la question de la participation, de la capacité des citoyens à répondre et à intervenir dans le débat.
U N
H A S C O E T
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Pour l’HQE, c’est un problème que nous rencontrons à la
: Si on prend cette maison, puisque j’ai eu le bonheur de passer… (inaudible, bruit dans la salle) …personnes en salle l’année dernière, cela débouche sur une réorganisation des services. La conséquence de l’Agenda 21 et de la formation a été une refonte de l’organigramme.
H A S C O E T
S A C Q U E T : On n’a toujours pas répondu à Géraldine sur “faire adhérer les citoyens à l’Agenda 21”, ni à Isabelle sur les différentes cibles. : Justement, je souhaitais répondre à Géraldine qui posait la question de la participation, de la capacité des citoyens à répondre et à intervenir dans le débat.
I N T E R V E N A N T
Nous ne verrons de participation En fait, on peut parler importante dans les démarches d’un problème culturel général face à quelque d’Agendas 21 des villes que si les chose de nouveau. Plusieurs gens sont suffisamment conscients” générations sont concernées par cette histoire. En matière de formation, de sensibilisation, d’information, le travail à faire est magistral. Nous ne verrons de participation importante dans les démarches d’Agendas 21 des villes que si les gens sont suffisamment conscients des enjeux pour eux et leur entourage. Cela passe par une sensibilisation et une culture vraiment approfondie, qui n’existe pas aujourd’hui.
De la même façon, tout à l’heure, nous évoquions la création d’un site par une ville, sur lequel un forum avait été ouvert. Il ne peut y avoir de forums et de débats que si la sensibilisation et l’implication des individus sont satisfaisantes. C’est une question de communication, de qualité des débats, d’injections d’informations ou d’interpellations des individus. ©
I N T E R V E N A N T E
Région Île-de-France.
Nous ne verrons de participation En fait, on peut parler importante dans les démarches d’un problème culturel général face à quelque d’Agendas 21 des villes que si les chose de nouveau. Plusieurs gens sont suffisamment conscients” générations sont concernées par cette histoire. En matière de formation, de sensibilisation, d’information, le travail à faire est magistral. Nous ne verrons de participation importante dans les démarches d’Agendas 21 des villes que si les gens sont suffisamment conscients des enjeux pour eux et leur entourage. Cela passe par une sensibilisation et une culture vraiment approfondie, qui n’existe pas aujourd’hui.
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: L’essentiel est de permettre aux gens de s’approprier les enjeux de manière de plus en plus large dans les services. Certains, quels que soient les éléments d’information qu’on leur produit, ont toujours considéré que ce qu’on faisait avant était mieux. En France, c’est une attitude classique qu’on appelle le conservatisme. Elle est très prégnante. La stratégie de formation par le biais de la sensibilisation, ateliers actions, coproduction des contenus dans chaque service, est un bon outil d’appropriation. Cela permet aux gens de se sentir plus à l’aise dans la mise en œuvre.
H A S C O E T
Bien sûr, cela ne lève pas tous les obstacles. Vous trouverez toujours des gens pour dire que quelque chose est plus cher alors qu’il s’agit en fait d’économies. Mais, pour le voir, il faut faire un calcul global et cela ne leur a jamais traversé l’esprit. Nous sommes confrontés à cette difficulté : ce sont des résistances liées à des habitudes de sphères techniques de toutes sortes.
A N N E - M A R I E
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G U Y
Bien sûr, cela ne lève pas tous les obstacles. Vous trouverez toujours des gens pour dire que quelque chose est plus cher alors qu’il s’agit en fait d’économies. Mais, pour le voir, il faut faire un calcul global et cela ne leur a jamais traversé l’esprit. Nous sommes confrontés à cette difficulté : ce sont des résistances liées à des habitudes de sphères techniques de toutes sortes.
Région Île-de-France. G U Y
Nous mettrons en place la formation de manière très organisée, très structurée. Vous verrez que l’Agenda 21 comporte un volet approprié. Par exemple, nous sommes partis sur la mise en place d’un bureau du temps (?) pour le personnel municipal, et c’est une révolution. Vous verrez un petit document qui liste les actions déjà engagées. Il nous a fallu deux ans pour rédiger l’Agenda 21 ; certaines actions ont déjà commencé. Il ne faut pas mentir et faire croire que nous sommes magiciens.
De la même façon, tout à l’heure, nous évoquions la création d’un site par une ville, sur lequel un forum avait été ouvert. Il ne peut y avoir de forums et de débats que si la sensibilisation et l’implication des individus sont satisfaisantes. C’est une question de communication, de qualité des débats, d’injections d’informations ou d’interpellations des individus. 59
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ATELIER 1.2
: Cela part du constat que l’Agenda 21 est inconnu du grand public. Il existe un décalage entre vous et le citoyen de la rue. C’est là qu’un effort doit être fait.
I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T
P R É C É D E N T
:
U N E
C’est peut-être les mots… Les mots sont pro-
: Cela part du constat que l’Agenda 21 est inconnu du grand public. Il existe un décalage entre vous et le citoyen de la rue. C’est là qu’un effort doit être fait.
I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T
duits par les professionnels… : …On invite les gens à un processus participatif qui débouche sur un certain nombre d’orientations et, par la suite, sur un Agenda 21. Ceux qui comprennent ce que c’est, en s’y associant et sont clairs à la sortie. On ne part pas en disant : “Venez aux réunions Agenda 21”. Personne ne comprend !
U N
I N T E R V E N A N T
: Nous le sentons très nettement, le problème soulevé est celui de l’élu. Si le maire n’a pas une volonté assez forte de dire : “Je m’implique et je vais faire pour la ville une démarche d’Agenda 21”, rien ne se fait.
U N
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I N T E R V E N A N T
: Nous le sentons très nettement, le problème soulevé est celui de l’élu. Si le maire n’a pas une volonté assez forte de dire : “Je m’implique et je vais faire pour la ville une démarche d’Agenda 21”, rien ne se fait.
: Excusez-moi, nous ne parlons pas de conviction des élus, mais de communication… Il faut répondre à la question d’Isabelle qui attend toujours…
U N E
: Cela veut dire que la communication, selon moi, doit être auparavant interne. Il faut un travail énorme pour mobiliser, dans un premier temps, les gens qui sont en responsabilité de la cité. S’ils ne sont pas informés en premier, le reste suivra de façon chaotique. Donc, formation interne, me semble-t-il, avant tout !
L ’ I N T E R V E N A N T
: Je voudrais poser une question un peu hors sujet puisque le sujet est “communiquer pour impliquer les citoyens”. Comment allez-vous communiquer auprès des acteurs économiques qui peuvent être également enrôlés ? En effet, les citoyens travaillent au sein d’entreprises ou de collectivités locales…
U N E
: En fait, nous avions un “tapis rouge”. Nous travaillions depuis un an et demi sur des chartes de management environnemental avec les deux parcs d’activité de la ville de Limoges. Ils avaient donc déjà totalement intégré la démarche. Les deux associations d’industriels des deux zones d’activité… Quant à la technopole de Limoges, elle est déjà “technopole du développement durable” ; elle est déjà inscrite dans une logique. Notre école d’ingénieurs est spécialisée dans les questions de déchets, de l’eau, etc. Nous avions là une facilité incroyable. D’ailleurs, ils nous ont considérablement aidés.
A L I N E
I N T E R V E N A N T E
: Excusez-moi, nous ne parlons pas de conviction des élus, mais de communication… Il faut répondre à la question d’Isabelle qui attend toujours…
I N T E R V E N A N T E
: Cela veut dire que la communication, selon moi, doit être auparavant interne. Il faut un travail énorme pour mobiliser, dans un premier temps, les gens qui sont en responsabilité de la cité. S’ils ne sont pas informés en premier, le reste suivra de façon chaotique. Donc, formation interne, me semble-t-il, avant tout !
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: Il y a peut-être une piste entre la question très concrète de l’implication des citoyens et ce que disait Pierre Radanne, à savoir : “Que voulons-nous faire de nos vies dans le siècle qui vient ? En mai 2004, à Barcelone, une petite centaine de villes se sont réunies autour de l’Agenda 21 culture et, là, je rejoins ce que vous disiez à propos des questions culturelles : changements d’habitudes, donc changements culturels. N’y a-t-il pas une démarche complémentaire importante à mettre en place autour de ce texte qui est très fort, à discuter, impliquant concrètement nos habitudes dans la collectivité quelle qu’elle soit ? Est-ce une démarche qui est dans l’air ou pas ? Cela peut-il être une piste ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: En fait, nous avions un “tapis rouge”. Nous travaillions depuis un an et demi sur des chartes de management environnemental avec les deux parcs d’activité de la ville de Limoges. Ils avaient donc déjà totalement intégré la démarche. Les deux associations d’industriels des deux zones d’activité… Quant à la technopole de Limoges, elle est déjà “technopole du développement durable” ; elle est déjà inscrite dans une logique. Notre école d’ingénieurs est spécialisée dans les questions de déchets, de l’eau, etc. Nous avions là une facilité incroyable. D’ailleurs, ils nous ont considérablement aidés.
B I A R D E A U D
Le fait d’avoir le monde économique avec nous dans cette démarche a permis de débloquer beaucoup de difficultés. C’était un concours de circonstances favorable.
D A N T E C
ACIDD et Comité 21
: Je voudrais poser une question un peu hors sujet puisque le sujet est “communiquer pour impliquer les citoyens”. Comment allez-vous communiquer auprès des acteurs économiques qui peuvent être également enrôlés ? En effet, les citoyens travaillent au sein d’entreprises ou de collectivités locales…
I N T E R V E N A N T E
Le fait d’avoir le monde économique avec nous dans cette démarche a permis de débloquer beaucoup de difficultés. C’était un concours de circonstances favorable. R O N A N
C’est peut-être les mots… Les mots sont pro-
Tous les intervenants le disent : très peu d’élus se sentent concernés. Nous parlions d’Agenda 21 s’agissant du conseil de développement pour les communautés d’agglomération…
L ’ I N T E R V E N A N T
U N E
:
: …On invite les gens à un processus participatif qui débouche sur un certain nombre d’orientations et, par la suite, sur un Agenda 21. Ceux qui comprennent ce que c’est, en s’y associant et sont clairs à la sortie. On ne part pas en disant : “Venez aux réunions Agenda 21”. Personne ne comprend !
Tous les intervenants le disent : très peu d’élus se sentent concernés. Nous parlions d’Agenda 21 s’agissant du conseil de développement pour les communautés d’agglomération… U N E
P R É C É D E N T
duits par les professionnels…
R O N A N
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©
: Il y a peut-être une piste entre la question très concrète de l’implication des citoyens et ce que disait Pierre Radanne, à savoir : “Que voulons-nous faire de nos vies dans le siècle qui vient ? En mai 2004, à Barcelone, une petite centaine de villes se sont réunies autour de l’Agenda 21 culture et, là, je rejoins ce que vous disiez à propos des questions culturelles : changements d’habitudes, donc changements culturels. N’y a-t-il pas une démarche complémentaire importante à mettre en place autour de ce texte qui est très fort, à discuter, impliquant concrètement nos habitudes dans la collectivité quelle qu’elle soit ? Est-ce une démarche qui est dans l’air ou pas ? Cela peut-il être une piste ?
D A N T E C
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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S A C Q U E T : Vous avez raison, c’est vraiment un texte qu’il faut faire connaître… et qui, finalement, met en scène à la fois la nécessité de changement de posture du monde politique et la responsabilité du citoyen dans des changements de…
S A C Q U E T : Vous avez raison, c’est vraiment un texte qu’il faut faire connaître… et qui, finalement, met en scène à la fois la nécessité de changement de posture du monde politique et la responsabilité du citoyen dans des changements de…
A N N E - M A R I E
U N
I N T E R V E N A N T
A N N E - M A R I E P A U L
:
A N N E - M A R I E
On le trouve sur agenda21cultura. net, je crois.
S A C Q U E T
:
U N
Paul souhaitait ajouter quelque chose.
I N T E R V E N A N T
A N N E - M A R I E
: Pour répondre à Isabelle, une campagne de communication à Copenhague, ce n’est pas cela, ce ne sont pas des messages conceptuels. C’est: “Oui, gagner la bataille de l’eau… Quelles sont les mesures que vous pouvez suivre pour gagner dans votre portefeuille, ou créer des emplois, ou améliorer la proximité de votre environnement.”
V E R M E Y L E N
P A U L
: Je voulais revenir sur ce qu’a dit Mme Biardeaud au sujet de la difficulté qu’ont les élus à aller voir chaque habitant. C’est sans doute très difficile, mais c’est bien un devoir pour eux que d’aller communiquer. Si les gens peuvent être réticents dans un premier temps à ce qu’on vienne les voir chez eux, peut-être verront-ils également l’intérêt que leur porte leur territoire et réagiront-ils forcément à un moment donné. J’en suis persuadée.
V A R R A U D
I N T E R V E N A N T E
remonte les attentes.
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©
ACIDD et Comité 21
:
“
U N E
: Je voulais revenir sur ce qu’a dit Mme Biardeaud au sujet de la difficulté qu’ont les élus à aller voir chaque habitant. C’est sans doute très difficile, mais c’est bien un devoir pour eux que d’aller communiquer. Si les gens peuvent être réticents dans un premier temps à ce qu’on vienne les voir chez eux, peut-être verront-ils également l’intérêt que leur porte leur territoire et réagiront-ils forcément à un moment donné. J’en suis persuadée.
V A R R A U D
“
: Il me semble que pour démocratiser un concept complexe, on peut renvoyer à ce qui touche les personnes, à ce qui les sensibilise. Pour certains, ce seront les arbres, pour d’autres le sport, l’environnement ou encore la santé. Un des tissus intéressants est le tissu associatif. Je n’en ai pas beaucoup entendu parler jusqu’à présent. Il peut y avoir beaucoup plus de partenariat, de collaboration dans les deux sens entre la collectivité et le milieu associatif pour toucher au plus près les personnes concernées par tel ou tel angle d’entrée.
I N T E R V E N A N T E
Je ne sais pas si les responsaPour démocratiser un concept bles associatifs, les relais sont invités dans les réunions de complexe, on peut renvoyer rédaction… d’Agendas 21. Il me à ce qui touche les personnes” semble que le milieu associatif est très présent, qu’il soit bénévole ou professionnel, et que c’est vraiment une ramification même s’ils ne fonctionnent pas toujours en réseau important.
Quand ce milieu associatif joue ensuite le rôle de relais et
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Paul souhaitait ajouter quelque chose.
J’ai été ambassadeur du tri. Vous allez chez des gens. Certes, vous pouvez prendre un “coup de pierre” parce que vous venez leur expliquer qu’ils vont payer deux fois plus cher, et leur dire des choses qui touchent leur porte-monnaie, mais, finalement, au bout d’une demi-heure d’explication… Cela ne marche pas à chaque fois, soit, mais quand on arrive à en convaincre dix, ce sont dix personnes qui vont ensuite faire le travail autour d’eux. C’est très long, cela s’inscrit dans le temps, mais ce doivent être des actions régulières.
Je ne sais pas si les responsaPour démocratiser un concept bles associatifs, les relais sont invités dans les réunions de complexe, on peut renvoyer rédaction… d’Agendas 21. Il me à ce qui touche les personnes” semble que le milieu associatif est très présent, qu’il soit bénévole ou professionnel, et que c’est vraiment une ramification même s’ils ne fonctionnent pas toujours en réseau important. U N E
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: Pour répondre à Isabelle, une campagne de communication à Copenhague, ce n’est pas cela, ce ne sont pas des messages conceptuels. C’est: “Oui, gagner la bataille de l’eau… Quelles sont les mesures que vous pouvez suivre pour gagner dans votre portefeuille, ou créer des emplois, ou améliorer la proximité de votre environnement.”
É M I L I E
: Il me semble que pour démocratiser un concept complexe, on peut renvoyer à ce qui touche les personnes, à ce qui les sensibilise. Pour certains, ce seront les arbres, pour d’autres le sport, l’environnement ou encore la santé. Un des tissus intéressants est le tissu associatif. Je n’en ai pas beaucoup entendu parler jusqu’à présent. Il peut y avoir beaucoup plus de partenariat, de collaboration dans les deux sens entre la collectivité et le milieu associatif pour toucher au plus près les personnes concernées par tel ou tel angle d’entrée.
I N T E R V E N A N T E
S A C Q U E T
La dimension culturelle, bien sûr, est importante, mais il y a une manière de communiquer qui doit être à mon sens beaucoup plus opérationnelle et qui renvoie au type de messages que vous avez fait passer tout à l’heure en disant : “Nous sommes impatients de voir des choses concrètes.” Il faut donner les moyens aux jeunes d’être concrets, de créer leurs jobs dans ce domaine-là, de changer leur comportement, leur santé, tout ce qui les touche très directement.
J’ai été ambassadeur du tri. Vous allez chez des gens. Certes, vous pouvez prendre un “coup de pierre” parce que vous venez leur expliquer qu’ils vont payer deux fois plus cher, et leur dire des choses qui touchent leur porte-monnaie, mais, finalement, au bout d’une demi-heure d’explication… Cela ne marche pas à chaque fois, soit, mais quand on arrive à en convaincre dix, ce sont dix personnes qui vont ensuite faire le travail autour d’eux. C’est très long, cela s’inscrit dans le temps, mais ce doivent être des actions régulières. U N E
On le trouve sur agenda21cultura. net, je crois.
V E R M E Y L E N
La dimension culturelle, bien sûr, est importante, mais il y a une manière de communiquer qui doit être à mon sens beaucoup plus opérationnelle et qui renvoie au type de messages que vous avez fait passer tout à l’heure en disant : “Nous sommes impatients de voir des choses concrètes.” Il faut donner les moyens aux jeunes d’être concrets, de créer leurs jobs dans ce domaine-là, de changer leur comportement, leur santé, tout ce qui les touche très directement. É M I L I E
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U N E
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remonte les attentes.
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Quand ce milieu associatif joue ensuite le rôle de relais et
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“
: Un élément me paraît très important, cité dans l’intervention de Pierre Radanne : il faut “positiver” la communication.
B R E M O N D
J’ai bientôt quarante-cinq ans, j’ai vécu dans un siècle qui avait des valeurs, des envies. Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions. J’ai des enfants et je me rends compte qu’il faut “positiver” la communication.
Je suis d’accord avec vous. Dans certaines cultures, il faut être plus rationnel. Dans des cultures comme les nôtres, il faut davantage laisser la place à l’échange, à l’humain parce que nous avons des modes de fonctionnement différents. Ce qui marche avec les jeunes, c’est l’envie, le plaisir, le fait de leur donner des envies.
Je suis d’accord avec vous. Dans certaines cultures, il faut être plus rationnel. Dans des cultures comme les nôtres, il faut davantage laisser la place à l’échange, à l’humain parce que nous avons des modes de fonctionnement différents. Ce qui marche avec les jeunes, c’est l’envie, le plaisir, le fait de leur donner des envies.
(Rires.) J’ai appliqué l’ADEME cet été : “Les petits trajets, je les fais à pied !” Lorsqu’on leur demande d’appliquer cela et de mettre vingt minutes pour aller à la plage quand cinq suffisent en voiture, on leur demande quelque part de régresser par rapport à des acquis.
Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions”
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©
Je dis qu’il faut “positiver” et se servir de ce qui fait avancer les gens, sans tomber dans la démagogie, la vulgarité et autres… Il faut se servir des locomotives et donner envie.
: Pour rebondir sur la dimension culturelle, dans le cadre de la communication sur les Agendas 21, êtes-vous allés à la rencontre des citoyens sur le terrain de leurs motivations et de leurs envies, des sphères sportives, culturelles? Beaucoup vont au théâtre, au cinéma… Nous faisons tous des tas de choses, du sport sur des terrains de foot, dans des associations sportives… J’ai été surpris de voir qu’on ne parlait quasiment jamais de développement durable dans une association sportive, sur un terrain de foot, dans un club de tennis, etc. C’est là où sont les gens !
S A L C I O
L ’ I N T E R V E N A N T E U N
: Un élément me paraît très important, cité dans l’intervention de Pierre Radanne : il faut “positiver” la communication.
B R E M O N D
J’ai bientôt quarante-cinq ans, j’ai vécu dans un siècle qui avait des valeurs, des envies. Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions. J’ai des enfants et je me rends compte qu’il faut “positiver” la communication.
Vous parlez du tissu associatif. Mes enfants sont aujourd’hui des ados. Les ados réagissent à des choses de “riposte”, un peu “choc” ; ils ont des idoles qui ne sont pas les nôtres. Il faut se servir de cela. Il faut leur donner envie de suivre même si, à quarante-cinq ans, on considère qu’il faut qu’ils en passent par-là et que ce n’est pas toujours amusant. Ce sont des moteurs, des locomotives. Il faut jouer sur l’envie, le positif.
P I E R R E
S Y L V I E
:
Et où ils peuvent accrocher derrière…
“
: Et c’est pourquoi, lorsque vous avez une locomotive comme Zidane, cela marche très bien.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
(Rires.) J’ai appliqué l’ADEME cet été : “Les petits trajets, je les fais à pied !” Lorsqu’on leur demande d’appliquer cela et de mettre vingt minutes pour aller à la plage quand cinq suffisent en voiture, on leur demande quelque part de régresser par rapport à des acquis.
Nous avons vu parfois les drames du dogmatisme et des convictions”
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
Vous parlez du tissu associatif. Mes enfants sont aujourd’hui des ados. Les ados réagissent à des choses de “riposte”, un peu “choc” ; ils ont des idoles qui ne sont pas les nôtres. Il faut se servir de cela. Il faut leur donner envie de suivre même si, à quarante-cinq ans, on considère qu’il faut qu’ils en passent par-là et que ce n’est pas toujours amusant. Ce sont des moteurs, des locomotives. Il faut jouer sur l’envie, le positif.
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: Pour rebondir sur la dimension culturelle, dans le cadre de la communication sur les Agendas 21, êtes-vous allés à la rencontre des citoyens sur le terrain de leurs motivations et de leurs envies, des sphères sportives, culturelles? Beaucoup vont au théâtre, au cinéma… Nous faisons tous des tas de choses, du sport sur des terrains de foot, dans des associations sportives… J’ai été surpris de voir qu’on ne parlait quasiment jamais de développement durable dans une association sportive, sur un terrain de foot, dans un club de tennis, etc. C’est là où sont les gens !
S A L C I O
L ’ I N T E R V E N A N T E U N
Je dis qu’il faut “positiver” et se servir de ce qui fait avancer les gens, sans tomber dans la démagogie, la vulgarité et autres… Il faut se servir des locomotives et donner envie.
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Et où ils peuvent accrocher derrière…
: Et c’est pourquoi, lorsque vous avez une locomotive comme Zidane, cela marche très bien.
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On peut aussi le faire sur le terrain.
: Sur la manière de communiquer, tout à l’heure, les jeunes nous ont dit: “Choquez-nous; ce que nous voulons, ce sont des images “choc”.” J’entends maintenant quelqu’un dire: “Soyons positifs.” En tant qu’agence, ce que je sais, c’est qu’on ne sait pas. Sur ces sujets, l’important est d’être présent en Le propre de la communication est que permanence. Je travaille sur des sujets comme la prévention routière; …les messages “choc”. Nous sentons les messages s’annulent et qu’il faut que nous atteignons la limite. Cela ne marche plus. Nous en permanence renouveler le désir” sommes très inquiets sur ces sujets-là. U N E
“
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I N T E R V E N A N T E
L’intérêt n’est plus là parce que, justement, le propre de la communication est que les messages s’annulent et qu’il faut en permanence renouveler le désir. C’est vraiment une affaire de désir, comme vous l’avez dit. L’objectif est vraiment de jouer à deux niveaux: individuel et collectif, “Je veux bien faire un effort si l’autre en fait un”, mais également “Comment la “com” va-t-elle réussir à me toucher moi, en tant qu’individu? parce que c’est d’abord un projet personnel: “Si je ne suis pas intimement convaincu que cela doit changer et si je n’ai pas envie que cela change, cela ne peut pas fonctionner.”
P I E R R E
S A C Q U E T : Merci beaucoup, il y aurait évidemment encore beaucoup à dire. Si vous souhaitez ajouter des propositions, des constats sur cet atelier, je suis là jusqu’à demain. Nous pourrons en parler dans les temps de pause – bien qu’ils se raccourcissent terriblement ou ce soir.
I N T E R V E N A N T E
L’intérêt n’est plus là parce que, justement, le propre de la communication est que les messages s’annulent et qu’il faut en permanence renouveler le désir. C’est vraiment une affaire de désir, comme vous l’avez dit. L’objectif est vraiment de jouer à deux niveaux: individuel et collectif, “Je veux bien faire un effort si l’autre en fait un”, mais également “Comment la “com” va-t-elle réussir à me toucher moi, en tant qu’individu? parce que c’est d’abord un projet personnel: “Si je ne suis pas intimement convaincu que cela doit changer et si je n’ai pas envie que cela change, cela ne peut pas fonctionner.”
S A C Q U E T : Merci beaucoup, il y aurait évidemment encore beaucoup à dire. Si vous souhaitez ajouter des propositions, des constats sur cet atelier, je suis là jusqu’à demain. Nous pourrons en parler dans les temps de pause – bien qu’ils se raccourcissent terriblement ou ce soir.
A N N E - M A R I E
Je voudrais maintenant que nous consacrions vingt minutes au projet de manifeste puisque nous nous y sommes engagés pour l’ensemble des ateliers.
Je voudrais maintenant que nous consacrions vingt minutes au projet de manifeste puisque nous nous y sommes engagés pour l’ensemble des ateliers.
Voilà ce que je vous propose. Tout le monde est à même de balayer le texte. Tout le monde l’a-t-il ? Il est en page 3 du dossier. Je vous propose donc de consacrer deux minutes à parcourir le texte.
Voilà ce que je vous propose. Tout le monde est à même de balayer le texte. Tout le monde l’a-t-il ? Il est en page 3 du dossier. Je vous propose donc de consacrer deux minutes à parcourir le texte.
I N T E R V E N A N T E
:
Pourriez-vous nous rappeler l’objectif ?
U N E
S A C Q U E T : Je vous rappelle l’objet de ce manifeste. Nous l’avons évoqué en ouverture, je pense. Nous avons l’an dernier, déjà lancé un projet d’appel. Il s’agit cette année de le concrétiser Ce texte de manifeste a essentiellement pour objet que nous portions ensemble quelques constats et quelques engagementssur la communication pour le développement durable.
I N T E R V E N A N T E
:
Pourriez-vous nous rappeler l’objectif ?
S A C Q U E T : Je vous rappelle l’objet de ce manifeste. Nous l’avons évoqué en ouverture, je pense. Nous avons l’an dernier, déjà lancé un projet d’appel. Il s’agit cette année de le concrétiser Ce texte de manifeste a essentiellement pour objet que nous portions ensemble quelques constats et quelques engagementssur la communication pour le développement durable.
A N N E - M A R I E
A N N E - M A R I E
Ce texte, une fois amendé par les participants, doit pouvoir être diffusé par l’ensemble des réseaux membres du groupe de pilotage, mais également participants à l’Université.
Ce texte, une fois amendé par les participants, doit pouvoir être diffusé par l’ensemble des réseaux membres du groupe de pilotage, mais également participants à l’Université.
Sur la base de ce manifeste qui compte neuf points d’engagement, le groupe de pilotage de l’Université travaillera sur un outil de suivi et d’évaluation. Nous venons de passer deux années à échanger nos points de vue, nos attentes, parfois nos fantasmes sur la communication et sa contribution au développement durable. Il s’agit à partir de cette année de fixer quelques points d’ancrage essentiels.
Sur la base de ce manifeste qui compte neuf points d’engagement, le groupe de pilotage de l’Université travaillera sur un outil de suivi et d’évaluation. Nous venons de passer deux années à échanger nos points de vue, nos attentes, parfois nos fantasmes sur la communication et sa contribution au développement durable. Il s’agit à partir de cette année de fixer quelques points d’ancrage essentiels.
Avez-vous des remarques ? ©
On peut aussi le faire sur le terrain.
Il faut être ouvert, il n’y a pas de recettes. Pour finir, j’en viens à une vraie question qui n’est pas prise en compte, celle de l’évaluation. On fait des choses et on ne sait pas ce qui se passe derrière. Les instituts d’études aujourd’hui sont un peu en panne. Ce sont vraiment des acteurs à inviter à nos journées. Nous avons aujourd’hui des modèles d’évaluation qui ne mesurent pas les comportements.
A N N E - M A R I E
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: Sur la manière de communiquer, tout à l’heure, les jeunes nous ont dit: “Choquez-nous; ce que nous voulons, ce sont des images “choc”.” J’entends maintenant quelqu’un dire: “Soyons positifs.” En tant qu’agence, ce que je sais, c’est qu’on ne sait pas. Sur ces sujets, l’important est d’être présent en Le propre de la communication est que permanence. Je travaille sur des sujets comme la prévention routière; …les messages “choc”. Nous sentons les messages s’annulent et qu’il faut que nous atteignons la limite. Cela ne marche plus. Nous en permanence renouveler le désir” sommes très inquiets sur ces sujets-là. U N E
Il faut être ouvert, il n’y a pas de recettes. Pour finir, j’en viens à une vraie question qui n’est pas prise en compte, celle de l’évaluation. On fait des choses et on ne sait pas ce qui se passe derrière. Les instituts d’études aujourd’hui sont un peu en panne. Ce sont vraiment des acteurs à inviter à nos journées. Nous avons aujourd’hui des modèles d’évaluation qui ne mesurent pas les comportements.
U N E
S A L C I O
ACIDD et Comité 21
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Avez-vous des remarques ?
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A L I N E
: J’en ai deux. Je ne mettrai pas “pouvoirs locaux”, mais “collectivités locales et territoriales”. “Les pouvoirs locaux”… Cela n’a-t-il pas un côté un peu “ringard”? Mais cela a dû être réfléchi, je suis sûre que vous en avez parlé des heures…
A L I N E
S A C Q U E T : Disons que c’est l’expression généralement donnée au niveau international, mais nous pouvons remplacer par “collectivités locales”.
A N N E - M A R I E
B I A R D E A U D
S A C Q U E T : Disons que c’est l’expression généralement donnée au niveau international, mais nous pouvons remplacer par “collectivités locales”.
A N N E - M A R I E
U N
I N T E R V E N A N T
:
“Pouvoirs locaux”, cela ramène à “Pouvoirs” avec un grand “P” !
U N
(Rires.) U N E
U N E
: Je proposais que nous enlevions simplement “alibi” qui est un jugement moral. Certes, cela fait plaisir de les appeler ainsi, mais si on dit qu’“on dénonce et qu’on appelle à dénoncer la communication quand elle s’approprie des attentes et ne repose sur rien”, cela suffit.
U N E
: Un manifeste, c’est également des choses qu’on peut faire. Ici, je vois deux points qui disent “nous nous engageons” et beaucoup qui disent “nous dénonçons…” Nous pourrions dire : “Nous nous engageons à dénoncer”. Il faut que nous signions un engagement à faire quelque chose.
I S A B E L L E
: C’est un manifeste ; il faut regarder chacun des points dans l’ordre. Vous êtes partis au point 6…
U N
: Je voulais aller un peu plus loin. On ne peut qu’être d’accord avec l’ensemble du texte. Certes, nous allons nous “battre” sur des petits points, mais dans l’ensemble, nous sommes d’accord. Ensuite, ce qui est important, ce sont les modes et les méthodes que nous allons pouvoir appliquer derrière pour que cela ait un effet.
U N E
I N T E R V E N A N T E
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I N T E R V E N A N T
I N T E R V E N A N T E
“Pouvoirs locaux”, cela ramène à “Pouvoirs” avec un grand “P” !
: Trois points. D’abord, à la première page, pour “positiver” comme cela a été dit tout à l’heure, au troisième paragraphe, on parle “...pour réduire les risques…”, d’accord… On parle aussi des chances… sur la formation à Internet, transport et tourisme, etc.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je proposais que nous enlevions simplement “alibi” qui est un jugement moral. Certes, cela fait plaisir de les appeler ainsi, mais si on dit qu’“on dénonce et qu’on appelle à dénoncer la communication quand elle s’approprie des attentes et ne repose sur rien”, cela suffit.
I N T E R V E N A N T E
: C’est un manifeste ; il faut regarder chacun des points dans l’ordre. Vous êtes partis au point 6…
I N T E R V E N A N T
: Je voulais aller un peu plus loin. On ne peut qu’être d’accord avec l’ensemble du texte. Certes, nous allons nous “battre” sur des petits points, mais dans l’ensemble, nous sommes d’accord. Ensuite, ce qui est important, ce sont les modes et les méthodes que nous allons pouvoir appliquer derrière pour que cela ait un effet.
I N T E R V E N A N T E
Puis, ce qui est important, et ce qui me gêne très souvent d’ailleurs dans le développement durable, c’est qu’on arrive bien à en parler, mais que, derrière, on a du mal à agir. Le manifeste est intéressant à partir du moment où on envisage derrière, point par point, des modes d’action auxquels chacun s’engage.
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
:
: Un manifeste, c’est également des choses qu’on peut faire. Ici, je vois deux points qui disent “nous nous engageons” et beaucoup qui disent “nous dénonçons…” Nous pourrions dire : “Nous nous engageons à dénoncer”. Il faut que nous signions un engagement à faire quelque chose.
Puis, ce qui est important, et ce qui me gêne très souvent d’ailleurs dans le développement durable, c’est qu’on arrive bien à en parler, mais que, derrière, on a du mal à agir. Le manifeste est intéressant à partir du moment où on envisage derrière, point par point, des modes d’action auxquels chacun s’engage. U N
I N T E R V E N A N T
(Rires.)
I S A B E L L E
U N
: J’en ai deux. Je ne mettrai pas “pouvoirs locaux”, mais “collectivités locales et territoriales”. “Les pouvoirs locaux”… Cela n’a-t-il pas un côté un peu “ringard”? Mais cela a dû être réfléchi, je suis sûre que vous en avez parlé des heures…
B I A R D E A U D
U N
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: Trois points. D’abord, à la première page, pour “positiver” comme cela a été dit tout à l’heure, au troisième paragraphe, on parle “...pour réduire les risques…”, d’accord… On parle aussi des chances… sur la formation à Internet, transport et tourisme, etc.
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
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“Alibi”, cela ne me choque pas ; il y a de l’alibi, mais également des choses positives. L’action peut être lorsqu’il y a des éléments positifs dans toutes les sphères… L’alibi peut concerner le politique, l’associatif, le social. En revanche, il existe des bonnes pratiques un peu partout. On peut les identifier, les évaluer et les faire connaître. On peut aussi servir à cela.
“Alibi”, cela ne me choque pas ; il y a de l’alibi, mais également des choses positives. L’action peut être lorsqu’il y a des éléments positifs dans toutes les sphères… L’alibi peut concerner le politique, l’associatif, le social. En revanche, il existe des bonnes pratiques un peu partout. On peut les identifier, les évaluer et les faire connaître. On peut aussi servir à cela.
Le troisième point est une question. Pas mal de gens ici sont là avant tout pour le développement durable lui-même. L’Université, j’ai bien compris que c’était pour la communication pour le développement durable, soit. On parle beaucoup de publicité, de marketing, soit. L’information des médias, écrite et audiovisuelle, rentre-t-elle dans le champ ? C’est un peu absent dans certaines des propositions.
Le troisième point est une question. Pas mal de gens ici sont là avant tout pour le développement durable lui-même. L’Université, j’ai bien compris que c’était pour la communication pour le développement durable, soit. On parle beaucoup de publicité, de marketing, soit. L’information des médias, écrite et audiovisuelle, rentre-t-elle dans le champ ? C’est un peu absent dans certaines des propositions.
U N E
I N T E R V E N A N T E
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U N E
I N T E R V E N A N T E
:
C’est le point 4 : “On appelle les médias à relayer”… Le point 7 à ce moment-là également.
U N E
I N T E R V E N A N T E
:
U N E
I N T E R V E N A N T E
:
: À certains endroits, on parle de publicité et de marketing, mais pas d’information des médias. C’est le point 9…
L ’ I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T : Il me semble y avoir des choses à dire spécifiquement sur la publicité, le marketing, le pouvoir qu’ils exercent. La pub est une cible, autre que celle des médias.
A N N E - M A R I E
: La communication à la première page, c’est : télévision, publicité, marketing… Il n’y a pas la presse, par exemple.
L ’ I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T : Il me semble y avoir des choses à dire spécifiquement sur la publicité, le marketing, le pouvoir qu’ils exercent. La pub est une cible, autre que celle des médias.
A N N E - M A R I E
: La communication à la première page, c’est : télévision, publicité, marketing… Il n’y a pas la presse, par exemple.
L ’ I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T
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Nous pouvons l’ajouter effectivement. Ce sont les
A N N E - M A R I E
médias en fait. U N
: Par rapport à l’idée importante d’évaluation, en fait, cela n’apparaît pas beaucoup, à part pour la publicité à la fin sur l’élaboration de critères de responsabilité sociale. Cela ne vaudrait-il pas le coup de mettre dans le point 3 : “moderniser les processus de consultation, d’évaluation et de participation aux…” ? Sinon cette question me paraît relativement absente.
U N
G U I C H E N E Y : À propos de l’information, il en est question dans le point 1 où nous dénonçons généreusement les pays dans lesquels cela ne se passe pas bien. Nous pourrions peut-être “balayer devant notre porte” parce que je ne trouve pas que cela se passe si bien que cela chez nous. Il y a probablement une formulation sur la vraie attente à l’égard des citoyens dans un pays démocratique…
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©
: Il y a peut-être une formulation à trouver “d’être plus fidèles aux enjeux de la société d’aujourd’hui, et d’en rendre compte de façon à éclairer les citoyens”, qui sont bien malins aujourd’hui s’ils arrivent à tout deviner ; franchement, ce n’est pas avec l’information qu’on leur apporte qu’ils peuvent le faire !
U N E
: Concernant ce manifeste, il y a deux choses que j’aimerais savoir. Quel usage, au delà de la reprise annuelle du document, compte-t-on faire de ce document en matière de communication ? Souhaite-t-on, à l’issue de cette rencontre, en faire quelque chose qui porte et qui a un impact ? Si oui, il est probable, en effet, qu’il
U N
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Nous pouvons l’ajouter effectivement. Ce sont les
: Par rapport à l’idée importante d’évaluation, en fait, cela n’apparaît pas beaucoup, à part pour la publicité à la fin sur l’élaboration de critères de responsabilité sociale. Cela ne vaudrait-il pas le coup de mettre dans le point 3 : “moderniser les processus de consultation, d’évaluation et de participation aux…” ? Sinon cette question me paraît relativement absente.
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D’autre part, on évoque la responsabilité sociale et on dit : “Nous appelons les médias à relayer…” Nos médias ont quand même aussi l’impression que leur indépendance est quelque chose de très important, même si, tous les jours, on peut constater le contraire. Je ne pense pas qu’il soit habile de les appeler “à relayer”. Ils vont nous dire que ce n’est pas leur boulot de relayer.
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ACIDD et Comité 21
:
G U I C H E N E Y : À propos de l’information, il en est question dans le point 1 où nous dénonçons généreusement les pays dans lesquels cela ne se passe pas bien. Nous pourrions peut-être “balayer devant notre porte” parce que je ne trouve pas que cela se passe si bien que cela chez nous. Il y a probablement une formulation sur la vraie attente à l’égard des citoyens dans un pays démocratique…
D’autre part, on évoque la responsabilité sociale et on dit : “Nous appelons les médias à relayer…” Nos médias ont quand même aussi l’impression que leur indépendance est quelque chose de très important, même si, tous les jours, on peut constater le contraire. Je ne pense pas qu’il soit habile de les appeler “à relayer”. Ils vont nous dire que ce n’est pas leur boulot de relayer.
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médias en fait.
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Le point 7 à ce moment-là également.
: À certains endroits, on parle de publicité et de marketing, mais pas d’information des médias. C’est le point 9…
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C’est le point 4 : “On appelle les médias à relayer”…
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: Il y a peut-être une formulation à trouver “d’être plus fidèles aux enjeux de la société d’aujourd’hui, et d’en rendre compte de façon à éclairer les citoyens”, qui sont bien malins aujourd’hui s’ils arrivent à tout deviner ; franchement, ce n’est pas avec l’information qu’on leur apporte qu’ils peuvent le faire !
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: Concernant ce manifeste, il y a deux choses que j’aimerais savoir. Quel usage, au delà de la reprise annuelle du document, compte-t-on faire de ce document en matière de communication ? Souhaite-t-on, à l’issue de cette rencontre, en faire quelque chose qui porte et qui a un impact ? Si oui, il est probable, en effet, qu’il
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faille tourner la totalité de ce qui est proposé en éléments positifs, d’une part, et avec des propositions concrètes de ce qui est à mener, d’autre part.
faille tourner la totalité de ce qui est proposé en éléments positifs, d’une part, et avec des propositions concrètes de ce qui est à mener, d’autre part.
Si j’arrive au point 8, je ne suis pas certain que nous soyons dans une cohérence totale. En effet, le secteur des télécoms est évoqué ; pourquoi ce seul secteur ? Nous sommes dans un contexte multimédias, les télécoms n’en sont qu’un des éléments. En outre, à l’intérieur de ces médias, il existe de multiples supports. Si l’on parle des télécoms, il faut également parler des réseaux, et c’est probablement ce qu’on veut dire quand on lit le texte. Je pense que nous avons intérêt à améliorer un peu ce texte-là…
Si j’arrive au point 8, je ne suis pas certain que nous soyons dans une cohérence totale. En effet, le secteur des télécoms est évoqué ; pourquoi ce seul secteur ? Nous sommes dans un contexte multimédias, les télécoms n’en sont qu’un des éléments. En outre, à l’intérieur de ces médias, il existe de multiples supports. Si l’on parle des télécoms, il faut également parler des réseaux, et c’est probablement ce qu’on veut dire quand on lit le texte. Je pense que nous avons intérêt à améliorer un peu ce texte-là…
U N E
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U N E
I N T E R V E N A N T E
:
À l’élargir…
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Nous pourrions mettre : “les technologies de l’information et de la communication”, les TIC.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Dernier aspect. Nous venons de prendre connaissance de ce document. Si nous voulons en faire quelque chose d’intelligent et d’intéressant, il faut également la part de la réflexion un peu au delà de l’immédiat. Je me demande s’il ne faut pas revenir dessus, plus tard, en ayant un moment de réflexion, pas forcément en le relisant…
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En le lisant, nous avons découvert quelque chose avec lequel nous sommes tous à peu près d’accord, mais nous avons peut-être la possibilité de l’améliorer et surtout de le rendre plus percutant. C’est très important en termes de communication si nous voulons l’exploiter. : Je suis forcément d’accord sur le contenu, mais nous risquons de ne pas avoir beaucoup d’impact avec un texte de ce type parce qu’il n’est pas porteur d’une vision. Nous avons entendu tout à l’heure les jeunes qui disaient : “...donner envie, etc.”. Or, nous sommes dans le “non”, le “il ne faut pas faire ceci”, etc. Nous devons, à mon avis, plutôt porter une vision positive des engagements personnels de chacun de ceux qui sont ici et de l’exemplarité.
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: Nous pourrions mettre : “les technologies de l’information et de la communication”, les TIC.
En le lisant, nous avons découvert quelque chose avec lequel nous sommes tous à peu près d’accord, mais nous avons peut-être la possibilité de l’améliorer et surtout de le rendre plus percutant. C’est très important en termes de communication si nous voulons l’exploiter. U N E
En effet, pour moi, certains points ici sont des jugements moraux. Pourquoi les télécoms ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Nous pourrions apparaître comme sectaires ou comme portant un jugement sur des choses… Tout d’abord, peut-être des choses ont-elles été faites. Ensuite, nous risquons de nous décrédibiliser, nous ne sommes pas là pour juger de ce qui est bien ou pas. Nous pouvons vouloir que les choses soient mieux et avoir envie d’y mettre notre énergie, mais la formulation me paraît un peu sectaire. U N E
: Je suis forcément d’accord sur le contenu, mais nous risquons de ne pas avoir beaucoup d’impact avec un texte de ce type parce qu’il n’est pas porteur d’une vision. Nous avons entendu tout à l’heure les jeunes qui disaient : “...donner envie, etc.”. Or, nous sommes dans le “non”, le “il ne faut pas faire ceci”, etc. Nous devons, à mon avis, plutôt porter une vision positive des engagements personnels de chacun de ceux qui sont ici et de l’exemplarité.
I N T E R V E N A N T E
En effet, pour moi, certains points ici sont des jugements moraux. Pourquoi les télécoms ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Nous pourrions apparaître comme sectaires ou comme portant un jugement sur des choses… Tout d’abord, peut-être des choses ont-elles été faites. Ensuite, nous risquons de nous décrédibiliser, nous ne sommes pas là pour juger de ce qui est bien ou pas. Nous pouvons vouloir que les choses soient mieux et avoir envie d’y mettre notre énergie, mais la formulation me paraît un peu sectaire.
Négative ?
U N E
Oui. Cela n’aide pas, on ne fait pas passer des messages en disant…
I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T E
: Anne-Marie, il faudrait au moins que cela débouche sur un point positif. Nous pouvons dire que nous dénonçons ceci et cela, que nous ne voulons plus de tout cela, soit, et dire qu’en fonction de cela, nous avons “décidé de”… Et nous mettons là un point sur lequel nous nous engageons dans nos différentes institutions, entreprises, etc.
U N E
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:
Négative ?
Oui. Cela n’aide pas, on ne fait pas passer des messages en disant…
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: Les jeunes ont quand même appuyé tout à l’heure sur la nécessité d’introduire la crédibilité, la légitimité lorsqu’il est question de développement durable. Nous ne pouvons donc pas nous contenter d’être des bénis-oui-oui. : Anne-Marie, il faudrait au moins que cela débouche sur un point positif. Nous pouvons dire que nous dénonçons ceci et cela, que nous ne voulons plus de tout cela, soit, et dire qu’en fonction de cela, nous avons “décidé de”… Et nous mettons là un point sur lequel nous nous engageons dans nos différentes institutions, entreprises, etc.
Sinon, il est facile de dire… 66
:
: Les jeunes ont quand même appuyé tout à l’heure sur la nécessité d’introduire la crédibilité, la légitimité lorsqu’il est question de développement durable. Nous ne pouvons donc pas nous contenter d’être des bénis-oui-oui.
U N E
À l’élargir…
: Dernier aspect. Nous venons de prendre connaissance de ce document. Si nous voulons en faire quelque chose d’intelligent et d’intéressant, il faut également la part de la réflexion un peu au delà de l’immédiat. Je me demande s’il ne faut pas revenir dessus, plus tard, en ayant un moment de réflexion, pas forcément en le relisant…
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Sinon, il est facile de dire… 66
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: C’est intéressant, tous les titres commencent par “pour”. À mon avis, dans la hiérarchie de la discussion, il y a des choses…
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: C’est intéressant, tous les titres commencent par “pour”. À mon avis, dans la hiérarchie de la discussion, il y a des choses…
I N T E R V E N A N T
Je me suis fait la même réflexion sur le secteur des télécoms ; je suis en effet bien (Rires.) Mais je vois l’idée de placé pour savoir qu’il y en a d’autres sur lesquels… communication qui est derrière… J’ai bien compris.
Je me suis fait la même réflexion sur le secteur des télécoms ; je suis en effet bien (Rires.) Mais je vois l’idée de placé pour savoir qu’il y en a d’autres sur lesquels… communication qui est derrière… J’ai bien compris.
Le fait que les titres commencent tous par “pour” montre au contraire une démarche assez positive, une direction. J’avoue que la question est déjà de savoir si nous sommes d’accord sur les titres. Cela me paraît, en termes de méthode, être un premier élément.
Le fait que les titres commencent tous par “pour” montre au contraire une démarche assez positive, une direction. J’avoue que la question est déjà de savoir si nous sommes d’accord sur les titres. Cela me paraît, en termes de méthode, être un premier élément.
Ensuite, dans les textes, nous commençons vraiment à rentrer dans des questions de formulation et nous risquons d’y passer beaucoup de temps parce que, derrière, interviennent toutes les questions qui ont été soulevées : “Comment “positiver” ? Quelle action ensuite ? etc.
Ensuite, dans les textes, nous commençons vraiment à rentrer dans des questions de formulation et nous risquons d’y passer beaucoup de temps parce que, derrière, interviennent toutes les questions qui ont été soulevées : “Comment “positiver” ? Quelle action ensuite ? etc.
Je ne sais pas comment aborder la question, mais il me semble y avoir déjà l’adhésion aux principes affichés, et la formulation en ce qui concerne les titres me va globalement assez bien, sous la réserve que j’ai mentionnée au début.
Je ne sais pas comment aborder la question, mais il me semble y avoir déjà l’adhésion aux principes affichés, et la formulation en ce qui concerne les titres me va globalement assez bien, sous la réserve que j’ai mentionnée au début.
: Nous sommes dans un contexte de communication et un manifeste est un acte d’engagement… Là il y a un grand hiatus. J’ai l’impression que n’importe qui aurait pu prendre des idées-force, les titres en l’occurrence dont vous parliez, puis les éclairer par deux ou trois lignes avant d’appeler cela un manifeste.
I N T E R V E N A N T
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: Nous sommes dans un contexte de communication et un manifeste est un acte d’engagement… Là il y a un grand hiatus. J’ai l’impression que n’importe qui aurait pu prendre des idées-force, les titres en l’occurrence dont vous parliez, puis les éclairer par deux ou trois lignes avant d’appeler cela un manifeste.
I N T E R V E N A N T
Si on s’inspire des Surréalistes, de gens qui ont fait des manifestes, il faut qu’on ait envie sur les murs dans les villes d’écrire des bouts de ce manifeste. Il me semble que l’erreur fondamentale est sémantique. Il faut une idée-force, comme celle dont Luther King parle : “J’ai fait un rêve…”, c’est-à-dire une idée qui reste à tout jamais universelle.
Si on s’inspire des Surréalistes, de gens qui ont fait des manifestes, il faut qu’on ait envie sur les murs dans les villes d’écrire des bouts de ce manifeste. Il me semble que l’erreur fondamentale est sémantique. Il faut une idée-force, comme celle dont Luther King parle : “J’ai fait un rêve…”, c’est-à-dire une idée qui reste à tout jamais universelle.
Structurellement, cela ne donne pas une idée belle, grande, poétique ou politique… Donc, dans un lieu où nous sommes spécialistes en communication, si nous lançons un manifeste, nous nous nous devons d’avoir, dans la forme, une dimension qui fasse école, qui “bluffe”, qui donne envie. Autrement, c’est un joli texte qui nous donne envie entre nous…
Structurellement, cela ne donne pas une idée belle, grande, poétique ou politique… Donc, dans un lieu où nous sommes spécialistes en communication, si nous lançons un manifeste, nous nous nous devons d’avoir, dans la forme, une dimension qui fasse école, qui “bluffe”, qui donne envie. Autrement, c’est un joli texte qui nous donne envie entre nous…
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
:
Si on respecte les engagements qui sont décrits ici, c’est
A N N E - M A R I E
loin d’être anodin… L ’ I N T E R V E N A N T A N N I C K
P R É C É D E N T
:
Je parlais de la forme !
L ’ I N T E R V E N A N T
D E L H A Y E : Nous avons entendu Aline et Guy nous parler de la co-construction avec les élus, les services et la population. La première des choses aurait été, selon moi, que nous co-construisions ce manifeste aujourd’hui. Au lieu d’avoir un atelier de plus, il y en aurait un de moins, dans lequel nous aurions co-construit ensemble ; cela aurait plus de sens.
A N N I C K
Cela aurait pu être un seul atelier avec des personnes des différents groupes qui avaient envie de se pencher sur ce manifeste. U N E
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©
:
Si on respecte les engagements qui sont décrits ici, c’est
: Je pensais que, justement parce que ce manifeste s’adressait à l’ensemble du grand public, un des points importants — le premier ou le dernier, selon qu’on veut construire son futur ou regarder dans le rétroviseur de sa vie — est peut-être de lui dédier un point qui soit strictement humain, qui vise un concept,
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P R É C É D E N T
:
Je parlais de la forme !
D E L H A Y E : Nous avons entendu Aline et Guy nous parler de la co-construction avec les élus, les services et la population. La première des choses aurait été, selon moi, que nous co-construisions ce manifeste aujourd’hui. Au lieu d’avoir un atelier de plus, il y en aurait un de moins, dans lequel nous aurions co-construit ensemble ; cela aurait plus de sens.
Cela aurait pu être un seul atelier avec des personnes des différents groupes qui avaient envie de se pencher sur ce manifeste.
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ACIDD et Comité 21
S A C Q U E T
loin d’être anodin…
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: Je pensais que, justement parce que ce manifeste s’adressait à l’ensemble du grand public, un des points importants — le premier ou le dernier, selon qu’on veut construire son futur ou regarder dans le rétroviseur de sa vie — est peut-être de lui dédier un point qui soit strictement humain, qui vise un concept,
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peut-être intellectuellement utopiste, humaniste, un point dédié aux hommes et aux femmes qui vont contribuer et qui seront les porte-drapeaux d’une démarche. Nous connaissons la vôtre, Anne-Marie, et justement… U N
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:
peut-être intellectuellement utopiste, humaniste, un point dédié aux hommes et aux femmes qui vont contribuer et qui seront les porte-drapeaux d’une démarche. Nous connaissons la vôtre, Anne-Marie, et justement…
Je souscris.
U N
S A C Q U E T : Quelques éléments de réponse à ce que vous avez dit. Tout d’abord, avec Gilles, nous avons une attitude extrêmement modeste vis-à-vis de ce texte. L’an dernier, nous avons essayé de lancer le processus avec les participants. J’avais fixé un créneau d’une heure et demie pour ceux qui souhaitaient participer à sa rédaction et j’ai eu trois personnes. (Rires.)
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A N N E - M A R I E
Ici, le projet consiste plutôt à construire une bannière commune. Je rappelle qu’à la suite de ce travail, nous vous proposerons un outil de suivi d’évaluation pour chacun des points que vous auriez adoptés. Vous voyez un peu comment le travail s’articule ? Il est difficile de construire ensemble un outil précis assorti d’actions concrètes et de critères d’évaluation.
Ici, le projet consiste plutôt à construire une bannière commune. Je rappelle qu’à la suite de ce travail, nous vous proposerons un outil de suivi d’évaluation pour chacun des points que vous auriez adoptés. Vous voyez un peu comment le travail s’articule ? Il est difficile de construire ensemble un outil précis assorti d’actions concrètes et de critères d’évaluation.
Je vais transmettre vos remarques… Merci à tous.
©
ACIDD et Comité 21
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Je souscris.
S A C Q U E T : Quelques éléments de réponse à ce que vous avez dit. Tout d’abord, avec Gilles, nous avons une attitude extrêmement modeste vis-à-vis de ce texte. L’an dernier, nous avons essayé de lancer le processus avec les participants. J’avais fixé un créneau d’une heure et demie pour ceux qui souhaitaient participer à sa rédaction et j’ai eu trois personnes. (Rires.)
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Je vais transmettre vos remarques… Merci à tous.
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ATELIER 2.3
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2.3 “RSE des médias”
2.3 “RSE des médias”
M A R T I N - F E R R A R I : Elisabeth Pastore-Reiss prendra la parole la première. Elle pourra développer avec pertinence ce qui se cache derrière cette RSE puisqu’elle travaille en permanence avec le monde de l’entreprise sur ce sujet.
M A R T I N - F E R R A R I : Elisabeth Pastore-Reiss prendra la parole la première. Elle pourra développer avec pertinence ce qui se cache derrière cette RSE puisqu’elle travaille en permanence avec le monde de l’entreprise sur ce sujet.
D O M I N I Q U E
D O M I N I Q U E
Geneviève Guicheney est chargée depuis peu de la mission de développement durable au sein de France Télévisions qu’elle connaît bien puisqu’elle a été membre du CSA pendant des années. Elle connaît donc les contraintes et les atouts du groupe France Télévisions.
Geneviève Guicheney est chargée depuis peu de la mission de développement durable au sein de France Télévisions qu’elle connaît bien puisqu’elle a été membre du CSA pendant des années. Elle connaît donc les contraintes et les atouts du groupe France Télévisions.
Pierre Péan, journaliste, n’est plus à présenter.
“
ELISABETH PASTORE-REISS DIRECTRICE GÉNÉRALE, ETHICITY
Je les remercie d’être ici tous les trois pour nous aider à traiter les questions que nous allons aborder tous ensemble.
Je les remercie d’être ici tous les trois pour nous aider à traiter les questions que nous allons aborder tous ensemble.
En premier lieu, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n’avons pas très bien vu ce que nous avions à faire ensemble autour de cette question. Notamment pour Pierre, qui ne s’était pas vraiment posé la question de la responsabilité environnementale, n’étant pas spécialisé dans le domaine de l’environnement.
En premier lieu, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n’avons pas très bien vu ce que nous avions à faire ensemble autour de cette question. Notamment pour Pierre, qui ne s’était pas vraiment posé la question de la responsabilité environnementale, n’étant pas spécialisé dans le domaine de l’environnement.
Finalement, nous avons trouvé une logique assez précise aux choses qui nous préoccupaient. Il est important de savoir se poser des questions cohérentes, et c’est sans doute le thème qui va guider les propos de chacun ici : c’est essayer de trouver des cohérences entre les discours officiels et la réalité, entre ce que chacun se donne pour mission et ce que nous arrivons à faire, ou encore entre des missions définies et les conditions dans lesquelles nous les vivons aujourd’hui.
Finalement, nous avons trouvé une logique assez précise aux choses qui nous préoccupaient. Il est important de savoir se poser des questions cohérentes, et c’est sans doute le thème qui va guider les propos de chacun ici : c’est essayer de trouver des cohérences entre les discours officiels et la réalité, entre ce que chacun se donne pour mission et ce que nous arrivons à faire, ou encore entre des missions définies et les conditions dans lesquelles nous les vivons aujourd’hui.
Elisabeth, je vous laisse la parole pour définir ce qu’est la RSE, nous parlerons davantage des médias ensuite. P A S T O R E - R E I S S , directrice générale, Ethicity : Merci. Je vais simplement rappeler le cadre général de la responsabilité sociale et environnementale pour les entreprises qui sont essentiellement de droit privé. Elles sont chargées de mettre en place un reporting, au moins financier, vis-à-vis de leurs actionnaires. Il reprend chacun des points qui définissent leur périmètre de responsabilité dans leur métier.
E L I S A B E T H
Les industries de services sont globalement en retard, en particulier dans le domaine des médias, de la publicité, de la communication”
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Pierre Péan, journaliste, n’est plus à présenter.
ACIDD et Comité 21
Le premier niveau de responsabilité sociale et environnementale se situe dans l’exercice de leur métier. Les industries de services sont globalement en retard, en particulier dans le domaine des médias, de la publicité, de la communication, etc. Ce sont des secteurs d’activité qui, par rapport à l’industrie, aux villes ou d’autres secteurs, sont globalement en retard comme beaucoup de professions, entre guillemets, “intellectuelles”.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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ELISABETH PASTORE-REISS DIRECTRICE GÉNÉRALE, ETHICITY
Elisabeth, je vous laisse la parole pour définir ce qu’est la RSE, nous parlerons davantage des médias ensuite. P A S T O R E - R E I S S , directrice générale, Ethicity : Merci. Je vais simplement rappeler le cadre général de la responsabilité sociale et environnementale pour les entreprises qui sont essentiellement de droit privé. Elles sont chargées de mettre en place un reporting, au moins financier, vis-à-vis de leurs actionnaires. Il reprend chacun des points qui définissent leur périmètre de responsabilité dans leur métier.
E L I S A B E T H
Les industries de services sont globalement en retard, en particulier dans le domaine des médias, de la publicité, de la communication”
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Le premier niveau de responsabilité sociale et environnementale se situe dans l’exercice de leur métier. Les industries de services sont globalement en retard, en particulier dans le domaine des médias, de la publicité, de la communication, etc. Ce sont des secteurs d’activité qui, par rapport à l’industrie, aux villes ou d’autres secteurs, sont globalement en retard comme beaucoup de professions, entre guillemets, “intellectuelles”.
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Étant donné qu’elles sont cotées, elles rendent des comptes sur leurs résultats, sur leur transparence qui me paraît un point particulièrement important pour les médias, sur leur méthode de gouvernance, leur indépendance et leur structure de management. Je pense que c’est un sujet relativement sensible sur lequel nous reviendrons sûrement.
Étant donné qu’elles sont cotées, elles rendent des comptes sur leurs résultats, sur leur transparence qui me paraît un point particulièrement important pour les médias, sur leur méthode de gouvernance, leur indépendance et leur structure de management. Je pense que c’est un sujet relativement sensible sur lequel nous reviendrons sûrement.
Les aspects sociaux concernent la gestion des sous-traitants, les intermittents du spectacle, la parité, la formation, le temps de travail, car les modes de vie qui sont induits par ce type de métiers sont particuliers. Ce sont aussi les handicapés, les minorités, celles qui apparaissent à l’écran, de l’emploi.
Les aspects sociaux concernent la gestion des sous-traitants, les intermittents du spectacle, la parité, la formation, le temps de travail, car les modes de vie qui sont induits par ce type de métiers sont particuliers. Ce sont aussi les handicapés, les minorités, celles qui apparaissent à l’écran, de l’emploi.
Elles ont également des responsabilités environnementales dans l’exercice de leur métier, comme toute autre entreprise, pour l’informatique, le papier, le transport, dans l’ensemble des enjeux qu’elles ont. C’est également une certaine éthique vis-à-vis de la publicité, de leurs clients, de leurs fournisseurs, de leurs règles de conduite des affaires.
Elles ont également des responsabilités environnementales dans l’exercice de leur métier, comme toute autre entreprise, pour l’informatique, le papier, le transport, dans l’ensemble des enjeux qu’elles ont. C’est également une certaine éthique vis-à-vis de la publicité, de leurs clients, de leurs fournisseurs, de leurs règles de conduite des affaires.
Tout cela est un peu vrai pour l’ensemble des entreprises. Cependant, pour les entreprises de médias, le périmètre de responsabilité s’élargit à la RSE, c’est-à-dire la responsabilité sociétale. C’est une dimension tout à fait différente. Évidemment, elle est différente dans le service public car il a une mission naturelle. Je pense que Geneviève nous parlera de différenciation par l’éducation, la pédagogie, etc.
Tout cela est un peu vrai pour l’ensemble des entreprises. Cependant, pour les entreprises de médias, le périmètre de responsabilité s’élargit à la RSE, c’est-à-dire la responsabilité sociétale. C’est une dimension tout à fait différente. Évidemment, elle est différente dans le service public car il a une mission naturelle. Je pense que Geneviève nous parlera de différenciation par l’éducation, la pédagogie, etc.
Par rapport à ces enjeux, nous attendons des médias trois types de choses :
Par rapport à ces enjeux, nous attendons des médias trois types de choses :
– D’abord, ils sont une véritable caisse de résonance ; on le voit bien avec les jeunes qui parlaient de la télévision tout à l’heure. C’est l’image qu’ils projettent de la société, de la consommation, comment ils donnent à réfléchir derrière l’actualité. Le contenu fait partie du périmètre de responsabilité directe d’une entreprise de médias. C’est tout ce qu’elle véhicule et le lien qu’elle fait pour en savoir plus sur le sujet.
– D’abord, ils sont une véritable caisse de résonance ; on le voit bien avec les jeunes qui parlaient de la télévision tout à l’heure. C’est l’image qu’ils projettent de la société, de la consommation, comment ils donnent à réfléchir derrière l’actualité. Le contenu fait partie du périmètre de responsabilité directe d’une entreprise de médias. C’est tout ce qu’elle véhicule et le lien qu’elle fait pour en savoir plus sur le sujet.
– Une autre chose me parait être d’importance: comme je suis associée à un groupe qui achète 30 % d’espace de TF1, ce sont les relations d’argent qu’elle entretient avec les entreprises. Ce sont les relations commerciales ou “limites” commerciales et le type de partenariat innovant qu’elle peut mettre en place pour être un levier d’action sur la société. – Au delà du financement, c’est la manière dont elle utilise son pouvoir sur les gens qui n’ont accès qu’à ce média.
Le contenu fait partie du périmètre de responsabilité directe d’une entreprise de médias”
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Ensuite, la télévision n’est pas le seul média, nous avons également tous les médias locaux et de plus en plus Internet qui, selon moi, change complètement les relations à l’information. Il ouvre de nouveaux champs qui, pour l’instant semble-t-il, ne sont pas encore complètement cadrés.
Certains portails mettent en place une démarche déontologique. On trouve des organes de régulation comme le BVP qui vient de sortir une recommandation sur Internet ou bien encore, l’Union des annonceurs, les agences de conseil en communication, les syndicats d’acheteurs d’espaces, etc. Chacun essaie de s’autoréguler au regard des enjeux majeurs de société véhiculés par la publicité que sont l’obésité, le tabac, l’alcool, les écrans sur les jeunes, etc. Au delà des intérêts commerciaux, il existe un énorme travail à faire sur le contenu. C’est un “ménage” particulièrement difficile dans le métier des médias par rapport à une entreprise classique. Ce sont des entreprises dont la nature et la responsabilité sont bien supérieures aux autres.
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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– Une autre chose me parait être d’importance: comme je suis associée à un groupe qui achète 30 % d’espace de TF1, ce sont les relations d’argent qu’elle entretient avec les entreprises. Ce sont les relations commerciales ou “limites” commerciales et le type de partenariat innovant qu’elle peut mettre en place pour être un levier d’action sur la société. – Au delà du financement, c’est la manière dont elle utilise son pouvoir sur les gens qui n’ont accès qu’à ce média.
Le contenu fait partie du périmètre de responsabilité directe d’une entreprise de médias”
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Ensuite, la télévision n’est pas le seul média, nous avons également tous les médias locaux et de plus en plus Internet qui, selon moi, change complètement les relations à l’information. Il ouvre de nouveaux champs qui, pour l’instant semble-t-il, ne sont pas encore complètement cadrés.
Certains portails mettent en place une démarche déontologique. On trouve des organes de régulation comme le BVP qui vient de sortir une recommandation sur Internet ou bien encore, l’Union des annonceurs, les agences de conseil en communication, les syndicats d’acheteurs d’espaces, etc. Chacun essaie de s’autoréguler au regard des enjeux majeurs de société véhiculés par la publicité que sont l’obésité, le tabac, l’alcool, les écrans sur les jeunes, etc. Au delà des intérêts commerciaux, il existe un énorme travail à faire sur le contenu. C’est un “ménage” particulièrement difficile dans le métier des médias par rapport à une entreprise classique. Ce sont des entreprises dont la nature et la responsabilité sont bien supérieures aux autres.
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ATELIER 2.3
M A R T I N - F E R R A R I : Avant de passer la parole à Geneviève, pouvons-nous dire que les critères sont suffisants et que cette notion de RSE a réellement un sens ? Ou est-ce encore une nouvelle formule qui brasse d’anciens concepts, ce qui perd un peu plus encore les gens dans la technocratie ?
D O M I N I Q U E
P A S T O R E - R E I S S : Bien sûr, il existe des critères mondiaux qui établissent la performance et des indicateurs pour les entreprises, mais deux attitudes sont possibles.
E L I S A B E T H
D O M I N I Q U E
E L I S A B E T H
GENEVIÈVE GUICHENEY CHARGÉE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE AU SEIN DE FRANCE TÉLÉVISIONS
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P A S T O R E - R E I S S : Bien sûr, il existe des critères mondiaux qui établissent la performance et des indicateurs pour les entreprises, mais deux attitudes sont possibles.
On navigue à court terme et on remplit des tableaux d’indicateurs”
Soit on fait du reporting en répondant aux critères sans avoir de démarche véritablement volontariste, on ne projette pas son entreprise dans une vision à dix ans, on navigue à court terme et on remplit des tableaux d’indicateurs. C’est sans doute le cas pour les rapports de développement durable de certains médias aujourd’hui.
Soit on est dans une logique volontariste avec une vision de son entreprise à long terme, de ce qu’elle doit être, de son engagement dans la société et par rapport à l’ensemble des sujets.
Soit on est dans une logique volontariste avec une vision de son entreprise à long terme, de ce qu’elle doit être, de son engagement dans la société et par rapport à l’ensemble des sujets.
Ces critères servent de support, mais tout dépend de l’engagement de la direction générale et des actionnaires, ainsi que du type de retour sur investissement qu’ils attendent sur le plan qualitatif et quantitatif. C’est donc une démarche méthodologique, avec des process. Ensuite, il faut un souffle, une vision de ce que l’on veut en faire et comment tout ceci est porté quotidiennement en interne par les collaborateurs. Tout dépend du guide line qui leur est donné afin de traiter les sujets dans une vision de développement durable.
Ces critères servent de support, mais tout dépend de l’engagement de la direction générale et des actionnaires, ainsi que du type de retour sur investissement qu’ils attendent sur le plan qualitatif et quantitatif. C’est donc une démarche méthodologique, avec des process. Ensuite, il faut un souffle, une vision de ce que l’on veut en faire et comment tout ceci est porté quotidiennement en interne par les collaborateurs. Tout dépend du guide line qui leur est donné afin de traiter les sujets dans une vision de développement durable.
Pour moi, par exemple dans le domaine des médias, il ne s’agit pas seulement de faire des émissions sur les enjeux du développement durable. Il faut également voir comment les sujets d’actualité traités tous les jours ont une résonance avec les changements climatiques, par exemple. C’est aussi la façon dont les choses sont insufflées en interne par les gens qui portent l’entreprise. C’est vraiment une question de volonté, de vision, d’ambition et d’engagement.
GENEVIÈVE GUICHENEY CHARGÉE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE AU SEIN DE FRANCE TÉLÉVISIONS
Pour moi, par exemple dans le domaine des médias, il ne s’agit pas seulement de faire des émissions sur les enjeux du développement durable. Il faut également voir comment les sujets d’actualité traités tous les jours ont une résonance avec les changements climatiques, par exemple. C’est aussi la façon dont les choses sont insufflées en interne par les gens qui portent l’entreprise. C’est vraiment une question de volonté, de vision, d’ambition et d’engagement.
M A R T I N - F E R R A R I : Merci. Geneviève, vous traitez les deux aspects, car vous devez insuffler au sein de France Télévisions cette RSE et vous avez déjà des réflexions sur les contenus et la responsabilité sociétale.
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I : Merci. Geneviève, vous traitez les deux aspects, car vous devez insuffler au sein de France Télévisions cette RSE et vous avez déjà des réflexions sur les contenus et la responsabilité sociétale.
G U I C H E N E Y : Lorsque j’ai proposé à France Télévisions de s’intéresser au développement durable, ils ne savaient pas cinq minutes auparavant qu’ils allaient prendre cette décision. D’ailleurs, je ne pensais pas qu’ils la prendraient si vite comme une évidence absolue.
G E N E V I È V E
G U I C H E N E Y : Lorsque j’ai proposé à France Télévisions de s’intéresser au développement durable, ils ne savaient pas cinq minutes auparavant qu’ils allaient prendre cette décision. D’ailleurs, je ne pensais pas qu’ils la prendraient si vite comme une évidence absolue.
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On navigue à court terme et on remplit des tableaux d’indicateurs”
Soit on fait du reporting en répondant aux critères sans avoir de démarche véritablement volontariste, on ne projette pas son entreprise dans une vision à dix ans, on navigue à court terme et on remplit des tableaux d’indicateurs. C’est sans doute le cas pour les rapports de développement durable de certains médias aujourd’hui.
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M A R T I N - F E R R A R I : Avant de passer la parole à Geneviève, pouvons-nous dire que les critères sont suffisants et que cette notion de RSE a réellement un sens ? Ou est-ce encore une nouvelle formule qui brasse d’anciens concepts, ce qui perd un peu plus encore les gens dans la technocratie ?
Cela signifie-t-il que France Télévisions “découvre”, entre guillemets, le développement durable et que nous partons de rien ? Certainement pas et heureusement. Comme M. Jourdain avec la prose, on s’aperçoit que certaines choses étaient déjà faites sans en avoir conscience et sans en avoir fait le répertoire.
Cela signifie-t-il que France Télévisions “découvre”, entre guillemets, le développement durable et que nous partons de rien ? Certainement pas et heureusement. Comme M. Jourdain avec la prose, on s’aperçoit que certaines choses étaient déjà faites sans en avoir conscience et sans en avoir fait le répertoire.
Je n’ai eu que de bonnes surprises. Des gens se sont immédiatement proposés pour faire quelque chose et m’ont demandé quand il fallait commencer. D’autres m’ont dit “Késaco le développement durable ?” Quelqu’un a fait un drôle de rapprochement et j’ai pensé qu’il y aurait beaucoup de travail. Ensuite, je me suis rendu compte que ceux qui ne se sentaient pas concernés n’étaient pas très nombreux.
Je n’ai eu que de bonnes surprises. Des gens se sont immédiatement proposés pour faire quelque chose et m’ont demandé quand il fallait commencer. D’autres m’ont dit “Késaco le développement durable ?” Quelqu’un a fait un drôle de rapprochement et j’ai pensé qu’il y aurait beaucoup de travail. Ensuite, je me suis rendu compte que ceux qui ne se sentaient pas concernés n’étaient pas très nombreux.
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Certains, dans leur vie personnelle, font déjà beaucoup de choses. Quelqu’un m’a envoyé un message me disant de lui demander tout ce que je voulais. Nous avions beaucoup à échanger, car ses responsabilités le faisaient intervenir dans mon champ d’action. Il m’a dit: “Je fais cela, car j’ai trois enfants.” À une quarantaine d’années, il estimait que cette responsabilité de père rencontrait enfin celle du salarié qu’il est. Il trouvait que c’était une des meilleures nouvelles qu’il ait entendues; enfin on allait s’y intéresser!
Certains, dans leur vie personnelle, font déjà beaucoup de choses. Quelqu’un m’a envoyé un message me disant de lui demander tout ce que je voulais. Nous avions beaucoup à échanger, car ses responsabilités le faisaient intervenir dans mon champ d’action. Il m’a dit: “Je fais cela, car j’ai trois enfants.” À une quarantaine d’années, il estimait que cette responsabilité de père rencontrait enfin celle du salarié qu’il est. Il trouvait que c’était une des meilleures nouvelles qu’il ait entendues; enfin on allait s’y intéresser!
J’avais deux façons de faire ; j’attaquais en disant, “nous sommes nuls” ou bien, ma tendance étant d’être, sur un fond de désespoir total, volontairement optimiste comme le dit Hubert Reeves, en disant : “Nous savons déjà faire des choses”.
J’avais deux façons de faire ; j’attaquais en disant, “nous sommes nuls” ou bien, ma tendance étant d’être, sur un fond de désespoir total, volontairement optimiste comme le dit Hubert Reeves, en disant : “Nous savons déjà faire des choses”.
De mon point de vue et ce n’est pas forcément celui de France Télévisions, car il ne nous a pas échappé que nous avons changé de président, le développement durable est une question de positionnement. Il s’agit de faire bouger ce groupe qui représente 11 000 salariés et qui a un profil extraordinaire. Quel est le groupe de télévision qui a autant de kilomètres de côtes. Nous avons RFO avec tous ces territoires d’outre-mer, et qui est aux avant-postes des difficultés auxquelles nous sommes soumis. Ils sont preneurs de toute suggestion et action.
De mon point de vue et ce n’est pas forcément celui de France Télévisions, car il ne nous a pas échappé que nous avons changé de président, le développement durable est une question de positionnement. Il s’agit de faire bouger ce groupe qui représente 11 000 salariés et qui a un profil extraordinaire. Quel est le groupe de télévision qui a autant de kilomètres de côtes. Nous avons RFO avec tous ces territoires d’outre-mer, et qui est aux avant-postes des difficultés auxquelles nous sommes soumis. Ils sont preneurs de toute suggestion et action.
Dans un premier temps, je fais donc un état des lieux et je propose un plan d’action en tant qu’entreprise et en tant que média, puisque ma mission me donne compétence sur les deux plans, ce qui est très intéressant. On aurait pu penser que cela n’avait pas de rapport en interne mais, en fait, spontanément, des gens m’ont dit: “Quelle crédibilité auronsnous à l’antenne si nous ne faisons rien en tant qu’entreprise?
Dans un premier temps, je fais donc un état des lieux et je propose un plan d’action en tant qu’entreprise et en tant que média, puisque ma mission me donne compétence sur les deux plans, ce qui est très intéressant. On aurait pu penser que cela n’avait pas de rapport en interne mais, en fait, spontanément, des gens m’ont dit: “Quelle crédibilité auronsnous à l’antenne si nous ne faisons rien en tant qu’entreprise?
L’écoute et les attentes de certains responsables que j’ai rencontrés étaient absolument extraordinaires. Je trouve aussi très intéressant de faire marcher cet ensemble, c’està-dire les services administratifs, la maintenance, tous les services qui ont été filialisés. C’est d’ailleurs une grande mode, on a même filialisé l’accueil! Je trouve que, dans une société de communication, c’est fantastique d’abandonner le contrôle de cela, car ce sont des indications… Je ne vais pas m’étendre, ce serait trop long.
L’écoute et les attentes de certains responsables que j’ai rencontrés étaient absolument extraordinaires. Je trouve aussi très intéressant de faire marcher cet ensemble, c’està-dire les services administratifs, la maintenance, tous les services qui ont été filialisés. C’est d’ailleurs une grande mode, on a même filialisé l’accueil! Je trouve que, dans une société de communication, c’est fantastique d’abandonner le contrôle de cela, car ce sont des indications… Je ne vais pas m’étendre, ce serait trop long.
En tant qu’entreprise, France Télévisions peut agir et agit déjà dans beaucoup de domaines. Ce que beaucoup ne savaient pas. Je pourrais prendre des exemples plus tard si cela vous intéresse. Être un service public est une sorte de voie royale pour donner à France Télévisions la vocation naturelle à sensibiliser tous aux enjeux du développement durable.
En tant qu’entreprise, France Télévisions peut agir et agit déjà dans beaucoup de domaines. Ce que beaucoup ne savaient pas. Je pourrais prendre des exemples plus tard si cela vous intéresse. Être un service public est une sorte de voie royale pour donner à France Télévisions la vocation naturelle à sensibiliser tous aux enjeux du développement durable.
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Je suis une militante du retour à la complexité des choses. Rien n’est plus meurtrier à notre époque que les réponses simplistes ou morales. Il faut permettre aux gens de s’emparer de réponses complexes à des problèmes qui le sont tout autant. Pour cela, il faut leur apporter des éléments d’appréciation de la situation. On pourrait faire le constat d’exemples catastrophiques de ce qui peut se faire ou se dire sur toutes les antennes, y compris celles du service public. Il est vrai que je suis moins indulgente et plus triste lorsque c’est lui qui est en cause.
Je suis une militante du retour à la complexité des choses. Rien n’est plus meurtrier à notre époque que les réponses simplistes ou morales. Il faut permettre aux gens de s’emparer de réponses complexes à des problèmes qui le sont tout autant. Pour cela, il faut leur apporter des éléments d’appréciation de la situation. On pourrait faire le constat d’exemples catastrophiques de ce qui peut se faire ou se dire sur toutes les antennes, y compris celles du service public. Il est vrai que je suis moins indulgente et plus triste lorsque c’est lui qui est en cause.
Mais, il est vrai qu’on a une sensation Rien n’est plus meurtrier de prolétarisation du métier de journaliste, à notre époque que Pierre vous en parlera certainement. les réponses simplistes Maintenant que je suis passée de l’autre côté de la barrière, je suis régulièrement ou morales” sollicitée pour répondre à des interviews, mais je n’ai qu’une demi-heure parce qu’il faut que tout soit bouclé le soir, alors que le sujet pouvait attendre ou être préparé huit jours avant. Je vois la dégradation des conditions de travail dont les effets se font ressentir à l’antenne. On retrouve une absence de perspective qui ne contribue pas précisément à la compréhension des sujets.
Mais, il est vrai qu’on a une sensation Rien n’est plus meurtrier de prolétarisation du métier de journaliste, à notre époque que Pierre vous en parlera certainement. les réponses simplistes Maintenant que je suis passée de l’autre côté de la barrière, je suis régulièrement ou morales” sollicitée pour répondre à des interviews, mais je n’ai qu’une demi-heure parce qu’il faut que tout soit bouclé le soir, alors que le sujet pouvait attendre ou être préparé huit jours avant. Je vois la dégradation des conditions de travail dont les effets se font ressentir à l’antenne. On retrouve une absence de perspective qui ne contribue pas précisément à la compréhension des sujets.
Par exemple, la fièvre aphteuse a provoqué beaucoup d’émoi chez les téléspectateurs qui en avaient assez de voir les tas d’animaux que l’on brûlait. C’était extrêmement traumatisant et violemment commenté. D’autre part, ils ne voyaient pas bien où était l’information dans ce domaine.
Par exemple, la fièvre aphteuse a provoqué beaucoup d’émoi chez les téléspectateurs qui en avaient assez de voir les tas d’animaux que l’on brûlait. C’était extrêmement traumatisant et violemment commenté. D’autre part, ils ne voyaient pas bien où était l’information dans ce domaine.
Un jour, une journaliste dit une grosse bêtise à ce sujet et le médiateur de l’information de France 2 lui demande si elle peut venir dans son émission. La jeune femme lui a répondu qu’elle ne pourrait pas répondre, car elle ne connaissait rien au sujet. En fait, ce jour-là, elle était de permanence et avait donc traité le sujet. Le médiateur a donc eu la curiosité de regarder par qui ce sujet avait été traité. Sur une courte période, trente-cinq journalistes différents de la rédaction avaient parlé de la fièvre aphteuse, et la plupart n’y connaissaient strictement rien. Il se trouve que ce sujet n’était pas complètement étranger aux préoccupations environnementales et au développement durable, et on voit bien là l’origine des difficultés dans ce domaine.
Sur une courte période, trente-cinq journalistes différents de la rédaction avaient parlé de la fièvre aphteuse, et la plupart n’y connaissaient strictement rien”
La non-spécialisation est une sorte d’évolution moderne des rédactions. L’un des ennemis du développement durable est la modernité. C’est elle qui fait qu’un service public ne doit plus en être un, mais il faut plus que jamais qu’il y ait un service public! Il a un champ d’action qui n’a jamais été aussi urgent, aussi important pour s’abstraire d’un certain nombre de contraintes.
Évidemment, les politiques ont un rôle à jouer parce que le service public n’existe que par la volonté politique. Les moyens qu’on lui donne pour exister sont la condition même de l’exercice de ses compétences et du respect de son cahier des charges. France Télévisions a d’ailleurs une charte de l’antenne… Vous me direz qu’elle est accessible sur le site Internet, mais qu’il faudrait qu’elle soit mieux appliquée.
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Un jour, une journaliste dit une grosse bêtise à ce sujet et le médiateur de l’information de France 2 lui demande si elle peut venir dans son émission. La jeune femme lui a répondu qu’elle ne pourrait pas répondre, car elle ne connaissait rien au sujet. En fait, ce jour-là, elle était de permanence et avait donc traité le sujet. Le médiateur a donc eu la curiosité de regarder par qui ce sujet avait été traité. Sur une courte période, trente-cinq journalistes différents de la rédaction avaient parlé de la fièvre aphteuse, et la plupart n’y connaissaient strictement rien. Il se trouve que ce sujet n’était pas complètement étranger aux préoccupations environnementales et au développement durable, et on voit bien là l’origine des difficultés dans ce domaine.
Sur une courte période, trente-cinq journalistes différents de la rédaction avaient parlé de la fièvre aphteuse, et la plupart n’y connaissaient strictement rien”
Il n’empêche que nous avons fourni aux téléspectateurs une base sur laquelle ils peuvent se référer pour interpeller France Télévisions. Cela leur permet de nous dire parfois : “Que faites-vous avec notre argent ?”
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La non-spécialisation est une sorte d’évolution moderne des rédactions. L’un des ennemis du développement durable est la modernité. C’est elle qui fait qu’un service public ne doit plus en être un, mais il faut plus que jamais qu’il y ait un service public! Il a un champ d’action qui n’a jamais été aussi urgent, aussi important pour s’abstraire d’un certain nombre de contraintes.
Évidemment, les politiques ont un rôle à jouer parce que le service public n’existe que par la volonté politique. Les moyens qu’on lui donne pour exister sont la condition même de l’exercice de ses compétences et du respect de son cahier des charges. France Télévisions a d’ailleurs une charte de l’antenne… Vous me direz qu’elle est accessible sur le site Internet, mais qu’il faudrait qu’elle soit mieux appliquée. Il n’empêche que nous avons fourni aux téléspectateurs une base sur laquelle ils peuvent se référer pour interpeller France Télévisions. Cela leur permet de nous dire parfois : “Que faites-vous avec notre argent ?”
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Le service public a l’ardente obligation de s’adresser à l’intelligence des êtres humains. C’est pourquoi je suis très contente d’être dans le service public. L’humain n’est pas toujours intelligent, aucun de nous ne l’est. Nous avons nos qualités et nos défauts dont nous nous arrangeons comme nous le pouvons.
Le service public a l’ardente obligation de s’adresser à l’intelligence des êtres humains. C’est pourquoi je suis très contente d’être dans le service public. L’humain n’est pas toujours intelligent, aucun de nous ne l’est. Nous avons nos qualités et nos défauts dont nous nous arrangeons comme nous le pouvons.
Les téléspectateurs du service public nous disent : “Arrêtez de vous adresser à la pire part de nous-mêmes en anticipant sur nos goûts supposés. Vous êtes un service public…” Ils ont une vraie attente à l’égard du service public et savent très bien le dire. Je reprends les mots d’Elisabeth qui sont : ambition, respect, volonté. Il n’y a pas de fatalité à dire aux gens qu’ils sont des imbéciles.
Les téléspectateurs du service public nous disent : “Arrêtez de vous adresser à la pire part de nous-mêmes en anticipant sur nos goûts supposés. Vous êtes un service public…” Ils ont une vraie attente à l’égard du service public et savent très bien le dire. Je reprends les mots d’Elisabeth qui sont : ambition, respect, volonté. Il n’y a pas de fatalité à dire aux gens qu’ils sont des imbéciles.
J’ai des exemples très nombreux de téléspectateurs qui regardaient en nombre certaines émissions… Évidemment, on va vous dire que le mauvais goût des téléspectateurs qui regardent les “réalités” sur TF1 oblige France 2 à ignorer qu’avec “l’Odyssée de l’espèce”, “Pompeï”, “Fatou la Malienne”…
J’ai des exemples très nombreux de téléspectateurs qui regardaient en nombre certaines émissions… Évidemment, on va vous dire que le mauvais goût des téléspectateurs qui regardent les “réalités” sur TF1 oblige France 2 à ignorer qu’avec “l’Odyssée de l’espèce”, “Pompeï”, “Fatou la Malienne”…
Par exemple, “C’est pas sorcier” est une excellente émission qui fait des audiences faramineuses. Mais, à brûle-pourpoint, si on disait à un responsable : “Faisons une émission sur les volcans à 5heures et demi de l’après-midi”, il vous répondrait: “Pourquoi ne pas aller me jeter dans la Seine avec un caillou autour du cou ?” Eh bien, c’est la plus forte audience et cette émission en est à sa septième diffusion. Les téléspectateurs répondent présents et sont contents.
Par exemple, “C’est pas sorcier” est une excellente émission qui fait des audiences faramineuses. Mais, à brûle-pourpoint, si on disait à un responsable : “Faisons une émission sur les volcans à 5heures et demi de l’après-midi”, il vous répondrait: “Pourquoi ne pas aller me jeter dans la Seine avec un caillou autour du cou ?” Eh bien, c’est la plus forte audience et cette émission en est à sa septième diffusion. Les téléspectateurs répondent présents et sont contents.
Si nous faisons un inventaire pour voir les choses que nous faisons… Simplement, il faut les assumer et dire aux téléspectateurs que nous pouvons, ensemble, faire un certain nombre de choses.
Si nous faisons un inventaire pour voir les choses que nous faisons… Simplement, il faut les assumer et dire aux téléspectateurs que nous pouvons, ensemble, faire un certain nombre de choses.
J’ai décidé de présenter ces projets de façon positive. Finalement, un directeur général dont je m’attendais qu’il me dise : “La barbe, avant il y avait les spectateurs, maintenant la voilà avec le développement durable…”, m’a dit qu’il trouvait très bien ce que je lui présentais. Je me suis réjouie qu’il veuille suivre parcequ’évidemment, tout cela représente beaucoup d’argent. Je vais leur proposer des normes HQE pour les nouvelles stations. Ce que certains ont d’ailleurs déjà proposé. Il faut ouvrir cet espace.
J’ai décidé de présenter ces projets de façon positive. Finalement, un directeur général dont je m’attendais qu’il me dise : “La barbe, avant il y avait les spectateurs, maintenant la voilà avec le développement durable…”, m’a dit qu’il trouvait très bien ce que je lui présentais. Je me suis réjouie qu’il veuille suivre parcequ’évidemment, tout cela représente beaucoup d’argent. Je vais leur proposer des normes HQE pour les nouvelles stations. Ce que certains ont d’ailleurs déjà proposé. Il faut ouvrir cet espace.
Je ne peux pas vous dire tout ce qu’il y a dans mon rapport, car il ne sera achevé qu’à la fin de l’année. Je vais simplement vous donner deux citations…
Je ne peux pas vous dire tout ce qu’il y a dans mon rapport, car il ne sera achevé qu’à la fin de l’année. Je vais simplement vous donner deux citations…
Dans un premier temps, on pourra reprocher aux gens de ne pas avoir bougé, car on leur aura donné une chance, des éléments pour le faire. Mais, par avance, décider que cela ne les intéressera pas… On n’a pas le droit d’agir ainsi. On doit d’abord donner et pour dire éventuellement, ensuite, qu’on a donné de la confiture à des cochons. Mais, il faut déjà agir.
Dans un premier temps, on pourra reprocher aux gens de ne pas avoir bougé, car on leur aura donné une chance, des éléments pour le faire. Mais, par avance, décider que cela ne les intéressera pas… On n’a pas le droit d’agir ainsi. On doit d’abord donner et pour dire éventuellement, ensuite, qu’on a donné de la confiture à des cochons. Mais, il faut déjà agir.
Je vous donnerai deux citations, l’une est de Hans Jonas : “Agis de telle sorte qu’il existe encore une humanité après toi, et aussi longtemps que possible.” Il dit également : “Agis de telle sorte que les effets de ton action soit compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur la Terre.” À la fin du rapport, je leur donne celle de Bergson : “Que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire.” Je trouve que ce n’est pas un mauvais programme.
Je vous donnerai deux citations, l’une est de Hans Jonas : “Agis de telle sorte qu’il existe encore une humanité après toi, et aussi longtemps que possible.” Il dit également : “Agis de telle sorte que les effets de ton action soit compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur la Terre.” À la fin du rapport, je leur donne celle de Bergson : “Que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire.” Je trouve que ce n’est pas un mauvais programme.
M A R T I N - F E R R A R I : Cela reprend beaucoup de ce que nous disons depuis tout à l’heure, c’est-à-dire la notion de toujours reporter ailleurs ce que nous devons faire maintenant.
M A R T I N - F E R R A R I : Cela reprend beaucoup de ce que nous disons depuis tout à l’heure, c’est-à-dire la notion de toujours reporter ailleurs ce que nous devons faire maintenant.
D O M I N I Q U E
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Pierre, je suis sûre que vous avez beaucoup de choses à nous dire. 162
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Pierre, je suis sûre que vous avez beaucoup de choses à nous dire. 162
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P I E R R E
PIERRE PÉAN, JOURNALISTE
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: Je me suis surtout beaucoup interrogé en quoi je pourrais apporter quelque chose à cette assemblée qui connaît bien le développement durable. Je me suis beaucoup frappé la tête après notre discussion. Je pense que la seule chose que je peux faire est d’apporter un certain témoignage.
P E A N
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P I E R R E
Dans les années 70, que voulait dire traiter les pouvoirs et les contre-pouvoirs ?”
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: Je me suis surtout beaucoup interrogé en quoi je pourrais apporter quelque chose à cette assemblée qui connaît bien le développement durable. Je me suis beaucoup frappé la tête après notre discussion. Je pense que la seule chose que je peux faire est d’apporter un certain témoignage.
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Dans les années 70, que voulait dire traiter les pouvoirs et les contre-pouvoirs ?”
Cela fait trente-six ans que je suis enquêteur et cinquante ans que je suis citoyen. De ce temps passé, j’ai vu de profondes mutations, notamment une profonde mutation du paysage médiatique et de ses règles du jeu. Je peux faire un trajet ultra rapide pour arriver à ce que j’ai découvert durant ces dernières années.
Cela fait trente-six ans que je suis enquêteur et cinquante ans que je suis citoyen. De ce temps passé, j’ai vu de profondes mutations, notamment une profonde mutation du paysage médiatique et de ses règles du jeu. Je peux faire un trajet ultra rapide pour arriver à ce que j’ai découvert durant ces dernières années.
J’ai mené ces trente-six ans d’enquête avec un seul thème, tout ce qui tourne autour des hommes de pouvoir et des contre-pouvoirs, et ce, avec un esprit bien précis, celui de la Résistance qui n’était encore pas perdu à l’époque. C’était l’esprit de la reconstruction avec une société différente où le mot “solidarité” avait un sens avec l’application de la Sécurité sociale. Les nationalisations avaient été faites. Les journalistes avaient encore le sentiment, même si c’était atténué, d’avoir une fonction de service public dans la société, même s’ils appartenaient au secteur privé. Ils faisaient appel à l’intelligence des gens et essayaient de les éduquer. C’était l’esprit des premières chaînes de télévision.
J’ai mené ces trente-six ans d’enquête avec un seul thème, tout ce qui tourne autour des hommes de pouvoir et des contre-pouvoirs, et ce, avec un esprit bien précis, celui de la Résistance qui n’était encore pas perdu à l’époque. C’était l’esprit de la reconstruction avec une société différente où le mot “solidarité” avait un sens avec l’application de la Sécurité sociale. Les nationalisations avaient été faites. Les journalistes avaient encore le sentiment, même si c’était atténué, d’avoir une fonction de service public dans la société, même s’ils appartenaient au secteur privé. Ils faisaient appel à l’intelligence des gens et essayaient de les éduquer. C’était l’esprit des premières chaînes de télévision.
PIERRE PÉAN, JOURNALISTE
Dans les années 70, que voulait dire traiter les pouvoirs et les contre-pouvoirs ? Le mot “indépendance” avait encore une résonance forte en France. Cela voulait dire ; recherche de pétrole, d’atomes et de pays où on pouvait trouver ces choses, c’est-àdire l’Afrique.
Dans les années 70, que voulait dire traiter les pouvoirs et les contre-pouvoirs ? Le mot “indépendance” avait encore une résonance forte en France. Cela voulait dire ; recherche de pétrole, d’atomes et de pays où on pouvait trouver ces choses, c’est-àdire l’Afrique.
L’État avait fait un effort extraordinaire pour aller vers cette indépendance mais, ce faisant, sans aucune transparence. C’est dans cet espace que je me suis introduit. J’ai travaillé sur les services secrets qui protégeaient tout ce qui concernait l’énergie atomique, le pétrole, l’Afrique. Autrement dit, jusqu’au début des années 90, mon axe d’attaque était le pouvoir politique et la façon dont il en abusait pour réaliser ses objectifs.
L’État avait fait un effort extraordinaire pour aller vers cette indépendance mais, ce faisant, sans aucune transparence. C’est dans cet espace que je me suis introduit. J’ai travaillé sur les services secrets qui protégeaient tout ce qui concernait l’énergie atomique, le pétrole, l’Afrique. Autrement dit, jusqu’au début des années 90, mon axe d’attaque était le pouvoir politique et la façon dont il en abusait pour réaliser ses objectifs.
Et puis, comme tout le monde, j’ai vécu ces mutations qui ont commencé. Évidemment, elles n’ont pas commencé à un moment déterminé, mais on les voit surtout apparaître dans les années 80. À cette époque, il se passe beaucoup de choses dans les médias. C’est la libéralisation des radios et des changements très forts dans la télévision. En 1987, la première chaîne passe au privé.
Et puis, comme tout le monde, j’ai vécu ces mutations qui ont commencé. Évidemment, elles n’ont pas commencé à un moment déterminé, mais on les voit surtout apparaître dans les années 80. À cette époque, il se passe beaucoup de choses dans les médias. C’est la libéralisation des radios et des changements très forts dans la télévision. En 1987, la première chaîne passe au privé.
Dans l’espace de quelques années, on constate un bouleversement total. Les médias sont pris par Bouygues, Lagardère, Dassault, en fin de compte, par le CAC40, avec des conséquences extraordinairement importantes. Je n’ai pas réagi tout de suite, mais un peu plus vite que d’autres. Beaucoup de journalistes font comme si le pouvoir politique était encore le plus important. À mon avis, c’est complètement faux. Le pouvoir politique n’existe que par l’œil des journalistes, et ce n’est pas lui qui est le plus important dans le fonctionnement de la société.
Les médias sont pris par Bouygues, Lagardère, Dassault, en fin de compte, par le CAC40”
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Petit à petit, toujours avec ce même esprit, j’ai essayé de comprendre certains rouages. Je suis un privilégié, car je peux prendre du temps pour cela. Je n’ai pas de conception morale à imposer, mais je peux démonter des mécanismes et les présenter au citoyen qui en fait ce qu’il en veut.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Dans l’espace de quelques années, on constate un bouleversement total. Les médias sont pris par Bouygues, Lagardère, Dassault, en fin de compte, par le CAC40, avec des conséquences extraordinairement importantes. Je n’ai pas réagi tout de suite, mais un peu plus vite que d’autres. Beaucoup de journalistes font comme si le pouvoir politique était encore le plus important. À mon avis, c’est complètement faux. Le pouvoir politique n’existe que par l’œil des journalistes, et ce n’est pas lui qui est le plus important dans le fonctionnement de la société.
Les médias sont pris par Bouygues, Lagardère, Dassault, en fin de compte, par le CAC40”
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Petit à petit, toujours avec ce même esprit, j’ai essayé de comprendre certains rouages. Je suis un privilégié, car je peux prendre du temps pour cela. Je n’ai pas de conception morale à imposer, mais je peux démonter des mécanismes et les présenter au citoyen qui en fait ce qu’il en veut.
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Je fais rarement des conclusions dans mes livres. Je mets tout sur la table et aux autres… À part quelques exceptions récentes où cela a été jusqu’à la polémique, mais généralement mon travail consiste à exposer des faits.
Je fais rarement des conclusions dans mes livres. Je mets tout sur la table et aux autres… À part quelques exceptions récentes où cela a été jusqu’à la polémique, mais généralement mon travail consiste à exposer des faits.
À un moment donné, il s’est imposé à moi qu’il n’était plus possible de traiter les médias de la même façon. C’est pourquoi, après quelques années, après avoir hésité parce que je savais que je m’attaquais à un gros morceau, je me suis lancé sur TF1. C’était un pouvoir qui intervenait très fortement dans la vie politique, économique et sociale, ce qui posait des problèmes car celui qui avait pu acheter cet outil était également en rapport étroit avec l’État par des marchés publics.
À un moment donné, il s’est imposé à moi qu’il n’était plus possible de traiter les médias de la même façon. C’est pourquoi, après quelques années, après avoir hésité parce que je savais que je m’attaquais à un gros morceau, je me suis lancé sur TF1. C’était un pouvoir qui intervenait très fortement dans la vie politique, économique et sociale, ce qui posait des problèmes car celui qui avait pu acheter cet outil était également en rapport étroit avec l’État par des marchés publics.
J’ai essayé de montrer, et ce n’était pas valable seulement pour TF1 mais pour d’autres médias, quel était le poids de l’Audimat et le fait qu’on essaie d’anticiper ce que pense le téléspectateur pour y coller au mieux.
J’ai essayé de montrer, et ce n’était pas valable seulement pour TF1 mais pour d’autres médias, quel était le poids de l’Audimat et le fait qu’on essaie d’anticiper ce que pense le téléspectateur pour y coller au mieux.
Depuis mon livre, quelqu’un a été beaucoup plus loin que moi en parlant de “temps de cerveau humain disponible”. Je n’aurais pas osé l’écrire, Patrick Lelay l’a fait. Ma mission était remplie.
Depuis mon livre, quelqu’un a été beaucoup plus loin que moi en parlant de “temps de cerveau humain disponible”. Je n’aurais pas osé l’écrire, Patrick Lelay l’a fait. Ma mission était remplie.
Pour moi, un journal était au-dessus de tous, car c’est lui qui, au moins autant que mes parents et mes maîtres, m’avait formé, c’était le journal Le Monde. Je le lis depuis 1955 et de façon obligatoire depuis 1959, lorsque j’ai commencé à faire Sciences Po, parce que nous n’avions pas le choix. C’était une sorte de drogue.
Pour moi, un journal était au-dessus de tous, car c’est lui qui, au moins autant que mes parents et mes maîtres, m’avait formé, c’était le journal Le Monde. Je le lis depuis 1955 et de façon obligatoire depuis 1959, lorsque j’ai commencé à faire Sciences Po, parce que nous n’avions pas le choix. C’était une sorte de drogue.
Nous sommes des centaines de millions qui se sont formés ainsi, qui avaient un rapport tout à fait personnel avec ce journal et qui n’ont pas compris… Et si notre livre a eu du succès, c’est que j’ai exprimé quelque chose que partageaient énormément de gens.
Nous sommes des centaines de millions qui se sont formés ainsi, qui avaient un rapport tout à fait personnel avec ce journal et qui n’ont pas compris… Et si notre livre a eu du succès, c’est que j’ai exprimé quelque chose que partageaient énormément de gens.
Je n’aurais jamais imaginé, encore au début des années 90, pouvoir faire une enquête sur Le Monde et comment un journal comme celui-ci pouvait abuser de son pouvoir. J’ai d’abord essayé de ne pas le faire parce que je trouvais qu’il fallait que ce soit des jeunes qui le fassent. Je n’ai trouvé personne, aucun éditeur n’a voulu marcher avec les jeunes que je lui ai proposés. Je suis donc parti dans cette histoire.
Je n’aurais jamais imaginé, encore au début des années 90, pouvoir faire une enquête sur Le Monde et comment un journal comme celui-ci pouvait abuser de son pouvoir. J’ai d’abord essayé de ne pas le faire parce que je trouvais qu’il fallait que ce soit des jeunes qui le fassent. Je n’ai trouvé personne, aucun éditeur n’a voulu marcher avec les jeunes que je lui ai proposés. Je suis donc parti dans cette histoire.
En fait, ce sont les nouvelles règles du jeu qui m’intéressaient. Même ce journal, qui était celui de l’honnête homme, a complètement absorbé ces nouvelles règles qui sont cel-
En fait, ce sont les nouvelles règles du jeu qui m’intéressaient. Même ce journal, qui était celui de l’honnête homme, a complètement absorbé ces nouvelles règles qui sont cel-
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les de l’efficacité, de la rentabilité, de l’enquêteur pressé. Le Monde était une fenêtre qui ne montrait pas le monde dans son intégralité mais qui vous permettait d’avoir une ouverture d’honnête homme sur le monde. Tout cela s’est complètement transformé. Certaines Unes étaient sensationnaOn privilégie le fait minoritaire listes et il était perceptible qu’elles n’avaient pas de par rapport au fait majoritaire parce fonction éducative mais de qu’on veut absolument vendre ” provocation pour vendre, attaquer ou assassiner.
les de l’efficacité, de la rentabilité, de l’enquêteur pressé. Le Monde était une fenêtre qui ne montrait pas le monde dans son intégralité mais qui vous permettait d’avoir une ouverture d’honnête homme sur le monde. Tout cela s’est complètement transformé. Certaines Unes étaient sensationnaOn privilégie le fait minoritaire listes et il était perceptible qu’elles n’avaient pas de par rapport au fait majoritaire parce fonction éducative mais de qu’on veut absolument vendre ” provocation pour vendre, attaquer ou assassiner.
Même ce journal avait complètement dévié de sa fonction initiale. J’ai insisté sur le journalisme d’investigation qui était d’une imposture absolue. En premier lieu, c’était tautologique car, lorsqu’on est journaliste, on investigue. C’était complètement faux, car ceux qui se prétendaient journalistes d’investigation et qui savaient, comme moi, comment cela se passait, n’investiguaient absolument pas. Ce sont des gens qui transmettaient des informations seulement grâce à un fax…
Même ce journal avait complètement dévié de sa fonction initiale. J’ai insisté sur le journalisme d’investigation qui était d’une imposture absolue. En premier lieu, c’était tautologique car, lorsqu’on est journaliste, on investigue. C’était complètement faux, car ceux qui se prétendaient journalistes d’investigation et qui savaient, comme moi, comment cela se passait, n’investiguaient absolument pas. Ce sont des gens qui transmettaient des informations seulement grâce à un fax…
Autrement dit, le lecteur est victime d’une imposture. Il croit que le journaliste a beaucoup travaillé alors qu’il a copié son information ailleurs. J’ai voulu montrer les règles du jeu. Pour en revenir au développement durable, aujourd’hui, on privilégie le fait minoritaire par rapport au fait majoritaire parce qu’on veut absolument vendre ; c’est donc une multiplication de faits. C’est une vision complètement déformée du monde qui tend à montrer exclusivement ce qui va mal.
Autrement dit, le lecteur est victime d’une imposture. Il croit que le journaliste a beaucoup travaillé alors qu’il a copié son information ailleurs. J’ai voulu montrer les règles du jeu. Pour en revenir au développement durable, aujourd’hui, on privilégie le fait minoritaire par rapport au fait majoritaire parce qu’on veut absolument vendre ; c’est donc une multiplication de faits. C’est une vision complètement déformée du monde qui tend à montrer exclusivement ce qui va mal.
Vous avez une chance avec le développement durable, car vous pouvez complètement contourner, me semble-t-il, les règles du jeu de cette profession puisque, si on ne fait rien, les choses finiront par aller mal. Vous êtes encore minoritaires, mais je pense qu’il y a moyen de truquer… (Rires.)
Vous avez une chance avec le développement durable, car vous pouvez complètement contourner, me semble-t-il, les règles du jeu de cette profession puisque, si on ne fait rien, les choses finiront par aller mal. Vous êtes encore minoritaires, mais je pense qu’il y a moyen de truquer… (Rires.)
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: Je partage un peu cet avis. Gilles tu voulais
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dire quelque chose ? G I L L E S
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: Je partage un peu cet avis. Gilles tu voulais
dire quelque chose ?
: J’aime beaucoup l’expression d’“honnête homme”. Lorsqu’on cherche des mots pour définir les choses, je trouve que… Peut-être est-elle un peu générationnelle, mais je l’aime beaucoup.
B E R H A U L T
G I L L E S
: J’aime beaucoup l’expression d’“honnête homme”. Lorsqu’on cherche des mots pour définir les choses, je trouve que… Peut-être est-elle un peu générationnelle, mais je l’aime beaucoup.
B E R H A U L T
La situation des médias est bouleversée par la fusion actuelle qui s’opère avec notamment la télévision sur l’ordinateur, le téléphone, etc. Cela permet encore mieux d’organiser ce pouvoir et cette manipulation. Auparavant, lorsqu’on ne voulait plus regarder la télévision, on l’éteignait. Maintenant, le pouvoir s’exerce aussi avec Internet et ce type de médias. Il faut vraiment mener une réflexion si nous voulons changer les choses, mais en réfléchissant de façon transversale et sans séparer la presse écrite.
La situation des médias est bouleversée par la fusion actuelle qui s’opère avec notamment la télévision sur l’ordinateur, le téléphone, etc. Cela permet encore mieux d’organiser ce pouvoir et cette manipulation. Auparavant, lorsqu’on ne voulait plus regarder la télévision, on l’éteignait. Maintenant, le pouvoir s’exerce aussi avec Internet et ce type de médias. Il faut vraiment mener une réflexion si nous voulons changer les choses, mais en réfléchissant de façon transversale et sans séparer la presse écrite.
Je voulais poser une question à France Télévisions puisque nous parlons de développement durable. Envisagez-vous sérieusement de prendre une mesure qui existe dans les pays nordiques, c’est-à-dire d’interdire toute publicité sur les programmes pour enfants ?
Je voulais poser une question à France Télévisions puisque nous parlons de développement durable. Envisagez-vous sérieusement de prendre une mesure qui existe dans les pays nordiques, c’est-à-dire d’interdire toute publicité sur les programmes pour enfants ?
M A R T I N - F E R R A R I : Nous répondrons aux questions par la suite. Je respecte les règles du jeu qui nous ont été données par les organisateurs. Je passerai donc la parole à chacun pour exprimer un avis et nous poserons les questions après.
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I : Nous répondrons aux questions par la suite. Je respecte les règles du jeu qui nous ont été données par les organisateurs. Je passerai donc la parole à chacun pour exprimer un avis et nous poserons les questions après.
D U B O I S : J’ai bien entendu les trois intervenants. Une question me vient à l’esprit sur le plan professionnel, étant directeur de cabinet d’une ville et premier adjoint
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D U B O I S : J’ai bien entendu les trois intervenants. Une question me vient à l’esprit sur le plan professionnel, étant directeur de cabinet d’une ville et premier adjoint
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d’un ministre. À part les mots “honnête homme”, je n’ai pas entendu parler de l’éthique dans le cadre de votre vision du développement durable.
d’un ministre. À part les mots “honnête homme”, je n’ai pas entendu parler de l’éthique dans le cadre de votre vision du développement durable.
Ce qui est terrible dans C’est l’émergence des télévisions nos relations avec les médias, de proximité dont les citoyens toujours dans le cadre professont très friands” sionnel, c’est d’avoir affaire à des gens qui sont sans scrupules. Par exemple, pour une croix gammée faite au stylo bille sur une parcelle minime d’une porte, on vient tout de suite déballer des informations fausses qui font la Une des médias.
Ce qui est terrible dans C’est l’émergence des télévisions nos relations avec les médias, de proximité dont les citoyens toujours dans le cadre professont très friands” sionnel, c’est d’avoir affaire à des gens qui sont sans scrupules. Par exemple, pour une croix gammée faite au stylo bille sur une parcelle minime d’une porte, on vient tout de suite déballer des informations fausses qui font la Une des médias.
On pourrait parler également de la sécurité civile. Une conduite de gaz qui fuit et on en arrive à des informations du style : “Une galerie de gaz a explosé, mille personnes évacuées.” Cela s’est passé voici encore quelques semaines.
On pourrait parler également de la sécurité civile. Une conduite de gaz qui fuit et on en arrive à des informations du style : “Une galerie de gaz a explosé, mille personnes évacuées.” Cela s’est passé voici encore quelques semaines.
Ce que nous voudrions voir apparaître dans cette démarche de développement durable à l’échelle des télévisions, voire d’un bouquet satellite, c’est une réelle notion d’éthique, et ce, avant même de s’occuper d’équipement HQE ou de tri sélectif dans des services. C’est un premier volet.
Ce que nous voudrions voir apparaître dans cette démarche de développement durable à l’échelle des télévisions, voire d’un bouquet satellite, c’est une réelle notion d’éthique, et ce, avant même de s’occuper d’équipement HQE ou de tri sélectif dans des services. C’est un premier volet.
Ensuite, vous n’avez pas parlé, à mon sens, d’un sujet extrêmement important qui va probablement remettre en cause l’ensemble des groupes télévisuels comme France Télévisions ou TF1. C’est l’émergence des télévisions de proximité dont les citoyens sont très friands. Les collectivités qui se sont engagées sur ce créneau essaient de donner des informations plausibles, les plus concrètes possibles et les plus réalistes.
Ensuite, vous n’avez pas parlé, à mon sens, d’un sujet extrêmement important qui va probablement remettre en cause l’ensemble des groupes télévisuels comme France Télévisions ou TF1. C’est l’émergence des télévisions de proximité dont les citoyens sont très friands. Les collectivités qui se sont engagées sur ce créneau essaient de donner des informations plausibles, les plus concrètes possibles et les plus réalistes.
Je voudrais avoir votre sentiment par rapport à cette émergence. Gilles a parlé de la télé sur ADSL ; on pourrait parler de celle par téléphone, qui va arriver, et d’un nouveau procédé qui doit être annoncé par l’Europe dans quelques mois. J’aimerais avoir votre sentiment sur cette émergence et sur le changement radical que votre profession va vivre.
Je voudrais avoir votre sentiment par rapport à cette émergence. Gilles a parlé de la télé sur ADSL ; on pourrait parler de celle par téléphone, qui va arriver, et d’un nouveau procédé qui doit être annoncé par l’Europe dans quelques mois. J’aimerais avoir votre sentiment sur cette émergence et sur le changement radical que votre profession va vivre.
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I
: Merci, Pascal. François ?
D O M I N I Q U E
M O I S A N : Je voudrais revenir sur le titre de notre atelier, “RSE des médias”. Elisabeth Pastore-Reiss a évoqué la façon dont elle s’appliquait aux entreprises et je voudrais faire un parallèle avec les banquiers. Je suis récemment allé à une conférence sur les banques et le développement durable. Il y avait deux tables rondes, l’une sur la communication et l’autre sur la mobilisation des employés. Vous avez évoqué ces deux aspects très importants.
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M A R T I N - F E R R A R I
: Merci, Pascal. François ?
M O I S A N : Je voudrais revenir sur le titre de notre atelier, “RSE des médias”. Elisabeth Pastore-Reiss a évoqué la façon dont elle s’appliquait aux entreprises et je voudrais faire un parallèle avec les banquiers. Je suis récemment allé à une conférence sur les banques et le développement durable. Il y avait deux tables rondes, l’une sur la communication et l’autre sur la mobilisation des employés. Vous avez évoqué ces deux aspects très importants.
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Pour la communication, la notion de transparence ne portait que sur leurs publicités concernant les crédits pour savoir s’il fallait mettre un astérisque. Cela ne concernait pas le produit lui-même. Ils font des prêts à long terme, ce qui pourrait être une opportunité pour le développement durable, mais la notion était en fait inexistante.
Pour la communication, la notion de transparence ne portait que sur leurs publicités concernant les crédits pour savoir s’il fallait mettre un astérisque. Cela ne concernait pas le produit lui-même. Ils font des prêts à long terme, ce qui pourrait être une opportunité pour le développement durable, mais la notion était en fait inexistante.
Je rebondis sur cet exemple. Il me semble devoir interroger les médias, car vous avez évoqué le contenu des programmes. Pensez-vous pouvoir mettre en place des critères ou des indicateurs permettant de dire, de manière quantifiable, que les médias progressent dans la prise en compte du développement durable ?
Je rebondis sur cet exemple. Il me semble devoir interroger les médias, car vous avez évoqué le contenu des programmes. Pensez-vous pouvoir mettre en place des critères ou des indicateurs permettant de dire, de manière quantifiable, que les médias progressent dans la prise en compte du développement durable ?
J’ai une autre question à Geneviève Guicheney. Voici deux jours, j’ai été très étonné, et je dois dire un peu scandalisé, par un face-à-face du journal télévisé de France 2
J’ai une autre question à Geneviève Guicheney. Voici deux jours, j’ai été très étonné, et je dois dire un peu scandalisé, par un face-à-face du journal télévisé de France 2
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mettant en scène un faucheur d’OGM et un enfant atteint de mucoviscidose. C’était un débat surréaliste de quelques secondes sur qui avait tort ou raison. Pour moi, c’était une complète parodie de débat. Cela m’a vraiment choqué. C’était d’une violence inouïe. […] D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I
je vous laisserai répondre.
[…]
: M. Gérard (?) et M. Lion vont s’exprimer et
D O M I N I Q U E
G É R A R D : J’étais journaliste pour un journal suisse qui a été pris sous la coupe d’un parti politique. Nous avons assisté, comme l’a dit M. Péan, à des changements de la ligne rédactionnelle. Je voudrais demander à Mme Pastore-Reiss s’il existe des codes éthiques ; quel Quel est le champ d’influence est le champ d’influence des actionnaires dans les des actionnaires dans les médias ?” médias ?
J E A N - L U C
Je pense également à la publicité. Hebdo, un magazine suisse, a voulu publier un article sur Swiss Life dont certains managers avaient détourné des fonds. Sous la pression, le rédacteur en chef a fait censurer l’article, car la société était annonceur dans le magazine. C’est le problème de l’indépendance, du jeu des annonceurs et du pouvoir des clients.
Je voulais également vous indiquer que j’ai publié un livre sur l’investissement responsable. Je ne peux pas vous décrire le chemin de croix que j’ai fait pour trouver un éditeur en Suisse. Le marché est petit, c’est un nouveau thème et je ne suis pas connu. Eh bien, j’ai dû frapper à beaucoup de portes. Quelle est la responsabilité des médias dans la publication de thèmes sur le développement durable avec des nouveaux acteurs?
Je voulais également vous indiquer que j’ai publié un livre sur l’investissement responsable. Je ne peux pas vous décrire le chemin de croix que j’ai fait pour trouver un éditeur en Suisse. Le marché est petit, c’est un nouveau thème et je ne suis pas connu. Eh bien, j’ai dû frapper à beaucoup de portes. Quelle est la responsabilité des médias dans la publication de thèmes sur le développement durable avec des nouveaux acteurs?
Enfin, depuis deux ou trois jours, je m’amuse à regarder la publicité à la télévision française. Sur les dix ou douze publicités qui sont passées pendant que je regardais la télé, j’ai noté combien de produits j’achetais. En fait, 80 % des produits qui ont été présentés ne font pas partie de mes achats. Vous allez me dire que je suis un type un peu bizarre, je n’ai pas de mobile, je ne prends pas de café, je n’ai pas de cartes de crédit, etc. Mais tout de même, je ne suis pas intéressé par la majeure partie de cette publicité!
Enfin, depuis deux ou trois jours, je m’amuse à regarder la publicité à la télévision française. Sur les dix ou douze publicités qui sont passées pendant que je regardais la télé, j’ai noté combien de produits j’achetais. En fait, 80 % des produits qui ont été présentés ne font pas partie de mes achats. Vous allez me dire que je suis un type un peu bizarre, je n’ai pas de mobile, je ne prends pas de café, je n’ai pas de cartes de crédit, etc. Mais tout de même, je ne suis pas intéressé par la majeure partie de cette publicité!
M A R T I N - F E R R A R I
: C’est peut-être pour cela qu’ils font de la
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publicité. (Rires.)
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L I O N : Je voudrais surtout saluer ce qu’a dit Geneviève Guicheney. Je ne néglige pas du tout le propos de Pierre Péan que je vois pour parler en termes écologiques comme une puissante bactérie qui contribue à l’assainissement de la biosphère politique. Mais, Geneviève a fait un plaidoyer pour le service public qui est d’autant plus formidable qu’il n’est pas de mise aujourd’hui. Et cela me paraît pertinent.
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: C’est peut-être pour cela qu’ils font de la
publicité. (Rires.) R O B E R T
Dans le rapport que tu fais Geneviève, si j’avais à dire ce que je pense d’essentiel s’agissant du développement durable, je ne parlerais pas tellement de la morale et de l’éthique ou du contenu des émissions ou de l’HQE à l’intérieur du pouvoir. Je ne parlerais que d’une chose : nous sommes ici en université de la communication sur le développement durable et nous avons tous au fond de nous-mêmes cette conviction que les choses n’avanceront que lorsque la prise de conscience du citoyen, du consommateur, et donc par ricochet du politique, aura progressé.
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: M. Gérard (?) et M. Lion vont s’exprimer et
Je pense également à la publicité. Hebdo, un magazine suisse, a voulu publier un article sur Swiss Life dont certains managers avaient détourné des fonds. Sous la pression, le rédacteur en chef a fait censurer l’article, car la société était annonceur dans le magazine. C’est le problème de l’indépendance, du jeu des annonceurs et du pouvoir des clients.
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R O B E R T
M A R T I N - F E R R A R I
je vous laisserai répondre.
G É R A R D : J’étais journaliste pour un journal suisse qui a été pris sous la coupe d’un parti politique. Nous avons assisté, comme l’a dit M. Péan, à des changements de la ligne rédactionnelle. Je voudrais demander à Mme Pastore-Reiss s’il existe des codes éthiques ; quel Quel est le champ d’influence est le champ d’influence des actionnaires dans les des actionnaires dans les médias ?” médias ?
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mettant en scène un faucheur d’OGM et un enfant atteint de mucoviscidose. C’était un débat surréaliste de quelques secondes sur qui avait tort ou raison. Pour moi, c’était une complète parodie de débat. Cela m’a vraiment choqué. C’était d’une violence inouïe.
L I O N : Je voudrais surtout saluer ce qu’a dit Geneviève Guicheney. Je ne néglige pas du tout le propos de Pierre Péan que je vois pour parler en termes écologiques comme une puissante bactérie qui contribue à l’assainissement de la biosphère politique. Mais, Geneviève a fait un plaidoyer pour le service public qui est d’autant plus formidable qu’il n’est pas de mise aujourd’hui. Et cela me paraît pertinent.
Dans le rapport que tu fais Geneviève, si j’avais à dire ce que je pense d’essentiel s’agissant du développement durable, je ne parlerais pas tellement de la morale et de l’éthique ou du contenu des émissions ou de l’HQE à l’intérieur du pouvoir. Je ne parlerais que d’une chose : nous sommes ici en université de la communication sur le développement durable et nous avons tous au fond de nous-mêmes cette conviction que les choses n’avanceront que lorsque la prise de conscience du citoyen, du consommateur, et donc par ricochet du politique, aura progressé.
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Mis à part le service public qui doit absolument exister, les médias sont des entreprises privées qui ont des comptes à rendre à leurs actionnaires. Ils ne veulent pas de vagues en gestion de risques. Ils risqueraient de perdre des parts de marché s’ils ne sont pas crédibles sur leurs produits.
Mis à part le service public qui doit absolument exister, les médias sont des entreprises privées qui ont des comptes à rendre à leurs actionnaires. Ils ne veulent pas de vagues en gestion de risques. Ils risqueraient de perdre des parts de marché s’ils ne sont pas crédibles sur leurs produits.
Ce sont réellement des entreprises ; ce que dit Patrick Lelay est peut-être un peu brutal mais correspond à la réalité. Le contenu tend à faire vendre à un maximum de gens. Je ne dis pas que je suis d’accord, mais le poids des actionnaires, c’est la rentabilité à court terme ou le pouvoir. Sur ce dernier point, je ne suis pas spécialiste du sujet, compte tenu du profil des actionnaires.
Ce sont réellement des entreprises ; ce que dit Patrick Lelay est peut-être un peu brutal mais correspond à la réalité. Le contenu tend à faire vendre à un maximum de gens. Je ne dis pas que je suis d’accord, mais le poids des actionnaires, c’est la rentabilité à court terme ou le pouvoir. Sur ce dernier point, je ne suis pas spécialiste du sujet, compte tenu du profil des actionnaires.
Il faut aussi noter que d’autres métiers qui gravitent autour des médias, comme la publicité, doivent être rentables durablement. Ils doivent donc avoir des chartes déontologiques ou une autorégulation, sinon, ils ne pourront pas exister longtemps.
Il faut aussi noter que d’autres métiers qui gravitent autour des médias, comme la publicité, doivent être rentables durablement. Ils doivent donc avoir des chartes déontologiques ou une autorégulation, sinon, ils ne pourront pas exister longtemps.
En cela, tout ce qui est mis en place au niveau de la gestion d’entreprise, de ses contrats, de sa déontologie — on parlait des écrans enfants — garantit la pérennité de leur activité. Ils le comprennent très bien. La difficulté des médias, c’est qu’ils s’inscrivent dans une démarche commerciale, tout en ne le disant pas, et en ayant des pouvoirs politiques…
En cela, tout ce qui est mis en place au niveau de la gestion d’entreprise, de ses contrats, de sa déontologie — on parlait des écrans enfants — garantit la pérennité de leur activité. Ils le comprennent très bien. La difficulté des médias, c’est qu’ils s’inscrivent dans une démarche commerciale, tout en ne le disant pas, et en ayant des pouvoirs politiques…
M A R T I N - F E R R A R I : Malheureusement, nous n’aurons pas le temps de boucler le débat. Le problème principal est justement ce jeu entre le pouvoir économique de l’entreprise, les annonceurs…
M A R T I N - F E R R A R I : Malheureusement, nous n’aurons pas le temps de boucler le débat. Le problème principal est justement ce jeu entre le pouvoir économique de l’entreprise, les annonceurs…
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Quand il s’agit de 11 000 salariés, on ne peut pas prendre n’importe quels risques. On l’a vu avec le problème des intermittents du spectacle qui a été cité. Il faut pouvoir gérer ces contraintes économiques avec l’éthique, le contenu, etc.
Quand il s’agit de 11 000 salariés, on ne peut pas prendre n’importe quels risques. On l’a vu avec le problème des intermittents du spectacle qui a été cité. Il faut pouvoir gérer ces contraintes économiques avec l’éthique, le contenu, etc.
C’est ce sur quoi il faudrait sans doute réfléchir. On reparlerait de séparation des pouvoirs. Il faudrait retrouver des formes d’organisations spécifiques à une entreprise de média, mais nous n’aurons pas le temps de le voir.
C’est ce sur quoi il faudrait sans doute réfléchir. On reparlerait de séparation des pouvoirs. Il faudrait retrouver des formes d’organisations spécifiques à une entreprise de média, mais nous n’aurons pas le temps de le voir.
Geneviève, je vous laisse la parole pour répondre aux questions.
Geneviève, je vous laisse la parole pour répondre aux questions.
G U I C H E N E Y : Je vais rebondir sur ce qu’Elisabeth a dit des annonceurs. C’est vrai qu’ils commencent à bouger et s’interrogent sur la proximité entre
G U I C H E N E Y : Je vais rebondir sur ce qu’Elisabeth a dit des annonceurs. C’est vrai qu’ils commencent à bouger et s’interrogent sur la proximité entre
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leur publicité et certains programmes. Ils pensent qu’ils ont éventuellement quelque chose à faire de ce point de vue, ce qui a d’ailleurs déjà eu lieu aux États-Unis.
leur publicité et certains programmes. Ils pensent qu’ils ont éventuellement quelque chose à faire de ce point de vue, ce qui a d’ailleurs déjà eu lieu aux États-Unis.
Je n’ai pas mentionné spécifiquement l’éthique, car elle fait partie du développement durable. C’est l’une des données qui…
Je n’ai pas mentionné spécifiquement l’éthique, car elle fait partie du développement durable. C’est l’une des données qui…
“
G U I C H E N E Y : Je me suis dit que si j’en parlais, on trouverait… Cela en fait partie, pour moi, il ne s’agissait pas du tout d’un oubli.
G E N E V I È V E
“
Quant aux nouveaux médias et leur complémentarité… Le service public a un rôle à jouer dans le risque d’une société à deux vitesses. La multiplication des sources… On ne trouve sur ces nouveaux médias que ce qu’on va y chercher. Ce qui me préoccupe, sont ceux qui n’ont rien à aller chercher. Le service public doit particulièrement s’occuper d’eux. Les autres se débrouillent très bien.
Quant aux nouveaux médias et leur complémentarité… Le service public a un rôle à jouer dans le risque d’une société à deux vitesses. La multiplication des sources… On ne trouve sur ces nouveaux médias que ce qu’on va y chercher. Ce qui me préoccupe, sont ceux qui n’ont rien à aller chercher. Le service public doit particulièrement s’occuper d’eux. Les autres se débrouillent très bien.
L’ardente obligation — ce Le service public a un rôle sont deux mots que j’aime bien — c’est de s’occuper de ceux à jouer dans le risque qui n’ont rien et de leur donner d’une société à deux vitesses” accès à l’information. Une jeune fille m’a dit un jour que lorsqu’elle était enfant, son père lui disait de regarder mon journal parce qu’on comprenait ce que je disais. C’était très bouleversant pour moi.
L’ardente obligation — ce Le service public a un rôle sont deux mots que j’aime bien — c’est de s’occuper de ceux à jouer dans le risque qui n’ont rien et de leur donner d’une société à deux vitesses” accès à l’information. Une jeune fille m’a dit un jour que lorsqu’elle était enfant, son père lui disait de regarder mon journal parce qu’on comprenait ce que je disais. C’était très bouleversant pour moi.
Elle a dit plusieurs fois dans la conversation: “Vous comprenez, mon père était un immigré et il devait faire attention.” Il y a en effet quelque chose qui, dans le contenu des programmes, et je rejoins tout à fait ce que tu dis sur l’aide à la prise de conscience… Nous sommes une entreprise, mais je pense que cela va ensemble. Par exemple, les stations régionales ont un rôle extrêmement complexe qui dépasse largement le fait d’être simplement un média, comme le directeur général de RFO qui se rend compte qu’il faut être exemplaire dans ses programmes et dans son comportement pour aider les gens à prendre conscience de certaines choses. C’est un ensemble qu’on ne peut pas séparer.
Elle a dit plusieurs fois dans la conversation: “Vous comprenez, mon père était un immigré et il devait faire attention.” Il y a en effet quelque chose qui, dans le contenu des programmes, et je rejoins tout à fait ce que tu dis sur l’aide à la prise de conscience… Nous sommes une entreprise, mais je pense que cela va ensemble. Par exemple, les stations régionales ont un rôle extrêmement complexe qui dépasse largement le fait d’être simplement un média, comme le directeur général de RFO qui se rend compte qu’il faut être exemplaire dans ses programmes et dans son comportement pour aider les gens à prendre conscience de certaines choses. C’est un ensemble qu’on ne peut pas séparer.
Je pense à de petits détails et expressions terribles. Par exemple, on dit que l’on aime des “programmes populaires de qualité”, car lorsque c’est populaire, il faut préciser que cela peut aussi être de qualité. Dans la responsabilité sociétale que l’on prend, être obligé de préciser… Faisons l’hypothèse qu’un téléspectateur étranger regarde le journal de 20 heures suivi d’un épisode de “l’Instit”. Il se dirait de deux choses l’une, soit cela ne se passe pas à la même époque, soit il s’agit d’un autre pays avec la gentille école toute blanche de “l’Instit” et l’école pluriculturelle de toutes les couleurs dans laquelle il y a un incident. Si France Télévisions peut contribuer au développement durable, c’est aussi en regardant la société française telle qu’elle est avec son histoire, son passé et avec les résultats de celui-ci.
Si France Télévisions peut contribuer au développement durable, c’est aussi en regardant la société française telle qu’elle est”
Vous souligniez tout à l’heure l’ardeur des télévisions à aller voir une croix gammée faite au stylo à bille dans un petit coin. Il est vrai que les jeunes gens d’aujourd’hui, je ne parle pas de ceux qui sont ici, mais des plus jeunes… Pourquoi y a-t-il des petitsenfants noirs, d’où viennent-ils ? On leur a raconté l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, et ont-ils l’idée que nous avons un passé commun ?
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Je pense à de petits détails et expressions terribles. Par exemple, on dit que l’on aime des “programmes populaires de qualité”, car lorsque c’est populaire, il faut préciser que cela peut aussi être de qualité. Dans la responsabilité sociétale que l’on prend, être obligé de préciser… Faisons l’hypothèse qu’un téléspectateur étranger regarde le journal de 20 heures suivi d’un épisode de “l’Instit”. Il se dirait de deux choses l’une, soit cela ne se passe pas à la même époque, soit il s’agit d’un autre pays avec la gentille école toute blanche de “l’Instit” et l’école pluriculturelle de toutes les couleurs dans laquelle il y a un incident. Si France Télévisions peut contribuer au développement durable, c’est aussi en regardant la société française telle qu’elle est avec son histoire, son passé et avec les résultats de celui-ci.
Si France Télévisions peut contribuer au développement durable, c’est aussi en regardant la société française telle qu’elle est”
Le champ est immense et, encore une fois, c’est une question de positionnement. Lorsque j’entends une phrase comme : “Il y a eu dix-sept morts et pourtant ils avaient tous leurs papiers…” 170
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G U I C H E N E Y : Je me suis dit que si j’en parlais, on trouverait… Cela en fait partie, pour moi, il ne s’agissait pas du tout d’un oubli.
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Vous souligniez tout à l’heure l’ardeur des télévisions à aller voir une croix gammée faite au stylo à bille dans un petit coin. Il est vrai que les jeunes gens d’aujourd’hui, je ne parle pas de ceux qui sont ici, mais des plus jeunes… Pourquoi y a-t-il des petitsenfants noirs, d’où viennent-ils ? On leur a raconté l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, et ont-ils l’idée que nous avons un passé commun ? Le champ est immense et, encore une fois, c’est une question de positionnement. Lorsque j’entends une phrase comme : “Il y a eu dix-sept morts et pourtant ils avaient tous leurs papiers…”
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[…] G E N E V I È V E
[…]
G U I C H E N E Y
: C’est le “pourtant” qui pose un petit problème.
G E N E V I È V E
En ce qui concerne les progrès, il faudrait aussi que les journalistes de France Télévisions lisent la charte de l’antenne et se disent qu’ils ne peuvent pas faire telle ou telle chose parce qu’elle n’est pas conforme à l’émission ou à l’attente du public.
Il y a un impact avec l’argent public. J’ai fréquenté les téléspectateurs assidûment pendant six ans. La troisième année, sans publicité, j’ai eu 35 000 messages alors que nous n’avions fait aucune communication.
Il y a un impact avec l’argent public. J’ai fréquenté les téléspectateurs assidûment pendant six ans. La troisième année, sans publicité, j’ai eu 35 000 messages alors que nous n’avions fait aucune communication.
Les gens prennent la peine de réagir et de donner leur point de vue. Je vous renvoie à la lecture de mes rapports annuels qui sont en ligne. Certains messages sont bouleversants. Les gens parlent de la télévision avec leurs mots qui ne sont pas ceux des professionnels, mais ils sont d’une pertinence extraordinaire. Ils ont une expertise. La télévision est banale, elle est dans tous foyers et ils savent très bien en parler. Ils savent très bien dire ce qu’ils en attendent.
Les gens prennent la peine de réagir et de donner leur point de vue. Je vous renvoie à la lecture de mes rapports annuels qui sont en ligne. Certains messages sont bouleversants. Les gens parlent de la télévision avec leurs mots qui ne sont pas ceux des professionnels, mais ils sont d’une pertinence extraordinaire. Ils ont une expertise. La télévision est banale, elle est dans tous foyers et ils savent très bien en parler. Ils savent très bien dire ce qu’ils en attendent.
Un jour quelqu’un m’a dit : “Pourquoi tu t’énerves, de toute façon, ils ne font pas la différence entre les chaînes.” Eh bien, voyons… Ils font un chèque de plus de 100 € sans se demander ce que nous en faisons ?
Un jour quelqu’un m’a dit : “Pourquoi tu t’énerves, de toute façon, ils ne font pas la différence entre les chaînes.” Eh bien, voyons… Ils font un chèque de plus de 100 € sans se demander ce que nous en faisons ?
M A R T I N - F E R R A R I : Pensez-vous qu’à l’issue de votre rapport, vous allez pouvoir avoir des pouvoirs d’action ?
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I : Pensez-vous qu’à l’issue de votre rapport, vous allez pouvoir avoir des pouvoirs d’action ?
G U I C H E N E Y : J’y compte bien. Je vais faire des propositions sur notre positionnement en interne en tant qu’entreprise, car France Télévisions a des choses à faire. Je vais proposer des choses très joyeuses, car ce n’est pas du tout ennuyeux de s’intéresser au développement durable, au contraire.
G E N E V I È V E
G U I C H E N E Y : J’y compte bien. Je vais faire des propositions sur notre positionnement en interne en tant qu’entreprise, car France Télévisions a des choses à faire. Je vais proposer des choses très joyeuses, car ce n’est pas du tout ennuyeux de s’intéresser au développement durable, au contraire.
G E N E V I È V E
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I
: Nous allons revenir aux trois questions.
D O M I N I Q U E
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M A R T I N - F E R R A R I
: Suite à votre rapport, vous aurez un pouvoir d’action. Étant donné ce qu’a dit Pierre Péan sur les conditions de travail des journalistes, si les journalistes ne peuvent pas relayer l’information correctement et faire du travail d’investigation, comment peuvent-ils assumer des sujets comme le développement durable? Pensez-vous pouvoir donner aux journalistes les moyens d’assumer leurs responsabilités?
U N E
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T E : Dans votre programme, allez-vous intégrer des plans de formation pour les équipes qui travaillent dans les médias ? Vous transmettez l’espérance, la foi aux journalistes, mais il y a des problèmes de conditions de travail et de formation initiale ou continue. Avez-vous mis ce genre de préconisations dans votre rapport, qui permettraient peut-être de retrouver certaines valeurs que M. Péan a citées ?
U N E
A U T R E
D A V I D : Que pensez-vous de la notion de mort-kilomètre enseignée dans toutes les écoles de journalisme? C’est ce qui explique les problèmes que rencontre notamment Robert Lion concernant le Sud. Cette règle signifie qu’un journaliste parlera davantage d’un événement de proximité qui touche peu de personnes que d’un autre qui aura lieu très loin, même s’il concerne beaucoup plus de gens. Je pense que ce dogme est totalement faux et il explique les grandes difficultés que nous avons en tant qu’ONG à pouvoir faire passer un message sur les problèmes éthiques du Sud.
V I N C E N T
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
A U T R E
Une autre question s’adresse à Geneviève Guicheney et à Pascal Dubois. Que pensez-vous du fait que la présentatrice du principal journal sur une grande chaîne publi171
: C’est le “pourtant” qui pose un petit problème.
En ce qui concerne les progrès, il faudrait aussi que les journalistes de France Télévisions lisent la charte de l’antenne et se disent qu’ils ne peuvent pas faire telle ou telle chose parce qu’elle n’est pas conforme à l’émission ou à l’attente du public.
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: Nous allons revenir aux trois questions.
: Suite à votre rapport, vous aurez un pouvoir d’action. Étant donné ce qu’a dit Pierre Péan sur les conditions de travail des journalistes, si les journalistes ne peuvent pas relayer l’information correctement et faire du travail d’investigation, comment peuvent-ils assumer des sujets comme le développement durable? Pensez-vous pouvoir donner aux journalistes les moyens d’assumer leurs responsabilités?
I N T E R V E N A N T E : Dans votre programme, allez-vous intégrer des plans de formation pour les équipes qui travaillent dans les médias ? Vous transmettez l’espérance, la foi aux journalistes, mais il y a des problèmes de conditions de travail et de formation initiale ou continue. Avez-vous mis ce genre de préconisations dans votre rapport, qui permettraient peut-être de retrouver certaines valeurs que M. Péan a citées ?
D A V I D : Que pensez-vous de la notion de mort-kilomètre enseignée dans toutes les écoles de journalisme? C’est ce qui explique les problèmes que rencontre notamment Robert Lion concernant le Sud. Cette règle signifie qu’un journaliste parlera davantage d’un événement de proximité qui touche peu de personnes que d’un autre qui aura lieu très loin, même s’il concerne beaucoup plus de gens. Je pense que ce dogme est totalement faux et il explique les grandes difficultés que nous avons en tant qu’ONG à pouvoir faire passer un message sur les problèmes éthiques du Sud.
Une autre question s’adresse à Geneviève Guicheney et à Pascal Dubois. Que pensez-vous du fait que la présentatrice du principal journal sur une grande chaîne publi171
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que soit mariée avec un ministre du gouvernement ?
que soit mariée avec un ministre du gouvernement ?
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: Je voudrais simplement rappeler l’importance de l’éthique et du contenu des journaux télévisés. Un sondage a été fait par une commissaire européenne juste avant le référendum et portait sur toute l’Europe. En France, lorsqu’on demandait aux gens en qui ils avaient le plus confiance pour l’information, les journaux télévisés arrivaient bien avant les politiques et les associations.
I N T E R V E N A N T E
D O M I N I Q U E
: Ils arrivaient en tête ?
“
M A R T I N - F E R R A R I
T R A U T M A N N : Je voudrais revenir sur deux ou trois petites choses. La première s’adresse à Pierre Péan, car j’ai eu un contentieux avec le responsable de TF1 grâce à son livre que j’ai eu le malheur d’emporter pendant mes vacances en 1997, au moment où je travaillais sur la loi…
C A T H E R I N E
: Ils arrivaient en tête ?
: Le pourcentage était très important. Le journal de 20 heures a une énorme responsabilité.
T R A U T M A N N : Je voudrais revenir sur deux ou trois petites choses. La première s’adresse à Pierre Péan, car j’ai eu un contentieux avec le responsable de TF1 grâce à son livre que j’ai eu le malheur d’emporter pendant mes vacances en 1997, au moment où je travaillais sur la loi…
Il faut éviter de confondre pluralisme des médias, c’est-à-dire des différents types de supports, et pluralisme de l’information. Si beaucoup de supports sont dans les mains de peu d’entreprises, on ne Il faut éviter de confondre peut pas parler du pluralisme de pluralisme des médias, l’information.
Il faut éviter de confondre pluralisme des médias, c’est-à-dire des différents types de supports, et pluralisme de l’information. Si beaucoup de supports sont dans les mains de peu d’entreprises, on ne Il faut éviter de confondre peut pas parler du pluralisme de pluralisme des médias, l’information.
et pluralisme de l’information” Nous devons avancer sur l’idée de la TNT, fortement combattue par TF1 qui est toujours sur le calcul de sa part d’audience car elle détermine l’espace publicitaire qui pourra être vendu. En quelque sorte, si on divisait le marché, on ferait baisser la valeur de la publicité.
et pluralisme de l’information” Nous devons avancer sur l’idée de la TNT, fortement combattue par TF1 qui est toujours sur le calcul de sa part d’audience car elle détermine l’espace publicitaire qui pourra être vendu. En quelque sorte, si on divisait le marché, on ferait baisser la valeur de la publicité.
Le débat sur la publicité porte sur la possibilité de garder un espace d’exposition assez grand, à quelle heure parce que c’est plus cher, et comment on peut capter les nouveaux annonceurs. Par exemple… le premier annonceur en valeur grâce au café qui n’était pas équitable. Comme chacun le sait. Lorsqu’on parle de développement durable dans les médias, la question est de savoir comment on peut, dans la durée, garantir au téléspectateur, à l’auditeur ou au lecteur une vraie pluralité qui lui permette d’exercer son esprit critique.
Les médias aiment les politiques qui ont besoin d’eux et les politiques aiment les médias qui les recherchent”
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: Je voudrais simplement rappeler l’importance de l’éthique et du contenu des journaux télévisés. Un sondage a été fait par une commissaire européenne juste avant le référendum et portait sur toute l’Europe. En France, lorsqu’on demandait aux gens en qui ils avaient le plus confiance pour l’information, les journaux télévisés arrivaient bien avant les politiques et les associations.
I N T E R V E N A N T E
: Le pourcentage était très important. Le journal de 20 heures a une énorme responsabilité.
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Il est également question de savoir comment l’argent investi dans les médias peut ne pas les pervertir et comment il faut organiser les mécanismes qui les qualifient d’entreprises particulières, ce en quoi j’ai échoué. Car vouloir introduire de l’éthique dans l’organisation des médias, c’est être enclin à (Rires.) partir…
J’aime beaucoup les journalistes, ils ont été formidables et fondamentalement décevants. Il faut reconnaître que nous ne sommes pas clairs dans le rapport qui existe entre le milieu politique et celui des médias, dans une vraie séparation des pouvoirs. Ce que dit Pierre Péan est tout à fait juste, il y a un problème dans cette promiscuité, notamment sur le plan français entre les milieux politique, du pouvoir et de la presse. Les médias aiment les politiques qui ont besoin d’eux et les politiques aiment les médias qui les recherchent. C’est un système dans lequel on ne peut que repro-
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Le débat sur la publicité porte sur la possibilité de garder un espace d’exposition assez grand, à quelle heure parce que c’est plus cher, et comment on peut capter les nouveaux annonceurs. Par exemple… le premier annonceur en valeur grâce au café qui n’était pas équitable. Comme chacun le sait. Lorsqu’on parle de développement durable dans les médias, la question est de savoir comment on peut, dans la durée, garantir au téléspectateur, à l’auditeur ou au lecteur une vraie pluralité qui lui permette d’exercer son esprit critique.
Les médias aiment les politiques qui ont besoin d’eux et les politiques aiment les médias qui les recherchent”
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Il est également question de savoir comment l’argent investi dans les médias peut ne pas les pervertir et comment il faut organiser les mécanismes qui les qualifient d’entreprises particulières, ce en quoi j’ai échoué. Car vouloir introduire de l’éthique dans l’organisation des médias, c’est être enclin à (Rires.) partir…
J’aime beaucoup les journalistes, ils ont été formidables et fondamentalement décevants. Il faut reconnaître que nous ne sommes pas clairs dans le rapport qui existe entre le milieu politique et celui des médias, dans une vraie séparation des pouvoirs. Ce que dit Pierre Péan est tout à fait juste, il y a un problème dans cette promiscuité, notamment sur le plan français entre les milieux politique, du pouvoir et de la presse. Les médias aiment les politiques qui ont besoin d’eux et les politiques aiment les médias qui les recherchent. C’est un système dans lequel on ne peut que repro-
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duire certains modèles qui ne sont pas favorables à une vision complexe et débattue du développement durable.
duire certains modèles qui ne sont pas favorables à une vision complexe et débattue du développement durable.
L’argent doit pouvoir être apprécié avec des clauses de garantie. Une expérience m’a démontré qu’entre le Conseil de la concurrence et le CSA, la haute autorité qui vérifie le pluralisme des médias, l’autorité de vérification et de contrôle revient au premier. C’est l’appréciation des marchés publicitaires et de l’argent.
L’argent doit pouvoir être apprécié avec des clauses de garantie. Une expérience m’a démontré qu’entre le Conseil de la concurrence et le CSA, la haute autorité qui vérifie le pluralisme des médias, l’autorité de vérification et de contrôle revient au premier. C’est l’appréciation des marchés publicitaires et de l’argent.
Arriver à définir ce que peut être un service public audio-visuel, sans tomber sous les fourches de Bruxelles, va être une bataille extrêmement importante.
Arriver à définir ce que peut être un service public audio-visuel, sans tomber sous les fourches de Bruxelles, va être une bataille extrêmement importante.
Il n’en reste pas moins que nous sommes dans la demi-mesure sur le service public à qui le Conseil d’État n’a jamais accepté de donner un statut particulier. L’État est obligé de jouer un rôle d’actionnaire dont il rend compte vis-à-vis des citoyens, car c’est une propriété publique. Si celui-ci est actionnaire, il doit remplir ses responsabilités en tant que tel. Mais il est à la fois contrôleur et actionLe développement durable naire, il est donc juge et partie.
Il n’en reste pas moins que nous sommes dans la demi-mesure sur le service public à qui le Conseil d’État n’a jamais accepté de donner un statut particulier. L’État est obligé de jouer un rôle d’actionnaire dont il rend compte vis-à-vis des citoyens, car c’est une propriété publique. Si celui-ci est actionnaire, il doit remplir ses responsabilités en tant que tel. Mais il est à la fois contrôleur et actionLe développement durable naire, il est donc juge et partie.
est une question d’information, Ce problème ne lui permet pas d’être le meilleur garant d’un de pluralisme, d’éthique” service public audiovisuel. L’État ne l’est pas car, lorsqu’il a des obligations financières, il ne les remplit pas. Il ne faut donc pas s’étonner qu’à un moment donné le rapport entre le politique et les médias soit perverti par le taux d’audience. Chez les politiques, il faut passer d’abord chez TF1 et ensuite dans un service public si on veut pouvoir être écouté. C’est le serpent qui se mord la queue!
est une question d’information, Ce problème ne lui permet pas d’être le meilleur garant d’un de pluralisme, d’éthique” service public audiovisuel. L’État ne l’est pas car, lorsqu’il a des obligations financières, il ne les remplit pas. Il ne faut donc pas s’étonner qu’à un moment donné le rapport entre le politique et les médias soit perverti par le taux d’audience. Chez les politiques, il faut passer d’abord chez TF1 et ensuite dans un service public si on veut pouvoir être écouté. C’est le serpent qui se mord la queue!
Il y a une chose que je trouve terrible par rapport à l’actualité et à la compréhension du monde et des problématiques, c’est la répétition. C’est ce qui me déçoit le plus. La vente de papiers ou de secondes télés se fait en fonction de limitations. Si cela marche sur une chaîne, on le reproduira. Même si des programmes ressortent, nous avons un certain appauvrissement.
Il y a une chose que je trouve terrible par rapport à l’actualité et à la compréhension du monde et des problématiques, c’est la répétition. C’est ce qui me déçoit le plus. La vente de papiers ou de secondes télés se fait en fonction de limitations. Si cela marche sur une chaîne, on le reproduira. Même si des programmes ressortent, nous avons un certain appauvrissement.
Je continue de penser que le développement durable est une question d’information, de pluralisme, d’éthique. Ce n’est qu’avec le service public audiovisuel que j’ai pu discuter franchement de la couverture des questions de sécurité. J’ai obtenu que des journalistes n’aillent pas sur le terrain couvrir, comme ils le voulaient, les voitures brûlées. C’est d’abord avec eux que nous avons eu un débat sur la pluralité de notre société à l’écran.
Je continue de penser que le développement durable est une question d’information, de pluralisme, d’éthique. Ce n’est qu’avec le service public audiovisuel que j’ai pu discuter franchement de la couverture des questions de sécurité. J’ai obtenu que des journalistes n’aillent pas sur le terrain couvrir, comme ils le voulaient, les voitures brûlées. C’est d’abord avec eux que nous avons eu un débat sur la pluralité de notre société à l’écran.
Il ne faut pas désespérer… Comme le dit Geneviève Guicheney, elle reste désespérément optimiste. Le développement durable est une question essentielle sur l’information et elle touche l’organisation du pouvoir, la séparation des lieux de décision, la complexité de la couverture de l’information et la mise en lumière du débat avec les avis divergents. L’organisation du débat politique ou civique à l’écran est quelque chose que je ne trouve pas encore complètement sur les écrans aujourd’hui.
Il ne faut pas désespérer… Comme le dit Geneviève Guicheney, elle reste désespérément optimiste. Le développement durable est une question essentielle sur l’information et elle touche l’organisation du pouvoir, la séparation des lieux de décision, la complexité de la couverture de l’information et la mise en lumière du débat avec les avis divergents. L’organisation du débat politique ou civique à l’écran est quelque chose que je ne trouve pas encore complètement sur les écrans aujourd’hui.
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M A R T I N - F E R R A R I : Geneviève va reprendre la parole pour répondre, mais je partage ce point de vue. Par exemple, Bolloré se retrouve avec une TNT alors qu’il prend Havas après ! On peut parler du côté pluraliste de l’information, etc.
M A R T I N - F E R R A R I : Geneviève va reprendre la parole pour répondre, mais je partage ce point de vue. Par exemple, Bolloré se retrouve avec une TNT alors qu’il prend Havas après ! On peut parler du côté pluraliste de l’information, etc.
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: Je vais citer l’un de mes proverbes favoris : “Il faut être
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: Je vais citer l’un de mes proverbes favoris : “Il faut être
deux pour danser le tango”.
deux pour danser le tango”.
J’entends bien ce que dit Catherine Trautmann, nous avons déjà beaucoup discuté de cela. Mais lorsque Patrick Lelay dit la stricte vérité, que son boulot est de livrer du “temps de cerveau disponible à Coca-Cola”, c’est très violent parce que c’est d’un
J’entends bien ce que dit Catherine Trautmann, nous avons déjà beaucoup discuté de cela. Mais lorsque Patrick Lelay dit la stricte vérité, que son boulot est de livrer du “temps de cerveau disponible à Coca-Cola”, c’est très violent parce que c’est d’un
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grand cynisme de le dire ainsi. J’ai également eu ces conversations avec lui lorsque j’étais au CSA, mais, je le disais autrement et je continue de le faire. Dans des chaînes privées, le produit, c’est le téléspectateur qu’on livre à des annonceurs. On peut trouver cela épouvantable, mais c’est la réalité. Les annonceurs attendent que les écrans de publicité soient entourés de programmes de nature à ce que les téléspectateurs soient attentifs, de bonne humeur et réceptifs.
grand cynisme de le dire ainsi. J’ai également eu ces conversations avec lui lorsque j’étais au CSA, mais, je le disais autrement et je continue de le faire. Dans des chaînes privées, le produit, c’est le téléspectateur qu’on livre à des annonceurs. On peut trouver cela épouvantable, mais c’est la réalité. Les annonceurs attendent que les écrans de publicité soient entourés de programmes de nature à ce que les téléspectateurs soient attentifs, de bonne humeur et réceptifs.
Dans le service public, on attend que le produit soit le programme. Il est vrai que lorsqu’on donne à France 2 la mission, impossible à certaines heures, de faire de l’audience parce qu’il y a de la publicité et de remplir en même temps des missions de service public, on se tourne vers les politiques. Cela répond en partie à la question de la publicité pour les enfants. C’est le choix d’une société qui n’a pas envie que ses enfants, ses petits-enfants apprennent trop tôt à devenir des consommateurs, de les voir se précipiter sur les rayons des poupées Barbie à l’entrée des supermarchés qui, dès fin août, commencent à exposer des cartables hors de prix.
Dans le service public, on attend que le produit soit le programme. Il est vrai que lorsqu’on donne à France 2 la mission, impossible à certaines heures, de faire de l’audience parce qu’il y a de la publicité et de remplir en même temps des missions de service public, on se tourne vers les politiques. Cela répond en partie à la question de la publicité pour les enfants. C’est le choix d’une société qui n’a pas envie que ses enfants, ses petits-enfants apprennent trop tôt à devenir des consommateurs, de les voir se précipiter sur les rayons des poupées Barbie à l’entrée des supermarchés qui, dès fin août, commencent à exposer des cartables hors de prix.
Il est vrai que la visite d’un supermarché à cette période, en regardant certains produits précis, fait peur. On se demande ce que cela va devenir après. C’est un choix délibéré.
Il est vrai que la visite d’un supermarché à cette période, en regardant certains produits précis, fait peur. On se demande ce que cela va devenir après. C’est un choix délibéré.
Catherine Trautmann l’a vécu, lorsque la directive européenne sur la publicité… La France avait une particularité, elle s’était opposée à ce que les enfants soient acteurs dans la publicité et disent le nom des produits. Alors qu’en Espagne ou en Italie, ce n’était pas le cas. Nous avions envie que les enfants fassent autre chose que d’être des supports de publicité. La subsidiarité nous aurait peut-être permis de… Mais les annonceurs poussaient beaucoup à la roue, il y avait l’internationalisation, etc. Il a fallu s’aligner sur la directive européenne et nous avons fait des choix.
Catherine Trautmann l’a vécu, lorsque la directive européenne sur la publicité… La France avait une particularité, elle s’était opposée à ce que les enfants soient acteurs dans la publicité et disent le nom des produits. Alors qu’en Espagne ou en Italie, ce n’était pas le cas. Nous avions envie que les enfants fassent autre chose que d’être des supports de publicité. La subsidiarité nous aurait peut-être permis de… Mais les annonceurs poussaient beaucoup à la roue, il y avait l’internationalisation, etc. Il a fallu s’aligner sur la directive européenne et nous avons fait des choix.
Le développement durable est le fait de toute une société et la prise de conscience doit toucher tout le monde. À un moment, tout le monde doit avancer en même temps et l’“ardente obligation” des politiques est de donner des signaux.
Le développement durable est le fait de toute une société et la prise de conscience doit toucher tout le monde. À un moment, tout le monde doit avancer en même temps et l’“ardente obligation” des politiques est de donner des signaux.
Évidemment, on voit bien quelle contradiction il y a à aller au journal de 20 heures ou à chanter “Tata Yoyo” chez Fogiel, ce que je trouve formidable pour un ministre ! On peut s’interroger sur la volonté des politiques de faire…
Évidemment, on voit bien quelle contradiction il y a à aller au journal de 20 heures ou à chanter “Tata Yoyo” chez Fogiel, ce que je trouve formidable pour un ministre ! On peut s’interroger sur la volonté des politiques de faire…
À un moment, tout va bouger en même temps, chacun devant faire comme le colibri au dessus de la forêt amazonienne : “Je fais ma part”. Et, si tout le monde fait
À un moment, tout va bouger en même temps, chacun devant faire comme le colibri au dessus de la forêt amazonienne : “Je fais ma part”. Et, si tout le monde fait
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sa part, nous y arriverons. Mais tout cela représente beaucoup de travail, comme la formation des journalistes que nous avons prévue. Quelqu’un posait la question tout à l’heure.
sa part, nous y arriverons. Mais tout cela représente beaucoup de travail, comme la formation des journalistes que nous avons prévue. Quelqu’un posait la question tout à l’heure.
Mais que les journalisIl faudrait peut-être raser les écoles tes aient les moyens de de journalisme qui enseignent travailler me paraît être les morts/kilomètres” l’un des éléments de base d’une politique de développement durable d’un média. Prendre la vision du développement durable sur sa façon de traiter l’information veut dire que les conditions d’exercice de la profession vont être garanties. Il faudrait peut-être raser les écoles de journalisme qui enseignent les morts/kilomètres...
Mais que les journalisIl faudrait peut-être raser les écoles tes aient les moyens de de journalisme qui enseignent travailler me paraît être les morts/kilomètres” l’un des éléments de base d’une politique de développement durable d’un média. Prendre la vision du développement durable sur sa façon de traiter l’information veut dire que les conditions d’exercice de la profession vont être garanties. Il faudrait peut-être raser les écoles de journalisme qui enseignent les morts/kilomètres...
M A R T I N - F E R R A R I : Avant que nous ne quittions cette salle, AnneMarie et Gilles tenaient à ce que nous évoquions le manifeste que nous devons adopter.
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I : Avant que nous ne quittions cette salle, AnneMarie et Gilles tenaient à ce que nous évoquions le manifeste que nous devons adopter.
D O M I N I Q U E
Je vous lis les neuf points du manifeste :
Je vous lis les neuf points du manifeste :
1) Pour le droit à l’information (ce qui rejoint ce que nous venons d’évoquer).
1) Pour le droit à l’information (ce qui rejoint ce que nous venons d’évoquer).
2) Pour une société formée, disposant d’une bonne information.
2) Pour une société formée, disposant d’une bonne information.
3) Pour une information excessive et partagée par tous.
3) Pour une information excessive et partagée par tous.
4) Pour une responsabilité sociale, environnementale, culturelle des médias.
4) Pour une responsabilité sociale, environnementale, culturelle des médias.
5) Pour une expression et une participation citoyennes.
5) Pour une expression et une participation citoyennes.
6) Pour une communication de proximité.
6) Pour une communication de proximité.
7) Pour une communication responsable.
7) Pour une communication responsable.
8) Pour une responsabilité sociale et environnementale du secteur des télécoms.
8) Pour une responsabilité sociale et environnementale du secteur des télécoms.
9) Pour un encadrement de la publicité et du marketing.
9) Pour un encadrement de la publicité et du marketing.
M A R T I N - F E R R A R I : Je voudrais savoir si certains d’entre vous ont des remarques sur ce texte que nous pouvons dès à présent enregistrer pour les adjoindre aux remarques qui auraient été faites par les autres ateliers.
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I : Je voudrais savoir si certains d’entre vous ont des remarques sur ce texte que nous pouvons dès à présent enregistrer pour les adjoindre aux remarques qui auraient été faites par les autres ateliers.
: Pierre Radanne indiquait que nous nous exprimions dans une langue… et que nous étions à côté de la plaque par rapport aux jeunes d’aujourd’hui. J’aurais aimé que ceci soit revu par les jeunes que nous avons entendus tout à l’heure.
U N
M A R T I N - F E R R A R I : Je pense que tout le monde a perçu le côté un peu institutionnel. Ne nous laissons pas arrêter par cette dimension de l’écriture et essayons de voir les propositions plus en profondeur. De toute façon, tout cela passera par une réécriture.
D O M I N I Q U E
: Je me demande si nous n’avons pas intérêt à préciser “au développement durable dans toutes ses dimensions” car on se retrouve souvent sur l’entrée historique et l’entrée environnementale. Pour preuve, les programmes d’éducation au développement durable. Vous voyez ce que je veux dire.
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: Pierre Radanne indiquait que nous nous exprimions dans une langue… et que nous étions à côté de la plaque par rapport aux jeunes d’aujourd’hui. J’aurais aimé que ceci soit revu par les jeunes que nous avons entendus tout à l’heure.
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M A R T I N - F E R R A R I : Je pense que tout le monde a perçu le côté un peu institutionnel. Ne nous laissons pas arrêter par cette dimension de l’écriture et essayons de voir les propositions plus en profondeur. De toute façon, tout cela passera par une réécriture.
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: Je me demande si nous n’avons pas intérêt à préciser “au développement durable dans toutes ses dimensions” car on se retrouve souvent sur l’entrée historique et l’entrée environnementale. Pour preuve, les programmes d’éducation au développement durable. Vous voyez ce que je veux dire.
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[…]
: Quelque chose me paraît important et que nous avons pu constater lors du dernier référendum. C’est une énorme défiance vis-à-vis des médias français aujourd’hui. J’ai l’impression qu’ils disent tous la même chose.
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: Quelque chose me paraît important et que nous avons pu constater lors du dernier référendum. C’est une énorme défiance vis-à-vis des médias français aujourd’hui. J’ai l’impression qu’ils disent tous la même chose.
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Lorsque je consulte Google, qui actualise toutes les sources d’information, quel que soit le journal, on voit des articles très similaires qui sont repris en cœur par le journal télévisé. Finalement, on arrive à quelque chose d’assez monolithique qui aboutit à une défiance vis-à-vis des médias. On se dit que ce n’est pas possible, car tout le monde dit la même chose. Il n’y a pas d’autre vision des choses. D O M I N I Q U E
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Lorsque je consulte Google, qui actualise toutes les sources d’information, quel que soit le journal, on voit des articles très similaires qui sont repris en cœur par le journal télévisé. Finalement, on arrive à quelque chose d’assez monolithique qui aboutit à une défiance vis-à-vis des médias. On se dit que ce n’est pas possible, car tout le monde dit la même chose. Il n’y a pas d’autre vision des choses.
: C’est une forme très douce de pensée totalitaire.
: Lorsque j’ai suivi la campagne américaine, j’étais obligé d’aller sur le site de chaque candidat américain. Je savais pertinemment qu’à la lumière des médias français, l’information était totalement déformée et orientée contre Bush. Il faudrait rétablir la confiance.
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: Il y a une question de fond qu’il faudrait aborder s’agissant de la différence entre les médias de la communication, du divertissement et de la publicité et ceux de l’information.
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J’aimerais également voir apparaître le mot “journaliste” dans ces points. Mon combat depuis des années est de trouver un véritable statut du journaliste et de la presse. Il faut doter le journaliste d’un pouvoir spécifique pour qu’il soit capable de produire une information plus juste et équitable.
: Je voulais rebondir par rapport à la restitution de ce genre de réflexion. À France Télévisions, les journalistes sont-ils associés à la réflexion sur le développement durable? Il serait intéressant, par exemple, qu’il À France Télévisions, les journalistes y ait une restitution des ateliers aujourd’hui. Pour avoir une télévision responsable sur le développement durable, sont-ils associés à la réflexion ceux qui font la télévision, que ce soit à l’antenne ou dans sur le développement durable ?” les coulisses, devraient participer à ces réflexions. U N
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: Je le propose depuis cinq ans. Je suis sortie par la porte,
: Cela passe également dans les écoles de journalisme. J’ai mené un travail à Sciences Po sur la formation à l’environnement avec le responsable de l’école de journalisme de Lille qui se pose d’excellentes questions. Il a introduit du développement durable, non pas comme l’école de Montpellier, c’està-dire huit heures dans l’année, mais en permanence, avec une section formation au développement durable.
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je reviendrai par la fenêtre. M A R T I N - F E R R A R I
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: C’est une forme très douce de pensée totalitaire.
: Lorsque j’ai suivi la campagne américaine, j’étais obligé d’aller sur le site de chaque candidat américain. Je savais pertinemment qu’à la lumière des médias français, l’information était totalement déformée et orientée contre Bush. Il faudrait rétablir la confiance.
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: Il y a une question de fond qu’il faudrait aborder s’agissant de la différence entre les médias de la communication, du divertissement et de la publicité et ceux de l’information.
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J’aimerais également voir apparaître le mot “journaliste” dans ces points. Mon combat depuis des années est de trouver un véritable statut du journaliste et de la presse. Il faut doter le journaliste d’un pouvoir spécifique pour qu’il soit capable de produire une information plus juste et équitable.
: Je voulais rebondir par rapport à la restitution de ce genre de réflexion. À France Télévisions, les journalistes sont-ils associés à la réflexion sur le développement durable? Il serait intéressant, par exemple, qu’il À France Télévisions, les journalistes y ait une restitution des ateliers aujourd’hui. Pour avoir une télévision responsable sur le développement durable, sont-ils associés à la réflexion ceux qui font la télévision, que ce soit à l’antenne ou dans sur le développement durable ?” les coulisses, devraient participer à ces réflexions. U N
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: Je le propose depuis cinq ans. Je suis sortie par la porte,
je reviendrai par la fenêtre. M A R T I N - F E R R A R I : Cela passe également dans les écoles de journalisme. J’ai mené un travail à Sciences Po sur la formation à l’environnement avec le responsable de l’école de journalisme de Lille qui se pose d’excellentes questions. Il a introduit du développement durable, non pas comme l’école de Montpellier, c’està-dire huit heures dans l’année, mais en permanence, avec une section formation au développement durable.
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Nous avons juste eu un débat sur le plan épistémologique parce qu’il sélectionne des journalistes qui ont une formation scientifique. Je n’étais pas en accord avec ce point de vue. On n’a pas besoin d’être scientifique pour comprendre la complexité du développement durable. On peut aussi avoir des approches culturelles, philosophiques et sociales.
Nous avons juste eu un débat sur le plan épistémologique parce qu’il sélectionne des journalistes qui ont une formation scientifique. Je n’étais pas en accord avec ce point de vue. On n’a pas besoin d’être scientifique pour comprendre la complexité du développement durable. On peut aussi avoir des approches culturelles, philosophiques et sociales.
La Banque mondiale était prête à lui payer une formation complète sur la bonne gouvernance. Il s’est méfié et ne l’a toujours pas mise en place, mais il se pose une question et il a une véritable réflexion.
La Banque mondiale était prête à lui payer une formation complète sur la bonne gouvernance. Il s’est méfié et ne l’a toujours pas mise en place, mais il se pose une question et il a une véritable réflexion.
Au bout de la chaîne, c’est-à-dire devant l’écran, on ne perçoit par forcément tout ce qui se passe au sein de la profession qui bouge et s’interroge. Ce n’est pas parce que des pouvoirs barrières freinent le mouvement qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain. Les gens qui travaillent à France Télévisions ne sont pas tous corrompus.
Au bout de la chaîne, c’est-à-dire devant l’écran, on ne perçoit par forcément tout ce qui se passe au sein de la profession qui bouge et s’interroge. Ce n’est pas parce que des pouvoirs barrières freinent le mouvement qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain. Les gens qui travaillent à France Télévisions ne sont pas tous corrompus.
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: Dans un sens, je suis heureux de voir que les écoles de journalisme de Marseille viennent de plus en plus souvent voir des personnes d’EcoForum pour s’informer sur l’actualité environnementale.
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: J’ai parlé du manifeste avec Anne-Marie Sacquet. Il y a une phrase de… qui dit que “Ceux qui viennent au monde pour ne rien troubler, ne méritent ni égard ni patience”. Ce qui me gêne dans cette idée de manifeste, sans juger le fond, car c’est un vrai travail et je ne suis pas à même de voir les tenants et les aboutissants, c’est l’ambition et les objectifs qui sont sous-entendus. Est-ce un plus ou est-ce quelque chose qui va changer la vie, pour aller dans le sens de Pierre Péan ?
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Il y a la volonté de pouvoir qui anime les gens qui ont le pouvoir. Il serait bien de mettre dans ce manifeste que le pouvoir de la volonté prend le pas. Cela me paraît tellement évident, que, par des formules, on va rendre… un manifeste plus fortement, plus efficacement que par… D O M I N I Q U E U N
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: Dans un sens, je suis heureux de voir que les écoles de journalisme de Marseille viennent de plus en plus souvent voir des personnes d’EcoForum pour s’informer sur l’actualité environnementale. : J’ai parlé du manifeste avec Anne-Marie Sacquet. Il y a une phrase de… qui dit que “Ceux qui viennent au monde pour ne rien troubler, ne méritent ni égard ni patience”. Ce qui me gêne dans cette idée de manifeste, sans juger le fond, car c’est un vrai travail et je ne suis pas à même de voir les tenants et les aboutissants, c’est l’ambition et les objectifs qui sont sous-entendus. Est-ce un plus ou est-ce quelque chose qui va changer la vie, pour aller dans le sens de Pierre Péan ? Il y a la volonté de pouvoir qui anime les gens qui ont le pouvoir. Il serait bien de mettre dans ce manifeste que le pouvoir de la volonté prend le pas. Cela me paraît tellement évident, que, par des formules, on va rendre… un manifeste plus fortement, plus efficacement que par…
: Attention aux formules qui font plaisir.
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: La forme est très importante, elle percute l’esprit des gens.
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: C’est une question que nous nous sommes posée à France 5. Les années 70 ont été catastrophistes et ont mobilisé. Nous en étions revenus, au moment de la création de la Cinq avec Jean-Marie Cavada, qui a dit qu’il fallait arrêter avec le catastrophisme et qu’il fallait être force de proposition. C’est ce qui a soutenu Gaïa pendant dix ans, car elle n’était surtout pas catastrophiste. Et puis, elle est finalement morte car on lui a dit qu’elle n’était plus assez catastrophiste…
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: Attention aux formules qui font plaisir.
: La forme est très importante, elle percute l’esprit des gens.
: Au niveau de la RSE des médias, j’ai eu un peu peur lorsque j’ai vu une émission en prime time sur l’environnement. C’était une émission de JeanLuc Delarue. Les notions de développement durable et d’environnement étaient traitées sous leur aspect alarmiste. Personnellement, j’avais sensibilisé tout mon entourage pour qu’il la regarde et tout le monde a zappé…
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: Au niveau de la RSE des médias, j’ai eu un peu peur lorsque j’ai vu une émission en prime time sur l’environnement. C’était une émission de JeanLuc Delarue. Les notions de développement durable et d’environnement étaient traitées sous leur aspect alarmiste. Personnellement, j’avais sensibilisé tout mon entourage pour qu’il la regarde et tout le monde a zappé… : C’est une question que nous nous sommes posée à France 5. Les années 70 ont été catastrophistes et ont mobilisé. Nous en étions revenus, au moment de la création de la Cinq avec Jean-Marie Cavada, qui a dit qu’il fallait arrêter avec le catastrophisme et qu’il fallait être force de proposition. C’est ce qui a soutenu Gaïa pendant dix ans, car elle n’était surtout pas catastrophiste. Et puis, elle est finalement morte car on lui a dit qu’elle n’était plus assez catastrophiste…
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Elle progresse un peu tous les jours, quelquefois elle recule, mais cette prise de conscience est vraiment ce qui me paraît le plus déterminant. Rien ne se décrète s’il n’y a pas un support dans l’opinion.
Elle progresse un peu tous les jours, quelquefois elle recule, mais cette prise de conscience est vraiment ce qui me paraît le plus déterminant. Rien ne se décrète s’il n’y a pas un support dans l’opinion.
Or, vous, parce que vous avez ce formidable pouvoir médiatique, vous pouvez être extrêmement utiles sur deux registres, d’abord celui de l’information sur le monde. Je suis de ceux qui ont voté “oui” le 29 mai et qui regrettent énormément de constater que l’information des Français, plus que d’autres pays, sur la réalité du monde est déplorable. Il y a une sorte de refus de voir la pauvreté, les menaces de l’environnement. BBC One fait cela extrêmement bien.
Or, vous, parce que vous avez ce formidable pouvoir médiatique, vous pouvez être extrêmement utiles sur deux registres, d’abord celui de l’information sur le monde. Je suis de ceux qui ont voté “oui” le 29 mai et qui regrettent énormément de constater que l’information des Français, plus que d’autres pays, sur la réalité du monde est déplorable. Il y a une sorte de refus de voir la pauvreté, les menaces de l’environnement. BBC One fait cela extrêmement bien.
Lorsque nos amis, et certains sont beaucoup plus efficace et militants que moi, disent que d’autres comportements sont possibles pour la consommation, l’éco-citoyenneté, tout ce qui a largement été développé ici, il faut le raconter. Tout simplement.
Lorsque nos amis, et certains sont beaucoup plus efficace et militants que moi, disent que d’autres comportements sont possibles pour la consommation, l’éco-citoyenneté, tout ce qui a largement été développé ici, il faut le raconter. Tout simplement.
Lorsque tu dis donner des éléments pour… (…inaudible) un client, sans nécessairement dire que c’est bien ou mal, votre devoir se situe là d’une manière radicale. Etje compte beaucoup sur le service public dont j’espère qu’il demeurera pour faire œuvre utile en matière de développement durable et voir sa contribution à la RSE.
Lorsque tu dis donner des éléments pour… (…inaudible) un client, sans nécessairement dire que c’est bien ou mal, votre devoir se situe là d’une manière radicale. Etje compte beaucoup sur le service public dont j’espère qu’il demeurera pour faire œuvre utile en matière de développement durable et voir sa contribution à la RSE. D O M I N I Q U E
P A S T O R E - R E I S S : J’ai envie de répondre autrement sur le fait qu’il faut faire aussi confiance aux gens et à la diversité des médias qui favorise l’information. Nous avons fait une étude qui est sur notre site, sur le comportement des Français. Vous verrez que nous avons défini les typologies de ceux qui sont plus sensibles au développement durable.
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M A R T I N - F E R R A R I : Je vais donner la parole à Elisabeth pour répondre aux questions sur les actionnaires et les annonceurs.
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M A R T I N - F E R R A R I : Je vais donner la parole à Elisabeth pour répondre aux questions sur les actionnaires et les annonceurs. P A S T O R E - R E I S S : J’ai envie de répondre autrement sur le fait qu’il faut faire aussi confiance aux gens et à la diversité des médias qui favorise l’information. Nous avons fait une étude qui est sur notre site, sur le comportement des Français. Vous verrez que nous avons défini les typologies de ceux qui sont plus sensibles au développement durable.
On constate qu’ils vont d’abord chercher leurs inforLe problème, c’est l’éducation mations sur Internet. Ce à ces médias pour aller consommer sont les plus grands lecteurs le meilleur et non le pire” de journaux et de lignes éditoriales contradictoires. Lorsque je prends les sur-représentations de ce qu’ils disent… Bien sûr, ce sont “Des racines et des ailes”, Arte, Le Monde, France Télévisions, Télérama, etc. Il faut que tout le monde ait accès à ce type d’information. C’est le véritable enjeu.
On constate qu’ils vont d’abord chercher leurs inforLe problème, c’est l’éducation mations sur Internet. Ce à ces médias pour aller consommer sont les plus grands lecteurs le meilleur et non le pire” de journaux et de lignes éditoriales contradictoires. Lorsque je prends les sur-représentations de ce qu’ils disent… Bien sûr, ce sont “Des racines et des ailes”, Arte, Le Monde, France Télévisions, Télérama, etc. Il faut que tout le monde ait accès à ce type d’information. C’est le véritable enjeu.
Ceux qui sont engagés dans une démarche de développement durable ont déjà un comportement de scepticisme, de méfiance et multiplient les sources d’information. Ils ne croient pas ce que leur dit une grande entreprise ; un média, pour eux, est une grande entreprise. Donc, ils sont extrêmement sceptiques et ne croient plus ce que disent les journaux, ce qui peut poser des problèmes pour la démocratie.
Ceux qui sont engagés dans une démarche de développement durable ont déjà un comportement de scepticisme, de méfiance et multiplient les sources d’information. Ils ne croient pas ce que leur dit une grande entreprise ; un média, pour eux, est une grande entreprise. Donc, ils sont extrêmement sceptiques et ne croient plus ce que disent les journaux, ce qui peut poser des problèmes pour la démocratie.
Je pense que la diversité des médias : les télévisions locales, la proximité, l’accès à d’autres sources d’informations, c’est vraiment… A priori, on le voit dans les faits. Je crois qu’il faut plein de journaux.
Je pense que la diversité des médias : les télévisions locales, la proximité, l’accès à d’autres sources d’informations, c’est vraiment… A priori, on le voit dans les faits. Je crois qu’il faut plein de journaux.
Il faut faire confiance aux gens, à leur bon sens et à leur capacité à aller plus loin. Il faut leur montrer des choses, mais c’est vraiment un point important. Avec les nouveaux médias, nous avons le meilleur et le pire. Le problème, c’est l’éducation à ces médias pour aller consommer le meilleur et non le pire.
Il faut faire confiance aux gens, à leur bon sens et à leur capacité à aller plus loin. Il faut leur montrer des choses, mais c’est vraiment un point important. Avec les nouveaux médias, nous avons le meilleur et le pire. Le problème, c’est l’éducation à ces médias pour aller consommer le meilleur et non le pire.
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2.4 “Publicité”
2.4 “Publicité”
S A U R E T , Directrice générale Agence Verte, animatrice : Je vous propose d’interrompre vos conversations personnelles et de commencer, d’autant que nous n’avons qu’une heure au lieu d’une heure et demie. Ce sera donc dense.
S A U R E T , Directrice générale Agence Verte, animatrice : Je vous propose d’interrompre vos conversations personnelles et de commencer, d’autant que nous n’avons qu’une heure au lieu d’une heure et demie. Ce sera donc dense.
V É R O N I Q U E
V É R O N I Q U E
Je rappellerai rapidement les règles du jeu, car elles ont déjà dû vous être expliquées dans l’atelier précédent. Je vous demande de faire des interventions plutôt courtes parce que nous sommes assez nombreux. Cela dit, nous ne le sommes pas trop donc, normalement, cela devrait bien se passer.
Je rappellerai rapidement les règles du jeu, car elles ont déjà dû vous être expliquées dans l’atelier précédent. Je vous demande de faire des interventions plutôt courtes parce que nous sommes assez nombreux. Cela dit, nous ne le sommes pas trop donc, normalement, cela devrait bien se passer.
Comme représentants d’agence, je connais bien Élisabeth, je vois MPG. D’autres agences sont-elles représentées ? Qu’en est-il du côté annonceurs ? Je vois que La Poste et EDF sont représentées.
Comme représentants d’agence, je connais bien Élisabeth, je vois MPG. D’autres agences sont-elles représentées ? Qu’en est-il du côté annonceurs ? Je vois que La Poste et EDF sont représentées.
Pour bien recadrer notre sujet parce que, très souvent, on… U N E U N
I N T E R V E N A N T E I N T E R V E N A N T
Pour bien recadrer notre sujet parce que, très souvent, on…
: Il y a également des associations.
U N E
: Et des militants antipublicité.
U N
S A U R E T : Il y a des militants, c’est formidable ! Nous avons donc un échantillon plutôt représentatif.
I N T E R V E N A N T E
: Victor Hugo-Espinosa est présent.
U N E
S A U R E T : Et nous avons “notre” jeune, donc tout va bien ! La séance peut démarrer. C’est équitable. Hommes, femmes, ce n’est pas mal… Et il y a même un consommateur, c’est parfait !
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: Et des militants antipublicité.
V É R O N I Q U E
I N T E R V E N A N T E
: Victor Hugo-Espinosa est présent.
S A U R E T : Et nous avons “notre” jeune, donc tout va bien ! La séance peut démarrer. C’est équitable. Hommes, femmes, ce n’est pas mal… Et il y a même un consommateur, c’est parfait !
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: Il y a également des associations.
S A U R E T : Il y a des militants, c’est formidable ! Nous avons donc un échantillon plutôt représentatif.
V É R O N I Q U E
U N E
I N T E R V E N A N T E
V É R O N I Q U E
Au cours de ces deux journées et plus particulièrement de cet atelier, je vous rappelle que nous parlerons non pas de développement durable, mais de communication et plus particulièrement de publicité. Je suis désolée, c’est un peu étroit, mais cela signifie que nous nous concentrerons sur la pub et la pub, ce n’est pas l’Euromédia. Nous n’allons pas pouvoir évoquer tout le reste. Il y a l’événementiel d’un côté… Avec la pub, nous avons déjà suffisamment à dire !
Au cours de ces deux journées et plus particulièrement de cet atelier, je vous rappelle que nous parlerons non pas de développement durable, mais de communication et plus particulièrement de publicité. Je suis désolée, c’est un peu étroit, mais cela signifie que nous nous concentrerons sur la pub et la pub, ce n’est pas l’Euromédia. Nous n’allons pas pouvoir évoquer tout le reste. Il y a l’événementiel d’un côté… Avec la pub, nous avons déjà suffisamment à dire !
Autre exercice, nous sommes censés passer un peu de temps sur le “fameux” manifeste. Je vous préviens, je suis plutôt critique sur ce document, je vais donc avoir du mal à vous faire “accoucher” de quelque chose. L’idée est la suivante : il faut que cette Université serve à quelque chose. Cela fait déjà trois ans. Nous sommes plutôt d’accord sur le diagnostic. Nous savons qu’il faut que cela change, que cela bouge. Mais comment ? Nous rentrons dans cette phase du “comment”.
Autre exercice, nous sommes censés passer un peu de temps sur le “fameux” manifeste. Je vous préviens, je suis plutôt critique sur ce document, je vais donc avoir du mal à vous faire “accoucher” de quelque chose. L’idée est la suivante : il faut que cette Université serve à quelque chose. Cela fait déjà trois ans. Nous sommes plutôt d’accord sur le diagnostic. Nous savons qu’il faut que cela change, que cela bouge. Mais comment ? Nous rentrons dans cette phase du “comment”.
J’espère que vous avez tous déjà un peu lu ce manifeste. Il est donc proposé que, dans le quart d’heure qui nous restera, vous fassiez des propositions concrètes, opérationnelles pour que, dans un an, lorsque nous nous retrouverons, nous ayons un peu
J’espère que vous avez tous déjà un peu lu ce manifeste. Il est donc proposé que, dans le quart d’heure qui nous restera, vous fassiez des propositions concrètes, opérationnelles pour que, dans un an, lorsque nous nous retrouverons, nous ayons un peu
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avancé. Sinon, il faudra que cela s’arrête ; cela n’aurait pas de sens. C’est sympa de se voir, mais… L’idée est que chacun, soit à titre individuel, soit dans le cadre de son entreprise, fasse des suggestions qui seraient de l’ordre du possible.
avancé. Sinon, il faudra que cela s’arrête ; cela n’aurait pas de sens. C’est sympa de se voir, mais… L’idée est que chacun, soit à titre individuel, soit dans le cadre de son entreprise, fasse des suggestions qui seraient de l’ordre du possible.
Avant de passer la parole non pas à Isabelle, mais à Aurélie qui la remplace…
Avant de passer la parole non pas à Isabelle, mais à Aurélie qui la remplace…
H U B E R T
“
: Oui, elle m’a chargée de dire quelques mots en son nom.
A U R É L I E
S A U R E T : Je vais te passer la parole. Ensuite, nous écouterons Patrick, que tout le monde connaît.
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H U B E R T
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: Oui, elle m’a chargée de dire quelques mots en son nom.
S A U R E T : Je vais te passer la parole. Ensuite, nous écouterons Patrick, que tout le monde connaît.
V É R O N I Q U E
Je souhaitais néanmoins avant cela dire deux ou trois généralités sur la pub.
Je souhaitais néanmoins avant cela dire deux ou trois généralités sur la pub.
Les impacts de la pub aujourd’hui…
Les impacts de la pub aujourd’hui…
La publicité est une activité comme toutes les autres, qui produit des choses et forcément consomme des énergies. Je ne suis pas certaine qu’il soit très intéressant d’en parler. Si les agences ont envie de se renseigner, il existe des guides très bien faits et, franchement, en termes d’achats et de pratiques, elles peuvent arriver à changer.
La publicité est une activité comme toutes les autres, qui produit des choses et forcément consomme des énergies. Je ne suis pas certaine qu’il soit très intéressant d’en parler. Si les agences ont envie de se renseigner, il existe des guides très bien faits et, franchement, en termes d’achats et de pratiques, elles peuvent arriver à changer.
On mesure par contre moins la responsabilité sociétale et l’impact des messages qui nous sont envoyés par la pub. C’est là que se pose un véritable problème.
On mesure par contre moins la responsabilité sociétale et l’impact des messages qui nous sont envoyés par la pub. C’est là que se pose un véritable problème.
Un spot avant le journal de 20 heures, ce sont 8 millions de personnes touchées”
Un spot avant le journal de 20 heures, ce sont 8 millions de personnes touchées”
Face à cela, il n’existe pas trente-six postures. Soit on fait de la résistance ; ce sont toutes les formes d’activisme qu’on peut envisager – pourquoi pas ? tout cela est utile ; soit on adopte une approche un peu plus positive de mon point de vue.
Face à cela, il n’existe pas trente-six postures. Soit on fait de la résistance ; ce sont toutes les formes d’activisme qu’on peut envisager – pourquoi pas ? tout cela est utile ; soit on adopte une approche un peu plus positive de mon point de vue.
Qu’est-ce qu’une agence ? C’est une somme de cerveaux concentrés sur un objectif unique qui est de “vendre” : vendre un produit, une idée ou un nouveau modèle de société, pour moi, c’est exactement la même chose. Nous avons donc, à mon avis, besoin de publicitaires, mais encore faut-il que nous leur disions, que nous leur fassions comprendre qu’ils ont une vraie responsabilité et, surtout, qu’ils sont ou pourraient être très utiles en utilisant leur talent, de la même manière qu’ils le font pour vendre des produits pas forcément utiles et nécessaires.
Qu’est-ce qu’une agence ? C’est une somme de cerveaux concentrés sur un objectif unique qui est de “vendre” : vendre un produit, une idée ou un nouveau modèle de société, pour moi, c’est exactement la même chose. Nous avons donc, à mon avis, besoin de publicitaires, mais encore faut-il que nous leur disions, que nous leur fassions comprendre qu’ils ont une vraie responsabilité et, surtout, qu’ils sont ou pourraient être très utiles en utilisant leur talent, de la même manière qu’ils le font pour vendre des produits pas forcément utiles et nécessaires.
De plus, dans les grandes agences et les majors — nous en avons deux représentantes ici — les directions générales et les présidents sont un peu, pour certains, des “gourous”, entre guillemets ; ils ont une réelle influence et un réel impact sur les chefs d’entreprise. On les interroge bien en amont des sujets. Donc, de la même manière qu’on forme des journalistes à ces sujets, il faut former les agences, leur dire : “Vous avez cette responsabilité, voilà ce que vous pouvez faire, voilà ce qu’on attend de vous” et passer des deals. Il y a sans doute des choses très concrètes à faire.
De plus, dans les grandes agences et les majors — nous en avons deux représentantes ici — les directions générales et les présidents sont un peu, pour certains, des “gourous”, entre guillemets ; ils ont une réelle influence et un réel impact sur les chefs d’entreprise. On les interroge bien en amont des sujets. Donc, de la même manière qu’on forme des journalistes à ces sujets, il faut former les agences, leur dire : “Vous avez cette responsabilité, voilà ce que vous pouvez faire, voilà ce qu’on attend de vous” et passer des deals. Il y a sans doute des choses très concrètes à faire.
Ces cerveaux n’ont en fait qu’une finalité, celle d’arriver à créer du désir. Qu’estce d’autre finalement que “créer du désir” ? Sur ces sujets, le rôle des agences est important.
Ces cerveaux n’ont en fait qu’une finalité, celle d’arriver à créer du désir. Qu’estce d’autre finalement que “créer du désir” ? Sur ces sujets, le rôle des agences est important.
Tout d’abord, elles peuvent toucher les gens de manière évidemment collective. Un spot avant le journal de 20 heures, ce sont 8 millions de personnes touchées. Si on ne les touche pas de manière collective à ce moment-là, je ne sais pas quand on le fait ! Et je ne fais pas une apologie de la télévision, bien évidemment ; je parle purement de système et de puissance. À un moment donné, il faut savoir ce qu’on veut : soit on est en dehors du système, soit on est avec et on s’en sert.
Tout d’abord, elles peuvent toucher les gens de manière évidemment collective. Un spot avant le journal de 20 heures, ce sont 8 millions de personnes touchées. Si on ne les touche pas de manière collective à ce moment-là, je ne sais pas quand on le fait ! Et je ne fais pas une apologie de la télévision, bien évidemment ; je parle purement de système et de puissance. À un moment donné, il faut savoir ce qu’on veut : soit on est en dehors du système, soit on est avec et on s’en sert.
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Nous pourrons revenir sur les approches de contenu; il existe mille manières de prendre les choses et non pas UNE vérité. “Faut-il être positif?” ou “Faut-il dramatiser?”; c’est ce que j’entends dans les ateliers, mais nous n’en savons rien. Ce qu’il faut, c’est expérimenter des choses. Il faut être parfois positif, parfois plus violent. Il n’y a pas de recette!
Nous pourrons revenir sur les approches de contenu; il existe mille manières de prendre les choses et non pas UNE vérité. “Faut-il être positif?” ou “Faut-il dramatiser?”; c’est ce que j’entends dans les ateliers, mais nous n’en savons rien. Ce qu’il faut, c’est expérimenter des choses. Il faut être parfois positif, parfois plus violent. Il n’y a pas de recette!
Ce que sait faire l’agence, c’est cela: arriver à parler au collectif, mais en touchant l’individu. Or, il s’agit quand même d’un projet personnel. Lorsqu’il est question de repenser le monde et d’avoir un nouveau projet, je ne vois pas comment cela pourrait changer si l’on en est intimement convaincu: cela a vraiment à voir avec MA vision de ce monde.
Ce que sait faire l’agence, c’est cela: arriver à parler au collectif, mais en touchant l’individu. Or, il s’agit quand même d’un projet personnel. Lorsqu’il est question de repenser le monde et d’avoir un nouveau projet, je ne vois pas comment cela pourrait changer si l’on en est intimement convaincu: cela a vraiment à voir avec MA vision de ce monde.
C’est un métier. J’en aurai fini ensuite avec la pub et nous pourrons aborder les autres aspects des choses.
C’est un métier. J’en aurai fini ensuite avec la pub et nous pourrons aborder les autres aspects des choses.
Experience ACT est une bonne initiative, mais il faut qu’elle aille au delà. Nous sommes sur un produit créatif, mais l’agence fait plus que simplement produire de la création. Elle a un rôle de conseil qui me paraît assez évident.
Experience ACT est une bonne initiative, mais il faut qu’elle aille au delà. Nous sommes sur un produit créatif, mais l’agence fait plus que simplement produire de la création. Elle a un rôle de conseil qui me paraît assez évident.
Voilà ce que je voulais dire. Pour finir, se pose la question de l’évaluation. Quels que soient les messages, nous devons réfléchir à l’impact que peuvent avoir les campagnes et les dispositifs quels qu’ils soient. Aujourd’hui on sent que les réponses qui sont faites… Là, je lance une “usine à gaz”. Nous connaissons tous les instituts, nous en parlions avec Élisabeth. C’est dommage, ils ne sont pas là, mais je pense qu’on ne les a pas invités! De la même manière, je déplore de voir très peu de représentants d’agences.
Voilà ce que je voulais dire. Pour finir, se pose la question de l’évaluation. Quels que soient les messages, nous devons réfléchir à l’impact que peuvent avoir les campagnes et les dispositifs quels qu’ils soient. Aujourd’hui on sent que les réponses qui sont faites… Là, je lance une “usine à gaz”. Nous connaissons tous les instituts, nous en parlions avec Élisabeth. C’est dommage, ils ne sont pas là, mais je pense qu’on ne les a pas invités! De la même manière, je déplore de voir très peu de représentants d’agences.
Au niveau de l’organisation, nous avons posé les questions : “Qui peut changer, qui sont les leviers du changement ?” Il y a des gens qui doivent être là ! Cela dit, c’est déjà très nouveau, vous êtes trois cette année. Je ne parle pas des petites agences, je suis désolée, je suis un peu sectaire, mais de celles qui produisent de manière massive et qui travaillent sur de gros projets, qui font les spots de 20 heures, pour caricaturer. Il faut qu’elles soient là, qu’elles nous écoutent, qu’elles nous entendent et que nous leur passions notre message parce que nous avons besoin d’elles.
Au niveau de l’organisation, nous avons posé les questions : “Qui peut changer, qui sont les leviers du changement ?” Il y a des gens qui doivent être là ! Cela dit, c’est déjà très nouveau, vous êtes trois cette année. Je ne parle pas des petites agences, je suis désolée, je suis un peu sectaire, mais de celles qui produisent de manière massive et qui travaillent sur de gros projets, qui font les spots de 20 heures, pour caricaturer. Il faut qu’elles soient là, qu’elles nous écoutent, qu’elles nous entendent et que nous leur passions notre message parce que nous avons besoin d’elles.
C’est tout, j’en ai fini. Je passe la parole à Aurélie qui va nous faire un petit topo et nous présenter une très belle initiative : ACT. Il va falloir que vous fassiez preuve d’imagination ; nous devions, en effet, vous présenter des images, c’est dommage. Elle va donc nous les raconter…
C’est tout, j’en ai fini. Je passe la parole à Aurélie qui va nous faire un petit topo et nous présenter une très belle initiative : ACT. Il va falloir que vous fassiez preuve d’imagination ; nous devions, en effet, vous présenter des images, c’est dommage. Elle va donc nous les raconter…
H U B E R T
“
: Ce sera bientôt en ligne, sur le site Adforum. com.
A U R É L I E
ACT, c’est Advertising ACT, fédérer les agences Community Together. L’objectif de pub du monde entier est de fédérer les agences de pub en collectant les publicités du monde entier en collectant les publicités qu’elles ont réalisées au sur le développement durable” cours des trois dernières années et pour la production 2005 sur le développement durable. Elles ont été montrées à Cannes en juin dernier et partent maintenant faire un tour du monde. Cela concerne environ 300 campagnes issues de 37 pays, pour 137 agences.
H U B E R T
ACT, c’est Advertising ACT, fédérer les agences Community Together. L’objectif de pub du monde entier est de fédérer les agences de pub en collectant les publicités du monde entier en collectant les publicités qu’elles ont réalisées au sur le développement durable” cours des trois dernières années et pour la production 2005 sur le développement durable. Elles ont été montrées à Cannes en juin dernier et partent maintenant faire un tour du monde. Cela concerne environ 300 campagnes issues de 37 pays, pour 137 agences.
Je vais maintenant vous lire ce que voulait vous dire Isabelle.
Je vais maintenant vous lire ce que voulait vous dire Isabelle.
“Chers amis, organisateurs de cette Université d’été et participants à la table ronde sur “Publicité et développement durable”,
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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: Ce sera bientôt en ligne, sur le site Adforum. com.
“Chers amis, organisateurs de cette Université d’été et participants à la table ronde sur “Publicité et développement durable”,
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Tout d’abord, sachez que j’aurais aimé être avec vous aujourd’hui, mais j’ai finalement trouvé plus durable de prendre soin de ma santé, question écologique s’il en est !
Tout d’abord, sachez que j’aurais aimé être avec vous aujourd’hui, mais j’ai finalement trouvé plus durable de prendre soin de ma santé, question écologique s’il en est !
Je me faisais pourtant une joie à l’idée à passer ces deux journées à échanger et à réfléchir ensemble sur les moyens de construire un avenir plus humain pour notre planète, avec les moyens qui sont les nôtres.
Je me faisais pourtant une joie à l’idée à passer ces deux journées à échanger et à réfléchir ensemble sur les moyens de construire un avenir plus humain pour notre planète, avec les moyens qui sont les nôtres.
Je remercie Gilles Bérhault, Anne-Marie Sacquet, Véronique Sauret et toute l’équipe de rassembler des personnes engagées chacune à leur niveau pour laisser libre cours à l’imagination et au dialogue dans un climat propice à la confiance, à la profondeur et à la créativité.
Je remercie Gilles Bérhault, Anne-Marie Sacquet, Véronique Sauret et toute l’équipe de rassembler des personnes engagées chacune à leur niveau pour laisser libre cours à l’imagination et au dialogue dans un climat propice à la confiance, à la profondeur et à la créativité.
Puisque le sujet de cette table ronde concerne la publicité et le développement durable et que l’initiative ACT qui occupe une partie de mon temps depuis trois ans me donne un poste d’observation privilégié, j’ai envie de partager avec vous les quelques réflexions qui me sont venues en préparant cette rencontre. Je remercie Aurélie Hubert de s’en faire le porte-parole auprès de vous. Elle pourra ainsi, durant ces deux journées, répondre à vos questions.
Puisque le sujet de cette table ronde concerne la publicité et le développement durable et que l’initiative ACT qui occupe une partie de mon temps depuis trois ans me donne un poste d’observation privilégié, j’ai envie de partager avec vous les quelques réflexions qui me sont venues en préparant cette rencontre. Je remercie Aurélie Hubert de s’en faire le porte-parole auprès de vous. Elle pourra ainsi, durant ces deux journées, répondre à vos questions.
Les expositions ACT Responsable, dont vous aurez l’occasion de voir le film de présentation sur le site Adforum prochainement, de l’édition 2005, visent à rassembler, promouvoir et inspirer la création publicitaire en faveur des grands défis auxquels la société est confrontée. La collection 2005 sur laquelle se fonde l’observation du moment rassemble plus particulièrement des campagnes créées sur le thème du développement durable au cours des trois dernières années, dont une partie est présentée sur les murs des trois salles d’atelier. Elles représentent 37 pays, 137 agences, plus de 150 annonceurs.
Les expositions ACT Responsable, dont vous aurez l’occasion de voir le film de présentation sur le site Adforum prochainement, de l’édition 2005, visent à rassembler, promouvoir et inspirer la création publicitaire en faveur des grands défis auxquels la société est confrontée. La collection 2005 sur laquelle se fonde l’observation du moment rassemble plus particulièrement des campagnes créées sur le thème du développement durable au cours des trois dernières années, dont une partie est présentée sur les murs des trois salles d’atelier. Elles représentent 37 pays, 137 agences, plus de 150 annonceurs.
Parmi les annonceurs, on trouve une majorité d’ONG et d’associations, pour les deux tiers, le dernier tiers étant réparti entre des entreprises privées pour environ 20 % et des collectivités ou organisations gouvernementales et para-gouvernementales (par exemple l’ADEME) pour un petit 10 %. Du côté des agences, les grandes comme les petites se trouvent aujourd’hui sollicitées par des annonceurs pour communiquer sur le thème du respect de l’environnement et des droits humains.
Parmi les annonceurs, on trouve une majorité d’ONG et d’associations, pour les deux tiers, le dernier tiers étant réparti entre des entreprises privées pour environ 20 % et des collectivités ou organisations gouvernementales et para-gouvernementales (par exemple l’ADEME) pour un petit 10 %. Du côté des agences, les grandes comme les petites se trouvent aujourd’hui sollicitées par des annonceurs pour communiquer sur le thème du respect de l’environnement et des droits humains.
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Certaines agences ont créé des filiales dédiées à ces clients ou à ces sujets, comme TBWA Non Profit, J. Walter Thompson Social. D’autres les traitent comme elles traiteraient d’autres sujets, comme Publicis Consultants, Australie. D’autres encore ont créé, loin des grands groupes, des agences indépendantes spécialisées : Ethicity, l’Agence Verte, Eco & Co, D’autres enfin, sans créer de départements spécialisés ou de filiales, s’engagent volontiers résolument sur ces thèmes : DDB, Hémisphère Droit, qui tiennent fortement à cœur de leurs dirigeants.
La publicité permet de faire faire des liens rapidement au public entre sa vie quotidienne et les phénomènes globaux”
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Il semblerait que, sans que les chiffres relèvent d’études quantitatives, de plus en plus d’ONG et d’organisations d’intérêt général utilisent les moyens de communication publicitaires pour transmettre leurs messages. Une partie des agences travaillent gratuitement pour ce type de clients pendant que d’autres, déplorant le risque de dévalorisation de cette pratique, optent pour une facturation normale ou ajustée à la situation financière du client.
Certaines agences ont créé des filiales dédiées à ces clients ou à ces sujets, comme TBWA Non Profit, J. Walter Thompson Social. D’autres les traitent comme elles traiteraient d’autres sujets, comme Publicis Consultants, Australie. D’autres encore ont créé, loin des grands groupes, des agences indépendantes spécialisées : Ethicity, l’Agence Verte, Eco & Co, D’autres enfin, sans créer de départements spécialisés ou de filiales, s’engagent volontiers résolument sur ces thèmes : DDB, Hémisphère Droit, qui tiennent fortement à cœur de leurs dirigeants.
La publicité permet de faire faire des liens rapidement au public entre sa vie quotidienne et les phénomènes globaux”
Il semblerait que, sans que les chiffres relèvent d’études quantitatives, de plus en plus d’ONG et d’organisations d’intérêt général utilisent les moyens de communication publicitaires pour transmettre leurs messages. Une partie des agences travaillent gratuitement pour ce type de clients pendant que d’autres, déplorant le risque de dévalorisation de cette pratique, optent pour une facturation normale ou ajustée à la situation financière du client.
Les ONG : Amnesty International, WWF, Surf Rider, Médecins sans frontières, Action contre la faim, trouvent dans la publicité le moyen de toucher le public à grande échelle et de l’inciter à agir dans un certain sens.
Les ONG : Amnesty International, WWF, Surf Rider, Médecins sans frontières, Action contre la faim, trouvent dans la publicité le moyen de toucher le public à grande échelle et de l’inciter à agir dans un certain sens.
Voici en quelques points ce que, me semble-t-il, la publicité permet de faire :
Voici en quelques points ce que, me semble-t-il, la publicité permet de faire :
– Grâce à l’utilisation des symboles, à l’association de la fiction à la réalité, la publicité permet de faire faire des liens rapidement au public entre sa vie quotidienne et les phénomènes globaux. C’est par exemple le cas d’un spot créé pour WWF à Johannesburg où l’on voit un homme déverser ses déchets dans la rivière et, plus tard, les reprendre sur la tête pendant qu’il prend sa douche ou l’image de la boule de glace “globe terrestre” qui fond sur un cône.
– Grâce à l’utilisation des symboles, à l’association de la fiction à la réalité, la publicité permet de faire faire des liens rapidement au public entre sa vie quotidienne et les phénomènes globaux. C’est par exemple le cas d’un spot créé pour WWF à Johannesburg où l’on voit un homme déverser ses déchets dans la rivière et, plus tard, les reprendre sur la tête pendant qu’il prend sa douche ou l’image de la boule de glace “globe terrestre” qui fond sur un cône.
Grâce à des raccourcis imagés et saisissants, elle permet de faire des déclics, des prises de conscience rapides. Exemples de slogan : “Tu mangeras quand tu seras compétitif” par le CCFD, “Faisons vite, ça chauffe” de l’ADEME, “Sans nature, pas de futur” de la Fondation Nicolas Hulot.
Grâce à des raccourcis imagés et saisissants, elle permet de faire des déclics, des prises de conscience rapides. Exemples de slogan : “Tu mangeras quand tu seras compétitif” par le CCFD, “Faisons vite, ça chauffe” de l’ADEME, “Sans nature, pas de futur” de la Fondation Nicolas Hulot.
Grâce au langage de l’émotion, elle permet de toucher les gens au cœur même lorsqu’ils sont fort occupés par leur petite ou grande vie : par exemple : “Un don, une vie sauvée.” En fonction de l’espace dont elle dispose, elle permet de mettre rapidement et puissamment une problématique dans l’espace public : dans la sécurité routière, le réflexe de la ceinture de sécurité ou la lutte contre l’alcool au volant doivent beaucoup aux campagnes publicitaires. Elle permet d’adresser un message à toute une population donnée en même temps et avec une certaine profondeur, car elle a un impact sur les représentations, donc sur la culture et, à terme, sur l’inconscient collectif. Par exemple, la campagne Grâce au langage de l’émotion, Unilever “pourtouteslesbeautés. com” pour la marque Dove a elle permet de toucher les gens mis en avant l’idée qu’il y avait au cœur même lorsqu’ils sont autant de façons d’être belle fort occupés par leur petite qu’il existe de femmes. C’est un bel exemple de respect de la ou grande vie” biodiversité humaine.
Grâce au langage de l’émotion, elle permet de toucher les gens au cœur même lorsqu’ils sont fort occupés par leur petite ou grande vie : par exemple : “Un don, une vie sauvée.” En fonction de l’espace dont elle dispose, elle permet de mettre rapidement et puissamment une problématique dans l’espace public : dans la sécurité routière, le réflexe de la ceinture de sécurité ou la lutte contre l’alcool au volant doivent beaucoup aux campagnes publicitaires. Elle permet d’adresser un message à toute une population donnée en même temps et avec une certaine profondeur, car elle a un impact sur les représentations, donc sur la culture et, à terme, sur l’inconscient collectif. Par exemple, la campagne Grâce au langage de l’émotion, Unilever “pourtouteslesbeautés. com” pour la marque Dove a elle permet de toucher les gens mis en avant l’idée qu’il y avait au cœur même lorsqu’ils sont autant de façons d’être belle fort occupés par leur petite qu’il existe de femmes. C’est un bel exemple de respect de la ou grande vie” biodiversité humaine.
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En bref, grâce à sa créativité, la publicité n’aurait-elle pas, selon le bon mot de mon ami Thierry Thouvenot du WWF, le pouvoir de faire du développement durable un “développement désirable”.
En bref, grâce à sa créativité, la publicité n’aurait-elle pas, selon le bon mot de mon ami Thierry Thouvenot du WWF, le pouvoir de faire du développement durable un “développement désirable”.
D’un autre côté, comme beaucoup parmi vous, je le suppose, je déplore l’usage intensif et intempestif qui est actuellement fait de la publicité qui exerce une forme de pression ininterrompue sur les sens et sur les esprits. À moins de faire des efforts volontaires pour s’y soustraire, comme de ne pas regarder la télévision, ce qui est mon cas, la question qui se pose me semble être celle de la mesure, c’est-à-dire celle de l’espace qu’elle occupe, plutôt que celle du langage publicitaire en lui-même.
D’un autre côté, comme beaucoup parmi vous, je le suppose, je déplore l’usage intensif et intempestif qui est actuellement fait de la publicité qui exerce une forme de pression ininterrompue sur les sens et sur les esprits. À moins de faire des efforts volontaires pour s’y soustraire, comme de ne pas regarder la télévision, ce qui est mon cas, la question qui se pose me semble être celle de la mesure, c’est-à-dire celle de l’espace qu’elle occupe, plutôt que celle du langage publicitaire en lui-même.
En effet, si nous écartons de notre propos le mensonge qui est une dérive et non le propre du métier, le langage publicitaire fait d’images et de mots propres à toucher notre imaginaire, notre intelligence et notre cœur ne nous semble pas en lui-même contestable. Ou alors le cinéma le serait lui aussi, qui utilise les mêmes matériaux.
En effet, si nous écartons de notre propos le mensonge qui est une dérive et non le propre du métier, le langage publicitaire fait d’images et de mots propres à toucher notre imaginaire, notre intelligence et notre cœur ne nous semble pas en lui-même contestable. Ou alors le cinéma le serait lui aussi, qui utilise les mêmes matériaux.
La créativité déployée par les agences pour servir les messages en faveur du respect de la planète ne cesse de m’émerveiller.
La créativité déployée par les agences pour servir les messages en faveur du respect de la planète ne cesse de m’émerveiller.
Le contenu de cette exposition ACT Responsable, qui montre selon moi ce que la publicité sait faire de mieux, redonne son sens à la publicité et est même une forme d’hommage à l’intelligence humaine et à la pertinence.
Le contenu de cette exposition ACT Responsable, qui montre selon moi ce que la publicité sait faire de mieux, redonne son sens à la publicité et est même une forme d’hommage à l’intelligence humaine et à la pertinence.
Le malaise arrive donc quand cet outil, pour artistique qu’il soit dans son essence, est diffusé à une telle échelle qu’il s’impose aux regards qui ne trouvent plus autour d’eux d’espaces libres où se poser, même si, à l’instar de Jean-Pierre Teyssier, Président du BVP, je crois à la liberté individuelle et que personne ne peut se laisser imposer contre son gré une idée ou une opinion. Seulement voilà, une telle liberté intérieure est le fait d’êtres humains évolués et je nous vois plus comme des êtres en cours d’évolution et de libération que comme des êtres en pleine possession de leur liberté.
Le malaise arrive donc quand cet outil, pour artistique qu’il soit dans son essence, est diffusé à une telle échelle qu’il s’impose aux regards qui ne trouvent plus autour d’eux d’espaces libres où se poser, même si, à l’instar de Jean-Pierre Teyssier, Président du BVP, je crois à la liberté individuelle et que personne ne peut se laisser imposer contre son gré une idée ou une opinion. Seulement voilà, une telle liberté intérieure est le fait d’êtres humains évolués et je nous vois plus comme des êtres en cours d’évolution et de libération que comme des êtres en pleine possession de leur liberté.
Quant aux mensonges évoqués toujours possibles, c’est-à-dire le cas où l’entreprise, le plus souvent, utiliserait la publicité pour faire passer un message contraire à ses pratiques, l’exemple de l’UIPP, lobby des pesticides, attaqué pour publicité mensongère au trimestre dernier nous a montré récemment à quel retour de bâton cellesci s’exposent à plus ou moins long terme.
Quant aux mensonges évoqués toujours possibles, c’est-à-dire le cas où l’entreprise, le plus souvent, utiliserait la publicité pour faire passer un message contraire à ses pratiques, l’exemple de l’UIPP, lobby des pesticides, attaqué pour publicité mensongère au trimestre dernier nous a montré récemment à quel retour de bâton cellesci s’exposent à plus ou moins long terme.
La disponibilité croissante de l’information, grâce à Internet en particulier, rend ce délai de réaction de plus en plus court. Aussi, une entreprise qui choisit aujourd’hui de communiquer sur ses pratiques, c’est qu’elle s’engage par là même à avancer réellement sur le chemin qu’elle annonce. Autrement dit, dire ce qu’on fait engage à plus ou moins brève échéance à faire ce qu’on dit et à en subir les conséquences.
La disponibilité croissante de l’information, grâce à Internet en particulier, rend ce délai de réaction de plus en plus court. Aussi, une entreprise qui choisit aujourd’hui de communiquer sur ses pratiques, c’est qu’elle s’engage par là même à avancer réellement sur le chemin qu’elle annonce. Autrement dit, dire ce qu’on fait engage à plus ou moins brève échéance à faire ce qu’on dit et à en subir les conséquences.
En conclusion, ces considérations nous font souhaiter aujourd’hui voir le talent des publicitaires se mettre de plus en plus au service des messages qui invitent au respect de la vie sous toutes ses formes, car la situation actuelle est si grave qu’aucun moyen ne nous semble de trop pour éveiller, alerter et faire évoluer les comportements personnels et collectifs à plus de responsabilité.
En conclusion, ces considérations nous font souhaiter aujourd’hui voir le talent des publicitaires se mettre de plus en plus au service des messages qui invitent au respect de la vie sous toutes ses formes, car la situation actuelle est si grave qu’aucun moyen ne nous semble de trop pour éveiller, alerter et faire évoluer les comportements personnels et collectifs à plus de responsabilité.
Sur ce chemin de la conscience et de l’action juste aux côtés des pouvoirs publics, des médias et de la société civile, la publicité peut ce qu’elle peut, rien de plus, mais rien de moins.
Sur ce chemin de la conscience et de l’action juste aux côtés des pouvoirs publics, des médias et de la société civile, la publicité peut ce qu’elle peut, rien de plus, mais rien de moins.
Je vous remercie.
184
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ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Je vous remercie.
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S A U R E T : Voulez-vous réagir à cela dans un premier temps ? Je pense que nous avons de quoi…
V É R O N I Q U E
S A U R E T : Voulez-vous réagir à cela dans un premier temps ? Je pense que nous avons de quoi…
: Je représente Havas Publicité. J’ai une petite lettre d’information sur le développement durable dans laquelle j’ai pris position en critiquant cette initiative, cela pour deux raisons. C’est un peu comme dans les entreprises où le mécénat a fait prendre du retard aux engagements pour le développement durable. Pour moi, c’est de la citoyenneté.
A L I C E
V É R O N I Q U E
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A U D O U I N
: Je représente Havas Publicité. J’ai une petite lettre d’information sur le développement durable dans laquelle j’ai pris position en critiquant cette initiative, cela pour deux raisons. C’est un peu comme dans les entreprises où le mécénat a fait prendre du retard aux engagements pour le développement durable. Pour moi, c’est de la citoyenneté.
A U D O U I N
Quant au fait d’utiliser des talents créatifs, nous savons qu’il existe les talents pour exprimer tous les problèmes de la planète, de biodiversité, etc. Je n’ai pas besoin d’en voir la démonstration sur les murs pour savoir que les gens talentueux sur le plan créatif peuvent illustrer tous les thèmes possibles. Ce n’est pas cela qui m’intéresse, et les projets de ce type justement m’énervent ! Pour moi, c’est typiquement le symptôme du retard de la pub par rapport au développement durable. C’est en effet l’inverse que nous voulons ! Ce n’est pas : “Mettez votre talent au profit de messages du développement durable.”, mais : “Les messages, les produits n’ont aucun lien avec le développement durable, que faites-vous ?”
Quant au fait d’utiliser des talents créatifs, nous savons qu’il existe les talents pour exprimer tous les problèmes de la planète, de biodiversité, etc. Je n’ai pas besoin d’en voir la démonstration sur les murs pour savoir que les gens talentueux sur le plan créatif peuvent illustrer tous les thèmes possibles. Ce n’est pas cela qui m’intéresse, et les projets de ce type justement m’énervent ! Pour moi, c’est typiquement le symptôme du retard de la pub par rapport au développement durable. C’est en effet l’inverse que nous voulons ! Ce n’est pas : “Mettez votre talent au profit de messages du développement durable.”, mais : “Les messages, les produits n’ont aucun lien avec le développement durable, que faites-vous ?”
C’est exactement ce que j’ai entendu des entreprises que j’ai rencontrées lorsque j’étais chez Novethic : finalement, on ne se pose pas de questions sur ce qu’on fait ; on a quelques bonnes pratiques et quelques “pro bono” et c’est ce qu’on va appeler “développement durable”.
C’est exactement ce que j’ai entendu des entreprises que j’ai rencontrées lorsque j’étais chez Novethic : finalement, on ne se pose pas de questions sur ce qu’on fait ; on a quelques bonnes pratiques et quelques “pro bono” et c’est ce qu’on va appeler “développement durable”.
Pour moi, c’est un symptôme de retard de la pub par rapport au développement durable, celui du “pro bono” à savoir : “On fait une super campagne pour WWF et on la met partout sur les affiches.” Mais ce n’est pas cela qu’on demande à la pub ! On lui demande une responsabilisation. Et en plus on reste dans l’imaginaire de la publicité qui est celui de la liberté, celle de créer, de s’exprimer, etc. Ils s’éclatent davantage sur des sujets comme ceux-là…
Pour moi, c’est un symptôme de retard de la pub par rapport au développement durable, celui du “pro bono” à savoir : “On fait une super campagne pour WWF et on la met partout sur les affiches.” Mais ce n’est pas cela qu’on demande à la pub ! On lui demande une responsabilisation. Et en plus on reste dans l’imaginaire de la publicité qui est celui de la liberté, celle de créer, de s’exprimer, etc. Ils s’éclatent davantage sur des sujets comme ceux-là…
Mais ce n’est pas cela que nous attendons ! Nous attendons de savoir ce qu’ils font, et comment, en termes de responsabilité sur tout ce qui n’est pas “développement durable”. Certes, ils peuvent être utiles pour pousser des sujets du développement durable, en les illustrant peut-être mieux que quelqu’un, dans une ONG, qui ferait un dessin “sur un coin de table”, mais la question n’est pas du tout celle-là !
Mais ce n’est pas cela que nous attendons ! Nous attendons de savoir ce qu’ils font, et comment, en termes de responsabilité sur tout ce qui n’est pas “développement durable”. Certes, ils peuvent être utiles pour pousser des sujets du développement durable, en les illustrant peut-être mieux que quelqu’un, dans une ONG, qui ferait un dessin “sur un coin de table”, mais la question n’est pas du tout celle-là !
Une autre chose m’énerve, c’est le discours de la place, c’est-à-dire: “Ce sont des belles choses, mais cela prend trop de place.” Le problème n’est pas là! C’est encore celui du contenu, objet de la publicité. Tant que les publicitaires pensent qu’ils ont un talent comme un “libre-service de talents”, qu’ils peuvent mettre un jour au service du 4x4 et un autre jour, à travers un autre département, au service du WWF, en faisant à ce moment-là quelque chose de merveilleux qui tourne ensuite dans des expositions internationales… Non!
Une autre chose m’énerve, c’est le discours de la place, c’est-à-dire: “Ce sont des belles choses, mais cela prend trop de place.” Le problème n’est pas là! C’est encore celui du contenu, objet de la publicité. Tant que les publicitaires pensent qu’ils ont un talent comme un “libre-service de talents”, qu’ils peuvent mettre un jour au service du 4x4 et un autre jour, à travers un autre département, au service du WWF, en faisant à ce moment-là quelque chose de merveilleux qui tourne ensuite dans des expositions internationales… Non!
Pour ma part, je ne représente pas du tout ce point de vue-là; je conteste ce type d’initiatives, non pas en elles-mêmes parce qu’elles sont sympas, mais en tant que symptôme de ce retard et parce qu’elles déplacent les questions. Finalement, le petit “bilan développement durable” consistera à dire : “On a fait la campagne du WWF ; elle est sympa, on a été super créatifs!” Mais la question de tout ce qui est promu par la pub, de tout ce qui est polluant n’est absolument pas posée. Au bout du compte, dans les débats, il n’y a rien ! Quels sont les créatifs qui se posent la question aujourd’hui des créations pour les 4x4? Personne! Par contre, gros délires sur les problèmes de l’eau!
Pour ma part, je ne représente pas du tout ce point de vue-là; je conteste ce type d’initiatives, non pas en elles-mêmes parce qu’elles sont sympas, mais en tant que symptôme de ce retard et parce qu’elles déplacent les questions. Finalement, le petit “bilan développement durable” consistera à dire : “On a fait la campagne du WWF ; elle est sympa, on a été super créatifs!” Mais la question de tout ce qui est promu par la pub, de tout ce qui est polluant n’est absolument pas posée. Au bout du compte, dans les débats, il n’y a rien ! Quels sont les créatifs qui se posent la question aujourd’hui des créations pour les 4x4? Personne! Par contre, gros délires sur les problèmes de l’eau!
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S A U R E T : C’est très intéressant… C’est justement ce que nous attendons de vous, c’est-à-dire de ne pas nécessairement être d’accord. Que nous soyons d’accord, cela n’a aucun intérêt. C’est une initiative parmi d’autres qui mérite d’être soulignée…
V É R O N I Q U E
A L I C E
A U D O U I N
: Oui, mais c’est la plus médiatisée du milieu de la pub !
S A U R E T : Ce que j’entends surtout dans ce que tu dis, c’est que les attentes sont énormes parce que les responsabilités sont énormes. Elles sont donc à la hauteur. Effectivement, il ne s’agit pas de se donner bonne conscience en faisant une fois de temps en temps une “campagne alibi”.
V É R O N I Q U E
Je reçois au moins dix CV par semaine de créatifs d’agence qui ont envie de changer”
Je mesure tout de même à quel point les gens se posent des questions en agences comme ailleurs ; ce sont les mêmes. Ils pourraient être ici avec nous. Ils ne sont peutêtre simplement pas au courant que ces initiatives existent, c’est aussi simple que cela.
Je représente une toute petite agence, je reçois au moins dix CV par semaine de créatifs d’agence qui ont envie de changer. Donc, je pense qu’ils sont aussi très mal à l’aise avec les 4x4. On ne peut pas dire cela. Nous en sommes tous à peu près au même point de la prise de conscience. Simplement, le système est ce qu’il est. On leur demande de travailler sur des trucs… Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas d’états d’âme. A L I C E
A U D O U I N
P A T R I C K
: Je sais, je sais.
D ’ H U M I E R E S
“
S A U R E T : C’est très intéressant… C’est justement ce que nous attendons de vous, c’est-à-dire de ne pas nécessairement être d’accord. Que nous soyons d’accord, cela n’a aucun intérêt. C’est une initiative parmi d’autres qui mérite d’être soulignée…
V É R O N I Q U E
A L I C E
A U D O U I N
S A U R E T : Ce que j’entends surtout dans ce que tu dis, c’est que les attentes sont énormes parce que les responsabilités sont énormes. Elles sont donc à la hauteur. Effectivement, il ne s’agit pas de se donner bonne conscience en faisant une fois de temps en temps une “campagne alibi”.
V É R O N I Q U E
Je reçois au moins dix CV par semaine de créatifs d’agence qui ont envie de changer”
: Je comprends pourquoi la dame n’est pas venue ! (Rires.)
A L I C E
A U D O U I N
P A T R I C K
: Je sais, je sais.
D ’ H U M I E R E S
: Je comprends pourquoi la dame n’est pas venue ! (Rires.)
Sans entrer dans le débat, parce que ce serait un peu complexe, le créatif est un salarié dans une entreprise et il exécute la tâche qui lui a été confiée. Autrement, le pompiste va se tirer une balle dans la tête parce qu’il met de l’essence… En tout cas, dans le temps, c’étaient les pompistes qui mettaient de l’essence dans les véhicules. On ne peut pas… Je ne comprends pas bien…
: Je ne parle pas de l’activité, mais de l’initiative, c’est-à-dire d’une initiative sur laquelle on communique en tant que “siglée développement durable”.
A L I C E
P A T R I C K
D ’ H U M I E R E S : On ne peut pas culpabiliser les gens parce qu’ils sont dans la chaîne du travail à un endroit où ils font un truc qui n’est pas terrible…
P A T R I C K
D ’ H U M I E R E S : On ne peut pas culpabiliser les gens parce qu’ils sont dans la chaîne du travail à un endroit où ils font un truc qui n’est pas terrible…
A L I C E
: Je ne les culpabilise pas là-dessus, je les culpabilise sur une initiative qui est “siglée développement durable” alors que, pour moi, ce n’en est pas. C’est tout. Je ne parle pas du métier, mais de l’initiative.
A L I C E
: Je ne les culpabilise pas là-dessus, je les culpabilise sur une initiative qui est “siglée développement durable” alors que, pour moi, ce n’en est pas. C’est tout. Je ne parle pas du métier, mais de l’initiative.
D ’ H U M I E R E S : J’ai entendu une petite phrase sur le métier ; il a été dit que les créatifs commençaient à ne pas se sentir bien et à vouloir partir…
P A T R I C K
S A U R E T : Les créatifs sont comme nous. Nous sommes pareils. Il n’y a pas d’un côté nous qui nous posons des questions et, de l’autre, des créatifs qui ne s’en posent pas.
V É R O N I Q U E
F O S S A T I : Je voudrais demander à Alice si, à part ACT, autre chose était mis en œuvre actuellement par le monde de la publicité au regard du développement durable, vu de l’intérieur de la publicité. C’est peut-être là une expression criticable et tu l’as très clairement critiquée, mais qu’y a-t-il d’autre ?
M O N I C A
A L I C E
A U D O U I N
A U D O U I N
P A T R I C K
M O N I C A
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je ne parle pas de l’activité, mais de l’initiative, c’est-à-dire d’une initiative sur laquelle on communique en tant que “siglée développement durable”.
A U D O U I N
A U D O U I N
D ’ H U M I E R E S : J’ai entendu une petite phrase sur le métier ; il a été dit que les créatifs commençaient à ne pas se sentir bien et à vouloir partir… S A U R E T : Les créatifs sont comme nous. Nous sommes pareils. Il n’y a pas d’un côté nous qui nous posons des questions et, de l’autre, des créatifs qui ne s’en posent pas.
V É R O N I Q U E
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Je mesure tout de même à quel point les gens se posent des questions en agences comme ailleurs ; ce sont les mêmes. Ils pourraient être ici avec nous. Ils ne sont peutêtre simplement pas au courant que ces initiatives existent, c’est aussi simple que cela.
Je représente une toute petite agence, je reçois au moins dix CV par semaine de créatifs d’agence qui ont envie de changer. Donc, je pense qu’ils sont aussi très mal à l’aise avec les 4x4. On ne peut pas dire cela. Nous en sommes tous à peu près au même point de la prise de conscience. Simplement, le système est ce qu’il est. On leur demande de travailler sur des trucs… Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas d’états d’âme.
Sans entrer dans le débat, parce que ce serait un peu complexe, le créatif est un salarié dans une entreprise et il exécute la tâche qui lui a été confiée. Autrement, le pompiste va se tirer une balle dans la tête parce qu’il met de l’essence… En tout cas, dans le temps, c’étaient les pompistes qui mettaient de l’essence dans les véhicules. On ne peut pas… Je ne comprends pas bien…
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: Oui, mais c’est la plus médiatisée du milieu de la pub !
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F O S S A T I : Je voudrais demander à Alice si, à part ACT, autre chose était mis en œuvre actuellement par le monde de la publicité au regard du développement durable, vu de l’intérieur de la publicité. C’est peut-être là une expression criticable et tu l’as très clairement critiquée, mais qu’y a-t-il d’autre ?
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: Je peux parler d’un ou deux projets sur lesquels je travaille. C’est à chaque agence de…
A L I C E
: Élisabeth, est-ce que, dans ton agence… Le problème est qu’il ne faut pas à mon avis rentrer sur une thématique ou un sujet. En fait, nous sommes en train de dire que le développement durable n’est rien d’autre qu’une formidable idée qui nous est tombée dessus pour repenser les choses. C’est pour cela que ce n’est pas, en soi, un thème à exploiter.
U N E
A U D O U I N
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On s’en moque d’exL’Agence qui a un vrai rôle ploiter le thème du dévede conseil global peut commencer loppement durable ! Les sujets sont nombreux ! La ainsi à agir sur des choses” question est de se dire : “Ayons conscience qu’il faut changer”. Comment, en tant que patron d’agence, directeur d’agence — nous en avons une parmi nous, elle va nous l’expliquer — peut-on expliquer, avec la force de conviction qui est la sienne puisque c’est son métier, à une entreprise que son produit n’a aucune utilité, sachant que, dans la grande consommation, on travaille très en amont ? Ce ne sont peut-être pas ses équipes Marketing qui vont le lui dire. L’Agence qui a un vrai rôle de conseil global peut commencer ainsi à agir sur des choses. Mais là, nous ne sommes pas au niveau du développement durable ; la question est de savoir si ce qu’on fait a un peu de sens. C’est très transversal.
À mon avis, on sous-estime cette mission. Certes, on ne va pas faire des agences de nouvelles… Comme on est en panne sur le projet politique et sur le projet valeurs, ces gens-là ont une énorme responsabilité, c’est clair.
À mon avis, on sous-estime cette mission. Certes, on ne va pas faire des agences de nouvelles… Comme on est en panne sur le projet politique et sur le projet valeurs, ces gens-là ont une énorme responsabilité, c’est clair.
: Oui, mais il serait utopique de penser que les agences de pub vont aller voir leurs annonceurs…
A U D O U I N
A L I C E
: Lorsqu’on leur demande, elles ont un avis et un point de vue à donner.
E S P I N O S A : En tant qu’association du réseau Écoforum, je représente 150 associations. Nous sommes très heureux d’être avec vous, mais je voudrais faire une remarque sur la forme.
: Lorsqu’on leur demande, elles ont un avis et un point de vue à donner.
E S P I N O S A : En tant qu’association du réseau Écoforum, je représente 150 associations. Nous sommes très heureux d’être avec vous, mais je voudrais faire une remarque sur la forme.
V I C T O R - H U G O
Dans une table ronde comme celle-ci, sur le fait d’écouter quelqu’un lire trois pages, que ce soit bien peu importe, puis d’y consacrer ensuite tout ce temps pour dialoguer, sur la forme, je n’apprécie pas trop.
Dans une table ronde comme celle-ci, sur le fait d’écouter quelqu’un lire trois pages, que ce soit bien peu importe, puis d’y consacrer ensuite tout ce temps pour dialoguer, sur la forme, je n’apprécie pas trop.
Lorsque j’arrive quelque part et que le Président a envoyé un sous-fifre pour lire trois pages pendant lesquelles tout le monde s’endort… Je ne suis pas contre, mais cela prend du temps… Je suis en face de représentants d’agences de publicité et j’ai beaucoup de choses dans les tripes que j’aimerais dire parce que je travaille beaucoup avec les médias, ce, depuis vingt ans. J’aimerais donc que nous consacrions plutôt du temps à ce dialogue.
Lorsque j’arrive quelque part et que le Président a envoyé un sous-fifre pour lire trois pages pendant lesquelles tout le monde s’endort… Je ne suis pas contre, mais cela prend du temps… Je suis en face de représentants d’agences de publicité et j’ai beaucoup de choses dans les tripes que j’aimerais dire parce que je travaille beaucoup avec les médias, ce, depuis vingt ans. J’aimerais donc que nous consacrions plutôt du temps à ce dialogue.
V É R O N I Q U E
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: Oui, mais il serait utopique de penser que les agences de pub vont aller voir leurs annonceurs…
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V I C T O R - H U G O
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: Élisabeth, est-ce que, dans ton agence… Le problème est qu’il ne faut pas à mon avis rentrer sur une thématique ou un sujet. En fait, nous sommes en train de dire que le développement durable n’est rien d’autre qu’une formidable idée qui nous est tombée dessus pour repenser les choses. C’est pour cela que ce n’est pas, en soi, un thème à exploiter.
I N T E R V E N A N T E
On s’en moque d’exL’Agence qui a un vrai rôle ploiter le thème du dévede conseil global peut commencer loppement durable ! Les sujets sont nombreux ! La ainsi à agir sur des choses” question est de se dire : “Ayons conscience qu’il faut changer”. Comment, en tant que patron d’agence, directeur d’agence — nous en avons une parmi nous, elle va nous l’expliquer — peut-on expliquer, avec la force de conviction qui est la sienne puisque c’est son métier, à une entreprise que son produit n’a aucune utilité, sachant que, dans la grande consommation, on travaille très en amont ? Ce ne sont peut-être pas ses équipes Marketing qui vont le lui dire. L’Agence qui a un vrai rôle de conseil global peut commencer ainsi à agir sur des choses. Mais là, nous ne sommes pas au niveau du développement durable ; la question est de savoir si ce qu’on fait a un peu de sens. C’est très transversal.
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: Je peux parler d’un ou deux projets sur lesquels je travaille. C’est à chaque agence de…
A U D O U I N
S A U R E T
: Nous avons terminé sur ce courrier.
V É R O N I Q U E
: Pour revenir à cette initiative, c’est au moins quelque chose qui existe. Ce que je reproche à ces agences, et là où on peut remettre en cause leur sincérité, c’est que si faire un coup d’éclat sympathique, mais au moins mettre sa créativité au service d’une cause, est une chose, lorsqu’il s’agit de le faire passer dans la presse, ils ne choisissent pas les bons titres et, par leur acte d’achat et leur choix de médias, n’encouragent pas les titres qui vont dans ce sens. Je suis bien placée pour le
I N T E R V E N A N T E
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S A U R E T
: Nous avons terminé sur ce courrier.
: Pour revenir à cette initiative, c’est au moins quelque chose qui existe. Ce que je reproche à ces agences, et là où on peut remettre en cause leur sincérité, c’est que si faire un coup d’éclat sympathique, mais au moins mettre sa créativité au service d’une cause, est une chose, lorsqu’il s’agit de le faire passer dans la presse, ils ne choisissent pas les bons titres et, par leur acte d’achat et leur choix de médias, n’encouragent pas les titres qui vont dans ce sens. Je suis bien placée pour le
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dire. Ils vont faire passer cela dans les “canards” classiques, chez leurs copains, etc. Cela prouve qu’il n’y a même pas de logique entre le fond et le support.
dire. Ils vont faire passer cela dans les “canards” classiques, chez leurs copains, etc. Cela prouve qu’il n’y a même pas de logique entre le fond et le support.
S A U R E T : Nous passons à l’intervention de Patrick, pour essayer de respecter un peu ce qui a été prévu. Après, nous pourrons intervenir…
V É R O N I Q U E
: Je ne vais sûrement pas entrer dans ce genre de discussion. Je parlerai ensuite concrètement de ce qu’on peut faire, en tout cas j’essayerai.
É L I S A B E T H
V É R O N I Q U E
É L I S A B E T H
S A U R E T : Nous passons à l’intervention de Patrick, pour essayer de respecter un peu ce qui a été prévu. Après, nous pourrons intervenir…
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Si l’optique est d’attaquer la publicité, ce n’est pas intéressant.
Si l’optique est d’attaquer la publicité, ce n’est pas intéressant.
[…]
[…]
J’ai entendu des choses fausses sur les créatifs. L’important est de savoir, me semble-t-il, comment on peut utiliser, au contraire, la publicité comme porte-voix. C’est une première chose. U N E
I N T E R V E N A N T E
J’ai entendu des choses fausses sur les créatifs. L’important est de savoir, me semble-t-il, comment on peut utiliser, au contraire, la publicité comme porte-voix. C’est une première chose.
: C’est ce que fait ACT.
U N E
: Ce n’est pas ce que fait ACT… Si, La question est de savoir bien sûr, mais derrière ACT, et un certain nombre d’exemples ont été cités, comment on fait de façon il y a de nombreuses entreprises et de responsable son travail” nombreuses agences. Les agences portent les messages des entreprises. Ce n’est donc pas ACT en tant que telle. ACT est une initiative et je crois que c’est plutôt bien, mais ce qui est important, ce que je retiens de positif dans la démarche de Madame, c’est que la publicité a des atouts qu’il faut peut-être utiliser pour faire passer des messages du développement durable. Point.
É L I S A B E T H
: C’est ce que fait ACT.
: Ce n’est pas ce que fait ACT… Si, La question est de savoir bien sûr, mais derrière ACT, et un certain nombre d’exemples ont été cités, comment on fait de façon il y a de nombreuses entreprises et de responsable son travail” nombreuses agences. Les agences portent les messages des entreprises. Ce n’est donc pas ACT en tant que telle. ACT est une initiative et je crois que c’est plutôt bien, mais ce qui est important, ce que je retiens de positif dans la démarche de Madame, c’est que la publicité a des atouts qu’il faut peut-être utiliser pour faire passer des messages du développement durable. Point.
Après, se pose la question de savoir comment on fait dans les agences pour que cela se diffuse de plus en plus, que ce soit le plus responsable possible… Aucune grosse agence ne peut vivre uniquement sur des sujets de développement durable. La question est de savoir comment on fait de façon responsable son travail.
Après, se pose la question de savoir comment on fait dans les agences pour que cela se diffuse de plus en plus, que ce soit le plus responsable possible… Aucune grosse agence ne peut vivre uniquement sur des sujets de développement durable. La question est de savoir comment on fait de façon responsable son travail.
Je peux vous dire qu’il existe des législations. L’achat d’espaces, cela ne se fait pas avec des copains, mais avec des études… Nous sommes dans un métier très légiféré, beaucoup plus qu’on ne l’imagine. La question est de savoir comment on peut utiliser la publicité comme porte-voix.
Je peux vous dire qu’il existe des législations. L’achat d’espaces, cela ne se fait pas avec des copains, mais avec des études… Nous sommes dans un métier très légiféré, beaucoup plus qu’on ne l’imagine. La question est de savoir comment on peut utiliser la publicité comme porte-voix.
: Sachant que nous devons bien distinguer deux choses dans notre propos : un, l’agence qui produit des campagnes et des créations, deux, les pratiques des agences dont j’aimerais bien que nous parlions. En effet, dans ce domaine, un gros travail a été fait. En tout cas, on ne peut pas dire que cela n’existe pas ; il existe un cadre. Il ne faut pas faire comme si rien n’était fait. Non, il existe des outils. Ensuite, sont-ils intégrés par les agences ? Posons également la question de savoir pourquoi cela ne diffuse pas davantage alors qu’on sait un peu ce qu’il faut faire. On connaît les impacts, on sait ce qui pourrait être amélioré. En tout cas, les outils existent.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Je ne suis pas d’accord sur le fait que les outils existent. Il n’existe pas aujourd’hui d’outils d’évaluation environnementale et sociétale de la publicité…
U N E
I N T E R V E N A N T E
S A U R E T : Je ne parle pas de cela, mais des pratiques d’une manière générale et des codes de bonne conduite au niveau d’une profession. Ils existent. On peut les critiquer, mais il y a des débuts de choses…
V É R O N I Q U E
U N E
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: Nous n’allons parler que de la lettre…
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: Sachant que nous devons bien distinguer deux choses dans notre propos : un, l’agence qui produit des campagnes et des créations, deux, les pratiques des agences dont j’aimerais bien que nous parlions. En effet, dans ce domaine, un gros travail a été fait. En tout cas, on ne peut pas dire que cela n’existe pas ; il existe un cadre. Il ne faut pas faire comme si rien n’était fait. Non, il existe des outils. Ensuite, sont-ils intégrés par les agences ? Posons également la question de savoir pourquoi cela ne diffuse pas davantage alors qu’on sait un peu ce qu’il faut faire. On connaît les impacts, on sait ce qui pourrait être amélioré. En tout cas, les outils existent. : Je ne suis pas d’accord sur le fait que les outils existent. Il n’existe pas aujourd’hui d’outils d’évaluation environnementale et sociétale de la publicité…
S A U R E T : Je ne parle pas de cela, mais des pratiques d’une manière générale et des codes de bonne conduite au niveau d’une profession. Ils existent. On peut les critiquer, mais il y a des débuts de choses…
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: Je ne vais sûrement pas entrer dans ce genre de discussion. Je parlerai ensuite concrètement de ce qu’on peut faire, en tout cas j’essayerai.
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: Non, non, nous avons dépassé le sujet de la lettre.
Cela ne va pas être facile de reprendre la parole… P A T R I C K
W I D L O E C H E R , directeur du développement durable, Groupe La Poste : Oui, je ne sais plus ce que je voulais dire… (Rires.)
Je travaille pour le groupe La Poste, donc dans une entreprise. Je vais donc parler en tant que représentant de l’entreprise, annonceur, encore qu’à La Poste, sur le développement durable, nous ne sommes pas vraiment un gros annonceur, nous n’avons pas fait de grosses campagnes, mais des campagnes ponctuelles dans la presse spécialisée.
Le développement durable, dans une entreprise, c’est moins un changement technique qu’un changement de comportement”
Par contre, je voulais parler au nom des entreprises je ne sais pas si je peux me permettre dont certaines ont été parfois critiquées parce qu’elles communiquaient autour du développement durable. Mon intervention visera un peu à essayer de “légitimer” la publicité sur le développement durable, pour les entreprises.
Il faut déjà partir d’un principe de base, connu de tout le monde, mais qu’il est toujours bon de rappeler : le développement durable, dans une entreprise, c’est moins un changement technique qu’un changement de comportement. C’est donc véritablement un changement culturel. Or, tout changement culturel nécessite des actions d’information, de communication et de formation. Je fais une petite parenthèse : il n’est pas étonnant, même si le développement durable ne peut pas se ramener à de la communication, qu’on trouve beaucoup de gens issus du monde de la communication à des postes de responsable développement durable dans les entreprises. Ceci explique cela.
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: Non, non, nous avons dépassé le sujet de la lettre.
Cela ne va pas être facile de reprendre la parole… P A T R I C K
W I D L O E C H E R , directeur du développement durable, Groupe La Poste : Oui, je ne sais plus ce que je voulais dire… (Rires.)
Je travaille pour le groupe La Poste, donc dans une entreprise. Je vais donc parler en tant que représentant de l’entreprise, annonceur, encore qu’à La Poste, sur le développement durable, nous ne sommes pas vraiment un gros annonceur, nous n’avons pas fait de grosses campagnes, mais des campagnes ponctuelles dans la presse spécialisée.
Le développement durable, dans une entreprise, c’est moins un changement technique qu’un changement de comportement”
Il faut également que nous soyons très pragmatiques. Que nous soyons contre ou pas, nous sommes dans une économie de marché et, dans une économie de marché, la publicité fait partie des moyens naturels d’information et de communication. Il n’est donc pas surprenant, même si certains poussent des cris d’orfraie, que le développement durable utilise autant que nécessaire l’impact qu’offre la publicité. En fait, la publicité, c’est quoi ? C’est le caractère de ce qui est public, de ce qui n’est pas tenu
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Par contre, je voulais parler au nom des entreprises je ne sais pas si je peux me permettre dont certaines ont été parfois critiquées parce qu’elles communiquaient autour du développement durable. Mon intervention visera un peu à essayer de “légitimer” la publicité sur le développement durable, pour les entreprises.
Il faut déjà partir d’un principe de base, connu de tout le monde, mais qu’il est toujours bon de rappeler : le développement durable, dans une entreprise, c’est moins un changement technique qu’un changement de comportement. C’est donc véritablement un changement culturel. Or, tout changement culturel nécessite des actions d’information, de communication et de formation. Je fais une petite parenthèse : il n’est pas étonnant, même si le développement durable ne peut pas se ramener à de la communication, qu’on trouve beaucoup de gens issus du monde de la communication à des postes de responsable développement durable dans les entreprises. Ceci explique cela. Il faut également que nous soyons très pragmatiques. Que nous soyons contre ou pas, nous sommes dans une économie de marché et, dans une économie de marché, la publicité fait partie des moyens naturels d’information et de communication. Il n’est donc pas surprenant, même si certains poussent des cris d’orfraie, que le développement durable utilise autant que nécessaire l’impact qu’offre la publicité. En fait, la publicité, c’est quoi ? C’est le caractère de ce qui est public, de ce qui n’est pas tenu
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secret. Pour ce qui nous intéresse cet après-midi, c’est le fait d’exercer une action psychologique sur des gens à des fins d’images, voire à des fins commerciales.
secret. Pour ce qui nous intéresse cet après-midi, c’est le fait d’exercer une action psychologique sur des gens à des fins d’images, voire à des fins commerciales.
Or, dans une société où le niveau de responsabilité sociale devient de plus en plus un atout concurrentiel pour les entreprises, un élément discriminant, pourquoi une entreprise se priverait-elle d’informer sur ses avancées et le développement durable par le moyen de la publicité ? On peut se poser la question. Peut-on aujourd’hui reprocher à une entreprise de faire de la publicité sur son niveau de responsabilité sociale, sur ses engagements en matière de développement durable ? Pourquoi la publicité serait-elle encouragée pour toutes les autres disciplines de l’entreprise et serait “interdite”, entre guillemets, pour le développement durable et pour lui seul ?
Or, dans une société où le niveau de responsabilité sociale devient de plus en plus un atout concurrentiel pour les entreprises, un élément discriminant, pourquoi une entreprise se priverait-elle d’informer sur ses avancées et le développement durable par le moyen de la publicité ? On peut se poser la question. Peut-on aujourd’hui reprocher à une entreprise de faire de la publicité sur son niveau de responsabilité sociale, sur ses engagements en matière de développement durable ? Pourquoi la publicité serait-elle encouragée pour toutes les autres disciplines de l’entreprise et serait “interdite”, entre guillemets, pour le développement durable et pour lui seul ?
En fait, la question que nous pouvons légitimement nous poser est celle-ci : n’y a-t-il pas un écart entre le discours et la réalité ? C’est un débat très intéressant et qui mérite d’être posé sur la place publique. En revanche, débattre sur le fait de faire ou de ne pas faire de publicité sur le développement durable me paraît un faux débat.
En fait, la question que nous pouvons légitimement nous poser est celle-ci : n’y a-t-il pas un écart entre le discours et la réalité ? C’est un débat très intéressant et qui mérite d’être posé sur la place publique. En revanche, débattre sur le fait de faire ou de ne pas faire de publicité sur le développement durable me paraît un faux débat.
Lorsqu’on fait de la publicité sur le développement durable ou sur son niveau de responsabilité sociale ou lorsqu’on veut valoriser un peu ses résultats, cela impacte bien sûr positivement – c’est un peu l’objectif l’image de l’entreprise. Cela impacte également - je le vois à La Poste pour le peu que nous avons pu faire - le secteur concurrentiel de l’entreprise en question. Cela crée une sorte d’émulation. Par ailleurs, cela impacte l’interne de l’entreprise et renforce l’esprit d’appartenance, mais cela permet également aux collaborateurs de légitimer au sein de l’entreprise l’engagement citoyen qu’ils peuvent avoir dans leur vie personnelle. C’est un aspect extrêmement positif parce que les gens ne sont pas schizophrènes : s’ils trient les déchets chez eux à la maison, ils seront très heureux de pouvoir le faire également sur leur lieu de travail.
Lorsqu’on fait de la publicité sur le développement durable ou sur son niveau de responsabilité sociale ou lorsqu’on veut valoriser un peu ses résultats, cela impacte bien sûr positivement – c’est un peu l’objectif l’image de l’entreprise. Cela impacte également - je le vois à La Poste pour le peu que nous avons pu faire - le secteur concurrentiel de l’entreprise en question. Cela crée une sorte d’émulation. Par ailleurs, cela impacte l’interne de l’entreprise et renforce l’esprit d’appartenance, mais cela permet également aux collaborateurs de légitimer au sein de l’entreprise l’engagement citoyen qu’ils peuvent avoir dans leur vie personnelle. C’est un aspect extrêmement positif parce que les gens ne sont pas schizophrènes : s’ils trient les déchets chez eux à la maison, ils seront très heureux de pouvoir le faire également sur leur lieu de travail.
La question que nous devons nous poser aujourd’hui et que je me pose en tant que directeur du développement durable d’une entreprise comme La Poste et en tant qu’ancien communicant puisque j’ai passé vingt-cinq ans dans la communication, est de savoir si, compte tenu de la gravité de la situation, les entreprises ont intérêt à y aller chacune de leur côté, avec leur publicité personnelle, etc. Ne devrions-nous pas commencer à nous demander si certaines entreprises ne devraient pas regrouper leurs moyens et mener des campagnes de publicité sur des médias de masse - je pense notamment à la télévision, mais cela peut être également la presse - parce que, pour avoir accès justement à ces médias de masse, il faut des investissements importants que n’ont pas aujourd’hui, individuellement, la plupart des entreprises ?
Pourquoi une entreprise se priverait-elle d’informer sur ses avancées et le développement durable par le moyen de la publicité ?”
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Pourquoi les entreprises auraientelles intérêt à se grouper pour communiquer sur le développement durable et essayer de développer le comportement éco-citoyen des Français ?
Tout d’abord, parce que les entreprises ont commencé à prendre conscience qu’elles ne seraient pas pérennes, qu’elles ne pourraient pas créer de la valeur ou faire du profit, selon le langage qu’on utilise, sur une planète dévastée par les conséquences du réchauffement climatique ou par la fracture - nous en parlions dans un autre débat tout à l’heure - sociale et économique entre le Nord et le Sud. Si les entreprises aujourd’hui se lancent dans le développement durable, ce n’est pas parce qu’elles sont philanthropes ou qu’elles ont des présidents “écolos”, humanistes, etc. Il y en a peut-
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La question que nous devons nous poser aujourd’hui et que je me pose en tant que directeur du développement durable d’une entreprise comme La Poste et en tant qu’ancien communicant puisque j’ai passé vingt-cinq ans dans la communication, est de savoir si, compte tenu de la gravité de la situation, les entreprises ont intérêt à y aller chacune de leur côté, avec leur publicité personnelle, etc. Ne devrions-nous pas commencer à nous demander si certaines entreprises ne devraient pas regrouper leurs moyens et mener des campagnes de publicité sur des médias de masse - je pense notamment à la télévision, mais cela peut être également la presse - parce que, pour avoir accès justement à ces médias de masse, il faut des investissements importants que n’ont pas aujourd’hui, individuellement, la plupart des entreprises ?
Pourquoi une entreprise se priverait-elle d’informer sur ses avancées et le développement durable par le moyen de la publicité ?”
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Pourquoi les entreprises auraientelles intérêt à se grouper pour communiquer sur le développement durable et essayer de développer le comportement éco-citoyen des Français ?
Tout d’abord, parce que les entreprises ont commencé à prendre conscience qu’elles ne seraient pas pérennes, qu’elles ne pourraient pas créer de la valeur ou faire du profit, selon le langage qu’on utilise, sur une planète dévastée par les conséquences du réchauffement climatique ou par la fracture - nous en parlions dans un autre débat tout à l’heure - sociale et économique entre le Nord et le Sud. Si les entreprises aujourd’hui se lancent dans le développement durable, ce n’est pas parce qu’elles sont philanthropes ou qu’elles ont des présidents “écolos”, humanistes, etc. Il y en a peut-
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être parmi eux, mais globalement, c’est la minorité, mais parce qu’elles y voient un moyen d’améliorer leur efficacité économique. Point final. Il n’y a pas autre chose.
être parmi eux, mais globalement, c’est la minorité, mais parce qu’elles y voient un moyen d’améliorer leur efficacité économique. Point final. Il n’y a pas autre chose.
Elles ont intérêt à ce que la situation de la planète s’améliore et qu’il fasse bon vivre et travailler demain sur la Terre. Cela leur permettra de continuer à créer de la valeur ou à faire des profits. D’où cette idée non pas que je lance personnellement, parce que d’autres ont déjà essayé de la mettre en place, sans avoir réussi pour l’instant, d’une campagne de sensibilisation trans-entreprises, une campagne de publicité dans laquelle toutes les forces et tous les moyens disponibles au sein des entreprises qui communiquent déjà sur le développement durable seraient mis “au pot commun” de façon à atteindre le maximum d’habitants par le truchement de médias de masse, comme je l’ai dit tout à l’heure en citant la télévision.
Elles ont intérêt à ce que la situation de la planète s’améliore et qu’il fasse bon vivre et travailler demain sur la Terre. Cela leur permettra de continuer à créer de la valeur ou à faire des profits. D’où cette idée non pas que je lance personnellement, parce que d’autres ont déjà essayé de la mettre en place, sans avoir réussi pour l’instant, d’une campagne de sensibilisation trans-entreprises, une campagne de publicité dans laquelle toutes les forces et tous les moyens disponibles au sein des entreprises qui communiquent déjà sur le développement durable seraient mis “au pot commun” de façon à atteindre le maximum d’habitants par le truchement de médias de masse, comme je l’ai dit tout à l’heure en citant la télévision.
Le but serait d’informer les citoyens, de leur faire prendre conscience des principaux enjeux. La prise de conscience s’élève, nous le voyons bien en France, mais entre la prise de conscience qui s’élève et l’action, pour l’instant, il y a un “gap”. Ce “gap” est à mon avis pour l’essentiel dû à la difficulté qui est la nôtre à faire le lien entre le particulier et le général: “Moi, individu, si je change mon comportement, quel impact cela aura-t-il sur ce “machin” mondial, etc., qui me dépasse? D’où ce véritable besoin de faire le lien entre le particulier et le général. C’est à mon avis la solution de la mobilisation. De la même façon, le débat précédent a amené une discussion avec Robert Lion sur le problème entre le Nord et le Sud. Il était un peu déçu de la faible mobilisation des citoyens des pays développés en faveur du Sud, mais il faut là aussi être extrêmement pragmatique. Les gens sont relativement individualistes ; nous sommes dans une économie de marché qui pousse à l’individualisation des comportements. Les gens sont individualistes et ne s’engageront que s’ils y voient un intérêt, à part une minorité de gens qui s’investissent dans les campagnes humanitaires, etc. Mais, si nous voulons vraiment que ce soit une démarche de masse, il faudra réussir à faire le lien entre ce qui se passe dans les pays du Sud et la vie des gens dans les pays développés, c’est-à-dire montrer comment les pays du Sud influencent ma vie quotidienne.
La prise de conscience s’élève, nous le voyons bien en France, mais entre la prise de conscience qui s’élève et l’action, pour l’instant, il y a un « gap »”
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Le but serait d’informer les citoyens, de leur faire prendre conscience des principaux enjeux. La prise de conscience s’élève, nous le voyons bien en France, mais entre la prise de conscience qui s’élève et l’action, pour l’instant, il y a un “gap”. Ce “gap” est à mon avis pour l’essentiel dû à la difficulté qui est la nôtre à faire le lien entre le particulier et le général: “Moi, individu, si je change mon comportement, quel impact cela aura-t-il sur ce “machin” mondial, etc., qui me dépasse? D’où ce véritable besoin de faire le lien entre le particulier et le général. C’est à mon avis la solution de la mobilisation. De la même façon, le débat précédent a amené une discussion avec Robert Lion sur le problème entre le Nord et le Sud. Il était un peu déçu de la faible mobilisation des citoyens des pays développés en faveur du Sud, mais il faut là aussi être extrêmement pragmatique. Les gens sont relativement individualistes ; nous sommes dans une économie de marché qui pousse à l’individualisation des comportements. Les gens sont individualistes et ne s’engageront que s’ils y voient un intérêt, à part une minorité de gens qui s’investissent dans les campagnes humanitaires, etc. Mais, si nous voulons vraiment que ce soit une démarche de masse, il faudra réussir à faire le lien entre ce qui se passe dans les pays du Sud et la vie des gens dans les pays développés, c’est-à-dire montrer comment les pays du Sud influencent ma vie quotidienne.
La prise de conscience s’élève, nous le voyons bien en France, mais entre la prise de conscience qui s’élève et l’action, pour l’instant, il y a un « gap »”
Ceux qui travaillaient au World Trade Center ont compris, le 11 septembre, qu’il existait un lien entre ce qui se passait dans le Sud et leur vie de citoyen de pays développé. C’est un peu une caricature, mais il faut que nous arrivions à faire comprendre aux gens dans les pays développés que leur intérêt c’est que les pays du Sud et le niveau de vie dans ces pays se développent.
Ceux qui travaillaient au World Trade Center ont compris, le 11 septembre, qu’il existait un lien entre ce qui se passait dans le Sud et leur vie de citoyen de pays développé. C’est un peu une caricature, mais il faut que nous arrivions à faire comprendre aux gens dans les pays développés que leur intérêt c’est que les pays du Sud et le niveau de vie dans ces pays se développent.
Ces campagnes de communication d’intérêt général, qui pourraient être prises en charge collectivement par un certain nombre d’entreprises, pourraient permettre une meilleure mobilisation des citoyens en faveur du développement et permettraient également de développer leur comportement éco-citoyen. Vu l’immensité des problèmes que connaît chacun ici autour de la table, nous avons quand même l’impression, lorsque nous sommes dans une entreprise, de nous retrouver avec la dune du Pilat à déplacer à l’aide d’une cuillère à café ! Nous avons donc besoin de regrouper nos forces.
Ces campagnes de communication d’intérêt général, qui pourraient être prises en charge collectivement par un certain nombre d’entreprises, pourraient permettre une meilleure mobilisation des citoyens en faveur du développement et permettraient également de développer leur comportement éco-citoyen. Vu l’immensité des problèmes que connaît chacun ici autour de la table, nous avons quand même l’impression, lorsque nous sommes dans une entreprise, de nous retrouver avec la dune du Pilat à déplacer à l’aide d’une cuillère à café ! Nous avons donc besoin de regrouper nos forces.
Dernier point qui me fait dire qu’il faut “légitimer” la publicité pour le développement durable, même si ce n’est pas le fait essentiel : la publicité fait vivre la plupart des médias, je pense notamment à tous les supports (magazines, lettres, journaux sur Internet) spécialisés dans le développement durable et qui sont des supports d’infor-
Dernier point qui me fait dire qu’il faut “légitimer” la publicité pour le développement durable, même si ce n’est pas le fait essentiel : la publicité fait vivre la plupart des médias, je pense notamment à tous les supports (magazines, lettres, journaux sur Internet) spécialisés dans le développement durable et qui sont des supports d’infor-
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mation comme Ekwo ou d’autres, qui participent à faire avancer la cause du développement durable.
mation comme Ekwo ou d’autres, qui participent à faire avancer la cause du développement durable.
Nous avons tous besoin, dans les entreprises comme dans les collectivités locales, les pouvoirs publics, etc., de ces avancées en développement durable. Or, en faisant de la publicité dans les supports spécialisés développement durable, nous leur donnons finalement des moyens financiers supplémentaires, nous les aidons à exister, à valoriser et à faire connaître le développement durable, à aider au développement des comportements éco-citoyens.
Nous avons tous besoin, dans les entreprises comme dans les collectivités locales, les pouvoirs publics, etc., de ces avancées en développement durable. Or, en faisant de la publicité dans les supports spécialisés développement durable, nous leur donnons finalement des moyens financiers supplémentaires, nous les aidons à exister, à valoriser et à faire connaître le développement durable, à aider au développement des comportements éco-citoyens.
Je ne dis pas cela parce que (...) qui est fort sympathique se trouve à côté de moi. Il n’y a pas que son journal, nous pourrions en citer d’autres. Je ne le ferai pas par…
Je ne dis pas cela parce que (...) qui est fort sympathique se trouve à côté de moi. Il n’y a pas que son journal, nous pourrions en citer d’autres. Je ne le ferai pas par…
I N T E R V E N A N T E
: Tu peux, ils ne sont pas 36 000 !
U N E
I N T E R V E N A N T E
[…] P A T R I C K
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[…]
W I D L O E C H E R : Il y a des magazines pour l’environnement… Je parlais vraiment de toute la palette des problématiques de développement durable, aussi bien l’environnement que le sociétal, le social ou l’économique.
Nous avons intérêt en tant qu’entreprises à ce que ces supports continuent d’exister de façon à ce qu’ils participent au développement de la conscience des citoyens. Telles sont rapidement les raisons qui me poussent à dire qu’aujourd’hui faire de la publicité sur le thème du développement durable est une bonne chose pour les entreprises, pour les citoyens, pour les territoires, pour la planète et, bien sûr, pour le développement durable lui-même. S A U R E T : Merci, Patrick. Je passe la parole à Marie, ensuite à VictorHugo… De toute façon, nous nous moquons des règlements, nous ne sortirons pas tant que chacun n’aura pas dit ce qu’il a à dire !
V É R O N I Q U E
Sur cette suggestion qui est vraiment concrète, pragmatique, peut-être un peu utopiste me semble-t-il, pour avoir animé plein de collectifs, j’aimerais avoir le point de vue d’EDF sur le sujet. Seraient-ils prêts à mettre au “pot commun” et à avoir une approche collective des sujets ? Il serait intéressant d’écouter leur point de vue. M A R I E
: On m’a dit tout à l’heure que je n’étais pas assez méchante, je vais donc dire deux trucs méchants… (Rires.)
J O U R D A I N
Tout d’abord, nous ne sommes absolument pas égaux face à la pub et même dans la pub. En effet, faire passer de cette façon un message pour une association, c’est utopique… Cela coûte un prix fou, je n’en connais même pas le prix! C’est totalement impensable. Nous en parlions tout à l’heure avec Isabelle, du PNUE, et elle me disait: “Un État, par exemple, qui veut faire une campagne de pub pour l’environnement n’aura jamais la capacité d’acheter des espaces publicitaires comme peut le faire McDo, sur tous les bâtiments, dans toutes les télévisions, dans tous les journaux, etc.”
Les bonnes campagnes de pub (ADEME, Plan énergie) se trouvent noyées dans une “soupe” dont le but est, notamment, de vendre des voitures de plus en plus grosses”
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Compte tenu de cette importante inégalité, les bonnes campagnes de pub (ADEME, Plan énergie) se trouvent noyées dans une “soupe” dont le but est, notamment, de vendre des voitures de plus en plus grosses qui consomment de plus en plus de carburant. Du coup, effectivement, cela nuit au message. Nous avons les moyens par la publicité de faire passer des messages, mais ils sont complètement noyés.
ACIDD et Comité 21
: Tu peux, ils ne sont pas 36 000 !
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W I D L O E C H E R : Il y a des magazines pour l’environnement… Je parlais vraiment de toute la palette des problématiques de développement durable, aussi bien l’environnement que le sociétal, le social ou l’économique.
Nous avons intérêt en tant qu’entreprises à ce que ces supports continuent d’exister de façon à ce qu’ils participent au développement de la conscience des citoyens. Telles sont rapidement les raisons qui me poussent à dire qu’aujourd’hui faire de la publicité sur le thème du développement durable est une bonne chose pour les entreprises, pour les citoyens, pour les territoires, pour la planète et, bien sûr, pour le développement durable lui-même. S A U R E T : Merci, Patrick. Je passe la parole à Marie, ensuite à VictorHugo… De toute façon, nous nous moquons des règlements, nous ne sortirons pas tant que chacun n’aura pas dit ce qu’il a à dire !
V É R O N I Q U E
Sur cette suggestion qui est vraiment concrète, pragmatique, peut-être un peu utopiste me semble-t-il, pour avoir animé plein de collectifs, j’aimerais avoir le point de vue d’EDF sur le sujet. Seraient-ils prêts à mettre au “pot commun” et à avoir une approche collective des sujets ? Il serait intéressant d’écouter leur point de vue. M A R I E
: On m’a dit tout à l’heure que je n’étais pas assez méchante, je vais donc dire deux trucs méchants… (Rires.)
J O U R D A I N
Tout d’abord, nous ne sommes absolument pas égaux face à la pub et même dans la pub. En effet, faire passer de cette façon un message pour une association, c’est utopique… Cela coûte un prix fou, je n’en connais même pas le prix! C’est totalement impensable. Nous en parlions tout à l’heure avec Isabelle, du PNUE, et elle me disait: “Un État, par exemple, qui veut faire une campagne de pub pour l’environnement n’aura jamais la capacité d’acheter des espaces publicitaires comme peut le faire McDo, sur tous les bâtiments, dans toutes les télévisions, dans tous les journaux, etc.”
Les bonnes campagnes de pub (ADEME, Plan énergie) se trouvent noyées dans une “soupe” dont le but est, notamment, de vendre des voitures de plus en plus grosses”
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Compte tenu de cette importante inégalité, les bonnes campagnes de pub (ADEME, Plan énergie) se trouvent noyées dans une “soupe” dont le but est, notamment, de vendre des voitures de plus en plus grosses qui consomment de plus en plus de carburant. Du coup, effectivement, cela nuit au message. Nous avons les moyens par la publicité de faire passer des messages, mais ils sont complètement noyés.
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Une autre chose me révolte. Il faut vraiment une éthique développement durable dans la pub. Lorsque je vois l’utilisation par certaines grandes entreprises de l’image de la nature pour justifier un certain nombre d’actions, cela me soûle ! Je suis désolée parce qu’il y a quelqu’un ici… V É R O N I Q U E M A R I E
S A U R E T
Une autre chose me révolte. Il faut vraiment une éthique développement durable dans la pub. Lorsque je vois l’utilisation par certaines grandes entreprises de l’image de la nature pour justifier un certain nombre d’actions, cela me soûle ! Je suis désolée parce qu’il y a quelqu’un ici…
: Non, c’est justement l’occasion…
V É R O N I Q U E
: Lorsque EDF montre les éoliennes et les panneaux solaires alors que l’électricité en France est produite à… je ne sais plus exactement quel est le pourcentage 80 % par le nucléaire, je trouve que c’est tromper le consommateur.
J O U R D A I N
U N
I N T E R V E N A N T
U N
I N T E R V E N A N T
L ’ I N T E R V E N A N T
:
M A R I E
: Vous préfèreriez que ce soit 80 % produits avec du charbon…
U N
: Lorsque EDF montre les éoliennes et les panneaux solaires alors que l’électricité en France est produite à… je ne sais plus exactement quel est le pourcentage 80 % par le nucléaire, je trouve que c’est tromper le consommateur.
I N T E R V E N A N T
: C’est un “détournement de réponse”.
U N
I N T E R V E N A N T
…C’est un vrai débat.
L ’ I N T E R V E N A N T
“
: Vous préfèreriez que ce soit 80 % produits avec du charbon… : C’est un “détournement de réponse”.
“
…C’est un vrai débat.
S A U R E T : Le sujet que tu exposes est celui de l’accès aux médias. Je pense que des choses sont à faire concrètement. Les pouvoirs publics peuvent exercer des pressions et pas uniquement les pouvoirs publics. Des accords pourraient être passés avec les chaînes; cela a été fait. Sur certains sujets, on négocie très fort et on y arrive. Les patrons de chaîne sont comme les autres, ils ont aussi une conscience. S’ils le décident, ils ont le pouvoir de faire quelque chose. Mais encore faut-il entreprendre ces démarches, être fort et suffisamment persuasif pour le faire. Des solutions existent. Ce sont de vrais axes. Comme tu l’as dit, même si tu arrives à te faire payer gracieusement une campagne – ce n’est pas difficile, si tu as huit spots, cela ne sert à rien; nous sommes bien d’accord là-dessus.
J’en viens à un Nous sommes en France, en Europe deuxième sujet, mais nous et dans le monde, dans une dérive rejoignons ce qui a été dit par le représentant de La libérale et le propre de la dérive Poste… Je ne parle pas libérale est que l’État s’appauvrit” d’EDF en particulier. À un moment donné, tout le monde peut s’emparer du développement durable et, lorsqu’on se trouve face à un décalage entre les actes et la parole, cela trouble. Comment gère-ton cela? Est-ce gérable?
J’en viens à un Nous sommes en France, en Europe deuxième sujet, mais nous et dans le monde, dans une dérive rejoignons ce qui a été dit par le représentant de La libérale et le propre de la dérive Poste… Je ne parle pas libérale est que l’État s’appauvrit” d’EDF en particulier. À un moment donné, tout le monde peut s’emparer du développement durable et, lorsqu’on se trouve face à un décalage entre les actes et la parole, cela trouble. Comment gère-ton cela? Est-ce gérable?
Après, c’est l’autodiscipline, la profession… Il faut quand même qu’EDF s’exprime si vous êtes tous d’accord…
Après, c’est l’autodiscipline, la profession… Il faut quand même qu’EDF s’exprime si vous êtes tous d’accord…
: Juste une parenthèse suite à l’intervention de Marie. Je ne porte pas de jugement de valeur sur la politique, mais aujourd’hui, nous sommes en France, en Europe et dans le monde, dans une dérive libérale et le propre de la dérive libérale est que l’État s’appauvrit. Il n’est même pas la peine de penser deux minutes que l’État ou les États vont commencer à investir dans des campagnes de communication sur ces sujets. Il faut donc que nous-mêmes, les entreprises, les associations, etc., nous nous prenions en charge. Si nous attendons l’État, nous n’aurons rien !
U N
E S P I N O S A : Je rebondis tout d’abord sur votre remarque : lorsqu’on parle à un jeune, on croit souvent que, parce que c’est un jeune, il ne va pas savoir que 80 % de l’électricité n’est pas… Vous avez montré là un certain mépris.
V I C T O R - H U G O
I N T E R V E N A N T
: Juste une parenthèse suite à l’intervention de Marie. Je ne porte pas de jugement de valeur sur la politique, mais aujourd’hui, nous sommes en France, en Europe et dans le monde, dans une dérive libérale et le propre de la dérive libérale est que l’État s’appauvrit. Il n’est même pas la peine de penser deux minutes que l’État ou les États vont commencer à investir dans des campagnes de communication sur ces sujets. Il faut donc que nous-mêmes, les entreprises, les associations, etc., nous nous prenions en charge. Si nous attendons l’État, nous n’aurons rien !
I N T E R V E N A N T
E S P I N O S A : Je rebondis tout d’abord sur votre remarque : lorsqu’on parle à un jeune, on croit souvent que, parce que c’est un jeune, il ne va pas savoir que 80 % de l’électricité n’est pas… Vous avez montré là un certain mépris.
[…]
[…]
Je vous le dis clairement. Nous sommes là pour dire les choses. Marie Jourdain a vingt-cinq ans, cela fait quatre ans qu’elle fait de l’écologie, qu’elle passe à la télé, ©
:
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: Non, c’est justement l’occasion…
J O U R D A I N
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S A U R E T : Le sujet que tu exposes est celui de l’accès aux médias. Je pense que des choses sont à faire concrètement. Les pouvoirs publics peuvent exercer des pressions et pas uniquement les pouvoirs publics. Des accords pourraient être passés avec les chaînes; cela a été fait. Sur certains sujets, on négocie très fort et on y arrive. Les patrons de chaîne sont comme les autres, ils ont aussi une conscience. S’ils le décident, ils ont le pouvoir de faire quelque chose. Mais encore faut-il entreprendre ces démarches, être fort et suffisamment persuasif pour le faire. Des solutions existent. Ce sont de vrais axes. Comme tu l’as dit, même si tu arrives à te faire payer gracieusement une campagne – ce n’est pas difficile, si tu as huit spots, cela ne sert à rien; nous sommes bien d’accord là-dessus.
V É R O N I Q U E
S A U R E T
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Je vous le dis clairement. Nous sommes là pour dire les choses. Marie Jourdain a vingt-cinq ans, cela fait quatre ans qu’elle fait de l’écologie, qu’elle passe à la télé, 193
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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qu’elle se bat ; je vous fais le pari que vous pourriez apprendre des choses à l’écouter, même à votre âge ; moi-même… V É R O N I Q U E
S A U R E T
L ’ I N T E R V E N A N T
Z
qu’elle se bat ; je vous fais le pari que vous pourriez apprendre des choses à l’écouter, même à votre âge ; moi-même…
: D’accord, mais revenons tout de même au sujet.
V É R O N I Q U E
: Vous vous méprenez complètement sur mon intervention.
L ’ I N T E R V E N A N T
E S P I N O S A : Personne n’est contre la publicité parce que la publicité fait partie de ce qui existe partout, dans tous les pays… Nous ne sommes pas contre. Nous aimerions en revanche qu’il y ait un Code éthique, que, lorsqu’on dit quelque chose, on le prouve, qu’on ne fasse pas de publicité mensongère ou incomplète (on dit ce qui est bien et on cache la pollution).
©
Z
: D’accord, mais revenons tout de même au sujet.
: Vous vous méprenez complètement sur mon intervention.
E S P I N O S A : Personne n’est contre la publicité parce que la publicité fait partie de ce qui existe partout, dans tous les pays… Nous ne sommes pas contre. Nous aimerions en revanche qu’il y ait un Code éthique, que, lorsqu’on dit quelque chose, on le prouve, qu’on ne fasse pas de publicité mensongère ou incomplète (on dit ce qui est bien et on cache la pollution).
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Le but n’est pas d’attaquer. Je ne suis pas antinucléaire, mais lorsque EDF communique sur quelque chose, nous aimerions pouvoir rebondir sur une possibilité pour dire la vérité.
Le but n’est pas d’attaquer. Je ne suis pas antinucléaire, mais lorsque EDF communique sur quelque chose, nous aimerions pouvoir rebondir sur une possibilité pour dire la vérité.
Je vous livre une première réaction philosophique ; elle me vient vraiment des tripes. Je suis très heureux d’être en face de vous pour en parler. Je viens du Chili et, en France, on est dans une société dans laquelle on veut que les gens soient les plus imbéciles–je vous le dis honnêtement, comme je le sens, les plus égoïstes et individualistes possible. Un égoïste qui a un magnétoscope quatre têtes doit absolument s’en acheter un à huit têtes parce qu’il le faut ! On est en train de créer une société égoïste, individualiste, avec toutes les conséquences de mal-être, d’un monde sans cœur qui donne de la tristesse à un peuple.
Je vous livre une première réaction philosophique ; elle me vient vraiment des tripes. Je suis très heureux d’être en face de vous pour en parler. Je viens du Chili et, en France, on est dans une société dans laquelle on veut que les gens soient les plus imbéciles–je vous le dis honnêtement, comme je le sens, les plus égoïstes et individualistes possible. Un égoïste qui a un magnétoscope quatre têtes doit absolument s’en acheter un à huit têtes parce qu’il le faut ! On est en train de créer une société égoïste, individualiste, avec toutes les conséquences de mal-être, d’un monde sans cœur qui donne de la tristesse à un peuple.
Se pose un problème d’avoir ou d’être. En prenant un citoyen jusqu’au bout et en faisant en sorte qu’il obéisse à des slogans, on est en train d’atteindre certaines limites, surtout chez les jeunes.
Se pose un problème d’avoir ou d’être. En prenant un citoyen jusqu’au bout et en faisant en sorte qu’il obéisse à des slogans, on est en train d’atteindre certaines limites, surtout chez les jeunes.
J’en viens à mon troisième point. Prenons l’exemple de Marseille ou de n’importe quel autre secteur. “La Provence” (...inaudible) de Havas. On sait très bien que 50 % de ce journal est payé par les politiques, les publicités, etc. Donc les politiques ont un lien… Par ailleurs, Havas appartient lui-même à un groupe économique. Vous voyez donc la difficulté de communiquer.
J’en viens à mon troisième point. Prenons l’exemple de Marseille ou de n’importe quel autre secteur. “La Provence” (...inaudible) de Havas. On sait très bien que 50 % de ce journal est payé par les politiques, les publicités, etc. Donc les politiques ont un lien… Par ailleurs, Havas appartient lui-même à un groupe économique. Vous voyez donc la difficulté de communiquer.
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Il est en train de réagir partout, dans le domaine de l’alimentation, des cosmétiques, partout”
Je vous dis cela parce qu’aujourd’hui le citoyen est frustré. Mais attention, parce que si l’on continue à frustrer les citoyens, ils se révolteront. Ils sont en train de le faire à travers l’achat, le vote, la communication, parce que, nous aussi, nous faisons de la publicité. Nous faisons des choses et cela marche. Nous sommes donc en train de créer un rapport de forces.
Nous essayons aujourd’hui de faire un clip. Je n’ai pas de sou parce que nous ne voulons pas de subventions. C’est génial. Nous communiquons ; nous sommes en train de nous organiser pour communiquer autrement. Pour finir sur cette idée, j’aimerais que, chaque fois que vous faites une publicité et qu’elle coûte 100, on en garde 5 % pour donner le droit aux citoyens et aux associations non pas de faire de la contre-publicité, mais au moins de faire des spots qui nous permettent de dire : “stop…” Lorsque vous leur donnerez ce droit-là, les citoyens vous suivront peut-être. Si vous ne leur donnez plus ce droit… Je sais faire 400 000 tracts, je trouve l’argent pour. Là, nous sommes dans des problèmes de fond. Le citoyen doit être pris en tant que tel, car il est en train de réagir partout, dans le domaine de l’alimentation, des cosmétiques, partout. J’en ai des exemples.
Il est en train de réagir partout, dans le domaine de l’alimentation, des cosmétiques, partout”
S A U R E T : Il faut rappeler une chose : la publicité n’est pas là pour informer, il existe des médias pour cela, elle est là pour en tout cas convaincre…
Nous essayons aujourd’hui de faire un clip. Je n’ai pas de sou parce que nous ne voulons pas de subventions. C’est génial. Nous communiquons ; nous sommes en train de nous organiser pour communiquer autrement. Pour finir sur cette idée, j’aimerais que, chaque fois que vous faites une publicité et qu’elle coûte 100, on en garde 5 % pour donner le droit aux citoyens et aux associations non pas de faire de la contre-publicité, mais au moins de faire des spots qui nous permettent de dire : “stop…” Lorsque vous leur donnerez ce droit-là, les citoyens vous suivront peut-être. Si vous ne leur donnez plus ce droit… Je sais faire 400 000 tracts, je trouve l’argent pour. Là, nous sommes dans des problèmes de fond. Le citoyen doit être pris en tant que tel, car il est en train de réagir partout, dans le domaine de l’alimentation, des cosmétiques, partout. J’en ai des exemples. S A U R E T : Il faut rappeler une chose : la publicité n’est pas là pour informer, il existe des médias pour cela, elle est là pour en tout cas convaincre…
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V É R O N I Q U E
Il faut vraiment que le BVP s’exprime parce que le sujet a été évoqué plusieurs fois. Qu’est-ce qui existe ? Que peut-on faire concrètement ? Lorsque des campagnes sont un peu choquantes, si les associations ne bougent pas – je suis souvent surprise ; je me dis parfois que, devant telle ou telle campagne, quelqu’un va bouger, mais rien ne se passe, qui peut bouger ? Dove a un peu fait bouger, je ne sais pas si vous avez remarqué… Il n’y a pas grand-chose. Concrètement, que peut-on faire ? A N N E
V É R O N I Q U E A N N E
Il faut vraiment que le BVP s’exprime parce que le sujet a été évoqué plusieurs fois. Qu’est-ce qui existe ? Que peut-on faire concrètement ? Lorsque des campagnes sont un peu choquantes, si les associations ne bougent pas – je suis souvent surprise ; je me dis parfois que, devant telle ou telle campagne, quelqu’un va bouger, mais rien ne se passe, qui peut bouger ? Dove a un peu fait bouger, je ne sais pas si vous avez remarqué… Il n’y a pas grand-chose. Concrètement, que peut-on faire ?
BVP : On parle de beaucoup de choses et on mélange beaucoup de sujets… Il y a publicité et développement durable. Il y a les campagnes d’intérêt général ; l’ADEME par exemple va faire une campagne en faveur de comportements plus responsables…
C H A N O N ,
S A U R E T
“
A N N E
: C’est du développement durable.
A N N E
Sur ce deuxième niveau, il existe des règles de déontologie. Finalement, peu d’entreprises se risquent à “sortir du bois” sur ce sujet car il y a quand même un contrôle social assez fort. Néanmoins, lorsqu’on nous en soumet, Finalement, peu d’entreprises nous veillons avec nos se risquent à « sortir du bois » moyens, nous demandons sur ce sujet car il y a quand même des preuves. Nous ne sommes pas des experts du déveun contrôle social assez fort” loppement durable. Nous essayons de faire, mais il y a sans doute moyen de faire davantage pour “vérifier que”. Encore une fois, si on se penche sur la question, on se rend compte que peu d’entreprises se hasardent sur ce sujet.
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BVP : On parle de beaucoup de choses et on mélange beaucoup de sujets… Il y a publicité et développement durable. Il y a les campagnes d’intérêt général ; l’ADEME par exemple va faire une campagne en faveur de comportements plus responsables…
C H A N O N ,
V É R O N I Q U E
BVP : Il y a l’entreprise qui choisit l’axe du développement durable ; c’est un choix stratégique. Là, il faut prendre des précautions et veiller à ce qu’elle n’outrepasse pas ou n’usurpe pas un positionnement développement durable. C’est difficile.
C H A N O N ,
Je vous dis cela parce qu’aujourd’hui le citoyen est frustré. Mais attention, parce que si l’on continue à frustrer les citoyens, ils se révolteront. Ils sont en train de le faire à travers l’achat, le vote, la communication, parce que, nous aussi, nous faisons de la publicité. Nous faisons des choses et cela marche. Nous sommes donc en train de créer un rapport de forces.
S A U R E T
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: C’est du développement durable.
BVP : Il y a l’entreprise qui choisit l’axe du développement durable ; c’est un choix stratégique. Là, il faut prendre des précautions et veiller à ce qu’elle n’outrepasse pas ou n’usurpe pas un positionnement développement durable. C’est difficile.
C H A N O N ,
Sur ce deuxième niveau, il existe des règles de déontologie. Finalement, peu d’entreprises se risquent à “sortir du bois” sur ce sujet car il y a quand même un contrôle social assez fort. Néanmoins, lorsqu’on nous en soumet, Finalement, peu d’entreprises nous veillons avec nos se risquent à « sortir du bois » moyens, nous demandons sur ce sujet car il y a quand même des preuves. Nous ne sommes pas des experts du déveun contrôle social assez fort” loppement durable. Nous essayons de faire, mais il y a sans doute moyen de faire davantage pour “vérifier que”. Encore une fois, si on se penche sur la question, on se rend compte que peu d’entreprises se hasardent sur ce sujet.
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Il existe un troisième niveau et des règles très claires à ce sujet. Je pense par exemple à des publicités qui montreraient – je vais prendre un exemple idiot - quelqu’un jetant des piles dans une poubelle “tout venant”. Nous avons tous en tête cette publicité… U N E
A N N E
Il existe un troisième niveau et des règles très claires à ce sujet. Je pense par exemple à des publicités qui montreraient – je vais prendre un exemple idiot - quelqu’un jetant des piles dans une poubelle “tout venant”. Nous avons tous en tête cette publicité…
: Cela s’est fait. (...inaudible) son walkman dans la poubelle chez elle. Vous l’avez laissé passer puisque nous l’avons vue à la télé.
U N E
, BVP : C’est un exemple intéressant… Je vais peut-être finir parce que j’ai quatre points.
A N N E
I N T E R V E N A N T E
C H A N O N
On nous a interpellés à ce sujet. Nous avons une règle : la publicité ne doit pas nuire et, par exemple, contrevenir au principe du recyclage. Nous ne sommes pas des “super pros” du… L ’ I N T E R V E N A N T E A N N E
©
, BVP : C’est un exemple intéressant… Je vais peut-être finir parce que j’ai quatre points.
C H A N O N
On nous a interpellés à ce sujet. Nous avons une règle : la publicité ne doit pas nuire et, par exemple, contrevenir au principe du recyclage. Nous ne sommes pas des “super pros” du…
: Faites appel à nous !
L ’ I N T E R V E N A N T E
, BVP : Nous avons été interpellés à ce sujet à la fois par les associations et par le ministère de l’Équipement. Ensuite, nous avons rencontré l’agence en charge du budget. Nous les avons sensibilisés et nous avons travaillé avec eux. Ils n’étaient pas au courant. On ferme la parenthèse.
C H A N O N
A N N E
: Faites appel à nous !
, BVP : Nous avons été interpellés à ce sujet à la fois par les associations et par le ministère de l’Équipement. Ensuite, nous avons rencontré l’agence en charge du budget. Nous les avons sensibilisés et nous avons travaillé avec eux. Ils n’étaient pas au courant. On ferme la parenthèse.
C H A N O N
En tout cas, nous essayons de travailler sur le sujet, nous avons tous en tête cette campagne dans laquelle on voyait un type qui allait promener son chien ou poster son courrier en voiture sous prétexte qu’il avait “je ne sais combien” de litres d’essence gratuits.
En tout cas, nous essayons de travailler sur le sujet, nous avons tous en tête cette campagne dans laquelle on voyait un type qui allait promener son chien ou poster son courrier en voiture sous prétexte qu’il avait “je ne sais combien” de litres d’essence gratuits.
Il faut réfléchir à ce qui est fait ; il existe des règles éthiques. C’est peut-être insuffisant, mais il existe des choses. Il n’est pas exact de dire que rien n’existe.
Il faut réfléchir à ce qui est fait ; il existe des règles éthiques. C’est peut-être insuffisant, mais il existe des choses. Il n’est pas exact de dire que rien n’existe.
Le quatrième niveau serait de se demander si, de façon générale, lorsque je fais de la publicité pour des yaourts ou des voitures – je ne fais pas de publicité développement durable - je peux, by the way, chemin faisant, promouvoir des modèles de consommation plus durables.
Le quatrième niveau serait de se demander si, de façon générale, lorsque je fais de la publicité pour des yaourts ou des voitures – je ne fais pas de publicité développement durable - je peux, by the way, chemin faisant, promouvoir des modèles de consommation plus durables.
Il est intéressant de regarder ce qui se passe à l’heure actuelle dans le champ de la santé publique, de l’obésité. Cela ne se fait pas tout seul. Il est intéressant de s’interroger sur le système d’influence qui s’est mis en place et a permis d’arriver à cela. On vend des corn flakes avec autour – certains vont rire car ils vont trouver cela très politiquement correct et très lisse - un message montrant des enfants qui boivent du jus d’orange, font du sport, etc. On essaye d’avoir des mises en scène dans lesquelles les enfants sont plus actifs ; là aussi, nous avons des règles et dans le cadre d’une alimentation plus équilibrée.
Il est intéressant de regarder ce qui se passe à l’heure actuelle dans le champ de la santé publique, de l’obésité. Cela ne se fait pas tout seul. Il est intéressant de s’interroger sur le système d’influence qui s’est mis en place et a permis d’arriver à cela. On vend des corn flakes avec autour – certains vont rire car ils vont trouver cela très politiquement correct et très lisse - un message montrant des enfants qui boivent du jus d’orange, font du sport, etc. On essaye d’avoir des mises en scène dans lesquelles les enfants sont plus actifs ; là aussi, nous avons des règles et dans le cadre d’une alimentation plus équilibrée.
Ce qui est intéressant, ce n’est pas de dire que rien n’est fait, c’est de comprendre comment nous en sommes arrivés là en matière de santé publique et quel jeu d’acteurs l’a permis. Des associations ont pris position. Les pouvoirs publics ont commencé à s’agiter parce que, subitement, ils ont paniqué devant les statistiques. Du coup, les annonceurs se sont engagés et ont écrit des règles très précises. On dit qu’il n’y a pas de règles en matière de communication alimentaire des enfants ; je vous engage à les lire et elles sont appliquées.
Ce qui est intéressant, ce n’est pas de dire que rien n’est fait, c’est de comprendre comment nous en sommes arrivés là en matière de santé publique et quel jeu d’acteurs l’a permis. Des associations ont pris position. Les pouvoirs publics ont commencé à s’agiter parce que, subitement, ils ont paniqué devant les statistiques. Du coup, les annonceurs se sont engagés et ont écrit des règles très précises. On dit qu’il n’y a pas de règles en matière de communication alimentaire des enfants ; je vous engage à les lire et elles sont appliquées.
On peut toujours souligner les insuffisances. Je pense plus constructif de s’interroger sur ce qui existe pour être crédible dans ses propositions. Si on dit qu’il faut créer des règles éthiques… Il en existe. Il n’est pas très crédible de dire qu’il faut en créer.
On peut toujours souligner les insuffisances. Je pense plus constructif de s’interroger sur ce qui existe pour être crédible dans ses propositions. Si on dit qu’il faut créer des règles éthiques… Il en existe. Il n’est pas très crédible de dire qu’il faut en créer.
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: Cela s’est fait. (...inaudible) son walkman dans la poubelle chez elle. Vous l’avez laissé passer puisque nous l’avons vue à la télé.
I N T E R V E N A N T E
ACIDD et Comité 21
S A U R E T
: Dans ce cas, il faut peut-être les diffuser autrement.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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ACIDD et Comité 21
S A U R E T
: Dans ce cas, il faut peut-être les diffuser autrement.
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BVP : Il faut voir comment améliorer et comment arriver à ces résultats. Je répète que le “système obésité” est intéressant.
C H A N O N ,
“
V É R O N I Q U E A L A I N
V É R O N I Q U E
: Depuis 52, c’est notre métier d’étudier les réclames ou la pub. Pour ou contre la pub, c’est hors sujet. S A U R E T
A L A I N
: Là-dessus, nous sommes tous d’accord.
: On n’est pas aussi clair sur la fonction même de la pub. La pub n’a jamais été faite pour informer. Elle est là pour vendre et faire vendre que ce soit des produits, des services ou des idées.
C H O S S O N
A L A I N
: Certains n’ont pas encore parlé.
: Depuis 52, c’est notre métier d’étudier les réclames ou la pub. Pour ou contre la pub, c’est hors sujet. S A U R E T
: Là-dessus, nous sommes tous d’accord.
: On n’est pas aussi clair sur la fonction même de la pub. La pub n’a jamais été faite pour informer. Elle est là pour vendre et faire vendre que ce soit des produits, des services ou des idées.
C H O S S O N
Pour analyser ce qui se passe depuis des années et les dérives, il faut tenir compte de deux niveaux, deux sujets :
– Le volet “fonction de la pub” à la limite en croisement avec la création, la fiction, etc., qui véhicule des façons d’être, de faire, des comportements. Pendant vingt ans, on nous a asséné le fait qu’être moderne, c’était jeter. Là, il existe bien une fonction, non pas en termes de moralisation - ce serait une catastrophe compte tenu de cette partie de création, de fiction, etc., mais c’est la responsabilité des créateurs en général.
– Le volet “fonction de la pub” à la limite en croisement avec la création, la fiction, etc., qui véhicule des façons d’être, de faire, des comportements. Pendant vingt ans, on nous a asséné le fait qu’être moderne, c’était jeter. Là, il existe bien une fonction, non pas en termes de moralisation - ce serait une catastrophe compte tenu de cette partie de création, de fiction, etc., mais c’est la responsabilité des créateurs en général.
Nous avons fait stopper la pub Actimel cela a coûté des centaines de millions à Danone - parce qu’elle était inadmissible”
Nous avons fait stopper la pub Actimel cela a coûté des centaines de millions à Danone - parce qu’elle était inadmissible”
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– L’autre aspect est le plus préoccupant aujourd’hui ; nous avons fait stopper la pub Actimel - cela a coûté des centaines de millions à Danone - parce qu’elle était inadmissible. Les mécanismes de régulation en la matière sont très insuffisants.
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Pour analyser ce qui se passe depuis des années et les dérives, il faut tenir compte de deux niveaux, deux sujets :
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BVP : Il faut voir comment améliorer et comment arriver à ces résultats. Je répète que le “système obésité” est intéressant.
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: Certains n’ont pas encore parlé.
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– L’autre aspect est le plus préoccupant aujourd’hui ; nous avons fait stopper la pub Actimel - cela a coûté des centaines de millions à Danone - parce qu’elle était inadmissible. Les mécanismes de régulation en la matière sont très insuffisants.
On parle des allégations santé, nutritionnelles, environnementales, de développement durable, etc., mais les fondements juridiques de la publicité mensongère ou de la publicité de nature à induire en erreur remontent au début du droit de la consommation. Ces fondements ont trente ans. Aujourd’hui, nous voyons bien que ce qui est de nature à induire en erreur est totalement différent et touche à des sujets, y compris à l’humain, au vivant, qui n’étaient pas dans les réflexions à cette époque.
On parle des allégations santé, nutritionnelles, environnementales, de développement durable, etc., mais les fondements juridiques de la publicité mensongère ou de la publicité de nature à induire en erreur remontent au début du droit de la consommation. Ces fondements ont trente ans. Aujourd’hui, nous voyons bien que ce qui est de nature à induire en erreur est totalement différent et touche à des sujets, y compris à l’humain, au vivant, qui n’étaient pas dans les réflexions à cette époque.
Certes, il existe des engagements C’est quoi, aujourd’hui, de bonnes pratiques des professionune publicité mensongère, nels ; chacun a sa responsabilité et sa conscience, sachant qu’il y a le rôle de une publicité de nature la pub et il y a les responsabilités derà induire en erreur ?” rière. Les annonceurs sont tout aussi responsables que les concepteurs. Un carnet de commandes, c’est un carnet de commandes ! On ne fait pas une pub qui va être rejetée par celui qui en a fait la commande. Il existe donc une coresponsabilité à ce stade.
Certes, il existe des engagements C’est quoi, aujourd’hui, de bonnes pratiques des professionune publicité mensongère, nels ; chacun a sa responsabilité et sa conscience, sachant qu’il y a le rôle de une publicité de nature la pub et il y a les responsabilités derà induire en erreur ?” rière. Les annonceurs sont tout aussi responsables que les concepteurs. Un carnet de commandes, c’est un carnet de commandes ! On ne fait pas une pub qui va être rejetée par celui qui en a fait la commande. Il existe donc une coresponsabilité à ce stade.
Aujourd’hui, compte tenu des dérives graves qui existent, intervient la nécessité – nous l’avons d’ailleurs fait adopter dans le premier avis du Conseil national du développement durable - de redéfinir, de réactualiser ces fondements : “C’est quoi, aujourd’hui, une publicité mensongère, une publicité de nature à induire en erreur ?”
Aujourd’hui, compte tenu des dérives graves qui existent, intervient la nécessité – nous l’avons d’ailleurs fait adopter dans le premier avis du Conseil national du développement durable - de redéfinir, de réactualiser ces fondements : “C’est quoi, aujourd’hui, une publicité mensongère, une publicité de nature à induire en erreur ?”
Ce n’est pas pour tout ramener au réglementaire mais, clairement, lorsque nous allons aujourd’hui devant les tribunaux, la plupart du temps, nous nous faisons “bana-
Ce n’est pas pour tout ramener au réglementaire mais, clairement, lorsque nous allons aujourd’hui devant les tribunaux, la plupart du temps, nous nous faisons “bana-
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ner”, sauf pour Actimel parce que là, ils avaient poussé le bouchon un peu loin. Vous dites que nous ne faisons pas. Si, nous faisons, mais les critères, les repères aujourd’hui sont dépassés. V É R O N I Q U E A L A I N
S A U R E T
ner”, sauf pour Actimel parce que là, ils avaient poussé le bouchon un peu loin. Vous dites que nous ne faisons pas. Si, nous faisons, mais les critères, les repères aujourd’hui sont dépassés.
: Je ne dis pas que vous ne faites pas. Cela pourrait apparaître…
V É R O N I Q U E
: En 1981, presque 1982, après des années de bataille, nous avons fait inscrire dans le cahier des charges des chaînes publiques de télévision un certain nombre d’heures à disposition des associations pour faire ce que vous dites. Eh bien, les annonceurs, les publicistes, les entreprises se sont battus, ont fait un lobbying de tous les diables au regard des pouvoirs publics et vis-à-vis des directions de chaînes pour que ces heures soient supprimées. Elles ont été supprimées.
A L A I N
S A U R E T : Oui, mais c’était voici quinze ans, cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas recommencer.
V É R O N I Q U E
C H O S S O N
C H O S S O N
: Elles ont été supprimées définitivement voici sept ou huit ans.
A L A I N
S A U R E T : Cela ne veut rien dire, tout cela ! Je veux dire par là que cela ne doit pas nous casser le moral. Il faut y retourner. C’est, je pense, un combat à mener.
C H O S S O N
: On est vieux lorsqu’on perd sa capacité à s’insurger. (Rires.)
“
: En quoi les repères sont-ils dépassés? Cela veut-il dire que les publicitaires ou les publicistes sont trop futés et utilisent…
A L A I N
: Quand on touche à des questions de santé, d’environnement, sociétales, éthiques, c’est quand même bien plus compliqué à définir que lorsqu’il s’agit d’un produit blanc ou noir. Il s’agit de définitions juridiques qui sont à…
C H O S S O N
S A U R E T : En tout cas, il faut retravailler sur les aspects réglementaires qui effectivement sont dépassés. C’est une vraie proposition que je retiens.
V É R O N I Q U E
C O U T U R E A U : Pourquoi voulez-vous que les publicitaires ou les entreprises elles-mêmes découvrent, avant que les experts scientifiques le fassent, les problèmes environnementaux ? On a mis des années et des années à démontrer le lien entre les économies d’énergie et l’effet de serre. C’est la même chose pour l’obésité.
É L I S A B E T H
La question est de faire en sorte que les instances qui existent, le BVP, l’AACC pour les agences conseils en communication, puissent se rencontrer – ce qui a été le cas pour l’obésité - pour mettre à jour, je suis d’accord avec vous, l’état des connaissances. Je ne crois pas que ce soit un problème de vrai ou faux et de volonté de mensonge. Il y a, et dieu merci, une évolution des connaissances du milieu scientifique notamment et des effets néfastes d’un certain nombre de produits que nous consommons. On le découvre au fur et à mesure et il faut collectivement en prendre la mesure.
Faire en sorte que les instances, puissent se rencontrer pour mettre à jour, l’état des connaissances”
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U N E
: Et parce que le BVP n’est pas paritaire. C’est monolithique, c’est financé par des agences. Tant que ce n’est pas une position neutre…
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: Elles ont été supprimées définitivement voici sept ou huit ans.
C H O S S O N
: On est vieux lorsqu’on perd sa capacité à s’insurger. (Rires.)
Aujourd’hui, dans les débats de fond, notamment sur la pub de nature à induire en erreur sur les questions de santé, etc., il faut aussi rappeler le lobbying fait par les entreprises qui utilisent ensuite la pub pour qu’on ne débouche pas sur ces nouvelles définitions ! Ce sont quelquefois des entreprises qui, par ailleurs, se font de la pub en matière de développement durable !
I N T E R V E N A N T
A L A I N
C H O S S O N
V É R O N I Q U E
Aujourd’hui, dans les débats de fond, notamment sur la pub de nature à induire en erreur sur les questions de santé, etc., il faut aussi rappeler le lobbying fait par les entreprises qui utilisent ensuite la pub pour qu’on ne débouche pas sur ces nouvelles définitions ! Ce sont quelquefois des entreprises qui, par ailleurs, se font de la pub en matière de développement durable ! U N
: En 1981, presque 1982, après des années de bataille, nous avons fait inscrire dans le cahier des charges des chaînes publiques de télévision un certain nombre d’heures à disposition des associations pour faire ce que vous dites. Eh bien, les annonceurs, les publicistes, les entreprises se sont battus, ont fait un lobbying de tous les diables au regard des pouvoirs publics et vis-à-vis des directions de chaînes pour que ces heures soient supprimées. Elles ont été supprimées.
C H O S S O N
S A U R E T : Cela ne veut rien dire, tout cela ! Je veux dire par là que cela ne doit pas nous casser le moral. Il faut y retourner. C’est, je pense, un combat à mener.
V É R O N I Q U E
A L A I N
: Je ne dis pas que vous ne faites pas. Cela pourrait apparaître…
S A U R E T : Oui, mais c’était voici quinze ans, cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas recommencer.
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A L A I N
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: En quoi les repères sont-ils dépassés? Cela veut-il dire que les publicitaires ou les publicistes sont trop futés et utilisent…
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A L A I N
: Quand on touche à des questions de santé, d’environnement, sociétales, éthiques, c’est quand même bien plus compliqué à définir que lorsqu’il s’agit d’un produit blanc ou noir. Il s’agit de définitions juridiques qui sont à…
C H O S S O N
S A U R E T : En tout cas, il faut retravailler sur les aspects réglementaires qui effectivement sont dépassés. C’est une vraie proposition que je retiens.
V É R O N I Q U E
C O U T U R E A U : Pourquoi voulez-vous que les publicitaires ou les entreprises elles-mêmes découvrent, avant que les experts scientifiques le fassent, les problèmes environnementaux ? On a mis des années et des années à démontrer le lien entre les économies d’énergie et l’effet de serre. C’est la même chose pour l’obésité.
É L I S A B E T H
La question est de faire en sorte que les instances qui existent, le BVP, l’AACC pour les agences conseils en communication, puissent se rencontrer – ce qui a été le cas pour l’obésité - pour mettre à jour, je suis d’accord avec vous, l’état des connaissances. Je ne crois pas que ce soit un problème de vrai ou faux et de volonté de mensonge. Il y a, et dieu merci, une évolution des connaissances du milieu scientifique notamment et des effets néfastes d’un certain nombre de produits que nous consommons. On le découvre au fur et à mesure et il faut collectivement en prendre la mesure.
Faire en sorte que les instances, puissent se rencontrer pour mettre à jour, l’état des connaissances”
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: Et parce que le BVP n’est pas paritaire. C’est monolithique, c’est financé par des agences. Tant que ce n’est pas une position neutre…
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: C’est une structure professionnelle interne à la…
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I N T E R V E N A N T E
U N
: Comme les labels bio ; c’est fait par des… indépendants.
I N T E R V E N A N T E
: Nous pouvons avoir un débat sur les modes de régulation, mais ce n’est pas le sujet. C’est très intéressant, nous pouvons en parler après. En quoi l’autorégulation a-t’elle de l’intérêt dans un cadre de corégulation et de réglementation ? Je crains que ce ne soit pas tout à fait le débat.
U N E
I N T E R V E N A N T E
S A U R E T : Je voudrais que Stéphane prenne la parole. Il essaye désespérément, depuis le début…
V É R O N I Q U E
I N T E R V E N A N T
V É R O N I Q U E U N
: Oui, donc cela va peut-être sembler un peu…
S A U R E T
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: Comme les labels bio ; c’est fait par des… indépendants.
: Nous pouvons avoir un débat sur les modes de régulation, mais ce n’est pas le sujet. C’est très intéressant, nous pouvons en parler après. En quoi l’autorégulation a-t’elle de l’intérêt dans un cadre de corégulation et de réglementation ? Je crains que ce ne soit pas tout à fait le débat. S A U R E T : Je voudrais que Stéphane prenne la parole. Il essaye désespérément, depuis le début…
U N
: Décalé ? Ce n’est pas grave.
I N T E R V E N A N T
V É R O N I Q U E
: Je voudrais juste lever un double hiatus. À la suite de l’intervention du représentant de La Poste, ma réaction a été de me dire : est-ce que la mission initiale d’une entreprise est de faire de la publicité pour le développement durable ? Ce n’est pas un jugement de valeur non plus, mais normalement, la fonction initiale d’un constructeur d’automobiles ou d’EasyJet est de vendre de la voiture ou du voyage.
I N T E R V E N A N T
U N
: Oui, donc cela va peut-être sembler un peu…
S A U R E T
: Décalé ? Ce n’est pas grave.
: Je voudrais juste lever un double hiatus. À la suite de l’intervention du représentant de La Poste, ma réaction a été de me dire : est-ce que la mission initiale d’une entreprise est de faire de la publicité pour le développement durable ? Ce n’est pas un jugement de valeur non plus, mais normalement, la fonction initiale d’un constructeur d’automobiles ou d’EasyJet est de vendre de la voiture ou du voyage.
I N T E R V E N A N T
Faire de la communication sur le développement durable, sans leur faire de procès d’intention, c’est un plus qui améliore leur image, mais on sait très bien qu’à la base, l’objectif est quand même de vendre des voitures. Donc cela s’oppose, je suis désolé de le dire ainsi, au développement durable. C’est un hiatus. Je préfère voir des pubs d’entreprise pour le développement durable plutôt que des pubs qui vendent directement, mais en même temps, il faut bien être conscient que c’est une relative caution.
Faire de la communication sur le développement durable, sans leur faire de procès d’intention, c’est un plus qui améliore leur image, mais on sait très bien qu’à la base, l’objectif est quand même de vendre des voitures. Donc cela s’oppose, je suis désolé de le dire ainsi, au développement durable. C’est un hiatus. Je préfère voir des pubs d’entreprise pour le développement durable plutôt que des pubs qui vendent directement, mais en même temps, il faut bien être conscient que c’est une relative caution.
Le deuxième hiatus intervient quand on dit : “Nous, nous sommes capables de vendre de tout. Le WWF fait de la pub, etc.” Pour ma part, je suis intimement persuadé que le WWF ne fait pas de publicité ; elle fait de l’information à destination du grand public, en aucun cas de la publicité. La publicité est un message commercial qu’on essaye de porter à la connaissance de tous. Or, le WWF ne porte pas un message commercial, mais un message politique.
Le deuxième hiatus intervient quand on dit : “Nous, nous sommes capables de vendre de tout. Le WWF fait de la pub, etc.” Pour ma part, je suis intimement persuadé que le WWF ne fait pas de publicité ; elle fait de l’information à destination du grand public, en aucun cas de la publicité. La publicité est un message commercial qu’on essaye de porter à la connaissance de tous. Or, le WWF ne porte pas un message commercial, mais un message politique.
C’était sur le fond. Une ONG, si elle veut communiquer Aujourd’hui, WWF a un sur le développement durable, problème, cela nous pose un cas de conscience: une ne doit pas mimer les techniques ONG pour être audible publicitaires” doit-elle utiliser les techniques publicitaires, c’est-à-dire les 4x3 massivement ? Pour répondre à cette question, nous essayons de décaler un peu le point de vue. Un État qui, aujourd’hui, assènerait 3000 fois par jour un message serait-il considéré comme un État démocratique? Pour ma part, je réponds que non. Une société qui assène 3 000 fois par jour un message disant: “Consommez, consommez”, n’est pas une société libre et en capacité de choisir.
C’était sur le fond. Une ONG, si elle veut communiquer Aujourd’hui, WWF a un sur le développement durable, problème, cela nous pose un cas de conscience: une ne doit pas mimer les techniques ONG pour être audible publicitaires” doit-elle utiliser les techniques publicitaires, c’est-à-dire les 4x3 massivement ? Pour répondre à cette question, nous essayons de décaler un peu le point de vue. Un État qui, aujourd’hui, assènerait 3000 fois par jour un message serait-il considéré comme un État démocratique? Pour ma part, je réponds que non. Une société qui assène 3 000 fois par jour un message disant: “Consommez, consommez”, n’est pas une société libre et en capacité de choisir.
Aujourd’hui, tant sur la forme que sur le fond, une ONG, si elle veut communiquer sur le développement durable, ne doit pas mimer les techniques publicitaires. En aucun cas, je ne souhaiterais qu’on remplace les pubs de voitures assénées 3 000 fois par jour, par une pub pour le WWF 3 000 fois par jour. Ce ne serait pas démocratique. Imposer son image et un message doit se faire de façon autre.
Aujourd’hui, tant sur la forme que sur le fond, une ONG, si elle veut communiquer sur le développement durable, ne doit pas mimer les techniques publicitaires. En aucun cas, je ne souhaiterais qu’on remplace les pubs de voitures assénées 3 000 fois par jour, par une pub pour le WWF 3 000 fois par jour. Ce ne serait pas démocratique. Imposer son image et un message doit se faire de façon autre.
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: C’est une structure professionnelle interne à la…
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Nous avons réussi à imposer une campagne de pub dans les couloirs du métro à Métrobus ; nous utilisions en gros six panneaux de dimension plus réduite. Je vous passe la technique qui nous a permis de faire cela parce qu’une fois qu’ils se sont rendu compte du contenu des publicités, ils ont été quand même très réticents à les coller sur les murs du métro. Si une association veut communiquer de façon différente, elle a intérêt à ne pas le faire sur du 4x3 par exemple. V É R O N I Q U E
S A U R E T
Nous avons réussi à imposer une campagne de pub dans les couloirs du métro à Métrobus ; nous utilisions en gros six panneaux de dimension plus réduite. Je vous passe la technique qui nous a permis de faire cela parce qu’une fois qu’ils se sont rendu compte du contenu des publicités, ils ont été quand même très réticents à les coller sur les murs du métro. Si une association veut communiquer de façon différente, elle a intérêt à ne pas le faire sur du 4x3 par exemple.
: Nous avons bien compris. Je voudrais qu’EDF prenne la parole.
V É R O N I Q U E
[…]
U N E U N
G A N I A G E
Pas mal d’expériences, de choses concrètes sortent, mais je voudrais qu’EDF, qui a été évoqué à plusieurs reprises, prenne la parole.
, EDF : Je voudrais dire trois choses.
D O M I N I Q U E
Deuxièmement, Patrick évoquait la possibilité de s’associer entre entreprises. “Il l’a rêvé”, comme dit la pub… ; je ne vais pas continuer. Il y a eu un tout petit début avec la campagne de l’ADEME et le défi pour la Terre qui associe des entreprises autour du développement durable dans un message d’évolution des comportements. C’est un premier pas.
Deuxièmement, Patrick évoquait la possibilité de s’associer entre entreprises. “Il l’a rêvé”, comme dit la pub… ; je ne vais pas continuer. Il y a eu un tout petit début avec la campagne de l’ADEME et le défi pour la Terre qui associe des entreprises autour du développement durable dans un message d’évolution des comportements. C’est un premier pas.
I N T E R V E N A N T E I N T E R V E N A N T
: C’est du sponsoring, mais ce n’est pas une pub.
U N E
: La Poste est impliquée dans la campagne.
U N
I N T E R V E N A N T E I N T E R V E N A N T
: La Poste est impliquée dans la campagne.
S A U R E T : Les démarches partenariales, ce n’est pas nouveau. Ce qui est évoqué est quand même un cran au-dessus. Cela consiste à se dire: aujourd’hui, compte tenu de l’énormité et de l’urgence des enjeux, il faut investir massivement sur ces sujets, quels que soient les médias, tout le temps – pas seulement une fois de temps en temps, au moment d’un pic ou quand il n’y a plus de pétrole - et comme, de toute façon, le ministère de l’Écologie et du Développement durable n’aura pas les budgets pour nous faire changer nos comportements, c’est certainement du côté de l’entreprise que cela peut se passer. Ce sont en fait les seules qui puissent investir. Ensuite, on peut tout à fait imaginer qu’au niveau d’un collectif, des ONG soient associées, que chacun ait son mot à dire, mais c’est d’un autre niveau…
[…]
: Je rebondis sur ce que vous avez dit tout à l’heure. Je partage un peu votre avis. Le problème est que, d’après moi, les entreprises n’ont pas vraiment un grand intérêt à moyen terme à faire des publicités pro domo sur le développement durable. Elles ont intérêt, vu l’urgence de la situation, à mettre leurs moyens dans des communications collectives, cosignées, de façon à faire bouger les choses. En Louisiane, je ne sais pas combien les entreprises vont faire de profit le mois prochain…
I N T E R V E N A N T
U N
Nous avons là une vraie problématique. Les entreprises ont intérêt à ce que cela s’améliore sur la Terre parce qu’autrement elles ne pourront plus continuer à créer de la valeur et à être pérennes. Et je me base dans une logique “capitaliste”, entre guillemets ou même sans guillemets. Nous sommes dans ce système-là.
ACIDD et Comité 21
: C’est du sponsoring, mais ce n’est pas une pub.
V É R O N I Q U E
[…]
©
, EDF : Je voudrais dire trois choses.
Nous avons fait le choix de communiquer sur le développement durable, cela peut se critiquer, mais cela crée une exigence à l’égard de l’entreprise. Indépendamment de ce qu’a dit Patrick, cela crée également une exigence. Pour une entreprise aussi visible qu’EDF et objet d’avis divers, je peux vous dire que cela crée une obligation.
S A U R E T : Les démarches partenariales, ce n’est pas nouveau. Ce qui est évoqué est quand même un cran au-dessus. Cela consiste à se dire: aujourd’hui, compte tenu de l’énormité et de l’urgence des enjeux, il faut investir massivement sur ces sujets, quels que soient les médias, tout le temps – pas seulement une fois de temps en temps, au moment d’un pic ou quand il n’y a plus de pétrole - et comme, de toute façon, le ministère de l’Écologie et du Développement durable n’aura pas les budgets pour nous faire changer nos comportements, c’est certainement du côté de l’entreprise que cela peut se passer. Ce sont en fait les seules qui puissent investir. Ensuite, on peut tout à fait imaginer qu’au niveau d’un collectif, des ONG soient associées, que chacun ait son mot à dire, mais c’est d’un autre niveau…
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G A N I A G E
Nous avons fait le choix de communiquer sur le développement durable, cela peut se critiquer, mais cela crée une exigence à l’égard de l’entreprise. Indépendamment de ce qu’a dit Patrick, cela crée également une exigence. Pour une entreprise aussi visible qu’EDF et objet d’avis divers, je peux vous dire que cela crée une obligation.
V É R O N I Q U E
U N
: Nous avons bien compris. Je voudrais qu’EDF prenne la parole.
[…]
Pas mal d’expériences, de choses concrètes sortent, mais je voudrais qu’EDF, qui a été évoqué à plusieurs reprises, prenne la parole. D O M I N I Q U E
S A U R E T
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je rebondis sur ce que vous avez dit tout à l’heure. Je partage un peu votre avis. Le problème est que, d’après moi, les entreprises n’ont pas vraiment un grand intérêt à moyen terme à faire des publicités pro domo sur le développement durable. Elles ont intérêt, vu l’urgence de la situation, à mettre leurs moyens dans des communications collectives, cosignées, de façon à faire bouger les choses. En Louisiane, je ne sais pas combien les entreprises vont faire de profit le mois prochain…
I N T E R V E N A N T
Nous avons là une vraie problématique. Les entreprises ont intérêt à ce que cela s’améliore sur la Terre parce qu’autrement elles ne pourront plus continuer à créer de la valeur et à être pérennes. Et je me base dans une logique “capitaliste”, entre guillemets ou même sans guillemets. Nous sommes dans ce système-là.
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V É R O N I Q U E
S A U R E T
: Dominique n’a pas terminé ce qu’elle avait à dire.
: Dernier point, communiquer sur le développement durable, c’est une chose. Intégrer le développement durable dans toute sa communication et sa communication publiciNous avons besoin également taire, c’en est une autre. Ce n’est pas forcément très d’un support du côté des agences facile à faire dans la structure d’une grande entreprise. pour arriver à proposer Nous avons fait pas mal d’efforts dans ce sens, j’espère une création qui soit en adéquation que cela se voit dans notre publicité, notamment pour la maîtrise de l’énergie, mais nous avons également avec le message” besoin des agences pour nous aider. D O M I N I Q U E
G A N I A G E
Nous pouvons avoir l’envie, nous pouvons essayer de la communiquer à nos services de communication, mais nous avons besoin également d’un support du côté des agences pour arriver à proposer une création qui soit en adéquation avec le message. Quand on est sur des choses qui sont quand même un peu à la marge, le travail créatif est important. A L I C E
M P G : Je suis responsable du développement durable chez MPG. Les antipubs trouveront une contradiction énorme…
A L I C E
S A U R E T
A L I C E
D O M I N I Q U E
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: Dominique n’a pas terminé ce qu’elle avait à dire.
: Peut-être pourrais-tu présenter MPG ?
M P G : Je suis responsable du développement durable chez MPG. Les antipubs trouveront une contradiction énorme…
V É R O N I Q U E
: Tous les antipubs le connaissent bien. Ce sont des gens qui font de l’achat d’espaces. Cela fait partie des coleaders français.
A L I C E
: C’est dans le groupe Havas.
U N
: Oui. Comment ai-je vendu mon poste, sachant que c’est une création de poste ? J’ai dit qu’un jour des annonceurs se poseront la question de l’intégration de leur stratégie RSE, donc de leur engagement dans le développement durable en tant qu’annonceurs. Ils jugeront qu’entre un tract, une affiche, une pub et de la télé, il faudra faire des arbitrages en fonction des impacts sociétaux et environnementaux.
A U D O U I N
G A N I A G E
A U D O U I N
S A U R E T
: Tous les antipubs le connaissent bien. Ce sont des gens qui font de l’achat d’espaces. Cela fait partie des coleaders français.
I N T E R V E N A N T
A L I C E
: Peut-être pourrais-tu présenter MPG ?
A U D O U I N
: C’est dans le groupe Havas.
: Oui. Comment ai-je vendu mon poste, sachant que c’est une création de poste ? J’ai dit qu’un jour des annonceurs se poseront la question de l’intégration de leur stratégie RSE, donc de leur engagement dans le développement durable en tant qu’annonceurs. Ils jugeront qu’entre un tract, une affiche, une pub et de la télé, il faudra faire des arbitrages en fonction des impacts sociétaux et environnementaux.
A U D O U I N
Je vends donc un pari d’avenir, venant des annonceurs parce que cela ne viendra pas de nous, qui est le suivant : soyons prêts, le jour où ces annonceurs diront qu’ils veulent l’appliquer à leur rôle d’annonceur, à leur dire que, justement, nous maîtrisons à peu près les impacts environnementaux et sociétaux des différents supports et que nous pouvons arriver à faire des arbitrages en fonction de cela. Là-dessus, on me répond : “Tu perdras de toute façon en efficacité si tu enlèves de la télé et si tu ne mets plus ceci ; ce sera aux annonceurs de faire les arbitrages.”
Je vends donc un pari d’avenir, venant des annonceurs parce que cela ne viendra pas de nous, qui est le suivant : soyons prêts, le jour où ces annonceurs diront qu’ils veulent l’appliquer à leur rôle d’annonceur, à leur dire que, justement, nous maîtrisons à peu près les impacts environnementaux et sociétaux des différents supports et que nous pouvons arriver à faire des arbitrages en fonction de cela. Là-dessus, on me répond : “Tu perdras de toute façon en efficacité si tu enlèves de la télé et si tu ne mets plus ceci ; ce sera aux annonceurs de faire les arbitrages.”
J’ai “créé”, entre guillemets, mon poste en vendant l’hypothèse que des annonceurs se poseront la question de la communication :
J’ai “créé”, entre guillemets, mon poste en vendant l’hypothèse que des annonceurs se poseront la question de la communication :
– en amont : quel produit ? qu’est-ce que je fais ? etc., et
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Nous pouvons avoir l’envie, nous pouvons essayer de la communiquer à nos services de communication, mais nous avons besoin également d’un support du côté des agences pour arriver à proposer une création qui soit en adéquation avec le message. Quand on est sur des choses qui sont quand même un peu à la marge, le travail créatif est important. A L I C E
A U D O U I N
I N T E R V E N A N T
V É R O N I Q U E
: Dernier point, communiquer sur le développement durable, c’est une chose. Intégrer le développement durable dans toute sa communication et sa communication publiciNous avons besoin également taire, c’en est une autre. Ce n’est pas forcément très d’un support du côté des agences facile à faire dans la structure d’une grande entreprise. pour arriver à proposer Nous avons fait pas mal d’efforts dans ce sens, j’espère une création qui soit en adéquation que cela se voit dans notre publicité, notamment pour la maîtrise de l’énergie, mais nous avons également avec le message” besoin des agences pour nous aider.
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– en amont : quel produit ? qu’est-ce que je fais ? etc., et
– le jour où ils iront dans les agences : quel message ? comment est-ce que je le diffuse ? sur quel support et avec quel impact social et environnemental ?
– le jour où ils iront dans les agences : quel message ? comment est-ce que je le diffuse ? sur quel support et avec quel impact social et environnemental ?
Mon seul travail, parce que je suis toujours très opérationnelle, est de définir en quoi une proposition d’achat d’espaces, si elle intègre des critères de développement durable… Si elle les intègre totalement, elle fait “zéro”, mais si elle essaye de les intégrer à différents niveaux, le but est de voir s’il y a des conséquences…
Mon seul travail, parce que je suis toujours très opérationnelle, est de définir en quoi une proposition d’achat d’espaces, si elle intègre des critères de développement durable… Si elle les intègre totalement, elle fait “zéro”, mais si elle essaye de les intégrer à différents niveaux, le but est de voir s’il y a des conséquences…
Je crée en ce moment un outil qui permettra, dans une campagne, de voir les différents supports et de décider des allocations possibles. Pourquoi ? Je suis contre l’idée consistant à dire qu’il existe des outils… Du point de vue des messages, il existe des
Je crée en ce moment un outil qui permettra, dans une campagne, de voir les différents supports et de décider des allocations possibles. Pourquoi ? Je suis contre l’idée consistant à dire qu’il existe des outils… Du point de vue des messages, il existe des
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chartes… Dans certains domaines, comme l’alimentaire et l’obésité qui vient du réglementaire, il n’existe pas d’outils ; il n’existe aucun outil qui intègre le développement durable dans le métier d’achat d’espaces. Aucun. Je suis en train de créer le premier.
chartes… Dans certains domaines, comme l’alimentaire et l’obésité qui vient du réglementaire, il n’existe pas d’outils ; il n’existe aucun outil qui intègre le développement durable dans le métier d’achat d’espaces. Aucun. Je suis en train de créer le premier.
Il a des limites. En effet, comment intègre-t-on un impact sociétal, une pollution visuelle, une pollution sonore, le fait que cela puisse être vu par des cibles, etc. ? Ce sera forcément imparfait.
Il a des limites. En effet, comment intègre-t-on un impact sociétal, une pollution visuelle, une pollution sonore, le fait que cela puisse être vu par des cibles, etc. ? Ce sera forcément imparfait.
Prenons l’exemple des impacts environnementaux. Lorsque Carrefour fait 14 millions de tracts pour sa rentrée scolaire, on sait que cela a de l’impact, qu’il existe des possibilités de le faire sur FSC, sur différents supports, etc. On sait qu’après il y a une marge de manœuvre.
Prenons l’exemple des impacts environnementaux. Lorsque Carrefour fait 14 millions de tracts pour sa rentrée scolaire, on sait que cela a de l’impact, qu’il existe des possibilités de le faire sur FSC, sur différents supports, etc. On sait qu’après il y a une marge de manœuvre.
Le deuxième volet d’action, sur lequel je suis, consiste à prendre chaque média (affichage, radio, télé) et à lancer des groupes de travail. Pour le coup, je vais voir les médias en inventant que, justement, les annonceurs sont “super motivés” et je vais voir les boîtes d’affichage en disant : “Vous avez des problèmes de légalité, de pollution aux entrées des villes, etc. Mais, aujourd’hui et en tout cas demain, les annonceurs voudront utiliser des supports… Travaillons à les améliorer.”
Le deuxième volet d’action, sur lequel je suis, consiste à prendre chaque média (affichage, radio, télé) et à lancer des groupes de travail. Pour le coup, je vais voir les médias en inventant que, justement, les annonceurs sont “super motivés” et je vais voir les boîtes d’affichage en disant : “Vous avez des problèmes de légalité, de pollution aux entrées des villes, etc. Mais, aujourd’hui et en tout cas demain, les annonceurs voudront utiliser des supports… Travaillons à les améliorer.”
S A U R E T : Quand cet outil sera-t-il prêt ? Vas-tu pouvoir mutualiser ? Comment cela va-t-il se passer ?
V É R O N I Q U E
S A U R E T : Quand cet outil sera-t-il prêt ? Vas-tu pouvoir mutualiser ? Comment cela va-t-il se passer ?
: Il est évident que je vais essayer de donner à cet outil un aspect développement durable, donc d’éviter d’en faire un outil exclusif et faire en sorte qu’il puisse être diffusé. J’espère le sortir avant l’été prochain. Ce sera hyper simple : on rentre une campagne et on voit déjà ce que cela donne en termes d’impact. Je ne dis pas que c’est parfait. Je partage tout à fait le point de vue selon lequel il existe une énorme contradiction… Nous voyons bien les deux niveaux de débat :
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: Il est évident que je vais essayer de donner à cet outil un aspect développement durable, donc d’éviter d’en faire un outil exclusif et faire en sorte qu’il puisse être diffusé. J’espère le sortir avant l’été prochain. Ce sera hyper simple : on rentre une campagne et on voit déjà ce que cela donne en termes d’impact. Je ne dis pas que c’est parfait. Je partage tout à fait le point de vue selon lequel il existe une énorme contradiction… Nous voyons bien les deux niveaux de débat :
A U D O U I N
– Un premier niveau, à savoir : “Je porte un sujet type partie prenante ; comment est-ce que je rentre dans la pub ?” Je pense au contraire : “Faut-il que je rentre dans la pub et est-ce que j’élève les consciences en utilisant la publicité ?” Pour moi, c’est un vrai débat et lorsque je vois des ONG aller à fond dans la pub, je m’interroge. L’attitude même d’ONG parties prenantes est d’arriver à créer des bifurcations, à côté et peutêtre au delà de la pub.
– Un premier niveau, à savoir : “Je porte un sujet type partie prenante ; comment est-ce que je rentre dans la pub ?” Je pense au contraire : “Faut-il que je rentre dans la pub et est-ce que j’élève les consciences en utilisant la publicité ?” Pour moi, c’est un vrai débat et lorsque je vois des ONG aller à fond dans la pub, je m’interroge. L’attitude même d’ONG parties prenantes est d’arriver à créer des bifurcations, à côté et peutêtre au delà de la pub.
– Un deuxième niveau est de réfléchir, pour tout ce qui va concerner les objets de consommation courante, à la façon dont le développement durable arrive à être intégré. C’est d’abord, chez l’annonceur, la façon dont celui-ci conçoit son produit. C’est ensuite, dans l’agence, la façon dont les messages l’accompagnent, puis, une fois qu’il achète, le choix des supports (est-il sur tous les panneaux d’affichage – illégaux ou pas - ou choisit-il des supports différents?). C’est enfin, une fois reçu par le consommateur, ce qu’il génère comme comportement.
– Un deuxième niveau est de réfléchir, pour tout ce qui va concerner les objets de consommation courante, à la façon dont le développement durable arrive à être intégré. C’est d’abord, chez l’annonceur, la façon dont celui-ci conçoit son produit. C’est ensuite, dans l’agence, la façon dont les messages l’accompagnent, puis, une fois qu’il achète, le choix des supports (est-il sur tous les panneaux d’affichage – illégaux ou pas - ou choisit-il des supports différents?). C’est enfin, une fois reçu par le consommateur, ce qu’il génère comme comportement.
Pour revenir au sujet “pub ou pas pub”, bien que je sois dans l’univers de la pub, il faut à mon avis continuer intellectuellement toujours à se poser la question. La posture intellectuelle de l’antipub doit être fondamentale et travaillée.
Pour revenir au sujet “pub ou pas pub”, bien que je sois dans l’univers de la pub, il faut à mon avis continuer intellectuellement toujours à se poser la question. La posture intellectuelle de l’antipub doit être fondamentale et travaillée.
Ce n’est pas: “Il y a la pub, de quelle façon l’utilise-t-on au mieux?” La problématique est la suivante: “Lorsque je suis une ONG et que je porte un sujet, est-ce que je passe par la pub?” et “Comment peut-on freiner la pub via la même utilisation de la pub?” A lieu de se donner comme point de départ: “La pub est là, c’est un moyen génial. Comment tous peuvent-ils rentrer dans ce moyen génial?” C’est la partie intellectuelle.
Ce n’est pas: “Il y a la pub, de quelle façon l’utilise-t-on au mieux?” La problématique est la suivante: “Lorsque je suis une ONG et que je porte un sujet, est-ce que je passe par la pub?” et “Comment peut-on freiner la pub via la même utilisation de la pub?” A lieu de se donner comme point de départ: “La pub est là, c’est un moyen génial. Comment tous peuvent-ils rentrer dans ce moyen génial?” C’est la partie intellectuelle.
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S A U R E T
: Isabelle ?
D E S P L A T S : Je voulais ajouter une chose sur les messages qui sont véhiculés dans les publicités sur le développement durable. À l’heure actuelle, la grande majorité des publicités sur le développement durable sont axées sur des valeurs de nature, d’équité sociale et autres. Or, tout l’enjeu, pour justement lever toutes les ambiguïtés qui existent dans le développement durable et toutes les tensions entre Tout l’enjeu, est de réfléchir les différents acteurs du développement durable, d’un côté les entreprises, d’un autre les organismes publics et d’un à une autre communication autre encore les associations, est de réfléchir à une autre sur le développement durable, communication sur le développement durable, davantage davantage axée sur le pragmatisme, axée sur le pragmatisme, sur les actions concrètes et quotidiennes qui parleront d’autant plus aux gens, c’est-à-dire sur les actions concrètes à la cible de ces publicités, que si elles tournaient tout le et quotidiennes” temps sur des valeurs totalement abstraites… I S A B E L L E
S A U R E T : Isabelle, c’est méconnaître les campagnes… Énormément de campagnes sont très concrètes, très “modes d’emploi”. Il faut que nous mutualisions nos connaissances. Il faut diffuser les outils qui existent. Nous avons ce travail à faire. On ne peut pas dire que les campagnes se résument à des messages oniriques et de valeurs, ce n’est pas vrai.
V É R O N I Q U E
I S A B E L L E
D E S P L A T S
: Il y en a quand même beaucoup.
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D E S P L A T S
: Par exemple, des gens comme moi qui ne connaissent rien à la pub, en interne, ont besoin d’autres expériences…
U N E
S A U R E T : Je sens que nous avons, pour bien préparer ces réunions, des choses à diffuser en amont de façon à avoir un “tronc commun” de connaissances.
V É R O N I Q U E
: Les débats qu’il peut y avoir ici sur le développement durable ou les connaissances sur le développement durable doivent être distillées à l’intérieur des agences.
U N E
S A U R E T
: Par exemple, des gens comme moi qui ne connaissent rien à la pub, en interne, ont besoin d’autres expériences…
I N T E R V E N A N T E
: C’est ce que je dis. Déjà l’objectif numéro 1 est de recruter…
: Les débats qu’il peut y avoir ici sur le développement durable ou les connaissances sur le développement durable doivent être distillées à l’intérieur des agences.
I N T E R V E N A N T E
V É R O N I Q U E
S A U R E T
: Nous avons chez nous des gens qui sont formés à cela et nous développons de plus en plus le… (...inaudible). L’AACC y réfléchit également. Par rapport aux programmes de formation qui passent dans nos agences sur le développement durable, plus on professionnalisera cela et on le diffusera, plus cela deviendra instinctif et on mettra fin à ce côté manichéen.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Pour cela, il faut un organisme neutre… (...inaudible), où l’on avance comme aujourd’hui. Il faut essayer d’échanger, même si on n’est pas d’accord à la base, et de faire avancer le discours, en comprenant que nous sommes tous concernés et que l’avis de chacun enrichit la pensée globale. Nous sommes “dans le même bateau”.
U N E
I N T E R V E N A N T E
D A V I D : Je pense qu’il faut se poser la question pour les ONG de savoir jusqu’où utiliser la pub, mais ne pas se dire dès le début : “pas de pub”. À mon avis, la publicité doit être utilisée…
V I N C E N T
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
ACIDD et Comité 21
: Il y en a quand même beaucoup.
S A U R E T : Je sens que nous avons, pour bien préparer ces réunions, des choses à diffuser en amont de façon à avoir un “tronc commun” de connaissances.
I N T E R V E N A N T E
V I N C E N T
S A U R E T : Isabelle, c’est méconnaître les campagnes… Énormément de campagnes sont très concrètes, très “modes d’emploi”. Il faut que nous mutualisions nos connaissances. Il faut diffuser les outils qui existent. Nous avons ce travail à faire. On ne peut pas dire que les campagnes se résument à des messages oniriques et de valeurs, ce n’est pas vrai.
V É R O N I Q U E
(Discussions dans la salle.)
I N T E R V E N A N T E
V É R O N I Q U E
: Isabelle ?
I S A B E L L E
I S A B E L L E
V É R O N I Q U E
U N E
S A U R E T
D E S P L A T S : Je voulais ajouter une chose sur les messages qui sont véhiculés dans les publicités sur le développement durable. À l’heure actuelle, la grande majorité des publicités sur le développement durable sont axées sur des valeurs de nature, d’équité sociale et autres. Or, tout l’enjeu, pour justement lever toutes les ambiguïtés qui existent dans le développement durable et toutes les tensions entre Tout l’enjeu, est de réfléchir les différents acteurs du développement durable, d’un côté les entreprises, d’un autre les organismes publics et d’un à une autre communication autre encore les associations, est de réfléchir à une autre sur le développement durable, communication sur le développement durable, davantage davantage axée sur le pragmatisme, axée sur le pragmatisme, sur les actions concrètes et quotidiennes qui parleront d’autant plus aux gens, c’est-à-dire sur les actions concrètes à la cible de ces publicités, que si elles tournaient tout le et quotidiennes” temps sur des valeurs totalement abstraites…
(Discussions dans la salle.) U N E
V É R O N I Q U E
: C’est ce que je dis. Déjà l’objectif numéro 1 est de recruter…
: Nous avons chez nous des gens qui sont formés à cela et nous développons de plus en plus le… (...inaudible). L’AACC y réfléchit également. Par rapport aux programmes de formation qui passent dans nos agences sur le développement durable, plus on professionnalisera cela et on le diffusera, plus cela deviendra instinctif et on mettra fin à ce côté manichéen. : Pour cela, il faut un organisme neutre… (...inaudible), où l’on avance comme aujourd’hui. Il faut essayer d’échanger, même si on n’est pas d’accord à la base, et de faire avancer le discours, en comprenant que nous sommes tous concernés et que l’avis de chacun enrichit la pensée globale. Nous sommes “dans le même bateau”.
D A V I D : Je pense qu’il faut se poser la question pour les ONG de savoir jusqu’où utiliser la pub, mais ne pas se dire dès le début : “pas de pub”. À mon avis, la publicité doit être utilisée…
[…]
[…]
Non, mais pas de pub à la télé, par exemple. Les 4x3, on peut en discuter…
Non, mais pas de pub à la télé, par exemple. Les 4x3, on peut en discuter…
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Je pense que c’est quelque chose d’utile et, pour revenir à ce que vous disiez tout à l’heure, s’agissant d’aller voir les télés pour leur proposer des campagnes de pub qui soient un peu plus sur du développement durable et essayer de négocier les prix, à Éco-emballages, nous avons essayé et cela n’a pas vraiment marché.
Je pense que c’est quelque chose d’utile et, pour revenir à ce que vous disiez tout à l’heure, s’agissant d’aller voir les télés pour leur proposer des campagnes de pub qui soient un peu plus sur du développement durable et essayer de négocier les prix, à Éco-emballages, nous avons essayé et cela n’a pas vraiment marché.
S A U R E T : Vous êtes riches à Éco-emballages, cela me ferait mal de vous faire des prix, excuse-moi ! Attends ! De quoi parle-t-on ? Qu’Éco-Emballages n’ait pas eu de tarifs préférentiels, cela ne me choque pas.
V É R O N I Q U E
S A U R E T : Vous êtes riches à Éco-emballages, cela me ferait mal de vous faire des prix, excuse-moi ! Attends ! De quoi parle-t-on ? Qu’Éco-Emballages n’ait pas eu de tarifs préférentiels, cela ne me choque pas.
D A V I D : La pub qui avait été proposée portait sur le geste du tri, c’est quand même différent. C’est un comportement de tout un chacun, qui aide aussi les collectivités chez elles, lorsqu’elles mettent en place le tri…
V I N C E N T
V É R O N I Q U E
V I N C E N T
V É R O N I Q U E
S A U R E T
: Dans son intervention, Marie parlait de ceux qui n’auront jamais
V É R O N I Q U E
accès aux médias… V I N C E N T
D A V I D : Je suis d’accord, mais je ne pense pas que les médias soient complètement ouverts à cette discussion…
V I N C E N T
S A U R E T : Je les ai rencontrés sur des sujets concrets et, à partir du moment où nous y sommes allés un peu “en force”, avec des personnalités et des gens qui pesaient, nous avons toujours obtenu ce que nous voulions. Ce n’est pas Marie toute seule, avec sa petite association, qui va pouvoir porter cela ! Nous sommes bien d’accord. J’ai obtenu des choses…
V É R O N I Q U E
D A V I D : Je suis d’accord, mais je ne pense pas que les médias soient complètement ouverts à cette discussion…
: … Je pose la question au représentant de La Poste. J’ai bien aimé le raccourci qui va directement à la génération des entreprises d’après qui vont dire : “On a perdu le marché…” et je pense notamment à la question Nord/Sud.
U N
: … Je pose la question au représentant de La Poste. J’ai bien aimé le raccourci qui va directement à la génération des entreprises d’après qui vont dire : “On a perdu le marché…” et je pense notamment à la question Nord/Sud.
I N T E R V E N A N T
Je me pose deux questions :
“ ©
Je me pose deux questions :
Premièrement, quel est le niveau de conscience des entreprises aujourd’hui, qui permettrait de faire un lien entre elles pour créer cette utopie vous avez proposée ?
Premièrement, quel est le niveau de conscience des entreprises aujourd’hui, qui permettrait de faire un lien entre elles pour créer cette utopie vous avez proposée ?
Ensuite, est-on prêt à investir sur la préservation du marché pour la génération suivante ?
Ensuite, est-on prêt à investir sur la préservation du marché pour la génération suivante ?
Quel est votre sentiment là-dessus ? V É R O N I Q U E
S A U R E T
: Ce sera le mot de la fin. Là, il faut être brillant ! (Rires.)
W I D L O E C H E R : Le problème est de savoir quel est notre niveau de conscience par rapport à la situation actuelle. Si nous pensons pouvoir nous en sortir, trouver le moment venu les techniques qui nous permettront de nous “en tirer”, là, nous faisons chacun notre pub. Mais, si nous pensons nous retrouver, à quinze ou vingt ans, dans une “merde noire”, que tout le monde payera, aussi bien les entreprises que les citoyens ou les associations, aussi bien les pays riches que les pays pauvres, il faut que nous arrivions à une mobilisation générale pour stopper la dérive dans laquelle nous sommes engagés. Pour cela, il faut des moyens exorbitants qu’individuellement nous n’avons pas. Ni les associations, ni les entreprises.
Je ne vois pas pourquoi il y aurait un collectif du lait et pourquoi nous n’arriverions pas à faire un « collectif du développement durable »”
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: Dans son intervention, Marie parlait de ceux qui n’auront jamais
S A U R E T : Je les ai rencontrés sur des sujets concrets et, à partir du moment où nous y sommes allés un peu “en force”, avec des personnalités et des gens qui pesaient, nous avons toujours obtenu ce que nous voulions. Ce n’est pas Marie toute seule, avec sa petite association, qui va pouvoir porter cela ! Nous sommes bien d’accord. J’ai obtenu des choses…
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P A T R I C K
S A U R E T
accès aux médias…
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D A V I D : La pub qui avait été proposée portait sur le geste du tri, c’est quand même différent. C’est un comportement de tout un chacun, qui aide aussi les collectivités chez elles, lorsqu’elles mettent en place le tri…
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Pour avoir accès à des médias de masse qui permettent de toucher tout le monde dans des temps nécessaires à un minimum d’explications, etc., il faut énormément de moyens. On ne peut le faire qu’en se regroupant. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un col-
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Quel est votre sentiment là-dessus ? V É R O N I Q U E P A T R I C K
S A U R E T
: Ce sera le mot de la fin. Là, il faut être brillant ! (Rires.)
W I D L O E C H E R : Le problème est de savoir quel est notre niveau de conscience par rapport à la situation actuelle. Si nous pensons pouvoir nous en sortir, trouver le moment venu les techniques qui nous permettront de nous “en tirer”, là, nous faisons chacun notre pub. Mais, si nous pensons nous retrouver, à quinze ou vingt ans, dans une “merde noire”, que tout le monde payera, aussi bien les entreprises que les citoyens ou les associations, aussi bien les pays riches que les pays pauvres, il faut que nous arrivions à une mobilisation générale pour stopper la dérive dans laquelle nous sommes engagés. Pour cela, il faut des moyens exorbitants qu’individuellement nous n’avons pas. Ni les associations, ni les entreprises.
Je ne vois pas pourquoi il y aurait un collectif du lait et pourquoi nous n’arriverions pas à faire un « collectif du développement durable »”
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ACIDD et Comité 21
Pour avoir accès à des médias de masse qui permettent de toucher tout le monde dans des temps nécessaires à un minimum d’explications, etc., il faut énormément de moyens. On ne peut le faire qu’en se regroupant. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un col-
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lectif du lait et pourquoi nous n’arriverions pas à faire un “collectif du développement durable”, entre guillemets. Toutes les entreprises ont intérêt à ce que cela se passe mieux.
lectif du lait et pourquoi nous n’arriverions pas à faire un “collectif du développement durable”, entre guillemets. Toutes les entreprises ont intérêt à ce que cela se passe mieux.
Je vous donne un exemple. En Corse, nous nous sommes investis, avec nos facteurs, dans des actions pour la prévention des incendies. Vous allez me demander quel est le rapport entre La Poste et les incendies en Corse. Les incendies en Corse ont un coût économique. Les Canadair coûtent très cher pour les collectivités locales, pour le territoire de la Corse. Cela représente un coût économique, environnemental, social et sociétal. Les gens ne vont pas aller en vacances dans des endroits noircis par le feu. J’y suis allé cette année; cela avait brûlé quinze jours plus tôt et, le soir, nous pouvions sentir la cendre. Or, La Poste est une entreprise – ce n’est pas la seule qui se nourrit de l’activité économique locale. Si celle-ci décline, La Poste décline! Nous avons donc intérêt à ce que le territoire progresse. C’est pourquoi nous nous investissons dans ces actions-là. C’est un exemple.
Je vous donne un exemple. En Corse, nous nous sommes investis, avec nos facteurs, dans des actions pour la prévention des incendies. Vous allez me demander quel est le rapport entre La Poste et les incendies en Corse. Les incendies en Corse ont un coût économique. Les Canadair coûtent très cher pour les collectivités locales, pour le territoire de la Corse. Cela représente un coût économique, environnemental, social et sociétal. Les gens ne vont pas aller en vacances dans des endroits noircis par le feu. J’y suis allé cette année; cela avait brûlé quinze jours plus tôt et, le soir, nous pouvions sentir la cendre. Or, La Poste est une entreprise – ce n’est pas la seule qui se nourrit de l’activité économique locale. Si celle-ci décline, La Poste décline! Nous avons donc intérêt à ce que le territoire progresse. C’est pourquoi nous nous investissons dans ces actions-là. C’est un exemple.
L’entreprise ne peut plus se contenter de son propre périmètre, elle est obligée de s’intéresser à ce qui se passe autour d’elle, à l’amélioration de l’environnement. C’est une question pour l’entreprise à terme quand je dis “à terme”, c’est à quinze, vingt ou trente ans de vie ou de mort.
L’entreprise ne peut plus se contenter de son propre périmètre, elle est obligée de s’intéresser à ce qui se passe autour d’elle, à l’amélioration de l’environnement. C’est une question pour l’entreprise à terme quand je dis “à terme”, c’est à quinze, vingt ou trente ans de vie ou de mort.
: Nous avons fait voici deux ans deux tentatives de fondation qui peuvent tout à fait aller dans ce sens-là.
I N T E R V E N A N T
P A T R I C K
U N
La première s’appelle la Fondation Énergie-Bâtiment. Cela a très bien marché, ils ont entre 6 et 8 millions d’euros de budget.
La première s’appelle la Fondation Énergie-Bâtiment. Cela a très bien marché, ils ont entre 6 et 8 millions d’euros de budget.
Nous avons fait une Fondation Climat et nous demandons aux entreprises des participations pour pouvoir lancer l’affaire. Cela rejoint ce que vous disiez…
Nous avons fait une Fondation Climat et nous demandons aux entreprises des participations pour pouvoir lancer l’affaire. Cela rejoint ce que vous disiez…
W I D L O E C H E R
L ’ I N T E R V E N A N T
: D’ailleurs, nous étions partie prenante.
P A T R I C K
: Entre 100 000 et 150 000 euros de budget ! C’est l’échec patent.
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V É R O N I Q U E
: …dans une Fondation comme cela, plutôt que de le mettre dans la pub.
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: Entre 100 000 et 150 000 euros de budget ! C’est l’échec patent.
S A U R E T
L ’ I N T E R V E N A N T
W I D L O E C H E R : La Poste a répondu positivement à cette proposition de l’ADEME. Effectivement, nous n’étions que quatre à l’arrivée, nous n’étions pas suffisamment nombreux. Mais j’ai proposé que la question soit reposée un an après parce qu’en un an, les choses évoluent.
ACIDD et Comité 21
: D’ailleurs, nous étions partie prenante.
: C’est formidable, je trouvais cela très utopiste connaissant le monde de l’entreprise.
S A U R E T
L ’ I N T E R V E N A N T
W I D L O E C H E R
L ’ I N T E R V E N A N T
: C’est formidable, je trouvais cela très utopiste connaissant le monde de l’entreprise.
V É R O N I Q U E
P A T R I C K
: Nous avons fait voici deux ans deux tentatives de fondation qui peuvent tout à fait aller dans ce sens-là.
I N T E R V E N A N T
P A T R I C K
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: …dans une Fondation comme cela, plutôt que de le mettre dans la pub.
W I D L O E C H E R : La Poste a répondu positivement à cette proposition de l’ADEME. Effectivement, nous n’étions que quatre à l’arrivée, nous n’étions pas suffisamment nombreux. Mais j’ai proposé que la question soit reposée un an après parce qu’en un an, les choses évoluent.
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Focus
Focus
B E N
Focus
“repenser les rencontres sur le développement durable Pourquoi, comment ?”
Focus
, journaliste : (…/…) Le but du jeu est que vous puissiez parler et nous exposer ce que vous avez à dire sur le thème : “Penser et repenser les rencontres sur le développement durable”. “Penser le développement durable”, ce sera déjà pas mal. Si vous arrivez à faire cela, sur le menu de la soirée, ce sera déjà pas mal !
C R A M E R
B E N
Je ne présenterai pas trop longuement mon principal invité. Il vous suffit de regarder page 53 ; vous y trouverez tout ce qu’il faut. Ainsi, je peux tout de suite donner la parole à Pierre-Frédéric Tenière-Buchot. T E N I È R E - B U C H O T , gouverneur, Conseil mondial de l’eau : Bonsoir, chers amis. Je ne parlerai pas très longtemps car on m’a expliqué qu’il fallait vous faire parler, sous la “haute autorité” de Ben Cramer.
JOURNALISTE
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, journaliste : (…/…) Le but du jeu est que vous puissiez parler et nous exposer ce que vous avez à dire sur le thème : “Penser et repenser les rencontres sur le développement durable”. “Penser le développement durable”, ce sera déjà pas mal. Si vous arrivez à faire cela, sur le menu de la soirée, ce sera déjà pas mal !
C R A M E R
Je ne présenterai pas trop longuement mon principal invité. Il vous suffit de regarder page 53 ; vous y trouverez tout ce qu’il faut. Ainsi, je peux tout de suite donner la parole à Pierre-Frédéric Tenière-Buchot. T E N I È R E - B U C H O T , gouverneur, Conseil mondial de l’eau : Bonsoir, chers amis. Je ne parlerai pas très longtemps car on m’a expliqué qu’il fallait vous faire parler, sous la “haute autorité” de Ben Cramer.
P I E R R E - F R É D É R I C
BEN CRAMER
“repenser les rencontres sur le développement durable Pourquoi, comment ?”
P I E R R E - F R É D É R I C
Je m’occupe du Conseil mondial de l’eau. Vous ne savez sûrement pas ce que c’est. Disons que cet organisme s’occupe de l’eau à un niveau Nord/Sud.
Je m’occupe du Conseil mondial de l’eau. Vous ne savez sûrement pas ce que c’est. Disons que cet organisme s’occupe de l’eau à un niveau Nord/Sud.
Nous avons un “infâme” concurrent puisque nous sommes, en gros, deux dans le monde à faire ce genre de choses. Il s’agit du Partenariat mondial de l’eau (Global Water Partnership), qui se situe à Stockholm. Celui-ci était associé à une grande réunion la semaine dernière, “la Semaine de l’eau de Stockholm”. Cette réunion a lieu une fois par an. A cette occasion, un prix de 100 000 dollars est décerné et, cette fois, il l’a été à une Indienne, Madame Sunita Narain. C’est un peu le “Prix Nobel de l’eau”.
Nous avons un “infâme” concurrent puisque nous sommes, en gros, deux dans le monde à faire ce genre de choses. Il s’agit du Partenariat mondial de l’eau (Global Water Partnership), qui se situe à Stockholm. Celui-ci était associé à une grande réunion la semaine dernière, “la Semaine de l’eau de Stockholm”. Cette réunion a lieu une fois par an. A cette occasion, un prix de 100 000 dollars est décerné et, cette fois, il l’a été à une Indienne, Madame Sunita Narain. C’est un peu le “Prix Nobel de l’eau”.
Je dis cela car nous sommes tout à fait dans la communication et dans l’évènementiel. Le Roi se fait payer… Je parle toujours d’argent ; celui qui parle de développement durable sans parler d’argent fait semblant ; il ne parle pas du sujet. Donc le Roi se fait payer. La liste civile du Celui qui parle de Roi de Suède est assez faible et donc, à cette occasion, il est rémudéveloppement durable sans néré. La cérémonie se déroule dans parler d’argent fait semblant” la salle où sont décernés les prix Nobel ; c’est le “Prix Nobel de l’eau”. Je dis cela car personne en France ne le sait puisque tout se passe en anglais. (Rires.) C’est une première provocation pour dire que le monde parle l’anglais. Certes, il y a l’exception française, etc. ; la télévision française parle encore français, mais cela ne saurait durer puisque les vrais évènements se pas-
Je dis cela car nous sommes tout à fait dans la communication et dans l’évènementiel. Le Roi se fait payer… Je parle toujours d’argent ; celui qui parle de développement durable sans parler d’argent fait semblant ; il ne parle pas du sujet. Donc le Roi se fait payer. La liste civile du Celui qui parle de Roi de Suède est assez faible et donc, à cette occasion, il est rémudéveloppement durable sans néré. La cérémonie se déroule dans parler d’argent fait semblant” la salle où sont décernés les prix Nobel ; c’est le “Prix Nobel de l’eau”. Je dis cela car personne en France ne le sait puisque tout se passe en anglais. (Rires.) C’est une première provocation pour dire que le monde parle l’anglais. Certes, il y a l’exception française, etc. ; la télévision française parle encore français, mais cela ne saurait durer puisque les vrais évènements se pas-
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BEN CRAMER JOURNALISTE
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Focus
PIERRE-FRÉDÉRIC TENIÈRE-BUCHOT
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GOUVERNEUR, CONSEIL MONDIAL DE L’EAU
sent ailleurs… Nous l’avons dit tout à l’heure, au cours de l’atelier que je suivais ; dans Google, nous n’avons pas la pensée unique puisque nous y trouvons plusieurs sources d’information. Au contraire, lorsqu’on regarde un certain nombre de journaux, de médias en langue française, on y trouve souvent la même information. Cela, ce n’est pas du développement durable, c’est juste un manque de moyens ou encore de la paresse.
sent ailleurs… Nous l’avons dit tout à l’heure, au cours de l’atelier que je suivais ; dans Google, nous n’avons pas la pensée unique puisque nous y trouvons plusieurs sources d’information. Au contraire, lorsqu’on regarde un certain nombre de journaux, de médias en langue française, on y trouve souvent la même information. Cela, ce n’est pas du développement durable, c’est juste un manque de moyens ou encore de la paresse.
Fermons cette parenthèse calamiteuse. Tous les ans est donc décerné le “Prix Nobel de l’eau”. Le Roi y assiste en grande tenue, entouré de jeunes filles comme vous en voyez à Disneyland, habillées de couleurs pastel ; il s’agit de la famille royale, également rémunérée, espérons-le, pour l’occasion. Un grand repas est organisé et tout cela ne sert à rien de durable puisque, une semaine plus tard, donc en ce moment, on doit préparer la prochaine édition qui a toujours lieu autour du 15 août en Suède.
Fermons cette parenthèse calamiteuse. Tous les ans est donc décerné le “Prix Nobel de l’eau”. Le Roi y assiste en grande tenue, entouré de jeunes filles comme vous en voyez à Disneyland, habillées de couleurs pastel ; il s’agit de la famille royale, également rémunérée, espérons-le, pour l’occasion. Un grand repas est organisé et tout cela ne sert à rien de durable puisque, une semaine plus tard, donc en ce moment, on doit préparer la prochaine édition qui a toujours lieu autour du 15 août en Suède.
Le Conseil mondial de l’eau, dont le Siège est à Marseille, est moins élégant et plus lambin puisqu’il travaille, non pas tous les ans, mais tous les trois ans ! En 1997, à Marrakech, s’est tenu le premier Forum mondial de l’eau. C’était le premier ; nous ne savions pas très bien comment cela allait se passer. Bien que ce fût sous la responsabilité et le haut patronage du Roi du Maroc de l’époque, je peux vous dire, puisque j’y étais, que celui-ci n’y avait pas assisté. Maintenant que cela se passe bien – cela m’intéresse beaucoup sur un plan littéraire, car il y a eu “1984” tout de même, - il y a assisté. Un prix a même été créé à son nom : le “Prix de l’eau Hassan II” de 100 000 dollars.
Vous voyez, c’est cela la communication. Il faut récupérer du côté de l’ancien empire français ce qui Le prix Hassan II ne sera jamais est déjà fait du côté du British Empire. En effet, il y décerné à un Pakistanais, mais a deux cultures. Le développement durable qui ignore les cultures passe totalement à côté ; il parle de l’enle prix du Roi de Suède ne sera vironnement, de choses qui sont sans aucun intérêt, jamais décerné à un Français” mais il ne parle pas du monde qui est encore colonial et qui, en fait, continue : ainsi, « On a chacun nos pauvres” ! Le prix Hassan II ne sera jamais décerné à un Pakistanais, mais le prix du Roi de Suède ne sera jamais décerné à un Français. C’est très clair. Il faut le savoir. C’est la concurrence, tout comme il existe plusieurs chaînes de télévision dans notre pays.
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La concurrence fait partie du développement durable. C’est une deuxième provocation : quand parlez-vous de concurrence en dehors du public et du privé qui est une vaste blague par exemple entre public et public, entre le ministère de l’Écologie (MEDD) et le… (Coupure d’enregistrement tout à fait à propos).
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GOUVERNEUR, CONSEIL MONDIAL DE L’EAU
Le Conseil mondial de l’eau, dont le Siège est à Marseille, est moins élégant et plus lambin puisqu’il travaille, non pas tous les ans, mais tous les trois ans ! En 1997, à Marrakech, s’est tenu le premier Forum mondial de l’eau. C’était le premier ; nous ne savions pas très bien comment cela allait se passer. Bien que ce fût sous la responsabilité et le haut patronage du Roi du Maroc de l’époque, je peux vous dire, puisque j’y étais, que celui-ci n’y avait pas assisté. Maintenant que cela se passe bien – cela m’intéresse beaucoup sur un plan littéraire, car il y a eu “1984” tout de même, - il y a assisté. Un prix a même été créé à son nom : le “Prix de l’eau Hassan II” de 100 000 dollars.
Vous voyez, c’est cela la communication. Il faut récupérer du côté de l’ancien empire français ce qui Le prix Hassan II ne sera jamais est déjà fait du côté du British Empire. En effet, il y décerné à un Pakistanais, mais a deux cultures. Le développement durable qui ignore les cultures passe totalement à côté ; il parle de l’enle prix du Roi de Suède ne sera vironnement, de choses qui sont sans aucun intérêt, jamais décerné à un Français” mais il ne parle pas du monde qui est encore colonial et qui, en fait, continue : ainsi, « On a chacun nos pauvres” ! Le prix Hassan II ne sera jamais décerné à un Pakistanais, mais le prix du Roi de Suède ne sera jamais décerné à un Français. C’est très clair. Il faut le savoir. C’est la concurrence, tout comme il existe plusieurs chaînes de télévision dans notre pays. La concurrence fait partie du développement durable. C’est une deuxième provocation : quand parlez-vous de concurrence en dehors du public et du privé qui est une vaste blague par exemple entre public et public, entre le ministère de l’Écologie (MEDD) et le… (Coupure d’enregistrement tout à fait à propos).
Autre interrogation sur le concept de développement durable : la France… Ce n’est pas le plus souvent là que cela se passe. Quant à l’Europe, à part de temps en temps une constitution ratée, généralement, ce n’est pas là non plus que cela se passe. Estce donc dans le reste du monde que cela se passe ?
Autre interrogation sur le concept de développement durable : la France… Ce n’est pas le plus souvent là que cela se passe. Quant à l’Europe, à part de temps en temps une constitution ratée, généralement, ce n’est pas là non plus que cela se passe. Estce donc dans le reste du monde que cela se passe ?
Oui, bien entendu. Car le monde inclut le Sud. A cause des pollutions, des sécheresses, de la misère, il y a en ce moment des milliers de morts chaque jour ; cela se passe dans le Sud. Donc, quand parlerez-vous, les uns et les autres – et moi aussi ! du développement durable pour les pauvres ?
Oui, bien entendu. Car le monde inclut le Sud. A cause des pollutions, des sécheresses, de la misère, il y a en ce moment des milliers de morts chaque jour ; cela se passe dans le Sud. Donc, quand parlerez-vous, les uns et les autres – et moi aussi ! du développement durable pour les pauvres ?
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Je crois que le modèle de notre réunion – je vais être flatteur ; il faut bien que je passe un peu la brosse à reluire - est un bon modèle, mais il n’y a pas de pauvres. Nous sommes tous des professionnels, mais n’y assistent pas des gens exclus, si je puis dire, exclus de nos “combines”. Le terme “combines” peut sembler péjoratif, mais ce n’est pas du tout injurieux ; nous faisons ce que nous pouvons.
Je crois que le modèle de notre réunion – je vais être flatteur ; il faut bien que je passe un peu la brosse à reluire - est un bon modèle, mais il n’y a pas de pauvres. Nous sommes tous des professionnels, mais n’y assistent pas des gens exclus, si je puis dire, exclus de nos “combines”. Le terme “combines” peut sembler péjoratif, mais ce n’est pas du tout injurieux ; nous faisons ce que nous pouvons.
Au delà de l’éthique et du vocabulaire qui en parle, comment le mettre en œuvre ? Il existe deux camps, dans ce que je vois autour de moi, et ce depuis longtemps : ceux qui font semblant et ceux qui semblent faire. Cela ne laisse pas beaucoup d’espace pour le reste… Au delà de ce triste constat, comment pouvons-nous agir ?
Au delà de l’éthique et du vocabulaire qui en parle, comment le mettre en œuvre ? Il existe deux camps, dans ce que je vois autour de moi, et ce depuis longtemps : ceux qui font semblant et ceux qui semblent faire. Cela ne laisse pas beaucoup d’espace pour le reste… Au delà de ce triste constat, comment pouvons-nous agir ?
Toutefois, j’ai une comparaison à proposer pour le développement durable tel qu’il est pratiqué en dehors de notre auguste réunion : c’est le modèle de la Haute Couture, de la mode. Je ne sais pas si vous avez déjà travaillé dans ce secteur mais, comme beaucoup de journalistes sont ici présents, je suis certain qu’ils ont dû avoir cette opportunité un jour ou l’autre. Prenons les collections et notamment cette idée absolument géniale de faire des collections de printemps, d’été, d’automne, d’hiver ; quatre fois dans l’année, c’est super ! En fait, rien n’est vendu en Haute Couture - c’est ce qui me fait penser aux réunions auxquelles je participe dans le développement durable ; rien n’est appliqué, absolument jamais. (Rires.), sauf l’accessoire… C’est cela qui est important !
Toutefois, j’ai une comparaison à proposer pour le développement durable tel qu’il est pratiqué en dehors de notre auguste réunion : c’est le modèle de la Haute Couture, de la mode. Je ne sais pas si vous avez déjà travaillé dans ce secteur mais, comme beaucoup de journalistes sont ici présents, je suis certain qu’ils ont dû avoir cette opportunité un jour ou l’autre. Prenons les collections et notamment cette idée absolument géniale de faire des collections de printemps, d’été, d’automne, d’hiver ; quatre fois dans l’année, c’est super ! En fait, rien n’est vendu en Haute Couture - c’est ce qui me fait penser aux réunions auxquelles je participe dans le développement durable ; rien n’est appliqué, absolument jamais. (Rires.), sauf l’accessoire… C’est cela qui est important !
Comme vous le voyez, j’ai là, par exemple, une petite marque en ferraille Newman. Je ne vais pas acheter la collection Newman. En revanche, j’ai acheté cela dans un pays en développement, c’est une imitation, c’est très bien fait. C’est de l’accessoire.
Comme vous le voyez, j’ai là, par exemple, une petite marque en ferraille Newman. Je ne vais pas acheter la collection Newman. En revanche, j’ai acheté cela dans un pays en développement, c’est une imitation, c’est très bien fait. C’est de l’accessoire.
J’ai une montre en plastique Agence de l’eau Seine-Normandie. J’ai toujours fait dans l’accessoire parce que l’Agence était trop pauvre, vous pensez bien, pour faire des choses plus importantes.
J’ai une montre en plastique Agence de l’eau Seine-Normandie. J’ai toujours fait dans l’accessoire parce que l’Agence était trop pauvre, vous pensez bien, pour faire des choses plus importantes.
Je porte ici un “truc” au poignet (« 2005 : plus d’excuses, assez de paroles, des actes ! ») qui me dit que je dois passer à l’action ; c’est de l’accessoire. Réfléchir à l’accessoire est très intéressant. C’est là où la marge se fait et je voudrais que nous y réfléchissions. En effet, ce n’est pas bien de ne rien sortir d’une grande politique, d’un grand manifeste ! C’est mieux lorsqu’on sort l’accessoire et cela suffit généralement à rassembler le plus grand nombre. Et puis – songez-y - vous avez la “customisation”, c’est-à-dire le fait que la rue réagisse. Cela se produit de temps en temps. Enfin, nous avons également le développement durable de la demande publique ; ce n’est pas seulement celle du secteur auquel j’appartiens et auquel vous appartenez pour beaucoup d’entre vous. C’est tout ce qu’exprime le domaine de l’offre institutionnelle : on dit aux autres comment ils devraient être. Mais c’est une offre, pas une demande. Ce rôle est rempli par l’État le plus souvent. Mais l’État ne représente absolument pas (parfois cela se voit dans les grandes consultations populaires, dans les votes) la population qu’il est censé représenter dans les audiences internationales. Et ici gît le problème.
Où se trouve ce développement durable de la demande ?”
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Donc, où se trouve ce développement durable de la demande ? Parmi nous, à part les quelques jeunes que j’ai vus au début, avons-nous des représentants de cette demande, celle “de la base”, orientée, si je puis dire, “bottom-up” ?
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Je porte ici un “truc” au poignet (« 2005 : plus d’excuses, assez de paroles, des actes ! ») qui me dit que je dois passer à l’action ; c’est de l’accessoire. Réfléchir à l’accessoire est très intéressant. C’est là où la marge se fait et je voudrais que nous y réfléchissions. En effet, ce n’est pas bien de ne rien sortir d’une grande politique, d’un grand manifeste ! C’est mieux lorsqu’on sort l’accessoire et cela suffit généralement à rassembler le plus grand nombre. Et puis – songez-y - vous avez la “customisation”, c’est-à-dire le fait que la rue réagisse. Cela se produit de temps en temps. Enfin, nous avons également le développement durable de la demande publique ; ce n’est pas seulement celle du secteur auquel j’appartiens et auquel vous appartenez pour beaucoup d’entre vous. C’est tout ce qu’exprime le domaine de l’offre institutionnelle : on dit aux autres comment ils devraient être. Mais c’est une offre, pas une demande. Ce rôle est rempli par l’État le plus souvent. Mais l’État ne représente absolument pas (parfois cela se voit dans les grandes consultations populaires, dans les votes) la population qu’il est censé représenter dans les audiences internationales. Et ici gît le problème.
Où se trouve ce développement durable de la demande ?”
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Donc, où se trouve ce développement durable de la demande ? Parmi nous, à part les quelques jeunes que j’ai vus au début, avons-nous des représentants de cette demande, celle “de la base”, orientée, si je puis dire, “bottom-up” ?
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Ce “bottom-up” doit équilibrer l’offre. Autrement, cela ne débouche que sur la dérision.
Je terminerai par une dernière petite provocation : lorsque, dans certains milieux et notamment les entreprises, on veut se moquer du développement durable, on dit : “Le développement durable, c’est : « developpement durable. com ». Irons-nous au delà ?
Je terminerai par une dernière petite provocation : lorsque, dans certains milieux et notamment les entreprises, on veut se moquer du développement durable, on dit : “Le développement durable, c’est : « developpement durable. com ». Irons-nous au delà ?
C R A M E R
G I L L E S
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Ce “bottom-up” doit équilibrer l’offre. Autrement, cela ne débouche que sur la dérision.
: Merci, Pierre-Frédéric, pour cette petite séance de dérision.
B E N
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: Merci, Pierre-Frédéric, pour cette petite séance de dérision.
Au delà de l’esthétique, tout ce qui a été exprimé est important. Pierre Radanne a dit tout à l’heure que les jeunes ont été trop gentils avec le concept du développement durable. Je pense que, là, on a “cartonné”. Pierre-Frédéric a fait “très jeune” en même temps en disant qu’il y avait peut-être aussi des morts qui ne pouvaient pas se recycler, des guerres dans le monde dont on n’avait pas parlé. Peut-être n’avait-on pas suffisamment parlé dans le manifeste de l’écopolitique internationale dont nous pouvons voir quelques effets au niveau Nord/Sud ?
C’est important, d’autant que, selon une enquête du programme des Nations Unies pour l’environnement, une des principales lacunes de nos connaissances dans le domaine de l’environnement porte justement sur les liens entre environnement et conflits. Cela donne l’impression que les questions de conflits ont été évacuées un peu facilement, ce qui me paraît dommage. En effet, les enjeux de guerre et de paix vont également être déterminants dans ce domaine, si le développement durable a une quelconque légitimité.
C’est important, d’autant que, selon une enquête du programme des Nations Unies pour l’environnement, une des principales lacunes de nos connaissances dans le domaine de l’environnement porte justement sur les liens entre environnement et conflits. Cela donne l’impression que les questions de conflits ont été évacuées un peu facilement, ce qui me paraît dommage. En effet, les enjeux de guerre et de paix vont également être déterminants dans ce domaine, si le développement durable a une quelconque légitimité.
Je passe maintenant la parole à tous ceux qui le souhaitent et qui ne sont pas à la tribune. Quelque chose mérite-t-il d’être dit sur les rapports plus conflictuels sur le développement durable, ce qui se trouve au delà de ce que Gilles qualifiait de “consensus mou” ?
Je passe maintenant la parole à tous ceux qui le souhaitent et qui ne sont pas à la tribune. Quelque chose mérite-t-il d’être dit sur les rapports plus conflictuels sur le développement durable, ce qui se trouve au delà de ce que Gilles qualifiait de “consensus mou” ?
: Je pense que tu n’as pas lu le sujet, ce qui est ennuyeux pour un animateur. Nous ne sommes pas là pour parler du thème général de l’Université, mais pour faire un focus sur “l’utilité de faire des rencontres sur ou pour le développement durable”.
B E R H A U L T
C R A M E R
G I L L E S
: Justement…
B E N
: Je pense que tu n’as pas lu le sujet, ce qui est ennuyeux pour un animateur. Nous ne sommes pas là pour parler du thème général de l’Université, mais pour faire un focus sur “l’utilité de faire des rencontres sur ou pour le développement durable”.
B E R H A U L T
C R A M E R
: Justement…
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B E R H A U L T
: Certes, il est possible d’élargir un peu le débat, mais il serait bien que nous parlions un peu du sujet. Sinon certains d’entre nous risqueraient d’être un peu déçus, ce qui n’enlève rien à l’intérêt…
G I L L E S
B E R H A U L T
B E N
: Je voulais faire le lien avec ce qui venait d’être dit, mais nous pouvons très bien revenir…
B E N
: Je voulais faire le lien avec ce qui venait d’être dit, mais nous pouvons très bien revenir…
E S P I N O S A , Président d’Écoforum : Je vais intervenir sur le thème : “Comment faire mieux l’année prochaine”. Tout à l’heure, tu parlais de “demande de la base”. Cela fait vingt ans que je me bats, que je lutte pour des sujets. Je me considère donc comme faisant partie de la base et je le revendique. Je consacre les troisquarts de ma vie à donner du temps bénévolement pour essayer de faire avancer les choses. C’est pourquoi je revendique d’être considéré comme les jeunes ici, comme des gens de la base qui ne reçoivent rien et qui essayent d’agir, comme d’ailleurs une partie de vous tous.
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: Certes, il est possible d’élargir un peu le débat, mais il serait bien que nous parlions un peu du sujet. Sinon certains d’entre nous risqueraient d’être un peu déçus, ce qui n’enlève rien à l’intérêt…
C R A M E R
E S P I N O S A , Président d’Écoforum : Je vais intervenir sur le thème : “Comment faire mieux l’année prochaine”. Tout à l’heure, tu parlais de “demande de la base”. Cela fait vingt ans que je me bats, que je lutte pour des sujets. Je me considère donc comme faisant partie de la base et je le revendique. Je consacre les troisquarts de ma vie à donner du temps bénévolement pour essayer de faire avancer les choses. C’est pourquoi je revendique d’être considéré comme les jeunes ici, comme des gens de la base qui ne reçoivent rien et qui essayent d’agir, comme d’ailleurs une partie de vous tous.
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Au delà de l’esthétique, tout ce qui a été exprimé est important. Pierre Radanne a dit tout à l’heure que les jeunes ont été trop gentils avec le concept du développement durable. Je pense que, là, on a “cartonné”. Pierre-Frédéric a fait “très jeune” en même temps en disant qu’il y avait peut-être aussi des morts qui ne pouvaient pas se recycler, des guerres dans le monde dont on n’avait pas parlé. Peut-être n’avait-on pas suffisamment parlé dans le manifeste de l’écopolitique internationale dont nous pouvons voir quelques effets au niveau Nord/Sud ?
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Focus
B E N
Par ailleurs, il faut le reconnaître, ce que Anne-Marie Sacquet a essayé de faire aujourd’hui, et je l’ai tout de suite soutenue, est très compliqué ; je fais référence à Anne-Marie Sacquet, à Gilles et aux gens autour d’eux. Quelqu’un a dit : “Rien n’avance”. Je le croyais également, mais tout avance. J’ai apprécié la réflexion d’une personne de La Poste qui a dit : “Nous affichons “développement durable” et nous sommes bien obligés d’en faire.” Cela signifie que les choses avancent, qu’il ne suffit plus d’apposer une étiquette. Maintenant, nous avons des indicateurs.
Par ailleurs, il faut le reconnaître, ce que Anne-Marie Sacquet a essayé de faire aujourd’hui, et je l’ai tout de suite soutenue, est très compliqué ; je fais référence à Anne-Marie Sacquet, à Gilles et aux gens autour d’eux. Quelqu’un a dit : “Rien n’avance”. Je le croyais également, mais tout avance. J’ai apprécié la réflexion d’une personne de La Poste qui a dit : “Nous affichons “développement durable” et nous sommes bien obligés d’en faire.” Cela signifie que les choses avancent, qu’il ne suffit plus d’apposer une étiquette. Maintenant, nous avons des indicateurs.
Si un politique dit qu’il va faire telle chose et qu’il ne le fait pas, on va le “casser” ; ne vous inquiétez pas. C’est important, on ne peut plus faire de promesses…
Si un politique dit qu’il va faire telle chose et qu’il ne le fait pas, on va le “casser” ; ne vous inquiétez pas. C’est important, on ne peut plus faire de promesses…
Lorsque Anne-Marie Sacquet organise cette Université d’été, cela me permet, par exemple, d’avoir en face de moi Alice Audoin. Je l’ai trouvée fantastique ! Elle représente la publicité et c’est une “casse-pieds”. Je l’ai trouvée très virulente et cela m’a plu, à tel point que j’ai demandé son contact. J’aimerais parler avec elle de ce sujet sur lequel nous ne sommes absolument pas d’accord. (Rires.) Je ne vous parle pas de la femme, mais de l’être ! (Rires.)
Lorsque Anne-Marie Sacquet organise cette Université d’été, cela me permet, par exemple, d’avoir en face de moi Alice Audoin. Je l’ai trouvée fantastique ! Elle représente la publicité et c’est une “casse-pieds”. Je l’ai trouvée très virulente et cela m’a plu, à tel point que j’ai demandé son contact. J’aimerais parler avec elle de ce sujet sur lequel nous ne sommes absolument pas d’accord. (Rires.) Je ne vous parle pas de la femme, mais de l’être ! (Rires.)
C R A M E R
: Nous avions compris, nous ne pensions pas à autre chose !
B E N
: Je veux dire par là que ce que vous avez fait, AnneMarie et Gilles, est très difficile à améliorer.
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B E N
Je fais une suggestion concernant ceux qui interviennent par lettre. Nous ne devrions pas perdre de temps avec cela. Il faut lire la lettre et on perd vingt minutes à réfléchir alors que la personne n’est pas venue. C’est, à mon avis, un manque de respect vis-à-vis des autres. Celui qui ne peut pas venir, désormais, ne devrait pas pouvoir être représenté par une lettre.
Je fais une suggestion concernant ceux qui interviennent par lettre. Nous ne devrions pas perdre de temps avec cela. Il faut lire la lettre et on perd vingt minutes à réfléchir alors que la personne n’est pas venue. C’est, à mon avis, un manque de respect vis-à-vis des autres. Celui qui ne peut pas venir, désormais, ne devrait pas pouvoir être représenté par une lettre.
Je trouve ce que vous avez fait fantastique, notamment parce que cela nous permet de nous rencontrer. Je pense entre autres à M. Philippe Ledenvic, directeur de la DRIRE. Il faut, à mon avis, changer très peu de choses. Il faut continuer car nous partons d’ici avec l’envie de nous battre.
Je trouve ce que vous avez fait fantastique, notamment parce que cela nous permet de nous rencontrer. Je pense entre autres à M. Philippe Ledenvic, directeur de la DRIRE. Il faut, à mon avis, changer très peu de choses. Il faut continuer car nous partons d’ici avec l’envie de nous battre.
Tout à l’heure, nous parlions de publicité. Je suis passé dans une émission intitulée “Ne casse pas ma planète”. J’ai parlé pendant une heure et demie de cosmétiques, mais je ne me suis jamais mis de rouge à lèvres, rien… Je peux vous dire que, grâce aux contacts que nous pouvons avoir ici, je peux appeler des gens.
Tout à l’heure, nous parlions de publicité. Je suis passé dans une émission intitulée “Ne casse pas ma planète”. J’ai parlé pendant une heure et demie de cosmétiques, mais je ne me suis jamais mis de rouge à lèvres, rien… Je peux vous dire que, grâce aux contacts que nous pouvons avoir ici, je peux appeler des gens.
J’ai été reçu pendant deux heures par M. Ledenvic. C’est une bonne chose. Nous avons parlé longtemps, nous nous sommes écoutés, tout cela grâce à cette journée. Il faut continuer ainsi, à se retrouver. C’est assez sympathique et doit le rester l’année prochaine et… (Coupure enregistrement.) …se confrontrent en toute diplomatie.
J’ai été reçu pendant deux heures par M. Ledenvic. C’est une bonne chose. Nous avons parlé longtemps, nous nous sommes écoutés, tout cela grâce à cette journée. Il faut continuer ainsi, à se retrouver. C’est assez sympathique et doit le rester l’année prochaine et… (Coupure enregistrement.) …se confrontrent en toute diplomatie.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
C R A M E R
: Bravo !
B E N
M A R T I N - F E R R A R I , journaliste: J’ai trouvé intéressant de voir arriver cette année des gens nouveaux, élargissant ainsi le cercle de ceux qui ont été un peu les fondateurs.
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C R A M E R
: Bravo !
M A R T I N - F E R R A R I , journaliste: J’ai trouvé intéressant de voir arriver cette année des gens nouveaux, élargissant ainsi le cercle de ceux qui ont été un peu les fondateurs.
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Comme le disait Pierre-Frédéric, il faut continuer à pouvoir retrouver des gens que nous avons déjà vus et ce depuis longtemps. Nous sommes dans une société du périssable et qui a envie de renouveler les “people”. Il faut donc faire très attention et faire que ceux qui sont là restent. Comme vient de le dire Victor, et je suis totalement d’ac©
: Nous avions compris, nous ne pensions pas à autre chose !
V I C T O R - H U G O
D O M I N I Q U E
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C R A M E R
E S P I N O S A : Je veux dire par là que ce que vous avez fait, AnneMarie et Gilles, est très difficile à améliorer.
E S P I N O S A
Comme le disait Pierre-Frédéric, il faut continuer à pouvoir retrouver des gens que nous avons déjà vus et ce depuis longtemps. Nous sommes dans une société du périssable et qui a envie de renouveler les “people”. Il faut donc faire très attention et faire que ceux qui sont là restent. Comme vient de le dire Victor, et je suis totalement d’ac211
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cord, ils font partie de ce qu’ils estiment être la base parce que cela fait vingt, voire trente ans qu’ils “rament” sur ces sujets. Cependant, je trouve également très important de voir arriver des “non-initiés”. Il nous arrive chaque année, dans cette Université, des gens qui n’ont jamais entendu parler du développement durable, ou bien qui viennent de prendre une fonction et découvrent, grâce à ce lieu, qu’ils ne sont pas dans un tiroir ou un placard et que la mission qui vient de leur être donnée est fondamentale et porteuse de plein de choses. C’est le point positif.
En revanche, il faudrait à mon avis arrêter un peu de parler de développement durable – nous en avons tous un peu assez - et commencer à s’interroger sur le plan philosophique. Nous devons, non plus mettre en place de l’information, du constat, mais interroger davantage les nœuds de contradiction, les “conflits”, donc tout ce qui est paradoxal, “schizophrène “–le terme a été utilisé Nous devons, non plus mettre en ce matin - tout ce qui est “promesses sans actes” ou place de l’information, du constat, “actes sans mots”, etc. En fait, il faudrait commencer à préparer une Université sémantique ou philosophimais interroger davantage les que du développement durable et dépasser maintenœuds de contradiction” nant les réflexions sur : “Oui, on communique bien ou non…”. C’est ma proposition. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je saisis l’occasion pour rebondir sur ce qui vient d’être dit et également sur les paroles de mon confrère Ben concernant cette question du conflit. C’est vraiment très important lorsque l’on parle de communication, d’information et de relations entre les différents acteurs d’une société.
J E A N - L U C
Je veux en profiter pour mettre un petit accent sur un cas concret, justement dans cette Université. Le rôle du journaliste n’est pas facile parfois, vous le savez, car il est très proche de ses sources. Lorsqu’il a une information qui peut déranger sa source, il hésite parfois avant de la publier. Mais le journaliste qui s’exprime au sein d’une Université de communication peut également avoir envie de se taire plutôt que de mettre l’accent sur tel point qui pourrait déranger.
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Cependant, je trouve également très important de voir arriver des “non-initiés”. Il nous arrive chaque année, dans cette Université, des gens qui n’ont jamais entendu parler du développement durable, ou bien qui viennent de prendre une fonction et découvrent, grâce à ce lieu, qu’ils ne sont pas dans un tiroir ou un placard et que la mission qui vient de leur être donnée est fondamentale et porteuse de plein de choses. C’est le point positif.
En revanche, il faudrait à mon avis arrêter un peu de parler de développement durable – nous en avons tous un peu assez - et commencer à s’interroger sur le plan philosophique. Nous devons, non plus mettre en place de l’information, du constat, mais interroger davantage les nœuds de contradiction, les “conflits”, donc tout ce qui est paradoxal, “schizophrène “–le terme a été utilisé Nous devons, non plus mettre en ce matin - tout ce qui est “promesses sans actes” ou place de l’information, du constat, “actes sans mots”, etc. En fait, il faudrait commencer à préparer une Université sémantique ou philosophimais interroger davantage les que du développement durable et dépasser maintenœuds de contradiction” nant les réflexions sur : “Oui, on communique bien ou non…”. C’est ma proposition. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je saisis l’occasion pour rebondir sur ce qui vient d’être dit et également sur les paroles de mon confrère Ben concernant cette question du conflit. C’est vraiment très important lorsque l’on parle de communication, d’information et de relations entre les différents acteurs d’une société.
J E A N - L U C
En gros, on peut définir ainsi la différence entre la communication et l’information : l’information est ce qui dérange et la communication est ce qui arrange. C’est
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cord, ils font partie de ce qu’ils estiment être la base parce que cela fait vingt, voire trente ans qu’ils “rament” sur ces sujets.
Je veux en profiter pour mettre un petit accent sur un cas concret, justement dans cette Université. Le rôle du journaliste n’est pas facile parfois, vous le savez, car il est très proche de ses sources. Lorsqu’il a une information qui peut déranger sa source, il hésite parfois avant de la publier. Mais le journaliste qui s’exprime au sein d’une Université de communication peut également avoir envie de se taire plutôt que de mettre l’accent sur tel point qui pourrait déranger. En gros, on peut définir ainsi la différence entre la communication et l’information : l’information est ce qui dérange et la communication est ce qui arrange. C’est
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un raccourci, mais, philosophiquement, on peut prolonger et des éléments sont à tirer de cela.
un raccourci, mais, philosophiquement, on peut prolonger et des éléments sont à tirer de cela.
Je souhaiterais donc exposer un petit cas. Dans le dossier de presse que j’ai reçu, j’ai trouvé un petit emballage d’une société de communication qui contient un autre emballage qui contient un autre emballage et dont le cadeau est un emballage. Lorsqu’on parle d’environnement et que l’on sait à quel point les emballages sont un problème pour notre société, ce peut être matière à réflexion. Ce n’est ni une pique, ni une agression, mais, à mon avis, ce petit point de contradiction méritait d’être soulevé.
Je souhaiterais donc exposer un petit cas. Dans le dossier de presse que j’ai reçu, j’ai trouvé un petit emballage d’une société de communication qui contient un autre emballage qui contient un autre emballage et dont le cadeau est un emballage. Lorsqu’on parle d’environnement et que l’on sait à quel point les emballages sont un problème pour notre société, ce peut être matière à réflexion. Ce n’est ni une pique, ni une agression, mais, à mon avis, ce petit point de contradiction méritait d’être soulevé.
C R A M E R
J E A N - L U C B E N
: C’est une information qui dérange…
M A R T I N - L A G A R D E T T E
C R A M E R
(Rires.)
B E N
: Qui peut déranger.
J E A N - L U C
: Qui emballe !
B E N
S A C Q U E T , directrice générale, Comité 21 : Plusieurs réactions… Je remercie tout d’abord Victor-Hugo pour ses compliments. Je remarque d’ailleurs qu’il en fait un leitmotiv des Universités et j’en suis tout à fait ravie.
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M A R T I N - L A G A R D E T T E
C R A M E R
(Rires.)
: Qui peut déranger.
: Qui emballe !
A N N E - M A R I E
Je voudrais tout de même rappeler que nous sommes deux à organiser cette Université. Je travaille en pleine complicité avec Gilles Berhault. Ensuite, comme le disait Dominique, des réseaux rejoignent l’Université et la tendance doit se confirmer. Plus ces réseaux seront nombreux et cohérents entre eux, plus nous aurons la capacité de porter des messages convaincants.
Je voudrais tout de même rappeler que nous sommes deux à organiser cette Université. Je travaille en pleine complicité avec Gilles Berhault. Ensuite, comme le disait Dominique, des réseaux rejoignent l’Université et la tendance doit se confirmer. Plus ces réseaux seront nombreux et cohérents entre eux, plus nous aurons la capacité de porter des messages convaincants.
Je dois néanmoins dire que je suis tout à fait d’accord avec Pierre-Frédéric. Même si nous tentons, ici, des “politiques de petits pas” et d’ouvrir de plus en plus les sphères, pas encore de décisions mais en tout cas d’information, de mobilisation, nous voyons bien que les résultats obtenus ne sont absolument pas à la mesure de ce que nous constatons tous les jours.
Je dois néanmoins dire que je suis tout à fait d’accord avec Pierre-Frédéric. Même si nous tentons, ici, des “politiques de petits pas” et d’ouvrir de plus en plus les sphères, pas encore de décisions mais en tout cas d’information, de mobilisation, nous voyons bien que les résultats obtenus ne sont absolument pas à la mesure de ce que nous constatons tous les jours.
Il faut écouter cette remarque, qui rejoint d’ailleurs un peu celle de Ronan Uhel de l’Agence européenne de l’environnement l’an dernier ; il nous disait : “Oui, bien entendu, il faut se penPlus ces réseaux seront nombreux cher sur ces questions de et cohérents entre eux, plus nous communication pour le développement durable, aurons la capacité de porter des sur le développement messages convaincants.” durable, mais il faut également travailler en réseaux et peut-être en réseaux de communication avec un certain nombre de partenaires européens et du Sud, pour parvenir à des résultats effectifs.”
Il faut écouter cette remarque, qui rejoint d’ailleurs un peu celle de Ronan Uhel de l’Agence européenne de l’environnement l’an dernier ; il nous disait : “Oui, bien entendu, il faut se penPlus ces réseaux seront nombreux cher sur ces questions de et cohérents entre eux, plus nous communication pour le développement durable, aurons la capacité de porter des sur le développement messages convaincants.” durable, mais il faut également travailler en réseaux et peut-être en réseaux de communication avec un certain nombre de partenaires européens et du Sud, pour parvenir à des résultats effectifs.”
La démarche peut paraître, certes, complètement anecdotique par rapport aux catastrophes auxquelles nous assistons et aux écarts qui perdurent.
La démarche peut paraître, certes, complètement anecdotique par rapport aux catastrophes auxquelles nous assistons et aux écarts qui perdurent.
Je voulais simplement dire à Pierre-Frédéric que je partageais totalement ce diagnostic et qu’il fallait peut-être alimenter l’Université avec une politique d’offre d’amélioration de notre communication et de notre capacité de conviction – nous sommes toujours dans l’offre, - mais également introduire des engagements pour que nous puissions beaucoup mieux donner la parole et relayer les dysfonctionnements que nous constatons tous les jours.
Je voulais simplement dire à Pierre-Frédéric que je partageais totalement ce diagnostic et qu’il fallait peut-être alimenter l’Université avec une politique d’offre d’amélioration de notre communication et de notre capacité de conviction – nous sommes toujours dans l’offre, - mais également introduire des engagements pour que nous puissions beaucoup mieux donner la parole et relayer les dysfonctionnements que nous constatons tous les jours.
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: C’est une information qui dérange…
S A C Q U E T , directrice générale, Comité 21 : Plusieurs réactions… Je remercie tout d’abord Victor-Hugo pour ses compliments. Je remarque d’ailleurs qu’il en fait un leitmotiv des Universités et j’en suis tout à fait ravie.
A N N E - M A R I E
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: N’oubliez pas ce qui a été dit, non seulement sur les êtres humains ici présents et qui ne sont pas des “briquets jetables”, mais également sur le fait que nous
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: N’oubliez pas ce qui a été dit, non seulement sur les êtres humains ici présents et qui ne sont pas des “briquets jetables”, mais également sur le fait que nous
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pourrions nous intéresser, comme le disait Dominique, à ce que le mot “développement durable” ne soit plus le seul mot apparaissant comme porte-drapeau. P A S C A L
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: Je salue tout d’abord Pierre Frédéric Tenière. S’il s’en souvient, nous étions à Alger ensemble, mais cela remonte à quelques années.
D U B O I S
P A S C A L
Je reviens sur le thème de l’accessoire et sur le petit gadget dans le classeur. Cela me fait penser à l’ensemble des rapports annuels sur le développement durable que nous recevons et que nous mettons, bien sûr, en “classement vertical” ; nous n’avons pas envie de les regarder tellement nous en recevons.
La question qui revient dans les propos tenus par Pierre-Frédéric Tenière a été évoquée dans l’atelier sur l’empreinte écologique. Faire des engagements, de petits “bouquins”, proposer des actions, etc., est peut-être très intéressant et peut représenter un satisfecit personnel dans le cadre de nos convictions, de notre militantisme. Cependant, tant que nous n’aurons pas obtenu, à l’instar de certains pays, comme certains en Europe du nord, des “obligations à” sur le plan législatif – comme mettre en œuvre dans chaque territoire, au plus bas et au plus haut niveau, des Agendas 21, avec nécessité de communication sur les indicateurs et les résultats obtenus, nous continuerons longtemps à faire des Universités !
La question qui revient dans les propos tenus par Pierre-Frédéric Tenière a été évoquée dans l’atelier sur l’empreinte écologique. Faire des engagements, de petits “bouquins”, proposer des actions, etc., est peut-être très intéressant et peut représenter un satisfecit personnel dans le cadre de nos convictions, de notre militantisme. Cependant, tant que nous n’aurons pas obtenu, à l’instar de certains pays, comme certains en Europe du nord, des “obligations à” sur le plan législatif – comme mettre en œuvre dans chaque territoire, au plus bas et au plus haut niveau, des Agendas 21, avec nécessité de communication sur les indicateurs et les résultats obtenus, nous continuerons longtemps à faire des Universités !
Voilà la réflexion que j’ai en ce moment par rapport à un certain nombre de petites “balades” que j’ai faites voici quelques jours ; je n’y reviendrai pas, ceux qui ont participé à l’atelier “Empreinte écologique” m’ont entendu donner des exemples. C R A M E R
: Pour ceux qui n’y étaient pas, tant pis pour eux !
“
Certes, nous sommes très contents, nous y avons des amis, nous retrouvons des gens que nous connaissons parfois depuis trente ans et qui ont de formidables projets – n’est-ce pas, Dominique - mais les choses resteront ce qu’elles sont, le monde continuera à évoluer. Nous voyons bien que l’écologie n’est plus un nouveau paradigme qui va révolutionner la société. Nous ne sommes plus comme dans les années 70 où, avec l’écologie, “nous allions connaître des Il faut donc que nous devenions, lendemains qui chantent”. Le problème est mainteen réseaux, une force d’obligations” nant largement planétaire, avec les pays émergents qui ont vraiment besoin de comprendre ce qu’est le développement durable. Il faut donc que nous devenions, en réseaux, une force d’obligations, ou de propositions à obligations, pour obtenir véritablement des démarches de développement durable, que ce soit dans notre pays ou en Europe.
B E N
T R A U T M A N N , ancien ministre et député au Parlement européen : Je vais dire pourquoi je suis ici, puisque c’est la première fois que je viens ; je ne partage pas forcément avec chacun de vous trente ans de militantisme sur ces sujets. J’ai essayé d’avoir une pratique, dans mes convictions, qui est d’essayer de traduire des choix de société.
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Voilà la réflexion que j’ai en ce moment par rapport à un certain nombre de petites “balades” que j’ai faites voici quelques jours ; je n’y reviendrai pas, ceux qui ont participé à l’atelier “Empreinte écologique” m’ont entendu donner des exemples. C R A M E R
: Pour ceux qui n’y étaient pas, tant pis pour eux !
T R A U T M A N N , ancien ministre et député au Parlement européen : Je vais dire pourquoi je suis ici, puisque c’est la première fois que je viens ; je ne partage pas forcément avec chacun de vous trente ans de militantisme sur ces sujets. J’ai essayé d’avoir une pratique, dans mes convictions, qui est d’essayer de traduire des choix de société.
C A T H E R I N E
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: Je salue tout d’abord Pierre Frédéric Tenière. S’il s’en souvient, nous étions à Alger ensemble, mais cela remonte à quelques années.
D U B O I S
Je reviens sur le thème de l’accessoire et sur le petit gadget dans le classeur. Cela me fait penser à l’ensemble des rapports annuels sur le développement durable que nous recevons et que nous mettons, bien sûr, en “classement vertical” ; nous n’avons pas envie de les regarder tellement nous en recevons.
Certes, nous sommes très contents, nous y avons des amis, nous retrouvons des gens que nous connaissons parfois depuis trente ans et qui ont de formidables projets – n’est-ce pas, Dominique - mais les choses resteront ce qu’elles sont, le monde continuera à évoluer. Nous voyons bien que l’écologie n’est plus un nouveau paradigme qui va révolutionner la société. Nous ne sommes plus comme dans les années 70 où, avec l’écologie, “nous allions connaître des Il faut donc que nous devenions, lendemains qui chantent”. Le problème est mainteen réseaux, une force d’obligations” nant largement planétaire, avec les pays émergents qui ont vraiment besoin de comprendre ce qu’est le développement durable. Il faut donc que nous devenions, en réseaux, une force d’obligations, ou de propositions à obligations, pour obtenir véritablement des démarches de développement durable, que ce soit dans notre pays ou en Europe.
B E N
pourrions nous intéresser, comme le disait Dominique, à ce que le mot “développement durable” ne soit plus le seul mot apparaissant comme porte-drapeau.
C A T H E R I N E
Je pense rencontrer dans cette Université, et cela me plaît bien, des personnes ayant des itinéraires, des responsabilités, des lieux d’activité extrêmement différents. Pour moi, c’est l’intérêt de cette rencontre et c’est ce qui constitue l’identité de cette Université d’été. Je n’ai pas l’impression de retrouver des gens qui, même si beaucoup se connaissent depuis longtemps, raisonnent entre eux et de façon fermée.
Je pense rencontrer dans cette Université, et cela me plaît bien, des personnes ayant des itinéraires, des responsabilités, des lieux d’activité extrêmement différents. Pour moi, c’est l’intérêt de cette rencontre et c’est ce qui constitue l’identité de cette Université d’été. Je n’ai pas l’impression de retrouver des gens qui, même si beaucoup se connaissent depuis longtemps, raisonnent entre eux et de façon fermée.
Je voudrais vous remercier parce qu’il est important d’avoir des lieux dans lesquels il est possible de s’exprimer librement et de réfléchir. C’est une Université de la com-
Je voudrais vous remercier parce qu’il est important d’avoir des lieux dans lesquels il est possible de s’exprimer librement et de réfléchir. C’est une Université de la com-
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munication et la liberté d’expression existe, elle est donnée de fait. Elle l’est tellement de fait que je regrette qu’elle ne figure pas dans le manifeste. D’après moi, c’est peutêtre ce qui identifie ceux qui s’expriment dans celui-ci, c’est-à-dire qui s’exprimer, revendiquent de s’exprimer de manière critique et parfois provocatrice, sur des questions qui dérangent. En effet, le jour où le développement durable ne dérangera plus personne, nous aurons collectivement échoué.
munication et la liberté d’expression existe, elle est donnée de fait. Elle l’est tellement de fait que je regrette qu’elle ne figure pas dans le manifeste. D’après moi, c’est peutêtre ce qui identifie ceux qui s’expriment dans celui-ci, c’est-à-dire qui s’exprimer, revendiquent de s’exprimer de manière critique et parfois provocatrice, sur des questions qui dérangent. En effet, le jour où le développement durable ne dérangera plus personne, nous aurons collectivement échoué.
La deuxième chose que j’attends est que nous allions au bout de l’idée d’Université de la communication à propos, autour et pour le développement durable, en introduisant la dimension culturelle. Je rejoins ce qui a été dit par Dominique ; nous sommes face à un Nous sommes face à un renouvellement renouvellement et un enrichissement et un enrichissement conceptuel” conceptuel et à une vraie question - elle a d’ailleurs été abordée dans les thèmes sur les médias sur l’information, mais également sur la culture et le modèle de société, même dans le monde - que l’on peut défendre.
La deuxième chose que j’attends est que nous allions au bout de l’idée d’Université de la communication à propos, autour et pour le développement durable, en introduisant la dimension culturelle. Je rejoins ce qui a été dit par Dominique ; nous sommes face à un Nous sommes face à un renouvellement renouvellement et un enrichissement et un enrichissement conceptuel” conceptuel et à une vraie question - elle a d’ailleurs été abordée dans les thèmes sur les médias sur l’information, mais également sur la culture et le modèle de société, même dans le monde - que l’on peut défendre.
Nous parlions du Sud. Je voudrais lier ce qui est défendu dans le développement durable traditionnellement et initialement autour de la diversité, de la biodiversité et que nous défendons également - je parle de la diversité culturelle. C’est davantage abstrait et pour autant tout aussi essentiel puisque cela concerne le respect et la réalité de l’être. C’est une notion difficile mais qui peut être enfermée, totalement annihilée, et autour de laquelle se déroulent aujourd’hui beaucoup de batailles politiques ; je pense par exemple aux discussions autour du texte en discussion à l’UNESCO. C’est une dimension qui peut, peut-être, également interroger cette Université. Il s’agit de la question culturelle et de la façon dont on l’investit au travers du développement durable.
Nous parlions du Sud. Je voudrais lier ce qui est défendu dans le développement durable traditionnellement et initialement autour de la diversité, de la biodiversité et que nous défendons également - je parle de la diversité culturelle. C’est davantage abstrait et pour autant tout aussi essentiel puisque cela concerne le respect et la réalité de l’être. C’est une notion difficile mais qui peut être enfermée, totalement annihilée, et autour de laquelle se déroulent aujourd’hui beaucoup de batailles politiques ; je pense par exemple aux discussions autour du texte en discussion à l’UNESCO. C’est une dimension qui peut, peut-être, également interroger cette Université. Il s’agit de la question culturelle et de la façon dont on l’investit au travers du développement durable.
: Merci. J’ai toujours plaidé en faveur de “développements durables” au pluriel. En France, la notion de “la civilisation” a été introduite à partir de 1752 et il a fallu un certain temps avant qu’on parle “des civilisations”. Peut-être ferons-nous ce parallèle dans quelques années…
B E N
: Je souhaiterais ajouter une chose concernant l’aspect culturel. En effet, le développement non durable est un problème avant tout culturel. Ce sont nos évidences partagées qui sont remises en cause, ainsi que l’organisation des institutions. Dans le format de l’Université, à mon avis, il reste encore du travail à faire dans l’organisation des débats pour faire en sorte que les gens “se décollent” de leurs rôles disons “institutionnels”, c’est-à-dire pour qu’ils ne viennent pas en tant que représentants de telle Institution, mais que l’Institution soit une œuvre collective de laquelle on se sépare, pour prendre du recul et voir si elle va dans le bon sens ou pas. Si elle ne va pas dans le bon sens, elle est à transformer, voire même à éliminer pour ouvrir la porte à d’autres. Mais les gens restent. On parle des Institutions, ce qui ne met pas en cause les individus. Cela se construit également dans le format des discussions.
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C R A M E R
I N T E R V E N A N T
Si je voulais prendre un mauvais exemple, je vois ici une tribune et des gens qui écoutent ; je ne pense pas que ce soit la meilleure configuration pour permettre une parole libre. B E N
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: C’est vrai. D’ailleurs, Pierre-Frédéric voulait aller sur l’arbre (Rires.), mais nous avons considéré que c’était une question de forme et pas de fond. Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je souhaiterais ajouter une chose concernant l’aspect culturel. En effet, le développement non durable est un problème avant tout culturel. Ce sont nos évidences partagées qui sont remises en cause, ainsi que l’organisation des institutions. Dans le format de l’Université, à mon avis, il reste encore du travail à faire dans l’organisation des débats pour faire en sorte que les gens “se décollent” de leurs rôles disons “institutionnels”, c’est-à-dire pour qu’ils ne viennent pas en tant que représentants de telle Institution, mais que l’Institution soit une œuvre collective de laquelle on se sépare, pour prendre du recul et voir si elle va dans le bon sens ou pas. Si elle ne va pas dans le bon sens, elle est à transformer, voire même à éliminer pour ouvrir la porte à d’autres. Mais les gens restent. On parle des Institutions, ce qui ne met pas en cause les individus. Cela se construit également dans le format des discussions.
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Si je voulais prendre un mauvais exemple, je vois ici une tribune et des gens qui écoutent ; je ne pense pas que ce soit la meilleure configuration pour permettre une parole libre.
C R A M E R
ACIDD et Comité 21
: Merci. J’ai toujours plaidé en faveur de “développements durables” au pluriel. En France, la notion de “la civilisation” a été introduite à partir de 1752 et il a fallu un certain temps avant qu’on parle “des civilisations”. Peut-être ferons-nous ce parallèle dans quelques années…
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: C’est vrai. D’ailleurs, Pierre-Frédéric voulait aller sur l’arbre (Rires.), mais nous avons considéré que c’était une question de forme et pas de fond.
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: Et l’Université n’était pas assu-
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rée ! (Rires.) R O B E R T
“
L I O N , Président d’AGRISUD : En ce qui me concerne, je n’ai pas de problèmes de liberté pour parler ici. C’est une salle de réunion assez sympathique et assez durable, si nous regardons autour de nous.
Comme Catherine Trautmann, je suis ici pour la première fois. Nous avons, selon moi, d’assez bons échanges. Je constate, sans avoir l’humour du précédent intervenant, néanmoins un certain “hexagonalisme”. Nous sommes “entre Français”, à 90 % je pense, et nous sommes préoccupés par la façon dont nous allons communiquer en France sur le développement durable. Je ne dirai pas “développement durable à la française”, nous sommes quand même suffisamment intelligents pour savoir un peu ce qui se passe ailleurs dans le monde. Cependant, nous avons à faire à une cible qui est l’opinion française, dramatiquement sous-informée de ce qui se passe dans le monde sur ces thèmes comme sur quelques autres. Il faut ne pas oublier le Sud. J’essayerai d’en parler un peu plus demain. Je ne sais pas si la présence de pauvres changerait beaucoup les choses, mais c’est en tout cas l’élargissement de notre horizon. Le développement durable ne se limite évidemment pas, comme le nuage de Tchernobyl, à la frontière française ! L’année 2005 est assez compliquée parce que nous avons un risque de catastrophisme. Cela a commencé, à quelques jours près, avec le tsunami; nous venons de voir des images impressionnantes sur ce qui se passe dans le sud des États-Unis. Je pense à beaucoup d’autres choses. La flambée du prix du pétrole est également une catastrophe économique dont certains d’entre nous pensent qu’elle n’a pas que des aspects négatifs. Je devrais ajouter, bien entendu, la fermeture des sites de fabrication de chaussures à Romans, les délocalisations et beaucoup des motifs qui, encore une fois, ont amené les Français à des positions négatives au moment du référendum.
Les médias ont d’autant plus tendance à parler de ces sujets que les images sont noires ou sanguinaires”
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Tout cela amène, sur ces sujets qui touchent au global, à la mondialité ou à la mondialisation telle qu’elle existe aujourd’hui, à l’impression suivante: “Au fond, tout cela, il faut s’en méfier”. Les médias ont d’autant plus tendance à parler de ces sujets que les images sont noires ou sanguinaires, plutôt que s’il s’agit de “trains qui arrivent à l’heure”.
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: Et l’Université n’était pas assu-
rée ! (Rires.) R O B E R T
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L I O N , Président d’AGRISUD : En ce qui me concerne, je n’ai pas de problèmes de liberté pour parler ici. C’est une salle de réunion assez sympathique et assez durable, si nous regardons autour de nous.
Comme Catherine Trautmann, je suis ici pour la première fois. Nous avons, selon moi, d’assez bons échanges. Je constate, sans avoir l’humour du précédent intervenant, néanmoins un certain “hexagonalisme”. Nous sommes “entre Français”, à 90 % je pense, et nous sommes préoccupés par la façon dont nous allons communiquer en France sur le développement durable. Je ne dirai pas “développement durable à la française”, nous sommes quand même suffisamment intelligents pour savoir un peu ce qui se passe ailleurs dans le monde. Cependant, nous avons à faire à une cible qui est l’opinion française, dramatiquement sous-informée de ce qui se passe dans le monde sur ces thèmes comme sur quelques autres. Il faut ne pas oublier le Sud. J’essayerai d’en parler un peu plus demain. Je ne sais pas si la présence de pauvres changerait beaucoup les choses, mais c’est en tout cas l’élargissement de notre horizon. Le développement durable ne se limite évidemment pas, comme le nuage de Tchernobyl, à la frontière française ! L’année 2005 est assez compliquée parce que nous avons un risque de catastrophisme. Cela a commencé, à quelques jours près, avec le tsunami; nous venons de voir des images impressionnantes sur ce qui se passe dans le sud des États-Unis. Je pense à beaucoup d’autres choses. La flambée du prix du pétrole est également une catastrophe économique dont certains d’entre nous pensent qu’elle n’a pas que des aspects négatifs. Je devrais ajouter, bien entendu, la fermeture des sites de fabrication de chaussures à Romans, les délocalisations et beaucoup des motifs qui, encore une fois, ont amené les Français à des positions négatives au moment du référendum.
Les médias ont d’autant plus tendance à parler de ces sujets que les images sont noires ou sanguinaires”
Tout cela amène, sur ces sujets qui touchent au global, à la mondialité ou à la mondialisation telle qu’elle existe aujourd’hui, à l’impression suivante: “Au fond, tout cela, il faut s’en méfier”. Les médias ont d’autant plus tendance à parler de ces sujets que les images sont noires ou sanguinaires, plutôt que s’il s’agit de “trains qui arrivent à l’heure”.
S’agissant de la communication, nous devons être bien attentifs à – je vais prendre un mot très simple et vulgaire - la “positiver”. Je souhaiterais utiliser un terme plus riche que cela, mais je ne trouve pas le mot adéquat.
S’agissant de la communication, nous devons être bien attentifs à – je vais prendre un mot très simple et vulgaire - la “positiver”. Je souhaiterais utiliser un terme plus riche que cela, mais je ne trouve pas le mot adéquat.
Je tiens aux termes “développement durable”, je ne pense pas qu’il faille changer de vocabulaire trop souvent, précisément parce que, comme quelqu’un l’a dit tout à l’heure, cela commence à entrer dans les institutions, dans les entreprises. Celles-ci ont des directeurs du développement durable ici ou là. Une habitude sémantique se prend ; nous sommes donc quasiment obligés, pour être politiquement corrects, de savoir ce que c’est. Ne changeons pas de vocabulaire, même s’il n’est pas parfait. Nous avons tous eu voici dix ans des idées critiques, disant que cela ne traduisait pas le mot anglais que nous connaissons bien. Restons fidèles si nous voulons que l’idée s’approfondisse.
Je tiens aux termes “développement durable”, je ne pense pas qu’il faille changer de vocabulaire trop souvent, précisément parce que, comme quelqu’un l’a dit tout à l’heure, cela commence à entrer dans les institutions, dans les entreprises. Celles-ci ont des directeurs du développement durable ici ou là. Une habitude sémantique se prend ; nous sommes donc quasiment obligés, pour être politiquement corrects, de savoir ce que c’est. Ne changeons pas de vocabulaire, même s’il n’est pas parfait. Nous avons tous eu voici dix ans des idées critiques, disant que cela ne traduisait pas le mot anglais que nous connaissons bien. Restons fidèles si nous voulons que l’idée s’approfondisse.
Je me permets d’envoyer ce message en pensant au dixième anniversaire du Comité 21. Merci.
Je me permets d’envoyer ce message en pensant au dixième anniversaire du Comité 21. Merci.
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: Entre l’information qui doit déranger et la volonté de “positiver” ou “positiviser”, cela va être compliqué…
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, directeur de l’Académie du développement durable et humain : Je voudrais intervenir par rapport à ce qui me paraît être la spécificité du lieu.
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: Entre l’information qui doit déranger et la volonté de “positiver” ou “positiviser”, cela va être compliqué… , directeur de l’Académie du développement durable et humain : Je voudrais intervenir par rapport à ce qui me paraît être la spécificité du lieu.
– Soit nous gardons à l’esprit La réalité semble maintenant qu’autour de la communication comprise par une frange très vis-à-vis de différents publics, dans différentes sphères, c’est le significative de la population” lieu où l’on réfléchit aux stratégies pour déjouer la communication contraire, déversée à longueur de temps, ou la manière d’installer des concepts, des pratiques, des horizons, des “horizons imaginaires”, pour reprendre une allégorie “radanienne”, ou des “horizons” tout court, en termes concrets, pour faire les choses. Après, il faut situer.
– Soit nous gardons à l’esprit La réalité semble maintenant qu’autour de la communication comprise par une frange très vis-à-vis de différents publics, dans différentes sphères, c’est le significative de la population” lieu où l’on réfléchit aux stratégies pour déjouer la communication contraire, déversée à longueur de temps, ou la manière d’installer des concepts, des pratiques, des horizons, des “horizons imaginaires”, pour reprendre une allégorie “radanienne”, ou des “horizons” tout court, en termes concrets, pour faire les choses. Après, il faut situer.
– Soit nous sommes dans des temps de travaux techniques, dans des ateliers, avec des exemples illustrant des pratiques et des démarches.
– Soit nous sommes dans des temps de travaux techniques, dans des ateliers, avec des exemples illustrant des pratiques et des démarches.
Ensuite je rejoindrai Dominique Martin-Ferrari sur l’aspect philosophique. En effet, au bout du compte, nous devons nous poser la question. Comme d’autres, j’ai mes trente ans de parcours. Voici trente ans, j’entendais : “Vos histoires, cela n’existe pas.”. Voici vingt ans, c’était : “Vous êtes vraiment des emmerdeurs.” Voici dix ou quinze ans, c’était devenu : “Vous n’avez peut-être pas tout à fait tort.” Aujourd’hui, c’est : “Vous avez raison.”
Ensuite je rejoindrai Dominique Martin-Ferrari sur l’aspect philosophique. En effet, au bout du compte, nous devons nous poser la question. Comme d’autres, j’ai mes trente ans de parcours. Voici trente ans, j’entendais : “Vos histoires, cela n’existe pas.”. Voici vingt ans, c’était : “Vous êtes vraiment des emmerdeurs.” Voici dix ou quinze ans, c’était devenu : “Vous n’avez peut-être pas tout à fait tort.” Aujourd’hui, c’est : “Vous avez raison.”
Les phénomènes sont à l’œuvre et nous commençons à mesurer l’ampleur de ce qui pourrait advenir dans les décennies à venir et peut-être plus rapidement que nous l’avions nous-mêmes projeté à l’époque.
Les phénomènes sont à l’œuvre et nous commençons à mesurer l’ampleur de ce qui pourrait advenir dans les décennies à venir et peut-être plus rapidement que nous l’avions nous-mêmes projeté à l’époque.
Donc, la question qui se pose est la suivante : les gens sont-ils à ce point religieux dans notre société qu’ils s’appuient sur un déterminisme fataliste qui ferait que, de toute façon, leur destinée est ailleurs et au delà et qu’ils n’auraient donc pas besoin d’agir puisqu’ils ne pourraient rien changer à la donne profonde ? Sommes-nous suicidaires ? La réalité semble maintenant comprise par une frange très significative de la population. Lorsqu’on fait des enquêtes et de la formation – j’en ai tout de même passé 8 000 depuis deux ans - on peut voir que, pour deux tiers des gens, les éléments sont en place en termes de compréhension. En revanche, sur les questions du type : “Quelle hiérarchie ? Dans quel ordre ? Comment ? Avec qui ? c’est la “brasse coulée” !
Donc, la question qui se pose est la suivante : les gens sont-ils à ce point religieux dans notre société qu’ils s’appuient sur un déterminisme fataliste qui ferait que, de toute façon, leur destinée est ailleurs et au delà et qu’ils n’auraient donc pas besoin d’agir puisqu’ils ne pourraient rien changer à la donne profonde ? Sommes-nous suicidaires ? La réalité semble maintenant comprise par une frange très significative de la population. Lorsqu’on fait des enquêtes et de la formation – j’en ai tout de même passé 8 000 depuis deux ans - on peut voir que, pour deux tiers des gens, les éléments sont en place en termes de compréhension. En revanche, sur les questions du type : “Quelle hiérarchie ? Dans quel ordre ? Comment ? Avec qui ? c’est la “brasse coulée” !
Nous aurions intérêt à réfléchir à cette espèce de mécanique communicante qui propose, de temps en temps, un reportage intelligent au journal de 20 heures, sur un sujet. Puis, cinq minutes plus tard, un spot dit tout à fait le contraire parce que c’est la condition pour avoir un budget et exister en tant que média. C’est cela qui “laboure” la tête des gens. J’aimerais que des temps soient consacrés avec beaucoup plus de profondeur à ces questions, y compris avec des gens capables de nous expliquer quelle est la part d’immobilisme, celle de l’envie d’agir, celle de la résignation, etc.
Au bout du compte, nous sommes face à un problème d’émancipation. Nous retrouvons, sur un autre terrain, la problématique du XIXe siècle sur la question sociale. Cela s’est déporté Au bout du compte, nous sommes encore qu’ailleurs, où cela ne s’est pas déporté, les terface à un problème d’émancipation” mes sont à peu près les mêmes et venus s’enrichir de
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Nous aurions intérêt à réfléchir à cette espèce de mécanique communicante qui propose, de temps en temps, un reportage intelligent au journal de 20 heures, sur un sujet. Puis, cinq minutes plus tard, un spot dit tout à fait le contraire parce que c’est la condition pour avoir un budget et exister en tant que média. C’est cela qui “laboure” la tête des gens. J’aimerais que des temps soient consacrés avec beaucoup plus de profondeur à ces questions, y compris avec des gens capables de nous expliquer quelle est la part d’immobilisme, celle de l’envie d’agir, celle de la résignation, etc.
Au bout du compte, nous sommes face à un problème d’émancipation. Nous retrouvons, sur un autre terrain, la problématique du XIXe siècle sur la question sociale. Cela s’est déporté Au bout du compte, nous sommes encore qu’ailleurs, où cela ne s’est pas déporté, les terface à un problème d’émancipation” mes sont à peu près les mêmes et venus s’enrichir de
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questions plus fondamentales puisque c’est la limite de l’accès aux ressources. Dans la tête des gens, nous sommes désarmés par rapport au mécanisme collectif. Nous pouvons toujours “ramer” comme des sauvages pendant des décennies, mais si nous nous trompons sur la compréhension, sur la façon dont c’est capté, perçu et dont se meuvent les gens…
questions plus fondamentales puisque c’est la limite de l’accès aux ressources. Dans la tête des gens, nous sommes désarmés par rapport au mécanisme collectif. Nous pouvons toujours “ramer” comme des sauvages pendant des décennies, mais si nous nous trompons sur la compréhension, sur la façon dont c’est capté, perçu et dont se meuvent les gens…
Il est intéressant, si nous voulons aller davantage en profondeur, d’avoir ici des gens capables de nous démêler un peu cette pelote, de nous enrichir dans la compréhension des phénomènes car, si nous passons à côté, la conséquence pourrait être sérieuse.
Il est intéressant, si nous voulons aller davantage en profondeur, d’avoir ici des gens capables de nous démêler un peu cette pelote, de nous enrichir dans la compréhension des phénomènes car, si nous passons à côté, la conséquence pourrait être sérieuse.
A : Je voudrais rebondir sur ce point. Cela a été exprimé beaucoup mieux que je n’aurais pu le faire et cela me permet de remercier Ben d’avoir dit tout à l’heure que j’étais jeune. Je vais lui renvoyer l’encensoir…
I N T E R V E N A N T
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A : Je voudrais rebondir sur ce point. Cela a été exprimé beaucoup mieux que je n’aurais pu le faire et cela me permet de remercier Ben d’avoir dit tout à l’heure que j’étais jeune. Je vais lui renvoyer l’encensoir…
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Sur ces questions, les conflits ne sont pas loin. En fait, dans le développement durable, il existe une culture – à tout le moins, c’est ce que j’observe un peu partout - du compromis et de sa recherche. Si quelque chose pouvait sortir de cette Université, c’est cette culture qui permet, à l’occasion du développement durable, de régénérer le dialogue syndical, le débat politique, la solidarité. Ce sont des mots assez forts, qui dépassent peut-être le cadre dans lequel nos débats se sont situés, mais tous, autant que nous sommes, au moins ceux que je connais, nous intervenons, nous agissons en cela. Le développement durable est une sorte de croisement, de rond-point si je puis dire, où l’on pratique le compromis, la résolution de conflits, qui peut donner lieu à une amélioration, à une évolution plutôt favorable.
Sur ces questions, les conflits ne sont pas loin. En fait, dans le développement durable, il existe une culture – à tout le moins, c’est ce que j’observe un peu partout - du compromis et de sa recherche. Si quelque chose pouvait sortir de cette Université, c’est cette culture qui permet, à l’occasion du développement durable, de régénérer le dialogue syndical, le débat politique, la solidarité. Ce sont des mots assez forts, qui dépassent peut-être le cadre dans lequel nos débats se sont situés, mais tous, autant que nous sommes, au moins ceux que je connais, nous intervenons, nous agissons en cela. Le développement durable est une sorte de croisement, de rond-point si je puis dire, où l’on pratique le compromis, la résolution de conflits, qui peut donner lieu à une amélioration, à une évolution plutôt favorable.
Il me semble que cela complète, en tout cas d’après ce que j’ai compris, les propos de notre dernier intervenant.
Il me semble que cela complète, en tout cas d’après ce que j’ai compris, les propos de notre dernier intervenant.
: Il est vrai que cette idée de “positiviser” ou de “positiver” revient dans cette conception de la résolution des conflits. Nous pourrions creuser ce point.
B E N
B : J’ai parlé tout à l’heure de journalistes qui dérangent, mais je suis également un être humain… (Rires.), et j’aime bien tomber sur…
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I N T E R V E N A N T
: Il est vrai que cette idée de “positiviser” ou de “positiver” revient dans cette conception de la résolution des conflits. Nous pourrions creuser ce point.
C R A M E R
B : J’ai parlé tout à l’heure de journalistes qui dérangent, mais je suis également un être humain… (Rires.), et j’aime bien tomber sur…
I N T E R V E N A N T
L ’ I N T E R V E N A N T
A
: Nous sommes d’accord.
L ’ I N T E R V E N A N T
A
: Nous sommes d’accord.
L ’ I N T E R V E N A N T
B
: Je vais rebondir sur ce que tu viens de dire sur le fait de “positi-
L ’ I N T E R V E N A N T
B
: Je vais rebondir sur ce que tu viens de dire sur le fait de “positi-
ver”.
ver”.
En fait, dans cette dimension de développement durable qui commence à imprégner de plus en plus toutes les couches, tous les acteurs de la société, je relève un point très positif. Bien qu’il y ait davantage de paroles que d’actes, nous constatons de plus en plus l’émergence de l’idée selon laquelle nous sommes dans un monde complexe – nous en avons parlé tout à l’heure, et c’est une bonne nouvelle. Sortir du manichéisme n’est pas une mauvaise nouvelle !
En fait, dans cette dimension de développement durable qui commence à imprégner de plus en plus toutes les couches, tous les acteurs de la société, je relève un point très positif. Bien qu’il y ait davantage de paroles que d’actes, nous constatons de plus en plus l’émergence de l’idée selon laquelle nous sommes dans un monde complexe – nous en avons parlé tout à l’heure, et c’est une bonne nouvelle. Sortir du manichéisme n’est pas une mauvaise nouvelle !
Que signifie “monde complexe” ? C’est la possibilité de s’émerveiller sur la complexité des choses, sur la richesse et la diversité, qu’il s’agisse des espèces ou même de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains. Nous portons des univers que nous ne soupçonnons pas encore, j’en suis certain. Notre terre semble limitée et, plutôt que d’aller dépenser des milliards de dollars pour aller habiter Mars et mettre nos déchets sur Pluton, l’idée du développement durable consiste à dire : commençons déjà par nous connaître nous-mêmes, par comprendre comment nous fonctionnons, comment
Que signifie “monde complexe” ? C’est la possibilité de s’émerveiller sur la complexité des choses, sur la richesse et la diversité, qu’il s’agisse des espèces ou même de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains. Nous portons des univers que nous ne soupçonnons pas encore, j’en suis certain. Notre terre semble limitée et, plutôt que d’aller dépenser des milliards de dollars pour aller habiter Mars et mettre nos déchets sur Pluton, l’idée du développement durable consiste à dire : commençons déjà par nous connaître nous-mêmes, par comprendre comment nous fonctionnons, comment
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une bonne idée peut être développée, transmise, acceptée par d’autres personnes qui ne sont pas forcément à la recherche de ces bonnes idées. C’est le problème de l’information, de la solidarité, de la prise en compte du fait que nous allons vers une aventure qui va nous permettre de nous émerveiller. B E N
“
: Je voudrais apporter un complément. Nous parlons chiffres et mon voisin disait tout à l’heure qu’on ne pouvait pas parler de développement durable sans parler d’argent. Le budget mondial pour l’armement s’élève à 1 000 milliards de dollars par an.
C R A M E R
M A R T I N - F E R R A R I : Je suis désolée de reprendre la parole, mais tout à l’heure, lorsque je disais qu’il fallait peut-être lancer la réflexion, il s’agissait justement de sortir de cette culture du compromis… Par exemple, nous pourrions organiser une Université d’été autour de ce thème. Le développement durable est anglo-saxon, donc sur une culture anglo-saxonne. Lorsque j’avais 18 ans, à ma première assemblée internationale, une décision devait être prise et j’ai constaté subitement qu’elle l’était. Je me suis dit : “Mais on n’a pas voté !” Or, on ne vote pas dans une assemblée internationale parce que cela se discute avant et que se font des compromis.
D O M I N I Q U E
Peut-être sommes-nous maintenant arrivés à la fin du compromis. Je comprends ce que dit Pierre-Frédéric, à savoir qu’il faut du compromis car cela permet de “ressouder” des lieux dans lesquels on ne trouve plus de réflexions suffisamment novatrices et qui sont en phase de conflit ; en fait, nous arrivons derrière pour “retricoter”. Mais nous, nous avons peut-être besoin d’un peu de conflit. D’après moi, depuis une trentaine d’années, on s’ankylose et on “positive” sacrément… On a un discours politiquement correct, un peu trop à mon avis. C’est dans cet aller-retour de civilisation du compromis et du conflit que doit se situer une part de notre réflexion. Je ne serai pas forcément du côté de ceux qui sont pour la civilisation du compromis.
C’est dans cet aller-retour de civilisation du compromis et du conflit que doit se situer une part de notre réflexion”
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une bonne idée peut être développée, transmise, acceptée par d’autres personnes qui ne sont pas forcément à la recherche de ces bonnes idées. C’est le problème de l’information, de la solidarité, de la prise en compte du fait que nous allons vers une aventure qui va nous permettre de nous émerveiller.
C R A M E R
ACIDD et Comité 21
: Cela rejoint ce qui a été dit sur la complexité.
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: Je voudrais apporter un complément. Nous parlons chiffres et mon voisin disait tout à l’heure qu’on ne pouvait pas parler de développement durable sans parler d’argent. Le budget mondial pour l’armement s’élève à 1 000 milliards de dollars par an.
C R A M E R
M A R T I N - F E R R A R I : Je suis désolée de reprendre la parole, mais tout à l’heure, lorsque je disais qu’il fallait peut-être lancer la réflexion, il s’agissait justement de sortir de cette culture du compromis… Par exemple, nous pourrions organiser une Université d’été autour de ce thème. Le développement durable est anglo-saxon, donc sur une culture anglo-saxonne. Lorsque j’avais 18 ans, à ma première assemblée internationale, une décision devait être prise et j’ai constaté subitement qu’elle l’était. Je me suis dit : “Mais on n’a pas voté !” Or, on ne vote pas dans une assemblée internationale parce que cela se discute avant et que se font des compromis.
D O M I N I Q U E
Peut-être sommes-nous maintenant arrivés à la fin du compromis. Je comprends ce que dit Pierre-Frédéric, à savoir qu’il faut du compromis car cela permet de “ressouder” des lieux dans lesquels on ne trouve plus de réflexions suffisamment novatrices et qui sont en phase de conflit ; en fait, nous arrivons derrière pour “retricoter”. Mais nous, nous avons peut-être besoin d’un peu de conflit. D’après moi, depuis une trentaine d’années, on s’ankylose et on “positive” sacrément… On a un discours politiquement correct, un peu trop à mon avis. C’est dans cet aller-retour de civilisation du compromis et du conflit que doit se situer une part de notre réflexion. Je ne serai pas forcément du côté de ceux qui sont pour la civilisation du compromis.
C’est dans cet aller-retour de civilisation du compromis et du conflit que doit se situer une part de notre réflexion”
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: Cela rejoint ce qui a été dit sur la complexité.
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J O Ë L
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M O N T A L I E R : Mon propos est lié à la culture, point évoqué tout à l’heure. En fait, nous sommes dans une Université de la communication et du développement durable et, pour moi, parler de communication consiste à associer finalement plusieurs éléments : le culturel, la connaissance, l’éducation et la formation. C’est cet ensemble qui constitue la communication, l’information.
D E
M O N T A L I E R : Mon propos est lié à la culture, point évoqué tout à l’heure. En fait, nous sommes dans une Université de la communication et du développement durable et, pour moi, parler de communication consiste à associer finalement plusieurs éléments : le culturel, la connaissance, l’éducation et la formation. C’est cet ensemble qui constitue la communication, l’information.
Je crois très important de raisonner, lorsque l’on parle de communication sur le développement durable, sur la façon de construire une culture nouvelle et de la démarrer très tôt. La grande difficulté que rencontrent les jeunes que nous avons entendus tout à l’heure lorsqu’ils rentrent dans le monde de l’emploi, est de savoir comment traduire ce qu’ils ont reçu, compris, interprété, accepté en termes de développement durable dans le monde de l’emploi, alors que leurs “anciens” n’ont pas du tout intégré cela, ne le comprennent pas. Il peut donc y avoir conflit.
Je crois très important de raisonner, lorsque l’on parle de communication sur le développement durable, sur la façon de construire une culture nouvelle et de la démarrer très tôt. La grande difficulté que rencontrent les jeunes que nous avons entendus tout à l’heure lorsqu’ils rentrent dans le monde de l’emploi, est de savoir comment traduire ce qu’ils ont reçu, compris, interprété, accepté en termes de développement durable dans le monde de l’emploi, alors que leurs “anciens” n’ont pas du tout intégré cela, ne le comprennent pas. Il peut donc y avoir conflit.
Si on arrive au conflit, cela signifie qu’il faut pouvoir, avec le développement durable, apprendre à gérer les ruptures. Le mot de “rupture” ne doit pas être reçu comme quelque chose de négatif, mais comme un élément à gérer. Nous n’avons pas su gérer les ruptures entraînées, en 150 ans, par l’opposition “systémique” et “systématique”.
Si on arrive au conflit, cela signifie qu’il faut pouvoir, avec le développement durable, apprendre à gérer les ruptures. Le mot de “rupture” ne doit pas être reçu comme quelque chose de négatif, mais comme un élément à gérer. Nous n’avons pas su gérer les ruptures entraînées, en 150 ans, par l’opposition “systémique” et “systématique”.
, coordinateur, ENDA tiers monde, délégation Europe : Je rejoins beaucoup des propos qui ont été tenus, je souhaiterais simplement y ajouter une petite touche.
Y A K E R
F A R I D
, coordinateur, ENDA tiers monde, délégation Europe : Je rejoins beaucoup des propos qui ont été tenus, je souhaiterais simplement y ajouter une petite touche.
Y A K E R
Comme Robert Lion l’a dit, nous devons dépasser l’hexagone et nous ouvrir sur le monde, avec des représentants du Sud, si nous pouvons en trouver. Mais nous avons la chance d’avoir parmi nous des gens qui y sont allés et qui connaissent bien le Sud. Je pense notamment à Pascal Dubois qui est allé en Chine. Il nous a raconté la Chine en long et en large et je crois que cela a vraiment marqué et beaucoup apporté à l’atelier. Avoir parmi nous des gens qui ont cette ouverture internationale peut nous permettre de mieux comprendre les enjeux en France et en Europe.
Comme Robert Lion l’a dit, nous devons dépasser l’hexagone et nous ouvrir sur le monde, avec des représentants du Sud, si nous pouvons en trouver. Mais nous avons la chance d’avoir parmi nous des gens qui y sont allés et qui connaissent bien le Sud. Je pense notamment à Pascal Dubois qui est allé en Chine. Il nous a raconté la Chine en long et en large et je crois que cela a vraiment marqué et beaucoup apporté à l’atelier. Avoir parmi nous des gens qui ont cette ouverture internationale peut nous permettre de mieux comprendre les enjeux en France et en Europe.
S’agissant des participants, je suis d’accord pour dire qu’il faut un renouvellement en partie – comme le renouvellement par le tiers dans certaines associations de façon à avoir une proportion de nouveaux. Il était bien d’avoir des jeunes. C’était rafraîchissant.
S’agissant des participants, je suis d’accord pour dire qu’il faut un renouvellement en partie – comme le renouvellement par le tiers dans certaines associations de façon à avoir une proportion de nouveaux. Il était bien d’avoir des jeunes. C’était rafraîchissant.
“
: Ils sont encore là !
C R A M E R
F A R I D
J O Ë L
B E N
: Effectivement et ils le sont encore dans les ateliers, cela continue donc à être rafraîchissant et utile, mais il serait bien de s’ouvrir également sur d’autres groupes sociaux, français 4 millions de personnes en France, notamment. Il serait intéressant d’avoir parmi soit entre 8 % et 10 %, sont nous des jeunes des d’origine de ces “minorités visibles” quartiers, des jeunes qui vivent d’autres situations ; ils peuvent nous apporter leur vision, leur éclairage, nous parler de leurs difficultés. Je pense également aux minorités visibles; 4 millions de personnes en France, soit entre 8 % et 10 %, sont d’origine de ces “minorités visibles” (arabes, noirs, etc.). Il faudrait que nous nous améliorions dans ce domaine.
Y A K E R
F A R I D
: Effectivement et ils le sont encore dans les ateliers, cela continue donc à être rafraîchissant et utile, mais il serait bien de s’ouvrir également sur d’autres groupes sociaux, français 4 millions de personnes en France, notamment. Il serait intéressant d’avoir parmi soit entre 8 % et 10 %, sont nous des jeunes des d’origine de ces “minorités visibles” quartiers, des jeunes qui vivent d’autres situations ; ils peuvent nous apporter leur vision, leur éclairage, nous parler de leurs difficultés. Je pense également aux minorités visibles; 4 millions de personnes en France, soit entre 8 % et 10 %, sont d’origine de ces “minorités visibles” (arabes, noirs, etc.). Il faudrait que nous nous améliorions dans ce domaine.
Y A K E R
S’agissant de la parité hommes/femmes, nous sommes assez bons…
S’agissant de la parité hommes/femmes, nous sommes assez bons…
[…]
[…]
Lorsque je dis que nous sommes assez bons, je veux parler d’une bonne proportion…
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: Ils sont encore là !
C R A M E R
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Lorsque je dis que nous sommes assez bons, je veux parler d’une bonne proportion…
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B E N
: Il est vrai que les femmes dominent les assemblées… Donc il faut faire atten-
C R A M E R
B E N
F A R I D
tion.
Y A K E R
: Pas à la tribune aujourd’hui, en tout cas. (Rires.)
F A R I D
Je rejoins également ce qui a été dit concernant le nouveau cadrage qui devrait être apporté aux Universités. De fait, c’est une Université qui parle beaucoup de communication, mais pas uniquement de communication. C’est une bonne chose et nous arrivons à aborder les enjeux du développement durable. Néanmoins, il faudrait peutêtre traiter les choses de manière un peu plus approfondie, en abordant les questions philosophiques, de modèles de société. Je suis étonné que nous ne parlions pas de la crise que nous vivons actuellement en France : elle s’est tout de même illustrée au travers des récentes consultations nationales; c’est en lien direct avec le modèle de société. On nous a notamment parlé du modèle social français. C’est une question-clé pour comprendre les enjeux du développement durable ; il faut arriver à saisir, à mieux comprendre les difficultés que nous traversons (comment, pourquoi) et à décrypter cela collectivement. Cela peut nous permettre de faire avancer notre réflexion ainsi que nos actions futures en matière de développement durable. B E N
: Merci Farid. Il y a également eu toute cette volonté de poursuivre dans le compromis, comme le disait Dominique tout à l’heure. C’est ce qui fait peut-être que nous n’avons pas abordé la question de la crise telle qu’elle se manifeste. Mais AnneMarie n’est pas du tout d’accord…
B E N
S A C Q U E T : Certes, au sein du groupe de pilotage, nous avons eu l’unanimité pour que nous parlions également de sens, de valeurs et – je reprends le terme que tu as employé, Joël - de ruptures. Nous osons même le terme d’humanisme aujourd’hui. Mais nous en parlons demain ; c’est la troisième série d’ateliers.
A N N E - M A R I E
C R A M E R
C R A M E R
G I L L E S
: Merci Farid. Il y a également eu toute cette volonté de poursuivre dans le compromis, comme le disait Dominique tout à l’heure. C’est ce qui fait peut-être que nous n’avons pas abordé la question de la crise telle qu’elle se manifeste. Mais AnneMarie n’est pas du tout d’accord…
S A C Q U E T : Certes, au sein du groupe de pilotage, nous avons eu l’unanimité pour que nous parlions également de sens, de valeurs et – je reprends le terme que tu as employé, Joël - de ruptures. Nous osons même le terme d’humanisme aujourd’hui. Mais nous en parlons demain ; c’est la troisième série d’ateliers.
: Donc à demain… C’est une belle finale. Gilles… Tu as la parole.
B E R H A U L T
C R A M E R
G I L L E S
B E N
: Tu es viré. (Rires.)
C R A M E R
G I L L E S
B E N
C R A M E R
G I L L E S
B E R H A U L T
B E N
: Non, le sujet était très général.
C R A M E R
G I L L E S
: Nous ne sommes pas d’accord.
B E N
: Cela tombe bien car je trouve que nous sommes trop souvent d’accord dans cette Université. Il est bien qu’on puisse se fâcher un peu ! (Rires.)
B E R H A U L T
C R A M E R
G I L L E S
B A Y E T , Vice-président, région Provence-Alpes-Côte d’Azur : Bonjour à toutes et à tous. En premier lieu, je tiens à vous souhaiter la bienvenue au nom du Conseil général du Vaucluse et plus précisément du Président Claude Haut.
ACIDD et Comité 21
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: Nous ne sommes pas d’accord.
: Cela tombe bien car je trouve que nous sommes trop souvent d’accord dans cette Université. Il est bien qu’on puisse se fâcher un peu ! (Rires.)
B E R H A U L T
Annick Delhaye, Vice-présidente du Conseil régional et Michel Bayet, Vice-président du Conseil général, en charge tous deux des thèmes du développement durable, de l’environnement, nous aident beaucoup dans l’organisation et j’ai souhaité qu’ils disent quelques mots. M I C H E L
Je suis Michel Bayet, Président de la commission “Environnement et cadre de vie” et, à ce titre, j’ai souvent l’occasion d’évoquer, de façon peut-être moins universitaire ©
: Non, le sujet était très général.
Merci à vous deux.
Annick Delhaye, Vice-présidente du Conseil régional et Michel Bayet, Vice-président du Conseil général, en charge tous deux des thèmes du développement durable, de l’environnement, nous aident beaucoup dans l’organisation et j’ai souhaité qu’ils disent quelques mots.
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: Tu es viré. (Rires.)
: Si, si, tout à fait. Nous ne sommes pas d’accord.
B E R H A U L T
Merci à vous deux.
M I C H E L
: Donc à demain… C’est une belle finale. Gilles… Tu as la parole.
Je suis absolument désolé, j’ai peut-être été un peu brutal avec toi tout à l’heure, mais nous n’avons absolument pas parlé du sujet. C’était néanmoins passionnant.
: Si, si, tout à fait. Nous ne sommes pas d’accord.
B E R H A U L T
: Pas à la tribune aujourd’hui, en tout cas. (Rires.)
C R A M E R
Je suis absolument désolé, j’ai peut-être été un peu brutal avec toi tout à l’heure, mais nous n’avons absolument pas parlé du sujet. C’était néanmoins passionnant. B E N
Y A K E R
Je rejoins également ce qui a été dit concernant le nouveau cadrage qui devrait être apporté aux Universités. De fait, c’est une Université qui parle beaucoup de communication, mais pas uniquement de communication. C’est une bonne chose et nous arrivons à aborder les enjeux du développement durable. Néanmoins, il faudrait peutêtre traiter les choses de manière un peu plus approfondie, en abordant les questions philosophiques, de modèles de société. Je suis étonné que nous ne parlions pas de la crise que nous vivons actuellement en France : elle s’est tout de même illustrée au travers des récentes consultations nationales; c’est en lien direct avec le modèle de société. On nous a notamment parlé du modèle social français. C’est une question-clé pour comprendre les enjeux du développement durable ; il faut arriver à saisir, à mieux comprendre les difficultés que nous traversons (comment, pourquoi) et à décrypter cela collectivement. Cela peut nous permettre de faire avancer notre réflexion ainsi que nos actions futures en matière de développement durable.
A N N E - M A R I E
B E N
: Il est vrai que les femmes dominent les assemblées… Donc il faut faire atten-
C R A M E R
tion.
B A Y E T , Vice-président, région Provence-Alpes-Côte d’Azur : Bonjour à toutes et à tous. En premier lieu, je tiens à vous souhaiter la bienvenue au nom du Conseil général du Vaucluse et plus précisément du Président Claude Haut.
Je suis Michel Bayet, Président de la commission “Environnement et cadre de vie” et, à ce titre, j’ai souvent l’occasion d’évoquer, de façon peut-être moins universitaire 221
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Focus
que vous n’avez pu le faire au cours de vos débats d’aujourd’hui et comme vous continuerez à le faire demain, cette notion de développement durable, dans la mesure d’ailleurs où, en ce qui concerne le département du Vaucluse, c’est maintenant une volonté politique qui se concrétise depuis quatre ans.
que vous n’avez pu le faire au cours de vos débats d’aujourd’hui et comme vous continuerez à le faire demain, cette notion de développement durable, dans la mesure d’ailleurs où, en ce qui concerne le département du Vaucluse, c’est maintenant une volonté politique qui se concrétise depuis quatre ans.
– La première date a été d’abord la création d’une commission de l’Environnement et du cadre de vie, ce qui n’existait pas.
– La première date a été d’abord la création d’une commission de l’Environnement et du cadre de vie, ce qui n’existait pas.
– Le second moment fort a été l’élaboration, puis l’adoption d’une Charte de l’environnement pour le département du Vaucluse.
– Le second moment fort a été l’élaboration, puis l’adoption d’une Charte de l’environnement pour le département du Vaucluse.
– Le troisième moment, qui a été également un choix politique significatif me semble-t-il, a été la création d’un Comité départemental de l’Environnement qui permet de faire vivre cette Charte. Celle-ci avait été adoptée à l’issue d’une très large concertation et, aujourd’hui, dans son suivi, son évaluation et chaque fois que cela s’avère nécessaire, dans son enrichissement ou sa modification, elle bénéficie du soutien de toutes celles et tous ceux, partenaires associatifs, institutionnels ou simplement citoyens, qui ont permis son élaboration.
– Le troisième moment, qui a été également un choix politique significatif me semble-t-il, a été la création d’un Comité départemental de l’Environnement qui permet de faire vivre cette Charte. Celle-ci avait été adoptée à l’issue d’une très large concertation et, aujourd’hui, dans son suivi, son évaluation et chaque fois que cela s’avère nécessaire, dans son enrichissement ou sa modification, elle bénéficie du soutien de toutes celles et tous ceux, partenaires associatifs, institutionnels ou simplement citoyens, qui ont permis son élaboration.
Nous faisons énormément de choses. Pour rester dans le cadre de la rencontre d’aujourd’hui et de demain et respecter le terme d’“universitaire” – je sais que sont présents ici des jeunes qui auront à s’exprimer sur leur perception de la notion de développement durable développée au cours de vos rencontres - je voudrais vous dire un mot très bref sur ce que, dans le département du Vaucluse, nous avons engagé dans le domaine de l’éducation à l’environnement. En effet, nous souhaitons que les enfants vauclusiens et vauclusiennes, demain, soient des acteurs et, pourquoi pas j’ose encore utiliser le terme, des militants du développement durable. Il est évident que nous aurons certainement encore des combats à mener et nous considérons qu’il est nécessaire d’apporter très tôt les moyens de l’éducation et de la prise de conscience de tous les problèmes que peuvent poser le développement durable et la protection de l’environnement.
Nous faisons énormément de choses. Pour rester dans le cadre de la rencontre d’aujourd’hui et de demain et respecter le terme d’“universitaire” – je sais que sont présents ici des jeunes qui auront à s’exprimer sur leur perception de la notion de développement durable développée au cours de vos rencontres - je voudrais vous dire un mot très bref sur ce que, dans le département du Vaucluse, nous avons engagé dans le domaine de l’éducation à l’environnement. En effet, nous souhaitons que les enfants vauclusiens et vauclusiennes, demain, soient des acteurs et, pourquoi pas j’ose encore utiliser le terme, des militants du développement durable. Il est évident que nous aurons certainement encore des combats à mener et nous considérons qu’il est nécessaire d’apporter très tôt les moyens de l’éducation et de la prise de conscience de tous les problèmes que peuvent poser le développement durable et la protection de l’environnement.
C’est d’abord un partenariat très étroit avec les associations du département qui sont nos relais auprès des établissements scolaires et des collectivités locales sur des projets d’éducation à l’environnement. Nous les aidons financièrement et, bien souvent et chaque fois que nous le pouvons, pour leur assurer la pérennité et, même si j’y mets des guillemets, la “sécurité de l’existence” : nous conventionnons. Le fait de pouvoir conventionner de façon pluriannuelle apporte aux associations un élément de sûreté dans leur engagement très apprécié.
C’est d’abord un partenariat très étroit avec les associations du département qui sont nos relais auprès des établissements scolaires et des collectivités locales sur des projets d’éducation à l’environnement. Nous les aidons financièrement et, bien souvent et chaque fois que nous le pouvons, pour leur assurer la pérennité et, même si j’y mets des guillemets, la “sécurité de l’existence” : nous conventionnons. Le fait de pouvoir conventionner de façon pluriannuelle apporte aux associations un élément de sûreté dans leur engagement très apprécié.
Autre mission et mesure que nous avons engagée : la mise à disposition de moyens d’information. En particulier, nous avons fait l’acquisition d’une exposition – peutêtre en avez-vous eu connaissance - réalisée à partir de photographies prises par satellite, soit 56 panneaux déclinant les thèmes de l’eau, de la terre, de la démographie ainsi qu’un quatrième… Cette exposition rencontre un très grand succès, nous la mettons à disposition gratuitement de tous les établissements scolaires, des associations et des collectivités dans le département. C’est avec plaisir que je vous annonce qu’elle est déjà réservée pour les deux années qui viennent.
Autre mission et mesure que nous avons engagée : la mise à disposition de moyens d’information. En particulier, nous avons fait l’acquisition d’une exposition – peutêtre en avez-vous eu connaissance - réalisée à partir de photographies prises par satellite, soit 56 panneaux déclinant les thèmes de l’eau, de la terre, de la démographie ainsi qu’un quatrième… Cette exposition rencontre un très grand succès, nous la mettons à disposition gratuitement de tous les établissements scolaires, des associations et des collectivités dans le département. C’est avec plaisir que je vous annonce qu’elle est déjà réservée pour les deux années qui viennent.
Voilà un genre d’investissement qui fait bon usage des finances publiques.
Voilà un genre d’investissement qui fait bon usage des finances publiques.
Enfin, cela a été notre participation récemment, en partenariat – cela me permettra de passer le relais à ma collègue conseillère régionale - à la réalisation dans le
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Enfin, cela a été notre participation récemment, en partenariat – cela me permettra de passer le relais à ma collègue conseillère régionale - à la réalisation dans le
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département de Vaucluse du Forum des outils pédagogiques pour l’éducation à l’environnement qui s’est déroulé sur une journée. Celui-ci a permis de rassembler, dans un premier temps en matinée, les associations qui ont échangé entre elles les différentes réponses qu’elles ont pu apporter, leurs découvertes, leurs richesses et initiatives dans le domaine de l’éducation à l’environnement – cela a été un échange très fructueux avec, dans un deuxième temps, l’après-midi, la visite des enseignants venus découvrir la possibilité de trouver les outils propres à soutenir l’éducation à l’environnement. Un dernier mot sur ma référence au personnel enseignant. Je ne peux pas m’interdire de vous le livrer parce que c’est une fierté toute récente. J’ai réussi à mettre un pied, sur le plan départemental, dans la citadelle “Éducation nationale” et croyez que ce n’est pas facile, en faisant adopter de façon paritaire, entre la direction de l’Éducation du département du Vaucluse et l’Inspection académique du Vaucluse, la proposition, aux enseignants qui le souhaiteront, d’un dispositif “éducation à l’environnement”. Le Conseil général financera les professeurs qui, dans le cadre de leur établissement, souhaiteront soutenir et développer sur une année des projets éducatifs environnementaux, cette année sur le thème de l’énergie. Là aussi, c’est la politique des “petits pas”, parce qu’il ne faut pas trop en faire : nous sommes tombés d’accord sur le thème de l’énergie. Je vous invite également à visiter les quelques jardins pédagogiques que nous avons réussi à mettre en place dans le département et tenez-vous bien dans les crèches ! Il est extraordinaire de voir ces enfants d’un an et demi ou deux ans, qui marchent cahin-caha, mais qui, la petite truelle à la main, viennent découvrir ce qu’est semer, planter, récolter et ce qu’est la biodiversité à travers les lombrics, les mantes religieuses, etc. Cela également, le département le fait. Je pense que c’est du développement durable.
Le Conseil général financera les professeurs qui souhaiteront soutenir et développer sur une année des projets éducatifs environnementaux”
G I L L E S
(Applaudissements.) B E R H A U L T
“
: Merci beaucoup, Michel.
département de Vaucluse du Forum des outils pédagogiques pour l’éducation à l’environnement qui s’est déroulé sur une journée. Celui-ci a permis de rassembler, dans un premier temps en matinée, les associations qui ont échangé entre elles les différentes réponses qu’elles ont pu apporter, leurs découvertes, leurs richesses et initiatives dans le domaine de l’éducation à l’environnement – cela a été un échange très fructueux avec, dans un deuxième temps, l’après-midi, la visite des enseignants venus découvrir la possibilité de trouver les outils propres à soutenir l’éducation à l’environnement. Un dernier mot sur ma référence au personnel enseignant. Je ne peux pas m’interdire de vous le livrer parce que c’est une fierté toute récente. J’ai réussi à mettre un pied, sur le plan départemental, dans la citadelle “Éducation nationale” et croyez que ce n’est pas facile, en faisant adopter de façon paritaire, entre la direction de l’Éducation du département du Vaucluse et l’Inspection académique du Vaucluse, la proposition, aux enseignants qui le souhaiteront, d’un dispositif “éducation à l’environnement”. Le Conseil général financera les professeurs qui, dans le cadre de leur établissement, souhaiteront soutenir et développer sur une année des projets éducatifs environnementaux, cette année sur le thème de l’énergie.
G I L L E S
Derrière le développement durable, nous avons également une invitation à revenir dans le Vaucluse. N’hésitez pas, ce n’est pas désagréable ! Deux jours, c’est un peu court, surtout ici !
Là aussi, c’est la politique des “petits pas”, parce qu’il ne faut pas trop en faire : nous sommes tombés d’accord sur le thème de l’énergie. Je vous invite également à visiter les quelques jardins pédagogiques que nous avons réussi à mettre en place dans le département et tenez-vous bien dans les crèches ! Il est extraordinaire de voir ces enfants d’un an et demi ou deux ans, qui marchent cahin-caha, mais qui, la petite truelle à la main, viennent découvrir ce qu’est semer, planter, récolter et ce qu’est la biodiversité à travers les lombrics, les mantes religieuses, etc. Cela également, le département le fait. Je pense que c’est du développement durable.
Le Conseil général financera les professeurs qui souhaiteront soutenir et développer sur une année des projets éducatifs environnementaux”
(Applaudissements.) B E R H A U L T
Derrière le développement durable, nous avons également une invitation à revenir dans le Vaucluse. N’hésitez pas, ce n’est pas désagréable ! Deux jours, c’est un peu court, surtout ici !
Je passe la parole à Annick Delhaye du Conseil régional. A N N I C K
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: Merci beaucoup, Michel.
Je passe la parole à Annick Delhaye du Conseil régional.
D E L H A Y E , vice-présidente déléguée à l’écologie, à l’environnement et au développement durable, Provence-Alpes-Côte d’Azur : Bonjour à toutes et à tous. Je suis heureuse d’être à nouveau parmi vous pour cette troisième Université de la communication sur le développement durable. C’est d’ailleurs quelque chose qui a cours en ce moment puisque je reviens d’une autre Université d’été à Grenoble !
A N N I C K
D E L H A Y E , vice-présidente déléguée à l’écologie, à l’environnement et au développement durable, Provence-Alpes-Côte d’Azur : Bonjour à toutes et à tous. Je suis heureuse d’être à nouveau parmi vous pour cette troisième Université de la communication sur le développement durable. C’est d’ailleurs quelque chose qui a cours en ce moment puisque je reviens d’une autre Université d’été à Grenoble !
Je sais que je ne suis pas une des meilleures communicantes mais, étant donné mes responsabilités, je vois et je sens que vous allez être obligés de m’écouter ! C’est aussi pour cela que je m’appuie sur mes papiers. En effet, le parterre d’initiés que vous composez rend la tâche évidemment, pour moi, encore plus ardue.
Je sais que je ne suis pas une des meilleures communicantes mais, étant donné mes responsabilités, je vois et je sens que vous allez être obligés de m’écouter ! C’est aussi pour cela que je m’appuie sur mes papiers. En effet, le parterre d’initiés que vous composez rend la tâche évidemment, pour moi, encore plus ardue.
La région et son Président, Michel Vauzelle que je représente ici en tant que viceprésidente à l’écologie, à l’environnement et au développement durable, a choisi de
La région et son Président, Michel Vauzelle que je représente ici en tant que viceprésidente à l’écologie, à l’environnement et au développement durable, a choisi de
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soutenir cette initiative car le thème du développement durable se situe quotidiennement au centre de nos préoccupations et des politiques que nous menons.
soutenir cette initiative car le thème du développement durable se situe quotidiennement au centre de nos préoccupations et des politiques que nous menons.
Œuvrer pour le développement durable, c’est apprendre à gérer d’apparentes contradictions : construire l’avenir tout en préservant le patrimoine hérité, développer un territoire tout en conservant des espaces naturels et un cadre de qualité de vie, produire des biens et des services tout en diminuant les pollutions ; contradictions dont le terme même de développement durable est porteur. Il est en cela d’ailleurs fort contesté. Je lui préfère toujours celui de “développement soutenable”. En matière de communication, les mots ont leur importance et je m’adresse ici à un parterre d’initiés. Mais, comme l’a dit tout à l’heure un intervenant, le développement durable est dans toutes les bouches, j’adopte donc également le terme de “développement durable”.
Œuvrer pour le développement durable, c’est apprendre à gérer d’apparentes contradictions : construire l’avenir tout en préservant le patrimoine hérité, développer un territoire tout en conservant des espaces naturels et un cadre de qualité de vie, produire des biens et des services tout en diminuant les pollutions ; contradictions dont le terme même de développement durable est porteur. Il est en cela d’ailleurs fort contesté. Je lui préfère toujours celui de “développement soutenable”. En matière de communication, les mots ont leur importance et je m’adresse ici à un parterre d’initiés. Mais, comme l’a dit tout à l’heure un intervenant, le développement durable est dans toutes les bouches, j’adopte donc également le terme de “développement durable”.
Devant l’apparente diffiŒuvrer pour le développement culté de la tâche, je souhaitedurable, c’est apprendre à gérer rais aujourd’hui évoquer avec vous quelques pistes de d’apparentes contradictions” réflexion, au regard de ma première année de vice-présidence. Je vous propose trois entrées pour ce discours.
Devant l’apparente diffiŒuvrer pour le développement culté de la tâche, je souhaitedurable, c’est apprendre à gérer rais aujourd’hui évoquer avec vous quelques pistes de d’apparentes contradictions” réflexion, au regard de ma première année de vice-présidence. Je vous propose trois entrées pour ce discours.
– Regarder autrement – Penser autrement – Agir autrement REGARDER
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AUTREMENT
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– Regarder autrement – Penser autrement – Agir autrement REGARDER
AUTREMENT
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Tout d’abord, s’agissant de développement soutenable/durable, il est essentiel d’effectuer un travail de déconstruction : déconstruire les évidences, lutter contre les a priori et les lieux communs, en d’autres termes regarder autrement. C’est ce regard critique qu’il m’apparaît important de développer, en particulier chez les jeunes, pour leur permettre de voir et de comprendre par eux-mêmes.
Tout d’abord, s’agissant de développement soutenable/durable, il est essentiel d’effectuer un travail de déconstruction : déconstruire les évidences, lutter contre les a priori et les lieux communs, en d’autres termes regarder autrement. C’est ce regard critique qu’il m’apparaît important de développer, en particulier chez les jeunes, pour leur permettre de voir et de comprendre par eux-mêmes.
À l’heure où le développement durable est devenu une expression en vogue et en perte de sens, il est plus urgent que jamais d’apprendre à nos enfants à identifier ce qui se cache derrière les mots et les concepts consensuels. C’est dans cette optique
À l’heure où le développement durable est devenu une expression en vogue et en perte de sens, il est plus urgent que jamais d’apprendre à nos enfants à identifier ce qui se cache derrière les mots et les concepts consensuels. C’est dans cette optique
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que la région mène, depuis de nombreuses années, une politique volontariste de soutien aux acteurs de l’éducation à l’environnement. Ceux-ci œuvrent quotidiennement à cet apprentissage du savoir et du savoir-faire pour forger les acteurs avertis ou les acteurs adultes de demain. J’ai d’ailleurs effectué ma rentrée en début de semaine par une réunion de la plate-forme régionale de concertation de l’environnement et du développement durable. Un de nos questionnements est : “Est-il possible d’éduquer au développement durable sans savoir communiquer ?” La réponse est clairement non.
Déconstruire les évidences, lutter contre les a priori et les lieux communs, en d’autres termes regarder autrement”
Le développement durable se regarde également au travers du prisme culturel qui permet de comprendre l’autre. C’est l’acceptation des altérités qui est garante du vivre ensemble et du vivre en paix. Lors de la session de clôture de l’année dernière, ici, l’intervenant de l’Agence européenne de l’environnement avait regretté le caractère franco-français des débats, et cela a été renouvelé aujourd’hui, nous incitant à nous ouvrir pour aller voir “ailleurs”.
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que la région mène, depuis de nombreuses années, une politique volontariste de soutien aux acteurs de l’éducation à l’environnement. Ceux-ci œuvrent quotidiennement à cet apprentissage du savoir et du savoir-faire pour forger les acteurs avertis ou les acteurs adultes de demain. J’ai d’ailleurs effectué ma rentrée en début de semaine par une réunion de la plate-forme régionale de concertation de l’environnement et du développement durable. Un de nos questionnements est : “Est-il possible d’éduquer au développement durable sans savoir communiquer ?” La réponse est clairement non.
Déconstruire les évidences, lutter contre les a priori et les lieux communs, en d’autres termes regarder autrement”
Le développement durable se regarde également au travers du prisme culturel qui permet de comprendre l’autre. C’est l’acceptation des altérités qui est garante du vivre ensemble et du vivre en paix. Lors de la session de clôture de l’année dernière, ici, l’intervenant de l’Agence européenne de l’environnement avait regretté le caractère franco-français des débats, et cela a été renouvelé aujourd’hui, nous incitant à nous ouvrir pour aller voir “ailleurs”.
Je reviens justement de cet “ailleurs”. Je suis en effet allé au Burkina-Faso où j’ai eu la chance de participer au troisième Forum francophone de l’éducation à l’environnement vers un développement durable “Planet’Ere 3”. Comme j’ai fait partie de l’atelier du TIC, j’ai été frappée par le nombre absolument considérable de portables. Ce Forum réunissait plus de 1 500 participants représentant 27 pays, venus pour échanger et débattre sur leurs pratiques respectives d’éducation en vue d’un développement durable. Les visites de sites, les témoignages et les débats nous ont rappelé à nous, occidentaux que nous sommes, qu’il y a urgence à agir, à agir autrement, tant la préservation de l’environnement est une question de survie.
Je reviens justement de cet “ailleurs”. Je suis en effet allé au Burkina-Faso où j’ai eu la chance de participer au troisième Forum francophone de l’éducation à l’environnement vers un développement durable “Planet’Ere 3”. Comme j’ai fait partie de l’atelier du TIC, j’ai été frappée par le nombre absolument considérable de portables. Ce Forum réunissait plus de 1 500 participants représentant 27 pays, venus pour échanger et débattre sur leurs pratiques respectives d’éducation en vue d’un développement durable. Les visites de sites, les témoignages et les débats nous ont rappelé à nous, occidentaux que nous sommes, qu’il y a urgence à agir, à agir autrement, tant la préservation de l’environnement est une question de survie.
L’Afrique nous enseigne qu’informer et éduquer pour le développement durable relève aussi, et je dirais surtout, des enjeux de la lutte contre la pauvreté. L’UNESCO a d’ailleurs déclaré cette décennie celle de “l’éducation en vue d’un développement durable”.
L’Afrique nous enseigne qu’informer et éduquer pour le développement durable relève aussi, et je dirais surtout, des enjeux de la lutte contre la pauvreté. L’UNESCO a d’ailleurs déclaré cette décennie celle de “l’éducation en vue d’un développement durable”.
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PENSER
AUTREMENT
AUTREMENT
Ma deuxième réflexion découle de la première : poser un autre regard sur les choses, aller au delà des évidences, c’est être amené à penser autrement. Ce point est essentiel car c’est en faisant évoluer nos modes de pensée, sur le fond comme sur la forme, que peut naître l’innovation. Penser autrement, c’est par exemple inventer d’autres modes de participation au processus de décision publique. Au terme trop usité à mon avis de “démocratie participative”, je préfère le concept de gouvernance qui est un des piliers du développement durable. C’est là, je crois, le vrai challenge de la communication sur le développement durable.
Ma deuxième réflexion découle de la première : poser un autre regard sur les choses, aller au delà des évidences, c’est être amené à penser autrement. Ce point est essentiel car c’est en faisant évoluer nos modes de pensée, sur le fond comme sur la forme, que peut naître l’innovation. Penser autrement, c’est par exemple inventer d’autres modes de participation au processus de décision publique. Au terme trop usité à mon avis de “démocratie participative”, je préfère le concept de gouvernance qui est un des piliers du développement durable. C’est là, je crois, le vrai challenge de la communication sur le développement durable.
C’est proposer, innover de nouvelles formes de communication permettant d’animer, au sens latin du terme, “donner vie”, le débat démocratique, c’est-à-dire susciter l’intérêt, permettre la confrontation d’idées et proposer des solutions partagées pour inventer ensemble la société durable de demain.
C’est proposer, innover de nouvelles formes de communication permettant d’animer, au sens latin du terme, “donner vie”, le débat démocratique, c’est-à-dire susciter l’intérêt, permettre la confrontation d’idées et proposer des solutions partagées pour inventer ensemble la société durable de demain.
C’est pourquoi, depuis un an, je me suis attelée, au sein du Conseil régional, à faire vivre des espaces permettant l’échange et le débat constructif. Je citerai par exem-
C’est pourquoi, depuis un an, je me suis attelée, au sein du Conseil régional, à faire vivre des espaces permettant l’échange et le débat constructif. Je citerai par exem-
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ple : le Collectif régional de concertation sur l’énergie ainsi que ses trois Comités thématiques : le “Codebois” pour la filière bois, le “Codesol” pour la filière solaire, le “Codebat” pour la qualité environnementale des bâtiments. Ils ont permis de faire émerger des préoccupations communes et d’amender le plan Énergie 2010 qui aurait dû vous être proposé dans votre pochette, mais qui arrivera sûrement demain. Ce plan évoluera tout au long de la mandature grâce au débat suscité de ces Collectifs de concertation.
ple : le Collectif régional de concertation sur l’énergie ainsi que ses trois Comités thématiques : le “Codebois” pour la filière bois, le “Codesol” pour la filière solaire, le “Codebat” pour la qualité environnementale des bâtiments. Ils ont permis de faire émerger des préoccupations communes et d’amender le plan Énergie 2010 qui aurait dû vous être proposé dans votre pochette, mais qui arrivera sûrement demain. Ce plan évoluera tout au long de la mandature grâce au débat suscité de ces Collectifs de concertation.
Nous réfléchissons pour faire émerger d’autres thématiques et mettre sur pied un Comité régional de l’environnement et du développement durable.
Nous réfléchissons pour faire émerger d’autres thématiques et mettre sur pied un Comité régional de l’environnement et du développement durable.
Je citerai également le financement systématique des Conseils de développement pour donner la parole aux citoyens au sein des territoires, brique de base de la gouvernance comme se plaît à l’expliquer mon ami Pierre Calame de la Fondation pour le Progrès de l’Homme.
Je citerai également le financement systématique des Conseils de développement pour donner la parole aux citoyens au sein des territoires, brique de base de la gouvernance comme se plaît à l’expliquer mon ami Pierre Calame de la Fondation pour le Progrès de l’Homme.
Je finirai, sans être exhaustive, par la plate-forme régionale du GRAINE, dont j’ai déjà parlé plus haut, et qui réunit tous les acteurs de terrain (l’Éducation nationale, Jeunesse et Sports, l’ADEME, la DIREN, l’Agence de l’eau, les associations) c’est donc un réseau, terme employé tout à l’heure par Nicolas, espérant que ces quelques graines de gouvernance semées au cours de cette première année donneront de beaux fruits… Je pense notamment aux jeunes car, comme nous le rappelle Pierre Radanne, c’est notre devoir de donner à aimer ce siècle aux jeunes afin de leur permettre d’imaginer leur vie dans ce siècle. Parce qu’une société qui écoute et donne la parole à sa jeunesse est une société porteuse d’idées nouvelles et d’espoir, la région a mis en place, depuis 1999, le Conseil régional des jeunes. C’est effectivement, comme l’a rappelé tout à l’heure Marc, un outil de l’apprentissage à la citoyenneté et au fonctionnement des instances démocratiques. Il permet de faire des propositions, de construire et mettre en œuvre des projets concrets. Ils ont réfléchi, comme il vous l’a dit dans le groupe Environnement, à un label vert des lycées, véritable “mini Agenda 21”.
C’est notre devoir de donner à aimer ce siècle aux jeunes”
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Voilà comment les jeunes nous montrent la voie pour passer du global au local. Je m’attacherai donc personnellement à faire écho à leurs préoccupations. AGIR
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Je finirai, sans être exhaustive, par la plate-forme régionale du GRAINE, dont j’ai déjà parlé plus haut, et qui réunit tous les acteurs de terrain (l’Éducation nationale, Jeunesse et Sports, l’ADEME, la DIREN, l’Agence de l’eau, les associations) c’est donc un réseau, terme employé tout à l’heure par Nicolas, espérant que ces quelques graines de gouvernance semées au cours de cette première année donneront de beaux fruits… Je pense notamment aux jeunes car, comme nous le rappelle Pierre Radanne, c’est notre devoir de donner à aimer ce siècle aux jeunes afin de leur permettre d’imaginer leur vie dans ce siècle. Parce qu’une société qui écoute et donne la parole à sa jeunesse est une société porteuse d’idées nouvelles et d’espoir, la région a mis en place, depuis 1999, le Conseil régional des jeunes. C’est effectivement, comme l’a rappelé tout à l’heure Marc, un outil de l’apprentissage à la citoyenneté et au fonctionnement des instances démocratiques. Il permet de faire des propositions, de construire et mettre en œuvre des projets concrets. Ils ont réfléchi, comme il vous l’a dit dans le groupe Environnement, à un label vert des lycées, véritable “mini Agenda 21”.
C’est notre devoir de donner à aimer ce siècle aux jeunes”
Voilà comment les jeunes nous montrent la voie pour passer du global au local. Je m’attacherai donc personnellement à faire écho à leurs préoccupations. AGIR
AUTREMENT
Œuvrer vers un développement soutenable, c’est enfin et surtout agir autrement. Si la communication est un élément essentiel à l’appropriation d’un concept noble en soi, elle ne saurait remplacer la pédagogie du quotidien ; et combien l’exemple permet de rendre crédible tout message que l’on soit parents, grands-parents, éducateurs et d’autant plus lorsque nous sommes des élus !
Œuvrer vers un développement soutenable, c’est enfin et surtout agir autrement. Si la communication est un élément essentiel à l’appropriation d’un concept noble en soi, elle ne saurait remplacer la pédagogie du quotidien ; et combien l’exemple permet de rendre crédible tout message que l’on soit parents, grands-parents, éducateurs et d’autant plus lorsque nous sommes des élus !
C’est pourquoi, à la région, nous avons décidé de faire le pari de l’éco-citoyenneté, pour reprendre le titre du colloque d’ouverture de notre Semaine du développement durable. Pour cela, il nous faut arriver à changer nos comportements. Mais les mécanismes permettant d’enclencher le changement sont complexes, nous l’avons dit tout au long de la journée. La région a engagé en ce sens des démarches de concertation afin de mobiliser l’intelligence, de donner de l’envergure à toutes les idées et initiatives et de créer un environnement culturel porteur et inventif.
C’est pourquoi, à la région, nous avons décidé de faire le pari de l’éco-citoyenneté, pour reprendre le titre du colloque d’ouverture de notre Semaine du développement durable. Pour cela, il nous faut arriver à changer nos comportements. Mais les mécanismes permettant d’enclencher le changement sont complexes, nous l’avons dit tout au long de la journée. La région a engagé en ce sens des démarches de concertation afin de mobiliser l’intelligence, de donner de l’envergure à toutes les idées et initiatives et de créer un environnement culturel porteur et inventif.
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Focus
Focus
À titre d’exemple, je citerai le colloque organisé en novembre dernier à l’Hôtel de région sur le thème “Le passage à l’acte dans l’Environnement”, en partenariat avec l’ADEME et l’Université de Provence.
À titre d’exemple, je citerai le colloque organisé en novembre dernier à l’Hôtel de région sur le thème “Le passage à l’acte dans l’Environnement”, en partenariat avec l’ADEME et l’Université de Provence.
À la Région, montrer l’exemple est justement ce que nous allons essayer de faire dans le cadre de notre Agenda 21 dont le premier volet concernera l’exemplarité de l’Institution. Cela passe notamment par faire des économies d’énergie dans nos bâtiments (papier, éclairage, chauffage, climatisation, etc.), construire des lycées économes en énergie et de meilleure qualité environnementale.
À la Région, montrer l’exemple est justement ce que nous allons essayer de faire dans le cadre de notre Agenda 21 dont le premier volet concernera l’exemplarité de l’Institution. Cela passe notamment par faire des économies d’énergie dans nos bâtiments (papier, éclairage, chauffage, climatisation, etc.), construire des lycées économes en énergie et de meilleure qualité environnementale.
Je ferai rapidement état d’expériences des cours sur la restauration biologique dans nos lycées, la récupération des déchets de restauration pour une valorisation du compost ou encore le fait que quelques lycées étudient de près leur consommation globale.
Je ferai rapidement état d’expériences des cours sur la restauration biologique dans nos lycées, la récupération des déchets de restauration pour une valorisation du compost ou encore le fait que quelques lycées étudient de près leur consommation globale.
Je privilégie les termes de “dialogue” et d’“échange” à celui de la “communication”. La dimension humaine m’y paraît vraiment plus palpable car c’est bien de cela qu’il s’agit : des êtres humains interagissant entre eux, sur un milieu dont ils sont partie intégrante. N’oublions pas cette dimension humaine, pilier culturel et social du concept de développement durable. C’est d’ailleurs bien en elle que réside le succès du Forum mondial social, rendez-vous désormais incontournable de tous les acteurs du développement durable.
Je privilégie les termes de “dialogue” et d’“échange” à celui de la “communication”. La dimension humaine m’y paraît vraiment plus palpable car c’est bien de cela qu’il s’agit : des êtres humains interagissant entre eux, sur un milieu dont ils sont partie intégrante. N’oublions pas cette dimension humaine, pilier culturel et social du concept de développement durable. C’est d’ailleurs bien en elle que réside le succès du Forum mondial social, rendez-vous désormais incontournable de tous les acteurs du développement durable.
L’altérité et la soliN’oublions pas cette dimension darité étaient également au cœur des humaine, pilier culturel et social du préoccupations des concept de développement durable.” Assises nationales du développement durable à Toulouse. Le regroupement au cours de ces journées à Buoux de personnes issues des Institutions, du monde économique et des communicants est déjà en soi une réussite et je tiens à vous en féliciter, Anne-Marie et Gilles.
L’altérité et la soliN’oublions pas cette dimension darité étaient également au cœur des humaine, pilier culturel et social du préoccupations des concept de développement durable.” Assises nationales du développement durable à Toulouse. Le regroupement au cours de ces journées à Buoux de personnes issues des Institutions, du monde économique et des communicants est déjà en soi une réussite et je tiens à vous en féliciter, Anne-Marie et Gilles.
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Je souhaite qu’elles permettent de faire émerger des propositions par rapport à de nouvelles formes de gouvernance et également d’intégrer un peu plus d’altérité dans chacune de nos individualités.
Je souhaite qu’elles permettent de faire émerger des propositions par rapport à de nouvelles formes de gouvernance et également d’intégrer un peu plus d’altérité dans chacune de nos individualités.
Agir autrement… Et si c’était tout simplement prendre le temps, se donner du temps, luxe suprême de ce XXIe siècle ? Le développement durable se conçoit à long terme alors même que l’échelle d’une vie se situe sur un moyen terme, que les décideurs sont élus sur du court terme. Prendre le temps de la prospective pour une meilleure projection sur le long terme. Prendre le temps de l’écoute, de la concertation. Prendre le temps de la solidarité, du partage pour un avenir viable, notre avenir à tous. Il y a réellement urgence.
Agir autrement… Et si c’était tout simplement prendre le temps, se donner du temps, luxe suprême de ce XXIe siècle ? Le développement durable se conçoit à long terme alors même que l’échelle d’une vie se situe sur un moyen terme, que les décideurs sont élus sur du court terme. Prendre le temps de la prospective pour une meilleure projection sur le long terme. Prendre le temps de l’écoute, de la concertation. Prendre le temps de la solidarité, du partage pour un avenir viable, notre avenir à tous. Il y a réellement urgence.
Je vous remercie.
Je vous remercie. (Applaudissements.)
G I L L E S
(Applaudissements.)
: Après ce discours durable, nous allons regarder le spectacle d’un ventriloque, puis un peu de musique. Ensuite, nous descendrons.
B E R H A U L T
G I L L E S
La Clinique des oiseaux viendra nous présenter un oiseau qui a été soigné et qui sera libéré devant nous.
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: Après ce discours durable, nous allons regarder le spectacle d’un ventriloque, puis un peu de musique. Ensuite, nous descendrons.
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La Clinique des oiseaux viendra nous présenter un oiseau qui a été soigné et qui sera libéré devant nous.
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Troisième série d’ateliers
Troisième série d’ateliers
3.1 “Anti-pubs/Casseurs de pubs”
3.1 “Anti-pubs/Casseurs de pubs”
M O N I C A
MONICA FOSSATI, RÉDACTRICE EN CHEF, EKWO (ANIMATRICE)
F O S S A T I , rédactrice en chef, Ekwo (Animatrice) : Avant de présenter nos invités, j’aimerais planter le décor rapidement.
Pub/anti-pub, on a la notion de “pour” et de “contre”. Pour : la pub, telle qu’elle se définit, est une source d’information qui guide le consommateur dans ses achats, et est là “pour faire vendre”. Contre : elle séduit le consommateur en le faisant rêver devant des produits souvent inutiles, et le pousse donc à consommer sans besoin. L’opposition se retrouve même dans les termes qui sont assez vifs : Quand les premiers parlent d’annonces, de campagnes “choc”, de slogans “percutants”, de “cibles”, de mesures d’“impact”, Les seconds répliquent que c’est du “harcèlement”, des images “criardes”, des messages “agressifs”, méprisants, abusifs, une pollution de son environnement et une perte de liberté. La publicité, en France, représente un chiffre d’affaires moyen de 25 milliards d’euros par an, soit 250 fois le budget du ministère de l’Écologie et du Développement durable, hors recherche. Cela signifie que, si la publicité donnait 1 % de son chiffre d’affaires, on augmenterait de 150 % le budget du ministère dédié à l’environnement.
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M O N I C A
MONICA FOSSATI, RÉDACTRICE EN CHEF, EKWO (ANIMATRICE)
Plus de 300 000 personnes travaillent dans ce secteur, sans compter les prestataires et les métiers adjacents.
F O S S A T I , rédactrice en chef, Ekwo (Animatrice) : Avant de présenter nos invités, j’aimerais planter le décor rapidement.
Pub/anti-pub, on a la notion de “pour” et de “contre”. Pour : la pub, telle qu’elle se définit, est une source d’information qui guide le consommateur dans ses achats, et est là “pour faire vendre”. Contre : elle séduit le consommateur en le faisant rêver devant des produits souvent inutiles, et le pousse donc à consommer sans besoin. L’opposition se retrouve même dans les termes qui sont assez vifs : Quand les premiers parlent d’annonces, de campagnes “choc”, de slogans “percutants”, de “cibles”, de mesures d’“impact”, Les seconds répliquent que c’est du “harcèlement”, des images “criardes”, des messages “agressifs”, méprisants, abusifs, une pollution de son environnement et une perte de liberté. La publicité, en France, représente un chiffre d’affaires moyen de 25 milliards d’euros par an, soit 250 fois le budget du ministère de l’Écologie et du Développement durable, hors recherche. Cela signifie que, si la publicité donnait 1 % de son chiffre d’affaires, on augmenterait de 150 % le budget du ministère dédié à l’environnement.
Globalement, que reprochent les anti-pubs à la publicité ?
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Plus de 300 000 personnes travaillent dans ce secteur, sans compter les prestataires et les métiers adjacents. Globalement, que reprochent les anti-pubs à la publicité ?
Sur la forme: elle est omniprésente, on reçoit, de quelques centaines à plusieurs milliers de messages par jour, sous toutes les formes: les médias, le marketing direct, le sponsoring, le cinéma, les jeux vidéos, sans compter les nombreux logos dont nous ne voyons même plus l’existence. Tout cela est décliné en sons, en couleurs et même en odeurs.
Sur la forme: elle est omniprésente, on reçoit, de quelques centaines à plusieurs milliers de messages par jour, sous toutes les formes: les médias, le marketing direct, le sponsoring, le cinéma, les jeux vidéos, sans compter les nombreux logos dont nous ne voyons même plus l’existence. Tout cela est décliné en sons, en couleurs et même en odeurs.
Sur le fond : outre les Si la publicité donnait 1 % de son abus d’utilisation d’images chiffre d’affaires, on augmenterait (femme, enfants, religion…) régulièrement soulevés par de 150 % le budget du ministère les mouvements ou minoridédié à l’environnement” tés concernées, elle fascine et séduit le consommateur, avec moult messages racoleurs pour l’engager à acheter – c’est bien là son but –, consommer avec abondance et se sentir ainsi “vivre”.
Sur le fond : outre les Si la publicité donnait 1 % de son abus d’utilisation d’images chiffre d’affaires, on augmenterait (femme, enfants, religion…) régulièrement soulevés par de 150 % le budget du ministère les mouvements ou minoridédié à l’environnement” tés concernées, elle fascine et séduit le consommateur, avec moult messages racoleurs pour l’engager à acheter – c’est bien là son but –, consommer avec abondance et se sentir ainsi “vivre”.
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ATELIER 3.1
A l’Université d’été de la communication pour le développement durable, nous nous demandons, dans cette période cruciale où nous sommes plutôt en train de revoir nos modes de production et de consommation, comment la publicité arrive à tenir cet équilibre, car elle est en ligne de mire. C’est la première expression d’un monde économique qui est là pour vendre, générer du chiffre et maintenir les emplois, et qui demande a être entretenu.
A l’Université d’été de la communication pour le développement durable, nous nous demandons, dans cette période cruciale où nous sommes plutôt en train de revoir nos modes de production et de consommation, comment la publicité arrive à tenir cet équilibre, car elle est en ligne de mire. C’est la première expression d’un monde économique qui est là pour vendre, générer du chiffre et maintenir les emplois, et qui demande a être entretenu.
Mais le rejet des anti-pubs n’est pas né avec l’alter-mondialisme ou l’anti-consommation pour autant. Le mot “publiphobie” est déjà attesté dans les années 60-70, dans la littérature et des paroles de chansons. C’est en 1987 que la contestation s’incarne, avec la création, en France, de l’Anadet (Association nationale de défense de la télévision), luttant contre les coupures publicitaires dans les films ; Puis, en 1989, Kalle Lasn (rédacteur en chef de Adbusters) crée la Media Foundation, association d’activistes nord-américains qui décide de s’attaquer aux grandes marques et au “totalitarisme” publicitaire. En 1990, naît la feuille ”Le Publiphobe” à l’initiative d’Yvan Gradis ici présent lequel, crée également, en 1992, RAP (résistance à l’agression publicitaire), avec François Brune et René Macaire. RAP coordonne la lutte sur plusieurs fronts : les boîtes aux lettres, l’affichage, le cinéma (où la publicité a remplacé le court-métrage), l’école, la presse, etc., au moyen de pétitions, manifestations, négociations avec les autorités. La même année, “Paysages de France” est fondée par Pierre-Jean Delahousse – spécialisée dans la lutte contre l’affichage, illégal ou pas. En 1999, le mouvement prend une autre tournure puisque c’est un enfant terrible de la pub qui se retourne contre elle : Vincent Cheynet, ancien DA chez Publicis, prend le relais d’Adbusters en France, en créant la revue “Casseurs de pub”, avec le Comité des créatifs contre la publicité (CCCP). On leur doit l’écho de mouvements internationaux comme la Journée sans achat, la Semaine sans télé, la Rentrée sans marques… La contestation commence à prendre de l’ampleur: le livre “No Logo” de Naomi Klein devient une référence, puis “99 F’” de Frédéric Beigbeder — ex Young et Rubicam, parallèlement aux éclats de Seattle et aux premières expressions répercutées d’alter-mondialisme. Dans la foulée, des groupes réfractaires se multiplient : en 2000, il y a la Meute contre la publicité sexiste, (créée par Florence Montreynaud, créatrice auparavant des “Chiennes de Garde”), le “collectif contre le publisexisme” du réseau libertaire antifasciste No Pasaran. En 2002, le groupe “mercredi c’est publiphobie” sévit dans les couloirs de la RATP, puis ce sont les quatre actions massives de barbouillage dans le métro de Paris (« Stopub », automne-hiver 2003-2004), dont la dernière a fini devant les tribunaux au printemps 2004. Aujourd’hui, les mouvements contestataires contre la publiLe mot “publiphobie” est déjà cité sont initiés par toutes sortes de structures. Par exemple, des campagnes comme l’autocollant Stop Pub attesté dans les années 60-70” ont été soutenues par les collectivités et l’ADEME, soudain connues d’un large public, alors qu’elles existaient depuis des années, menées par des associations de consommateurs ou de protection de l’environnement.
Mais le rejet des anti-pubs n’est pas né avec l’alter-mondialisme ou l’anti-consommation pour autant. Le mot “publiphobie” est déjà attesté dans les années 60-70, dans la littérature et des paroles de chansons. C’est en 1987 que la contestation s’incarne, avec la création, en France, de l’Anadet (Association nationale de défense de la télévision), luttant contre les coupures publicitaires dans les films ; Puis, en 1989, Kalle Lasn (rédacteur en chef de Adbusters) crée la Media Foundation, association d’activistes nord-américains qui décide de s’attaquer aux grandes marques et au “totalitarisme” publicitaire. En 1990, naît la feuille ”Le Publiphobe” à l’initiative d’Yvan Gradis ici présent lequel, crée également, en 1992, RAP (résistance à l’agression publicitaire), avec François Brune et René Macaire. RAP coordonne la lutte sur plusieurs fronts : les boîtes aux lettres, l’affichage, le cinéma (où la publicité a remplacé le court-métrage), l’école, la presse, etc., au moyen de pétitions, manifestations, négociations avec les autorités. La même année, “Paysages de France” est fondée par Pierre-Jean Delahousse – spécialisée dans la lutte contre l’affichage, illégal ou pas. En 1999, le mouvement prend une autre tournure puisque c’est un enfant terrible de la pub qui se retourne contre elle : Vincent Cheynet, ancien DA chez Publicis, prend le relais d’Adbusters en France, en créant la revue “Casseurs de pub”, avec le Comité des créatifs contre la publicité (CCCP). On leur doit l’écho de mouvements internationaux comme la Journée sans achat, la Semaine sans télé, la Rentrée sans marques… La contestation commence à prendre de l’ampleur: le livre “No Logo” de Naomi Klein devient une référence, puis “99 F’” de Frédéric Beigbeder — ex Young et Rubicam, parallèlement aux éclats de Seattle et aux premières expressions répercutées d’alter-mondialisme. Dans la foulée, des groupes réfractaires se multiplient : en 2000, il y a la Meute contre la publicité sexiste, (créée par Florence Montreynaud, créatrice auparavant des “Chiennes de Garde”), le “collectif contre le publisexisme” du réseau libertaire antifasciste No Pasaran. En 2002, le groupe “mercredi c’est publiphobie” sévit dans les couloirs de la RATP, puis ce sont les quatre actions massives de barbouillage dans le métro de Paris (« Stopub », automne-hiver 2003-2004), dont la dernière a fini devant les tribunaux au printemps 2004. Aujourd’hui, les mouvements contestataires contre la publiLe mot “publiphobie” est déjà cité sont initiés par toutes sortes de structures. Par exemple, des campagnes comme l’autocollant Stop Pub attesté dans les années 60-70” ont été soutenues par les collectivités et l’ADEME, soudain connues d’un large public, alors qu’elles existaient depuis des années, menées par des associations de consommateurs ou de protection de l’environnement.
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L’association Agir pour l’environnement, qu’anime Stephen Kerckhove, ici présent, s’est déjà attaquée à la pub contre les 4x4 qui “véhicule un message polluant”, et contre les panneaux éclairés non-stop.
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L’association Agir pour l’environnement, qu’anime Stephen Kerckhove, ici présent, s’est déjà attaquée à la pub contre les 4x4 qui “véhicule un message polluant”, et contre les panneaux éclairés non-stop.
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Car last but not least, la pub qui engage à acheter, et donc à produire et à polluer, pollue elle-même énormément : les tonnes de prospectus, les éclairages des panneaux, et les moyens mis en œuvre pour les réaliser…
Car last but not least, la pub qui engage à acheter, et donc à produire et à polluer, pollue elle-même énormément : les tonnes de prospectus, les éclairages des panneaux, et les moyens mis en œuvre pour les réaliser…
C’est un peu l’état des lieux de l’anti-pub. S T É P H E N
C’est un peu l’état des lieux de l’anti-pub.
K E R C K H O V E , délégué général, Agir pour l’environnement : Plutôt que de vous faire une liste à la Prévert, je vais essayer de changer d’angle et d’analyser par catégorie. Ce que je vais vous dire ne sera pas exhaustif, cela reste relativement théorique, car les groupes se superposent. Nous verrons tout à l’heure que, dans les actions antipublicité, des gens viennent à la suite d’agressions sur le paysage, le contenu ou sur une série d’éléments mobilisateurs. Pour catégoriser, il est plus simple de saucissonner, même si cela reste relativement théorique. Nous avons listé cinq ou six catégories.
S T É P H E N
En premier lieu, nous avons les “décroissants” qui, paradoxalement, sont venus du milieu de la publicité ; ils ont tendance à considérer la publicité comme un moyen, mais ils contestent la fin, l’idéologie dominante. Pour eux, la publicité sert juste à promouvoir en externe cette idéologie. Ils sont amenés à contester la société de consommation, le super-productivisme, le tout-pétrole, etc. Par ricochets, ils arrivent à contester leurs publicitaires qui sont massivement en phase avec cette idéologie.
En premier lieu, nous avons les “décroissants” qui, paradoxalement, sont venus du milieu de la publicité ; ils ont tendance à considérer la publicité comme un moyen, mais ils contestent la fin, l’idéologie dominante. Pour eux, la publicité sert juste à promouvoir en externe cette idéologie. Ils sont amenés à contester la société de consommation, le super-productivisme, le tout-pétrole, etc. Par ricochets, ils arrivent à contester leurs publicitaires qui sont massivement en phase avec cette idéologie.
Ils le font de la même manière que l’on contesterait les flashes boursiers sur FranceInter ou France-Info, par exemple ; globalement, cela n’apporte pas grand-chose à celui qui boursicote, mais crée une ambiance, un environnement. Ils considèrent la publicité comme un environnement global, que la multiplicité des publicités crée une idéologie sur la consommation que nous subissons, avec 3 000 spots par jour. Nous considérons que cela a peu d’impact individuellement sur un produit, mais que cela conforte une idéologie. Quand vous avez un message qui passe 3 000 fois disant qu’il faut consommer, il est difficile de s’extraire de cette société de consommation. Essayez de moins consommer, vous allez voir… Essayez de moins utiliser votre portable, c’est très compliqué.
Ils le font de la même manière que l’on contesterait les flashes boursiers sur FranceInter ou France-Info, par exemple ; globalement, cela n’apporte pas grand-chose à celui qui boursicote, mais crée une ambiance, un environnement. Ils considèrent la publicité comme un environnement global, que la multiplicité des publicités crée une idéologie sur la consommation que nous subissons, avec 3 000 spots par jour. Nous considérons que cela a peu d’impact individuellement sur un produit, mais que cela conforte une idéologie. Quand vous avez un message qui passe 3 000 fois disant qu’il faut consommer, il est difficile de s’extraire de cette société de consommation. Essayez de moins consommer, vous allez voir… Essayez de moins utiliser votre portable, c’est très compliqué.
Nous avons une seconde catégorie, les anti-pubs, au sens strict. Ils vont cibler globalement la publicité en tant que message et support, mais plus en tant qu’idéologie. Le support va être la contestation des panneaux publicitaires énergétivores qui bougent, qui sont illuminés, qui sont tractés par des camions en 4X3 et qui multiplient les rejets de CO2, ou les publicités tractées par des avions le long des plages. Ils contestent l’aspect publicité en tant qu’utilisation d’énergie.
Nous avons une seconde catégorie, les anti-pubs, au sens strict. Ils vont cibler globalement la publicité en tant que message et support, mais plus en tant qu’idéologie. Le support va être la contestation des panneaux publicitaires énergétivores qui bougent, qui sont illuminés, qui sont tractés par des camions en 4X3 et qui multiplient les rejets de CO2, ou les publicités tractées par des avions le long des plages. Ils contestent l’aspect publicité en tant qu’utilisation d’énergie.
Nous avons considéré La multiplicité des publicités crée qu’un panneau qui bouune idéologie sur la consommation geait et était illuminé en que nous subissons, permanence par une vingtaine de néons et trois avec 3 000 spots par jour” hallogènes représentait l’équivalent d’une consommation électrique de trois à quatre familles, entre 5 000 et 9 000 kW/h. Nous avons avancé ce chiffre en étant très modestes et nous n’avons pas été contestés par les publicitaires et les afficheurs. Il faudrait aller les voir pour leur demander si ce n’est pas le double, en fait.
Nous avons considéré La multiplicité des publicités crée qu’un panneau qui bouune idéologie sur la consommation geait et était illuminé en que nous subissons, permanence par une vingtaine de néons et trois avec 3 000 spots par jour” hallogènes représentait l’équivalent d’une consommation électrique de trois à quatre familles, entre 5 000 et 9 000 kW/h. Nous avons avancé ce chiffre en étant très modestes et nous n’avons pas été contestés par les publicitaires et les afficheurs. Il faudrait aller les voir pour leur demander si ce n’est pas le double, en fait.
Dans une période où on demande de faire des efforts dans la maîtrise de l’énergie, ces éléments sont à prendre en compte. Même si cela demeure marginal par rap-
Dans une période où on demande de faire des efforts dans la maîtrise de l’énergie, ces éléments sont à prendre en compte. Même si cela demeure marginal par rap-
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K E R C K H O V E , délégué général, Agir pour l’environnement : Plutôt que de vous faire une liste à la Prévert, je vais essayer de changer d’angle et d’analyser par catégorie. Ce que je vais vous dire ne sera pas exhaustif, cela reste relativement théorique, car les groupes se superposent. Nous verrons tout à l’heure que, dans les actions antipublicité, des gens viennent à la suite d’agressions sur le paysage, le contenu ou sur une série d’éléments mobilisateurs. Pour catégoriser, il est plus simple de saucissonner, même si cela reste relativement théorique. Nous avons listé cinq ou six catégories.
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port au message avancé. On sait très bien que, lors d’une publicité contre les 4X4, les constructeurs automobiles, derrière… […]
U N E
: …et puis d’avoir des budgets santé/environnement et de laisser sur des festivals les hôtesses des Ailes bleues venir donner de la drogue gratuitement aux jeunes ; il y a vraiment un problème. Aujourd’hui, ce qui est génial, c’est que les organisateurs de festival viennent me voir pour dire qu’ils vont monter un Agenda 21 pour les Vieilles Charrues ou les Trans-musicales et ils voudraient progresser dans leurs rapports avec leurs partenaires.
I N T E R V E N A N T E
Un livre comme « No logo » a vraiment jeté le trouble chez les jeunes”
Les choses sont en train de changer. Nous comprenons bien qu’un livre comme “No logo” a vraiment jeté le trouble chez les jeunes. Je voulais vous le signaler. On peut redonner des pouvoirs, prendre du pouvoir, et faire changer les choses.
M O N I C A
F O S S A T I : Je voudrais poser une question à Yves Leers, car l’ADEME a sorti “Eco-communication: vers une communication plus éco-responsable”. J’aimerais savoir si quelque chose est prévu ou a déjà été abordé pour sensibiliser véritablement les agences sur le contenu.
Y V E S
, ADEME : Nous avons déjà sensibilisé les agences avec lesquelles nous travaillons. Ce n’est pas aussi simple que cela. Quand elles communiquent vers l’extérieur sur le développement durable ou avec une campagne d’économies d’énergie, est-ce que cela change leur propre pratique ?
Y V E S
Les choses sont en train de changer. Nous comprenons bien qu’un livre comme “No logo” a vraiment jeté le trouble chez les jeunes. Je voulais vous le signaler. On peut redonner des pouvoirs, prendre du pouvoir, et faire changer les choses.
M O N I C A
F O S S A T I : Je voudrais poser une question à Yves Leers, car l’ADEME a sorti “Eco-communication: vers une communication plus éco-responsable”. J’aimerais savoir si quelque chose est prévu ou a déjà été abordé pour sensibiliser véritablement les agences sur le contenu.
Y V E S
, ADEME : Nous avons déjà sensibilisé les agences avec lesquelles nous travaillons. Ce n’est pas aussi simple que cela. Quand elles communiquent vers l’extérieur sur le développement durable ou avec une campagne d’économies d’énergie, est-ce que cela change leur propre pratique ?
L E E R S
M O N I C A
: C’est un propos optimiste, car la pression à l’intérieur des agences est énorme. Pour les gens avec qui nous travaillons, c’est de 8 heures à 22 heures, et c’est le cas dans ce genre de société. Il y a un tel niveau de pression que, au bout de deux ans… Je ne sais pas si cela a beaucoup changé, mais c’est souvent ainsi dans le milieu de la publicité.
L E E R S
Y V E S
U N
R A D E A U
: C’est un propos optimiste, car la pression à l’intérieur des agences est énorme. Pour les gens avec qui nous travaillons, c’est de 8 heures à 22 heures, et c’est le cas dans ce genre de société. Il y a un tel niveau de pression que, au bout de deux ans… Je ne sais pas si cela a beaucoup changé, mais c’est souvent ainsi dans le milieu de la publicité. Arriver à faire qu’ils s’interrogent sur leurs propres pratiques, c’est un deuxième défi et cela passe par cette interrogation. Mais ils ont une telle pression sur les budgets en disant qu’il faut tenir parce qu’il faut continuer à gagner de l’argent que, dans l’immédiat, je ne vois pas trop comment il peut y avoir des changements.
(?) : Dans ce débat d’un bon niveau de cérébralité, je vais être très pratique.
M M E
©
(?) : Dans ce débat d’un bon niveau de cérébralité, je vais être très pratique.
S’agissant des courriers non adressés, des publicités boîte aux lettres, cela pose un problème pour les collectivités : ce sont des publicités qui deviennent des ordures ménagères. Cela coûterait pour la communauté dont je suis vice-présidente et chargée de ces dossiers, 1,5 M€ ; nous avons pris une fourchette basse pour soit un tri, soit une incinération, que ce soit une forme de valorisation ou une autre.
En valorisation papier, c’est très mauvais puisque ces publicités sont très encrées, sous plastique, et les gens les jettent sans les séparer. Après tout, la profession sait faire, mais ces papiers nous sont repris une somme dérisoire. C’est le papier de très bas de gamme.
En valorisation papier, c’est très mauvais puisque ces publicités sont très encrées, sous plastique, et les gens les jettent sans les séparer. Après tout, la profession sait faire, mais ces papiers nous sont repris une somme dérisoire. C’est le papier de très bas de gamme.
F O S S A T I
: Cela représente 600 M€ par an pour les collectivité locales.
U N
: Une parenthèse, en l’absence d’Hélène Renard de ce volume qui leur
ACIDD et Comité 21
I N T E R V E N A N T
M O N I C A
revient.
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R A D E A U
S’agissant des courriers non adressés, des publicités boîte aux lettres, cela pose un problème pour les collectivités : ce sont des publicités qui deviennent des ordures ménagères. Cela coûterait pour la communauté dont je suis vice-présidente et chargée de ces dossiers, 1,5 M€ ; nous avons pris une fourchette basse pour soit un tri, soit une incinération, que ce soit une forme de valorisation ou une autre.
I N T E R V E N A N T
M O N I C A
: Oui.
F O S S A T I
L E E R S
Arriver à faire qu’ils s’interrogent sur leurs propres pratiques, c’est un deuxième défi et cela passe par cette interrogation. Mais ils ont une telle pression sur les budgets en disant qu’il faut tenir parce qu’il faut continuer à gagner de l’argent que, dans l’immédiat, je ne vois pas trop comment il peut y avoir des changements. M M E
: …et puis d’avoir des budgets santé/environnement et de laisser sur des festivals les hôtesses des Ailes bleues venir donner de la drogue gratuitement aux jeunes ; il y a vraiment un problème. Aujourd’hui, ce qui est génial, c’est que les organisateurs de festival viennent me voir pour dire qu’ils vont monter un Agenda 21 pour les Vieilles Charrues ou les Trans-musicales et ils voudraient progresser dans leurs rapports avec leurs partenaires.
I N T E R V E N A N T E
Un livre comme « No logo » a vraiment jeté le trouble chez les jeunes”
: Oui.
F O S S A T I
[…]
U N E
L E E R S
M O N I C A
port au message avancé. On sait très bien que, lors d’une publicité contre les 4X4, les constructeurs automobiles, derrière…
F O S S A T I
: Cela représente 600 M€ par an pour les collectivité locales.
: Une parenthèse, en l’absence d’Hélène Renard de ce volume qui leur
revient. Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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ATELIER 3.1
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U N E
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U N E
I N T E R V E N A N T E
: C’est bien fait !
: Justement, ce qui m’ennuie, c’est que la représentante de La Poste ne soit pas présente, mais j’ai peut-être une explication à son départ.
M O N I C A
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Justement, ce qui m’ennuie, c’est que la représentante de La Poste ne soit pas présente, mais j’ai peut-être une explication à son départ.
Il y a une discussion actuellement entre l’Association des marques de France et La Poste pour essayer de trouver un bon développement. La Poste fait de l’obstruction parce que la proposition consiste à dire que les collectivités pourraient faire adresser leurs journaux municipaux, par exemple, en courrier adressé avec des conditions qui pourraient être favorables, mais La Poste ne le souhaite pas parce que les gens pourraient refuser librement la publicité.
Il y a une discussion actuellement entre l’Association des marques de France et La Poste pour essayer de trouver un bon développement. La Poste fait de l’obstruction parce que la proposition consiste à dire que les collectivités pourraient faire adresser leurs journaux municipaux, par exemple, en courrier adressé avec des conditions qui pourraient être favorables, mais La Poste ne le souhaite pas parce que les gens pourraient refuser librement la publicité.
Je n’ai jamais mis l’autocollant de l’ADEME sur ma boîte aux lettres parce que je veux voir si le journal municipal est bien distribué ; on a demandé aux élus de vérifier que la distribution est bien faite. Je dois dire qu’elle l’est souvent fort mal, car les distributeurs s’en débarrassent dans des conditions… Il faut le reconnaître parce que ce sont souvent des gens qui fonctionnent…
Je n’ai jamais mis l’autocollant de l’ADEME sur ma boîte aux lettres parce que je veux voir si le journal municipal est bien distribué ; on a demandé aux élus de vérifier que la distribution est bien faite. Je dois dire qu’elle l’est souvent fort mal, car les distributeurs s’en débarrassent dans des conditions… Il faut le reconnaître parce que ce sont souvent des gens qui fonctionnent…
F O S S A T I
: C’est pourquoi La Poste est contre…
M O N I C A
F O S S A T I
[…]
…les journaux des collectivités sont non adressés.
…les journaux des collectivités sont non adressés.
: …est de nous empêcher de séparer la communication institutionnelle… L’ADEME s’est vraiment saisi du dossier et les relations sont actuellement très tendues, pour bien arriver à séparer…
: …est de nous empêcher de séparer la communication institutionnelle… L’ADEME s’est vraiment saisi du dossier et les relations sont actuellement très tendues, pour bien arriver à séparer…
L ’ I N T E R V E N A N T E
[…]
[…]
…les collectifs puissent éviter les petits autocollants disant : “Je ne veux pas de publicité”.
“
I N T E R V E N A N T
: Ils peuvent le faire.
: Non, ils ne veulent pas le faire parce que le journal municipal se trouve à l’intérieur d’une liasse de publicité pour les grandes enseignes.
L ’ I N T E R V E N A N T E
A L I C E
: Je ne suis pas tout à fait d’accord par rapport au levier interne. Je pense que la seule chance… Je plaide pour ma paroisse, c’est la carte que j’ai jouée. C’est uniquement au niveau du top management que j’arrive à utiliser mes anciennes relations, le directeur, développement durable du CAC 40, et de vraiment monter le développement durable dans les sociétés. Aujourd’hui, elle est concentrée dans les directions développement durable, les achats commencent à être touchés et la com va l’être et va demander des choses et devra faire son propre reporting sur l’impact environnemental.
A U D O U I N
Les achats commencent à être touchés et la com va l’être”
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©
En interne, j’ai entendu qu’une affiche était une information. Quand je posais la question : “A 99 chez Carrefour”, est-ce une information pour toi ? On m’a répondu “oui”.
Je ne suis absolument pas d’accord avec toi. Il y a des personnes… U N E
I N T E R V E N A N T E
( A )
: J’ai dit que c’était complémentaire et non à la place.
U N E
I N T E R V E N A N T E
( B )
: …a des personnes sensibles. Pour moi, ce n’est absolu-
ment pas un levier.
ACIDD et Comité 21
: C’est pourquoi La Poste est contre…
[…] L ’ I N T E R V E N A N T E
U N
: C’est bien fait !
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
…les collectifs puissent éviter les petits autocollants disant : “Je ne veux pas de publicité”.
“
U N
I N T E R V E N A N T
: Ils peuvent le faire.
: Non, ils ne veulent pas le faire parce que le journal municipal se trouve à l’intérieur d’une liasse de publicité pour les grandes enseignes.
L ’ I N T E R V E N A N T E
A L I C E
: Je ne suis pas tout à fait d’accord par rapport au levier interne. Je pense que la seule chance… Je plaide pour ma paroisse, c’est la carte que j’ai jouée. C’est uniquement au niveau du top management que j’arrive à utiliser mes anciennes relations, le directeur, développement durable du CAC 40, et de vraiment monter le développement durable dans les sociétés. Aujourd’hui, elle est concentrée dans les directions développement durable, les achats commencent à être touchés et la com va l’être et va demander des choses et devra faire son propre reporting sur l’impact environnemental.
A U D O U I N
Les achats commencent à être touchés et la com va l’être”
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En interne, j’ai entendu qu’une affiche était une information. Quand je posais la question : “A 99 chez Carrefour”, est-ce une information pour toi ? On m’a répondu “oui”.
Je ne suis absolument pas d’accord avec toi. Il y a des personnes… U N E
I N T E R V E N A N T E
( A )
: J’ai dit que c’était complémentaire et non à la place.
U N E
I N T E R V E N A N T E
( B )
: …a des personnes sensibles. Pour moi, ce n’est absolu-
ment pas un levier.
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( A ) : J’ai dit que c’était un levier parmi d’autres. Dans les entreprises, nos collaborateurs ont vingt-cinq ou trente ans, ils ont des enfants ; un sur deux travaille sur des budgets alimentaires et ils se posent des questions par rapport à la façon dont vont grossir ces enfants, etc.
L ’ I N T E R V E N A N T E
( A ) : J’ai dit que c’était un levier parmi d’autres. Dans les entreprises, nos collaborateurs ont vingt-cinq ou trente ans, ils ont des enfants ; un sur deux travaille sur des budgets alimentaires et ils se posent des questions par rapport à la façon dont vont grossir ces enfants, etc.
L ’ I N T E R V E N A N T E
Je suis tout à fait d’accord, il y a les Beaucoup d’anti-pubs quatre premiers points. Je vois, dans les sortent de la publicité” entreprises où je mets en place des démarches de développement durable – c’est vrai qu’il y a le top management, heureusement que des gens, au quotidien dans leur travail, se posent des questions sur la façon dont ils font leur métier. Et c’est un levier essentiel pour le changement de comportement à long terme.
Je suis tout à fait d’accord, il y a les Beaucoup d’anti-pubs quatre premiers points. Je vois, dans les sortent de la publicité” entreprises où je mets en place des démarches de développement durable – c’est vrai qu’il y a le top management, heureusement que des gens, au quotidien dans leur travail, se posent des questions sur la façon dont ils font leur métier. Et c’est un levier essentiel pour le changement de comportement à long terme.
Cela ne se fait peut-être pas la première fois parce qu’ils ont la pression de sortir le truc pour le lendemain, mais la fois suivante, lorsqu’ils vont proposer quelque chose à leur client… Par exemple, nous avons une filiale de tourisme événementiel qui travaille pour tous les grands engagés dans le développement durable, quand je vois les incentives qu’ils organisent pour les commerciaux dans le désert… J’ai dit hier qu’il y avait des dégonflés du 4X4… Nous avons des incohérences dans les médias qui, peu à peu, font que même nos équipes dans le tourisme, alors que le tourisme d’affaires est un business énorme, commencent à se dire qu’il n’est plus possible qu’ils affichent cela en développement durable et qu’ils récompensent les meilleurs commerciaux de telle façon. Les gens qui font cela au quotidien s’en rendent compte eux-mêmes. C’est un levier complémentaire.
Cela ne se fait peut-être pas la première fois parce qu’ils ont la pression de sortir le truc pour le lendemain, mais la fois suivante, lorsqu’ils vont proposer quelque chose à leur client… Par exemple, nous avons une filiale de tourisme événementiel qui travaille pour tous les grands engagés dans le développement durable, quand je vois les incentives qu’ils organisent pour les commerciaux dans le désert… J’ai dit hier qu’il y avait des dégonflés du 4X4… Nous avons des incohérences dans les médias qui, peu à peu, font que même nos équipes dans le tourisme, alors que le tourisme d’affaires est un business énorme, commencent à se dire qu’il n’est plus possible qu’ils affichent cela en développement durable et qu’ils récompensent les meilleurs commerciaux de telle façon. Les gens qui font cela au quotidien s’en rendent compte eux-mêmes. C’est un levier complémentaire.
Nous sommes tous ici pour essayer d’agir sur tous les leviers. Je viens du milieu publicitaire, j’étais avant chez Publicis, et il est lui-même tiraillé. Or, de bonnes choses naissent du tiraillement, de la contradiction. Beaucoup d’anti-pubs sortent de la publicité. Il existe aussi des gens qui ont envie de changer les choses et de les voir autrement.
Nous sommes tous ici pour essayer d’agir sur tous les leviers. Je viens du milieu publicitaire, j’étais avant chez Publicis, et il est lui-même tiraillé. Or, de bonnes choses naissent du tiraillement, de la contradiction. Beaucoup d’anti-pubs sortent de la publicité. Il existe aussi des gens qui ont envie de changer les choses et de les voir autrement.
( B ) : Pour moi, si une pratique peut être efficace, c’est l’hypothèse que l’annonceur va évoluer dans sa demande vers un peu plus de développement durable du fait de son engagement, qui peut être critiqué par ailleurs, comme se réduisant à du reporting.
( B ) : Pour moi, si une pratique peut être efficace, c’est l’hypothèse que l’annonceur va évoluer dans sa demande vers un peu plus de développement durable du fait de son engagement, qui peut être critiqué par ailleurs, comme se réduisant à du reporting.
L ’ I N T E R V E N A N T E
L ’ I N T E R V E N A N T E
C’est la seule carte qui marche pour ensuite allez voir des afficheurs qui disent : “La demande des annonceurs commence à changer”. C’est le discours des annonceurs. M O N I C A
F O S S A T I
C’est la seule carte qui marche pour ensuite allez voir des afficheurs qui disent : “La demande des annonceurs commence à changer”. C’est le discours des annonceurs.
: Êtes-vous prête à vous opposer aux com-éditos ?
M O N I C A
©
F O S S A T I
: Êtes-vous prête à vous opposer aux com-éditos ?
( B ) : C’est clair, mon poste de responsable du développement durable… Je suis quelqu’un qui forge des projets liés au métier. Pour l’instant, je me concentre sur l’affichage et sur les outils d’évaluation des impacts environnementaux des différents supports pour faire des arbitrages. Il est évident que tout ce qui est info et communication est un chantier. Je suis toute seule et…
L ’ I N T E R V E N A N T E
( B ) : C’est clair, mon poste de responsable du développement durable… Je suis quelqu’un qui forge des projets liés au métier. Pour l’instant, je me concentre sur l’affichage et sur les outils d’évaluation des impacts environnementaux des différents supports pour faire des arbitrages. Il est évident que tout ce qui est info et communication est un chantier. Je suis toute seule et…
: Lorsqu’on fait du reportage en com-édito, on échappe complètement au territoire d’action de ces publicités.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Il existe beaucoup de communications qui échappent… C’est pour cela que la confusion des genres me paraît dangereuse. Je suis d’accord sur ce qui a été dit. Intéressons-nous à Internet, il y a des choses…
U N E
I N T E R V E N A N T E
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: Lorsqu’on fait du reportage en com-édito, on échappe complètement au territoire d’action de ces publicités. : Il existe beaucoup de communications qui échappent… C’est pour cela que la confusion des genres me paraît dangereuse. Je suis d’accord sur ce qui a été dit. Intéressons-nous à Internet, il y a des choses…
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U N
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I N T E R V E N A N T
L ’ I N T E R V E N A N T E
: Internet échappe à votre contrôle également ?
U N
: Non, mais tout ce qui est de l’ordre des liens contextuels, etc.
L ’ I N T E R V E N A N T E
: Une rédaction qui accepte des com-éditos ne va évidemment… Imaginons qu’un annonceur ait un ennui, il n’en sera pas question dans ce journal ! C’est gravissime.
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T
: Tu fais une probabilité forte.
: Une rédaction qui accepte des com-éditos ne va évidemment… Imaginons qu’un annonceur ait un ennui, il n’en sera pas question dans ce journal ! C’est gravissime.
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Le chef de publicité va vendre une publicité à un sponsor qui lui dit que, finalement, il préfère un publi-reportage. Il va chercher à vendre à tout prix et, ensuite, la rédaction est obligée de s’exécuter.
: Le chef de publicité va vendre une publicité à un sponsor qui lui dit que, finalement, il préfère un publi-reportage. Il va chercher à vendre à tout prix et, ensuite, la rédaction est obligée de s’exécuter.
U N E
I N T E R V E N A N T E
[…]
“
[…] : Cela irait plus vite de dire ce que vous contrôlez, finalement.
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Nous contrôlons les médias classiques : la télévision, l’affichage avec des moyens différents puisque la télévision est davantage contrôlée que les autres supports, les radios, Internet, avec les limites du système puisque nous sommes dans un système international qui est compliqué à contrôler. L’État ne peut pas tout faire non plus. Il faut réunir également les moyens.
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
Y V A N
F O S S A T I
: Une publicité anti-pubs aurait été refusée, monsieur Gradis ?
, militant anti-publicitaire : Oui, en 1999, Casseurs de pub a soumis au BVP un spot publicitaire pour l’autorisation de passer sur une chaîne. Cela a été refusé parce que… n’avait rien à voir.
G R A D I S
[…] M O N I C A
F O S S A T I
: Avez-vous une dernière question avant de laisser le mot de la fin à
M. Gradis ? Y V A N
: Sur l’affichage, le levier des élus, vous avez parlé de l’Association des maires de France, tout le monde est d’accord pour que l’affichage illégal disparaisse. Je suppose que vous travaillez sur des leviers et des actions.
G R A D I S
Le levier, c’est une bande de peinture.
Tout le monde est d’accord pour que l’affichage illégal disparaisse”
235
©
Le président de la République a dénoncé lui-même, dans sa profession de foi de candidat, avant qu’il ne devienne président… Il a parlé de pollution. Cela va jusqu’au président.
Toute la classe politique tient le même langage : la France est une exception en matière de langage publicitaire, c’est une catastrophe, etc., mais rien n’est fait parce qu’il y a des intérêts en jeu. Et surtout le grand coupable… Je ne jette jamais la pierre ni aux élus, ni aux fonctionnaires - je ne suis pas un adepte du “tous pourris” - ni aux publicitaires qui ont bien raison de s’en mettre plein les poches tant qu’on les laisse faire, mais je la jette aux gens comme moi quand ils n’agissent pas, c’est-à-dire les gens qui souffrent considérablement de l’agression publicitaire et qui ne font rien. U N
: Vous avez raison, mais nous avons vu que la modification du règlement publicitaire pourrait aboutir à 40 % de moins de panneaux dans une ville comme Limoges.
I N T E R V E N A N T
ACIDD et Comité 21
: Tu fais une probabilité forte.
[…]
I N T E R V E N A N T E
M O N I C A
: Non, mais tout ce qui est de l’ordre des liens contextuels, etc.
U N E
[…] U N E
: Internet échappe à votre contrôle également ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Nous contrôlons les médias classiques : la télévision, l’affichage avec des moyens différents puisque la télévision est davantage contrôlée que les autres supports, les radios, Internet, avec les limites du système puisque nous sommes dans un système international qui est compliqué à contrôler. L’État ne peut pas tout faire non plus. Il faut réunir également les moyens.
M O N I C A
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: Cela irait plus vite de dire ce que vous contrôlez, finalement.
Y V A N
F O S S A T I
: Une publicité anti-pubs aurait été refusée, monsieur Gradis ?
, militant anti-publicitaire : Oui, en 1999, Casseurs de pub a soumis au BVP un spot publicitaire pour l’autorisation de passer sur une chaîne. Cela a été refusé parce que… n’avait rien à voir.
G R A D I S
[…] M O N I C A
F O S S A T I
: Avez-vous une dernière question avant de laisser le mot de la fin à
M. Gradis ? Y V A N
: Sur l’affichage, le levier des élus, vous avez parlé de l’Association des maires de France, tout le monde est d’accord pour que l’affichage illégal disparaisse. Je suppose que vous travaillez sur des leviers et des actions.
G R A D I S
Le levier, c’est une bande de peinture.
Tout le monde est d’accord pour que l’affichage illégal disparaisse”
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Le président de la République a dénoncé lui-même, dans sa profession de foi de candidat, avant qu’il ne devienne président… Il a parlé de pollution. Cela va jusqu’au président.
Toute la classe politique tient le même langage : la France est une exception en matière de langage publicitaire, c’est une catastrophe, etc., mais rien n’est fait parce qu’il y a des intérêts en jeu. Et surtout le grand coupable… Je ne jette jamais la pierre ni aux élus, ni aux fonctionnaires - je ne suis pas un adepte du “tous pourris” - ni aux publicitaires qui ont bien raison de s’en mettre plein les poches tant qu’on les laisse faire, mais je la jette aux gens comme moi quand ils n’agissent pas, c’est-à-dire les gens qui souffrent considérablement de l’agression publicitaire et qui ne font rien. U N
: Vous avez raison, mais nous avons vu que la modification du règlement publicitaire pourrait aboutir à 40 % de moins de panneaux dans une ville comme Limoges.
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: Pour éviter les dérives qui Pour éviter les dérives aboutissent à 40 % de panneaux illégaux, il qui aboutissent à 40 % faut augmenter le niveau des sanctions. de panneaux illégaux, Comme le disait Yvan, un publicitaire ou un afficheur, globalement, a intérêt à attendre il faut augmenter parce que, pendant ce temps, il loue la surle niveau des sanctions” face. Ce qu’il récupère est sans commune mesure avec la sanction financière s’il arrive à le maintenir deux ou trois ans. En attendant le retour du tribunal administratif, il rentre trois ou quatre fois dans ses frais.
U N
I N T E R V E N A N T
: Le philosophe Michel Serres, de l’Académie française, s’est étonné que des foules, et ce sont ses mots : “…en proie à une ire prophétique, ne descendent pas dans la rue pour brûler les panneaux et leurs auteurs au milieu”. “Le Monde de l’éducation”, septembre 1997.
U N
I N T E R V E N A N T
U N
I N T E R V E N A N T
U N
I N T E R V E N A N T
: Le philosophe Michel Serres, de l’Académie française, s’est étonné que des foules, et ce sont ses mots : “…en proie à une ire prophétique, ne descendent pas dans la rue pour brûler les panneaux et leurs auteurs au milieu”. “Le Monde de l’éducation”, septembre 1997.
J’adhère totalement à cette phrase. Tant que la foule ne descendra pas dans la rue pour mettre à bas ces publicités, la classe politique ne bougera pas. U N E
I N T E R V E N A N T E
J’adhère totalement à cette phrase. Tant que la foule ne descendra pas dans la rue pour mettre à bas ces publicités, la classe politique ne bougera pas.
: C’est ce qui s’est passé pour les panneaux Mac Do.
U N E
I N T E R V E N A N T E
(…) : Le philosophe en question, depuis qu’il a écrit cette fameuse phrase, nous a interdit de citer cette phrase en public.
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: Le philosophe en question, depuis qu’il a écrit cette fameuse phrase, nous a interdit de citer cette phrase en public.
L ’ I N T E R V E N A N T
(Plusieurs intervenants parlent en même temps, inaudible.) : C’est le mot de la fin.
F O S S A T I
ACIDD et Comité 21
: C’est ce qui s’est passé pour les panneaux Mac Do.
(…)
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M O N I C A
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: Pour éviter les dérives qui Pour éviter les dérives aboutissent à 40 % de panneaux illégaux, il qui aboutissent à 40 % faut augmenter le niveau des sanctions. de panneaux illégaux, Comme le disait Yvan, un publicitaire ou un afficheur, globalement, a intérêt à attendre il faut augmenter parce que, pendant ce temps, il loue la surle niveau des sanctions” face. Ce qu’il récupère est sans commune mesure avec la sanction financière s’il arrive à le maintenir deux ou trois ans. En attendant le retour du tribunal administratif, il rentre trois ou quatre fois dans ses frais.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
M O N I C A
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(Plusieurs intervenants parlent en même temps, inaudible.) : C’est le mot de la fin.
F O S S A T I
ACIDD et Comité 21
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ATELIER 3.2
3.2 “La transparence comme outil”
3.2 “La transparence comme outil”
H É L È N E
D U P L E S S I S , journaliste : Je vais animer cet atelier en compagnie de JeanLuc Martin-Lagardette. Il a de nombreuses publications à son actif sur le thème de la transparence de la presse. Il est rare de voir un journaliste parler de transparence car l’omerta, chez nous, est quelque chose que nous vivons au quotidien.
H É L È N E
Jean-Luc Martin-Lagardette, qu’entendez-vous par transparence, car nous pouvons tous la concevoir de manière différente?
Jean-Luc Martin-Lagardette, qu’entendez-vous par transparence, car nous pouvons tous la concevoir de manière différente?
M A R T I N - L A G A R D E T T E , journaliste : En France, il existe essentiellement une loi, celle du 17 juillet 1978 sur la transparence administrative. Elle fonde la politique et la conception du droit français sur l’accès du citoyen aux documents administratifs des collectivités locales, territoriales, de l’État, etc. Ce sont des bases juridiques sur l’accès du citoyen à l’information mais elles concernent essentiellement l’information fournie par les Pouvoirs publics.
M A R T I N - L A G A R D E T T E , journaliste : En France, il existe essentiellement une loi, celle du 17 juillet 1978 sur la transparence administrative. Elle fonde la politique et la conception du droit français sur l’accès du citoyen aux documents administratifs des collectivités locales, territoriales, de l’État, etc. Ce sont des bases juridiques sur l’accès du citoyen à l’information mais elles concernent essentiellement l’information fournie par les Pouvoirs publics.
J E A N - L U C
“
Si vous êtes intéressés par cette question, je vous conseille une instance qui s’appelle la CADA, la Commission d’accès aux documents administratifs. Elle produit tous les ans un rapport sur son activité. Par exemple, si vous voulez consulter un document d’urbanisme dans votre quartier, le service urbanisme de votre mairie peut vous le refuser. La culture du secret est très forte en France. Vous pouvez demander à cette instance de trancher. Ils vont analyser…
JEAN-LUC MARTIN-LAGARDETTE
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Je vous conseille de télécharger sur le site www. cada.fr, les actes d’un colloque qui a eu lieu voici deux ans sur la transparence et le secret. C’est une étude assez approfondie sur ces deux notions dans le droit français. Elle est très intéressante parce qu’assez objective et les limites de l’action menée par les Pouvoirs publics dans ce domaine sont aussi tracées. C’est très intéressant à étudier. Ceci étant dit, je voudrais vous donner quelques points de repère sur la façon dont la presse travaille.
Hélène Duplessis vient de préciser que, dans le métier, nous avons l’habitude de ne pas parler de la façon dont nous travaillons. C’est très ennuyeux. C’est une sorte de boîte noire qui n’est connue que des professionnels et de leurs partenaires. Elle est rarement décryptée pour le grand public qui ne sait pas comment se construit l’information. Or, dans un bref rappel, je voudrais dire que la qualité de l’information conditionne la qualité du débat public. L’opinion publique se forme à partir des informations diffusées dans la grande presse. Je parle bien de la grande presse, c’est-à-dire la presse quotidienne nationale.
ACIDD et Comité 21
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Si vous êtes intéressés par cette question, je vous conseille une instance qui s’appelle la CADA, la Commission d’accès aux documents administratifs. Elle produit tous les ans un rapport sur son activité. Par exemple, si vous voulez consulter un document d’urbanisme dans votre quartier, le service urbanisme de votre mairie peut vous le refuser. La culture du secret est très forte en France. Vous pouvez demander à cette instance de trancher. Ils vont analyser… […]
JOURNALISTE
La qualité de l’information conditionne la qualité du débat public”
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J E A N - L U C
JEAN-LUC MARTIN-LAGARDETTE
[…]
JOURNALISTE
D U P L E S S I S , journaliste : Je vais animer cet atelier en compagnie de JeanLuc Martin-Lagardette. Il a de nombreuses publications à son actif sur le thème de la transparence de la presse. Il est rare de voir un journaliste parler de transparence car l’omerta, chez nous, est quelque chose que nous vivons au quotidien.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Je vous conseille de télécharger sur le site www. cada.fr, les actes d’un colloque qui a eu lieu voici deux ans sur la transparence et le secret. C’est une étude assez approfondie sur ces deux notions dans le droit français. Elle est très intéressante parce qu’assez objective et les limites de l’action menée par les Pouvoirs publics dans ce domaine sont aussi tracées. C’est très intéressant à étudier.
La qualité de l’information conditionne la qualité du débat public”
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Ceci étant dit, je voudrais vous donner quelques points de repère sur la façon dont la presse travaille.
Hélène Duplessis vient de préciser que, dans le métier, nous avons l’habitude de ne pas parler de la façon dont nous travaillons. C’est très ennuyeux. C’est une sorte de boîte noire qui n’est connue que des professionnels et de leurs partenaires. Elle est rarement décryptée pour le grand public qui ne sait pas comment se construit l’information. Or, dans un bref rappel, je voudrais dire que la qualité de l’information conditionne la qualité du débat public. L’opinion publique se forme à partir des informations diffusées dans la grande presse. Je parle bien de la grande presse, c’est-à-dire la presse quotidienne nationale.
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Je parlerai ici essentiellement de la presse écrite pour une raison essentielle. Grâce à Internet, de nouveaux modes de communication se développent. Des citoyens font des blogs dans lesquels ils apportent une information inédite qui n’est pas véhiculée par les grands médias. Des associations de défense de différents domaines, de l’environnement ou du développement durable, par exemple, publient des petites brochures militantes et parviennent à diffuser une information différente. C’est, en quelque sorte, une “alter-information”, entre guillemets.
Je parlerai ici essentiellement de la presse écrite pour une raison essentielle. Grâce à Internet, de nouveaux modes de communication se développent. Des citoyens font des blogs dans lesquels ils apportent une information inédite qui n’est pas véhiculée par les grands médias. Des associations de défense de différents domaines, de l’environnement ou du développement durable, par exemple, publient des petites brochures militantes et parviennent à diffuser une information différente. C’est, en quelque sorte, une “alter-information”, entre guillemets.
Cependant, pour des changements politiques amenant des transformations réglementaires et législatives, il est nécessaire que ces informations passent dans la grande presse. Si elles ne sont pas validées par cette dernière, elles ne sont pas reprises par les pouvoirs politiques. Je schématise, mais c’est le problème essentiel. Une information qui n’est diffusée que sur Internet ou dans les journaux militants n’accède pas à la crédibilité attendue par le citoyen, ce qui lui permet de dire que c’est vraiment un sujet au statut d’information importante, digne de d’analyse ou de débat dont il faut se préoccuper…
Cependant, pour des changements politiques amenant des transformations réglementaires et législatives, il est nécessaire que ces informations passent dans la grande presse. Si elles ne sont pas validées par cette dernière, elles ne sont pas reprises par les pouvoirs politiques. Je schématise, mais c’est le problème essentiel. Une information qui n’est diffusée que sur Internet ou dans les journaux militants n’accède pas à la crédibilité attendue par le citoyen, ce qui lui permet de dire que c’est vraiment un sujet au statut d’information importante, digne de d’analyse ou de débat dont il faut se préoccuper…
Même si l’information est vraie et pertinente, tant que la grande presse ne la reprend pas, elle a très peu de chance d’inciter à une transformation politique et juridique. Malheureusement, c’est ainsi que nous fonctionnons en France. Alors que c’est absolument indispensable pour faire avancer les choses dans n’importe quel domaine.
La transparence dont je vais parler concerne la façon dont les médias construisent leur information. Tout ceci constitue une grande difficulté. On peut penser qu’il existe une certaine pudeur à parler de soi mais les médias parlent rarement de leurs confrères parce qu’ils savent bien, en cas de Une information qui n’est diffusée que sur Internet critique, que l’autre a une puissance de tir équivalente à la sienne. C’est ou dans les journaux militants n’accède une nuisance qui peut se retourner pas à la crédibilité attendue par le citoyen” un jour contre lui-même. Chacun se tient donc plutôt tranquille. Nous n’étalons pas nos dissensions sur la place publique. Si nous sommes interpellés par le public, nous parlons d’une voix commune en revendiquant la liberté d’expression et le linge sale est lavé en famille. Je ne critique pas la presse particulièrement, c’est la même chose dans beaucoup de corporations, mais c’est particulièrement vrai pour la presse. H É L È N E
D U P L E S S I S : Si les organes de presse ne s’expriment pas, les journalistes non plus car la situation de nombre d’entre eux est souvent difficile. Il existe de grandes douleurs dans ce métier qui ne sont exprimées ni par l’individu, ni par le collectif.
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La transparence dont je vais parler concerne la façon dont les médias construisent leur information. Tout ceci constitue une grande difficulté. On peut penser qu’il existe une certaine pudeur à parler de soi mais les médias parlent rarement de leurs confrères parce qu’ils savent bien, en cas de Une information qui n’est diffusée que sur Internet critique, que l’autre a une puissance de tir équivalente à la sienne. C’est ou dans les journaux militants n’accède une nuisance qui peut se retourner pas à la crédibilité attendue par le citoyen” un jour contre lui-même.
Vu la précarité des contrats - c’est aussi l’un des sujets dont nous parlerons - les journalistes sont dans l’incapacité d’exprimer leur mécontentement ou leurs difficultés. Ils subissent une pression qui les empêche de s’exprimer sur le sujet. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Ce que je vais dire est un peu caricatural mais c’est pour les besoins de la cause et pour faire passer quelques idées. Je vais donc forcer un peu le trait mais il faudra relativiser ce que je vais dire.
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H É L È N E
D U P L E S S I S : Si les organes de presse ne s’expriment pas, les journalistes non plus car la situation de nombre d’entre eux est souvent difficile. Il existe de grandes douleurs dans ce métier qui ne sont exprimées ni par l’individu, ni par le collectif.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Ce que je vais dire est un peu caricatural mais c’est pour les besoins de la cause et pour faire passer quelques idées. Je vais donc forcer un peu le trait mais il faudra relativiser ce que je vais dire.
J E A N - L U C
La presse est sinistrée et elle a un comportement suicidaire. C’est très grave pour la démocratie. Beaucoup d’informations pertinentes et utiles pour le bien commun sont masquées, volontairement ou plus ou moins consciemment, par le système médiatique. Je le dis en tant que journaliste et citoyen. Je vais l’illustrer et essayer de faire comprendre comment cela fonctionne.
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Chacun se tient donc plutôt tranquille. Nous n’étalons pas nos dissensions sur la place publique. Si nous sommes interpellés par le public, nous parlons d’une voix commune en revendiquant la liberté d’expression et le linge sale est lavé en famille. Je ne critique pas la presse particulièrement, c’est la même chose dans beaucoup de corporations, mais c’est particulièrement vrai pour la presse.
Vu la précarité des contrats - c’est aussi l’un des sujets dont nous parlerons - les journalistes sont dans l’incapacité d’exprimer leur mécontentement ou leurs difficultés. Ils subissent une pression qui les empêche de s’exprimer sur le sujet.
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Même si l’information est vraie et pertinente, tant que la grande presse ne la reprend pas, elle a très peu de chance d’inciter à une transformation politique et juridique. Malheureusement, c’est ainsi que nous fonctionnons en France. Alors que c’est absolument indispensable pour faire avancer les choses dans n’importe quel domaine.
La presse est sinistrée et elle a un comportement suicidaire. C’est très grave pour la démocratie. Beaucoup d’informations pertinentes et utiles pour le bien commun sont masquées, volontairement ou plus ou moins consciemment, par le système médiatique. Je le dis en tant que journaliste et citoyen. Je vais l’illustrer et essayer de faire comprendre comment cela fonctionne.
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Vous connaissez tous Daniel Schneidermann, ex-chroniqueur au “Monde” qui a été licencié parce qu’il avait pris position dans le débat après la parution du livre de MM. Péan et Cohen. Ceux-ci critiquaient les dérives du journal “Le Monde” par rapport à ses objectifs d’origine. Il a été licencié sur la base d’un texte juridique, la convention collective nationale des journalistes, qui est un compromis auquel est arrivée une société, à un moment donné, pour définir où il était juste d’aller en matière de droit, de liberté, etc. Cette convention collective nationale des journalistes recèle un article qui précise que le journaliste est libre Le journaliste, d’exprimer son opinion tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du journal, du moment avant d’être un auteur que cette expression ne nuit en aucun à qui on verse des droits, cas aux intérêts du journal. C’est à ce est surtout un employé” titre que Daniel Schneidermann a été licencié.
Vous connaissez tous Daniel Schneidermann, ex-chroniqueur au “Monde” qui a été licencié parce qu’il avait pris position dans le débat après la parution du livre de MM. Péan et Cohen. Ceux-ci critiquaient les dérives du journal “Le Monde” par rapport à ses objectifs d’origine. Il a été licencié sur la base d’un texte juridique, la convention collective nationale des journalistes, qui est un compromis auquel est arrivée une société, à un moment donné, pour définir où il était juste d’aller en matière de droit, de liberté, etc. Cette convention collective nationale des journalistes recèle un article qui précise que le journaliste est libre Le journaliste, d’exprimer son opinion tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du journal, du moment avant d’être un auteur que cette expression ne nuit en aucun à qui on verse des droits, cas aux intérêts du journal. C’est à ce est surtout un employé” titre que Daniel Schneidermann a été licencié.
Mais s’agit-il des intérêts du journal en tant qu’entreprise privée indépendante, avec une volonté prioritaire de faire du profit, ou en tant que dépositaire d’une mission d’intérêt service public ayant pour mission d’aider le citoyen à comprendre ce monde dans lequel il vit ? Il semble que la première option soit la bonne.
Mais s’agit-il des intérêts du journal en tant qu’entreprise privée indépendante, avec une volonté prioritaire de faire du profit, ou en tant que dépositaire d’une mission d’intérêt service public ayant pour mission d’aider le citoyen à comprendre ce monde dans lequel il vit ? Il semble que la première option soit la bonne.
Heureusement, Daniel Schneidermann a saisi les Prud’hommes et a obtenu gain de cause. C’est très positif, cela veut dire que des contre-pouvoirs permettent quelques ouvertures. Mais cela reste marginal et ce système de régulation ne se met en place que dans des cas extrêmes.
Heureusement, Daniel Schneidermann a saisi les Prud’hommes et a obtenu gain de cause. C’est très positif, cela veut dire que des contre-pouvoirs permettent quelques ouvertures. Mais cela reste marginal et ce système de régulation ne se met en place que dans des cas extrêmes.
Mais, au jour le jour, le journaliste ne va pas risquer un licenciement en parlant ouvertement, surtout quand on est au “Monde” depuis des années. Daniel Schneidermann a été courageux, mais il pensait sincèrement que cela méritait un débat public. Le journal a dit que cela nuisait à ses intérêts. Cette interprétation a été rectifiée par les Prud’hommes. Mais “Le Monde” ayant fait appel, ce n’est pas fini.
Mais, au jour le jour, le journaliste ne va pas risquer un licenciement en parlant ouvertement, surtout quand on est au “Monde” depuis des années. Daniel Schneidermann a été courageux, mais il pensait sincèrement que cela méritait un débat public. Le journal a dit que cela nuisait à ses intérêts. Cette interprétation a été rectifiée par les Prud’hommes. Mais “Le Monde” ayant fait appel, ce n’est pas fini.
Les médias n’ont pas fait grand cas de cette affaire. Or elle touche de grands enjeux : la liberté d’expression et le droit du citoyen à être informé impartialement. “Le Monde” étant un organe de référence, il est important que nous sachions comment il fonctionne.
Les médias n’ont pas fait grand cas de cette affaire. Or elle touche de grands enjeux : la liberté d’expression et le droit du citoyen à être informé impartialement. “Le Monde” étant un organe de référence, il est important que nous sachions comment il fonctionne.
Ce problème met le point sur quelque chose d’important ; le journaliste, avant d’être un auteur à qui on verse des droits, est surtout un employé. En tant que tel, il a le devoir d’obéissance et de secret professionnel à l’égard de son patron. La transparence est donc limitée de ce point de vue. Le journaliste n’a pas plus le devoir ou le droit de transparence sur les activités de son propre média que n’importe quel employé. Si le journal n’est pas d’accord pour publier telle ou telle information, pourtant d’intérêt général, le journaliste ne peut pas revendiquer le droit du public à savoir ce qui se passe, puisque le journal a quelque part une mission de service public, si le journal n’est pas d’accord…
Ce problème met le point sur quelque chose d’important ; le journaliste, avant d’être un auteur à qui on verse des droits, est surtout un employé. En tant que tel, il a le devoir d’obéissance et de secret professionnel à l’égard de son patron. La transparence est donc limitée de ce point de vue. Le journaliste n’a pas plus le devoir ou le droit de transparence sur les activités de son propre média que n’importe quel employé. Si le journal n’est pas d’accord pour publier telle ou telle information, pourtant d’intérêt général, le journaliste ne peut pas revendiquer le droit du public à savoir ce qui se passe, puisque le journal a quelque part une mission de service public, si le journal n’est pas d’accord…
D U P L E S S I S : La seule liberté, c’est une facilité de départ puisque nous avons la clause de conscience.
H É L È N E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Oui, mais elle ne joue que dans des cas extrêmes, lorsque le directeur ou la ligne éditoriale change, ou que le journal change d’orientation.
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D U P L E S S I S : La seule liberté, c’est une facilité de départ puisque nous avons la clause de conscience. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Oui, mais elle ne joue que dans des cas extrêmes, lorsque le directeur ou la ligne éditoriale change, ou que le journal change d’orientation.
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D U P L E S S I S : “Le Figaro”, qui a récemment été repris par le groupe Dassault, a vu beaucoup de journalistes partir.
J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: Oui, c’était un changement important
dans l’organisation du journal. Dans beaucoup de professions, il existe des moyens de médiation avec des personnes indépendantes qui ne sont pas juge et partie et qui peuvent faire valoir le droit et la jurisprudence. Dans la presse, cela n’existe pas. Au sortir de la guerre, les patrons de presse, journalistes résistants, avaient imaginé la création d’un conseil de l’ordre des journalistes. C’était une culture où la notion d’assainissement, pour les financements et la défense de l’intérêt général, était beaucoup plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il leur paraissait vital de formaliser une déontologie claire et de se donner les moyens de la faire respecter. Mais ils ne réussirent pas à faire voter cette régulation. Je ne réclame pas, bien sûr, un conseil de l’ordre. Mais, à part le CSA pour l’audio-visuel qui peut trancher sur des questions déontologiques, nous n’avons rien, ni personne. Il existe une charte du journaliste dans laquelle il est dit que tous ces problèmes sont traités entre les pairs. Cela signifie que les journalistes auraient dû s’organiser pour empêcher les moutons noirs, les dérives, les fausses interviews, les manipulations, la publicité déguisée et permettre aux citoyens de revendiquer certaines choses. En fait, dans ce domaine, c’est le laxisme et la licence. Rien, hormis le cas échéant les tribunaux, ne permet de corriger les dérives médiatiques.
Au sortir de la guerre, les patrons de presse, journalistes résistants, avaient imaginé la création d’un conseil de l’ordre des journalistes”
H É L È N E
D U P L E S S I S : Je vais illustrer ce point par une anecdote très personnelle. JeanLuc dit que le journaliste devrait pouvoir s’exprimer sur ce qu’il observe à l’intérieur de son journal. Par exemple, j’ai passé trois ans avec un faux contrat de pigiste, comme cela se fait beaucoup en télévision. Ces contrats ne sont pas vraiment légaux mais tolérés.
H É L È N E
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M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il faut savoir que les journalistes sont de plus en plus des pigistes, comme moi, c’est-à-dire des gens corvéables à merci. On peut les employer un jour et pas le lendemain. Théoriquement, un journaliste qui travaille régulièrement sous cette forme est considéré comme un salarié à plein temps. Mais, pour cela, il faut se battre, notamment avec les Prud’hommes. Dans la profession, l’habitude est de prendre un journaliste quand on en a envie, de le laisser s’il ne convient pas ou s’il y a une baisse d’activité, ou encore si on préfère un autre journaliste.
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: Oui, c’était un changement important
Dans beaucoup de professions, il existe des moyens de médiation avec des personnes indépendantes qui ne sont pas juge et partie et qui peuvent faire valoir le droit et la jurisprudence. Dans la presse, cela n’existe pas. Au sortir de la guerre, les patrons de presse, journalistes résistants, avaient imaginé la création d’un conseil de l’ordre des journalistes. C’était une culture où la notion d’assainissement, pour les financements et la défense de l’intérêt général, était beaucoup plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il leur paraissait vital de formaliser une déontologie claire et de se donner les moyens de la faire respecter. Mais ils ne réussirent pas à faire voter cette régulation. Je ne réclame pas, bien sûr, un conseil de l’ordre. Mais, à part le CSA pour l’audio-visuel qui peut trancher sur des questions déontologiques, nous n’avons rien, ni personne. Il existe une charte du journaliste dans laquelle il est dit que tous ces problèmes sont traités entre les pairs. Cela signifie que les journalistes auraient dû s’organiser pour empêcher les moutons noirs, les dérives, les fausses interviews, les manipulations, la publicité déguisée et permettre aux citoyens de revendiquer certaines choses. En fait, dans ce domaine, c’est le laxisme et la licence. Rien, hormis le cas échéant les tribunaux, ne permet de corriger les dérives médiatiques.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Je vais illustrer ce point par une anecdote très personnelle. JeanLuc dit que le journaliste devrait pouvoir s’exprimer sur ce qu’il observe à l’intérieur de son journal. Par exemple, j’ai passé trois ans avec un faux contrat de pigiste, comme cela se fait beaucoup en télévision. Ces contrats ne sont pas vraiment légaux mais tolérés.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il faut savoir que les journalistes sont de plus en plus des pigistes, comme moi, c’est-à-dire des gens corvéables à merci. On peut les employer un jour et pas le lendemain. Théoriquement, un journaliste qui travaille régulièrement sous cette forme est considéré comme un salarié à plein temps. Mais, pour cela, il faut se battre, notamment avec les Prud’hommes. Dans la profession, l’habitude est de prendre un journaliste quand on en a envie, de le laisser s’il ne convient pas ou s’il y a une baisse d’activité, ou encore si on préfère un autre journaliste.
J E A N - L U C
Il existe une très grande précarité. Des livres ont été écrits sur la réalité du métier1. Le journaliste, en tant que professionnel, n’a pas le moyen d’une tribune pour s’affirmer, pour s’exprimer face à l’éditeur, aux médias ou à l’employeur, pour alerter le citoyen.
ACIDD et Comité 21
M A R T I N - L A G A R D E T T E
dans l’organisation du journal.
C’était une société de production qui travaillait beaucoup pour TF1 et la Cinquième. Au bout de cette période, je suis tombée enceinte et je me suis retrouvée sans travail du jour au lendemain, sans aucun moyen de me retourner. Heureusement, j’ai pu m’inscrire aux Assédic. Je me suis retrouvée au chômage, parce que j’attendais un enfant, après trois ans de travail à plein temps. Je faisais largement plus que ce qui m’était demandé en travaillant bien souvent douze heures par jour. Dans ces conditions, il devient difficile de s’exprimer sur les difficultés que l’on rencontre. Il faut noter que je n’étais pas dans un petit organe de presse qui n’a que trois francs six sous pour vivre.
J E A N - L U C
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J E A N - L U C
Au sortir de la guerre, les patrons de presse, journalistes résistants, avaient imaginé la création d’un conseil de l’ordre des journalistes”
C’était une société de production qui travaillait beaucoup pour TF1 et la Cinquième. Au bout de cette période, je suis tombée enceinte et je me suis retrouvée sans travail du jour au lendemain, sans aucun moyen de me retourner. Heureusement, j’ai pu m’inscrire aux Assédic. Je me suis retrouvée au chômage, parce que j’attendais un enfant, après trois ans de travail à plein temps. Je faisais largement plus que ce qui m’était demandé en travaillant bien souvent douze heures par jour. Dans ces conditions, il devient difficile de s’exprimer sur les difficultés que l’on rencontre. Il faut noter que je n’étais pas dans un petit organe de presse qui n’a que trois francs six sous pour vivre.
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D U P L E S S I S : “Le Figaro”, qui a récemment été repris par le groupe Dassault, a vu beaucoup de journalistes partir.
Il existe une très grande précarité. Des livres ont été écrits sur la réalité du métier1. Le journaliste, en tant que professionnel, n’a pas le moyen d’une tribune pour s’affirmer, pour s’exprimer face à l’éditeur, aux médias ou à l’employeur, pour alerter le citoyen.
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On observe de plus en plus de concentrations ; les employeurs sont des grandes entreprises visant les marchés de l’État, exerçant dans l’armement, etc. C’est la prise en main des moyens de communication par un secteur de la société qui, de ce fait, s’occulte par autocensure. Le groupe Lagardère a mis en place ce monstre au travers de Hachette et avait acquis beaucoup de journaux. À l’époque on avait surnommé Hachette “la pieuvre”. U N
I N T E R V E N A N T
On observe de plus en plus de concentrations ; les employeurs sont des grandes entreprises visant les marchés de l’État, exerçant dans l’armement, etc. C’est la prise en main des moyens de communication par un secteur de la société qui, de ce fait, s’occulte par autocensure. Le groupe Lagardère a mis en place ce monstre au travers de Hachette et avait acquis beaucoup de journaux. À l’époque on avait surnommé Hachette “la pieuvre”.
: C’est un vendeur d’armes également.
U N
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Oui. Ces acteurs ont beaucoup de filiales. Le groupe Lagardère vient d’entrer dans le journal “Le Monde”. Est-ce que les journalistes du “Monde”, dont les patrons font maintenant partie du groupe, vont choisir d’enquêter sur celui-ci et d’éventuels pots-de-vin ? Théoriquement oui, puisque la grande force des patrons est de dire que les journalistes sont responsables de ce qu’ils écrivent et qu’ils n’interviennent directement pas dans les orientations. Mais le journaliste qui tient à garder sa place va s’autocensurer. La pression est énorme.
I N T E R V E N A N T
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Oui. Ces acteurs ont beaucoup de filiales. Le groupe Lagardère vient d’entrer dans le journal “Le Monde”. Est-ce que les journalistes du “Monde”, dont les patrons font maintenant partie du groupe, vont choisir d’enquêter sur celui-ci et d’éventuels pots-de-vin ? Théoriquement oui, puisque la grande force des patrons est de dire que les journalistes sont responsables de ce qu’ils écrivent et qu’ils n’interviennent directement pas dans les orientations. Mais le journaliste qui tient à garder sa place va s’autocensurer. La pression est énorme.
J E A N - L U C
J E A N - L U C
Je constate qu’il n’existe en France aucune flexibilité entre les syndicats, les journalistes et les patrons. Il faut avoir un langage assez cohérent et j’ai constaté, notamment avec “France Soir”, que les syndicats portaient davantage leur pouvoir que le talent des journalistes. Finalement, ils restent des pigistes qui n’ont qu’un contrat de “ménagère”.
Je constate qu’il n’existe en France aucune flexibilité entre les syndicats, les journalistes et les patrons. Il faut avoir un langage assez cohérent et j’ai constaté, notamment avec “France Soir”, que les syndicats portaient davantage leur pouvoir que le talent des journalistes. Finalement, ils restent des pigistes qui n’ont qu’un contrat de “ménagère”.
: J’ai connu, en presse nationale, des contrats de techniciens de surface.
I N T E R V E N A N T E
A : Édipresse, le troisième groupe de presse européen, premier groupe de presse roman, ne veut pas investir en France à cause d’une trop grande rigidité. C’est bien dommage, parce que ce sont des groupes qui, face à des gens comme Dassault ou Lagardère… Édipresse et Dassault sont un peu en guerre car ce dernier veut venir sur le marché des TIC.
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T E
B
J’espère qu’Édipresse pourra arriver sur le marché pour “sauver”, entre guillemets, un en-tête. Il faut également faire confiance à ceux qui vont investir. Au départ, c’est toujours une démarche positive et les journalistes doivent se dire que cela peut leur donner du travail, au lieu de rentrer en guerre systématiquement avec les gens d’argent. M A R T I N - L A G A R D E T T E : C’est vrai que la culture managériale de la plupart des journalistes est plutôt pauvre et cela doit évoluer. À une condition qui n’est malheureusement pas acquise aujourd’hui. Il ne faut pas confondre information et la communication, c’est-à-dire le divertissement. Mais, celui qui veut investir dans la presse doit absolument reconnaître, avant toute chose, que son employé, le journaliste, a aussi une mission d’intérêt public. Il ne peut le considérer simplement comme un employé dont il est maître.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : C’est vrai que la culture managériale de la plupart des journalistes est plutôt pauvre et cela doit évoluer. À une condition qui n’est malheureusement pas acquise aujourd’hui. Il ne faut pas confondre information et la communication, c’est-à-dire le divertissement. Mais, celui qui veut investir dans la presse doit absolument reconnaître, avant toute chose, que son employé, le journaliste, a aussi une mission d’intérêt public. Il ne peut le considérer simplement comme un employé dont il est maître.
J E A N - L U C
: Tout dépend également du rédacteur en chef et de celui qui
H É L È N E
aura le pouvoir.
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D U P L E S S I S
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Le rédacteur en chef ou le directeur de la rédaction est souvent un manager (qui privilégiera donc la gestion) et rarement un journaliste (pour qui la qualité de l’information est primordiale).
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M A R T I N - L A G A R D E T T E : Le rédacteur en chef ou le directeur de la rédaction est souvent un manager (qui privilégiera donc la gestion) et rarement un journaliste (pour qui la qualité de l’information est primordiale).
: Si ce n’est que Caroline a tout à fait raison de signaler devoir compter avec le syndicat du livre, ce qui change complètement la donne. On a d’abord l’employeur, le syndicat du livre et le journaliste vient ensuite. C’est un filtre qui nous empêche….
U N E
I N T E R V E N A N T E
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: Tout dépend également du rédacteur en chef et de celui qui
aura le pouvoir.
J E A N - L U C
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: J’ai connu, en presse nationale, des contrats de techniciens de surface.
J’espère qu’Édipresse pourra arriver sur le marché pour “sauver”, entre guillemets, un en-tête. Il faut également faire confiance à ceux qui vont investir. Au départ, c’est toujours une démarche positive et les journalistes doivent se dire que cela peut leur donner du travail, au lieu de rentrer en guerre systématiquement avec les gens d’argent.
J E A N - L U C
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B
A : Édipresse, le troisième groupe de presse européen, premier groupe de presse roman, ne veut pas investir en France à cause d’une trop grande rigidité. C’est bien dommage, parce que ce sont des groupes qui, face à des gens comme Dassault ou Lagardère… Édipresse et Dassault sont un peu en guerre car ce dernier veut venir sur le marché des TIC.
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H É L È N E
: C’est un vendeur d’armes également.
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: Si ce n’est que Caroline a tout à fait raison de signaler devoir compter avec le syndicat du livre, ce qui change complètement la donne. On a d’abord l’employeur, le syndicat du livre et le journaliste vient ensuite. C’est un filtre qui nous empêche….
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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A : Nous nous concentrons un peu trop sur le statut du journaliste. Le thème est la transparence. Cela veut dire que c’est de l’autocensure…
I N T E R V E N A N T
I N T E R V E N A N T E
U N
: C’est directement lié à la transparence.
U N E
A : J’ai bien compris ce que vous disiez. L’autocensure signifie qu’il n’y a aucune transparence. Par exemple, nous n’aurons jamais de transparence dans le domaine de l’armement.
A : Nous nous concentrons un peu trop sur le statut du journaliste. Le thème est la transparence. Cela veut dire que c’est de l’autocensure…
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A : J’ai bien compris ce que vous disiez. L’autocensure signifie qu’il n’y a aucune transparence. Par exemple, nous n’aurons jamais de transparence dans le domaine de l’armement.
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Pour en revenir à l’environnement et au traitement des déchets, dans certains domaines de l’information… En 1995, “Capital” a passé un reportage sur le tri et le recyclage. Depuis le début, je suis l’un des acteurs de la montée en puissance du programme de tri des déchets. Il faut dire que ce reportage a été destructeur car, aujourd’hui encore, des gens se sont arrêtés à cette image.
Pour en revenir à l’environnement et au traitement des déchets, dans certains domaines de l’information… En 1995, “Capital” a passé un reportage sur le tri et le recyclage. Depuis le début, je suis l’un des acteurs de la montée en puissance du programme de tri des déchets. Il faut dire que ce reportage a été destructeur car, aujourd’hui encore, des gens se sont arrêtés à cette image.
J’ai été choqué par le reportage car, à l’époque, il existait en moyenne une trentaine de centres de tri en France, surtout un dont personne ne voulait entendre parler parce qu’il produisait de la cochonnerie, c’était le centre de tri de Dunkerque. À la première image du reportage, j’ai vu apparaître ce fameux centre de tri. Le Français qui ne connaissait rien au dossier a dû se dire que cela se passait ainsi dans tous les centres de tri en France.
J’ai été choqué par le reportage car, à l’époque, il existait en moyenne une trentaine de centres de tri en France, surtout un dont personne ne voulait entendre parler parce qu’il produisait de la cochonnerie, c’était le centre de tri de Dunkerque. À la première image du reportage, j’ai vu apparaître ce fameux centre de tri. Le Français qui ne connaissait rien au dossier a dû se dire que cela se passait ainsi dans tous les centres de tri en France.
C’est de la fausse transparence !
C’est de la fausse transparence !
Une autre image était extrêmement choquante. Les journalistes avaient filmé, dans un très beau restaurant, des élus d’une collectivité avec les gens de CITEC qui venaient d’obtenir le marché de vente des bacs roulants. Lorsqu’un fournisseur obtient un marché, il offre un restaurant à son client. Il n’y a pas de honte à cela. Or, le reportage tendait à dire : “Voyez comment les marchés sont négociés.”. Ce genre de transparence… H É L È N E
Une autre image était extrêmement choquante. Les journalistes avaient filmé, dans un très beau restaurant, des élus d’une collectivité avec les gens de CITEC qui venaient d’obtenir le marché de vente des bacs roulants. Lorsqu’un fournisseur obtient un marché, il offre un restaurant à son client. Il n’y a pas de honte à cela. Or, le reportage tendait à dire : “Voyez comment les marchés sont négociés.”.
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Ce genre de transparence…
: Comment l’expliquez-vous ? Par une méconnaissance du journaliste, par une volonté….
H É L È N E
A : C’était une volonté de détourner des choses qui existent plus ou moins et en les illustrant mal. Cela voulait montrer que, malgré ce que l’on pouvait dire sur certaines avancées, les choses se passaient autrement.
L ’ I N T E R V E N A N T
D U P L E S S I S
L ’ I N T E R V E N A N T
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B
: Quel est l’objectif ?
A
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Le Français est intéressé par le sensationnel”
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H É L È N E
: Pourquoi M6 modifie-t-elle les sujets ?
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A
Le Français est intéressé
D U P L E S S I S : Cela rejoint ce que nous disions avant. Même si le journaliste qui a fait le sujet n’est pas d’accord, c’est M6 qui en fait le montage. De toute façon, le journaliste n’aurait rien dit parce qu’il veut retravailler avec eux.
L ’ I N T E R V E N A N T
: Nous pourrions également imaginer que le journaliste a mal fait son travail. C’est d’ailleurs plus fréquent en télévision que dans la presse écrite. Il existe un énorme problème de formation des journalistes. D U P L E S S I S
ACIDD et Comité 21
: Quel est l’objectif ?
Lorsque je vois ce type de reportage concernant un sujet que je connais, je me pose des questions sur les inepties que je dois entendre dans les domaines que je ne connais pas.
D U P L E S S I S : Cela rejoint ce que nous disions avant. Même si le journaliste qui a fait le sujet n’est pas d’accord, c’est M6 qui en fait le montage. De toute façon, le journaliste n’aurait rien dit parce qu’il veut retravailler avec eux. B
B
: Comme on le dit par le sensationnel” souvent, le Français est intéressé par le sensationnel. Si vous demandez à quelqu’un un fait ayant marqué telle année, il vous parlera d’un événement négatif.
L ’ I N T E R V E N A N T
Lorsque je vois ce type de reportage concernant un sujet que je connais, je me pose des questions sur les inepties que je dois entendre dans les domaines que je ne connais pas.
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: Comment l’expliquez-vous ? Par une méconnaissance du journaliste, par une volonté…. D U P L E S S I S
A : C’était une volonté de détourner des choses qui existent plus ou moins et en les illustrant mal. Cela voulait montrer que, malgré ce que l’on pouvait dire sur certaines avancées, les choses se passaient autrement.
: Comme on le dit souvent, le Français est intéressé par le sensationnel. Si vous demandez à quelqu’un un fait ayant marqué telle année, il vous parlera d’un événement négatif.
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: C’est directement lié à la transparence.
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: Pourquoi M6 modifie-t-elle les sujets ?
: Nous pourrions également imaginer que le journaliste a mal fait son travail. C’est d’ailleurs plus fréquent en télévision que dans la presse écrite. Il existe un énorme problème de formation des journalistes. D U P L E S S I S
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Les deux problèmes sont la formation et le statut. J E A N - L U C
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M A R T I N - L A G A R D E T T E
n’a plus le temps d’enquêter. I N T E R V E N A N T
D U P L E S S I S : Jean-Luc Martin-Lagardette travaille justement sur des solutions à vous présenter.
H É L È N E
: Hier, j’ai assisté aux débats sur la responsabilité sociétale et environnementale des médias. Le blocage est avéré. C’est très complexe entre l’intérêt général et privé. Il s’agit de savoir comment gérer la diffusion de l’information. Lorsqu’on demande si ce sont les intérêts privés qui priment, la réponse est clairement oui. Donc, c’est un faux débat. Maintenant, il faut trouver des solutions.
L ’ I N T E R V E N A N T
: Il faut également dire que le journaliste
: Il faut voir quelles ouvertures sont possibles…
D U P L E S S I S : Jean-Luc Martin-Lagardette travaille justement sur des solutions à vous présenter.
: Hier, j’ai assisté aux débats sur la responsabilité sociétale et environnementale des médias. Le blocage est avéré. C’est très complexe entre l’intérêt général et privé. Il s’agit de savoir comment gérer la diffusion de l’information. Lorsqu’on demande si ce sont les intérêts privés qui priment, la réponse est clairement oui. Donc, c’est un faux débat. Maintenant, il faut trouver des solutions.
Je prends l’exemple de ce Les conditions pour obtenir que nous faisons au quotidien, un débat public sont fixées par sans vouloir prêcher pour ma paroisse. Il s’agit davantage de décret et celui-ci empêche tout mettre sur la place publique le débat public sur l’incinération” blocage sur la transparence. Le traitement des déchets soulève la question brûlante de l’incinération. En France, il existe depuis peu la Commission nationale du débat public ; elle a été saisie par des associations : EcoForum, WWF France et des syndicats de communes afin d’ouvrir un débat public sur le sujet.
Je prends l’exemple de ce Les conditions pour obtenir que nous faisons au quotidien, un débat public sont fixées par sans vouloir prêcher pour ma paroisse. Il s’agit davantage de décret et celui-ci empêche tout mettre sur la place publique le débat public sur l’incinération” blocage sur la transparence. Le traitement des déchets soulève la question brûlante de l’incinération. En France, il existe depuis peu la Commission nationale du débat public ; elle a été saisie par des associations : EcoForum, WWF France et des syndicats de communes afin d’ouvrir un débat public sur le sujet.
Or, les conditions pour obtenir un débat public sont fixées par décret et celui-ci empêche tout débat public sur l’incinération. Pour schématiser, le débat est possible si le projet atteint un montant de 300 M€. De plus, on ne prend en compte que certains équipements, les infrastructures et non pas les coûts de fonctionnement.
Or, les conditions pour obtenir un débat public sont fixées par décret et celui-ci empêche tout débat public sur l’incinération. Pour schématiser, le débat est possible si le projet atteint un montant de 300 M€. De plus, on ne prend en compte que certains équipements, les infrastructures et non pas les coûts de fonctionnement.
L’incinération, qui concerne la vie de tout le monde, ne peut donc pas être soumise à débat public. C’est impossible.
L’incinération, qui concerne la vie de tout le monde, ne peut donc pas être soumise à débat public. C’est impossible.
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: Il faut également dire que le journaliste
: Il faut voir quelles ouvertures sont possibles…
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n’a plus le temps d’enquêter.
Les deux problèmes sont la formation et le statut.
: Pourquoi ?
H É L È N E
: Elle est saisie obligatoirement à partir d’un certain seuil financier du
D U P L E S S I S
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: Pourquoi ?
: Elle est saisie obligatoirement à partir d’un certain seuil financier du
projet.
projet.
Il y a eu un volet médiatique, très localement, avec les associations présentes, les manifestations et les guerres politiques dans les Bouches-du-Rhône. Mais la chose s’est rapidement étouffée.
Il y a eu un volet médiatique, très localement, avec les associations présentes, les manifestations et les guerres politiques dans les Bouches-du-Rhône. Mais la chose s’est rapidement étouffée.
Un autre point symbolise le manque de transparence concernant les déchets. Il y a eu une recommandation du commissaire du gouvernement par rapport à une délibération de service public. On a dit à la communauté urbaine de Marseille qu’on allait déléguer la gestion de l’incinération pendant vingt-trois ans. Or, le trésorier payeur général a rappelé que le délai normal était de vingt ans maximum, sauf s’il donne dérogation.
Un autre point symbolise le manque de transparence concernant les déchets. Il y a eu une recommandation du commissaire du gouvernement par rapport à une délibération de service public. On a dit à la communauté urbaine de Marseille qu’on allait déléguer la gestion de l’incinération pendant vingt-trois ans. Or, le trésorier payeur général a rappelé que le délai normal était de vingt ans maximum, sauf s’il donne dérogation.
Normalement, l’avis du commissaire du gouvernement est suivi dans 95 % des cas par le tribunal administratif. Je vous dis ce que j’ai lu, mais c’est peut-être faux dans les faits. Or, le tribunal administratif, à la surprise de ceux qui attendaient une réponse dans le sens du débat public, a dit qu’il n’annulait pas la requête et que le projet pouvait continuer. Il y a un dysfonctionnement.
Normalement, l’avis du commissaire du gouvernement est suivi dans 95 % des cas par le tribunal administratif. Je vous dis ce que j’ai lu, mais c’est peut-être faux dans les faits. Or, le tribunal administratif, à la surprise de ceux qui attendaient une réponse dans le sens du débat public, a dit qu’il n’annulait pas la requête et que le projet pouvait continuer. Il y a un dysfonctionnement.
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Je terminerai par un cliché : le scandale de l’unité d’incinération d’Albertville. Le rôle de la presse est très important car c’était de fausses informations. Lorsqu’on entend que le préfet de l’époque, qui devrait être mis en cause dans l’affaire, n’est finalement pas concerné parce qu’il était à l’époque conseiller du Premier ministre M. Raffarin… Je me demande où nous allons ! Quelle est cette société qui ne permet pas le débat public ? J’aimerais vraiment que nous arrivions, à la suite de cet atelier, à réfléchir sur ces blocages auxquels il faut apporter des solutions.
Je terminerai par un cliché : le scandale de l’unité d’incinération d’Albertville. Le rôle de la presse est très important car c’était de fausses informations. Lorsqu’on entend que le préfet de l’époque, qui devrait être mis en cause dans l’affaire, n’est finalement pas concerné parce qu’il était à l’époque conseiller du Premier ministre M. Raffarin… Je me demande où nous allons ! Quelle est cette société qui ne permet pas le débat public ? J’aimerais vraiment que nous arrivions, à la suite de cet atelier, à réfléchir sur ces blocages auxquels il faut apporter des solutions.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Justement, nous vous ferons une proposition très concrète et nous vous demanderons à tous si vous voulez y participer et vous engager avec nous dans cette démarche.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Justement, nous vous ferons une proposition très concrète et nous vous demanderons à tous si vous voulez y participer et vous engager avec nous dans cette démarche.
U N
: Vous avez raison, la question de l’incinération n’est pas inscrite dans le débat public, et ce pour une raison très simple : le dossier des déchets et de toute implantation, quelle qu’elle soit, du silo jusqu’à un incinérateur en passant par une déchetterie, provoque une levée de boucliers partout en France. Aucun élu ne fera la moindre installation, ou plus que ce que la loi ne lui demande.
U N
: Vous avez raison, la question de l’incinération n’est pas inscrite dans le débat public, et ce pour une raison très simple : le dossier des déchets et de toute implantation, quelle qu’elle soit, du silo jusqu’à un incinérateur en passant par une déchetterie, provoque une levée de boucliers partout en France. Aucun élu ne fera la moindre installation, ou plus que ce que la loi ne lui demande.
I N T E R V E N A N T
Cela ne me gêne pas que ce ne soit pas inscrit au débat public. Vous avez cité l’exemple de Marseille ce serpent de mer qui se traîne depuis vingt ans et du scandale d’Albertville. La Savoie est dans ma juridiction et je connais bien le dossier. Il y a eu des carences de la part du président du SIMIGEDA et du préfet et on a beaucoup parlé du scandale d’Albertville. Mais on n’a pas dit qu’il existait une cinquantaine d’incinérateurs qui fonctionnaient très bien, notamment à Nice, Avignon, Monaco. Ils sont aux normes, produisent de l’énergie et créent des emplois.
Cela ne me gêne pas que ce ne soit pas inscrit au débat public. Vous avez cité l’exemple de Marseille ce serpent de mer qui se traîne depuis vingt ans et du scandale d’Albertville. La Savoie est dans ma juridiction et je connais bien le dossier. Il y a eu des carences de la part du président du SIMIGEDA et du préfet et on a beaucoup parlé du scandale d’Albertville. Mais on n’a pas dit qu’il existait une cinquantaine d’incinérateurs qui fonctionnaient très bien, notamment à Nice, Avignon, Monaco. Ils sont aux normes, produisent de l’énergie et créent des emplois.
Maintenant, toute la France refuse les incinérateurs. Marseille en est peut-être à la préhistoire du traitement des déchets, je vous l’accorde. Voici deux ans, ils en étaient encore à la protohistoire, mais ils abordent maintenant le moyen-âge.
Maintenant, toute la France refuse les incinérateurs. Marseille en est peut-être à la préhistoire du traitement des déchets, je vous l’accorde. Voici deux ans, ils en étaient encore à la protohistoire, mais ils abordent maintenant le moyen-âge.
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Vous ne le savez peut-être pas, mais la décharge d’Entressen, que toute l’Europe nous envie, va être remise en état ; elle sera alors aux normes et utilisable… Il sera beaucoup facile de continuer. Envoyer un train est beaucoup plus commode que d’envoyer des camions vers l’étang de Berre. On arrive à des aberrations parce qu’on a jeté le bébé avec l’eau du bain.
L E D E N V I C , DIREN, DRIRE PACA, directeur : On mélange peut-être plusieurs concepts dans ce débat. D’habitude, on fait bien la séparation entre l’information et la communication et il me semble que l’on mélange la transparence avec tout cela.
P H I L I P P E
Pour travailler dans le domaine de l’administration, et depuis longtemps, et en ayant des idées sur cette question, je ne suis pas certain que la transparence puisse être le fait des journalistes. Elle doit être une discipline de chaLa transparence doit être cun d’entre nous pour mettre une discipline de chacun à disposition de la donnée d’entre nous pour mettre brute, avec un minimum d’explications pour l’interpréter, à disposition de la donnée brute” mais aussi objectivement que possible. La seule façon d’essayer de répondre à la demande en la matière est de fournir de l’information de façon régulière et le plus loin possible. Je commenterai plus tard ce dernier point.
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Vous ne le savez peut-être pas, mais la décharge d’Entressen, que toute l’Europe nous envie, va être remise en état ; elle sera alors aux normes et utilisable… Il sera beaucoup facile de continuer. Envoyer un train est beaucoup plus commode que d’envoyer des camions vers l’étang de Berre. On arrive à des aberrations parce qu’on a jeté le bébé avec l’eau du bain.
L E D E N V I C , DIREN, DRIRE PACA, directeur : On mélange peut-être plusieurs concepts dans ce débat. D’habitude, on fait bien la séparation entre l’information et la communication et il me semble que l’on mélange la transparence avec tout cela.
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Pour travailler dans le domaine de l’administration, et depuis longtemps, et en ayant des idées sur cette question, je ne suis pas certain que la transparence puisse être le fait des journalistes. Elle doit être une discipline de chaLa transparence doit être cun d’entre nous pour mettre une discipline de chacun à disposition de la donnée d’entre nous pour mettre brute, avec un minimum d’explications pour l’interpréter, à disposition de la donnée brute” mais aussi objectivement que possible. La seule façon d’essayer de répondre à la demande en la matière est de fournir de l’information de façon régulière et le plus loin possible. Je commenterai plus tard ce dernier point.
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Il me semble que c’est la meilleure solution. Nous sommes tous détenteurs de données, moi le premier, en tant qu’administrateur. À ce titre, et étant donné que nous sommes payés par le contribuable, il me semble que c’est une obligation que de mettre l’information à disposition de celui qui paye pour l’avoir.
Les inspections des installations nucléaires sont mises sur Internet. En PACA, j’ai décidé de faire la même chose pour les grands barrages”
C’est une philosophie un peu générale. Ce que je dis pour l’administration est valable pour la plupart des gens, qu’il s’agisse d’industriels ou de collectivités. Cette philosophie devrait être généralisée car, à mon avis, rien ne s’oppose à ce principe.
J’en reviens à des expériences avec des journalistes, dont certaines m’ont amené à me poser le même genre de questions. Je me suis retrouvé dans une situation avec une journaliste avec laquelle l’échange avait été assez fluide. Nous lui avions donné accès à l’information et lorsque nous avons vu le résultat… De toute évidence, le montage avait suivi une ligne préparée. A posteriori, en repensant à la discussion avec la journaliste, on voyait bien que le message avait été préparé, préconçu. Globalement, tout avait été filmé dans l’optique de mettre en valeur ce message. Ce n’était absolument pas, me semble-t-il, une vision objective des choses. Et, c’est un euphémisme que de le dire !
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Les inspections des installations nucléaires sont mises sur Internet. En PACA, j’ai décidé de faire la même chose pour les grands barrages”
J’en reviens à des expériences avec des journalistes, dont certaines m’ont amené à me poser le même genre de questions. Je me suis retrouvé dans une situation avec une journaliste avec laquelle l’échange avait été assez fluide. Nous lui avions donné accès à l’information et lorsque nous avons vu le résultat… De toute évidence, le montage avait suivi une ligne préparée. A posteriori, en repensant à la discussion avec la journaliste, on voyait bien que le message avait été préparé, préconçu. Globalement, tout avait été filmé dans l’optique de mettre en valeur ce message. Ce n’était absolument pas, me semble-t-il, une vision objective des choses. Et, c’est un euphémisme que de le dire ! Personne n’est totalement blanc sur ces questions. On peut prendre d’autres exemples avec le titre de certains articles et leur teneur réelle.
La transparence ne me semble pas être le meilleur atout pour les journalistes ; la mise à disposition de données brutes donne lieu à interprétation et reformulation.
La transparence ne me semble pas être le meilleur atout pour les journalistes ; la mise à disposition de données brutes donne lieu à interprétation et reformulation.
Vous avez dit quelque chose d’essentiel, lorsque l’on essaie de mettre en pratique cette philosophie dans son action quotidienne. Vous savez tous que les inspections des installations nucléaires sont mises sur Internet. En PACA, j’ai décidé de faire la même chose pour les grands barrages. Mon espoir est d’arriver assez rapidement à faire de même pour les inspections des établissements classés SEVESO. L’idée étant toujours de mettre de la donnée brute.
Vous avez dit quelque chose d’essentiel, lorsque l’on essaie de mettre en pratique cette philosophie dans son action quotidienne. Vous savez tous que les inspections des installations nucléaires sont mises sur Internet. En PACA, j’ai décidé de faire la même chose pour les grands barrages. Mon espoir est d’arriver assez rapidement à faire de même pour les inspections des établissements classés SEVESO. L’idée étant toujours de mettre de la donnée brute.
Le principal obstacle est le droit qui prévoit la préservation de certains secrets. On ne peut pas faire n’importe quoi. Cela vise à protéger des intérêts, mais pas toujours au sens noble du terme, comme le secret médical, individuel, etc. Lorsqu’on veut mettre un maximum de renseignements sur Internet, on se heurte à ce genre de choses. C’est un point sur lequel nous essayons d’avancer. J’avoue que c’est la principale difficulté.
Le principal obstacle est le droit qui prévoit la préservation de certains secrets. On ne peut pas faire n’importe quoi. Cela vise à protéger des intérêts, mais pas toujours au sens noble du terme, comme le secret médical, individuel, etc. Lorsqu’on veut mettre un maximum de renseignements sur Internet, on se heurte à ce genre de choses. C’est un point sur lequel nous essayons d’avancer. J’avoue que c’est la principale difficulté.
D U P L E S S I S : J’aimerais juste rappeler ce que disait Jean-Luc MartinLagardette, pour répondre à ce que vous dites. Vous publiez une information en voulant respecter une véritable transparence mais si elle n’est pas reprise par les grands médias, elle n’est pas connue du grand public.
H É L È N E
L E D E N V I C : C’est un autre problème. Depuis que l’inspection met sur Internet les arrêtés préfectoraux et les rapports qui les fondent, je reçois un courrier presque chaque semaine de la part de services juridiques d’associations qui demandent quelles suites seront données.
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H É L È N E
D U P L E S S I S
: Ce sont des groupes militants, la presse nationale….
H É L È N E
L E D E N V I C : Oui, mais vous ne soupçonnez pas à quel point c’est important. Je suis dans cet axe volontariste car j’ai pour objectif l’amélioration de la qualité du tra-
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D U P L E S S I S : J’aimerais juste rappeler ce que disait Jean-Luc MartinLagardette, pour répondre à ce que vous dites. Vous publiez une information en voulant respecter une véritable transparence mais si elle n’est pas reprise par les grands médias, elle n’est pas connue du grand public. L E D E N V I C : C’est un autre problème. Depuis que l’inspection met sur Internet les arrêtés préfectoraux et les rapports qui les fondent, je reçois un courrier presque chaque semaine de la part de services juridiques d’associations qui demandent quelles suites seront données. D U P L E S S I S
: Ce sont des groupes militants, la presse nationale….
L E D E N V I C : Oui, mais vous ne soupçonnez pas à quel point c’est important. Je suis dans cet axe volontariste car j’ai pour objectif l’amélioration de la qualité du tra-
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C’est une philosophie un peu générale. Ce que je dis pour l’administration est valable pour la plupart des gens, qu’il s’agisse d’industriels ou de collectivités. Cette philosophie devrait être généralisée car, à mon avis, rien ne s’oppose à ce principe.
Personne n’est totalement blanc sur ces questions. On peut prendre d’autres exemples avec le titre de certains articles et leur teneur réelle.
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Il me semble que c’est la meilleure solution. Nous sommes tous détenteurs de données, moi le premier, en tant qu’administrateur. À ce titre, et étant donné que nous sommes payés par le contribuable, il me semble que c’est une obligation que de mettre l’information à disposition de celui qui paye pour l’avoir.
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vail que nous faisons. J’ai toujours dit à mes agents qu’il était essentiel que notre travail soit mis à disposition pour tirer les conséquences, le cas échéant, de questions ou de critiques. C’est une façon de progresser. C’est ce qui s’appelle de l’amélioration continue.
vail que nous faisons. J’ai toujours dit à mes agents qu’il était essentiel que notre travail soit mis à disposition pour tirer les conséquences, le cas échéant, de questions ou de critiques. C’est une façon de progresser. C’est ce qui s’appelle de l’amélioration continue.
Il est vrai que cela ne sort généralement pas sur la place publique. Toutefois, cela apparaît à certaines occasions, notamment lorsqu’il s’est agi de l’impact du risque sismique sur les centrales nucléaires. Des informations avaient été mises sur Internet par les gens en charge de la sûreté nucléaire.
Il est vrai que cela ne sort généralement pas sur la place publique. Toutefois, cela apparaît à certaines occasions, notamment lorsqu’il s’est agi de l’impact du risque sismique sur les centrales nucléaires. Des informations avaient été mises sur Internet par les gens en charge de la sûreté nucléaire.
On n’en parle peut-être pas tous les jours à l’échelon national, mais je vois passer des sollicitations de gens qui sont allés chercher l’information. Bien entendu, tout le monde ne le fait pas, ce sont souvent des spécialistes, mais cela fait tout de même avancer le débat.
On n’en parle peut-être pas tous les jours à l’échelon national, mais je vois passer des sollicitations de gens qui sont allés chercher l’information. Bien entendu, tout le monde ne le fait pas, ce sont souvent des spécialistes, mais cela fait tout de même avancer le débat.
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M A R T I N - L A G A R D E T T E : L’habitude du secret est historiquement forte en France, et pas seulement dans l’administration ou les entreprises. La presse a le mauvais réflexe de vouloir trouver la “petite bête”. La mainmise sur l’information est très puissante dans beaucoup de secteurs de la vie - sociale, politique ou professionnelle.
J E A N - L U C
Personnellement, j’ai très souvent dû me battre pour obtenir des informations qui devaient être du domaine public. Constitutionnellement, le fonctionnaire doit rendre compte de son activité. C’est fondamental en droit français. En tant que journaliste, je dépense énormément d’énergie pour avoir des informations qui devraient être prodiguées, comme monsieur a envie de le faire. Et je l’en félicite d’ailleurs. Cela facilite le travail des journalistes qui veulent être consciencieux.
Personnellement, j’ai très souvent dû me battre pour obtenir des informations qui devaient être du domaine public. Constitutionnellement, le fonctionnaire doit rendre compte de son activité. C’est fondamental en droit français. En tant que journaliste, je dépense énormément d’énergie pour avoir des informations qui devraient être prodiguées, comme monsieur a envie de le faire. Et je l’en félicite d’ailleurs. Cela facilite le travail des journalistes qui veulent être consciencieux.
D’autres pays sont beauOn peut douter de la liaison entre coup plus avancés. Lors d’un les TIC d’une part, la démocratie voyage de presse en Suède, j’ai été invité à la mairie de et la gouvernance d’autre part” Stockholm. À ma question sur la transparence, on m’a répondu que n’importe quel citoyen peut arriver le matin et demander au secrétariat de prendre connaissance de tous les courriers reçus par le maire. Cela ne pose pas de problème, on lui apporte la main courante avec tout le courrier qu’il peut lire, sauf ce qui concerne des cas particuliers comme les personnes nommément désignées, des cas sociaux, etc. C’est leur pratique. Si la personne demande quelle réponse le maire a apporté à tel courrier, on la lui communique.
D’autres pays sont beauOn peut douter de la liaison entre coup plus avancés. Lors d’un les TIC d’une part, la démocratie voyage de presse en Suède, j’ai été invité à la mairie de et la gouvernance d’autre part” Stockholm. À ma question sur la transparence, on m’a répondu que n’importe quel citoyen peut arriver le matin et demander au secrétariat de prendre connaissance de tous les courriers reçus par le maire. Cela ne pose pas de problème, on lui apporte la main courante avec tout le courrier qu’il peut lire, sauf ce qui concerne des cas particuliers comme les personnes nommément désignées, des cas sociaux, etc. C’est leur pratique. Si la personne demande quelle réponse le maire a apporté à tel courrier, on la lui communique.
Faites cela en France et vous verrez de quelle manière on vous reçoit !
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M A R T I N - L A G A R D E T T E : L’habitude du secret est historiquement forte en France, et pas seulement dans l’administration ou les entreprises. La presse a le mauvais réflexe de vouloir trouver la “petite bête”. La mainmise sur l’information est très puissante dans beaucoup de secteurs de la vie - sociale, politique ou professionnelle.
J E A N - L U C
Faites cela en France et vous verrez de quelle manière on vous reçoit !
Un autre point important concerne le manque de formation des journalistes. Ils sont seulement 15 % à sortir des écoles de journalisme. Ce qui signifie que 85 % des journalistes proviennent d’autres filières : économique, politique, sportive, etc. L’entrée dans la profession n’est pas protégée. On n’a pas besoin de diplôme. C’est très bien, car n’importe qui peut devenir journaliste et nous tenons à ce qu’il en soit ainsi. Cela permet une certaine diversité. Toutefois, la plupart des journalistes viennent d’un certain milieu, ils sont cooptés, etc. On aboutit à un journalisme assez élitiste. La profession journalistique atteint ainsi un niveau intellectuel plus élevé, et n’est pas très représentatif des différentes couches de la population.
Un autre point important concerne le manque de formation des journalistes. Ils sont seulement 15 % à sortir des écoles de journalisme. Ce qui signifie que 85 % des journalistes proviennent d’autres filières : économique, politique, sportive, etc. L’entrée dans la profession n’est pas protégée. On n’a pas besoin de diplôme. C’est très bien, car n’importe qui peut devenir journaliste et nous tenons à ce qu’il en soit ainsi. Cela permet une certaine diversité. Toutefois, la plupart des journalistes viennent d’un certain milieu, ils sont cooptés, etc. On aboutit à un journalisme assez élitiste. La profession journalistique atteint ainsi un niveau intellectuel plus élevé, et n’est pas très représentatif des différentes couches de la population.
C’est un point très important car on trouve très peu de représentants dans les médias des intérêts des pauvres, des minorités, des contestataires. Il existe une presse militante, syndicale, de gauche, mais ses idées débouchent peu dans les colonnes de
C’est un point très important car on trouve très peu de représentants dans les médias des intérêts des pauvres, des minorités, des contestataires. Il existe une presse militante, syndicale, de gauche, mais ses idées débouchent peu dans les colonnes de
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H É L È N E
l’information générale. Par exemple, on va parler du chiffre d’affaires d’une société, mais pas des intérêts de ceux qui n’ont pas accès à ces droits. Le problème Nord-Sud existe en France; il est inutile d’aller en Afrique pour le rencontrer. Il faut militer pour qu’il y ait davantage d’accès de la diversité des opinions sur la place publique…
l’information générale. Par exemple, on va parler du chiffre d’affaires d’une société, mais pas des intérêts de ceux qui n’ont pas accès à ces droits. Le problème Nord-Sud existe en France; il est inutile d’aller en Afrique pour le rencontrer. Il faut militer pour qu’il y ait davantage d’accès de la diversité des opinions sur la place publique…
Nous avons l’exemple très significatif des derniers incendies à Paris qui ont fait une cinquantaine de morts, en deux mois, dans des hôtels où la population était très pauvre. Leurs intérêts n’ont n’avaient pas été relayés par la presse. Il faut attendre un drame pour qu’on en parle, un peu, puis on retourne au “people” et aux querelles entre hommes politiques…
Nous avons l’exemple très significatif des derniers incendies à Paris qui ont fait une cinquantaine de morts, en deux mois, dans des hôtels où la population était très pauvre. Leurs intérêts n’ont n’avaient pas été relayés par la presse. Il faut attendre un drame pour qu’on en parle, un peu, puis on retourne au “people” et aux querelles entre hommes politiques…
D U P L E S S I S
: Ce matin, deux squats ont été évacués à Paris par les forces de
H É L È N E
l’ordre. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Pendant que ces populations réclamaient en vain qu’on parle d’elles, on parlait des Jeux olympiques pour lesquels la France était prête à dépenser quatre milliards d’euros. Nous avons là une grosse disproportion entre les différents intérêts. Il faut savoir également que des groupes de presse fasent partie du Club Comité Olympique des entreprises Paris 2012, qui a d’ailleurs été créé par Lagardère. Les patrons de presse préfèrent que leurs journalistes parlent des Jeux olympiques que des Africains mal logés.
J E A N - L U C
: Je me demandais simplement quelle était la situation à l’étranger par rapport au contexte que vous avez décrit en France. La presse est-elle la propriété de grands lobbies ou la transparence peut-elle vraiment être exercée ?
U N E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Schématiquement, la presse anglosaxonne a une pratique de la transparence plus poussée que les pays latins. Les pays de culture protestante sont davantage habitués à la critique interne que ceux d’origine de pensée catholique.
J E A N - L U C
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T E
: Avec un système économique identique ?
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Oui, dans le même contexte économique. Le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis stipule que «Le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse » Un amendement de la Constitution américaine dit que l’information est donc libre; elle est plus intouchable qu’en France. J’ai souvent vu des confrères américains choqués de voir par exemple M. Chirac interviewé par M. Poivre d’Arvor, c’est-à-dire choisir le journaliste à qui il va répondre. Dans nombre de conférences de presse, les questions sont connues à l’avance. C’est une situation qui scandalise mes confrères. Ils se demandent dans quel pays nous vivons.
U N E
J E A N - L U C
“
U N E
: Nous parlons essentiellement de la presse. Monsieur Ledenvic parlait, lui, de l’administration. Il est certain que nous avons un grand retard en France, notamment sur la convention d’Aarhus, l’information sur l’environnement. Nous avons d’ailleurs été épinglés par la Cour de justice des communautés européennes. La directive n’est toujours pas transposée. Les associations doivent vraiment se positionner mais pas seulement. Cela permet aux administrations de faciliter ce transfert d’information.
I N T E R V E N A N T E
Nous avons un grand retard en France, sur la convention d’Aarhus”
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On parle de transparence et de formation des journalistes, des administrations mais il ne faut pas oublier le public. Nous avons un grand problème de recherche et de décryptage de l’information.
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: Je me demandais simplement quelle était la situation à l’étranger par rapport au contexte que vous avez décrit en France. La presse est-elle la propriété de grands lobbies ou la transparence peut-elle vraiment être exercée ?
I N T E R V E N A N T E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Schématiquement, la presse anglosaxonne a une pratique de la transparence plus poussée que les pays latins. Les pays de culture protestante sont davantage habitués à la critique interne que ceux d’origine de pensée catholique.
J E A N - L U C
U N E
: Ce matin, deux squats ont été évacués à Paris par les forces de
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Pendant que ces populations réclamaient en vain qu’on parle d’elles, on parlait des Jeux olympiques pour lesquels la France était prête à dépenser quatre milliards d’euros. Nous avons là une grosse disproportion entre les différents intérêts. Il faut savoir également que des groupes de presse fasent partie du Club Comité Olympique des entreprises Paris 2012, qui a d’ailleurs été créé par Lagardère. Les patrons de presse préfèrent que leurs journalistes parlent des Jeux olympiques que des Africains mal logés.
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U N E
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l’ordre.
I N T E R V E N A N T E
: Avec un système économique identique ?
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Oui, dans le même contexte économique. Le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis stipule que «Le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse » Un amendement de la Constitution américaine dit que l’information est donc libre; elle est plus intouchable qu’en France. J’ai souvent vu des confrères américains choqués de voir par exemple M. Chirac interviewé par M. Poivre d’Arvor, c’est-à-dire choisir le journaliste à qui il va répondre. Dans nombre de conférences de presse, les questions sont connues à l’avance. C’est une situation qui scandalise mes confrères. Ils se demandent dans quel pays nous vivons.
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: Nous parlons essentiellement de la presse. Monsieur Ledenvic parlait, lui, de l’administration. Il est certain que nous avons un grand retard en France, notamment sur la convention d’Aarhus, l’information sur l’environnement. Nous avons d’ailleurs été épinglés par la Cour de justice des communautés européennes. La directive n’est toujours pas transposée. Les associations doivent vraiment se positionner mais pas seulement. Cela permet aux administrations de faciliter ce transfert d’information.
I N T E R V E N A N T E
Nous avons un grand retard en France, sur la convention d’Aarhus”
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On parle de transparence et de formation des journalistes, des administrations mais il ne faut pas oublier le public. Nous avons un grand problème de recherche et de décryptage de l’information.
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J’ai passé un an à Bruxelles. Des groupes de quartiers sont organisés dans lesquels les gens, les administrations et les Pouvoirs publics peuvent s’exprimer sur certains projets. On demande aux gens ce qui leur paraît prioritaire. C’est une concertation en amont. On ne leur présente pas le projet clef en main en évoquant la possibilité d’éventuels changements, il s’agit vraiment de décider ensemble ce qu’il convient de faire. U N E U N
“
I N T E R V E N A N T E
: En France, Valenciennes et Montpellier l’ont fait.
: Je voulais vous donner le point de vue du donneur d’information, puisque c’est ainsi que je procède dans mes fonctions. Lorsqu’on donne une l’information à un journaliste, on ne sait pas comment celle-ci va être traitée. Cela rejoint le problème de la formation.
U N
I N T E R V E N A N T E
: Ce n’est pas son travail.
: Je parle de donner l’information et non de la traiter, ce qui n’est pas la même chose. Le journaliste a fait savoir exactement ce que nous voulions, c’est donc du bon travail. Cela pose ensuite le problème du traitement de l’information par le journaliste. Il peut ne pas avoir la capacité, par manque de temps, de précarité ou autre, de faire des recherches pour vérifier si ce qu’on lui a dit est vrai. Mais, c’est autre chose.
I N T E R V E N A N T
Il arrive que nous hésitions à donner des informations très importantes car nous craignons qu’elles soient mal traduites”
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U N E
I N T E R V E N A N T
Lorsqu’il s’agit de points très précis, il nous arrive de dicter l’article au journaliste. Dans ce cas, nous retrouvons exactement ce que nous avons dit le lendemain dans la presse quotidienne. Pour nous, le journaliste a bien fait son travail puisqu’il a donné l’information que nous voulions donner. U N E
J’ai passé un an à Bruxelles. Des groupes de quartiers sont organisés dans lesquels les gens, les administrations et les Pouvoirs publics peuvent s’exprimer sur certains projets. On demande aux gens ce qui leur paraît prioritaire. C’est une concertation en amont. On ne leur présente pas le projet clef en main en évoquant la possibilité d’éventuels changements, il s’agit vraiment de décider ensemble ce qu’il convient de faire.
Nous avons un manque de transparence, parfois de la part du donneur d’information, mais c’est vrai à tous les niveaux, qu’il s’agisse de sociétés privées, du monde politique, associatif, etc. On essaie surtout de focaliser sur des points qui vont être accrocheurs pour les gens. On sait très bien le faire, et ce, dans n’importe quel mouvement ou administration. Il suffit d’avoir un peu de jugeote. Ensuite, il y a des informations qu’on ne donne pas à cause du manque de formation car on a peur de la façon dont elles vont être traitées. […]
Cela m’est arrivé à plusieurs reprises. En fait, le journaliste doit écrire mille, mille deux cents ou mille cinq cents mots et, en fonction de la ligne éditoriale, l’information est un peu changée. Parfois, c’est quitte ou double.
U N
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I N T E R V E N A N T E
: En France, Valenciennes et Montpellier l’ont fait.
: Je voulais vous donner le point de vue du donneur d’information, puisque c’est ainsi que je procède dans mes fonctions. Lorsqu’on donne une l’information à un journaliste, on ne sait pas comment celle-ci va être traitée. Cela rejoint le problème de la formation.
I N T E R V E N A N T
Lorsqu’il s’agit de points très précis, il nous arrive de dicter l’article au journaliste. Dans ce cas, nous retrouvons exactement ce que nous avons dit le lendemain dans la presse quotidienne. Pour nous, le journaliste a bien fait son travail puisqu’il a donné l’information que nous voulions donner. U N E U N
I N T E R V E N A N T E
: Ce n’est pas son travail.
: Je parle de donner l’information et non de la traiter, ce qui n’est pas la même chose. Le journaliste a fait savoir exactement ce que nous voulions, c’est donc du bon travail. Cela pose ensuite le problème du traitement de l’information par le journaliste. Il peut ne pas avoir la capacité, par manque de temps, de précarité ou autre, de faire des recherches pour vérifier si ce qu’on lui a dit est vrai. Mais, c’est autre chose.
I N T E R V E N A N T
Il arrive que nous hésitions à donner des informations très importantes car nous craignons qu’elles soient mal traduites”
Nous avons un manque de transparence, parfois de la part du donneur d’information, mais c’est vrai à tous les niveaux, qu’il s’agisse de sociétés privées, du monde politique, associatif, etc. On essaie surtout de focaliser sur des points qui vont être accrocheurs pour les gens. On sait très bien le faire, et ce, dans n’importe quel mouvement ou administration. Il suffit d’avoir un peu de jugeote. Ensuite, il y a des informations qu’on ne donne pas à cause du manque de formation car on a peur de la façon dont elles vont être traitées. […]
Cela m’est arrivé à plusieurs reprises. En fait, le journaliste doit écrire mille, mille deux cents ou mille cinq cents mots et, en fonction de la ligne éditoriale, l’information est un peu changée. Parfois, c’est quitte ou double.
Il arrive que nous hésitions à donner des informations très importantes car nous craignons qu’elles soient mal traduites. Si la ligne éditoriale ne veut pas mettre l’accent sur tel point, ce sera très mal dit ou de façon trop courte et tout ne sera pas indiqué.
Il arrive que nous hésitions à donner des informations très importantes car nous craignons qu’elles soient mal traduites. Si la ligne éditoriale ne veut pas mettre l’accent sur tel point, ce sera très mal dit ou de façon trop courte et tout ne sera pas indiqué.
Il existe également le jeu du on et du off. Il ne faut pas le dire, mais les journalistes savent beaucoup de choses et en disent très peu. Pour faire comprendre certains éléments de contexte, on dit des choses en off, mais cela ne devrait normalement pas exister. Nous donnons une information pour qu’elle se sache. Elle va se répandre dans les milieux autorisés mais pas dans le public. C’est très important, cela signifie que le journaliste est plus près du off que du on. Il écrira certaines choses mais le reste… Il le racontera à certains de son milieu mais c’est tout.
Il existe également le jeu du on et du off. Il ne faut pas le dire, mais les journalistes savent beaucoup de choses et en disent très peu. Pour faire comprendre certains éléments de contexte, on dit des choses en off, mais cela ne devrait normalement pas exister. Nous donnons une information pour qu’elle se sache. Elle va se répandre dans les milieux autorisés mais pas dans le public. C’est très important, cela signifie que le journaliste est plus près du off que du on. Il écrira certaines choses mais le reste… Il le racontera à certains de son milieu mais c’est tout.
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Parfois, on demande quelques petites informations sur le patron, ce qu’il a fait, ce qui se passe en politique, etc. Mais, ce ne sera pas raconté puisque c’est du off. C’est une espèce d’aberration, les journalistes savent énormément de choses… Lorsqu’on parle des conférences de presse du Président de la République, les questions ne sont pas préparées mais “lessivées”. On n’évoque que les sujets qui ont été bornés. C’est ainsi avec le monde politique et celui des grands patrons.
Parfois, on demande quelques petites informations sur le patron, ce qu’il a fait, ce qui se passe en politique, etc. Mais, ce ne sera pas raconté puisque c’est du off. C’est une espèce d’aberration, les journalistes savent énormément de choses… Lorsqu’on parle des conférences de presse du Président de la République, les questions ne sont pas préparées mais “lessivées”. On n’évoque que les sujets qui ont été bornés. C’est ainsi avec le monde politique et celui des grands patrons.
On voit de plus en plus, notamment dans les ministères, des chargés de presse qui donnent un contenu de communication mais pas d’information. Dans un cabinet ministériel, les conseillers techniques donnent l’information, le chargé de presse passe derrière et la transforme en communication.
On voit de plus en plus, notamment dans les ministères, des chargés de presse qui donnent un contenu de communication mais pas d’information. Dans un cabinet ministériel, les conseillers techniques donnent l’information, le chargé de presse passe derrière et la transforme en communication.
La transparence peut exister mais chacun pose des limites. C’est, en fait, un compromis. Chaque partie se met d’accord et on évite des débordements.
La transparence peut exister mais chacun pose des limites. C’est, en fait, un compromis. Chaque partie se met d’accord et on évite des débordements.
[…] U N E
[…]
: La situation décrite dépend de la position du journaliste. S’il est en position d’insécurité, il ne fera pas ce que vous êtes en train de dire.
I N T E R V E N A N T E
U N E
: La situation décrite dépend de la position du journaliste. S’il est en position d’insécurité, il ne fera pas ce que vous êtes en train de dire.
I N T E R V E N A N T E
Le journaliste que vous décrivez est celui du pouvoir. Il va utiliser son off, non pas pour son lecteur dont il se fiche éperdument, mais pour briller en société. Il s’en servira devant ses confrères ou lorsqu’il rencontrera les responsables d’autres sociétés pour leur dire qu’il a des informations. C’est un journaliste à deux vitesses : il travaille pour son lectorat et surtout pour sa propre carrière. Bien sûr, le journaliste n’est pas un saint. On en trouve des “pourris” partout. U N
U N E
I N T E R V E N A N T
Le journaliste que vous décrivez est celui du pouvoir. Il va utiliser son off, non pas pour son lecteur dont il se fiche éperdument, mais pour briller en société. Il s’en servira devant ses confrères ou lorsqu’il rencontrera les responsables d’autres sociétés pour leur dire qu’il a des informations. C’est un journaliste à deux vitesses : il travaille pour son lectorat et surtout pour sa propre carrière. Bien sûr, le journaliste n’est pas un saint. On en trouve des “pourris” partout.
: S’il transgresse la règle, on ne s’adresse plus à lui. Il perd sa source
U N
I N T E R V E N A N T
de pouvoir.
Je voulais également aborder le manque de spécialités qui explique que certaines informations ne peuvent pas être données. Prenons l’exemple de la jeunesse : nous avons 12,5 millions de jeunes en France et pas un journaliste spécialisé.
Je voulais également aborder le manque de spécialités qui explique que certaines informations ne peuvent pas être données. Prenons l’exemple de la jeunesse : nous avons 12,5 millions de jeunes en France et pas un journaliste spécialisé.
: Ce n’est pas vrai. Tous les grands titres chez Bayard Presse ont des journalistes spécialisés dans la jeunesse, ce sont des gens très sérieux ! “C’est pas sorcier” sont des gens…Vous ne savez pas vous adresser aux bons interlocuteurs et vous méprisez….
I N T E R V E N A N T E
U N E
: Ce n’est pas vrai. Tous les grands titres chez Bayard Presse ont des journalistes spécialisés dans la jeunesse, ce sont des gens très sérieux ! “C’est pas sorcier” sont des gens…Vous ne savez pas vous adresser aux bons interlocuteurs et vous méprisez….
I N T E R V E N A N T E
[…]
[…]
: Il n’y a pas que “Libération”, “Le Monde” et “Le Figaro”. Sinon vous ne savez pas faire votre travail.
: Il n’y a pas que “Libération”, “Le Monde” et “Le Figaro”. Sinon vous ne savez pas faire votre travail.
L ’ I N T E R V E N A N T E
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[…]
: C’est exactement le même constat sur la vie associative. Il existe environ un million d’associations qui représentent quinze à vingt millions de gens, mais pas un journaliste spécialisé.
U N
: En tout cas, “Le Parisien” oui, ainsi que “Libération” avec ses cahiers. On ne peut pas dire qu’il n’existe pas de journalistes spécialisés. Ce n’est pas vrai.
U N E
I N T E R V E N A N T E
U N E
I N T E R V E N A N T E
I N T E R V E N A N T
U N E
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H É L È N E
: S’il transgresse la règle, on ne s’adresse plus à lui. Il perd sa source
de pouvoir.
: Madame, il n’était pas question des éditeurs.
D U P L E S S I S : Jean-Luc Martin-Lagardette a observé des solutions qui ont été mises en place ailleurs. Il a des propositions à nous faire.
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: C’est exactement le même constat sur la vie associative. Il existe environ un million d’associations qui représentent quinze à vingt millions de gens, mais pas un journaliste spécialisé.
I N T E R V E N A N T
: En tout cas, “Le Parisien” oui, ainsi que “Libération” avec ses cahiers. On ne peut pas dire qu’il n’existe pas de journalistes spécialisés. Ce n’est pas vrai.
H É L È N E
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: Madame, il n’était pas question des éditeurs.
D U P L E S S I S : Jean-Luc Martin-Lagardette a observé des solutions qui ont été mises en place ailleurs. Il a des propositions à nous faire.
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M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je voudrais insister sur le problème de la rectification des informations. C’est un point essentiel qui concerne tous les acteurs de la société, à un moment où un autre de leur parcours, professionnel ou privé. Nous sommes tous amenés à pester contre la façon dont un journaliste a repris nos propos ou parle d’un secteur que nous connaissons bien. Il n’aura manifestement pas pris le meilleur interlocuteur ou n’aura pas fait son enquête pour pouvoir mesurer la complexité d’une situation. Ou, pire, il aura été manipulé, ou de parti pris.
J E A N - L U C
Le problème du droit de réponse et de rectification est, pour moi, essentiel. Sur ce point, l’administration est mieux fournie que l’intérêt privé et le particulier. Dans la fameuse loi de 1881 qui fonde le droit de la presse et de l’imprimerie, un article précise que l’information fausse peut être rectifiée par l’autorité publique lorsqu’elle est concernée. En revanche, une fausse information concernant l’individu n’est pas réprimée par la loi. Il nous est possible de le faire contre la diffamation, l’injure, le racisme, etc. Seul un article permet un droit de réponse, mais celui-ci est très formalisé et ne peut être saisi que pendant les trois mois après la publication de l’article, et encore sous des formes très codifiées. Mais la pratique est laissée à l’arbitraire de l’éditeur ou du journaliste. Il n’existe pas d’instance médiatrice extérieure pouvant trancher… Excepté la justice dans les cas extrêmes.
Le problème du droit de réponse et de rectification est, pour moi, essentiel”
U N
: Je ne voudrais pas manquer de respect à qui que ce soit, tout ceci est extrêmement intéressant mais nous avons eu très peu de débats sur les idées, notamment sur la transparence en dehors des médias.
I N T E R V E N A N T
J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: C’est le sujet de l’atelier.
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: “La transparence comme outil”. L’information de l’administration est aussi importante… M A R T I N - L A G A R D E T T E
Le problème du droit de réponse et de rectification est, pour moi, essentiel. Sur ce point, l’administration est mieux fournie que l’intérêt privé et le particulier. Dans la fameuse loi de 1881 qui fonde le droit de la presse et de l’imprimerie, un article précise que l’information fausse peut être rectifiée par l’autorité publique lorsqu’elle est concernée. En revanche, une fausse information concernant l’individu n’est pas réprimée par la loi. Il nous est possible de le faire contre la diffamation, l’injure, le racisme, etc. Seul un article permet un droit de réponse, mais celui-ci est très formalisé et ne peut être saisi que pendant les trois mois après la publication de l’article, et encore sous des formes très codifiées. Mais la pratique est laissée à l’arbitraire de l’éditeur ou du journaliste. Il n’existe pas d’instance médiatrice extérieure pouvant trancher… Excepté la justice dans les cas extrêmes.
Le problème du droit de réponse et de rectification est, pour moi, essentiel”
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J E A N - L U C
: J’ai précisé que je m’en tiendrais à la
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: C’est le sujet de l’atelier.
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: J’ai précisé que je m’en tiendrais à la
transparence dans les médias.
D U P L E S S I S : Il faudrait laisser Jean-Luc Martin-Lagardette terminer car il a travaillé sur des propositions concrètes.
H É L È N E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : La transparence générale, dans les administrations et ailleurs, est conditionnée par celle des médias qui détiennent la clef d’accès au débat public. Il est donc important que nous sachions comment fonctionnent ceux qui abordent les sujets de société. C’est une question de crédibilité dans la sélection et le traitement de l’information.
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M A R T I N - L A G A R D E T T E
L ’ I N T E R V E N A N T
transparence dans les médias. H É L È N E
: Je ne voudrais pas manquer de respect à qui que ce soit, tout ceci est extrêmement intéressant mais nous avons eu très peu de débats sur les idées, notamment sur la transparence en dehors des médias.
I N T E R V E N A N T
: “La transparence comme outil”. L’information de l’administration est aussi importante…
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J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je voudrais insister sur le problème de la rectification des informations. C’est un point essentiel qui concerne tous les acteurs de la société, à un moment où un autre de leur parcours, professionnel ou privé. Nous sommes tous amenés à pester contre la façon dont un journaliste a repris nos propos ou parle d’un secteur que nous connaissons bien. Il n’aura manifestement pas pris le meilleur interlocuteur ou n’aura pas fait son enquête pour pouvoir mesurer la complexité d’une situation. Ou, pire, il aura été manipulé, ou de parti pris.
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D U P L E S S I S : Il faudrait laisser Jean-Luc Martin-Lagardette terminer car il a travaillé sur des propositions concrètes.
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M A R T I N - L A G A R D E T T E : La transparence générale, dans les administrations et ailleurs, est conditionnée par celle des médias qui détiennent la clef d’accès au débat public. Il est donc important que nous sachions comment fonctionnent ceux qui abordent les sujets de société. C’est une question de crédibilité dans la sélection et le traitement de l’information.
Nous avons vu que l’administration a un droit supplémentaire concernant les informations erronées, mais qu’elle utilise d’ailleurs très peu. Le droit de réponse, à mon avis, peut être un moyen pour la société de faire mieux entendre la diversité de ses prérogatives et défendre ses intérêts de façon plus efficace.
Nous avons vu que l’administration a un droit supplémentaire concernant les informations erronées, mais qu’elle utilise d’ailleurs très peu. Le droit de réponse, à mon avis, peut être un moyen pour la société de faire mieux entendre la diversité de ses prérogatives et défendre ses intérêts de façon plus efficace.
Il existe des Conseils de presse Il existe des Conseils de presse dans de très nombreux pays dans de très nombreux pays (Québec, Suisse, etc.). Ce sont des institutions associatives, la plupart (Québec, Suisse, etc.)” du temps d’initiative privée et parfois publique, qui réunissent des patrons de presse, des éditeurs, des journalistes et des “consommateurs”, entre guillemets, de l’information, des téléspectateurs, des lecteurs, des associations de défense des consommateurs et parfois des juristes.
Il existe des Conseils de presse Il existe des Conseils de presse dans de très nombreux pays dans de très nombreux pays (Québec, Suisse, etc.). Ce sont des institutions associatives, la plupart (Québec, Suisse, etc.)” du temps d’initiative privée et parfois publique, qui réunissent des patrons de presse, des éditeurs, des journalistes et des “consommateurs”, entre guillemets, de l’information, des téléspectateurs, des lecteurs, des associations de défense des consommateurs et parfois des juristes.
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Le rôle de ces Conseils est de recueillir les plaintes des “blessés de l’information”, comme le dirait le sociologue Jean-Marie Charon, de les étudier et de demander des comptes aux journaux. Vous avez été maltraité dans les médias ; on a parlé de l’ouragan Katrina, sans parler du réchauffement climatique et vous pensez que l’intérêt général est lésé, le journaliste n’ayant pas fait correctement son travail en limitant son information au factuel sans chercher à comprendre la complexité de l’événement, par exemple : vous saisissez ce Conseil de la presse. Celui-ci regarde votre dossier et demande des comptes explications aux journalistes. Il publie alors une réponse argumentée, indiquant que le journaliste a bien ou mal fait, devrait ou aurait dû, etc. Dans ces pays, le journaliste est habitué au regard et à la critique portés sur lui pour rendre des comptes publiquement à la société. C’est pour moi un point important.
Pour votre gouverne, sachez que l’ancien directeur de l’AFP, Henri Pigeat, aujourd’hui directeur du CFJ, qui est un homme Le rôle de ces Conseils est de recueillir très versé dans ces questions de déontologie, a les plaintes des « blessés de l’information », lui-même tenté de mettre en œuvre un tel de la presse en France. Il a été complèet de demander des comptes aux journaux” Conseil tement rejeté par les éditeurs et les journalistes. U N E
: C’est ce que je voulais dire tout à l’heure ; c’est un boycott total à cause du pouvoir.
I N T E R V E N A N T E
J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: Exactement.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Avez-vous quelque chose à ajouter à ce que vient de présenter Jean-Luc Martin-Lagardette ?
U N
: Demander un droit de réponse suite à un article ou un reportage, notamment lorsqu’on est industriel, peut être plus négatif encore. Les gens sont tentés de ne pas vous croire. C’est un vrai problème. L’individu lambda cherche davantage, comme le disait monsieur, le train qui arrive en retard plutôt que celui qui arrive à l’heure. Lorsque je vais vers un système d’information pour m’attendre à une certaine transparence, je dois au travers voir un reflet de la société. J’ai l’impression de ne voir dans l’information que ce qui se passe mal. J’arrive peut-être encore à avoir le recul nécessaire, mais beaucoup de gens se disent que, de toute façon, tout va mal et qu’ils ne peuvent rien y faire. Lorsqu’on leur demande d’aller voter, ils n’y vont pas parce qu’ils estiment que cela ne change rien.
I N T E R V E N A N T
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Le rôle de ces Conseils est de recueillir les plaintes des “blessés de l’information”, comme le dirait le sociologue Jean-Marie Charon, de les étudier et de demander des comptes aux journaux. Vous avez été maltraité dans les médias ; on a parlé de l’ouragan Katrina, sans parler du réchauffement climatique et vous pensez que l’intérêt général est lésé, le journaliste n’ayant pas fait correctement son travail en limitant son information au factuel sans chercher à comprendre la complexité de l’événement, par exemple : vous saisissez ce Conseil de la presse. Celui-ci regarde votre dossier et demande des comptes explications aux journalistes. Il publie alors une réponse argumentée, indiquant que le journaliste a bien ou mal fait, devrait ou aurait dû, etc. Dans ces pays, le journaliste est habitué au regard et à la critique portés sur lui pour rendre des comptes publiquement à la société. C’est pour moi un point important.
Pour votre gouverne, sachez que l’ancien directeur de l’AFP, Henri Pigeat, aujourd’hui directeur du CFJ, qui est un homme Le rôle de ces Conseils est de recueillir très versé dans ces questions de déontologie, a les plaintes des « blessés de l’information », lui-même tenté de mettre en œuvre un tel de la presse en France. Il a été complèet de demander des comptes aux journaux” Conseil tement rejeté par les éditeurs et les journalistes. U N E
: C’est ce que je voulais dire tout à l’heure ; c’est un boycott total à cause du pouvoir.
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D U P L E S S I S : Avez-vous quelque chose à ajouter à ce que vient de présenter Jean-Luc Martin-Lagardette ?
U N
: Demander un droit de réponse suite à un article ou un reportage, notamment lorsqu’on est industriel, peut être plus négatif encore. Les gens sont tentés de ne pas vous croire. C’est un vrai problème. L’individu lambda cherche davantage, comme le disait monsieur, le train qui arrive en retard plutôt que celui qui arrive à l’heure. Lorsque je vais vers un système d’information pour m’attendre à une certaine transparence, je dois au travers voir un reflet de la société. J’ai l’impression de ne voir dans l’information que ce qui se passe mal. J’arrive peut-être encore à avoir le recul nécessaire, mais beaucoup de gens se disent que, de toute façon, tout va mal et qu’ils ne peuvent rien y faire. Lorsqu’on leur demande d’aller voter, ils n’y vont pas parce qu’ils estiment que cela ne change rien.
I N T E R V E N A N T
Avez-vous une solution ?
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je propose la solution du Conseil de la presse. L’idée serait de créer une association de recueil des plaintes des blessés ou des victimes de l’information, pris au sens individuel ou général. Vous pourriez la saisir si vous êtes une société, que vous êtes maltraité par l’information ou si vous défendez un intérêt général, comme nos amis défenseurs de l’environnement. Si vous estimez que l’intérêt général a été bafoué ou qu’une rectification est nécessaire, ce Conseil de la presse permet la mise en œuvre d’un réflexe pour que les médias justifient la façon dont ils travaillent et acceptent - enfin ! - de s’ouvrir à la société civile.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je propose la solution du Conseil de la presse. L’idée serait de créer une association de recueil des plaintes des blessés ou des victimes de l’information, pris au sens individuel ou général. Vous pourriez la saisir si vous êtes une société, que vous êtes maltraité par l’information ou si vous défendez un intérêt général, comme nos amis défenseurs de l’environnement. Si vous estimez que l’intérêt général a été bafoué ou qu’une rectification est nécessaire, ce Conseil de la presse permet la mise en œuvre d’un réflexe pour que les médias justifient la façon dont ils travaillent et acceptent - enfin ! - de s’ouvrir à la société civile.
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[…]
[…]
L E D E N V I C : …par rapport à la position de la DRIRE. Lorsque j’ai vu cela, je me suis dit que ce n’était pas possible. Ma chargée de communication est intervenue auprès
L E D E N V I C : …par rapport à la position de la DRIRE. Lorsque j’ai vu cela, je me suis dit que ce n’était pas possible. Ma chargée de communication est intervenue auprès
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: Exactement.
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Avez-vous une solution ?
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de l’AFP. Il est possible de faire des communiqués rectificatifs pour des erreurs absolument flagrantes. Or, l’AFP n’a pas voulu. Furieux, j’ai écrit un courrier à la directrice régionale de l’AFP pour lui dire que c’était lamentable. Après avoir relaté les faits au préfet, celui-ci m’a fait comprendre qu’il aurait fallu éviter de se mettre mal avec l’AFP.
de l’AFP. Il est possible de faire des communiqués rectificatifs pour des erreurs absolument flagrantes. Or, l’AFP n’a pas voulu. Furieux, j’ai écrit un courrier à la directrice régionale de l’AFP pour lui dire que c’était lamentable. Après avoir relaté les faits au préfet, celui-ci m’a fait comprendre qu’il aurait fallu éviter de se mettre mal avec l’AFP.
C’est pourquoi je dis que le droit de réponse reste théorique et ne traite que les symptômes. Il existe un certain nombre de rouages…
C’est pourquoi je dis que le droit de réponse reste théorique et ne traite que les symptômes. Il existe un certain nombre de rouages…
M A R T I N - L A G A R D E T T E : De toute façon, ce droit de réponse est très peu et très mal utilisé. C’est pourquoi il faut trouver un mécanisme davantage à la disposition du public. Un service de médiation, mais hors de la publication ellemême. Les droits de réponse ne sont accordés, en général, qu’à certains. Selon que vous êtes puissant ou misérable… Si vous vous appelez Jacques Chirac, vous aurez un droit de réponse. Si vous vous appelez Ledenvic, je suis désolé…
M A R T I N - L A G A R D E T T E : De toute façon, ce droit de réponse est très peu et très mal utilisé. C’est pourquoi il faut trouver un mécanisme davantage à la disposition du public. Un service de médiation, mais hors de la publication ellemême. Les droits de réponse ne sont accordés, en général, qu’à certains. Selon que vous êtes puissant ou misérable… Si vous vous appelez Jacques Chirac, vous aurez un droit de réponse. Si vous vous appelez Ledenvic, je suis désolé…
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Ou bien, il faut avoir des moyens. Alain Delon avait été mis en cause dans un journal pour une certaine affaire et il n’avait pas eu de droit de réponse. Il s’est donc acheté une page dans “Le Monde”, mais ce n’est pas à la portée de tous.
Ou bien, il faut avoir des moyens. Alain Delon avait été mis en cause dans un journal pour une certaine affaire et il n’avait pas eu de droit de réponse. Il s’est donc acheté une page dans “Le Monde”, mais ce n’est pas à la portée de tous.
Il faut trouver les moyens de dire : “J’ai un autre point de vue. Je défends d’autres intérêts qui ne sont pas pris à en compte” et habituer les journaux à ce genre d’instance. Cela pourrait passer par un site Internet médiateur, ce serait un point positif et simple à mettre en œuvre.
Il faut trouver les moyens de dire : “J’ai un autre point de vue. Je défends d’autres intérêts qui ne sont pas pris à en compte” et habituer les journaux à ce genre d’instance. Cela pourrait passer par un site Internet médiateur, ce serait un point positif et simple à mettre en œuvre.
Plus largement, je C’est la base d’un droit à l’information propose une réflexion qu’il faudrait instaurer politiquement, de société. Le rôle de l’information dans une juridiquement, économiquement, société démocratique est professionnellement” un débat que nous n’avons pas souvent dans l’espace public, les journalistes et les éditeurs n’en veulent pas. Or, je revendique une chose… Ce que j’ai formulé peut être amélioré, bien sûr, mais c’est la base d’un droit à l’information qu’il faudrait instaurer politiquement, juridiquement, économiquement, professionnellement. Il serait nécessaire de se battre pour cela.
Plus largement, je C’est la base d’un droit à l’information propose une réflexion qu’il faudrait instaurer politiquement, de société. Le rôle de l’information dans une juridiquement, économiquement, société démocratique est professionnellement” un débat que nous n’avons pas souvent dans l’espace public, les journalistes et les éditeurs n’en veulent pas. Or, je revendique une chose… Ce que j’ai formulé peut être amélioré, bien sûr, mais c’est la base d’un droit à l’information qu’il faudrait instaurer politiquement, juridiquement, économiquement, professionnellement. Il serait nécessaire de se battre pour cela.
Il faudrait affirmer et inscrire, peut-être dans la Constitution, le droit du citoyen a être correctement informé, c’est-à-dire être éclairé le plus objectivement et impartialement possible sur tous les enjeux de la vie démocratique afin qu’il puisse former librement son opinion personnelle.
Il faudrait affirmer et inscrire, peut-être dans la Constitution, le droit du citoyen a être correctement informé, c’est-à-dire être éclairé le plus objectivement et impartialement possible sur tous les enjeux de la vie démocratique afin qu’il puisse former librement son opinion personnelle.
I N T E R V E N A N T E
: C’est dans la Constitution française.
U N E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Non. La liberté d’expression ou d’opinion existe, pas celui du droit du public à être informé correctement. Cela n’a rien à voir. Il n’y a pas encore de droit à l’information.
J E A N - L U C
: Le droit à l’information existe, non seulement dans la constitution française, mais nous avons aussi ratifié la convention d’Aarhus…
L ’ I N T E R V E N A N T E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Cela concerne l’environnement et ne touche pas tous les domaines de la vie démocratique, comme la santé, par exemple.
J E A N - L U C
: Le droit à l’information existe, non seulement dans la constitution française, mais nous avons aussi ratifié la convention d’Aarhus…
L ’ I N T E R V E N A N T E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Cela concerne l’environnement et ne touche pas tous les domaines de la vie démocratique, comme la santé, par exemple.
J E A N - L U C
L ’ I N T E R V E N A N T E
: Elle s’applique à tous les domaines.
L ’ I N T E R V E N A N T E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Non, pas du tout. La Convention d’Aarhus concerne « l’accès à l’information, la participation du public au proces-
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: Elle s’applique à tous les domaines.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Non, pas du tout. La Convention d’Aarhus concerne « l’accès à l’information, la participation du public au proces-
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: C’est dans la Constitution française.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Non. La liberté d’expression ou d’opinion existe, pas celui du droit du public à être informé correctement. Cela n’a rien à voir. Il n’y a pas encore de droit à l’information.
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sus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement ». Ce droit à l’information… U N
sus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement ». Ce droit à l’information…
: La démocratie participative, par exemple. C’est français mais il y a tout de même une mouvance européenne. Il existe déjà un cadre.
U N
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il existe un cadre mais on n’y trouve pas de droit précis du citoyen à être informé le plus objectivement possible. Ce n’est dit nulle part.
J E A N - L U C
I N T E R V E N A N T
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il existe un cadre mais on n’y trouve pas de droit précis du citoyen à être informé le plus objectivement possible. Ce n’est dit nulle part.
J E A N - L U C
L ’ I N T E R V E N A N T
: Les conditions sont-elles réunies pour un véritable changement ?
L ’ I N T E R V E N A N T
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Non. Un « véritable changement », non à court terme. Des évolutions, des débats, oui. Il y a un début de prise de conscience mais les résistances sont très vives.
J E A N - L U C
: C’est ce que je voulais dire. J’ai réagi tout à l’heure, mais avec respect, par rapport à ce que vous avez dit : “Les journalistes et la presse se tirent dans le pied en agissant ainsi”. Il est également inquiétant, si ce n’est plus encore, que les pouvoirs publics, en refusant cette transparence, se tirent également dans le pied. C’est très grave car si certaines questions sont dominées par le monde économique, dont fait partie la presse, d’autres, concernant la gestion de ce genre de problématique d’intérêt général, de transparence de la presse, restent du ressort des pouvoirs publics. Or, les jeunes et les moins jeunes se désintéressent, se méfient ou rejettent le monde politique. C’est extrêmement grave et c’est pour cela que je réagissais.
L ’ I N T E R V E N A N T
: C’est ce que je voulais dire. J’ai réagi tout à l’heure, mais avec respect, par rapport à ce que vous avez dit : “Les journalistes et la presse se tirent dans le pied en agissant ainsi”. Il est également inquiétant, si ce n’est plus encore, que les pouvoirs publics, en refusant cette transparence, se tirent également dans le pied. C’est très grave car si certaines questions sont dominées par le monde économique, dont fait partie la presse, d’autres, concernant la gestion de ce genre de problématique d’intérêt général, de transparence de la presse, restent du ressort des pouvoirs publics. Or, les jeunes et les moins jeunes se désintéressent, se méfient ou rejettent le monde politique. C’est extrêmement grave et c’est pour cela que je réagissais.
L ’ I N T E R V E N A N T
Ce que vous dites est très beau mais les conditions d’une information globale sur les enjeux démocratiques dérangent des personnes actuellement en charge de ces questions. Ce que nous voulons est-il donc possible ? J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: Oui, par des actions militantes et une
pression populaire - notre action. M A R T I N - F E R R A R I : Cette proposition relève du Parlement. Cela signifie déposer un projet de loi auprès d’un parlementaire qui va défendre l’adjonction de cette loi.
D O M I N I Q U E
Le travail de citoyen que nous devons mener se situe plus en amont. Nous pouvons faire les deux, ce n’est pas incompatible, mais le travail le plus important à faire est de réconcilier le citoyen avec le journalisme et l’information. Il a perdu toute croyance dans l’information et cela ne passera que par une éducation du citoyen à l’information. L’école est fondée sur l’analyse de la langue. Elle a été mise en place dans les années 40 avec l’école de Jules Ferry. C’était l’époque où les gens n’avaient pas accès aux livres. Donc, l’école entière a été fondée sur la prise de connaissance des textes littéraires de la France pour apprendre quels sont, à travers ces textes, tous les modes d’écriture et d’expression possibles d’un citoyen.
Le travail le plus important à faire est de réconcilier le citoyen avec le journalisme et l’information”
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Aujourd’hui, on donne comme bagage à un enfant la littérature des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles pour décrypter les modes d’écriture. Mais, on n’a pas encore intégré le mode d’écriture du XXe siècle… J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: Si.
M A R T I N - F E R R A R I : Non, pas assez. Et, c’est sur ce point qu’il faut se battre. Aujourd’hui, on ne décrypte pas l’information. Il existe un cours d’étude de la
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: Les conditions sont-elles réunies pour un véritable changement ?
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Non. Un « véritable changement », non à court terme. Des évolutions, des débats, oui. Il y a un début de prise de conscience mais les résistances sont très vives.
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: La démocratie participative, par exemple. C’est français mais il y a tout de même une mouvance européenne. Il existe déjà un cadre.
I N T E R V E N A N T
Ce que vous dites est très beau mais les conditions d’une information globale sur les enjeux démocratiques dérangent des personnes actuellement en charge de ces questions.
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Ce que nous voulons est-il donc possible ? J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: Oui, par des actions militantes et une
pression populaire - notre action. M A R T I N - F E R R A R I : Cette proposition relève du Parlement. Cela signifie déposer un projet de loi auprès d’un parlementaire qui va défendre l’adjonction de cette loi.
D O M I N I Q U E
Le travail de citoyen que nous devons mener se situe plus en amont. Nous pouvons faire les deux, ce n’est pas incompatible, mais le travail le plus important à faire est de réconcilier le citoyen avec le journalisme et l’information. Il a perdu toute croyance dans l’information et cela ne passera que par une éducation du citoyen à l’information. L’école est fondée sur l’analyse de la langue. Elle a été mise en place dans les années 40 avec l’école de Jules Ferry. C’était l’époque où les gens n’avaient pas accès aux livres. Donc, l’école entière a été fondée sur la prise de connaissance des textes littéraires de la France pour apprendre quels sont, à travers ces textes, tous les modes d’écriture et d’expression possibles d’un citoyen.
Le travail le plus important à faire est de réconcilier le citoyen avec le journalisme et l’information”
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Aujourd’hui, on donne comme bagage à un enfant la littérature des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles pour décrypter les modes d’écriture. Mais, on n’a pas encore intégré le mode d’écriture du XXe siècle… J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
: Si.
M A R T I N - F E R R A R I : Non, pas assez. Et, c’est sur ce point qu’il faut se battre. Aujourd’hui, on ne décrypte pas l’information. Il existe un cours d’étude de la
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presse mais il n’y a pas d’étude du droit à l’image, de la manière dont on écrit. Les professeurs ne sont pas du tout formés à ce genre de choses et ne le font pas forcément.
presse mais il n’y a pas d’étude du droit à l’image, de la manière dont on écrit. Les professeurs ne sont pas du tout formés à ce genre de choses et ne le font pas forcément.
Les journalistes ne vont donner que des petits cours d’une ou deux heures. Lorsqu’ils vont dans les écoles, ils ne donnent qu’une explication de leur métier. Le travail mené sur l’écriture des siècles passés est plus important que pour les XXe et XXIe siècles. Or, c’est une revendication que nous devrions avoir en tant que citoyens.
Les journalistes ne vont donner que des petits cours d’une ou deux heures. Lorsqu’ils vont dans les écoles, ils ne donnent qu’une explication de leur métier. Le travail mené sur l’écriture des siècles passés est plus important que pour les XXe et XXIe siècles. Or, c’est une revendication que nous devrions avoir en tant que citoyens.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Jean-Luc Martin-Lagardette comptait reprendre cela dans sa proposition de création d’une association qui recueillerait des réflexions dans tous ces domaines, et tout particulièrement dans la pédagogie.
U N
: J’ai bien compris tout ce que vous avez dit auparavant. On posait la vraie problématique. En revanche, dès l’instant que l’on a la liberté d’expression, le citoyen achète ou non, il comprend ou non, il a forcément le droit à l’information. (…)
I N T E R V E N A N T
En revanche, il est vrai de dire qu’il n’a pas la formation nécessaire pour faire le tour. Je crains qu’en “déposant”, entre guillemets, ce genre de chose, les gens disent que vous enfoncez des portes ouvertes, et ils se demanderont ce que vous demandez de plus. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je suis d’accord avec vous, cela demandera à être amélioré. L’idée est de différencier le journalisme de la communication, de la publicité, des autres formes de communication qui existent et qui ont leur légitimité, leur valeur et leur intérêt.
J E A N - L U C
Le journalisme est une expression particulière. Il recherche théoriquement la vérité des faits de façon impartiale – même s’il peut avoir son opinion - et défend un intérêt public. S’il veut prétendre être journaliste et si son patron employeur prétend être éditeur de presse, ils doivent intégrer l’obligation d’information la plus objective possible. Cette précision me semble importante mais elle n’est pas actuellement assumée par les médias qui confondent souvent information, divertissement, communication et publicité.
Les médias souvent information, divertissement, communication et publicité”
C’est le lien dont parlait M. Ledenvic en mettant à disposition des données brutes pour que le citoyen se fasse une opinion. Quelque part, c’est la mission du journaliste. Il peut avoir son opinion, mais il a un devoir de vérifier son information et de se méfier des manipulations. H É L È N E
D U P L E S S I S : Rappelez-vous ce qu’a dit monsieur sur la qualité de l’information, lorsqu’il dictait son papier au journaliste. Je suis journaliste, je l’ai vu et je l’ai peut-être même fait.
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: J’ai bien compris tout ce que vous avez dit auparavant. On posait la vraie problématique. En revanche, dès l’instant que l’on a la liberté d’expression, le citoyen achète ou non, il comprend ou non, il a forcément le droit à l’information. (…)
I N T E R V E N A N T
En revanche, il est vrai de dire qu’il n’a pas la formation nécessaire pour faire le tour. Je crains qu’en “déposant”, entre guillemets, ce genre de chose, les gens disent que vous enfoncez des portes ouvertes, et ils se demanderont ce que vous demandez de plus. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Je suis d’accord avec vous, cela demandera à être amélioré. L’idée est de différencier le journalisme de la communication, de la publicité, des autres formes de communication qui existent et qui ont leur légitimité, leur valeur et leur intérêt.
J E A N - L U C
Le journalisme est une expression particulière. Il recherche théoriquement la vérité des faits de façon impartiale – même s’il peut avoir son opinion - et défend un intérêt public. S’il veut prétendre être journaliste et si son patron employeur prétend être éditeur de presse, ils doivent intégrer l’obligation d’information la plus objective possible. Cette précision me semble importante mais elle n’est pas actuellement assumée par les médias qui confondent souvent information, divertissement, communication et publicité. C’est le lien dont parlait M. Ledenvic en mettant à disposition des données brutes pour que le citoyen se fasse une opinion. Quelque part, c’est la mission du journaliste. Il peut avoir son opinion, mais il a un devoir de vérifier son information et de se méfier des manipulations.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Rappelez-vous ce qu’a dit monsieur sur la qualité de l’information, lorsqu’il dictait son papier au journaliste. Je suis journaliste, je l’ai vu et je l’ai peut-être même fait.
Un journaliste qui a deux minutes pour faire son papier, qui va se faire attraper par son rédacteur en chef qui a l’habitude de maltraiter les gens, c’est aussi une chose dont on ne parle pas mais qui est une réalité ; il fait ce qu’on lui dit de faire. Il a vingtcinq ans, un petit salaire et il faut bien qu’il bosse. On peut avoir eu toute les grandes idées et tous les espoirs quand on avait quinze ans, la réalité à laquelle on est confronté à vingt-cinq ans est celle-ci et pas une autre.
Un journaliste qui a deux minutes pour faire son papier, qui va se faire attraper par son rédacteur en chef qui a l’habitude de maltraiter les gens, c’est aussi une chose dont on ne parle pas mais qui est une réalité ; il fait ce qu’on lui dit de faire. Il a vingtcinq ans, un petit salaire et il faut bien qu’il bosse. On peut avoir eu toute les grandes idées et tous les espoirs quand on avait quinze ans, la réalité à laquelle on est confronté à vingt-cinq ans est celle-ci et pas une autre.
La transparence et la vérification des informations passent également par tout cela. Il faut en être conscient.
La transparence et la vérification des informations passent également par tout cela. Il faut en être conscient.
M A R T I N - F E R R A R I : À vingt-cinq ans, comment peut-on avoir les informations des gens qui font le développent durable, celles de Total, Areva, Aventis, Rhône Poulenc, etc. qui sont classées confidentielles parce…
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D U P L E S S I S : Jean-Luc Martin-Lagardette comptait reprendre cela dans sa proposition de création d’une association qui recueillerait des réflexions dans tous ces domaines, et tout particulièrement dans la pédagogie.
Les médias souvent information, divertissement, communication et publicité”
M A R T I N - F E R R A R I : À vingt-cinq ans, comment peut-on avoir les informations des gens qui font le développent durable, celles de Total, Areva, Aventis, Rhône Poulenc, etc. qui sont classées confidentielles parce…
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[…]
[…]
… qu’elles valent de l’argent aux CAC 40 ? Ce n’est pas le journaliste de vingtcinq ans qui va les obtenir ! Or, ce sont celles qui sont importantes, tout le reste est “du bidon” ! C’est de l’événementiel à court terme et non pas de la stratégie. U N E
I N T E R V E N A N T E
… qu’elles valent de l’argent aux CAC 40 ? Ce n’est pas le journaliste de vingtcinq ans qui va les obtenir ! Or, ce sont celles qui sont importantes, tout le reste est “du bidon” ! C’est de l’événementiel à court terme et non pas de la stratégie.
: De plus, certains sont de très bons investigateurs mais d’au-
U N E
I N T E R V E N A N T E
tres ne le sont pas. M A R T I N - F E R R A R I : On ne trouve pas de bons investigateurs de vingt-cinq ans parce qu’ils n’ont pas de pouvoir dans le journal, ni l’argent, ni les moyens. Il faut également des gens qui ont de la personnalité pour pouvoir s’imposer.
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I : On ne trouve pas de bons investigateurs de vingt-cinq ans parce qu’ils n’ont pas de pouvoir dans le journal, ni l’argent, ni les moyens. Il faut également des gens qui ont de la personnalité pour pouvoir s’imposer.
: Je suis très sensible à ce que vous dites sur la maltraitance, la précarité. J’ai l’impression d’avoir connu cela à l’UNESCO qui a un côté prestigieux mais où, en général, le droit du travail n’existe pas.
U N E
D O M I N I Q U E
U N E
I N T E R V E N A N T E
: Je suis très sensible à ce que vous dites sur la maltraitance, la précarité. J’ai l’impression d’avoir connu cela à l’UNESCO qui a un côté prestigieux mais où, en général, le droit du travail n’existe pas.
I N T E R V E N A N T E
Pour en revenir à l’article sur le droit à l’information, je pense également que c’est un peu enfoncer une porte ouverte.
Pour en revenir à l’article sur le droit à l’information, je pense également que c’est un peu enfoncer une porte ouverte.
Ensuite, en ce qui concerne la pédagogie du décryptage de l’information par les citoyens, savoir étudier Molière n’est pas forcément inutile pour décrypter….
Ensuite, en ce qui concerne la pédagogie du décryptage de l’information par les citoyens, savoir étudier Molière n’est pas forcément inutile pour décrypter….
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I
L ’ I N T E R V E N A N T E
: Ce n’est pas ce que j’ai dit.
D O M I N I Q U E
: …les pages du “Monde”.
D U P L E S S I S
: Votre expérience avec la maternité, c’est scandaleux !
U N
: Si vous saviez ce que j’ai pu observer.
I N T E R V E N A N T E
H É L È N E
: Dans beaucoup d’instances comme celle-ci, on a l’impression que c’est le règne de la démocratie, de la liberté et de l’intellectualisme. À l’UNESCO, c’était plutôt celui de la déprime.
D U P L E S S I S
: Si vous saviez ce que j’ai pu observer.
L ’ I N T E R V E N A N T E
Des jeunes qui ont Bac+12, avec des rêves plein la tête, se retrouvent à douze dans des bureaux de 5 mètres carrés. Certains espèrent passer d’un contrat d’un mois à un contrat de trois mois. Ils sont bien payés mais ils attendent trois mois entre chaque contrat en continuant à aller au travail pour qu’on ne les oublie pas !
Des jeunes qui ont Bac+12, avec des rêves plein la tête, se retrouvent à douze dans des bureaux de 5 mètres carrés. Certains espèrent passer d’un contrat d’un mois à un contrat de trois mois. Ils sont bien payés mais ils attendent trois mois entre chaque contrat en continuant à aller au travail pour qu’on ne les oublie pas !
Seulement, lorsqu’on travaille à l’UNESCO, c’est merveilleux, on est génial, mais lorsqu’on travaille dans une multinationale, on est des méchants. En attendant, ils passent des contrats entre eux sans aucun problème…
Seulement, lorsqu’on travaille à l’UNESCO, c’est merveilleux, on est génial, mais lorsqu’on travaille dans une multinationale, on est des méchants. En attendant, ils passent des contrats entre eux sans aucun problème…
D O M I N I Q U E
M A R T I N - F E R R A R I
: Le diriez-vous en off à un journaliste ?
D O M I N I Q U E
[…]
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: Votre expérience avec la maternité, c’est scandaleux !
: Dans beaucoup d’instances comme celle-ci, on a l’impression que c’est le règne de la démocratie, de la liberté et de l’intellectualisme. À l’UNESCO, c’était plutôt celui de la déprime.
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: …les pages du “Monde”.
[…]
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H É L È N E
: Ce n’est pas ce que j’ai dit.
Il me semble qu’il faut davantage revendiquer les syndicats dans les médias, une obligation de critère du développement durable, des rapports de la RSE, etc. Il faut essayer d’organiser la profession en défonçant la structure.
[…] H É L È N E
M A R T I N - F E R R A R I
L ’ I N T E R V E N A N T E
Il me semble qu’il faut davantage revendiquer les syndicats dans les médias, une obligation de critère du développement durable, des rapports de la RSE, etc. Il faut essayer d’organiser la profession en défonçant la structure. U N
: De plus, certains sont de très bons investigateurs mais d’au-
tres ne le sont pas.
: Le diriez-vous en off à un journaliste ?
[…]
D U P L E S S I S : Par exemple, j’ai voulu faire un reportage sur les conditions de travail des journalistes, avec Martine Mauleon, la femme qui défendait l’emploi, les malheureux. Je voulais donner des exemples concrets de gens qui étaient venus me voir parce que j’avais été sensibilisée à leurs problèmes. Eh bien, Martine n’a pas pu faire le sujet.
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D U P L E S S I S : Par exemple, j’ai voulu faire un reportage sur les conditions de travail des journalistes, avec Martine Mauleon, la femme qui défendait l’emploi, les malheureux. Je voulais donner des exemples concrets de gens qui étaient venus me voir parce que j’avais été sensibilisée à leurs problèmes. Eh bien, Martine n’a pas pu faire le sujet.
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: Il faut peut-être sortir des grands médias.
D U P L E S S I S : Cela rejoint le problème que nous évoquions en début de réunion, tant que cela ne passe pas par les grands médias, nous n’avons pas d’amplificateur de l’information. M A R T I N - F E R R A R I : Je pense que ce temps est terminé et que France Télévisions va le vivre de plein fouet. L’Europe va vivre ce que les États-Unis ont vécu voici dix ans. La mainmise sur l’information du groupe hégémonique qui s’appelle France Télévisions est quelque chose qui va changer grâce à l’Europe, mais sûrement pas grâce à la France. Dans cinq ans, nous en reparlerons.
D O M I N I Q U E
Les Italiens et les Allemands ont des médias locaux, régionaux qui ont des pouvoirs équivalents à des médias nationaux”
Il faut se préparer à être capable de ne plus dire : “C’est un petit média”. Ce sera le média que nous en ferons. C’est également fondamental dans les changements de mentalité française. Les Italiens et les Allemands ne proféreraient jamais ce genre de discours sur un grand média. Ils ont des médias locaux, régionaux qui ont des pouvoirs équivalents à des médias nationaux.
C’est le même problème que celui de notre organisation politique qui a été excessivement centralisée. Le pouvoir des régions commence seulement à déboucher aujourd’hui, c’est la même chose pour les médias. Il faut changer d’état d’esprit. U N
: En même temps, nous sommes habitués à avoir une presse quotidienne régionale puissante en France.
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D U P L E S S I S : Cela rejoint le problème que nous évoquions en début de réunion, tant que cela ne passe pas par les grands médias, nous n’avons pas d’amplificateur de l’information. M A R T I N - F E R R A R I : Je pense que ce temps est terminé et que France Télévisions va le vivre de plein fouet. L’Europe va vivre ce que les États-Unis ont vécu voici dix ans. La mainmise sur l’information du groupe hégémonique qui s’appelle France Télévisions est quelque chose qui va changer grâce à l’Europe, mais sûrement pas grâce à la France. Dans cinq ans, nous en reparlerons.
D O M I N I Q U E
Les Italiens et les Allemands ont des médias locaux, régionaux qui ont des pouvoirs équivalents à des médias nationaux”
: Il faut être optimiste.
U N
: En même temps, nous sommes habitués à avoir une presse quotidienne régionale puissante en France.
I N T E R V E N A N T E
D O M I N I Q U E
: Nous pourrons peut-être nous organiser au niveau européen
U N E
: Nous pourrons peut-être nous organiser au niveau européen
[…]
: Les lois de la presse ne sont pas les mêmes en Italie, en Allemagne ou en France. Nous sommes les plus difficiles, les syndicats sont extrêmement lourds. Comme je le disais, des investisseurs étrangers seraient prêts à investir en France et à faire pulser la machine médiatique, mais les syndicats mettent tout de suite la pression, ce qui fait peur aux investisseurs. Il faut savoir ce que l’on veut exactement!
I N T E R V E N A N T E
U N E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Sur la question du droit à l’information, je fais ce genre de proposition pour ouvrir le débat. Il me semble important de discuter du rôle et du statut des entreprises de presse, des journalistes, des rapports avec les citoyens, les droits de réponse en France. Ce sont des questions politiques majeures.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Sur la question du droit à l’information, je fais ce genre de proposition pour ouvrir le débat. Il me semble important de discuter du rôle et du statut des entreprises de presse, des journalistes, des rapports avec les citoyens, les droits de réponse en France. Ce sont des questions politiques majeures.
J E A N - L U C
Vous avez également parlé des démarches de développement durable dans les médias. J’ai fait ce petit livre “Vrai comme l’info, méthode pour une presse citoyenne” en 2001. Entre autres, il contient des propositions et invite notamment la presse à faire, comme la plupart des entreprises, des démarches qualité pouvant être certifiées par des organismes indépendants. Il peut s’agir de l’information, de sa vérification, de la prise en compte de la société par rapport aux médias, leurs investissements, leur rôle dans l’environnement et le développement durable, etc. Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Les lois de la presse ne sont pas les mêmes en Italie, en Allemagne ou en France. Nous sommes les plus difficiles, les syndicats sont extrêmement lourds. Comme je le disais, des investisseurs étrangers seraient prêts à investir en France et à faire pulser la machine médiatique, mais les syndicats mettent tout de suite la pression, ce qui fait peur aux investisseurs. Il faut savoir ce que l’on veut exactement!
I N T E R V E N A N T E
Il faut surtout changer la mentalité des gens et faire un travail de citoyenneté et cela s’apprend dès l’enfance.
J E A N - L U C
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: Il faut être optimiste.
avec des syndicats.
Il faut surtout changer la mentalité des gens et faire un travail de citoyenneté et cela s’apprend dès l’enfance.
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Il faut se préparer à être capable de ne plus dire : “C’est un petit média”. Ce sera le média que nous en ferons. C’est également fondamental dans les changements de mentalité française. Les Italiens et les Allemands ne proféreraient jamais ce genre de discours sur un grand média. Ils ont des médias locaux, régionaux qui ont des pouvoirs équivalents à des médias nationaux.
C’est le même problème que celui de notre organisation politique qui a été excessivement centralisée. Le pouvoir des régions commence seulement à déboucher aujourd’hui, c’est la même chose pour les médias. Il faut changer d’état d’esprit.
avec des syndicats. U N E
: Il faut peut-être sortir des grands médias.
Vous avez également parlé des démarches de développement durable dans les médias. J’ai fait ce petit livre “Vrai comme l’info, méthode pour une presse citoyenne” en 2001. Entre autres, il contient des propositions et invite notamment la presse à faire, comme la plupart des entreprises, des démarches qualité pouvant être certifiées par des organismes indépendants. Il peut s’agir de l’information, de sa vérification, de la prise en compte de la société par rapport aux médias, leurs investissements, leur rôle dans l’environnement et le développement durable, etc. 256
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Un grand exemple est le “Guardian” à Londres qui publie un rapport de développement durable très argumenté et détaillé ; il préfigure ce que d’autres médias vont pouvoir faire, peut-être pas en France, mais en tout cas dans les pays anglo-saxons. Ensuite, je voudrais vous parler de l’alliance internationale du journalisme, puisque nous avons parlé de l’Europe et de l’international. Il existe, au sein de la Fondation pour le progrès de l’homme, une alliance de journalistes qui réfléchit à ces questions. Elle recueille les informations sur ce qui se fait dans tous les pays du monde. Nous sommes en relation avec d’autres journalistes sur le thème de l’information équitable. On n’a pas encore trouvé mieux que ce terme qui reprend le principe du commerce équitable. Elle respecte certains critères de qualités - humaines, économiques, sociales, etc. Les groupes de travail sont composés de journalistes mais aussi des gens du monde des médias et qui sont intéressés par ces questions. On les trouve au Brésil, en Belgique, au Canada, en Asie.
Un grand exemple est le « Guardian » à Londres qui publie un rapport de développement durable très argumenté et détaillé”
Je vous invite à vous renseigner sur le site Internet de la Fondation pour les progrès de l’homme2. Vous pourrez entrer en contact avec cette alliance de journalistes dont le travail consiste à trouver les meilleurs moyens d’améliorer la responsabilité sociale, environnementale et citoyenne des médias. U N E
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: S’agissant de l’efficacité pour faire entrer le développement durable dans une structure, il faut passer par le côté gouvernance et partie prenante, c’est-à-dire que cela ne marche que si la structure doit rendre des comptes à l’externe. Finalement, c’est montrer à nu les difficultés qu’elle peut rencontrer. Pour nous, il s’agit de la transparence, la gouvernance, etc. Je pense que nous avons tous un peu les mêmes difficultés.
: S’agissant de l’efficacité pour faire entrer le développement durable dans une structure, il faut passer par le côté gouvernance et partie prenante, c’est-à-dire que cela ne marche que si la structure doit rendre des comptes à l’externe. Finalement, c’est montrer à nu les difficultés qu’elle peut rencontrer. Pour nous, il s’agit de la transparence, la gouvernance, etc. Je pense que nous avons tous un peu les mêmes difficultés.
I N T E R V E N A N T E
Par rapport à des appels d’offres ou produits, des associations viennent nous évaluer sur certains points. En ouvrant la structure à des critiques externes constructives, même si ce n’est pas toujours agréable, cela nous enrichit et nous oblige à rendre des comptes à l’extérieur.
Les gens ne savent pas ce qui se passe dans le monde des médias, d’après ce que vous expliquez. Si des associations sur la liberté d’information venaient à l’intérieur de votre structure pour chercher des informations…
Les gens ne savent pas ce qui se passe dans le monde des médias, d’après ce que vous expliquez. Si des associations sur la liberté d’information venaient à l’intérieur de votre structure pour chercher des informations…
D U P L E S S I S : Justement, nous voulions proposer pour commencer des forums de discussion après l’Université d’été.
H É L È N E
: Depuis le début, on parle de la responsabilité du citoyen vis-à-vis de son droit à l’information, l’éducation, mais tout cela le culpabilise. Il faut s’attaquer aux structures, aux relations entre les pouvoirs.
L ’ I N T E R V E N A N T E
D U P L E S S I S : Je ne suis pas tout à fait d’accord. Chaque citoyen a des droits et des devoirs et il est bon de rappeler aux gens qu’ils doivent s’exprimer parfois pour exister.
H É L È N E
: Je trouve que c’est davantage un problème interne à la structure que celui de droit à l’information.
L ’ I N T E R V E N A N T E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Les médias français n’intègrent pas aujourd’hui la demande citoyenne dans sa diversité. Ils établissent comme ils l’enten-
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D U P L E S S I S : Justement, nous voulions proposer pour commencer des forums de discussion après l’Université d’été.
: Depuis le début, on parle de la responsabilité du citoyen vis-à-vis de son droit à l’information, l’éducation, mais tout cela le culpabilise. Il faut s’attaquer aux structures, aux relations entre les pouvoirs.
D U P L E S S I S : Je ne suis pas tout à fait d’accord. Chaque citoyen a des droits et des devoirs et il est bon de rappeler aux gens qu’ils doivent s’exprimer parfois pour exister.
: Je trouve que c’est davantage un problème interne à la structure que celui de droit à l’information. M A R T I N - L A G A R D E T T E : Les médias français n’intègrent pas aujourd’hui la demande citoyenne dans sa diversité. Ils établissent comme ils l’enten-
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Je vous invite à vous renseigner sur le site Internet de la Fondation pour les progrès de l’homme2. Vous pourrez entrer en contact avec cette alliance de journalistes dont le travail consiste à trouver les meilleurs moyens d’améliorer la responsabilité sociale, environnementale et citoyenne des médias.
Par rapport à des appels d’offres ou produits, des associations viennent nous évaluer sur certains points. En ouvrant la structure à des critiques externes constructives, même si ce n’est pas toujours agréable, cela nous enrichit et nous oblige à rendre des comptes à l’extérieur.
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Nous sommes en relation avec d’autres journalistes sur le thème de l’information équitable. On n’a pas encore trouvé mieux que ce terme qui reprend le principe du commerce équitable. Elle respecte certains critères de qualités - humaines, économiques, sociales, etc. Les groupes de travail sont composés de journalistes mais aussi des gens du monde des médias et qui sont intéressés par ces questions. On les trouve au Brésil, en Belgique, au Canada, en Asie.
U N E
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Ensuite, je voudrais vous parler de l’alliance internationale du journalisme, puisque nous avons parlé de l’Europe et de l’international. Il existe, au sein de la Fondation pour le progrès de l’homme, une alliance de journalistes qui réfléchit à ces questions. Elle recueille les informations sur ce qui se fait dans tous les pays du monde.
Un grand exemple est le « Guardian » à Londres qui publie un rapport de développement durable très argumenté et détaillé”
I N T E R V E N A N T E
H É L È N E
Un grand exemple est le “Guardian” à Londres qui publie un rapport de développement durable très argumenté et détaillé ; il préfigure ce que d’autres médias vont pouvoir faire, peut-être pas en France, mais en tout cas dans les pays anglo-saxons.
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dent l’ordre du jour et les priorités. Si le citoyen ne formule pas de demande, la partie prenante que représente la société civile est exclue de la construction de l’information par les médias. L ’ I N T E R V E N A N T E
: Il faut une attente.
L ’ I N T E R V E N A N T E
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il faut une pression. Il faut signifier à la presse que la société civile veut avoir son mot à dire sur la façon dont elle travaille. À moins que la presse ne donne des garanties d’impartialité ou d’honnêteté vérifiables et sanctionnables.
J E A N - L U C
M A R T I N - F E R R A R I : Elle a tout de même raison de dire qu’il n’y aura pas de pression avec dix journalistes. La pression viendra le jour où une attente existera. Cela fonctionne en même temps. S’il La pression viendra n’y a pas une attente citoyenne qui se traduit dans les bulletins de vote, ce ne sont pas le jour où une attente les quarante journalistes qui auront mis leur existera” nom en bas d’un parchemin…
D O M I N I Q U E
J E A N - L U C
D O M I N I Q U E
J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
attente. D O M I N I Q U E J E A N - L U C
M A R T I N - F E R R A R I
M A R T I N - F E R R A R I : Elle a tout de même raison de dire qu’il n’y aura pas de pression avec dix journalistes. La pression viendra le jour où une attente existera. Cela fonctionne en même temps. S’il La pression viendra n’y a pas une attente citoyenne qui se traduit dans les bulletins de vote, ce ne sont pas le jour où une attente les quarante journalistes qui auront mis leur existera” nom en bas d’un parchemin…
: Nous parlions de la pression suite à une
J E A N - L U C
D O M I N I Q U E
: La pression se base sur une attente. Bien
J E A N - L U C
M A R T I N - F E R R A R I
: Nous parlions de la pression suite à une
: L’attente vient avant la pression.
M A R T I N - L A G A R D E T T E
sûr.
: La pression se base sur une attente. Bien
H É L È N E
D U P L E S S I S : Ce que propose Jean-Luc Martin-Lagardette n’est pas de créer une association de journalistes qui parle de journalisme, mais de l’ouvrir à la société civile. Ici, nous ne sommes pas uniquement des journalistes.
H É L È N E
D U P L E S S I S : Ce que propose Jean-Luc Martin-Lagardette n’est pas de créer une association de journalistes qui parle de journalisme, mais de l’ouvrir à la société civile. Ici, nous ne sommes pas uniquement des journalistes.
U N
: De toute façon, même si on ne le voit pas, c’est comme lorsqu’une étoile meurt, il se passe un certain temps avant qu’on le voie.
U N
: De toute façon, même si on ne le voit pas, c’est comme lorsqu’une étoile meurt, il se passe un certain temps avant qu’on le voie.
I N T E R V E N A N T
I N T E R V E N A N T
Par exemple, le vote pour la constitution européenne. (…inaudible) qui est un instituteur, a un site Internet sur lequel il a donné des arguments pendant trois mois et demi sur le “non”. Un institut de sondages et d’études a dit qu’il avait influé à hauteur de 1,7 % le vote du “non”. Maintenant, c’est une sommité médiatisée.
Par exemple, le vote pour la constitution européenne. (…inaudible) qui est un instituteur, a un site Internet sur lequel il a donné des arguments pendant trois mois et demi sur le “non”. Un institut de sondages et d’études a dit qu’il avait influé à hauteur de 1,7 % le vote du “non”. Maintenant, c’est une sommité médiatisée.
Cela signifie qu’en rentrant chez lui et en donnant son opinion sur son blog à ses amis, il devient une influence avérée. C’est pour cela que le monde est en marche. Autant je suis en désaccord total avec les idées manichéennes que nous avons entendues au début, autant il est évident que nous parlons d’un monde qui n’existe déjà plus.
Cela signifie qu’en rentrant chez lui et en donnant son opinion sur son blog à ses amis, il devient une influence avérée. C’est pour cela que le monde est en marche. Autant je suis en désaccord total avec les idées manichéennes que nous avons entendues au début, autant il est évident que nous parlons d’un monde qui n’existe déjà plus.
La vérité, c’est que chacun a compris ces problèmes de distorsion et que les médias sont un message en eux-mêmes. Si je t’envoie un e-mail, tu vas le regarder autrement que sur la une de “Libération” parce que nous nous connaissons. La relation privilégiée que nous avons légitime le passage d’information et influence ce que l’on reçoit.
La vérité, c’est que chacun a compris ces problèmes de distorsion et que les médias sont un message en eux-mêmes. Si je t’envoie un e-mail, tu vas le regarder autrement que sur la une de “Libération” parce que nous nous connaissons. La relation privilégiée que nous avons légitime le passage d’information et influence ce que l’on reçoit.
Le monde est en marche et aucun “maître du monde” n’a dit qu’il serait ainsi ou autrement. Le citoyen a été formé, il a des outils et n’a plus besoin que quelqu’un lui dise dans quel sens aller. Chacun va où il veut, pour lui, et il devient un outil de pression.
Le monde est en marche et aucun “maître du monde” n’a dit qu’il serait ainsi ou autrement. Le citoyen a été formé, il a des outils et n’a plus besoin que quelqu’un lui dise dans quel sens aller. Chacun va où il veut, pour lui, et il devient un outil de pression.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il ne faut pas abandonner l’idée d’améliorer le fonctionnement des médias car il existe des situations d’urgence…
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il ne faut pas abandonner l’idée d’améliorer le fonctionnement des médias car il existe des situations d’urgence…
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attente.
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: Il faut une attente.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : Il faut une pression. Il faut signifier à la presse que la société civile veut avoir son mot à dire sur la façon dont elle travaille. À moins que la presse ne donne des garanties d’impartialité ou d’honnêteté vérifiables et sanctionnables.
: L’attente vient avant la pression.
M A R T I N - L A G A R D E T T E
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dent l’ordre du jour et les priorités. Si le citoyen ne formule pas de demande, la partie prenante que représente la société civile est exclue de la construction de l’information par les médias.
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ATELIER 3.2
: …que chaque citoyen se prenne en main, mais il ne faut pas lâcher la pression sur les médias. Ils doivent prendre conscience de quelle partie prenante ils sont.
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L E D E N V I C : Au delà de la pression, quelque chose d’autre me fait peur. Parallèlement, des catastrophes font évoluer la transparence. En matière environnementale, c’est extrêmement dangereux. Combien de temps allons-nous attendre que les catastrophes guident les réglementations ou les soucis de transparence ?
P H I L I P P E
Combien de temps allonsnous attendre que les catastrophes guident les réglementations ou les soucis de transparence ?”
Des exemples trop rares, comme la DRIRE et la DIREN PACA ont cette volonté de transparence. Je fais passer de la donnée brute mais certaines personnes diront que cela ne suffit pas et que ce n’est pas une information correcte. Mais cette volonté de transparence n’évolue que par les catastrophes environnementales et c’est très grave. Nous avons l’exemple d’AZF à Toulouse.
: C’est pourquoi il ne faut pas attendre les catastrophes. C’est ce en quoi consiste cet atelier, il faut vous occuper de votre pouvoir sur les médias et exiger qu’ils rendent des comptes. Car ils ont une mission d’intérêt public pour laquelle, d’ailleurs, ils reçoivent des subventions payées avec vos impôts : 1,4 milliard d’euros par an environ.
J E A N - L U C
M A R T I N - L A G A R D E T T E
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: …que chaque citoyen se prenne en main, mais il ne faut pas lâcher la pression sur les médias. Ils doivent prendre conscience de quelle partie prenante ils sont.
I N T E R V E N A N T
L E D E N V I C : Au delà de la pression, quelque chose d’autre me fait peur. Parallèlement, des catastrophes font évoluer la transparence. En matière environnementale, c’est extrêmement dangereux. Combien de temps allons-nous attendre que les catastrophes guident les réglementations ou les soucis de transparence ?
P H I L I P P E
Combien de temps allonsnous attendre que les catastrophes guident les réglementations ou les soucis de transparence ?”
M A R T I N - L A G A R D E T T E : C’est pourquoi il ne faut pas attendre les catastrophes. C’est ce en quoi consiste cet atelier, il faut vous occuper de votre pouvoir sur les médias et exiger qu’ils rendent des comptes. Car ils ont une mission d’intérêt public pour laquelle, d’ailleurs, ils reçoivent des subventions payées avec vos impôts : 1,4 milliard d’euros par an environ.
J E A N - L U C
[…]
[…]
M A R T I N - L A G A R D E T T E : C’est pourquoi chacun doit être vigilant et militer pour la qualité de l’information qu’il reçoit.
M A R T I N - L A G A R D E T T E : C’est pourquoi chacun doit être vigilant et militer pour la qualité de l’information qu’il reçoit.
J E A N - L U C
J E A N - L U C
[…]
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ACIDD et Comité 21
Des exemples trop rares, comme la DRIRE et la DIREN PACA ont cette volonté de transparence. Je fais passer de la donnée brute mais certaines personnes diront que cela ne suffit pas et que ce n’est pas une information correcte. Mais cette volonté de transparence n’évolue que par les catastrophes environnementales et c’est très grave. Nous avons l’exemple d’AZF à Toulouse.
[…]
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3.3 “La décroissance raisonnée”
3.3 “La décroissance raisonnée”
[…] A N D R É E
ANDRÉE BUCHMANN PRÉSIDENTE, OBSERVATOIRE DE LA QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR
“
[…]
B U C H M A N N , Présidente, Observatoire de la qualité de l’air intérieur : La pensée écologisite a formulé …une critique par rapport à la croissance. Concept de croissance (qui a été très longuement) porté(e) par les courants de pensée qui ont précédé le paradigme écologique.
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B U C H M A N N , Présidente, Observatoire de la qualité de l’air intérieur : La pensée écologisite a formulé …une critique par rapport à la croissance. Concept de croissance (qui a été très longuement) porté(e) par les courants de pensée qui ont précédé le paradigme écologique.
Passant d’une critique de la croissance, nous sommes arrivés à la proposition de la croissance zéro. C’était dans les années 68-70. Il y a eu, bien sûr, l’appel du Club de Rome et, ensuite, toute une réflexion qui a permis de mettre en cause le modèle de société dans lequel nous nous situons. Maintenant, nous sommes en train de penser un peu différemment.
Passant d’une critique de la croissance, nous sommes arrivés à la proposition de la croissance zéro. C’était dans les années 68-70. Il y a eu, bien sûr, l’appel du Club de Rome et, ensuite, toute une réflexion qui a permis de mettre en cause le modèle de société dans lequel nous nous situons. Maintenant, nous sommes en train de penser un peu différemment.
Si le modèle américain s’impose progressivement au monde comme modèle dominant, la planète ne pourra pas pourvoir à l’ensemble des besoins des habitants de notre lieu de vie. C’est la raison pour laquelle toute une réflexion est menée autour de la manière dont on peut prévoir l’évolution dans les pays du Nord, mais également en relation avec les nouveaux pays entrants (les pays de l’Est qui ont envie, eux également, de “partager le gâteau”), avec les pays émergents et les pays du Sud, en tenant compte d’une différenciation entre les pays asiatiques, les pays d’Amérique du Sud et l’Afrique qui n’est pas en développement mais en totale déliquescence.
Si le modèle américain s’impose progressivement au monde comme modèle dominant, la planète ne pourra pas pourvoir à l’ensemble des besoins des habitants de notre lieu de vie. C’est la raison pour laquelle toute une réflexion est menée autour de la manière dont on peut prévoir l’évolution dans les pays du Nord, mais également en relation avec les nouveaux pays entrants (les pays de l’Est qui ont envie, eux également, de “partager le gâteau”), avec les pays émergents et les pays du Sud, en tenant compte d’une différenciation entre les pays asiatiques, les pays d’Amérique du Sud et l’Afrique qui n’est pas en développement mais en totale déliquescence.
Il est évident que ce que nous qualifions de développement durable ne peut pas être un objectif, mais bien une condition qui doit nous amener à réfléchir de façon particulièrement fine à toutes ces problématiques. Certes, le terme de “décroissance” qui apparaît en Europe depuis maintenant cinq ou six ans peut et doit être critiqué. Il est intéressant de proposer un atelier sur le sujet, à la fois pour le défendre, pour le critiquer et pour faire d’autres propositions. Nous sommes là au cœur d’un débat qui va se poursuivre dans les années à venir. Hier, lorsque nous avons discuté de l’évolution de ces journées, nous avons parlé d’une dimension philosophique qu’il faudra sans doute travailler un peu plus.
Si le modèle américain s’impose progressivement au monde comme modèle dominant, la planète ne pourra pas pourvoir à l’ensemble des besoins des habitants de notre lieu de vie”
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A N D R É E
ACIDD et Comité 21
Ce matin, nous écouterons trois témoignages d’introduction d’une durée de cinq à dix minutes. Ensuite, l’échange se fera avec l’ensemble des participants puisque vous êtes tous experts. Je propose que Robert Lion, d’Agrisud, commence. Victor Hugo-
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
ANDRÉE BUCHMANN PRÉSIDENTE, OBSERVATOIRE DE LA QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR
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Il est évident que ce que nous qualifions de développement durable ne peut pas être un objectif, mais bien une condition qui doit nous amener à réfléchir de façon particulièrement fine à toutes ces problématiques. Certes, le terme de “décroissance” qui apparaît en Europe depuis maintenant cinq ou six ans peut et doit être critiqué. Il est intéressant de proposer un atelier sur le sujet, à la fois pour le défendre, pour le critiquer et pour faire d’autres propositions. Nous sommes là au cœur d’un débat qui va se poursuivre dans les années à venir. Hier, lorsque nous avons discuté de l’évolution de ces journées, nous avons parlé d’une dimension philosophique qu’il faudra sans doute travailler un peu plus.
Si le modèle américain s’impose progressivement au monde comme modèle dominant, la planète ne pourra pas pourvoir à l’ensemble des besoins des habitants de notre lieu de vie”
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ACIDD et Comité 21
Ce matin, nous écouterons trois témoignages d’introduction d’une durée de cinq à dix minutes. Ensuite, l’échange se fera avec l’ensemble des participants puisque vous êtes tous experts. Je propose que Robert Lion, d’Agrisud, commence. Victor Hugo-
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Espinosa et Farid Yaker, qui a également une grande expérience de travail avec les pays du Sud, interviendront à leur tour. R O B E R T
Espinosa et Farid Yaker, qui a également une grande expérience de travail avec les pays du Sud, interviendront à leur tour.
L I O N , Président d’Agrisud (ancien Président de la CDC) : J’ai un problème d’emblée car, si nous sommes dans une Université de la communication, je ne suis pas certain que le terme “décroissance” soit celui sur lequel il soit le plus pertinent de communiquer aujourd’hui.
R O B E R T
Agrisud est une ONG qui aide à la création par milliers —nous en sommes à 14 000— de toutes petites exploitations, essentiellement dans le domaine du maraîchage périurbain, dans les pays du Sud. Elle a été créée par Jacques Baratier que plusieurs d’entre vous connaissent dont j’ai pris la succession. Vous trouverez sur la table là-bas une petite fiche. Je suis évidemment preneur de toutes réactions, contributions et donations évidemment pour Agrisud.
Agrisud est une ONG qui aide à la création par milliers —nous en sommes à 14 000— de toutes petites exploitations, essentiellement dans le domaine du maraîchage périurbain, dans les pays du Sud. Elle a été créée par Jacques Baratier que plusieurs d’entre vous connaissent dont j’ai pris la succession. Vous trouverez sur la table là-bas une petite fiche. Je suis évidemment preneur de toutes réactions, contributions et donations évidemment pour Agrisud.
Sur la décroissance, je comprends très bien les arguments que peut-être certains d’entre vous partagent mordicus ici et qu’Andrée a évoqués brièvement. Il y a en effet des impossibilités physiques de soutenir et surtout de généraliser LE modèle, je n’ose pas dire notre modèle, qui n’est pas un modèle, à savoir le modèle américain, sur l’ensemble de la planète. Je pense toujours à la Chine. Il faut donc envisager autre chose.
Sur la décroissance, je comprends très bien les arguments que peut-être certains d’entre vous partagent mordicus ici et qu’Andrée a évoqués brièvement. Il y a en effet des impossibilités physiques de soutenir et surtout de généraliser LE modèle, je n’ose pas dire notre modèle, qui n’est pas un modèle, à savoir le modèle américain, sur l’ensemble de la planète. Je pense toujours à la Chine. Il faut donc envisager autre chose.
Pour autant, faut-il parler de décroissance ? Je trouve ce terme excessivement provocateur. Je voudrais parler principalement des pays du Sud, en développement. Il me semble inimaginable d’aller dans les pays du Sud en disant : “Nous vous recommandons la décroissance.” Ils ont, à l’évidence, besoin de “croître” – mettons le terme entre guillemets car c’est loin d’être l’excellence, de se développer. S’ils n’en avaient pas besoin, ils sont partout à la recherche de cette dynamique. Ils ont devant eux deux séries d’exemples :
Pour autant, faut-il parler de décroissance ? Je trouve ce terme excessivement provocateur. Je voudrais parler principalement des pays du Sud, en développement. Il me semble inimaginable d’aller dans les pays du Sud en disant : “Nous vous recommandons la décroissance.” Ils ont, à l’évidence, besoin de “croître” – mettons le terme entre guillemets car c’est loin d’être l’excellence, de se développer. S’ils n’en avaient pas besoin, ils sont partout à la recherche de cette dynamique. Ils ont devant eux deux séries d’exemples :
– Des pays émergents, type Corée du Sud ou Singapour, qui ont fait des parcours, certes pas parfaits, avec en gros, comme ligne de mire, le modèle occidental. La Corée n’est pas très loin du Japon qui est, à bien des égards, sur le modèle américain, beaucoup plus que dès le lendemain de la dernière guerre mondiale, depuis le milieu du XIXe siècle.
– Des pays émergents, type Corée du Sud ou Singapour, qui ont fait des parcours, certes pas parfaits, avec en gros, comme ligne de mire, le modèle occidental. La Corée n’est pas très loin du Japon qui est, à bien des égards, sur le modèle américain, beaucoup plus que dès le lendemain de la dernière guerre mondiale, depuis le milieu du XIXe siècle.
– Des pays en décollage spectaculaire avec, au premier rang, la Chine, le Brésil, peut-être l’Afrique du Sud et d’autres de moindre notoriété.
– Des pays en décollage spectaculaire avec, au premier rang, la Chine, le Brésil, peut-être l’Afrique du Sud et d’autres de moindre notoriété.
Excluons —pour moi je livre ce point au débat ; peut-être des contradictions apparaîtront-elles— l’idée de parler de décroissance, même raisonnée. Tous ces pays veulent être au moins émergents, avec, au sein des opinions publiques, même dans des niveaux peu évolués en termes d’éducation, l’idée que le modèle a quelque chose à voir avec le Coca-Cola.
Excluons —pour moi je livre ce point au débat ; peut-être des contradictions apparaîtront-elles— l’idée de parler de décroissance, même raisonnée. Tous ces pays veulent être au moins émergents, avec, au sein des opinions publiques, même dans des niveaux peu évolués en termes d’éducation, l’idée que le modèle a quelque chose à voir avec le Coca-Cola.
Parlons de croissance éviIl y a en effet des impossibilités demment raisonnée. Bien physiques de soutenir et entendu, nous souhaitons et une partie significative des surtout de généraliser LE modèle” dirigeants, voire de l’opinion dans la mesure où il commence à y avoir des classes moyennes dans ces pays, souhaite que cette croissance soit respectueuse des ressources naturelles, utilisant certaines évolutions technologiques pour faire des sauts par rapport au long processus que nous avons traversé pour les systèmes énergétiques, les systèmes de transport, la maîtrise éventuellement – ils ne sont pas partis pour de l’urbanisation - et, en gros, réduise les impacts sur la biosphère.
Parlons de croissance éviIl y a en effet des impossibilités demment raisonnée. Bien physiques de soutenir et entendu, nous souhaitons et une partie significative des surtout de généraliser LE modèle” dirigeants, voire de l’opinion dans la mesure où il commence à y avoir des classes moyennes dans ces pays, souhaite que cette croissance soit respectueuse des ressources naturelles, utilisant certaines évolutions technologiques pour faire des sauts par rapport au long processus que nous avons traversé pour les systèmes énergétiques, les systèmes de transport, la maîtrise éventuellement – ils ne sont pas partis pour de l’urbanisation - et, en gros, réduise les impacts sur la biosphère.
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L I O N , Président d’Agrisud (ancien Président de la CDC) : J’ai un problème d’emblée car, si nous sommes dans une Université de la communication, je ne suis pas certain que le terme “décroissance” soit celui sur lequel il soit le plus pertinent de communiquer aujourd’hui.
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Nous sommes, évidemment, soucieux pour eux… Il faut faire très attention car nous sommes dans un vocabulaire avec le Nord et le Sud qui…, mais je crois que ce sont des opinions également partagées par beaucoup au Sud sur la sécurité alimentaire, l’autonomie vivrière. Les exemples de famine en Afrique à l’heure actuelle actualisent ce sujet. Cela veut probablement dire une réduction – avec là peut-être une chose qui touche à la décroissance de certaines activités d’agriculture industrielle, fragilisée par les fluctuations des cours des matières premières – le Brésil souffre en raison du Vietnam, etc.; tout cela est bien connu, sur lesquelles ils ont été en fait engagés très largement par le Nord. C’est un peu moins vrai pour le Vietnam où il y a eu vraiment une planification pour démarrer le… succédant à l’hévéa.
Nous sommes, évidemment, soucieux pour eux… Il faut faire très attention car nous sommes dans un vocabulaire avec le Nord et le Sud qui…, mais je crois que ce sont des opinions également partagées par beaucoup au Sud sur la sécurité alimentaire, l’autonomie vivrière. Les exemples de famine en Afrique à l’heure actuelle actualisent ce sujet. Cela veut probablement dire une réduction – avec là peut-être une chose qui touche à la décroissance de certaines activités d’agriculture industrielle, fragilisée par les fluctuations des cours des matières premières – le Brésil souffre en raison du Vietnam, etc.; tout cela est bien connu, sur lesquelles ils ont été en fait engagés très largement par le Nord. C’est un peu moins vrai pour le Vietnam où il y a eu vraiment une planification pour démarrer le… succédant à l’hévéa.
Bien entendu, sur les autres aspects du développement durable, nous souhaitons, nous nous permettons de souhaiter que ce soit un développement attentif à l’équité, au droit des femmes, au droit du travail, respectueux, favorisant même un retour vers les identités culturelles ou les héritages – je n’aime pas beaucoup le mot “traditions” spécifiques de ces pays, et peut-être de souhaiter qu’ils arrivent à “croître”, entre guillemets, suivant des modèles alternatifs.
Bien entendu, sur les autres aspects du développement durable, nous souhaitons, nous nous permettons de souhaiter que ce soit un développement attentif à l’équité, au droit des femmes, au droit du travail, respectueux, favorisant même un retour vers les identités culturelles ou les héritages – je n’aime pas beaucoup le mot “traditions” spécifiques de ces pays, et peut-être de souhaiter qu’ils arrivent à “croître”, entre guillemets, suivant des modèles alternatifs.
Je me promène un peu dans le monde et, lorsque je demande au Brésil par exemple (je n’ose pas dire à Singapour parce que ce n’est pas très démocratique) : ”Arrivezvous à trouver un modèle de croissance qui soit moins pervers, vicieux, destructeur, que le nôtre ? Tout cela est-il probable ?” On a plutôt tendance à me répondre “non”, même si on note des débuts de prise de conscience. En Chine, il y a des gens qui pensent formidablement, intelligemment - peut-être ces superlatifs sont-ils liés au fait que c’est largement en harmonie avec nos “canons” occidentaux pour le développement durable - la charte de l’environnement, la police de l’environnement, le développement des transports publics, mais ils sont loin de voir leurs idées traduites dans les faits.
Je me promène un peu dans le monde et, lorsque je demande au Brésil par exemple (je n’ose pas dire à Singapour parce que ce n’est pas très démocratique) : ”Arrivezvous à trouver un modèle de croissance qui soit moins pervers, vicieux, destructeur, que le nôtre ? Tout cela est-il probable ?” On a plutôt tendance à me répondre “non”, même si on note des débuts de prise de conscience. En Chine, il y a des gens qui pensent formidablement, intelligemment - peut-être ces superlatifs sont-ils liés au fait que c’est largement en harmonie avec nos “canons” occidentaux pour le développement durable - la charte de l’environnement, la police de l’environnement, le développement des transports publics, mais ils sont loin de voir leurs idées traduites dans les faits.
Ils rencontrent au moins trois gros obstacles : – la démographie ; même si la limitation des naissances a été excessive en Chine - ils vont en effet se retrouver avec un problème dramatique de population vieillissante - la population continue d’augmenter ; – l’urbanisation qui va de pair avec à la fois l’augmentation de la productivité dans l’agriculture et la démographie ; – le modèle occidental qui, jusqu’à nouvel ordre, est celui exposé sur les écrans de télévision, les publicités dans les rues dans les grandes villes chinoises ; c’est notre modèle. À tel point que la jeune femme, présentée sur la réclame de L’OREAL, a vaguement les yeux bridés, mais c’est quasiment la même que celle que nous avons pu voir dans nos magazines pendant tout l’été en Europe.
Le modèle occidental est celui exposé sur les écrans de télévision, les publicités dans les rues dans les grandes villes chinoise”
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Démographie, urbanisation, modèle occidental : ce ne sont pas des éléments très favorables pour une croissance raisonnée dans ces pays.
Est-elle probable ? Je voudrais vous livrer une interrogation sur le mode pessimiste. Je pense à l’automobile. Lorsqu’on entre dans Pékin ou Shanghai - c’est la même chose dans les grandes villes indiennes ou à Sao Paulo, - on est vraiment physiquement agressé. Je ne vais pas faire de sentimentalisme, j’ai une hantise…
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Ils rencontrent au moins trois gros obstacles : – la démographie ; même si la limitation des naissances a été excessive en Chine - ils vont en effet se retrouver avec un problème dramatique de population vieillissante - la population continue d’augmenter ; – l’urbanisation qui va de pair avec à la fois l’augmentation de la productivité dans l’agriculture et la démographie ; – le modèle occidental qui, jusqu’à nouvel ordre, est celui exposé sur les écrans de télévision, les publicités dans les rues dans les grandes villes chinoises ; c’est notre modèle. À tel point que la jeune femme, présentée sur la réclame de L’OREAL, a vaguement les yeux bridés, mais c’est quasiment la même que celle que nous avons pu voir dans nos magazines pendant tout l’été en Europe.
Le modèle occidental est celui exposé sur les écrans de télévision, les publicités dans les rues dans les grandes villes chinoise”
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Démographie, urbanisation, modèle occidental : ce ne sont pas des éléments très favorables pour une croissance raisonnée dans ces pays.
Est-elle probable ? Je voudrais vous livrer une interrogation sur le mode pessimiste. Je pense à l’automobile. Lorsqu’on entre dans Pékin ou Shanghai - c’est la même chose dans les grandes villes indiennes ou à Sao Paulo, - on est vraiment physiquement agressé. Je ne vais pas faire de sentimentalisme, j’ai une hantise…
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: …Dans cette société, il y a un problème de communi-
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: …Dans cette société, il y a un problème de communi-
cation.
cation.
Nous voyons que le problème se pose par rapport à la disparition d’espèces. En effet, une espèce se développe beaucoup : celle des moutons. Plus vous êtes un mouton, plus vous êtes manipulable par le pouvoir politique, plus vous êtes manipulable par le pouvoir économique et plus vous êtes des “con-sommateurs”. (Rires.) Vous ne réfléchissez plus : on a un magnétoscope 4 têtes et on est malheureux parce que le voisin en a un à 8 têtes ! Tu n’as pas de rameur ? Tu n’es pas à jour ! Tu n’as pas de clé USB ? (Rires.)
Nous voyons que le problème se pose par rapport à la disparition d’espèces. En effet, une espèce se développe beaucoup : celle des moutons. Plus vous êtes un mouton, plus vous êtes manipulable par le pouvoir politique, plus vous êtes manipulable par le pouvoir économique et plus vous êtes des “con-sommateurs”. (Rires.) Vous ne réfléchissez plus : on a un magnétoscope 4 têtes et on est malheureux parce que le voisin en a un à 8 têtes ! Tu n’as pas de rameur ? Tu n’es pas à jour ! Tu n’as pas de clé USB ? (Rires.)
Je peux prendre l’exemple d’une chemise pas chère que je m’étais achetée. Mes copains, eux, sortaient “la marque”. Avoir une marque, c’est important !
Je peux prendre l’exemple d’une chemise pas chère que je m’étais achetée. Mes copains, eux, sortaient “la marque”. Avoir une marque, c’est important !
Ce sont des “valeurs” pour être heureux. Pourtant, lorsque je me suis aperçu qu’avec ma mobylette pourrie, j’étais plus heureux que le type dans sa Jaguar, j’ai compris qu’il se posait là un petit problème d’être et d’avoir.
Ce sont des “valeurs” pour être heureux. Pourtant, lorsque je me suis aperçu qu’avec ma mobylette pourrie, j’étais plus heureux que le type dans sa Jaguar, j’ai compris qu’il se posait là un petit problème d’être et d’avoir.
Si nous voulons vraiment changer ce monde, il faut commencer par changer notre pensée des valeurs, notre façon de voir la vie. Qu’est-ce que je veux en tant qu’être égoïste ? Je veux respirer un air pur. Je ne veux pas qu’on m’intoxique comme on est en train de le faire avec les conservateurs. C’est pour vous tous la même chose. Tranquille ! Personne ne dit rien. Je m’intoxique… Mais, vous madame, si vous mourez dix ans trop tôt et que vous avez le malheur de fumer un peu, on dira : “Mort par la cigarette !” Cela arrange tout le monde. Mais ce ne sera pas à cause du…, parce que là, intervient la question de l’industrie, donc celle du travail. Nous sommes dans une société hypocrite !
Si nous voulons vraiment changer ce monde, il faut commencer par changer notre pensée des valeurs, notre façon de voir la vie. Qu’est-ce que je veux en tant qu’être égoïste ? Je veux respirer un air pur. Je ne veux pas qu’on m’intoxique comme on est en train de le faire avec les conservateurs. C’est pour vous tous la même chose. Tranquille ! Personne ne dit rien. Je m’intoxique… Mais, vous madame, si vous mourez dix ans trop tôt et que vous avez le malheur de fumer un peu, on dira : “Mort par la cigarette !” Cela arrange tout le monde. Mais ce ne sera pas à cause du…, parce que là, intervient la question de l’industrie, donc celle du travail. Nous sommes dans une société hypocrite !
Pour faire changer cela, je vais vous donner quelques consignes en tant que “CPP”, “casse-pieds professionnel” que je suis. (Rires.)
Pour faire changer cela, je vais vous donner quelques consignes en tant que “CPP”, “casse-pieds professionnel” que je suis. (Rires.)
Il faut se battre et, pour cela, il faut être partout. J’ai par exemple été invité à Paris, dans une conférence avec le ministère de l’Environnement à Lille ; j’ai été cassepieds, tout en restant “à la limite”, de façon à ce qu’on ne me mette pas dehors. Lorsque je suis devant des industriels, je parle et je frôle cette limite. C’est ce qu’il faut faire.
Il faut se battre et, pour cela, il faut être partout. J’ai par exemple été invité à Paris, dans une conférence avec le ministère de l’Environnement à Lille ; j’ai été cassepieds, tout en restant “à la limite”, de façon à ce qu’on ne me mette pas dehors. Lorsque je suis devant des industriels, je parle et je frôle cette limite. C’est ce qu’il faut faire.
Je vous donne donc quelques consignes pour arriver, peut-être, à changer ce monde.
Je vous donne donc quelques consignes pour arriver, peut-être, à changer ce monde.
Premièrement, nous sommes en face d’une pensée unique terrible, une pensée unique politique. Les partis politiques aujourd’hui sont gérés par des “chefs de clan”. Il faut dire “oui.” Dès qu’ils disent “oui’, tout le monde dit “oui” parce que, si on dit “non”, dehors ! C’est très grave. Mais j’ai compris l’astuce ! Qu’est-ce que je fais pour faire voter les gens ? Pour les faire changer ? Je combats les…
Premièrement, nous sommes en face d’une pensée unique terrible, une pensée unique politique. Les partis politiques aujourd’hui sont gérés par des “chefs de clan”. Il faut dire “oui.” Dès qu’ils disent “oui’, tout le monde dit “oui” parce que, si on dit “non”, dehors ! C’est très grave. Mais j’ai compris l’astuce ! Qu’est-ce que je fais pour faire voter les gens ? Pour les faire changer ? Je combats les…
Deuxièmement, nous sommes dans une société réparatrice. On répare tout ! On pollue ? Maintenant que la pollution est là, cela coûte tant. Mais la réparer plus tard, cela coûte beaucoup plus ! Nous sommes dans ce genre de société ; “on répare”.
Deuxièmement, nous sommes dans une société réparatrice. On répare tout ! On pollue ? Maintenant que la pollution est là, cela coûte tant. Mais la réparer plus tard, cela coûte beaucoup plus ! Nous sommes dans ce genre de société ; “on répare”.
Nous sommes dans une société “cumul d’entreprises”. Les sociétés sur les journaux… Nous sommes dans ce monde-là.
Nous sommes dans une société “cumul d’entreprises”. Les sociétés sur les journaux… Nous sommes dans ce monde-là.
Nous sommes également dans un monde où l’on ne réfléchit pas. Vous allez mettre du chauffage électrique dans des HLM. Les gens ensuite devront payer. Ils vont
Nous sommes également dans un monde où l’on ne réfléchit pas. Vous allez mettre du chauffage électrique dans des HLM. Les gens ensuite devront payer. Ils vont
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voir une autre caisse française qui va payer pour eux. Nous sommes dans une société stupide : on paie pour payer. Ensuite, ils mettent d’autres personnes pour réfléchir aux coûts d’investissement, aux coûts d’exploitation et aux coûts d’emploi…
voir une autre caisse française qui va payer pour eux. Nous sommes dans une société stupide : on paie pour payer. Ensuite, ils mettent d’autres personnes pour réfléchir aux coûts d’investissement, aux coûts d’exploitation et aux coûts d’emploi…
Pour finir, nous sommes dans une société d’experts. Chaque fois que je vais quelque part, j’entends dire : “Nous sommes les experts”. Et les experts disent qu’il n’y a aucun problème. Mais lorsqu’un “petit expert” dit “non”, celui-là ne vaut rien ! Voyez ce qui s’est passé avec l’amiante. Et, malheureusement, pour avancer, il faut qu’il y ait des morts et des lois. Cela a été le cas pour l’amiante. On se réveille quarante ans après !
Pour finir, nous sommes dans une société d’experts. Chaque fois que je vais quelque part, j’entends dire : “Nous sommes les experts”. Et les experts disent qu’il n’y a aucun problème. Mais lorsqu’un “petit expert” dit “non”, celui-là ne vaut rien ! Voyez ce qui s’est passé avec l’amiante. Et, malheureusement, pour avancer, il faut qu’il y ait des morts et des lois. Cela a été le cas pour l’amiante. On se réveille quarante ans après !
Mais nous tous, nous avons une chance extraordinaire. Le pétrole va s’éteindre tout seul ! Vous avez compris le sens de mes paroles… Et, petit à petit, le problème va se poser pour chaque ressource. C’est à ce moment-là que nous allons nous réveiller. J’espère que l’homme sera plus intelligent.
Mais nous tous, nous avons une chance extraordinaire. Le pétrole va s’éteindre tout seul ! Vous avez compris le sens de mes paroles… Et, petit à petit, le problème va se poser pour chaque ressource. C’est à ce moment-là que nous allons nous réveiller. J’espère que l’homme sera plus intelligent.
Prenons l’exemple de la Camargue. Les touristes viennent, donc on tue tous les moustiques ! On met des pesticides partout. Mais ils n’ont pas compris qu’ils étaient également en train de tuer tout l’écosystème !
Prenons l’exemple de la Camargue. Les touristes viennent, donc on tue tous les moustiques ! On met des pesticides partout. Mais ils n’ont pas compris qu’ils étaient également en train de tuer tout l’écosystème !
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Pour avancer, il faut qu’il y ait des morts et des lois. Cela a été le cas pour l’amiante. On se réveille quarante ans après !”
L’homme commence à comprendre qu’il est touché directement par la chaîne alimentaire, à l’intérieur de son corps. C’est ce qui va le sauver ; ce sont les malheurs qui feront peut-être un jour son bonheur. A N D R É E
F A R I D
L’homme commence à comprendre qu’il est touché directement par la chaîne alimentaire, à l’intérieur de son corps. C’est ce qui va le sauver ; ce sont les malheurs qui feront peut-être un jour son bonheur.
B U C H M A N N : Merci beaucoup de cette belle démonstration. Ta conclusion est effectivement pleine de bon sens. Le “non” qui a été majoritaire en France est aussi un “non” à l’élite que tu critiquais un peu. Deuxièmement, la prise en compte de la globalité de tout ce qu’on ingère et de la prévention doit être une de nos priorités.
A N D R É E
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B U C H M A N N : Merci beaucoup de cette belle démonstration. Ta conclusion est effectivement pleine de bon sens. Le “non” qui a été majoritaire en France est aussi un “non” à l’élite que tu critiquais un peu. Deuxièmement, la prise en compte de la globalité de tout ce qu’on ingère et de la prévention doit être une de nos priorités.
Cela dit, la France a adopté un Plan national santé environnement, sous la pression européenne, mais il est vrai qu’on n’en a pas suffisamment parlé. L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur que j’ai le plaisir de présider entre un peu dans ce type de perspective.
Cela dit, la France a adopté un Plan national santé environnement, sous la pression européenne, mais il est vrai qu’on n’en a pas suffisamment parlé. L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur que j’ai le plaisir de présider entre un peu dans ce type de perspective.
Farid, nous avons préparé ensemble la conférence de Johannesburg voici quelques années. Tu fais partie de ceux qui travaillent beaucoup avec les pays du Sud.
Farid, nous avons préparé ensemble la conférence de Johannesburg voici quelques années. Tu fais partie de ceux qui travaillent beaucoup avec les pays du Sud.
, coordinateur, ENDA Tiers-Monde, délégation Europe : ENDA, Environnement Développement Action, est une ONG internationale. Elle a été créée en 1972, suite à la Conférence de Stockholm sur l’environnement, la première à avoir établi le lien entre environnement et développement et les interactions qui pouvaient exister entre les deux concepts, ce qui a abouti par la suite, en 1992, au concept du développement durable.
Y A K E R
F A R I D
Le concept de décroissance peut paraître incongru ou même inconvenant pour une ONG du Sud confrontée quotidiennement, de par ses activités, à la pauvreté et au chômage. Dans un contexte de faiblesse du revenu par habitant, c’est la croissance économique qui est une nécessité. Elle seule peut permettre de faire face aux besoins d’emplois, notamment pour les jeunes (taux de chômage des jeunes pouvant atteindre les 40 % dans certains pays), d’infrastructures sociales (écoles, dispensaires, assainissement, adduction d’eau, réseaux électriques, routes, etc.). 265
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Pour avancer, il faut qu’il y ait des morts et des lois. Cela a été le cas pour l’amiante. On se réveille quarante ans après !”
ACIDD et Comité 21
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, coordinateur, ENDA Tiers-Monde, délégation Europe : ENDA, Environnement Développement Action, est une ONG internationale. Elle a été créée en 1972, suite à la Conférence de Stockholm sur l’environnement, la première à avoir établi le lien entre environnement et développement et les interactions qui pouvaient exister entre les deux concepts, ce qui a abouti par la suite, en 1992, au concept du développement durable.
Y A K E R
Le concept de décroissance peut paraître incongru ou même inconvenant pour une ONG du Sud confrontée quotidiennement, de par ses activités, à la pauvreté et au chômage. Dans un contexte de faiblesse du revenu par habitant, c’est la croissance économique qui est une nécessité. Elle seule peut permettre de faire face aux besoins d’emplois, notamment pour les jeunes (taux de chômage des jeunes pouvant atteindre les 40 % dans certains pays), d’infrastructures sociales (écoles, dispensaires, assainissement, adduction d’eau, réseaux électriques, routes, etc.). 265
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Et pourtant, il est certain Alger ou Dakar sont désormais que la généralisation du modèle des villes asphyxiées (au propre de consommation occidental à et figuré) par les véhicules” l’échelle mondiale aggrave de manière considérable les risques écologiques encourus par la planète : – pour L’ENVIRONNEMENT GLOBAL : forte croissance attendue des émissions. L’accroissement des quotas de production de l’OPEP et le pompage maximum dupétrole auquel on assiste actuellement signifie un accroissement comparable des émissions de CO2. L’urbanisation accélérée des continents africains et asiatiques (37 % et 50 % en 2020) sont de ce point de vue une très mauvaise nouvelle. Alger ou Dakar sont désormais des villes asphyxiées (au propre et figuré) par les véhicules, où le métro n’existe pas, et où les transports publics représentent une fraction de plus en plus faible des déplacements urbains avec toutes les conséquences que nous savons sur la pollution et la croissance des émissions. – pour LES ENVIRONNEMENTS RÉGIONAUX. En Méditerranée : pollution des mers, des cours d’eau, disparition des patrimoines architecturaux, déforestation, artificialisation du littoral, etc. Il nous semble donc plus convenable au Sud, comme au Nord d’ailleurs, de parler de CROISSANCE ÉCOLOGIQUEMENT SOUTENABLE que de DÉCROISSANCE, celle-ci pouvant cependant concerner certains secteurs d’activités ayant un impact négatif voire dangereux sur l’environnement global de la planète (par exemple les transports, pour lesquels les coûts écologiques ne sont pas internalisés). La problématique Nord/Sud : une responsabilité historique des pays industrialisés… En matière d’environnement global les pays sont confrontés aux mêmes dangers mais leurs responsabilités ne sont pas identiques. Les pays industrialisés sont historiquement responsables d’une grande partie des dégradations causées à l’environnement ou au patrimoine écologique de la planète (émissions cumulées de GES, déforestations, impact de la colonisation, etc.).
Et pourtant, il est certain Alger ou Dakar sont désormais que la généralisation du modèle des villes asphyxiées (au propre de consommation occidental à et figuré) par les véhicules” l’échelle mondiale aggrave de manière considérable les risques écologiques encourus par la planète : – pour L’ENVIRONNEMENT GLOBAL : forte croissance attendue des émissions. L’accroissement des quotas de production de l’OPEP et le pompage maximum dupétrole auquel on assiste actuellement signifie un accroissement comparable des émissions de CO2. L’urbanisation accélérée des continents africains et asiatiques (37 % et 50 % en 2020) sont de ce point de vue une très mauvaise nouvelle. Alger ou Dakar sont désormais des villes asphyxiées (au propre et figuré) par les véhicules, où le métro n’existe pas, et où les transports publics représentent une fraction de plus en plus faible des déplacements urbains avec toutes les conséquences que nous savons sur la pollution et la croissance des émissions. – pour LES ENVIRONNEMENTS RÉGIONAUX. En Méditerranée : pollution des mers, des cours d’eau, disparition des patrimoines architecturaux, déforestation, artificialisation du littoral, etc. Il nous semble donc plus convenable au Sud, comme au Nord d’ailleurs, de parler de CROISSANCE ÉCOLOGIQUEMENT SOUTENABLE que de DÉCROISSANCE, celle-ci pouvant cependant concerner certains secteurs d’activités ayant un impact négatif voire dangereux sur l’environnement global de la planète (par exemple les transports, pour lesquels les coûts écologiques ne sont pas internalisés). La problématique Nord/Sud : une responsabilité historique des pays industrialisés… En matière d’environnement global les pays sont confrontés aux mêmes dangers mais leurs responsabilités ne sont pas identiques. Les pays industrialisés sont historiquement responsables d’une grande partie des dégradations causées à l’environnement ou au patrimoine écologique de la planète (émissions cumulées de GES, déforestations, impact de la colonisation, etc.).
…MAIS ON ASSISTE À UNE AUGMENTATION RAPIDE DES NIVEAUX DE CONSOMMATION
total, c’est plus de 4 milliards d’habitants qui aspirent à rejoindre les niveaux de consommation du Nord ! En Chine, dont les importations de pétrole et d’acier ont explosé, plus de 200 millions de personnes ont d’ores et déjà un niveau de consommation de pays développé. Le PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ COMMUNE MAIS DIFFÉRENCIÉE adopté à Rio en 1992 est toujours d’actualité mais IL PERD DE SA PERTINENCE compte tenu d’une part de la montée en puissance des pays émergents (hétérogénéité des pays du Sud) et d’autre part des efforts de certains pays du Nord (ex : Union Européenne) et à contrario du refus des Etats-Unis d’appliquer de nombreuses conventions internationales. LA QUESTION DU CLIMAT illustre la problématique Nord/Sud en relation avec les problèmes d’environnement global : le Protocole de Kyoto (PK) qui s’inscrit dans une optique de décroissance puisqu’il vise à faire baisser de 5 % les émissions par rapport aux niveaux de 1990 concerne dans une preIl nous semble donc plus convenable mière phase (2008-2012) les pays industrialisés historiquement responsables du plus gros au Sud, comme au Nord d’ailleurs, des émissions. Le PK devrait être étendu aux de parler de CROISSANCE ÉCOLOGIQUEMENT pays en développement à partir de 2012. Le SOUTENABLE que de DÉCROISSANCE” refus de l’administration Bush de signer le PK,
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DANS LES PAYS DU SUD ET DANS LES PAYS ÉMERGENTS. Au
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…MAIS ON ASSISTE À UNE AUGMENTATION RAPIDE DES NIVEAUX DE CONSOMMATION
total, c’est plus de 4 milliards d’habitants qui aspirent à rejoindre les niveaux de consommation du Nord ! En Chine, dont les importations de pétrole et d’acier ont explosé, plus de 200 millions de personnes ont d’ores et déjà un niveau de consommation de pays développé. Le PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ COMMUNE MAIS DIFFÉRENCIÉE adopté à Rio en 1992 est toujours d’actualité mais IL PERD DE SA PERTINENCE compte tenu d’une part de la montée en puissance des pays émergents (hétérogénéité des pays du Sud) et d’autre part des efforts de certains pays du Nord (ex : Union Européenne) et à contrario du refus des Etats-Unis d’appliquer de nombreuses conventions internationales. LA QUESTION DU CLIMAT illustre la problématique Nord/Sud en relation avec les problèmes d’environnement global : le Protocole de Kyoto (PK) qui s’inscrit dans une optique de décroissance puisqu’il vise à faire baisser de 5 % les émissions par rapport aux niveaux de 1990 concerne dans une preIl nous semble donc plus convenable mière phase (2008-2012) les pays industrialisés historiquement responsables du plus gros au Sud, comme au Nord d’ailleurs, des émissions. Le PK devrait être étendu aux de parler de CROISSANCE ÉCOLOGIQUEMENT pays en développement à partir de 2012. Le SOUTENABLE que de DÉCROISSANCE” refus de l’administration Bush de signer le PK,
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qui réduit fortement l’impact de cet accord (les Etats-Unis étant le premier émetteur de GES de la planète), est lié d’une part à une volonté de ne pas handicaper la croissance américaine (recours à la solution technologique) et d’autre part de ne pas accepter que la phase de réduction initiale ne concerne pas de gros émetteurs de GES tels que la Chine ou l’Inde. Ces derniers mettent en avant le fait que leurs émissions par tête restent de loin inférieures à celles des pays industrialisés et que des transferts importants de TECHNOLOGIES environnementales sont nécessaires pour les convaincre de s’impliquer activement dans le PK. Seule la voie de la NÉGOCIATION MULTILATÉRALE qui débouche sur des accords internationaux peut apporter des solutions aux problèmes d’environnement global auxquels nous faisons face. Il existe une multitude D’ACCORDS MULTILATÉRAUX POUR L’ENVIRONNEMENT (AME) mais ils sont très peu appliqués (à l’exception du Protocole de Montréal qui visait les CFC pour lesquels existait une solution de substitution). La plupart des autres conventions : biodiversité, désertification, climat, etc. connaissent des difficultés de mise en œuvre et ne disposent pas de mécanismes d’observance assortis d’un régime de sanctions. La Convention Climat est la seule qui innove avec le « Cap and trade system » du PK qui crée artificiellement de la rareté, ce qui permet de mettre en place un système d’échange de quotas. Mais comme on l’a vu plus haut, l’impact du PK ne sera réel que si l’ensemble des pays participent et que si les niveaux d’émission autorisés sont considérablement réduits (ce qui n’est pas le cas actuellement et ce qui fait craindre aux experts que même en cas de mise en œuvre réussie, le PK constituera une tentative méritoire mais insuffisante pour faire face à l’ampleur de la menace climatique). La mise en place rapide d’une organisation des Nations-Unies pour l’environnement, seule capable de coordonner et de suivre l’élaboration et la mise en œuvre des AME, apparaît comme une nécessité urgente. Les accords internationaux doivent être relayés dans les pays par des ETATS qui utilisent au mieux les politiques fiscales et les dispositions réglementaires pour protéger l’environnement et respecter leurs engagements internationaux. Le rôle des Etats est déterminant de par les choix d’aménagement du territoire, d’infrastructures, de formulation et de mise en vigueur des lois et règlements, d’incitations fiscales, etc. De nombreux Etats ont cependant besoin d’un appui conséquent en termes de RENFORCEMENT DES CAPACITÉS pour être en mesure de remplir leurs obligations internationales. Car un des problèmes majeurs est celui de la NON MAÎTRISE par les Etats des pays du Sud des conséquences du mal-développement et de la mondialisation : effets négatifs de la croissance urbaine, des changements de modes de production et de consommation, etc. Les Etats du Sud manquent cruellement de MOYENS humains et matériels pour faire face aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Il est important que d’autres acteurs se mobilisent et prêtent main forte aux Etats : les citoyens (rôle primordial de l’éducation à l’environnement et contribution à la réduction de l’empreinte écologique), les associations (importance du respect de la liberté d’association et de la société civile), les collectivités locales (importance de la décentralisation pour permettre une gestion de proximité plus proche des réalités et en adéquation avec les besoins réels des territoires et des populations), les entreprises, notamment les multinationales qui doivent assumer pleinement leurs responsabilités sociales et environnementales. C’est donc un NOUVEAU MODE 267
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qui réduit fortement l’impact de cet accord (les Etats-Unis étant le premier émetteur de GES de la planète), est lié d’une part à une volonté de ne pas handicaper la croissance américaine (recours à la solution technologique) et d’autre part de ne pas accepter que la phase de réduction initiale ne concerne pas de gros émetteurs de GES tels que la Chine ou l’Inde. Ces derniers mettent en avant le fait que leurs émissions par tête restent de loin inférieures à celles des pays industrialisés et que des transferts importants de TECHNOLOGIES environnementales sont nécessaires pour les convaincre de s’impliquer activement dans le PK. Seule la voie de la NÉGOCIATION MULTILATÉRALE qui débouche sur des accords internationaux peut apporter des solutions aux problèmes d’environnement global auxquels nous faisons face. Il existe une multitude D’ACCORDS MULTILATÉRAUX POUR L’ENVIRONNEMENT (AME) mais ils sont très peu appliqués (à l’exception du Protocole de Montréal qui visait les CFC pour lesquels existait une solution de substitution). La plupart des autres conventions : biodiversité, désertification, climat, etc. connaissent des difficultés de mise en œuvre et ne disposent pas de mécanismes d’observance assortis d’un régime de sanctions. La Convention Climat est la seule qui innove avec le « Cap and trade system » du PK qui crée artificiellement de la rareté, ce qui permet de mettre en place un système d’échange de quotas. Mais comme on l’a vu plus haut, l’impact du PK ne sera réel que si l’ensemble des pays participent et que si les niveaux d’émission autorisés sont considérablement réduits (ce qui n’est pas le cas actuellement et ce qui fait craindre aux experts que même en cas de mise en œuvre réussie, le PK constituera une tentative méritoire mais insuffisante pour faire face à l’ampleur de la menace climatique). La mise en place rapide d’une organisation des Nations-Unies pour l’environnement, seule capable de coordonner et de suivre l’élaboration et la mise en œuvre des AME, apparaît comme une nécessité urgente. Les accords internationaux doivent être relayés dans les pays par des ETATS qui utilisent au mieux les politiques fiscales et les dispositions réglementaires pour protéger l’environnement et respecter leurs engagements internationaux. Le rôle des Etats est déterminant de par les choix d’aménagement du territoire, d’infrastructures, de formulation et de mise en vigueur des lois et règlements, d’incitations fiscales, etc. De nombreux Etats ont cependant besoin d’un appui conséquent en termes de RENFORCEMENT DES CAPACITÉS pour être en mesure de remplir leurs obligations internationales. Car un des problèmes majeurs est celui de la NON MAÎTRISE par les Etats des pays du Sud des conséquences du mal-développement et de la mondialisation : effets négatifs de la croissance urbaine, des changements de modes de production et de consommation, etc. Les Etats du Sud manquent cruellement de MOYENS humains et matériels pour faire face aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Il est important que d’autres acteurs se mobilisent et prêtent main forte aux Etats : les citoyens (rôle primordial de l’éducation à l’environnement et contribution à la réduction de l’empreinte écologique), les associations (importance du respect de la liberté d’association et de la société civile), les collectivités locales (importance de la décentralisation pour permettre une gestion de proximité plus proche des réalités et en adéquation avec les besoins réels des territoires et des populations), les entreprises, notamment les multinationales qui doivent assumer pleinement leurs responsabilités sociales et environnementales. C’est donc un NOUVEAU MODE 267
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qu’il Traitement des problèmes auxquels s’agit de susciter pour fait face la planète exige la mise en répondre aux défis œuvre d’une approche multilatérale” environnementaux qui menacent la planète. En somme, le traitement des problèmes auxquels fait face la planète exige la mise en œuvre d’une APPROCHE MULTILATÉRALE qui prenne en compte les différences de situation des pays au regard des niveaux de développement, de l’empreinte écologique par habitant, etc. en vue d’aboutir à des solutions négociées accompagnées de mécanismes d’observance. Le traitement de ces problèmes implique une COOPÉRATION ACCRUE ET DES MÉCANISMES DE SOLIDARITÉ qui permettent aux plus riches et aux détenteurs de technologies et de savoir-faire de les transférer vers les pays pauvres et émergents. Il implique un nouveau MODE DE GOUVERNANCE qui privilégie le partenariat et l’exercice de la responsabilité par l’ensemble des acteurs concernés par les problématiques environnementales. Il implique un nouveau mode La CROISSANCE ÉCOLOGIQUEMENT SOUTENABLE et le DÉVEde gouvernance qui privilégie LOPPEMENT DURABLE doivent rester la priorité des pays pauvres le partenariat et l’exercice ou émergents. Ces derniers doivent cependant participer de manière ACTIVE à la recherche de SOLUTIONS COMMUNES aux de la responsabilité” défis auxquels nous sommes tous confrontés. A N D R É E B U C H M A N N : Merci, Farid. C’était très intéressant et complémentaire de ce que disait Victor-Hugo. Vous avez dit les choses un peu différemment. DE GOUVERNANCE
“
Cette question démocratique est effectivement au cœur du débat écologique que Victor-Hugo a abordée à travers son anecdote sur la mobylette. D E N I S
, je suis consultant. J’apprécie beaucoup la qualité de vos intervenants, mais en venant dans cet atelier, je m’attendais à y entendre également un tenant de la décroissance raisonnée ou soutenable. Or, je n’ai entendu que des personnes défendant la vision du développement durable et leur apport… dans le Sud.
S E R R E
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Cette question démocratique est effectivement au cœur du débat écologique que Victor-Hugo a abordée à travers son anecdote sur la mobylette. D E N I S
, je suis consultant. J’apprécie beaucoup la qualité de vos intervenants, mais en venant dans cet atelier, je m’attendais à y entendre également un tenant de la décroissance raisonnée ou soutenable. Or, je n’ai entendu que des personnes défendant la vision du développement durable et leur apport… dans le Sud.
S E R R E
C’est très intéressant, mais le thème était celui de la décroissance soutenable et je m’attendais à entendre un tenant de cette pensée qui, aujourd’hui, se développe malgré tout. J’ai l’impression qu’il y a eu, entre guillemets, “publicité mensongère”. (Rires.) Merci.
C’est très intéressant, mais le thème était celui de la décroissance soutenable et je m’attendais à entendre un tenant de cette pensée qui, aujourd’hui, se développe malgré tout. J’ai l’impression qu’il y a eu, entre guillemets, “publicité mensongère”. (Rires.) Merci.
[…]
[…]
Je n’ai pas dit que j’étais entièrement d’accord. Je partage grosso modo votre point de vue, mais ce n’était pas du tout le thème de cet atelier. A N D R É E
Je n’ai pas dit que j’étais entièrement d’accord. Je partage grosso modo votre point de vue, mais ce n’était pas du tout le thème de cet atelier.
B U C H M A N N : J’aimerais préciser, Denis, que c’est le Comité qui choisit les personnes, les intervenants et les animateurs. Certes, nous aurions pu le concevoir différemment, mais c’est très intéressant comme cela.
G É R A L D I N E
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:
A N D R É E
Je représente Écoforum.
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B U C H M A N N : J’aimerais préciser, Denis, que c’est le Comité qui choisit les personnes, les intervenants et les animateurs. Certes, nous aurions pu le concevoir différemment, mais c’est très intéressant comme cela.
G É R A L D I N E
Nous avons fait des constats, tout le monde est d’accord avec tout ce que vous avez dit, mais ce qu’il me manque, en tant que jeune, c’est une implication politique, c’est connaître la position des politiques par rapport à la décroissance raisonnée dans nos pays, puisque, de toute façon, pour les pays du Sud, à mon avis, ce n’est pas le sujet.
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qu’il Traitement des problèmes auxquels s’agit de susciter pour fait face la planète exige la mise en répondre aux défis œuvre d’une approche multilatérale” environnementaux qui menacent la planète. En somme, le traitement des problèmes auxquels fait face la planète exige la mise en œuvre d’une APPROCHE MULTILATÉRALE qui prenne en compte les différences de situation des pays au regard des niveaux de développement, de l’empreinte écologique par habitant, etc. en vue d’aboutir à des solutions négociées accompagnées de mécanismes d’observance. Le traitement de ces problèmes implique une COOPÉRATION ACCRUE ET DES MÉCANISMES DE SOLIDARITÉ qui permettent aux plus riches et aux détenteurs de technologies et de savoir-faire de les transférer vers les pays pauvres et émergents. Il implique un nouveau MODE DE GOUVERNANCE qui privilégie le partenariat et l’exercice de la responsabilité par l’ensemble des acteurs concernés par les problématiques environnementales. Il implique un nouveau mode La CROISSANCE ÉCOLOGIQUEMENT SOUTENABLE et le DÉVEde gouvernance qui privilégie LOPPEMENT DURABLE doivent rester la priorité des pays pauvres le partenariat et l’exercice ou émergents. Ces derniers doivent cependant participer de manière ACTIVE à la recherche de SOLUTIONS COMMUNES aux de la responsabilité” défis auxquels nous sommes tous confrontés. A N D R É E B U C H M A N N : Merci, Farid. C’était très intéressant et complémentaire de ce que disait Victor-Hugo. Vous avez dit les choses un peu différemment. DE GOUVERNANCE
C A R B A R R O T
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Je représente Écoforum.
Nous avons fait des constats, tout le monde est d’accord avec tout ce que vous avez dit, mais ce qu’il me manque, en tant que jeune, c’est une implication politique, c’est connaître la position des politiques par rapport à la décroissance raisonnée dans nos pays, puisque, de toute façon, pour les pays du Sud, à mon avis, ce n’est pas le sujet.
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Dans les pays du Nord, quelles Ce qui nous manque, ce sont sont les positions de la politique, de des réponses concrètes. la publicité qui contribue à une croissance destructrice et à ces Pour l’instant, consumérismes que nous connaisc’est un peu du « concept »” sons aujourd’hui, ainsi que des entreprises, sur ce sujet ? Ce qui nous manque, ce sont vraiment des réponses concrètes pour avoir une vision positive. Pour l’instant, c’est un peu du “concept”. J O Ë L
U N
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D E
Dans les pays du Nord, quelles Ce qui nous manque, ce sont sont les positions de la politique, de des réponses concrètes. la publicité qui contribue à une croissance destructrice et à ces Pour l’instant, consumérismes que nous connaisc’est un peu du « concept »” sons aujourd’hui, ainsi que des entreprises, sur ce sujet ? Ce qui nous manque, ce sont vraiment des réponses concrètes pour avoir une vision positive. Pour l’instant, c’est un peu du “concept”.
M O N T A L I E R : Bonjour, anciennement WWF, je dirige aujourd’hui une école de formation d’ingénieurs et de managers, et au développement durable.
J O Ë L
D E
M O N T A L I E R : Bonjour, anciennement WWF, je dirige aujourd’hui une école de formation d’ingénieurs et de managers, et au développement durable.
Nous n’avons pas du tout évoqué la question de la croissance ou de la décroissance démographique. Or, il me semble que c’est une notion importante, essentielle, qu’il faudrait peut-être intégrer au débat.
Nous n’avons pas du tout évoqué la question de la croissance ou de la décroissance démographique. Or, il me semble que c’est une notion importante, essentielle, qu’il faudrait peut-être intégrer au débat.
Un autre aspect me paraît intéressant. Nous parlons tous au titre ou au nom du développement durable. Or, si nous parlons à la fois de développement et de décroissance, il semble y avoir quelque chose d’un peu antinomique.
Un autre aspect me paraît intéressant. Nous parlons tous au titre ou au nom du développement durable. Or, si nous parlons à la fois de développement et de décroissance, il semble y avoir quelque chose d’un peu antinomique.
Voici quelques années, on évoquait la nécessité de ramener le développement ou le niveau de développement des pays…, à celui tel qu’il existait en 1964. C’était à l’époque, me semble-t-il, les Allemands qui avaient indiqué que, pour que ce monde soit à peu près en équilibre ou en position de rééquilibrage, il faudrait que le Nord se replace au niveau de développement auquel il se trouvait en 1964. C’est assez intéressant….
Voici quelques années, on évoquait la nécessité de ramener le développement ou le niveau de développement des pays…, à celui tel qu’il existait en 1964. C’était à l’époque, me semble-t-il, les Allemands qui avaient indiqué que, pour que ce monde soit à peu près en équilibre ou en position de rééquilibrage, il faudrait que le Nord se replace au niveau de développement auquel il se trouvait en 1964. C’est assez intéressant….
I N T E R V E N A N T
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: Pour le monde occidental.
M O N T A L I E R
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: Absolument, pour arriver à un rééquilibrage.
I N T E R V E N A N T
J O Ë L
D E
: Pour le monde occidental.
M O N T A L I E R
: Absolument, pour arriver à un rééquilibrage.
Dans l’Organisation mondiale du commerce que vous n’avez pas évoquée, mais qui, je pense, était probablement dans votre esprit, il existe des règles… auxquelles de nombreux pays ont accepté de participer. Ils ont accepté de reconnaître l’autorité de l’OMC.
Dans l’Organisation mondiale du commerce que vous n’avez pas évoquée, mais qui, je pense, était probablement dans votre esprit, il existe des règles… auxquelles de nombreux pays ont accepté de participer. Ils ont accepté de reconnaître l’autorité de l’OMC.
Or, nous voyons bien que, dans cette organisation, puisque nous pouvons parler là de début de supranationalité, il n’existe pas de règles satisfaisantes autour du développement durable et, en particulier, de règles du jeu identiques sur l’aspect social, par exemple, des salariés.
Or, nous voyons bien que, dans cette organisation, puisque nous pouvons parler là de début de supranationalité, il n’existe pas de règles satisfaisantes autour du développement durable et, en particulier, de règles du jeu identiques sur l’aspect social, par exemple, des salariés.
Comment exporter nos “remarquables syndicalistes” pour aller expliquer aux Chinois et aux Indiens que le coût de la production et des salaires devrait être plus élevé et en équilibre par rapport au nôtre ? Nous voyons bien que c’est extrêmement difficile. Nous pourrions tout à fait trouver une communauté de vues ou d’esprit par rapport à ces questions, mais avant d’arriver à des solutions concrètes…
Comment exporter nos “remarquables syndicalistes” pour aller expliquer aux Chinois et aux Indiens que le coût de la production et des salaires devrait être plus élevé et en équilibre par rapport au nôtre ? Nous voyons bien que c’est extrêmement difficile. Nous pourrions tout à fait trouver une communauté de vues ou d’esprit par rapport à ces questions, mais avant d’arriver à des solutions concrètes…
Je pense notamment à des bandes dessinées que nous lisions lorsque nous étions jeunes. La planète y était représentée comme une espèce d’immense navire. Or, les hommes n’avaient pas réussi à s’entendre sur ce caractère supranational ou, s’ils le faisaient, cela aboutissait à une sorte de formidable tyrannie de la part d’un seul individu, etc. Au bout du compte, il fallait partir dans l’espace trouver un autre navire pour le développer…
Je pense notamment à des bandes dessinées que nous lisions lorsque nous étions jeunes. La planète y était représentée comme une espèce d’immense navire. Or, les hommes n’avaient pas réussi à s’entendre sur ce caractère supranational ou, s’ils le faisaient, cela aboutissait à une sorte de formidable tyrannie de la part d’un seul individu, etc. Au bout du compte, il fallait partir dans l’espace trouver un autre navire pour le développer…
Tout cela pour dire que l’homme a un côté extrêmement destructeur, nous le voyons bien, et il n’arrive pas lui-même à se substituer à ce dont il est pourtant le produit, c’est-à-dire le côté systémique de son individu.
Tout cela pour dire que l’homme a un côté extrêmement destructeur, nous le voyons bien, et il n’arrive pas lui-même à se substituer à ce dont il est pourtant le produit, c’est-à-dire le côté systémique de son individu.
ACIDD et Comité 21
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M O I S A N , Directeur scientifique, ADEME : Je voudrais revenir sur la question posée par Denis Serre.
M O I S A N , Directeur scientifique, ADEME : Je voudrais revenir sur la question posée par Denis Serre.
F R A N Ç O I S
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Nous sommes tous d’accord avec les trois intervenants – en tout cas, je le suis de A à Z notamment en ce qui concerne le Sud. Personne ne peut dire qu’il faut maintenir les pays du Sud dans un état de sous-développement ou de pré-développement. C’est clair.
Nous sommes tous d’accord avec les trois intervenants – en tout cas, je le suis de A à Z notamment en ce qui concerne le Sud. Personne ne peut dire qu’il faut maintenir les pays du Sud dans un état de sous-développement ou de pré-développement. C’est clair.
En revanche, et Robert Lion l’a bien dit, le mot “décroissance” est quand même très provocateur. Il est très difficile à manipuler. Nous sommes ici dans un endroit où nous pouvons peut-être nous permettre de le questionner. C’est un mouvement qui prend de l’ampleur en Europe, au niveau intellectuel ; des concepts sont développés. Il serait à mon avis très dommage que nous ne nous posions pas la question.
En revanche, et Robert Lion l’a bien dit, le mot “décroissance” est quand même très provocateur. Il est très difficile à manipuler. Nous sommes ici dans un endroit où nous pouvons peut-être nous permettre de le questionner. C’est un mouvement qui prend de l’ampleur en Europe, au niveau intellectuel ; des concepts sont développés. Il serait à mon avis très dommage que nous ne nous posions pas la question.
D’un point de vue économique, le principal argument contre la décroissance est qu’avec la décroissance, nous n’avons pas le moyen de limiter les disparités de richesse et de redistribuer sans toucher au patrimoine. Finalement, c’est la croissance de la richesse… Je suis tout à fait d’accord sur l’ambiguïté du mot “richesse”. Disons que c’est la croissance économique qui permet de redistribuer, sans toucher au patrimoine de chacun.
D’un point de vue économique, le principal argument contre la décroissance est qu’avec la décroissance, nous n’avons pas le moyen de limiter les disparités de richesse et de redistribuer sans toucher au patrimoine. Finalement, c’est la croissance de la richesse… Je suis tout à fait d’accord sur l’ambiguïté du mot “richesse”. Disons que c’est la croissance économique qui permet de redistribuer, sans toucher au patrimoine de chacun.
Si nous rentrions dans un tel système – je parle des pays du Nord - de décroissance, cela voudrait dire, pas seulement par rapport aux pays du Sud…
Si nous rentrions dans un tel système – je parle des pays du Nord - de décroissance, cela voudrait dire, pas seulement par rapport aux pays du Sud…
Que signifie l’histoire du facteur 4 pour les émissions de gaz à effet de serre ? Cela signifie que les pays du Nord vont décroître leurs émissions pour permettre aux pays du Sud de continuer à croître et donc d’émettre. Personne ne conteste le fait qu’ils vont continuer à émettre. Mais, au sein même des pays développés, il existe des disparités de richesses, des pauvres, un quart-monde. Comment peut-on, dans un pays développé comme le nôtre, imaginer une décroissance et une redistribution, c’est-àdire aller vers quelque chose de plus juste socialement, donc dans les concepts durables ? C’est un problème de fond.
Que signifie l’histoire du facteur 4 pour les émissions de gaz à effet de serre ? Cela signifie que les pays du Nord vont décroître leurs émissions pour permettre aux pays du Sud de continuer à croître et donc d’émettre. Personne ne conteste le fait qu’ils vont continuer à émettre. Mais, au sein même des pays développés, il existe des disparités de richesses, des pauvres, un quart-monde. Comment peut-on, dans un pays développé comme le nôtre, imaginer une décroissance et une redistribution, c’est-àdire aller vers quelque chose de plus juste socialement, donc dans les concepts durables ? C’est un problème de fond.
Je n’ai pas la solution, mais c’est une question à se poser. Derrière la décroissance économique, il y a toutes les interprétations sur un PIB qui ne serait pas un PIB économique, avec une intégration des atteintes au capital environnemental non reproductible et on peut imaginer qu’on ait une croissance… Mais au delà, se pose, nous le voyons bien, la question de la décroissance des ressources. Le pétrole va décroître, ce n’est pas un choix. Des matières premières vont décroître. Nous le subissons.
Nous devons nous poser des questions peut-être pas d’un point de vue économique encore une fois - le PIB, c’est très complexe, cela englobe beaucoup de choses - mais par exemple sur la mobilité. Pouvons-nous nous permettre d’être dans une optique de croissance de la mobilité ? La mobilité est une valeur et il est très provocateur de dire qu’il faut limiter le développement de la mobiQue signifie l’histoire du facteur 4, lité dans les pays riches. Ce n’est pas facile à assumer. Pourtant, je ne vois pas du tout de modèle ou de scéles pays du Nord vont décroître nario qui nous permettrait de faire croître la mobilité à leurs émissions pour permettre 2050, par exemple, en étant en cohérence avec l’effet de aux pays du Sud de continuer serre. On peut encore imaginer des techniques, mais 2050 à croître et donc d’émettre” viendra quand même assez vite…
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Je n’ai pas la solution, mais c’est une question à se poser. Derrière la décroissance économique, il y a toutes les interprétations sur un PIB qui ne serait pas un PIB économique, avec une intégration des atteintes au capital environnemental non reproductible et on peut imaginer qu’on ait une croissance… Mais au delà, se pose, nous le voyons bien, la question de la décroissance des ressources. Le pétrole va décroître, ce n’est pas un choix. Des matières premières vont décroître. Nous le subissons.
Nous devons nous poser des questions peut-être pas d’un point de vue économique encore une fois - le PIB, c’est très complexe, cela englobe beaucoup de choses - mais par exemple sur la mobilité. Pouvons-nous nous permettre d’être dans une optique de croissance de la mobilité ? La mobilité est une valeur et il est très provocateur de dire qu’il faut limiter le développement de la mobiQue signifie l’histoire du facteur 4, lité dans les pays riches. Ce n’est pas facile à assumer. Pourtant, je ne vois pas du tout de modèle ou de scéles pays du Nord vont décroître nario qui nous permettrait de faire croître la mobilité à leurs émissions pour permettre 2050, par exemple, en étant en cohérence avec l’effet de aux pays du Sud de continuer serre. On peut encore imaginer des techniques, mais 2050 à croître et donc d’émettre” viendra quand même assez vite…
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Pouvons-nous assumer une décroissance de la mobilité et du confort ?
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Pouvons-nous assumer une décroissance de la mobilité et du confort ?
Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais il faut que nous nous les posions ici. Ce n’est pas du tout évident. La vitesse est une valeur. Elle commence à ne plus l’être comme elle l’a été ; les gens acceptent qu’elle décroisse.
Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais il faut que nous nous les posions ici. Ce n’est pas du tout évident. La vitesse est une valeur. Elle commence à ne plus l’être comme elle l’a été ; les gens acceptent qu’elle décroisse.
Encore une fois, nous sommes d’accord en ce qui concerne les pays du Sud. Mais le problème de la décroissance est posée chez nous, il est très provocateur et, pour moi, le principal argument est le suivant : comment organiser une décroissance et une redistribution des richesses ?
Encore une fois, nous sommes d’accord en ce qui concerne les pays du Sud. Mais le problème de la décroissance est posée chez nous, il est très provocateur et, pour moi, le principal argument est le suivant : comment organiser une décroissance et une redistribution des richesses ?
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: Je voudrais rebondir sur ce qu’a dit Robert Lion.
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Tout d’abord, je trouve qu’en Occident nous sommes des “spécialistes de l’autoflagellation”. Nous trouvons que notre modèle n’est pas extraordinaire, mais lorsqu’on va dans les pays du Sud, on est quand même content de rentrer !
Je ne dis pas que le modèle de la démocratie, le modèle libéral, le capitalisme de marché, c’est “la fin de l’histoire”, comme le disait Fukuyama, mais le problème n’estil pas davantage un problème de dysfonctionnement ? Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Je ne dis pas que le modèle de la démocratie, le modèle libéral, le capitalisme de marché, c’est “la fin de l’histoire”, comme le disait Fukuyama, mais le problème n’estil pas davantage un problème de dysfonctionnement ? Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Le modèle économique aujourd’hui dysfonctionne parce que nous n’y avons pas intégré les externalités environnementales et sociétales. En définitive, le modèle, avec tout cela intégré, pourrait fonctionner dans un cercle vertueux, vers le développement durable ; je pose la question à Robert Lion puisqu’il est économiste.
Le modèle économique aujourd’hui dysfonctionne parce que nous n’y avons pas intégré les externalités environnementales et sociétales. En définitive, le modèle, avec tout cela intégré, pourrait fonctionner dans un cercle vertueux, vers le développement durable ; je pose la question à Robert Lion puisqu’il est économiste.
Je vous invite à aller consulter le site Internet “décroissance.org”. On y parle d’un autre monde. Mais, quand on en vient aux choses concrètes, cela me fait peur. Que prônent les partisans de la décroissance ? De revenir à la marine à voile, aux chars à bœufs, etc.
Je vous invite à aller consulter le site Internet “décroissance.org”. On y parle d’un autre monde. Mais, quand on en vient aux choses concrètes, cela me fait peur. Que prônent les partisans de la décroissance ? De revenir à la marine à voile, aux chars à bœufs, etc.
Pour moi, c’est une utopie, cela ne me semble pas réaliste. Cela étant, je suis sensible à ce qu’ils disent sur la décroissance, en particulier Serge Latouche qui parle de “décroissance conviviale”. Cela rejoint ce que disait notre “CPP”, “casse-pieds professionnel préféré”, Victor-Hugo, sur ce qu’il a vécu en arrivant en France, notamment ce sentiment de tristesse et de solitude. Nous n’allons pas enfoncer des portes ouvertes, mais nous sommes de gros consommateurs d’anxiolytiques, etc. Tout cela m’interpelle.
Pour moi, c’est une utopie, cela ne me semble pas réaliste. Cela étant, je suis sensible à ce qu’ils disent sur la décroissance, en particulier Serge Latouche qui parle de “décroissance conviviale”. Cela rejoint ce que disait notre “CPP”, “casse-pieds professionnel préféré”, Victor-Hugo, sur ce qu’il a vécu en arrivant en France, notamment ce sentiment de tristesse et de solitude. Nous n’allons pas enfoncer des portes ouvertes, mais nous sommes de gros consommateurs d’anxiolytiques, etc. Tout cela m’interpelle.
Les partisans de la Je vous invite à aller consulter le décroissance ou de la simplisite Internet « décroissance.org ». cité volontaire parlent justeOn y parle d’un autre monde ” ment d’un retour vers quelque chose qui a plus de sens, à un niveau presque spirituel. Cela m’interroge. D’après moi, plus que le problème économique, c’est cela qui dysfonctionne dans notre façon de vivre, dans notre modèle. Par rapport aux pays du Sud, nous vivons mal, d’un point de vue presque psy… individuel.
Les partisans de la Je vous invite à aller consulter le décroissance ou de la simplisite Internet « décroissance.org ». cité volontaire parlent justeOn y parle d’un autre monde ” ment d’un retour vers quelque chose qui a plus de sens, à un niveau presque spirituel. Cela m’interroge. D’après moi, plus que le problème économique, c’est cela qui dysfonctionne dans notre façon de vivre, dans notre modèle. Par rapport aux pays du Sud, nous vivons mal, d’un point de vue presque psy… individuel.
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: Je vous donne un exemple. J’adore les exemples !
V I C T O R - H U G O
J’arrive du Chili. Là-bas, on fait une grève parce que les gens meurent de faim. J’arrive en France et, à Michelin où j’étais ingénieur, on a fait une grève pour la climatisation. Cela a été un choc psychologique ! (Rires.) Je me suis tout d’abord dit : “Ils sont bêtes, ces Français.”, mais ensuite je me suis rendu compte qu’au fond, c’était moi l’idiot. Pourquoi ? Si aujourd’hui au Chili, nous ne sommes pas sacrifiés, si nous ©
: Je voudrais rebondir sur ce qu’a dit Robert Lion.
Tout d’abord, je trouve qu’en Occident nous sommes des “spécialistes de l’autoflagellation”. Nous trouvons que notre modèle n’est pas extraordinaire, mais lorsqu’on va dans les pays du Sud, on est quand même content de rentrer !
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: Je vous donne un exemple. J’adore les exemples !
J’arrive du Chili. Là-bas, on fait une grève parce que les gens meurent de faim. J’arrive en France et, à Michelin où j’étais ingénieur, on a fait une grève pour la climatisation. Cela a été un choc psychologique ! (Rires.) Je me suis tout d’abord dit : “Ils sont bêtes, ces Français.”, mais ensuite je me suis rendu compte qu’au fond, c’était moi l’idiot. Pourquoi ? Si aujourd’hui au Chili, nous ne sommes pas sacrifiés, si nous
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avons les congés payés, c’est grâce à des gens comme vous qui se sont battus à un moment donné. Il y a en fait un décalage et nous bénéficions de bien des luttes menées par ces gens-là.
avons les congés payés, c’est grâce à des gens comme vous qui se sont battus à un moment donné. Il y a en fait un décalage et nous bénéficions de bien des luttes menées par ces gens-là.
Faire une grève pour la climatisation, était-ce injuste ? Non, c’était très juste. C’est cela que j’essaye de vous expliquer. Tout à l’heure, quelqu’un a dit que nous n’avions pas de réelles solutions. Tout ce que je vous ai dit… a une solution. Mais il ne faut pas être naïf, l’accord, cela n’existe pas ! Ce n’est pas : “J’ai une pensée positive, je vais faire quelque chose !” Je n’y crois pas, je crois aux rapports de force. Le couple, c’est beaucoup de choses, mais c’est également un rapport de forces. Nous parlions de croissance ; on dit : “Rien ne se perd, tout se transforme”, quand quelque chose croît, autre chose décroît. Vous le savez, c’est élémentaire.
Faire une grève pour la climatisation, était-ce injuste ? Non, c’était très juste. C’est cela que j’essaye de vous expliquer. Tout à l’heure, quelqu’un a dit que nous n’avions pas de réelles solutions. Tout ce que je vous ai dit… a une solution. Mais il ne faut pas être naïf, l’accord, cela n’existe pas ! Ce n’est pas : “J’ai une pensée positive, je vais faire quelque chose !” Je n’y crois pas, je crois aux rapports de force. Le couple, c’est beaucoup de choses, mais c’est également un rapport de forces. Nous parlions de croissance ; on dit : “Rien ne se perd, tout se transforme”, quand quelque chose croît, autre chose décroît. Vous le savez, c’est élémentaire.
Vous avez dit tout à l’heure que vous n’aviez pas de solution. Je vous en ai cité cinq. La première consiste à changer nos consciences : voulons-nous vivre comme des imbéciles ou voulons-nous être heureux “tout court” ? C’est à partir de là qu’on changera la mentalité des Européens. Un Européen qui, ici, se comporte correctement, puis fait du tourisme sexuel et n’importe quoi avec des gamines de dix ans lorsqu’il est à l’autre bout du monde !.… Est-ce là la société que nous voulons ?
Vous avez dit tout à l’heure que vous n’aviez pas de solution. Je vous en ai cité cinq. La première consiste à changer nos consciences : voulons-nous vivre comme des imbéciles ou voulons-nous être heureux “tout court” ? C’est à partir de là qu’on changera la mentalité des Européens. Un Européen qui, ici, se comporte correctement, puis fait du tourisme sexuel et n’importe quoi avec des gamines de dix ans lorsqu’il est à l’autre bout du monde !.… Est-ce là la société que nous voulons ?
Je vous donne cet exemple car c’est le même en ce qui concerne les entreprises. Je veux que les entreprises françaises ne se permettent pas de se comporter de façon “dégueulasse” lorsqu’elles vont ailleurs, en mettant des incinérateurs pourris ! Une des solutions consiste donc à interdire aux sociétés des pays riches d’aller faire des choses “dégueulasses” à l’autre bout du monde. Je peux citer l’exemple des voitures pourries qu’elles mettent au Chili, parce qu’elles polluent !
Je vous donne cet exemple car c’est le même en ce qui concerne les entreprises. Je veux que les entreprises françaises ne se permettent pas de se comporter de façon “dégueulasse” lorsqu’elles vont ailleurs, en mettant des incinérateurs pourris ! Une des solutions consiste donc à interdire aux sociétés des pays riches d’aller faire des choses “dégueulasses” à l’autre bout du monde. Je peux citer l’exemple des voitures pourries qu’elles mettent au Chili, parce qu’elles polluent !
Je vous ai parlé d’une autre solution qui concernait la pensée unique, médiatique, politique, économique… Je peux vous dire une chose ; nous les faisons trembler, nous, les casse-pieds. Pourquoi ?
Je vous ai parlé d’une autre solution qui concernait la pensée unique, médiatique, politique, économique… Je peux vous dire une chose ; nous les faisons trembler, nous, les casse-pieds. Pourquoi ?
Les cosmétiques français sont presque au top du…, ils sont très contrôlés. Pourquoi ? Parce que les Français, dès qu’on touche leur peau, leur bouche, leur ventre, râlent tout de suite ! Et c’est très bien, il faut continuer à râler. Quand vous râlez, là-haut, cela bouge ! Vous faites bouger le pouvoir économique, le pouvoir politique. Je vous ai dit qu’il fallait sortir de la “société réparatrice”. On laisse les pollutions s’aggraver… :”Qu’ils crèvent, les Péruviens !” C’est cela qu’il faut pourtant éviter ! Il faut éviter qu’une entreprise française ou américaine aille polluer les rivières et tuer des gens avec le mercure déversé dans les rivières. Nous ne devons plus tolérer ce genre de chose.
Une des solutions consiste donc à interdire aux sociétés des pays riches d’aller faire des choses « dégueulasses » à l’autre bout du monde”
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Je me fiche de savoir si c’est la question de la décroissance ou de la croissance. Je suis dans cet atelier parce que j’aime bien les ateliers un peu fou. Ce qui m’intéresse, c’est que l’homme, que chaque espèce de cette planète soit bien, pour que nous puissions continuer à vivre.
Je vous ai parlé tout à l’heure de coûts d’investissement et de coûts d’exploitation. J’ai travaillé pour une centrale nucléaire…, comme ingénieur. Je faisais des calculs et j’ai commencé à en faire pour permettre des économies d’énergie pour les usines de… Ils m’ont demandé : “Pourquoi fais-tu cela ? Nous ne t’avons pas demandé de faire
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Les cosmétiques français sont presque au top du…, ils sont très contrôlés. Pourquoi ? Parce que les Français, dès qu’on touche leur peau, leur bouche, leur ventre, râlent tout de suite ! Et c’est très bien, il faut continuer à râler. Quand vous râlez, là-haut, cela bouge ! Vous faites bouger le pouvoir économique, le pouvoir politique. Je vous ai dit qu’il fallait sortir de la “société réparatrice”. On laisse les pollutions s’aggraver… :”Qu’ils crèvent, les Péruviens !” C’est cela qu’il faut pourtant éviter ! Il faut éviter qu’une entreprise française ou américaine aille polluer les rivières et tuer des gens avec le mercure déversé dans les rivières. Nous ne devons plus tolérer ce genre de chose.
Une des solutions consiste donc à interdire aux sociétés des pays riches d’aller faire des choses « dégueulasses » à l’autre bout du monde”
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Je me fiche de savoir si c’est la question de la décroissance ou de la croissance. Je suis dans cet atelier parce que j’aime bien les ateliers un peu fou. Ce qui m’intéresse, c’est que l’homme, que chaque espèce de cette planète soit bien, pour que nous puissions continuer à vivre.
Je vous ai parlé tout à l’heure de coûts d’investissement et de coûts d’exploitation. J’ai travaillé pour une centrale nucléaire…, comme ingénieur. Je faisais des calculs et j’ai commencé à en faire pour permettre des économies d’énergie pour les usines de… Ils m’ont demandé : “Pourquoi fais-tu cela ? Nous ne t’avons pas demandé de faire
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des économies d’énergie ! On s’en fiche. Ce que nous voulons, c’est faire passer notre projet. EDF nous paye tant, mais ils ne nous demandent pas de faire des économies sur les coûts… Nous voulons un prix qui passe, le minimum possible, un calcul pour que tout passe au minimum par rapport à la loi.”
des économies d’énergie ! On s’en fiche. Ce que nous voulons, c’est faire passer notre projet. EDF nous paye tant, mais ils ne nous demandent pas de faire des économies sur les coûts… Nous voulons un prix qui passe, le minimum possible, un calcul pour que tout passe au minimum par rapport à la loi.”
J’ai compris une chose et c’est là que nous devons casser les pieds : pour changer la loi. Quand vous changez à un riche un élément, cela entraîne un coût horrible à l’autre bout ! Quand des Indiens meurent à cause du benzène et que vous le réglementez, cela tremble de partout ! Et c’est cela qu’on doit faire !
J’ai compris une chose et c’est là que nous devons casser les pieds : pour changer la loi. Quand vous changez à un riche un élément, cela entraîne un coût horrible à l’autre bout ! Quand des Indiens meurent à cause du benzène et que vous le réglementez, cela tremble de partout ! Et c’est cela qu’on doit faire !
Nous devons, chacun dans notre rôle, continuer à être des casse-pieds. Il existe des solutions, mais le problème numéro 1, pour moi, c’est l’inquiétude que j’ai par rapport au tiers-monde, pour tous ces gens. C’est une inquiétude humaine. C’est par rapport à cela que nous devons agir et ne pas laisser faire n’importe quoi.
Nous devons, chacun dans notre rôle, continuer à être des casse-pieds. Il existe des solutions, mais le problème numéro 1, pour moi, c’est l’inquiétude que j’ai par rapport au tiers-monde, pour tous ces gens. C’est une inquiétude humaine. C’est par rapport à cela que nous devons agir et ne pas laisser faire n’importe quoi.
Par exemple, le sida tue plein de monde. Les Brésiliens ont copié et ils ont commencé à fabriquer la pilule. Le brevet, ils ne le payent pas ! On ne paie pas quand il s’agit de problèmes aussi graves que celui-là.
Par exemple, le sida tue plein de monde. Les Brésiliens ont copié et ils ont commencé à fabriquer la pilule. Le brevet, ils ne le payent pas ! On ne paie pas quand il s’agit de problèmes aussi graves que celui-là.
: Si j’avais fais un topo un peu plus long, j’aurais parlé également de ce…, je crois, souhaitable dans les pays du Nord. Je suis largement d’accord avec les avocats de la décroissance sur de nombreux thèmes. Je suis un partisan d’une chose assez difficile à dire en termes de communication : la sobriété. Cela comporte notamment des limitations, des restrictions, des réductions, des décroissances en termes de mobilité, de consommation, etc. Nous sommes sans doute nombreux ici à être d’accord avec ces idées.
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Mais, je viens ici pour une Université de la communication pour le développement durable. Si nous voulons ne pas prêcher dans le désert et ne pas prendre les gens complètement à rebrousse-poil, de même que nous avons dit, Farid et moi, que le terme de “décroissance” était irrecevable en direction des pays du Sud, il faut faire très attention à ce que nous disons ici ; si nous voulons arriver à des progrès dans la prise de conscience, de conviction, de modification des comportements dans nos pays du Nord, il ne faut pas raconter n’importe quoi. Tous les experts de la communication vous le diront. On ne va pas demain matin, au moment où un gouvernement qu’on aime ou non parle de relancer la croissance, parce qu’on n’a pas d’autre idéologie que celle de dire que la lutte contre le chômage passe par ce qu’on appelle la croissance, prêcher la décroissance.
La sobriété comporte notamment des limitations, des restrictions, des réductions, des décroissances en termes de mobilité, de consommation, etc.”
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Il y a beaucoup à dire sur le terme de “croissance raisonnée”. Je regrette beaucoup que M. de Villepin – je réfléchis à faire un petit papier en ce sens - lorsqu’il relance la croissance, n’ait pas l’idée d’un volet qualitatif qui se rapproche du développement durable, lequel est passé par pertes et profits au cours des “cogitations nationales” de cet été, alors qu’il était plus ou moins à la mode voici quelque temps.
Il faut donc faire très attention à ce que nous disons si nous voulons faire avancer des comportements qui débouchent sur des modes de croissance tels que ceux sur lesquels nous sommes tous d’accord ici. Juste un mot sur un autre sujet. 1964… Moi qui suis parmi les doyens, sinon le doyen ici, je l’ai bien vécu. 1964, c’était le milieu des Trente Glorieuses. C’était une époque où, comme on l’a dit malheureusement, malencontreusement quelque temps plus
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: Si j’avais fais un topo un peu plus long, j’aurais parlé également de ce…, je crois, souhaitable dans les pays du Nord. Je suis largement d’accord avec les avocats de la décroissance sur de nombreux thèmes. Je suis un partisan d’une chose assez difficile à dire en termes de communication : la sobriété. Cela comporte notamment des limitations, des restrictions, des réductions, des décroissances en termes de mobilité, de consommation, etc. Nous sommes sans doute nombreux ici à être d’accord avec ces idées.
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Mais, je viens ici pour une Université de la communication pour le développement durable. Si nous voulons ne pas prêcher dans le désert et ne pas prendre les gens complètement à rebrousse-poil, de même que nous avons dit, Farid et moi, que le terme de “décroissance” était irrecevable en direction des pays du Sud, il faut faire très attention à ce que nous disons ici ; si nous voulons arriver à des progrès dans la prise de conscience, de conviction, de modification des comportements dans nos pays du Nord, il ne faut pas raconter n’importe quoi. Tous les experts de la communication vous le diront. On ne va pas demain matin, au moment où un gouvernement qu’on aime ou non parle de relancer la croissance, parce qu’on n’a pas d’autre idéologie que celle de dire que la lutte contre le chômage passe par ce qu’on appelle la croissance, prêcher la décroissance.
La sobriété comporte notamment des limitations, des restrictions, des réductions, des décroissances en termes de mobilité, de consommation, etc.”
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Il y a beaucoup à dire sur le terme de “croissance raisonnée”. Je regrette beaucoup que M. de Villepin – je réfléchis à faire un petit papier en ce sens - lorsqu’il relance la croissance, n’ait pas l’idée d’un volet qualitatif qui se rapproche du développement durable, lequel est passé par pertes et profits au cours des “cogitations nationales” de cet été, alors qu’il était plus ou moins à la mode voici quelque temps.
Il faut donc faire très attention à ce que nous disons si nous voulons faire avancer des comportements qui débouchent sur des modes de croissance tels que ceux sur lesquels nous sommes tous d’accord ici. Juste un mot sur un autre sujet. 1964… Moi qui suis parmi les doyens, sinon le doyen ici, je l’ai bien vécu. 1964, c’était le milieu des Trente Glorieuses. C’était une époque où, comme on l’a dit malheureusement, malencontreusement quelque temps plus
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tard, tous les clignotants étaient au vert ; chaque année, c’était un peu mieux que l’année précédente. Sur quels critères ? Non pas sur ceux qui nous concernent ici, mais sur ceux du logement, de l’équipement ménager et automobile, de la télévision. Il y avait de la consommation, il n’y avait pas de… On ne prononçait pas le mot “chômage”.
tard, tous les clignotants étaient au vert ; chaque année, c’était un peu mieux que l’année précédente. Sur quels critères ? Non pas sur ceux qui nous concernent ici, mais sur ceux du logement, de l’équipement ménager et automobile, de la télévision. Il y avait de la consommation, il n’y avait pas de… On ne prononçait pas le mot “chômage”.
Je me souviens du bouquin à la mode, dont le titre était “Le défi américain”, de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Nous avions notre modèle là-bas. Nous n’étions sur Terre que 3,5 milliards et les problèmes de ce qu’on appelait le tiers-monde ne nous encombraient pas. Des ouvriers portugais venaient aider à construire les maisons, comme des ouvriers polonais étaient venus dans les mines dans l’entre-deux-guerres. Il y avait un petit peu de rapatriés, quelques Algériens. Nos problèmes d’aujourd’hui n’existaient pas. Le monde ne nous prenait pas à la gorge. L’idée que des Chinois viennent mettre en péril l’industrie textile même à Troyes ou à Roubaix n’était pas à l’ordre du jour. 1964, c’est complètement idéal, parce que le monde autour de nous a changé !
Je me souviens du bouquin à la mode, dont le titre était “Le défi américain”, de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Nous avions notre modèle là-bas. Nous n’étions sur Terre que 3,5 milliards et les problèmes de ce qu’on appelait le tiers-monde ne nous encombraient pas. Des ouvriers portugais venaient aider à construire les maisons, comme des ouvriers polonais étaient venus dans les mines dans l’entre-deux-guerres. Il y avait un petit peu de rapatriés, quelques Algériens. Nos problèmes d’aujourd’hui n’existaient pas. Le monde ne nous prenait pas à la gorge. L’idée que des Chinois viennent mettre en péril l’industrie textile même à Troyes ou à Roubaix n’était pas à l’ordre du jour. 1964, c’est complètement idéal, parce que le monde autour de nous a changé !
B U C H M A N N
: Merci, Robert.
A N D R É E
: Je rapportais simplement ce qui avait été dit à l’époque. Je ne dis pas que c’était la solution.
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A N D R É E
B U C H M A N N
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: Nous avions compris. C’était bien de faire la référence, de pré-
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: Merci, Robert.
: Je rapportais simplement ce qui avait été dit à l’époque. Je ne dis pas que c’était la solution.
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ciser. F A B R I C E
B U C H M A N N
B U C H M A N N
: Nous avions compris. C’était bien de faire la référence, de pré-
ciser.
F L I P O
, Institut national des Télécommunications : Je ferai quelques remarques.
F A B R I C E
F L I P O
, Institut national des Télécommunications : Je ferai quelques remarques.
Tout d’abord, il n’y a peut-être pas besoin de poursuivre de faux débats. Personne ne parle de décroissance pour le Sud. C’est très souvent critiqué, mais la critique ne porte pas puisque personne ne défend cette idée. Ce n’est peut-être pas la peine de s’attarder sur ce point.
Tout d’abord, il n’y a peut-être pas besoin de poursuivre de faux débats. Personne ne parle de décroissance pour le Sud. C’est très souvent critiqué, mais la critique ne porte pas puisque personne ne défend cette idée. Ce n’est peut-être pas la peine de s’attarder sur ce point.
Deuxièmement, se pose le problème de se détacher de la pensée modèle. Mais si nous attendons d’avoir un modèle parfait avant d’agir, nous risquons d’attendre longtemps !
Deuxièmement, se pose le problème de se détacher de la pensée modèle. Mais si nous attendons d’avoir un modèle parfait avant d’agir, nous risquons d’attendre longtemps !
Commençons par agir ici, en France, c’est un peu cela le langage de la décroissance. L’idée n’est pas de se dire que “c’est bon, on a un mot d’ordre pour le monde entier”. Il n’y a pas de traduction de la décroissance ailleurs qu’en France. C’est intraduisible en anglais. Personne n’a trouvé de traduction. C’est quelque chose qui marche bien en France, qui résonne dans des oreilles de Français, mais pas dans celles d’autres pays ; même si certaines choses y ressemblent, elles ne portent pas le même nom.
Commençons par agir ici, en France, c’est un peu cela le langage de la décroissance. L’idée n’est pas de se dire que “c’est bon, on a un mot d’ordre pour le monde entier”. Il n’y a pas de traduction de la décroissance ailleurs qu’en France. C’est intraduisible en anglais. Personne n’a trouvé de traduction. C’est quelque chose qui marche bien en France, qui résonne dans des oreilles de Français, mais pas dans celles d’autres pays ; même si certaines choses y ressemblent, elles ne portent pas le même nom.
Comment faire pour sortir de la pensée modèle et faire des choses aujourd’hui qui ne semblent pas anecdotiques ? On peut toujours se dire : “Oui, mais si je fais quelque chose dans mon coin, ce sera anecdotique. Donc je ne fais rien.” À ce rythme-là, on ne risque pas d’avancer !
Comment faire pour sortir de la pensée modèle et faire des choses aujourd’hui qui ne semblent pas anecdotiques ? On peut toujours se dire : “Oui, mais si je fais quelque chose dans mon coin, ce sera anecdotique. Donc je ne fais rien.” À ce rythme-là, on ne risque pas d’avancer !
Je remarque que la décroissance est le seul discours qui soit un discours existentiel. Il sort les gens de la pensée unique qui leur répète : “Vous êtes heureux. Mais si, vous êtes heureux ! Consommez davantage. Mais si ! Vous êtes heureux !” Les gens rentrent chez eux et se demandent ensuite : “Comment se fait-il que je sois malheureux ? Ce n’est pas possible, je devrais être heureux. J’ai un PNB fabuleux, etc.” Pourtant, ils ne le sont pas. Même les riches. Or, de cela, on n’en discute pas.
Je remarque que la décroissance est le seul discours qui soit un discours existentiel. Il sort les gens de la pensée unique qui leur répète : “Vous êtes heureux. Mais si, vous êtes heureux ! Consommez davantage. Mais si ! Vous êtes heureux !” Les gens rentrent chez eux et se demandent ensuite : “Comment se fait-il que je sois malheureux ? Ce n’est pas possible, je devrais être heureux. J’ai un PNB fabuleux, etc.” Pourtant, ils ne le sont pas. Même les riches. Or, de cela, on n’en discute pas.
La décroissance est le seul “endroit” où l’on parle de choses existentielles. Or, partir des choses existentielles est à mon avis la seule façon de reconstruire quelque chose
La décroissance est le seul “endroit” où l’on parle de choses existentielles. Or, partir des choses existentielles est à mon avis la seule façon de reconstruire quelque chose
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de vraiment différent. Il ne s’agit pas de se serrer la ceinture, mais de vivre en harmonie avec ses voisins et avec la nature, ce qui est totalement différent. Nous ne pouvons pas consommer plus parce que consommer plus rend malheureux. Ce n’est pas se serrer la ceinture ! Je ne dis pas cela pour les pauvres en France. Évidemment, il leur faut un logement, etc. Mais il ne leur faut pas des points de PIB !
Il ne s’agit pas de se serrer la ceinture, mais de vivre en harmonie avec ses voisins et avec la nature”
Je réponds à l’objection de François Moisan qui est tout à fait bonne, mais néanmoins largement tronquée. (Rires.) Certes, la croissance permet de redistribuer sans toucher au patrimoine, mais ne sommes-nous pas déjà en train d’y toucher ? On touche à celui du tiers-monde, à celui des générations à venir. Là, c’est un patrimoine auquel on a le droit de toucher, mais on ne doit pas toucher à celui des gens aujourd’hui ! Eh bien si. Un jour, il faudra y toucher, de gré ou de force, parce que la croissance va s’arrêter de toute manière. Il est utopiste de continuer sur la croissance. F R A N Ç O I S
M O I S A N
posait problème. F A B R I C E
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: Je ne disais pas qu’il ne fallait pas y toucher. J’ai dit que cela
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F A B R I C E
: Ce n’est pas une utopie, c’est un désastre.
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: Je ne disais pas qu’il ne fallait pas y toucher. J’ai dit que cela
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F L I P O : Voilà, mais cela veut dire qu’on va rentrer dans les choses concrètes, dans les vraies alternatives.
I N T E R V E N A N T
A L A I N
: Ce n’est pas une utopie, c’est un désastre.
, Fondation du Devenir : J’aimerais relever quelques points. On parle de croissance et de décroissance. En France, il y a une réflexion qu’on ne mène pas ou qu’on mène indirectement. Les mots ont été dits, mais jamais véritablement prononcés.
C L E R C
Dans les pays anglo-saxons, on a beaucoup travaillé sur les nouveaux indicateurs de qualité de vie qui sont un élément extrêmement important. En France, on refuse d’entrer en matière sur cette question. Si on travaillait sur ces critères, sur ces indicateurs de qualité de vie, si on redonnait du Dans les pays anglo-saxons, on a sens à la vie, on aboutirait nécessairement à des politibeaucoup travaillé sur les nouveaux ques de décroissance et de indicateurs de qualité de vie” décroissance raisonnée.
Je viens de commencer le dernier livre de Patrick Viveret et j’ai vu qu’il abordait cette question. C’est la première fois que je le lisais sous la plume d’un auteur français.
Je viens de commencer le dernier livre de Patrick Viveret et j’ai vu qu’il abordait cette question. C’est la première fois que je le lisais sous la plume d’un auteur français.
Nous avons là un immense travail à faire et c’est le meilleur moyen d’aborder véritablement cet enjeu. Autrement, on pose le problème, on tourne autour, mais on n’arrive à aucun résultat. Je voulais le mentionner ici, car il me semble dommage de ne pas l’avoir mentionné. La qualité de vie est au centre des politiques de décroissance ou de croissance raisonnée.
Nous avons là un immense travail à faire et c’est le meilleur moyen d’aborder véritablement cet enjeu. Autrement, on pose le problème, on tourne autour, mais on n’arrive à aucun résultat. Je voulais le mentionner ici, car il me semble dommage de ne pas l’avoir mentionné. La qualité de vie est au centre des politiques de décroissance ou de croissance raisonnée.
W I N S T E L : Je suis directeur de BIOVIVA. Je suis d’accord avec ce que dit Fabrice. Je ne pense pas qu’il y ait une croissance ou une décroissance, mais surtout des croissances qui ne sont pas bonnes. Je parlerai d’utiles et de futiles. Il y a des métiers, des produits et il faut se poser la question de leur utilité.
W I N S T E L : Je suis directeur de BIOVIVA. Je suis d’accord avec ce que dit Fabrice. Je ne pense pas qu’il y ait une croissance ou une décroissance, mais surtout des croissances qui ne sont pas bonnes. Je parlerai d’utiles et de futiles. Il y a des métiers, des produits et il faut se poser la question de leur utilité.
J E A N - T H I E R R Y
Nous sommes envahis de produits et je me demande s’ils sont utiles d’une part, au respect de la vie dans son ensemble et, d’autre part, à l’épanouissement personnel. Sur certains points, je suis assez favorable à la décroissance. ©
M O I S A N
Dans les pays anglo-saxons, on a beaucoup travaillé sur les nouveaux indicateurs de qualité de vie qui sont un élément extrêmement important. En France, on refuse d’entrer en matière sur cette question. Si on travaillait sur ces critères, sur ces indicateurs de qualité de vie, si on redonnait du Dans les pays anglo-saxons, on a sens à la vie, on aboutirait nécessairement à des politibeaucoup travaillé sur les nouveaux ques de décroissance et de indicateurs de qualité de vie” décroissance raisonnée.
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Certes, la croissance permet de redistribuer sans toucher au patrimoine, mais ne sommes-nous pas déjà en train d’y toucher ? On touche à celui du tiers-monde, à celui des générations à venir. Là, c’est un patrimoine auquel on a le droit de toucher, mais on ne doit pas toucher à celui des gens aujourd’hui ! Eh bien si. Un jour, il faudra y toucher, de gré ou de force, parce que la croissance va s’arrêter de toute manière. Il est utopiste de continuer sur la croissance. posait problème.
, Fondation du Devenir : J’aimerais relever quelques points. On parle de croissance et de décroissance. En France, il y a une réflexion qu’on ne mène pas ou qu’on mène indirectement. Les mots ont été dits, mais jamais véritablement prononcés.
C L E R C
Je réponds à l’objection de François Moisan qui est tout à fait bonne, mais néanmoins largement tronquée. (Rires.)
F R A N Ç O I S
F L I P O : Voilà, mais cela veut dire qu’on va rentrer dans les choses concrètes, dans les vraies alternatives.
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de vraiment différent. Il ne s’agit pas de se serrer la ceinture, mais de vivre en harmonie avec ses voisins et avec la nature, ce qui est totalement différent. Nous ne pouvons pas consommer plus parce que consommer plus rend malheureux. Ce n’est pas se serrer la ceinture ! Je ne dis pas cela pour les pauvres en France. Évidemment, il leur faut un logement, etc. Mais il ne leur faut pas des points de PIB !
Il ne s’agit pas de se serrer la ceinture, mais de vivre en harmonie avec ses voisins et avec la nature”
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Nous sommes envahis de produits et je me demande s’ils sont utiles d’une part, au respect de la vie dans son ensemble et, d’autre part, à l’épanouissement personnel. Sur certains points, je suis assez favorable à la décroissance.
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Cela dit, j’essaye d’appliquer depuis dix ans le développement durable au sein de mon entreprise et je peux vous dire ce que cela signifie concrètement sur le terrain. Cela signifie que je limite mon chiffre d’affaires, que je prends des risques énormes par rapport à une concurrence qui peut venir et que, si un jour le chiffre d’affaires chute, les salaires baissent. Qu’est-ce que je dis dans ce cas aux salariés qui ont besoin d’un prêt pour acheter une voiture parce qu’ils habitent un peu loin ou un appartement parce qu’ils veulent devenir propriétaires ? Je leur dis que je baisse leurs salaires parce que nous partons tous dans une idéologie de décroissance ? Je peux vous le dire, pour une entreprise française qui essaye de travailler sur et pour le développement durable, la décroissance, ce n’est pas facile du tout, c’est même impossible.
Cela dit, j’essaye d’appliquer depuis dix ans le développement durable au sein de mon entreprise et je peux vous dire ce que cela signifie concrètement sur le terrain. Cela signifie que je limite mon chiffre d’affaires, que je prends des risques énormes par rapport à une concurrence qui peut venir et que, si un jour le chiffre d’affaires chute, les salaires baissent. Qu’est-ce que je dis dans ce cas aux salariés qui ont besoin d’un prêt pour acheter une voiture parce qu’ils habitent un peu loin ou un appartement parce qu’ils veulent devenir propriétaires ? Je leur dis que je baisse leurs salaires parce que nous partons tous dans une idéologie de décroissance ? Je peux vous le dire, pour une entreprise française qui essaye de travailler sur et pour le développement durable, la décroissance, ce n’est pas facile du tout, c’est même impossible.
Je poursuis. La décroissance est peut-être un objectif, mais à très long terme. Aujourd’hui, nous sommes coincés. Si nous voulons aller vers un objectif… La décroissance, c’est quoi ? On s’est tout simplement rendu compte aujourd’hui qu’on avait oublié d’intégrer l’écosystème Terre dans tous nos schémas de pensée collectifs.
Je poursuis. La décroissance est peut-être un objectif, mais à très long terme. Aujourd’hui, nous sommes coincés. Si nous voulons aller vers un objectif… La décroissance, c’est quoi ? On s’est tout simplement rendu compte aujourd’hui qu’on avait oublié d’intégrer l’écosystème Terre dans tous nos schémas de pensée collectifs.
Deuxièmement, si cet écosystème est unique et que nous avons besoin aujourd’hui de trois planètes pour vivre comme un Français, cela signifie que, tous les jours, nous avons fait des bêtises ! Depuis ce matin, tous ensemble, nous en avons fait. Et je ne cherche pas à faire culpabiliser, loin de là. C’est juste un état de fait.
Deuxièmement, si cet écosystème est unique et que nous avons besoin aujourd’hui de trois planètes pour vivre comme un Français, cela signifie que, tous les jours, nous avons fait des bêtises ! Depuis ce matin, tous ensemble, nous en avons fait. Et je ne cherche pas à faire culpabiliser, loin de là. C’est juste un état de fait.
Qu’est-ce que cela signifie? Nous vivons aujourd’hui sur une Terre qu’ont formalisée nos parents et nos grands-parents; nous ne pouvons rien y faire. Il faut prendre le virage, mais un virage “hyper” large avec un très grand angle, sinon il n’y a pas de bonheur.
Qu’est-ce que cela signifie? Nous vivons aujourd’hui sur une Terre qu’ont formalisée nos parents et nos grands-parents; nous ne pouvons rien y faire. Il faut prendre le virage, mais un virage “hyper” large avec un très grand angle, sinon il n’y a pas de bonheur.
Vous voulez faire de la décroissance, mais vous n’avez plus d’amis, plus de famille ; vous n’êtes plus rien ! C’est terminé. Je vous assure que, dans la réalité, en France aujourd’hui, la décroissance n’est pas soutenable.
Vous voulez faire de la décroissance, mais vous n’avez plus d’amis, plus de famille ; vous n’êtes plus rien ! C’est terminé. Je vous assure que, dans la réalité, en France aujourd’hui, la décroissance n’est pas soutenable.
I N T E R V E N A N T
: Il y a la macro et la micro-économie, l’économie large et une éco-
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nomie étroite.
“
W I N S T E L : Je veux dire par là qu’il y a la théorie et la pratique. Il est important de faire des théories, des discours, mais lorsque vous voulez l’appliquer au jour le jour, c’est une autre paire de manches !
J E A N - T H I E R R Y
A N D R É E
B U C H M A N N
: Je pense que nous parlons de deux choses différentes, mais c’est
bien aussi. M A R C
B R I E L L E S
: Je vais essayer de répondre à la question posée notamment par Géraldine.
Concernant la décroissance, vu de l’entreprise et notamment de la grande entreprise, ce sera très difficile à faire passer, compte tenu de la pression des investisseurs actionnaires qui veulent de la rentabilité sur leurs capitaux, ce qui va difficilement de pair avec la décroissance. En ce qui concerne les politiques, l’un des principaux problèmes est que le monde politique d’une manière générale – peut-être un peu moins à gauche ou chez les Verts - pense qu’il faut de la croissance pour l’emploi et pour les ressources budgétaires, que ce soit au niveau de l’État ou des collectivités locales. Cela oblige à repenser les modèles de développement. C’est la question notamment du partage du temps de travail, puisque, paradoxalement, en richesses produites, nous continuons à croître légèrement, mais il faut de moins en moins de gens pour cela puisque la productivité est croissante.
L’un des principaux problèmes est que le monde pense qu’il faut de la croissance pour l’emploi et pour les ressources budgétaires”
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: Il y a la macro et la micro-économie, l’économie large et une éco-
nomie étroite.
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W I N S T E L : Je veux dire par là qu’il y a la théorie et la pratique. Il est important de faire des théories, des discours, mais lorsque vous voulez l’appliquer au jour le jour, c’est une autre paire de manches !
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A N D R É E
B U C H M A N N
: Je pense que nous parlons de deux choses différentes, mais c’est
bien aussi. M A R C
B R I E L L E S
: Je vais essayer de répondre à la question posée notamment par Géraldine.
Concernant la décroissance, vu de l’entreprise et notamment de la grande entreprise, ce sera très difficile à faire passer, compte tenu de la pression des investisseurs actionnaires qui veulent de la rentabilité sur leurs capitaux, ce qui va difficilement de pair avec la décroissance. En ce qui concerne les politiques, l’un des principaux problèmes est que le monde politique d’une manière générale – peut-être un peu moins à gauche ou chez les Verts - pense qu’il faut de la croissance pour l’emploi et pour les ressources budgétaires, que ce soit au niveau de l’État ou des collectivités locales. Cela oblige à repenser les modèles de développement. C’est la question notamment du partage du temps de travail, puisque, paradoxalement, en richesses produites, nous continuons à croître légèrement, mais il faut de moins en moins de gens pour cela puisque la productivité est croissante.
L’un des principaux problèmes est que le monde pense qu’il faut de la croissance pour l’emploi et pour les ressources budgétaires”
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Cela pose la question du partage du temps de travail qui a été tenté, qui a d’ailleurs abouti à un résultat de 400 000 emplois créés, mais qui, aujourd’hui, a mauvaise presse, a été mal communiqué. Donc, ce n’est plus vraiment à l’ordre du jour. Pour le gouvernement actuel, c’est clair : même pour l’opposition, nous allons voir comment cela va évoluer… Il est vrai qu’en termes de communication, la question des 35 heures notamment est mal passée. À mon avis, il faudra y revenir (je pense notamment à la semaine de quatre jours) parce qu’il faudra partager le travail.
Cela pose la question du partage du temps de travail qui a été tenté, qui a d’ailleurs abouti à un résultat de 400 000 emplois créés, mais qui, aujourd’hui, a mauvaise presse, a été mal communiqué. Donc, ce n’est plus vraiment à l’ordre du jour. Pour le gouvernement actuel, c’est clair : même pour l’opposition, nous allons voir comment cela va évoluer… Il est vrai qu’en termes de communication, la question des 35 heures notamment est mal passée. À mon avis, il faudra y revenir (je pense notamment à la semaine de quatre jours) parce qu’il faudra partager le travail.
De la même façon, il faudra soit parler de décroissance, soit s’habituer à une croissance proche de zéro, aussi pour des questions démographiques. Nous sommes bientôt au sommet et les populations vont bientôt commencer à diminuer dans les pays développés. Donc, ne serait-ce que pour cette raison, il faudra s’habituer à une croissance zéro…
De la même façon, il faudra soit parler de décroissance, soit s’habituer à une croissance proche de zéro, aussi pour des questions démographiques. Nous sommes bientôt au sommet et les populations vont bientôt commencer à diminuer dans les pays développés. Donc, ne serait-ce que pour cette raison, il faudra s’habituer à une croissance zéro…
Cela pose également la question de l’évaluation, des indicateurs, du PIB. C’est notamment l’idée d’avoir des indicateurs de développement humain au côté du PIB : certains parlent du “BIB”, le bonheur individuel brut. C’est d’ailleurs assez frappant ; cette notion du bonheur est peut-être un peu superficielle, entre les pays en voie de développement et les pays développés, avec, d’un côté, la richesse et une certaine morosité et, de l’autre, apparemment en tout cas, plus de joie, mais également plus de pauvreté. Il serait intéressant d’étudier cela plus en détail, car il ne faut pas le traiter superficiellement et en avoir une image superficielle.
Cela pose également la question de l’évaluation, des indicateurs, du PIB. C’est notamment l’idée d’avoir des indicateurs de développement humain au côté du PIB : certains parlent du “BIB”, le bonheur individuel brut. C’est d’ailleurs assez frappant ; cette notion du bonheur est peut-être un peu superficielle, entre les pays en voie de développement et les pays développés, avec, d’un côté, la richesse et une certaine morosité et, de l’autre, apparemment en tout cas, plus de joie, mais également plus de pauvreté. Il serait intéressant d’étudier cela plus en détail, car il ne faut pas le traiter superficiellement et en avoir une image superficielle.
Il faudra s’habituer à une croissance proche de zéro. Cela signifie partager le travail, redistribuer les ressources budgétaires qui sont limitées. En plus, les besoins sociaux sont croissants. Cela oblige vraiment à redistribuer et à réaffecter les dépenses budgétaires des États et des collectivités.
Il faudra s’habituer à une croissance proche de zéro. Cela signifie partager le travail, redistribuer les ressources budgétaires qui sont limitées. En plus, les besoins sociaux sont croissants. Cela oblige vraiment à redistribuer et à réaffecter les dépenses budgétaires des États et des collectivités.
“
: Le sujet est passionnant, nous parlons de beaucoup de choses.
A N D R É E
B U C H M A N N
S E R G E
, les Amis du Vent : Le mot “décroissance” fait peur dans nos sociétés, alors que les dogmes du marché imposent le gaspillage dans nos pays riches. Je propose de remplacer “décroissance” par “stop au gaspillage”.
O R R U
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: Le sujet est passionnant, nous parlons de beaucoup de choses.
A N D R É E
B U C H M A N N
S E R G E
, les Amis du Vent : Le mot “décroissance” fait peur dans nos sociétés, alors que les dogmes du marché imposent le gaspillage dans nos pays riches. Je propose de remplacer “décroissance” par “stop au gaspillage”.
O R R U
Dans notre société Le développement durable, c’est, occidentale, le marché, en pour nous pays riches, imposer tout cas notre dogme “écol’arrêt du gaspillage non seulement nomie” impose sur la taxation du travail. La richesse des matières premières, mais d’un individu dans nos également de nos existences.” pays, c’est son travail. Notre épanouissement, c’est le travail. Ce qui fait vivre notre famille, c’est le travail. Ce qui donne la richesse dans notre pays, c’est notre travail. Et le travail est taxé, pas les capitaux. C’est surprenant, n’est-ce pas ?
Dans notre société Le développement durable, c’est, occidentale, le marché, en pour nous pays riches, imposer tout cas notre dogme “écol’arrêt du gaspillage non seulement nomie” impose sur la taxation du travail. La richesse des matières premières, mais d’un individu dans nos également de nos existences.” pays, c’est son travail. Notre épanouissement, c’est le travail. Ce qui fait vivre notre famille, c’est le travail. Ce qui donne la richesse dans notre pays, c’est notre travail. Et le travail est taxé, pas les capitaux. C’est surprenant, n’est-ce pas ?
C’est un dogme économique, un système face auquel on se sent extrêmement impuissant. Quand on commence à dire qu’il faut faire attention et penser à un autre système, on se fait taxer d’utopiste, de dangereux individu ; on se fait accuser de vouloir casser l’emploi : Comment ? La décroissance ? Ils veulent un retour à la marine à voile ? Utopistes ! Bons à rien ! Gauchistes ! Etc.
C’est un dogme économique, un système face auquel on se sent extrêmement impuissant. Quand on commence à dire qu’il faut faire attention et penser à un autre système, on se fait taxer d’utopiste, de dangereux individu ; on se fait accuser de vouloir casser l’emploi : Comment ? La décroissance ? Ils veulent un retour à la marine à voile ? Utopistes ! Bons à rien ! Gauchistes ! Etc.
Le développement durable, c’est, pour nous pays riches, imposer l’arrêt du gaspillage non seulement des matières premières, mais également de nos existences.
Le développement durable, c’est, pour nous pays riches, imposer l’arrêt du gaspillage non seulement des matières premières, mais également de nos existences.
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B U C H M A N N
: Merci d’avoir exposé les questions sous cet angle-là.
A N D R É E
: Je suis une des rares représentantes de grandes entreprises. Ce sujet m’interpelle évidemment beaucoup.
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: Merci d’avoir exposé les questions sous cet angle-là.
: Je suis une des rares représentantes de grandes entreprises. Ce sujet m’interpelle évidemment beaucoup.
B R E M O N D
Tout d’abord, ce mot de “décroissance” n’existe même pas ! En revanche, celui de “croissance” est sans doute l’un de ceux qu’on prononce le plus ; il est dans tous les objectifs, dans toutes les chartes.
Tout d’abord, ce mot de “décroissance” n’existe même pas ! En revanche, celui de “croissance” est sans doute l’un de ceux qu’on prononce le plus ; il est dans tous les objectifs, dans toutes les chartes.
Je suis venue ici justement pour voir ce que cela pouvait donner. Comme nous travaillons plutôt sur des scénarios – par exemple sur les nanotechnologies et ce que seront les technologies en 2012, je me demande quel serait celui d’un schéma de décroissance dans une grande entreprise. J’imagine le Président arrivant à son Conseil d’administration et disant : “Je vous propose un programme de décroissance.” (Rires.) Qu’est-ce que cela pourrait être ? C’est de la science-fiction.
Je suis venue ici justement pour voir ce que cela pouvait donner. Comme nous travaillons plutôt sur des scénarios – par exemple sur les nanotechnologies et ce que seront les technologies en 2012, je me demande quel serait celui d’un schéma de décroissance dans une grande entreprise. J’imagine le Président arrivant à son Conseil d’administration et disant : “Je vous propose un programme de décroissance.” (Rires.) Qu’est-ce que cela pourrait être ? C’est de la science-fiction.
Ce serait par exemple : “Au lieu de lancer un produit tous les ans, nous lancerons un produit nouveau tous les trois ans parce que, si nous inondions trop le marché, cela ferait trop de dégâts écologiques et sociaux. Et, si les consommateurs ne sont pas contents, nous leur expliquerons que c’est mieux pour eux et nous leur demanderons surtout qu’ils n’aillent pas acheter chez les concurrents !”
Ce serait par exemple : “Au lieu de lancer un produit tous les ans, nous lancerons un produit nouveau tous les trois ans parce que, si nous inondions trop le marché, cela ferait trop de dégâts écologiques et sociaux. Et, si les consommateurs ne sont pas contents, nous leur expliquerons que c’est mieux pour eux et nous leur demanderons surtout qu’ils n’aillent pas acheter chez les concurrents !”
Ensuite, il y a évidemment tous les syndicats. “Vous comprenez, nous ne sommes pas certains de pouvoir garder tout le personnel, parce que, pour sortir un produit tous les trois ans, avons-nous besoin d’autant de masse salariale et d’employés ?
Ensuite, il y a évidemment tous les syndicats. “Vous comprenez, nous ne sommes pas certains de pouvoir garder tout le personnel, parce que, pour sortir un produit tous les trois ans, avons-nous besoin d’autant de masse salariale et d’employés ?
Je pense également à toutes les conséquences sur la production. On imagine donc un scénario qui serait un cauchemar social, économique, etc. Nous sommes dans un système qui, de manière macroéconomique, est différent; à l’échelon d’une seule entreprise… C’est de la science-fiction par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui.
Je pense également à toutes les conséquences sur la production. On imagine donc un scénario qui serait un cauchemar social, économique, etc. Nous sommes dans un système qui, de manière macroéconomique, est différent; à l’échelon d’une seule entreprise… C’est de la science-fiction par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui.
Je ne sais pas s’il existe une voie qui, sans être celle de la décroissance, serait plutôt celle d’une croissance partagée et raisonnée. Certes, notre intérêt est de vendre plus, évidemment, y compris dans les pays développés, mais ce serait peut-être de partager… C’est là que les consommateurs peuvent jouer un rôle. Il y a certes ce que les entreprises proposent, donc l’offre, mais celle-ci correspond à un marché et à ce que les consommateurs sont prêts à acheter. Si certains produits étaient boycottés, ils seraient sans doute un peu moins produits. Je sais bien que c’est un cercle, la publicité encourage également…
Je ne sais pas s’il existe une voie qui, sans être celle de la décroissance, serait plutôt celle d’une croissance partagée et raisonnée. Certes, notre intérêt est de vendre plus, évidemment, y compris dans les pays développés, mais ce serait peut-être de partager… C’est là que les consommateurs peuvent jouer un rôle. Il y a certes ce que les entreprises proposent, donc l’offre, mais celle-ci correspond à un marché et à ce que les consommateurs sont prêts à acheter. Si certains produits étaient boycottés, ils seraient sans doute un peu moins produits. Je sais bien que c’est un cercle, la publicité encourage également…
Cela dit, pour une croissance partagée ou raisonnée, il faudrait voir également – c’est ce sur quoi nous travaillons - comment aller vers les marchés en voie de développement pour les aider à accéder à ces nouveaux services. On est plutôt dans cette perspective que dans celle consistant à dire : “On décroît en France et on fait en sorte que cela n’augmente pas ailleurs.”
Cela dit, pour une croissance partagée ou raisonnée, il faudrait voir également – c’est ce sur quoi nous travaillons - comment aller vers les marchés en voie de développement pour les aider à accéder à ces nouveaux services. On est plutôt dans cette perspective que dans celle consistant à dire : “On décroît en France et on fait en sorte que cela n’augmente pas ailleurs.”
: C’est bien d’entendre les grandes entreprises qui ont un discours totalement nouveau et que nous n’entendons jamais, consistant à dire : “Dans votre intérêt, il faut vendre plus.” C’est totalement nouveau dans le discours des entreprises !
I N T E R V E N A N T
U N
Ce n’est pas la décroissance, mais le mot “croissance” qui me fait peur. Je ne suis pas économiste, mais je lis, comme tout le monde, et je vois ce qui se passe sur cette planète. Je me dis que ce pourquoi nous sommes là est tout de même dû à la croissance.
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: C’est bien d’entendre les grandes entreprises qui ont un discours totalement nouveau et que nous n’entendons jamais, consistant à dire : “Dans votre intérêt, il faut vendre plus.” C’est totalement nouveau dans le discours des entreprises !
I N T E R V E N A N T
Ce n’est pas la décroissance, mais le mot “croissance” qui me fait peur. Je ne suis pas économiste, mais je lis, comme tout le monde, et je vois ce qui se passe sur cette planète. Je me dis que ce pourquoi nous sommes là est tout de même dû à la croissance.
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On dit que le mot “croissance” est le seul à avoir cours dans les entreprises. Je pense à des pays dont on cite la croissance fabuleuse et le PIB et dont le nombre de ceux qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté atteint un tiers de la population. C’est donc ce terme de “croissance” qui me fait peur. Or, il est lié à un système économique qui est arrivé en bout de course.
Je pense à des pays dont on cite la croissance fabuleuse et le PIB et dont le nombre de ceux qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté atteint un tiers de la population”
Je rejoins notamment Fabrice; si nous n’acceptons pas d’envisager… C’est quand même un système économique qui nous a menés à ce que nous vivons aujourd’hui. Il est donc totalement à revoir et à repenser, y compris au niveau des grandes entreprises.
Je me demande si nous ne risquons pas de continuer à dire : “Nous allons nous serrer un peu la ceinture, mettre un petit pansement de temps en temps et tant que cela tient, continuer…” J’invite à lire le livre de Patrick Viveret “Reconsidérer la richesse” ainsi que celui qui vient de sortir : “Pourquoi cela ne va pas plus mal ?” A N D R É E
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On dit que le mot “croissance” est le seul à avoir cours dans les entreprises. Je pense à des pays dont on cite la croissance fabuleuse et le PIB et dont le nombre de ceux qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté atteint un tiers de la population. C’est donc ce terme de “croissance” qui me fait peur. Or, il est lié à un système économique qui est arrivé en bout de course.
Je pense à des pays dont on cite la croissance fabuleuse et le PIB et dont le nombre de ceux qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté atteint un tiers de la population”
: Je voudrais donner la parole à deux personnes qui n’ont pas
Je me demande si nous ne risquons pas de continuer à dire : “Nous allons nous serrer un peu la ceinture, mettre un petit pansement de temps en temps et tant que cela tient, continuer…” J’invite à lire le livre de Patrick Viveret “Reconsidérer la richesse” ainsi que celui qui vient de sortir : “Pourquoi cela ne va pas plus mal ?” A N D R É E
encore parlé. Y A N N I C K
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B U C H M A N N
: Je voudrais donner la parole à deux personnes qui n’ont pas
encore parlé.
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J O U L I E : Pour communiquer, il vaut mieux parler de “croissance raisonnée”, et c’est cette recherche un peu consensuelle qui me gêne. Encore une fois, on va chercher un lissage, pour “faire propre”.
Y A N N I C K
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J O U L I E : Pour communiquer, il vaut mieux parler de “croissance raisonnée”, et c’est cette recherche un peu consensuelle qui me gêne. Encore une fois, on va chercher un lissage, pour “faire propre”.
J’aimerais faire un parallèle qui n’est sans doute pas bon, mais qui va aider à comprendre, avec ce qui se passe dans le monde agricole. Des agriculteurs ont utilisé à tour de bras les pesticides, etc. Cela a suscité des tollés de la part de diverses associations, dont nous faisons sans doute partie. Il a donc été décidé de faire de l’agriculture raisonnée. La terminologie était plus jolie, plus correcte. Il n’empêche que le poison est toujours là. Ces gens continuent à utiliser les pesticides. Cela ne fait pas du tout avancer les choses. J’ai été agriculteur. S’il y a tolérance, souvent, on continue quand même. Certes, le poison a diminué, mais il est toujours présent.
J’aimerais faire un parallèle qui n’est sans doute pas bon, mais qui va aider à comprendre, avec ce qui se passe dans le monde agricole. Des agriculteurs ont utilisé à tour de bras les pesticides, etc. Cela a suscité des tollés de la part de diverses associations, dont nous faisons sans doute partie. Il a donc été décidé de faire de l’agriculture raisonnée. La terminologie était plus jolie, plus correcte. Il n’empêche que le poison est toujours là. Ces gens continuent à utiliser les pesticides. Cela ne fait pas du tout avancer les choses. J’ai été agriculteur. S’il y a tolérance, souvent, on continue quand même. Certes, le poison a diminué, mais il est toujours présent.
La croissance raisonnée va induire la diminution de certains critères, mais ne va-t-on pas quelque part rester dans ce contexte de toujours rechercher plus pour chercher plus ? C’est une réflexion.
La croissance raisonnée va induire la diminution de certains critères, mais ne va-t-on pas quelque part rester dans ce contexte de toujours rechercher plus pour chercher plus ? C’est une réflexion.
Il a donc été décidé de faire de l’agriculture raisonnée. Il n’empêche que le poison est toujours là”
Il a donc été décidé de faire de l’agriculture raisonnée. Il n’empêche que le poison est toujours là”
A N D R É E
B U C H M A N N : J’ai réagi comme toi au titre “raisonnée”, cela m’a fait immédiatement penser à l’agriculture.
A N D R É E
B U C H M A N N : J’ai réagi comme toi au titre “raisonnée”, cela m’a fait immédiatement penser à l’agriculture.
T H I E R R Y
S I N : Je suis consultant, formateur : Je crois que l’atelier était positionné comme une riposte vis-à-vis du développement durable. Que la décroissance ne concerne pas le Sud, je comprends. Qu’elle ne concerne pas l’entreprise, je comprends très bien. En revanche, ramenée au niveau de l’individu… Au fond, quand on parle de développement durable, il faut mobiliser, sensibiliser, mais à quoi ?
T H I E R R Y
S I N : Je suis consultant, formateur : Je crois que l’atelier était positionné comme une riposte vis-à-vis du développement durable. Que la décroissance ne concerne pas le Sud, je comprends. Qu’elle ne concerne pas l’entreprise, je comprends très bien. En revanche, ramenée au niveau de l’individu… Au fond, quand on parle de développement durable, il faut mobiliser, sensibiliser, mais à quoi ?
Quand j’entends parler de gestes éco-citoyens, il me semble que ce n’est pas si éloigné de choses proposées par le mouvement de décroissance.
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Je rejoins notamment Fabrice; si nous n’acceptons pas d’envisager… C’est quand même un système économique qui nous a menés à ce que nous vivons aujourd’hui. Il est donc totalement à revoir et à repenser, y compris au niveau des grandes entreprises.
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Quand j’entends parler de gestes éco-citoyens, il me semble que ce n’est pas si éloigné de choses proposées par le mouvement de décroissance.
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Il existe tout de même des critiques très virulentes du concept de développement durable. Je pensais que nous allions nous interroger sur ce point. J’aimerais bien comprendre d’où cela vient. Les constats sont les mêmes. Nous pouvons lire la littérature des croissances, les constats ne sont pas vraiment éloignés de ceux qui sont faits pour parler de développement durable. Pourtant, cette attaque très forte dirigée vers le développement durable existe.
Il existe tout de même des critiques très virulentes du concept de développement durable. Je pensais que nous allions nous interroger sur ce point. J’aimerais bien comprendre d’où cela vient. Les constats sont les mêmes. Nous pouvons lire la littérature des croissances, les constats ne sont pas vraiment éloignés de ceux qui sont faits pour parler de développement durable. Pourtant, cette attaque très forte dirigée vers le développement durable existe.
Si quelqu’un a des éclairages ou des informations, cela m’intéresse. A N D R É E
B U C H M A N N
C H R I S T O P H E
Si quelqu’un a des éclairages ou des informations, cela m’intéresse.
: Merci beaucoup.
K O N I N C K X
A N D R É E
: Je voudrais partager avec vous un point de vue venu de
Belgique, là-haut… U N
I N T E R V E N A N T
: Royaume durable ! (Rires.)
U N
K O N I N C K X : Je trouve très intéressantes les réflexions croisées autour de cette table sur la croissance, la décroissance, raisonnée, pas raisonnée, mais avant de se mettre d’accord sur la direction à prendre et avant que cela bouge, cela peut tourner très longtemps.
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: Royaume durable ! (Rires.)
K O N I N C K X : Je trouve très intéressantes les réflexions croisées autour de cette table sur la croissance, la décroissance, raisonnée, pas raisonnée, mais avant de se mettre d’accord sur la direction à prendre et avant que cela bouge, cela peut tourner très longtemps.
Je voulais citer la prise d’action d’un de nos clients. Nous sommes une agence de communication responsable, établie à Bruxelles, et nous avons comme client OXFAM Magasins du monde. C’est une des plus grosses ONG sur la scène internationale. En Belgique, ils mènent une action très concrète de terrain. Leur ligne directrice est de promouvoir la consommation critique et responsable. C’est une porte d’entrée toute simple. Je rejoins un peu en cela les réflexions de Fabrice. Soit, on peut réfléchir au concept, mais avec quoi agit-on dans le concret ? Ce sont des questions que tout un chacun se pose, surtout les jeunes : que pouvons-nous poser comme gestes ?
OXFAM répond à cela que chaque individu, chaque citoyen a la possibilité, à son propre niveau, de poser un geste différemment et de ne pas s’inscrire bêtement dans notre société de surconsommation. Il s’agit donc simplement d’avoir la conscience de l’acte qu’il pose en tant que consommateur, d’être critique et de prendre ses responsabilités par rapport à ce que cela implique.
OXFAM répond à cela que chaque individu, chaque citoyen a la possibilité, à son propre niveau, de poser un geste différemment et de ne pas s’inscrire bêtement dans notre société de surconsommation. Il s’agit donc simplement d’avoir la conscience de l’acte qu’il pose en tant que consommateur, d’être critique et de prendre ses responsabilités par rapport à ce que cela implique.
C’est une réflexion que je voulais partager et qui nous semble intéressante en Belgique. Elle est mobilisatrice, c’est vraiment du concret. Elle s’inscrit dans l’acte du consommateur que nous sommes tous quelque part.
C’est une réflexion que je voulais partager et qui nous semble intéressante en Belgique. Elle est mobilisatrice, c’est vraiment du concret. Elle s’inscrit dans l’acte du consommateur que nous sommes tous quelque part.
I N T E R V E N A N T
: Que signifie “consommation critique” ?
U N
B U C H M A N N
C H R I S T O P H E
: Merci, Christophe. Farid, tu voulais intervenir.
A N D R É E
: Nous pourrions peut-être profiter que le débat a avancé pour faire une synthèse entre Nord et Sud. Il existe un lien entre Nord et Sud. Nous avons beaucoup parlé des problématiques du Sud, mais c’est à mon avis lié également au terme de la décroissance.
I N T E R V E N A N T
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I N T E R V E N A N T
: Que signifie “consommation critique” ?
: Leur critique s’exprime, en premier, vis-à-vis des multinationales qui ont une vision assez prédatrice et qui n’intègrent certainement pas les notions du développement durable. Mais cela rejoint avant tout le pouvoir de chacun en tant que consommateur de ne pas s’inscrire dans des besoins qui n’en sont pas.
K O N I N C K X
U N
Le problème des indices du développement a notamment été cité, c’est-à-dire le fait de postuler qu’il existe une identité entre le PIB et le bien-être dans nos sociétés au Nord,
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C H R I S T O P H E
: Leur critique s’exprime, en premier, vis-à-vis des multinationales qui ont une vision assez prédatrice et qui n’intègrent certainement pas les notions du développement durable. Mais cela rejoint avant tout le pouvoir de chacun en tant que consommateur de ne pas s’inscrire dans des besoins qui n’en sont pas.
U N
: Je voudrais partager avec vous un point de vue venu de
Je voulais citer la prise d’action d’un de nos clients. Nous sommes une agence de communication responsable, établie à Bruxelles, et nous avons comme client OXFAM Magasins du monde. C’est une des plus grosses ONG sur la scène internationale. En Belgique, ils mènent une action très concrète de terrain. Leur ligne directrice est de promouvoir la consommation critique et responsable. C’est une porte d’entrée toute simple. Je rejoins un peu en cela les réflexions de Fabrice. Soit, on peut réfléchir au concept, mais avec quoi agit-on dans le concret ? Ce sont des questions que tout un chacun se pose, surtout les jeunes : que pouvons-nous poser comme gestes ?
C H R I S T O P H E
A N D R É E
: Merci beaucoup.
K O N I N C K X
Belgique, là-haut…
C H R I S T O P H E
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B U C H M A N N
C H R I S T O P H E
K O N I N C K X
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: Merci, Christophe. Farid, tu voulais intervenir.
: Nous pourrions peut-être profiter que le débat a avancé pour faire une synthèse entre Nord et Sud. Il existe un lien entre Nord et Sud. Nous avons beaucoup parlé des problématiques du Sud, mais c’est à mon avis lié également au terme de la décroissance.
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Le problème des indices du développement a notamment été cité, c’est-à-dire le fait de postuler qu’il existe une identité entre le PIB et le bien-être dans nos sociétés au Nord,
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ce qui est loin d’être le cas. Il faut donc rapidement arriver à mettre en place des indices et à faire en sorte que ceux-ci soient pris au sérieux. On a parlé notamment de l’indice de bien-être, du BIB. Tout cela traduit le fait que nous vivons dans une société dans laquelle la consommation et le bien-être matériel augmentent, mais dans laquelle, parallèlement, la consommation d’anxiolytiques est la plus forte en Europe! Comme le disait Victor-Hugo, on sent bien la présence de ce mal-être, de ce stress chez les gens. Nous vivons dans une société plus riche, mais dans laquelle les gens sont plus malheureux. Quand le bonheur lié à la consommation s’arrête-til? Quand a-t-il chuté? Nous en parlions hier avec Fabrice. Cet indice du bien-être a augmenté jusqu’en 1970, au moment des Trente Glorieuses (nous avions du logement, du bien-être ménager); ensuite, c’est la chute. Il y a peut-être une cause à rechercher.
Nous vivons dans une société dans laquelle la consommation et le bien-être matériel augmentent, mais dans laquelle, parallèlement, la consommation d’anxiolytiques est la plus forte en Europe !”
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Au Sud, on voit des personnes plus pauvres, mais mieux dans leur peau, plus joyeuses. Je fais des sondages. Prenons l’exemple des voitures qui circulent : les gens discutent davantage, ils rient, ils sont plus nombreux dans les véhicules, etc. Bref, il y a davantage de convivialité. Cela devrait nous interpeller.
“
ce qui est loin d’être le cas. Il faut donc rapidement arriver à mettre en place des indices et à faire en sorte que ceux-ci soient pris au sérieux. On a parlé notamment de l’indice de bien-être, du BIB. Tout cela traduit le fait que nous vivons dans une société dans laquelle la consommation et le bien-être matériel augmentent, mais dans laquelle, parallèlement, la consommation d’anxiolytiques est la plus forte en Europe! Comme le disait Victor-Hugo, on sent bien la présence de ce mal-être, de ce stress chez les gens. Nous vivons dans une société plus riche, mais dans laquelle les gens sont plus malheureux. Quand le bonheur lié à la consommation s’arrête-til? Quand a-t-il chuté? Nous en parlions hier avec Fabrice. Cet indice du bien-être a augmenté jusqu’en 1970, au moment des Trente Glorieuses (nous avions du logement, du bien-être ménager); ensuite, c’est la chute. Il y a peut-être une cause à rechercher.
Nous vivons dans une société dans laquelle la consommation et le bien-être matériel augmentent, mais dans laquelle, parallèlement, la consommation d’anxiolytiques est la plus forte en Europe !”
Au Sud, on voit des personnes plus pauvres, mais mieux dans leur peau, plus joyeuses. Je fais des sondages. Prenons l’exemple des voitures qui circulent : les gens discutent davantage, ils rient, ils sont plus nombreux dans les véhicules, etc. Bref, il y a davantage de convivialité. Cela devrait nous interpeller.
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N’existe-t-il pas un seuil jusqu’auquel nous avons besoin d’une certaine croissance et d’un bien-être matériel pour apporter un bien-être humain et au delà duquel cela commencerait à devenir futile et à tomber dans une matérialité qui n’est pas nécessaire pour apporter du bien-être ?
N’existe-t-il pas un seuil jusqu’auquel nous avons besoin d’une certaine croissance et d’un bien-être matériel pour apporter un bien-être humain et au delà duquel cela commencerait à devenir futile et à tomber dans une matérialité qui n’est pas nécessaire pour apporter du bien-être ?
Je pense aux emballages. A-t-on besoin de tels emballages pour vendre tel ou tel produit ? C’est incroyable, ce devrait être réprimé.
Je pense aux emballages. A-t-on besoin de tels emballages pour vendre tel ou tel produit ? C’est incroyable, ce devrait être réprimé.
Pour revenir à la question posée par Alain sur l’internalisation des coûts écologiques, c’est un débat à côté duquel nous sommes passés. Nous n’avançons pas sur cette question.
Pour revenir à la question posée par Alain sur l’internalisation des coûts écologiques, c’est un débat à côté duquel nous sommes passés. Nous n’avançons pas sur cette question.
Si les coûts écologiques étaient internalisés, notamment les transports longue distance, nous verrions beaucoup moins de produits à très faibles coûts arriver ici, avec un impact qui n’est pas pris en compte sur les émissions de gaz à effet de serre.
Si les coûts écologiques étaient internalisés, notamment les transports longue distance, nous verrions beaucoup moins de produits à très faibles coûts arriver ici, avec un impact qui n’est pas pris en compte sur les émissions de gaz à effet de serre.
Faisons en sorte que cette réglementation évolue et que les comportements prédateurs diminuent”
Faisons en sorte que cette réglementation évolue et que les comportements prédateurs diminuent”
Hier, nous avons parlé du jean à 1 ou 2 euros. Cela n’aurait pas été possible si le coût du transport avait été pris en compte. Essayons de faire en sorte que cette question de l’internalisation soit prise au sérieux. Je n’ai pas l’impression que nous avancions beaucoup, j’aimerais bien que Robert intervienne à ce sujet.
Hier, nous avons parlé du jean à 1 ou 2 euros. Cela n’aurait pas été possible si le coût du transport avait été pris en compte. Essayons de faire en sorte que cette question de l’internalisation soit prise au sérieux. Je n’ai pas l’impression que nous avancions beaucoup, j’aimerais bien que Robert intervienne à ce sujet.
Il y a par ailleurs le signal des prix qui modifie le comportement des consommateurs. Intervient la question également de la réglementation. Les entreprises ont raison, elles ne peuvent pas agir seules, parce qu’elles sont en concurrence tant au niveau national qu’international. La seule chose qu’elles sont tenues de respecter, qui peut être une contrainte qui s’applique à tous, c’est la loi, la réglementation. Faisons en sorte que cette réglementation évolue et que les comportements prédateurs diminuent, ce à travers des politiques fiscales et l’internationalisation des coûts écologiques.
Il y a par ailleurs le signal des prix qui modifie le comportement des consommateurs. Intervient la question également de la réglementation. Les entreprises ont raison, elles ne peuvent pas agir seules, parce qu’elles sont en concurrence tant au niveau national qu’international. La seule chose qu’elles sont tenues de respecter, qui peut être une contrainte qui s’applique à tous, c’est la loi, la réglementation. Faisons en sorte que cette réglementation évolue et que les comportements prédateurs diminuent, ce à travers des politiques fiscales et l’internationalisation des coûts écologiques.
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M O I S A N : Je suis tout à fait d’accord avec ce que vient de dire Farid. Il faut internaliser les externalités. Mais j’ai quand même un problème. On a dit cela, mais on a dit également qu’il ne fallait pas de gaspillage – nous sommes tous d’accord et qu’il fallait interdire certaines choses. Cela me pose un problème : Pratiquement, comment fait-on ? Qui décide ?
M O I S A N : Je suis tout à fait d’accord avec ce que vient de dire Farid. Il faut internaliser les externalités. Mais j’ai quand même un problème. On a dit cela, mais on a dit également qu’il ne fallait pas de gaspillage – nous sommes tous d’accord et qu’il fallait interdire certaines choses. Cela me pose un problème : Pratiquement, comment fait-on ? Qui décide ?
F R A N Ç O I S
U N
F R A N Ç O I S
Vous avez parlé de choses futiles. Je suis d’accord. J’ai moi-même été étonné de voir que, dans des pays du Sud, notamment en Afrique du Sud, les téléphones portables étaient devenus un besoin dans les populations alors que, dix ans plus tôt, elles auraient dit que c’était totalement futile et qu’elles n’en avaient pas besoin.
Vous avez parlé de choses futiles. Je suis d’accord. J’ai moi-même été étonné de voir que, dans des pays du Sud, notamment en Afrique du Sud, les téléphones portables étaient devenus un besoin dans les populations alors que, dix ans plus tôt, elles auraient dit que c’était totalement futile et qu’elles n’en avaient pas besoin.
Sylvie Brémond a dit : “Nous n’allons pas limiter le nombre de produits que nous fabriquons”. Non, mais prenons l’exemple de Straford par exemple qui fait des sièges de bureau éco-conçus. Finalement, ils font moins de sièges de bureau parce qu’ils vendent du service derrière. Cela dit, ils font toujours du business. Ils transforment leur activité en services.
Sylvie Brémond a dit : “Nous n’allons pas limiter le nombre de produits que nous fabriquons”. Non, mais prenons l’exemple de Straford par exemple qui fait des sièges de bureau éco-conçus. Finalement, ils font moins de sièges de bureau parce qu’ils vendent du service derrière. Cela dit, ils font toujours du business. Ils transforment leur activité en services.
Mon problème est le suivant : quel mode de régulation ? Je ne suis pas sûr, en ce qui concerne les transports, que l’internalisation des externalités, telles que nous sommes capables de les mesurer actuellement, soit susceptible de faire basculer les choses.
Mon problème est le suivant : quel mode de régulation ? Je ne suis pas sûr, en ce qui concerne les transports, que l’internalisation des externalités, telles que nous sommes capables de les mesurer actuellement, soit susceptible de faire basculer les choses.
Certes, si on renchérit, cela va réduire un peu. Regardons par exemple les externalités effet de serre, etc. En 2050, les modèles économiques nous disent… Nous n’allons pas donner les chiffres ; en tout cas, ce n’est pas susceptible d’infléchir les tendances. D’où le problème pour mettre en œuvre ces externalités.
Certes, si on renchérit, cela va réduire un peu. Regardons par exemple les externalités effet de serre, etc. En 2050, les modèles économiques nous disent… Nous n’allons pas donner les chiffres ; en tout cas, ce n’est pas susceptible d’infléchir les tendances. D’où le problème pour mettre en œuvre ces externalités.
I N T E R V E N A N T
: Cela peut donner des ressources pour investir dans la recherche…
U N
M O I S A N : Certes. Se pose le problème ensuite du niveau des interdictions. Ce n’est pas évident.
F R A N Ç O I S
: Tout à l’heure, je suis intervenu un peu tôt et il est intéressant de voir comment les choses se sont développées.
U N
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: Cela peut donner des ressources pour investir dans la recherche…
M O I S A N : Certes. Se pose le problème ensuite du niveau des interdictions. Ce n’est pas évident.
F R A N Ç O I S
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I N T E R V E N A N T
: Tout à l’heure, je suis intervenu un peu tôt et il est intéressant de voir comment les choses se sont développées.
I N T E R V E N A N T
En premier lieu, il est important de dire que ce sujet-là est extrêmement ambitieux. Il est très ambitieux de vouloir le traiter dans un atelier, sans que nous puissions au départ le structurer davantage, en partant bien entendu de phénomènes géopolitiques, géoéconomiques, puis de l’examiner par grands sujets en partant sur l’idée de repenser probablement une doctrine de la “grande économie”…
En premier lieu, il est important de dire que ce sujet-là est extrêmement ambitieux. Il est très ambitieux de vouloir le traiter dans un atelier, sans que nous puissions au départ le structurer davantage, en partant bien entendu de phénomènes géopolitiques, géoéconomiques, puis de l’examiner par grands sujets en partant sur l’idée de repenser probablement une doctrine de la “grande économie”…
Si j’élargis les prises en compte économiques, si je sors du contexte, que je trouve étroit aujourd’hui, ce qu’on appelle d’ailleurs désormais “l’économie étroite” et que je lui attribue une série de données, j’entre alors dans une prise en compte macroéconomique beaucoup plus substantielle que celle que nous abordons là. C’est un sujet très complexe.
Si j’élargis les prises en compte économiques, si je sors du contexte, que je trouve étroit aujourd’hui, ce qu’on appelle d’ailleurs désormais “l’économie étroite” et que je lui attribue une série de données, j’entre alors dans une prise en compte macroéconomique beaucoup plus substantielle que celle que nous abordons là. C’est un sujet très complexe.
Deuxième phénomène, si j’entre ensuite dans la microéconomie, je vais retrouver des oppositions comme celles qui ont été exprimées par Jean-Thierry Winstel et par vous, lorsque vous dites que vous ne pouvez pas considérer une autre notion de croissance que celle que vous venez d’exprimer. Mais en même temps, il est bien clair qu’elle s’oppose à des réalités beaucoup plus générales et génériques en macroéconomie, justement sur les notions de croissance ou de décroissance.
Deuxième phénomène, si j’entre ensuite dans la microéconomie, je vais retrouver des oppositions comme celles qui ont été exprimées par Jean-Thierry Winstel et par vous, lorsque vous dites que vous ne pouvez pas considérer une autre notion de croissance que celle que vous venez d’exprimer. Mais en même temps, il est bien clair qu’elle s’oppose à des réalités beaucoup plus générales et génériques en macroéconomie, justement sur les notions de croissance ou de décroissance.
Les termes de “croissance” ou “décroissance” ne me plaisent absolument pas. Je suis en effet persuadé que ce sont en fait des affaires de rééquilibrage – nous sommes tous en train de le dire, peu importe les mots - et de péréquation à trouver entre le Nord et le
Les termes de “croissance” ou “décroissance” ne me plaisent absolument pas. Je suis en effet persuadé que ce sont en fait des affaires de rééquilibrage – nous sommes tous en train de le dire, peu importe les mots - et de péréquation à trouver entre le Nord et le
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Sud, l’Est ou l’Ouest, peu importe. De toutes les façons, il faudra bien qu’on se saisisse, avec une espèce de communauté de vue, c’est pourquoi je parlais de doctrine qui soit quelque part doctrinaire. Je suis désolé, aujourd’hui dans l’économie il existe des règles et il faut que des règles soient réinstallées, repensées, recomposées pour distribuer une information claire et cohérente qui soit disponible et exploitable par tous.
On ne peut pas aujourd’hui discuter de cette décroissance ou de cette croissance sans entrer d’abord dans cette re-pensée-là et dans une distribution de doctrine qui soit clairement établie par tous).
On ne peut pas aujourd’hui discuter de cette décroissance ou de cette croissance sans entrer d’abord dans cette re-pensée-là et dans une distribution de doctrine qui soit clairement établie par tous).
Tout à l’heure, nous parlions de l’Afrique par exemple ou du Brésil. Je pense au Brésil en particulier. La demande qui s’exprime de la part du Nord est considérable et personne ne la contrôle. Pourquoi ? Prenons l’exemple du bois. Pourquoi arrêterait-on l’exploitation forestière outrancière au Brésil si, d’un côté, on laisse aller la demande, sachant qu’en plus, d’un autre côté, les gens ont envie d’atteindre le même niveau de vie que les gens du Nord ? Donc, nous n’en sortirons pas. Il faut reconsidérer tout cela et c’est très complexe. D’où la notion de supranationalité. D’où l’idée que l’OMC doit intégrer d’autres règles que celles qu’elle a pour le moment. Et nous arrivons devant des équations quasi impossibles, avec des freins comme ceux par exemple d’un M. Bush ou d’une administration qui refuse cela parce qu’elle veut conserver à tout prix une hégémonie, même au delà du pétrole.
Tout à l’heure, nous parlions de l’Afrique par exemple ou du Brésil. Je pense au Brésil en particulier. La demande qui s’exprime de la part du Nord est considérable et personne ne la contrôle. Pourquoi ? Prenons l’exemple du bois. Pourquoi arrêterait-on l’exploitation forestière outrancière au Brésil si, d’un côté, on laisse aller la demande, sachant qu’en plus, d’un autre côté, les gens ont envie d’atteindre le même niveau de vie que les gens du Nord ? Donc, nous n’en sortirons pas. Il faut reconsidérer tout cela et c’est très complexe. D’où la notion de supranationalité. D’où l’idée que l’OMC doit intégrer d’autres règles que celles qu’elle a pour le moment. Et nous arrivons devant des équations quasi impossibles, avec des freins comme ceux par exemple d’un M. Bush ou d’une administration qui refuse cela parce qu’elle veut conserver à tout prix une hégémonie, même au delà du pétrole.
Il s’agit d’un phénomène extrêmement complexe. Il mériterait vraiment que nous nous y arrêtions plus longuement et que nous essayions d’avancer vers des solutions qui peuvent être portées et surtout hiérarchisées.
A N D R É E U N
Sud, l’Est ou l’Ouest, peu importe. De toutes les façons, il faudra bien qu’on se saisisse, avec une espèce de communauté de vue, c’est pourquoi je parlais de doctrine qui soit quelque part doctrinaire. Je suis désolé, aujourd’hui dans l’économie il existe des règles et il faut que des règles soient réinstallées, repensées, recomposées pour distribuer une information claire et cohérente qui soit disponible et exploitable par tous.
B U C H M A N N
: Denis ?
283
©
: Des phénomènes “macro”, d’accord. Je prends le terme de “décroissance raisonnée” – pour moi, le terme exact est “soutenable” comme quelque chose de très sérieux. Il me semble qu’on mélange un peu les choses, croissance, décroissance… C’est un phénomène que certains semblent découvrir aujourd’hui, mais il s’agit d’un phénomène anglo-saxon, qui existe depuis quelques années. Il a ses journaux, ses sites. […]
Un mot n’a pas été prononcé ici. C’est un terme fort et qui va à l’opposé de la croissance, à savoir celui d’“autarcie”. Aujourd’hui, nous sommes devant un phénomène que je considère comme millénariste et qui se développe. Il n’a rien à voir avec l’économie; soyons clairs. Les gens qui sont pour la décroissance soutenable ont pratiquement très peu d’éléments et de réflexions économiques. C’est un problème philosophique qui nous est posé et qui sera posé à toute une série de gens, comme nous qui nous posons celui d’un développement durable consistant en fait, pour résumer, à chercher le point d’équilibre entre économie et environnement. Ces gens ne sont pas dans cette logique. Ils considèrent qu’il y a le “bon sauvage” qui, lui, a toujours raison, qu’il est possible de développer une économie autarcique, que la mobilité est à prohiber, etc. Je suis désolé, mais c’est cela. C’est un mouvement et non pas une idée sur la croissance ou la décroissance. Non, non; nous sommes en face d’un phénomène politique, philosophique important et beaucoup plus important.
ACIDD et Comité 21
“
A N D R É E
I N T E R V E N A N T
« Autarcie » nous sommes devant un phénomène que je considère comme millénariste et qui se développe”
Il s’agit d’un phénomène extrêmement complexe. Il mériterait vraiment que nous nous y arrêtions plus longuement et que nous essayions d’avancer vers des solutions qui peuvent être portées et surtout hiérarchisées.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
U N
B U C H M A N N
: Denis ?
: Des phénomènes “macro”, d’accord. Je prends le terme de “décroissance raisonnée” – pour moi, le terme exact est “soutenable” comme quelque chose de très sérieux.
I N T E R V E N A N T
Il me semble qu’on mélange un peu les choses, croissance, décroissance… C’est un phénomène que certains semblent découvrir aujourd’hui, mais il s’agit d’un phénomène anglo-saxon, qui existe depuis quelques années. Il a ses journaux, ses sites.
« Autarcie » nous sommes devant un phénomène que je considère comme millénariste et qui se développe”
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[…]
Un mot n’a pas été prononcé ici. C’est un terme fort et qui va à l’opposé de la croissance, à savoir celui d’“autarcie”. Aujourd’hui, nous sommes devant un phénomène que je considère comme millénariste et qui se développe. Il n’a rien à voir avec l’économie; soyons clairs. Les gens qui sont pour la décroissance soutenable ont pratiquement très peu d’éléments et de réflexions économiques. C’est un problème philosophique qui nous est posé et qui sera posé à toute une série de gens, comme nous qui nous posons celui d’un développement durable consistant en fait, pour résumer, à chercher le point d’équilibre entre économie et environnement. Ces gens ne sont pas dans cette logique. Ils considèrent qu’il y a le “bon sauvage” qui, lui, a toujours raison, qu’il est possible de développer une économie autarcique, que la mobilité est à prohiber, etc. Je suis désolé, mais c’est cela. C’est un mouvement et non pas une idée sur la croissance ou la décroissance. Non, non; nous sommes en face d’un phénomène politique, philosophique important et beaucoup plus important.
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U N
ATELIER 3.3
[…]
[…]
En plus, c’est dans le Nord qu’il se développe.
En plus, c’est dans le Nord qu’il se développe.
Quand je parle de “bon sauvage”, cela signifie qu’ils essayent de trouver des exemples au Sud en disant: “Il ne faut pas les enquiquiner, ils vivent très bien en autarcie. C’est parfait. Nous-mêmes, nous devrions rester entre nous et pas nous développer à 200kilomètres à la ronde.” et avec des visions tout à fait fragmentées, simplistes de l’économie.
Quand je parle de “bon sauvage”, cela signifie qu’ils essayent de trouver des exemples au Sud en disant: “Il ne faut pas les enquiquiner, ils vivent très bien en autarcie. C’est parfait. Nous-mêmes, nous devrions rester entre nous et pas nous développer à 200kilomètres à la ronde.” et avec des visions tout à fait fragmentées, simplistes de l’économie.
Je trouve complètement ahurissant de tenir de tels propos. J’aurais été intéressé à avoir quelqu’un qui, en face de nous, puisse nous convaincre qu’il a raison. En effet, nous allons avoir ces gens en face. Ne vous faites pas d’illusions, nous les aurons en face!
Je trouve complètement ahurissant de tenir de tels propos. J’aurais été intéressé à avoir quelqu’un qui, en face de nous, puisse nous convaincre qu’il a raison. En effet, nous allons avoir ces gens en face. Ne vous faites pas d’illusions, nous les aurons en face!
: Je souhaiterais rapporter une toute petite anecdote concernant le site “décroissance” que j’ai découvert un peu par hasard voici un certain temps.
I N T E R V E N A N T
U N
: Je souhaiterais rapporter une toute petite anecdote concernant le site “décroissance” que j’ai découvert un peu par hasard voici un certain temps.
I N T E R V E N A N T
Il y était rapporté l’histoire d’un des membres de décroissance. org qui avait développé un cancer et qui avait des métastases. Je me suis dit: “Cet homme-là a un cancer, il est fan de la décroissance, mais que doit-il se dire? Est-ce que je vais me faire soigner par les mécanismes de la croissance? Et là, j’ai compris que je n’arrivais vraiment pas à comprendre le phénomène de décroissance. J’adhère, ils sont sympas; on peut les laisser là où ils sont. Mais au bout d’un moment, il va se poser un problème, ne serait-ce que lorsqu’ils seront confrontés à une question de santé. On peut faire de la décroissance quand tout va bien, quand on a à manger et à boire. Mais, lorsqu’on est malade, on est bien content de pouvoir aller dans un hôpital, qui fonctionne sur le système de la croissance. A L A I N
U N
: Denis a posé le problème au bon niveau. C’est un problème philosophique. Fabrice parlait également de problème existentiel. Puisque nous parlons de décroissance, il faut connaître un autre terme qui est très proche, celui de la “simplicité volontaire”.
C H A U V E A U
A L A I N
De quoi s’agit-il ? Je vais être très réducteur, mais l’idée derrière est de dire que si je consomme moins, j’aurai moins besoin de travailler, je serai plus heureux et j’aurai plus de temps pour me cultiver, etc.
Je voudrais rebondir sur ce que disait Serge. Il y a derrière une idéologie qui remet en cause la valeur travail. Le mot “travail” vient du mot latin tripalium, qui est un instrument de torture. Soit. Cela dit, jusqu’à maintenant, nous avons vécu sur l’idée que le travail était un moyen de se réaliser.
Je voudrais rebondir sur ce que disait Serge. Il y a derrière une idéologie qui remet en cause la valeur travail. Le mot “travail” vient du mot latin tripalium, qui est un instrument de torture. Soit. Cela dit, jusqu’à maintenant, nous avons vécu sur l’idée que le travail était un moyen de se réaliser.
Cela rejoint également l’interrogation de Thierry. Nous sommes vraiment sur des problèmes existentiels, philosophiques, voire religieux.
Cela rejoint également l’interrogation de Thierry. Nous sommes vraiment sur des problèmes existentiels, philosophiques, voire religieux.
Je voudrais faire, pour finir, une provocation néo-libérale. Je serai peut-être pendu (Rires.) en sortant…
Je voudrais faire, pour finir, une provocation néo-libérale. Je serai peut-être pendu (Rires.) en sortant…
: Au cèdre, avec un tripalium !
U N
: On parle beaucoup des pays du Sud, en tout cas des pays émergents, mais la Chine, l’Inde, etc., vont nous “bouffer” ! Les Américains nous ont traités de “vieille Europe”… Si nous arrêtons de “bosser”, nous tombons et ils nous “boufferont” !
C H A U V E A U
©
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I N T E R V E N A N T
A L A I N
Dans vingt ou trente ans, nous serons peut-être un camp retranché de Gaulois et, quand les Chinois viendront nous voir, on les entendra dire : “Comme ils sont drôles, ces Français, avec leur béret, etc.” C’est ce vers quoi nous allons.
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: Denis a posé le problème au bon niveau. C’est un problème philosophique. Fabrice parlait également de problème existentiel. Puisque nous parlons de décroissance, il faut connaître un autre terme qui est très proche, celui de la “simplicité volontaire”.
C H A U V E A U
De quoi s’agit-il ? Je vais être très réducteur, mais l’idée derrière est de dire que si je consomme moins, j’aurai moins besoin de travailler, je serai plus heureux et j’aurai plus de temps pour me cultiver, etc.
I N T E R V E N A N T
A L A I N
Il y était rapporté l’histoire d’un des membres de décroissance. org qui avait développé un cancer et qui avait des métastases. Je me suis dit: “Cet homme-là a un cancer, il est fan de la décroissance, mais que doit-il se dire? Est-ce que je vais me faire soigner par les mécanismes de la croissance? Et là, j’ai compris que je n’arrivais vraiment pas à comprendre le phénomène de décroissance. J’adhère, ils sont sympas; on peut les laisser là où ils sont. Mais au bout d’un moment, il va se poser un problème, ne serait-ce que lorsqu’ils seront confrontés à une question de santé. On peut faire de la décroissance quand tout va bien, quand on a à manger et à boire. Mais, lorsqu’on est malade, on est bien content de pouvoir aller dans un hôpital, qui fonctionne sur le système de la croissance.
: Au cèdre, avec un tripalium !
: On parle beaucoup des pays du Sud, en tout cas des pays émergents, mais la Chine, l’Inde, etc., vont nous “bouffer” ! Les Américains nous ont traités de “vieille Europe”… Si nous arrêtons de “bosser”, nous tombons et ils nous “boufferont” !
C H A U V E A U
Dans vingt ou trente ans, nous serons peut-être un camp retranché de Gaulois et, quand les Chinois viendront nous voir, on les entendra dire : “Comme ils sont drôles, ces Français, avec leur béret, etc.” C’est ce vers quoi nous allons.
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A N D R É E É M I L I E
B U C H M A N N
: Émilie, puis Sylvie.
A N D R É E
: Vous entendre parler tout le temps de décroissance et de croissance me fait un peu peur. Je reviens sur ce qu’a dit Mme Brémond. Il faudrait peut-être commencer par dire aux entreprises de “faire mieux”, au lieu de décroître. Nous disposons d’outils, de systèmes d’éco-conception qui fonctionnent de mieux en mieux, de management environnemental, mais toutes ces solutions ne sont pas imposées aux entreprises. Aujourd’hui, c’est un choix. Quelques-unes en font, comme ceci ou comme cela, mais il n’existe pas véritablement de référentiel, en dehors de la norme 14000.
V A R R A U D
É M I L I E
B U C H M A N N
: Vous entendre parler tout le temps de décroissance et de croissance me fait un peu peur. Je reviens sur ce qu’a dit Mme Brémond. Il faudrait peut-être commencer par dire aux entreprises de “faire mieux”, au lieu de décroître. Nous disposons d’outils, de systèmes d’éco-conception qui fonctionnent de mieux en mieux, de management environnemental, mais toutes ces solutions ne sont pas imposées aux entreprises. Aujourd’hui, c’est un choix. Quelques-unes en font, comme ceci ou comme cela, mais il n’existe pas véritablement de référentiel, en dehors de la norme 14000.
V A R R A U D
Je me demande s’il ne faudrait pas d’abord passer par le fait d’imposer aux entreprises de “faire mieux”. U N
I N T E R V E N A N T
Je me demande s’il ne faudrait pas d’abord passer par le fait d’imposer aux entreprises de “faire mieux”.
: Ce n’est pas l’État qui doit le faire, c’est le marché.
U N
I N T E R V E N A N T
[…]
U N
B R E M O N D
: Je voyage beaucoup, je vais beaucoup dans les pays du Sud. Imaginons qu’un Indien sur un trottoir de Bombay, qui ne peut pas se soigner, qui ne mange pas, etc, nous écoute discuter. Je ne vous parle même pas du Conseil d’administration d’une grande entreprise, mais d’un citoyen. Il se demanderait bien ce que nous cherchons…
S Y L V I E
B R E M O N D
Si Pierre Radanne était là, il nous reparlerait d’imaginaire et poserait la question : mais quel est l’imaginaire des hommes autour de ces thèmes ?
Si Pierre Radanne était là, il nous reparlerait d’imaginaire et poserait la question : mais quel est l’imaginaire des hommes autour de ces thèmes ?
Un maharajah utilisait pour son service à peu près 300 000 ou 500 000 personnes. Tous ces gens vivaient misérablement pour faire en sorte qu’une seule personne vive bien. Or, si nous regardons ce qu’est le Nord par rapport au Sud, nous sommes un peu tous des maharajahs ! D’ailleurs, pour les Indiens ou les Africains du Sud, nous avons des vies de maharajah ; nos maisons sont de vrais palais, nos repas sont tous des repas de fête (et nous mangeons trois fois par jour !), etc.
Un maharajah utilisait pour son service à peu près 300 000 ou 500 000 personnes. Tous ces gens vivaient misérablement pour faire en sorte qu’une seule personne vive bien. Or, si nous regardons ce qu’est le Nord par rapport au Sud, nous sommes un peu tous des maharajahs ! D’ailleurs, pour les Indiens ou les Africains du Sud, nous avons des vies de maharajah ; nos maisons sont de vrais palais, nos repas sont tous des repas de fête (et nous mangeons trois fois par jour !), etc.
Revenons à cette idée d’imaginaire. Si on demande à ces Indiens ce dont ils rêvent pour eux et pour leur vie, ce qui serait le mieux pour eux, est-ce que ce serait de rester sur un trottoir, dans la simplicité volontaire ? C’est finalement un peu le schéma de Gandhi : vous restez simple, vous n’êtes habillé que de coton, vous vous nourrissez d’un bol de légumes et de lait (ce qui est d’ailleurs déjà mieux que de crever de faim).
Revenons à cette idée d’imaginaire. Si on demande à ces Indiens ce dont ils rêvent pour eux et pour leur vie, ce qui serait le mieux pour eux, est-ce que ce serait de rester sur un trottoir, dans la simplicité volontaire ? C’est finalement un peu le schéma de Gandhi : vous restez simple, vous n’êtes habillé que de coton, vous vous nourrissez d’un bol de légumes et de lait (ce qui est d’ailleurs déjà mieux que de crever de faim).
I N T E R V E N A N T
S Y L V I E
“
: Ce serait une simplicité obligée.
U N
: Ou bien est-ce que ce serait d’avoir une vie de maharajah? Situonsnous du point de vue archétypal de cet imaginaire, de ce dont un homme rêve. Tout le monde rêve de la croissance dans laquelle nous avons la chance de vivre (même si nous prenons des antidépresseurs) (Rires.) Nous avons tous des vies de maharajah qui correspondent à des vies Gandhi disait : « Vivre simplement pour d’un imaginaire de bonheur archétypal. que d’autres puissent simplement vivre »”
B R E M O N D
I N T E R V E N A N T
S Y L V I E
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“
Nous pouvons donc nous poser la question individuellement, en interpellant chacun la conscience de notre propre vie et de ce que nous sommes en train d’imaginer pour ceux qui n’en bénéficient pas, puisqu’en fait nous nous demandons ce que serait la meilleure vie pour eux!
: Gandhi disait : “Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre.” Tel est le sens de la simplicité volontaire. F L I P P O
: Ce serait une simplicité obligée.
: Ou bien est-ce que ce serait d’avoir une vie de maharajah? Situonsnous du point de vue archétypal de cet imaginaire, de ce dont un homme rêve. Tout le monde rêve de la croissance dans laquelle nous avons la chance de vivre (même si nous prenons des antidépresseurs) (Rires.) Nous avons tous des vies de maharajah qui correspondent à des vies Gandhi disait : « Vivre simplement pour d’un imaginaire de bonheur archétypal. que d’autres puissent simplement vivre »”
B R E M O N D
Nous pouvons donc nous poser la question individuellement, en interpellant chacun la conscience de notre propre vie et de ce que nous sommes en train d’imaginer pour ceux qui n’en bénéficient pas, puisqu’en fait nous nous demandons ce que serait la meilleure vie pour eux! F A B R I C E
: Ce n’est pas l’État qui doit le faire, c’est le marché.
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: Je voyage beaucoup, je vais beaucoup dans les pays du Sud. Imaginons qu’un Indien sur un trottoir de Bombay, qui ne peut pas se soigner, qui ne mange pas, etc, nous écoute discuter. Je ne vous parle même pas du Conseil d’administration d’une grande entreprise, mais d’un citoyen. Il se demanderait bien ce que nous cherchons…
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: Émilie, puis Sylvie.
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: Gandhi disait : “Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre.” Tel est le sens de la simplicité volontaire. F L I P P O
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J’image très bien l’Occidental débarquer de l’avion pour demander à l’Indien s’il veut vivre simplement. Je serais cet Indien, je lui répondrais : “Retourne dans ton pays et tu ne reviens surtout pas en avion.”
U N E
J’image très bien l’Occidental débarquer de l’avion pour demander à l’Indien s’il veut vivre simplement. Je serais cet Indien, je lui répondrais : “Retourne dans ton pays et tu ne reviens surtout pas en avion.”
Pour en revenir sur les questions…
Pour en revenir sur les questions…
[…]
[…]
Une grande partie des demandes des pays du Sud, des peuples pauvres, est: “Prenez notre parole en compte.” En écoutant la parole, on voit assez facilement quelles sont les limites en question.
Une grande partie des demandes des pays du Sud, des peuples pauvres, est: “Prenez notre parole en compte.” En écoutant la parole, on voit assez facilement quelles sont les limites en question.
Sur les questions de climat, le critère qui revient tout le temps consiste à dire : le climat est global, il faut un quota de CO2 par tête. On divise la capacité planétaire par le nombre d’habitants. Cela fait 8 000 kilomètres de Twingo. Et avec cela, vous ne vous chauffez pas, vous n’avez pas de…, rien du tout.
Sur les questions de climat, le critère qui revient tout le temps consiste à dire : le climat est global, il faut un quota de CO2 par tête. On divise la capacité planétaire par le nombre d’habitants. Cela fait 8 000 kilomètres de Twingo. Et avec cela, vous ne vous chauffez pas, vous n’avez pas de…, rien du tout.
Les Amis de la Terre ont fait un rapport en 1995 pour montrer à quoi correspondrait l’espace écologique disponible par terrien, si tout le monde avait droit à quelque chose sur cette planète. Or, on constate que les “maharajahs” sont nombreux et, la planète étant finie, ceux-ci prennent de l’espace écologique aux autres. J’appelle cela les “facteurs de guerre”. Donc la croissance de France Télécom, cela ne me fait pas plaisir du tout. (Rires.)
Les Amis de la Terre ont fait un rapport en 1995 pour montrer à quoi correspondrait l’espace écologique disponible par terrien, si tout le monde avait droit à quelque chose sur cette planète. Or, on constate que les “maharajahs” sont nombreux et, la planète étant finie, ceux-ci prennent de l’espace écologique aux autres. J’appelle cela les “facteurs de guerre”. Donc la croissance de France Télécom, cela ne me fait pas plaisir du tout. (Rires.)
Je n’ai rien contre les gens qui travaillent à France Télécom parce qu’eux sont dans la guerre également. Le problème, c’est de se sentir concerné. La question des limites…
Je n’ai rien contre les gens qui travaillent à France Télécom parce qu’eux sont dans la guerre également. Le problème, c’est de se sentir concerné. La question des limites…
I N T E R V E N A N T E
: Même ceux de l’INT ?
U N E
: Bien sûr. Le tout est de se sentir concerné. Si chacun dans son coin défend sa boutique, nous n’y arriverons jamais. C’est certain.
F A B R I C E F L I P O
Je n’ai rien contre les institutions, quelles qu’elles soient, mais si les gens refusent le dialogue, refusent de se remettre en cause et d’imaginer quelque chose d’autre, on débouche sur des solutions autoritaires ; c’est garanti, c’est couru d’avance. Il suffit de regarder ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Quand des catastrophes surviennent, c’est l’état d’urgence, la loi martiale.
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E S P I N O S A
: Même ceux de l’INT ?
: Bien sûr. Le tout est de se sentir concerné. Si chacun dans son coin défend sa boutique, nous n’y arriverons jamais. C’est certain.
F A B R I C E F L I P O
V I C T O R - H U G O
I N T E R V E N A N T E
Je n’ai rien contre les institutions, quelles qu’elles soient, mais si les gens refusent le dialogue, refusent de se remettre en cause et d’imaginer quelque chose d’autre, on débouche sur des solutions autoritaires ; c’est garanti, c’est couru d’avance. Il suffit de regarder ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Quand des catastrophes surviennent, c’est l’état d’urgence, la loi martiale.
: J’ai mal au ventre et je vais vous expliquer pourquoi.
V I C T O R - H U G O
E S P I N O S A
: J’ai mal au ventre et je vais vous expliquer pourquoi.
Je n’imagine rien, j’agis.
Je n’imagine rien, j’agis.
J’imagine un peu, de temps en temps… Nous avons passé deux jours ici. Mettez 48 000 personnes, pour être exact, qui crèvent de faim sur cette colline. La situation est celle-là, 48 000 personnes qui meurent en deux jours. Lorsqu’on me dit que c’est un problème philosophique, cela me fait mal aux tripes ! Ce n’est pas un problème existentiel, c’est un problème d’existence.
J’imagine un peu, de temps en temps… Nous avons passé deux jours ici. Mettez 48 000 personnes, pour être exact, qui crèvent de faim sur cette colline. La situation est celle-là, 48 000 personnes qui meurent en deux jours. Lorsqu’on me dit que c’est un problème philosophique, cela me fait mal aux tripes ! Ce n’est pas un problème existentiel, c’est un problème d’existence.
C’est pourquoi je me bats avant tout. Aujourd’hui, on est en train de faire mourir des gens à l’autre bout du monde, avec toutes nos bêtises, avec tout notre savoirfaire. C’est pour cela que j’ai mal au ventre. On dit que nous sommes tous contents. Nous ne le sommes pas. Comment pourrions-nous l’être de voir souffrir des gens à l’autre bout du monde ?
C’est pourquoi je me bats avant tout. Aujourd’hui, on est en train de faire mourir des gens à l’autre bout du monde, avec toutes nos bêtises, avec tout notre savoirfaire. C’est pour cela que j’ai mal au ventre. On dit que nous sommes tous contents. Nous ne le sommes pas. Comment pourrions-nous l’être de voir souffrir des gens à l’autre bout du monde ?
Sommes-nous en train de faire quelque chose ici ? Non. Nous sommes en train de faire des consciences pour qu’on soit plus conscient plus tard. C’est ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. Si je suis là, comme partout, en train de casser les
Sommes-nous en train de faire quelque chose ici ? Non. Nous sommes en train de faire des consciences pour qu’on soit plus conscient plus tard. C’est ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. Si je suis là, comme partout, en train de casser les
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pieds, c’est parce que, si quelques-uns d’entre vous partent avec une conscience pour que 48 000 personnes ne meurent pas demain, j’ai gagné.
pieds, c’est parce que, si quelques-uns d’entre vous partent avec une conscience pour que 48 000 personnes ne meurent pas demain, j’ai gagné.
Je voulais vous dire trois choses.
U N
Je voulais vous dire trois choses.
Le premier point concerne le temps de travail et le fait que l’homme travaille moins. Que veut l’homme ? Vous en avez parlé, monsieur ; les indicateurs de qualité de vie, c’est magnifique, c’est une bonne proposition parce que : que veut l’homme ? Il veut être heureux et, pour cela, il veut travailler moins, pas comme les gens du libéral qui pensent qu’il faut travailler, travailler…
Le premier point concerne le temps de travail et le fait que l’homme travaille moins. Que veut l’homme ? Vous en avez parlé, monsieur ; les indicateurs de qualité de vie, c’est magnifique, c’est une bonne proposition parce que : que veut l’homme ? Il veut être heureux et, pour cela, il veut travailler moins, pas comme les gens du libéral qui pensent qu’il faut travailler, travailler…
Après, cela a été l’informatique. Cela a remplacé 100 personnes, 1 000 personnes. Puis la robotique. Puis les nano-techniques. Pour quoi faire ? L’homme les a inventées pour son bien-être, mais je ne veux pas que ce soit fait pour le bien-être de l’un au détriment de beaucoup d’autres qui souffrent. C’est tout. Ce n’est même pas un problème de gauche ou de droite, mais un problème de bon sens.
Après, cela a été l’informatique. Cela a remplacé 100 personnes, 1 000 personnes. Puis la robotique. Puis les nano-techniques. Pour quoi faire ? L’homme les a inventées pour son bien-être, mais je ne veux pas que ce soit fait pour le bien-être de l’un au détriment de beaucoup d’autres qui souffrent. C’est tout. Ce n’est même pas un problème de gauche ou de droite, mais un problème de bon sens.
Évidemment, la face du monde ne va pas changer demain, ce n’est pas possible.
Évidemment, la face du monde ne va pas changer demain, ce n’est pas possible.
I N T E R V E N A N T
: Ni après-demain.
U N
E S P I N O S A : Mais on peut faire une croissance raisonnée, intelligente. Si on massacre une ressource, on change, on fait quelque chose. On met des alertes et on peut les appliquer au monde entier. C’est cela dont je rêve.
I N T E R V E N A N T
E S P I N O S A : Mais on peut faire une croissance raisonnée, intelligente. Si on massacre une ressource, on change, on fait quelque chose. On met des alertes et on peut les appliquer au monde entier. C’est cela dont je rêve.
V I C T O R - H U G O
V I C T O R - H U G O
Pour finir, “développement durable”, c’est de la “pipeau-nade” ! (Rires.) Je vous explique pourquoi.
Pour finir, “développement durable”, c’est de la “pipeau-nade” ! (Rires.) Je vous explique pourquoi.
Le développement durable pour un industriel, c’est avoir plus de salariés et de vendre davantage de produits. Pour un politique, c’est se recycler, se faire réélire. Pour un pauvre Indien, ce sera de savoir ce qu’il va manger le soir même. Ce sont des définitions complètement antagoniques. Évidemment, l’environnement marche tellement bien qu’on a créé le développement durable. Je soutiens le développement durable, je suis là pour le soutenir parce que nous sommes dans ce concept. Mais ce concept a été créé pour massacrer l’environnement.
Le développement durable pour un industriel, c’est avoir plus de salariés et de vendre davantage de produits. Pour un politique, c’est se recycler, se faire réélire. Pour un pauvre Indien, ce sera de savoir ce qu’il va manger le soir même. Ce sont des définitions complètement antagoniques. Évidemment, l’environnement marche tellement bien qu’on a créé le développement durable. Je soutiens le développement durable, je suis là pour le soutenir parce que nous sommes dans ce concept. Mais ce concept a été créé pour massacrer l’environnement.
[…]
R O B E R T
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: Ni après-demain.
[…]
La technique, c’est quoi ? Aujourd’hui, même dans les déchets, si vous la laissez, qui… C’est d’une stupidité… Oubliée la santé, oublié tout le reste. Je n’ai pas le temps de vous expliquer… (Rires.)
La technique, c’est quoi ? Aujourd’hui, même dans les déchets, si vous la laissez, qui… C’est d’une stupidité… Oubliée la santé, oublié tout le reste. Je n’ai pas le temps de vous expliquer… (Rires.)
Si nous voulons changer les choses, dans cette mode du développement durable, dans ces mots, que devons-nous faire ? Nous devons continuer à nous battre pour ce que nous savons faire, vous pour développer votre entreprise économiquement, moi pour continuer à vous casser les pieds. C’est un rapport de forces. Pour les Minitels, nous vous avons cassé les pieds et cela a marché ! Nous devons poursuivre ce rapport de forces. C’est de cette façon-là que la vie avance. Il n’en existe pas d’autre.
Si nous voulons changer les choses, dans cette mode du développement durable, dans ces mots, que devons-nous faire ? Nous devons continuer à nous battre pour ce que nous savons faire, vous pour développer votre entreprise économiquement, moi pour continuer à vous casser les pieds. C’est un rapport de forces. Pour les Minitels, nous vous avons cassé les pieds et cela a marché ! Nous devons poursuivre ce rapport de forces. C’est de cette façon-là que la vie avance. Il n’en existe pas d’autre.
L I O N
: Je vais conclure sur une note un peu optimiste. (Rires.)
R O B E R T
L I O N
: Je vais conclure sur une note un peu optimiste. (Rires.)
Ce qui me chagrine, c’est que nous soyons beaucoup ici à dire: “Il faut ceci, il faudrait cela. Il faudrait internaliser les externalités, faire que les 40000 personnes qui pourraient théoriquement être sur cette colline et qui sont au Darfour ou au Niger ne meurent pas de faim.”
Ce qui me chagrine, c’est que nous soyons beaucoup ici à dire: “Il faut ceci, il faudrait cela. Il faudrait internaliser les externalités, faire que les 40000 personnes qui pourraient théoriquement être sur cette colline et qui sont au Darfour ou au Niger ne meurent pas de faim.”
Moi, je n’aime pas trop cela, parce qu’il n’y a pas les ressources derrière, les recettes. Pour moi, les recettes qu’on tire de cette Université de la communication pour le
Moi, je n’aime pas trop cela, parce qu’il n’y a pas les ressources derrière, les recettes. Pour moi, les recettes qu’on tire de cette Université de la communication pour le
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développement durable sont des choLe vrai ministère ses plus ou moins bien retrouvées du Développement durable dans les neuf points de la Charte que devrait être le ministère nous proposons, qui sont des messages à faire passer ici en France pour de l’Éducation nationale” que nous, en France ou en Europe, nous modifiions notre comportement. Nous sommes tous assez largement d’accord sur ce point. Si nous arrivons progressivement à modifier nos comportements, cela fera bouger un peu la face du monde et c’est en tout cas notre responsabilité principale, beaucoup plus importante que de faire passer l’aide de 0,47 à 0,52 %.
développement durable sont des choLe vrai ministère ses plus ou moins bien retrouvées du Développement durable dans les neuf points de la Charte que devrait être le ministère nous proposons, qui sont des messages à faire passer ici en France pour de l’Éducation nationale” que nous, en France ou en Europe, nous modifiions notre comportement. Nous sommes tous assez largement d’accord sur ce point. Si nous arrivons progressivement à modifier nos comportements, cela fera bouger un peu la face du monde et c’est en tout cas notre responsabilité principale, beaucoup plus importante que de faire passer l’aide de 0,47 à 0,52 %.
Il existe des modes d’information, de pédagogie, de prise de conscience. J’ai tendance à dire que le vrai ministère du Développement durable devrait être le ministère de l’Éducation nationale. Si j’avais parlé des pays du Nord, j’aurais parlé de cela.
Il existe des modes d’information, de pédagogie, de prise de conscience. J’ai tendance à dire que le vrai ministère du Développement durable devrait être le ministère de l’Éducation nationale. Si j’avais parlé des pays du Nord, j’aurais parlé de cela.
Si ce que ce monsieur, représentant le Conseil général du Vaucluse, nous a dit hier est vrai, c’est magnifique. Je fais référence à tout ce qu’ils font jusque dans les maternelles. J’ai écouté cela avec beaucoup d’intérêt. C’est le but, à mon avis, de notre démarche. N’ayons pas les yeux plus gros que le ventre. Nous ne pouvons pas, nous ici, faire en sorte qu’au Darfour les gens ne meurent pas de faim. Nous pouvons contribuer à ce que les sociétés du Nord, que je n’appelle pas développées, soient différentes, plus sobres, consomment moins.
Si ce que ce monsieur, représentant le Conseil général du Vaucluse, nous a dit hier est vrai, c’est magnifique. Je fais référence à tout ce qu’ils font jusque dans les maternelles. J’ai écouté cela avec beaucoup d’intérêt. C’est le but, à mon avis, de notre démarche. N’ayons pas les yeux plus gros que le ventre. Nous ne pouvons pas, nous ici, faire en sorte qu’au Darfour les gens ne meurent pas de faim. Nous pouvons contribuer à ce que les sociétés du Nord, que je n’appelle pas développées, soient différentes, plus sobres, consomment moins.
Nous avons tous beaucoup de choses à dire sur ce point. Et cela passe, à mon avis, largement par ce que certains n’aiment pas appeler la communication, mais l’information. Cela passe également peut-être par quelques exemples.
Nous avons tous beaucoup de choses à dire sur ce point. Et cela passe, à mon avis, largement par ce que certains n’aiment pas appeler la communication, mais l’information. Cela passe également peut-être par quelques exemples.
J’ai été récemment à un séminaire sur le développement durable à Marseille. Le matin, de vieux messieurs qui ne comprenaient rien chuchotaient: “Encore faut-il savoir ce que cela veut dire… Toujours de nouveaux mots…” L’après-midi, trois exemples ont été donnés, dont un exposé par le responsable du développement durable de France Télécom pour la région PACA. Il a d’abord montré que le vocabulaire “développement durable” était totalement intégré. Cela a un peu étonné les vieux messieurs. C’était l’heure de la sieste –(rires), mais ils ont quand même entendu que ce vocabulaire n’était pas complètement barbare, qu’il se passait des choses, que des gens dont c’était le métier se mobilisaient là-dessus. Lorsque la personne en question a commencé à dire que, pour le déplacement des agences, … dans les Nous pouvons contribuer à ce que schémas de déplacements urbains de l’agglomérales sociétés du Nord, soient différentes, tion de Marseille ou de Nice et à parler de beaucoup de choses que je n’ai pas le temps de citer, plus sobres, consomment moins” cela a fait “tilt”. Il se passe des choses positives. J’aime moins ce que France Télécom nous donne, avec une petite boîte pour mettre des cartes de visite. Il me suffit d’un élastique. La petite boîte pour mettre une carte de visite a été placée dans un étui en feutre plastique ; cela consomme un peu de pétrole. C’est à l’intérieur d’un papier bullegomme qui consomme également du pétrole et à l’intérieur d’un très joli petit emballage en carton glacé. J’espère que, l’année prochaine…, comme La Poste nous surprendra avec ses véhicules électriques. Nous en parlions hier soir. Il y a donc le meilleur et le pire.
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J’ai été récemment à un séminaire sur le développement durable à Marseille. Le matin, de vieux messieurs qui ne comprenaient rien chuchotaient: “Encore faut-il savoir ce que cela veut dire… Toujours de nouveaux mots…” L’après-midi, trois exemples ont été donnés, dont un exposé par le responsable du développement durable de France Télécom pour la région PACA. Il a d’abord montré que le vocabulaire “développement durable” était totalement intégré. Cela a un peu étonné les vieux messieurs. C’était l’heure de la sieste –(rires), mais ils ont quand même entendu que ce vocabulaire n’était pas complètement barbare, qu’il se passait des choses, que des gens dont c’était le métier se mobilisaient là-dessus. Lorsque la personne en question a commencé à dire que, pour le déplacement des agences, … dans les Nous pouvons contribuer à ce que schémas de déplacements urbains de l’agglomérales sociétés du Nord, soient différentes, tion de Marseille ou de Nice et à parler de beaucoup de choses que je n’ai pas le temps de citer, plus sobres, consomment moins” cela a fait “tilt”. Il se passe des choses positives.
Le portable en Afrique… C’est de notre faute ! Hier, l’Africain qui voulait être respecté devait avoir deux montres en or et des bagues ; aujourd’hui, il lui faut avoir trois 288
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J’aime moins ce que France Télécom nous donne, avec une petite boîte pour mettre des cartes de visite. Il me suffit d’un élastique. La petite boîte pour mettre une carte de visite a été placée dans un étui en feutre plastique ; cela consomme un peu de pétrole. C’est à l’intérieur d’un papier bullegomme qui consomme également du pétrole et à l’intérieur d’un très joli petit emballage en carton glacé. J’espère que, l’année prochaine…, comme La Poste nous surprendra avec ses véhicules électriques. Nous en parlions hier soir. Il y a donc le meilleur et le pire. Le portable en Afrique… C’est de notre faute ! Hier, l’Africain qui voulait être respecté devait avoir deux montres en or et des bagues ; aujourd’hui, il lui faut avoir trois
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portables, un pour ce qu’on appelle le “deuxième bureau”, tout le monde sait ce que (Rires.) On est vraiment un Africain important aujourd’hui si l’on est dérangé c’est… cinq fois dans une conversation par l’un de ses trois ou quatre téléphones portables. Cette idée vient de chez nous ou de chez les Japonais.
portables, un pour ce qu’on appelle le “deuxième bureau”, tout le monde sait ce que (Rires.) On est vraiment un Africain important aujourd’hui si l’on est dérangé c’est… cinq fois dans une conversation par l’un de ses trois ou quatre téléphones portables. Cette idée vient de chez nous ou de chez les Japonais.
Je termine par ma notation positive. J’ai donné un exemple d’action de développement durable. Nous faisons des choses chez nous en termes de décroissance raisonnée. Nous faisons du tri de déchets. Cela ne marche pas toujours très bien. J’y attache beaucoup d’importance parce que cela a une valeur pédagogique. À la différence des Anglais qui sont en retard, pour une fois, sur nous sur ce plan, avec cet effort de mettre la bouteille d’un côté et le plastique de l’autre, il se passe quelque chose dans la tête du citoyen français qui a ainsi un petit rapport avec l’environnement et le développement durable. Je trouve que c’est très bien, très important même si, par ailleurs, par hasard, c’est ensuite remélangé dans le camion (rires) parce qu’on a fait ainsi de la pédagogie.
Je termine par ma notation positive. J’ai donné un exemple d’action de développement durable. Nous faisons des choses chez nous en termes de décroissance raisonnée. Nous faisons du tri de déchets. Cela ne marche pas toujours très bien. J’y attache beaucoup d’importance parce que cela a une valeur pédagogique. À la différence des Anglais qui sont en retard, pour une fois, sur nous sur ce plan, avec cet effort de mettre la bouteille d’un côté et le plastique de l’autre, il se passe quelque chose dans la tête du citoyen français qui a ainsi un petit rapport avec l’environnement et le développement durable. Je trouve que c’est très bien, très important même si, par ailleurs, par hasard, c’est ensuite remélangé dans le camion (rires) parce qu’on a fait ainsi de la pédagogie.
Je souhaite que le prochain candidat républicain à la présidence des États-Unis soit Arnold Schwarzenegger. Pourquoi ? Parce que la Californie est en train de faire des choses fabuleuses dans le sens du protocole de Kyoto, entreprises en tête. Et le gouverneur, contre toute attente, l’appuie. Ils sont en tête. M. Bush a l’air complètement “ringard” parce qu’il vient du Texas et qu’il est adossé sur les pétroliers. Il n’a pas dit ce qu’il fallait dire après le cyclone, que cela avait peut-être un lien avec le réchauffement climatique et surtout il ne veut pas entendre parler de cela. Mais aux États-Unis, dans ce pays qui refuse le protocole de Kyoto, on assiste à des évolutions dans le sens de la décroissance raisonnée extrêmement intéressantes.
Je souhaite que le prochain candidat républicain à la présidence des États-Unis soit Arnold Schwarzenegger. Pourquoi ? Parce que la Californie est en train de faire des choses fabuleuses dans le sens du protocole de Kyoto, entreprises en tête. Et le gouverneur, contre toute attente, l’appuie. Ils sont en tête. M. Bush a l’air complètement “ringard” parce qu’il vient du Texas et qu’il est adossé sur les pétroliers. Il n’a pas dit ce qu’il fallait dire après le cyclone, que cela avait peut-être un lien avec le réchauffement climatique et surtout il ne veut pas entendre parler de cela. Mais aux États-Unis, dans ce pays qui refuse le protocole de Kyoto, on assiste à des évolutions dans le sens de la décroissance raisonnée extrêmement intéressantes.
La Chine… Si vous allez au Vietnam ou dans le Sud-Est asiatique, vous voyez que la pollution vient des mobylettes japonaises, des petites Honda, éventuellement fabriquées sur place, qui remplacent progressivement les vélos et qui sont dramatiquement polluantes. Les Chinois n’ont pas cela, ils ont inventé un petit vélo électrique, bien sûr inventé et fabriqué en Chine. Cela Les Chinois n’ont pas fini de nous surprendre, consomme un peu d’électricité, qui vient largement du charbon, mais c’est tout de les Japonais ont inventé le moteur hybride, même très intéressant contre la pollution les Indiens et les Brésiliens ont inventé urbaine. C’est un progrès. Cela va dans le la trithérapie à 160 euros par an” sens de la décroissance. Les Chinois n’ont pas fini de nous surprendre. Les Japonais ont inventé le moteur hybride, les Chinois vont inventer plein d’autres choses. Ils n’ont pas toujours besoin de nos technologies. C’est la même chose avec les Indiens et les Brésiliens qui, en matière médicale, ont inventé la trithérapie à 160 euros par an alors que, dans les laboratoires pharmaceutiques du Nord, c’est 15 000 dollars par an. Beaucoup est à attendre du Sud. Des évolutions vont dans le bon sens. Ne soyons pas trop pessimistes. Même si on ne l’habille pas du mot provocateur de “décroissance”, des évolutions se font dans ce sens, aussi bien ici au Nord que dans les pays du Sud. Il y a peut-être des raisons d’espérer dans l’intelligence des hommes.
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La Chine… Si vous allez au Vietnam ou dans le Sud-Est asiatique, vous voyez que la pollution vient des mobylettes japonaises, des petites Honda, éventuellement fabriquées sur place, qui remplacent progressivement les vélos et qui sont dramatiquement polluantes. Les Chinois n’ont pas cela, ils ont inventé un petit vélo électrique, bien sûr inventé et fabriqué en Chine. Cela Les Chinois n’ont pas fini de nous surprendre, consomme un peu d’électricité, qui vient largement du charbon, mais c’est tout de les Japonais ont inventé le moteur hybride, même très intéressant contre la pollution les Indiens et les Brésiliens ont inventé urbaine. C’est un progrès. Cela va dans le la trithérapie à 160 euros par an” sens de la décroissance. Les Chinois n’ont pas fini de nous surprendre. Les Japonais ont inventé le moteur hybride, les Chinois vont inventer plein d’autres choses. Ils n’ont pas toujours besoin de nos technologies. C’est la même chose avec les Indiens et les Brésiliens qui, en matière médicale, ont inventé la trithérapie à 160 euros par an alors que, dans les laboratoires pharmaceutiques du Nord, c’est 15 000 dollars par an. Beaucoup est à attendre du Sud. Des évolutions vont dans le bon sens. Ne soyons pas trop pessimistes. Même si on ne l’habille pas du mot provocateur de “décroissance”, des évolutions se font dans ce sens, aussi bien ici au Nord que dans les pays du Sud. Il y a peut-être des raisons d’espérer dans l’intelligence des hommes.
(Applaudissements.) A N D R É E
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B U C H M A N N
ACIDD et Comité 21
(Applaudissements.)
: Merci beaucoup, à bientôt l’année prochaine.
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ACIDD et Comité 21
: Merci beaucoup, à bientôt l’année prochaine.
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3.4 “Valeurs humanistes et humaines”
3.4 “Valeurs humanistes et humaines”
S A C Q U E T , Directrice générale, Comité 21 : Nous abordons ce matin une série d’ateliers très dense que nous avons intitulée “Valeurs et Ripostes” pour mettre en question les interrogations qui ont jalonné les deux premières universités.
S A C Q U E T , Directrice générale, Comité 21 : Nous abordons ce matin une série d’ateliers très dense que nous avons intitulée “Valeurs et Ripostes” pour mettre en question les interrogations qui ont jalonné les deux premières universités.
A N N E - M A R I E
ANNE-MARIE SACQUET DIRECTRICE GÉNÉRALE, COMITÉ 21
Nous sommes de plus en plus nombreux à appeler à l’urgence de mutations tant sociétales que technologiques pour assurer la conduite du vaisseau Terre. Ces mutations, à porter collectivement et individuellement, supposent de renouveler l’approche de l’humanisme à l’aune des réalités du XXIe siècle. Consolider le rôle de l’homme dans le gouvernement planétaire? Placer l’épanouissement humain en tête des indicateurs d’efficacité socio-politique? « Après la Renaissance, après la révolution industrielle, construire une société relationnelle » (Pierre Radanne, 1ère Université)? L’humanisme d’aujourd’hui suppose aussi d’assurer aux jeunes générations des rêves nouveaux - sans démagogie ni sectarisme - et la promesse de conquête de territoires d’échanges et de coopération, fondés sur l’initiative citoyenne libérée, sur la créativité, sur la solidarité…
Avant de passer la parole à mes deux forces de proposition…, je vous propose quelques citations de sociologues, mais également d’économistes.
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Quel regard portent les jeunes sur la communauté (politique, intellectuelle, scientifique…)? Quelles valeurs en attendent-ils? Au sein d’une société aujourd’hui organisée en réseau, comment s’échafaudent et se transmettent les idéaux ?En quelques mots : Qu’est-ce qui peut convaincre la société de s’engager dans le développement durable? Quels sont les moteurs des mutations que nous avons à entreprendre, individuellement et collectivement? Finalement, qu’est-ce qui nourrit nos désirs d’investissement dans un siècle qui peut paraître parfois bien sombre et qui souvent est exprimé de manière extrêmement négative? Que veut dire “humanisme” aujourd’hui? […]
A N N E - M A R I E
ANNE-MARIE SACQUET DIRECTRICE GÉNÉRALE, COMITÉ 21
Nous sommes de plus en plus nombreux à appeler à l’urgence de mutations tant sociétales que technologiques pour assurer la conduite du vaisseau Terre. Ces mutations, à porter collectivement et individuellement, supposent de renouveler l’approche de l’humanisme à l’aune des réalités du XXIe siècle. Consolider le rôle de l’homme dans le gouvernement planétaire? Placer l’épanouissement humain en tête des indicateurs d’efficacité socio-politique? « Après la Renaissance, après la révolution industrielle, construire une société relationnelle » (Pierre Radanne, 1ère Université)? L’humanisme d’aujourd’hui suppose aussi d’assurer aux jeunes générations des rêves nouveaux - sans démagogie ni sectarisme - et la promesse de conquête de territoires d’échanges et de coopération, fondés sur l’initiative citoyenne libérée, sur la créativité, sur la solidarité…
Avant de passer la parole à mes deux forces de proposition…, je vous propose quelques citations de sociologues, mais également d’économistes.
L’humanisme d’aujourd’hui suppose aussi d’assurer aux jeunes générations des rêves nouveaux, sans démagogie ni sectarisme”
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Quel regard portent les jeunes sur la communauté (politique, intellectuelle, scientifique…)? Quelles valeurs en attendent-ils? Au sein d’une société aujourd’hui organisée en réseau, comment s’échafaudent et se transmettent les idéaux ?En quelques mots : Qu’est-ce qui peut convaincre la société de s’engager dans le développement durable? Quels sont les moteurs des mutations que nous avons à entreprendre, individuellement et collectivement? Finalement, qu’est-ce qui nourrit nos désirs d’investissement dans un siècle qui peut paraître parfois bien sombre et qui souvent est exprimé de manière extrêmement négative? Que veut dire “humanisme” aujourd’hui? […]
L’humanisme d’aujourd’hui suppose aussi d’assurer aux jeunes générations des rêves nouveaux, sans démagogie ni sectarisme”
Les « humanités » actuelles (culture littéraire ou scientifique) répondent-elles aux aspirations et aux besoins de cette société en devenir? En fournissent-elles les capacités?
Les « humanités » actuelles (culture littéraire ou scientifique) répondent-elles aux aspirations et aux besoins de cette société en devenir? En fournissent-elles les capacités?
Pour Amartya Sen, la seule référence éthiquement légitime de l’action publique est la personne et l’étendue des libertés réelles dont elle dispose pour choisir et conduire la vie qu’elle entend mener.
Pour Amartya Sen, la seule référence éthiquement légitime de l’action publique est la personne et l’étendue des libertés réelles dont elle dispose pour choisir et conduire la vie qu’elle entend mener.
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Pour Edgar Morin, l’hypertrophie du monde techno-bureaucratique a séparé l’état prosaïque et l’état poétique. L’évangile de la fraternité est à l’éthique ce que la complexité est à la pensée : elle appelle à non plus fractionner, séparer, mais à relier, elle est intrinsèquement re-ligieuse, au sens littéral du terme.
Pour Edgar Morin, l’hypertrophie du monde techno-bureaucratique a séparé l’état prosaïque et l’état poétique. L’évangile de la fraternité est à l’éthique ce que la complexité est à la pensée : elle appelle à non plus fractionner, séparer, mais à relier, elle est intrinsèquement re-ligieuse, au sens littéral du terme.
Joël de Rosnay nous alerte : en restant seulement dans la peur, dans l’alerte, on ne peut déboucher sur l’action car la peur stérilise. Pierre Rahbi parle de sobriété heureuse…
Joël de Rosnay nous alerte : en restant seulement dans la peur, dans l’alerte, on ne peut déboucher sur l’action car la peur stérilise. Pierre Rahbi parle de sobriété heureuse…
A la recherche des moyens qui permettent à l’humanité de civiliser la mondialisation, Patrick Viveret invoque les valeurs du sens et l’amour, une démocratie basée sur un socle de spiritualité, au sens large du terme.
A la recherche des moyens qui permettent à l’humanité de civiliser la mondialisation, Patrick Viveret invoque les valeurs du sens et l’amour, une démocratie basée sur un socle de spiritualité, au sens large du terme.
Après ces interrogations, je passe maintenant la parole à Gilles. G I L L E S
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Après ces interrogations, je passe maintenant la parole à Gilles.
, Chargé de mission politiques territoriales de l’État et développement, DATAR : Lorsqu’on m’a proposé d’intervenir sur ce sujet, ma première réaction a été de penser que le développement durable était forcément porteur des valeurs humanistes, puisque le développement durable consiste à essayer de protéger la planète, pour nous et les générations futures, à lutter contre l’inégalité sociale et l’exploitation de l’homme, à mettre l’économie au service de l’homme et pas l’inverse.
P E N N E Q U I N
G I L L E S
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, Chargé de mission politiques territoriales de l’État et développement, DATAR : Lorsqu’on m’a proposé d’intervenir sur ce sujet, ma première réaction a été de penser que le développement durable était forcément porteur des valeurs humanistes, puisque le développement durable consiste à essayer de protéger la planète, pour nous et les générations futures, à lutter contre l’inégalité sociale et l’exploitation de l’homme, à mettre l’économie au service de l’homme et pas l’inverse.
P E N N E Q U I N
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Je me dis que, forcément, le développement durable est très lié aux valeurs humanistes. Mais en y regardant de plus près, je me suis demandé de quel humanisme il est question. S’agit-il des valeurs de l’humanisme occidental puisque nous prétendons avoir inventé l’humanisme, notamment autour de la Renaissance ou bien s’agit-il de valeurs universelles, c’est-à-dire d’un humanisme mondial ?
Je me dis que, forcément, le développement durable est très lié aux valeurs humanistes. Mais en y regardant de plus près, je me suis demandé de quel humanisme il est question. S’agit-il des valeurs de l’humanisme occidental puisque nous prétendons avoir inventé l’humanisme, notamment autour de la Renaissance ou bien s’agit-il de valeurs universelles, c’est-à-dire d’un humanisme mondial ?
Le concept du déveS’agit-il des valeurs de l’humanisme loppement durable est né en Occident. Si les valeurs occidental ou bien s’agit-il occidentales constituent, de valeurs universelles, c’est-à-dire jusqu’à présent, le parad’un humanisme mondial ?” digme dominant de l’élite mondiale, il semblerait que ces dernières n’ont peut-être plus le même poids, ni pour nous, ni pour les autres.
Le concept du déveS’agit-il des valeurs de l’humanisme loppement durable est né en Occident. Si les valeurs occidental ou bien s’agit-il occidentales constituent, de valeurs universelles, c’est-à-dire jusqu’à présent, le parad’un humanisme mondial ?” digme dominant de l’élite mondiale, il semblerait que ces dernières n’ont peut-être plus le même poids, ni pour nous, ni pour les autres.
- D’un côté, la culpabilité occidentale du colonialisme s’est transformée, dans certains mouvements politiques, dans une volonté de soutenir un principe d’égalité entre les différentes cultures.
- D’un côté, la culpabilité occidentale du colonialisme s’est transformée, dans certains mouvements politiques, dans une volonté de soutenir un principe d’égalité entre les différentes cultures.
- D’un autre, la difficulté à s’inscrire dans une économie de marché tournée d’abord vers les pays riches, entraîne un rejet de la culture occidentale qui y est associée et la promotion dles valeurs portées par d’autres cultures.
- D’un autre, la difficulté à s’inscrire dans une économie de marché tournée d’abord vers les pays riches, entraîne un rejet de la culture occidentale qui y est associée et la promotion dles valeurs portées par d’autres cultures.
La place que prend, dans le débat culturel, le relativisme culturel et notamment la distinction entre les droits de l’homme et droits humains, symbolise cette évolution.
La place que prend, dans le débat culturel, le relativisme culturel et notamment la distinction entre les droits de l’homme et droits humains, symbolise cette évolution.
Avec les droits de l’homme, on s’adresse à l’individu. Nous sommes bien là dans la vision chrétienne, à la suite de la réforme, qui place l’individu au dessus de tout, au dessus de la société.
Avec les droits de l’homme, on s’adresse à l’individu. Nous sommes bien là dans la vision chrétienne, à la suite de la réforme, qui place l’individu au dessus de tout, au dessus de la société.
Avec les droits humains, intervient la notion de droit collectif, de société où l’individu en tant que tel n’a pas de sens et n’est que la partie d’un tout : l’oumma pour les Musulmans par exemple.
Avec les droits humains, intervient la notion de droit collectif, de société où l’individu en tant que tel n’a pas de sens et n’est que la partie d’un tout : l’oumma pour les Musulmans par exemple.
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Nous voyons bien que tout le monde n’a pas l’individu comme centre de préoccupation.
Nous voyons bien que tout le monde n’a pas l’individu comme centre de préoccupation.
Par ailleurs, la perception du DD relèverait autant de l’espace que du temps.
Par ailleurs, la perception du DD relèverait autant de l’espace que du temps.
Pour ce qui est de l’espace, on peut aisément concevoir qu’un Chinois ne partagent pas les mêmes valeurs qu’un Français ou un Anglais.
Pour ce qui est de l’espace, on peut aisément concevoir qu’un Chinois ne partagent pas les mêmes valeurs qu’un Français ou un Anglais.
Concernant la notion de temps : quelle universalité, alors qu’il semble difficile voire impossible de penser les valeurs qui seront celles des générations futures ? En a-t-on d’ailleurs le droit ?
Concernant la notion de temps : quelle universalité, alors qu’il semble difficile voire impossible de penser les valeurs qui seront celles des générations futures ? En a-t-on d’ailleurs le droit ?
Ce sont des questions qui me semblent traverser le développement durable et sur lesquelles nous sommes en recherche plutôt qu’au stade de formuler des propositions.
Ce sont des questions qui me semblent traverser le développement durable et sur lesquelles nous sommes en recherche plutôt qu’au stade de formuler des propositions.
J’ai le sentiment, que loin d’être universel, le développement durable est un concept encore émergent, même s’il date maintenant d’une dizaine d’années. Sur les questions des valeurs, nous sommes encore dans le flou, notamment parce que le concept s’appuie sur la culture du compromis. Du coup, nous naviguons entre nos valeurs et celles des autres. J’ai l’impression que le développement durable s’apparente quasiment à une démarche initiatique dans laquelle le chemin compte plus que la destination et où les convictions dominent sur les vérités, puisqu’il peut y avoir plusieurs vérités, les nôtres et celles d’autres cultures.
J’ai le sentiment, que loin d’être universel, le développement durable est un concept encore émergent, même s’il date maintenant d’une dizaine d’années. Sur les questions des valeurs, nous sommes encore dans le flou, notamment parce que le concept s’appuie sur la culture du compromis. Du coup, nous naviguons entre nos valeurs et celles des autres. J’ai l’impression que le développement durable s’apparente quasiment à une démarche initiatique dans laquelle le chemin compte plus que la destination et où les convictions dominent sur les vérités, puisqu’il peut y avoir plusieurs vérités, les nôtres et celles d’autres cultures.
Faut-il rester sur le compromis ou faut-il aller vers le conflit ? Sommes-nous dans l’idée de promouvoir et de défendre nos valeurs, celles de l’Occident. Voulons-nous et souhaitons-nous les imposer, faire qu’elles deviennent universelles ; considérant tout de même que nous ne représentons plus quasiment que 10 % de la population mondiale ? Le pouvons-nous encore ? En avons-nous le droit ? Les autres nous reconnaissent-ils le droit de faire en sorte que nos valeurs soient universelles ? À l’international, la ligne de fracture sur la question des valeurs se retrouve entre le discours du président de la République à Johannesburg (parlant du nouveau pilier du développement durable: celui de la diversité culturelle) et les discours de MM. Bush et Blair. D’un côté, nous retrouvons la valorisation du relativisme culturel avec le fameux pilier de la “diversité culturelle”, cher au Président Français. C’est une vision humaniste, qui reconnaît aux autres le droit d’avoir leurs propres valeurs ; c’est certainement un prolongement de la vision française universaliste des Lumières. A moins qu’il s’agisse pour certains une manière de leurs signifier de maintenir leurs traditions, d’en faire des réserves « d’Indiens » pour avoir encore des choses à visiter !
Sur les questions des valeurs, nous sommes encore dans le flou, notamment parce que le concept s’appuie sur la culture du compromis”
D’un autre côté, nous avons un axe qui est en train de se conforter en ce moment, à savoir l’axe Bush/Blair avec, pour faire vite, les valeurs chrétiennes qui doivent s’imposer au monde. C’est une ligne de fracture très forte sur laquelle il serait intéressant de s’appesantir.
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Faut-il rester sur le compromis ou faut-il aller vers le conflit ? Sommes-nous dans l’idée de promouvoir et de défendre nos valeurs, celles de l’Occident. Voulons-nous et souhaitons-nous les imposer, faire qu’elles deviennent universelles ; considérant tout de même que nous ne représentons plus quasiment que 10 % de la population mondiale ? Le pouvons-nous encore ? En avons-nous le droit ? Les autres nous reconnaissent-ils le droit de faire en sorte que nos valeurs soient universelles ? À l’international, la ligne de fracture sur la question des valeurs se retrouve entre le discours du président de la République à Johannesburg (parlant du nouveau pilier du développement durable: celui de la diversité culturelle) et les discours de MM. Bush et Blair. D’un côté, nous retrouvons la valorisation du relativisme culturel avec le fameux pilier de la “diversité culturelle”, cher au Président Français. C’est une vision humaniste, qui reconnaît aux autres le droit d’avoir leurs propres valeurs ; c’est certainement un prolongement de la vision française universaliste des Lumières. A moins qu’il s’agisse pour certains une manière de leurs signifier de maintenir leurs traditions, d’en faire des réserves « d’Indiens » pour avoir encore des choses à visiter !
Sur les questions des valeurs, nous sommes encore dans le flou, notamment parce que le concept s’appuie sur la culture du compromis”
J’ai listé un certain nombre de sous-thèmes que je propose de soumettre à la discussion. Avec le Développement durable :
D’un autre côté, nous avons un axe qui est en train de se conforter en ce moment, à savoir l’axe Bush/Blair avec, pour faire vite, les valeurs chrétiennes qui doivent s’imposer au monde. C’est une ligne de fracture très forte sur laquelle il serait intéressant de s’appesantir. J’ai listé un certain nombre de sous-thèmes que je propose de soumettre à la discussion. Avec le Développement durable :
- Sommes-nous dans l’autonomie par rapport au religieux ou pas ?
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ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
- Sommes-nous dans l’autonomie par rapport au religieux ou pas ?
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- Sommes-nous dans l’autonomie par rapport à la nature ou pas ? Donc, sommes-nous dans une vision utilitariste de la nature ?
- Sommes-nous dans l’autonomie par rapport à la nature ou pas ? Donc, sommes-nous dans une vision utilitariste de la nature ?
- Sommes-nous dans l’égalité homme/femme ?
- Sommes-nous dans l’égalité homme/femme ?
- Sommes-nous dans la liberté ou la contrainte ?
- Sommes-nous dans la liberté ou la contrainte ?
- Est-ce en fin de compte la démocratie face à un despotisme éclairé ? Hans Jonas, dans “le Principe de responsabilité”, termine son ouvrage en parlant d’un despotisme éclairé.
- Est-ce en fin de compte la démocratie face à un despotisme éclairé ? Hans Jonas, dans “le Principe de responsabilité”, termine son ouvrage en parlant d’un despotisme éclairé.
Hier, j’entendais dans nos débats que nous sur-valorisons la démocratie participative. Que penser si certains territoires choisissaient de s’inscrire dans un développement non durable ? Dans ce cas, que faut-il faire ? Faut-il aller leur taper dessus ou pouvons-nous considérer qu’ils ont raison ?
Hier, j’entendais dans nos débats que nous sur-valorisons la démocratie participative. Que penser si certains territoires choisissaient de s’inscrire dans un développement non durable ? Dans ce cas, que faut-il faire ? Faut-il aller leur taper dessus ou pouvons-nous considérer qu’ils ont raison ?
Avec des questions de ce type, nous touchons au cœur des valeurs.
Avec des questions de ce type, nous touchons au cœur des valeurs.
Sur les autres valeurs, tout à l’heure, nous avons parlé d’amour, des notions de plaisir, d’ascétisme, de souffrance. Comment percevons-nous les valeurs du développement durable à travers cela ?
Sur les autres valeurs, tout à l’heure, nous avons parlé d’amour, des notions de plaisir, d’ascétisme, de souffrance. Comment percevons-nous les valeurs du développement durable à travers cela ?
Pour terminer, je dirai : sommes-nous sur un humanisme mou ou sur un humanisme de combat ?
Pour terminer, je dirai : sommes-nous sur un humanisme mou ou sur un humanisme de combat ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
: Merci. Jean-Luc va nous proposer une approche radica-
A N N E - M A R I E
lement différente. (Rires.) G É R A R D , Consultant: Lorsque Anne-Marie m’a demandé de faire une intervention sur les valeurs humaines, il m’est venu une image. Alors que j’étais petit, cela fait déjà quarante ans, on nous avait projeté, à l’école, des images de petits Noirs du Niger avec de gros ventres. Ma première réaction avait été de vendre ma collection de timbres et de faire un don, comme beaucoup d’autres. Or, en venant, dans le TGV, je suis tombé sur un article du monde qui titrait: “Famine au Niger, nous sommes tous responsables: Kofi Annan” Qu’est-ce qui a changé? Cela fait déjà quarante ans qu’on parle du problème. Des tonnes de papiers ont été écrites sur le sujet. Des films, des magazines, etc., en ont parlé. J’ai même l’impression que la situation s’est plutôt aggravée.
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: Merci. Jean-Luc va nous proposer une approche radica-
G É R A R D , Consultant: Lorsque Anne-Marie m’a demandé de faire une intervention sur les valeurs humaines, il m’est venu une image. Alors que j’étais petit, cela fait déjà quarante ans, on nous avait projeté, à l’école, des images de petits Noirs du Niger avec de gros ventres. Ma première réaction avait été de vendre ma collection de timbres et de faire un don, comme beaucoup d’autres. Or, en venant, dans le TGV, je suis tombé sur un article du monde qui titrait: “Famine au Niger, nous sommes tous responsables: Kofi Annan” Qu’est-ce qui a changé? Cela fait déjà quarante ans qu’on parle du problème. Des tonnes de papiers ont été écrites sur le sujet. Des films, des magazines, etc., en ont parlé. J’ai même l’impression que la situation s’est plutôt aggravée.
J E A N - L U C
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S A C Q U E T
lement différente. (Rires.)
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J E A N - L U C
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Je me suis donc posé des questions : nous sommes-nous adressés aux bons acteurs pour faire changer les choses ? Et avons-nous mis des dynamiques en place pour faire changer dans le bon sens puisque, apparemment, cela n’a pas marché ? Comme dit un proverbe que j’aime beaucoup: “Les imbéciles font toujours les mêmes erreurs, les intelligents en font toujours de nouvelles”. (Rires.)
Je me suis donc posé des questions : nous sommes-nous adressés aux bons acteurs pour faire changer les choses ? Et avons-nous mis des dynamiques en place pour faire changer dans le bon sens puisque, apparemment, cela n’a pas marché ? Comme dit un proverbe que j’aime beaucoup: “Les imbéciles font toujours les mêmes erreurs, les intelligents en font toujours de nouvelles”. (Rires.)
Quelle est la valeur la plus vendue dans le monde ? C’est l’argent. Quel est le produit le plus vendu dans le monde ? C’est le dollar.
Quelle est la valeur la plus vendue dans le monde ? C’est l’argent. Quel est le produit le plus vendu dans le monde ? C’est le dollar.
Que signifie l’argent ? Quelle évolution depuis la Seconde Guerre ? Nous avons parlé du culturel. Qu’en est-il de l’économique ? Deux phénomènes très intéressants sont à noter. Le premier est que, dans le Nord, nous retrouvons des populations qui vieillissent, qui ont de l’argent. Or, il faut financer les retraites parce que nous n’avons plus les jeunes pour les financer. Il faut donc de l’argent.
Que signifie l’argent ? Quelle évolution depuis la Seconde Guerre ? Nous avons parlé du culturel. Qu’en est-il de l’économique ? Deux phénomènes très intéressants sont à noter. Le premier est que, dans le Nord, nous retrouvons des populations qui vieillissent, qui ont de l’argent. Or, il faut financer les retraites parce que nous n’avons plus les jeunes pour les financer. Il faut donc de l’argent.
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Et avons-nous mis des dynamiques en place pour faire changer dans le bon sens”
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Pour vous donner un ordre d’idée, il se place dans ce que j’appellerai les “caisses de pension” ou “l’épargne retraite”, 12 millions de dollars toutes les cinq minutes. À la fin de mon intervention, 12 millions de dollars de plus seront tombés dans la caisse des épargnes retraite. Vendredi prochain, ce sera 24 milliards de dollars dans la caisse des retraites, dans le monde ! Actuellement, 30 000 milliards de dollars se promènent autour de la planète. Que cherchent-ils ? Le rendement. Parmi les gestionnaires de cet argent 99,99 % ne prennent en compte aucune autre valeur que les valeurs financières, et cet argent représente un énorme pouvoir.
Pour vous donner un ordre d’idée, il se place dans ce que j’appellerai les “caisses de pension” ou “l’épargne retraite”, 12 millions de dollars toutes les cinq minutes. À la fin de mon intervention, 12 millions de dollars de plus seront tombés dans la caisse des épargnes retraite. Vendredi prochain, ce sera 24 milliards de dollars dans la caisse des retraites, dans le monde ! Actuellement, 30 000 milliards de dollars se promènent autour de la planète. Que cherchent-ils ? Le rendement. Parmi les gestionnaires de cet argent 99,99 % ne prennent en compte aucune autre valeur que les valeurs financières, et cet argent représente un énorme pouvoir.
D’où un effet de feed-back positif et une chaîne de feed-backs positifs.
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Démonstration pour exemple Jean-Luc souffle une première fois dans un ballon bleu représentant la planète terre :
Démonstration pour exemple Jean-Luc souffle une première fois dans un ballon bleu représentant la planète terre :
Premier feed-back positif dans les systèmes sociaux bio-culturels dans lesquels nous vivons (la planète, les écosystèmes, le social, l’économique): Surpopulation. (JeanLuc souffle une seconde fois) surconsommation. (Rires) ( Jean-Luc souffle une troisième fois) Ici, c’est l’hypertrophie financière. (Rires)
Premier feed-back positif dans les systèmes sociaux bio-culturels dans lesquels nous vivons (la planète, les écosystèmes, le social, l’économique): Surpopulation. (JeanLuc souffle une seconde fois) surconsommation. (Rires) ( Jean-Luc souffle une troisième fois) Ici, c’est l’hypertrophie financière. (Rires)
De temps en temps, il faut faire des feed-back négatifs pour dégonfler le système et permettre de vivre de façon conviviale. ( Jean-Luc dégonfle un peu le ballon) (Rires et applaudissements.)
De temps en temps, il faut faire des feed-back négatifs pour dégonfler le système et permettre de vivre de façon conviviale. ( Jean-Luc dégonfle un peu le ballon) (Rires et applaudissements.)
Deuxième phénomène très intéressant : en 1970, les Trans National Corporation (TNC) multinationales, en français réalisaient 30 % du commerce mondial. Aujourd’hui, elles en réalisent 70 %. C’est la concentration du commerce, l’émergence par des fusions à répétition d’oligopoles extrêmement puissants.
Deuxième phénomène très intéressant : en 1970, les Trans National Corporation (TNC) multinationales, en français réalisaient 30 % du commerce mondial. Aujourd’hui, elles en réalisent 70 %. C’est la concentration du commerce, l’émergence par des fusions à répétition d’oligopoles extrêmement puissants.
Prenons les marchés de l’alimentaire, de la pharmacie, des pesticides, des engrais. Les dix plus grandes compagnies dans le monde maîtrisent déjà plus de 50 % du marché (entre 50 % et 60 % selon les marchés).
Prenons les marchés de l’alimentaire, de la pharmacie, des pesticides, des engrais. Les dix plus grandes compagnies dans le monde maîtrisent déjà plus de 50 % du marché (entre 50 % et 60 % selon les marchés).
Dix compagnies mondiales maîtrisent, sur le marché mondial, plus de la moitié des marchés, ce qui signifie une énorme concentration de forces et de pouvoir. Elles décident de délocaliser, de mettre sur le marchés des produits durables ou non, de faire des investissements à tels endroits, de financer le barrage des Trois Gorges, etc. Je n’entrerai pas dans le détail. Sur quoi débouche la combinaison de ces deux phénomènes, vieillissement des populations et émergence d’oligarchie ? – Premièrement, la richesse des caisses de pension est très inégalement répartie dans le monde. Six pays détiennent 90 % de l’épargne retraite dans le monde. – Deuxièmement, les caisses de pension sont devenues les propriétaires des économies nationales. Les caisses de pension globales, dans le monde, américaines, françaises, etc., possèdent déjà 66 % du Standard and Poor’s (ce sont des actions, la force économique de l’Amérique), 33 % du Footsie en Grande-Bretagne) et 25 % en Suisse. En ce qui concerne la France, c’est un peu particulier. Nous voyons bien que les économies nationales sont possédées par des fonds de pension qui recherchent en première ligne le profit à court terme et concentrent les capitaux dans les TNC.
En 1970, les multinationales, réalisaient 30 % du commerce mondial. Aujourd’hui, elles en réalisent 70 %”
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D’où un effet de feed-back positif et une chaîne de feed-backs positifs.
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Dix compagnies mondiales maîtrisent, sur le marché mondial, plus de la moitié des marchés, ce qui signifie une énorme concentration de forces et de pouvoir. Elles décident de délocaliser, de mettre sur le marchés des produits durables ou non, de faire des investissements à tels endroits, de financer le barrage des Trois Gorges, etc. Je n’entrerai pas dans le détail. Sur quoi débouche la combinaison de ces deux phénomènes, vieillissement des populations et émergence d’oligarchie ? – Premièrement, la richesse des caisses de pension est très inégalement répartie dans le monde. Six pays détiennent 90 % de l’épargne retraite dans le monde. – Deuxièmement, les caisses de pension sont devenues les propriétaires des économies nationales. Les caisses de pension globales, dans le monde, américaines, françaises, etc., possèdent déjà 66 % du Standard and Poor’s (ce sont des actions, la force économique de l’Amérique), 33 % du Footsie en Grande-Bretagne) et 25 % en Suisse. En ce qui concerne la France, c’est un peu particulier. Nous voyons bien que les économies nationales sont possédées par des fonds de pension qui recherchent en première ligne le profit à court terme et concentrent les capitaux dans les TNC.
En 1970, les multinationales, réalisaient 30 % du commerce mondial. Aujourd’hui, elles en réalisent 70 %”
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J’ai parlé du déséquilibre Nord/Sud. Quels effets cela a-t-il sur les valeurs ? Nous avons un monde au Nord âgé, qui a beaucoup d’argent et qui a besoin de beaucoup de soins, et un monde au Sud avec des jeunes, pauvres et qui n’ont pas accès aux soins. C’est ce que j’appelle le “syndrome des jumeaux”. Lorsqu’une femme est enceinte de jumeaux, souvent il y en a un qui grandit bien et l’autre… C’est ce qui se passe actuellement dans l’économie.
J’ai parlé du déséquilibre Nord/Sud. Quels effets cela a-t-il sur les valeurs ? Nous avons un monde au Nord âgé, qui a beaucoup d’argent et qui a besoin de beaucoup de soins, et un monde au Sud avec des jeunes, pauvres et qui n’ont pas accès aux soins. C’est ce que j’appelle le “syndrome des jumeaux”. Lorsqu’une femme est enceinte de jumeaux, souvent il y en a un qui grandit bien et l’autre… C’est ce qui se passe actuellement dans l’économie.
Prenons l’exemple concret de Big Pharma. Comment fonctionne la pression des investisseurs sur la pharmacie (return on investment) ? Que font-ils ? Regardons cela dans le pipeline des entreprises pharmaceutiques. Nous prenons donc les quinze plus grandes entreprises pharmaceutiques dans le monde et nous regardons quel type de produits elles développent. Les quinze développent des produits relatifs au cancer. Les quinze développent également des produits relatifs à la dépression. Quatorze développent des produits relatifs à Alzheimer et treize des produits relatifs aux maladies cardio-vasculaires. Deux développent des produits sur la tuberculose, une des produits contre la malaria !
Prenons l’exemple concret de Big Pharma. Comment fonctionne la pression des investisseurs sur la pharmacie (return on investment) ? Que font-ils ? Regardons cela dans le pipeline des entreprises pharmaceutiques. Nous prenons donc les quinze plus grandes entreprises pharmaceutiques dans le monde et nous regardons quel type de produits elles développent. Les quinze développent des produits relatifs au cancer. Les quinze développent également des produits relatifs à la dépression. Quatorze développent des produits relatifs à Alzheimer et treize des produits relatifs aux maladies cardio-vasculaires. Deux développent des produits sur la tuberculose, une des produits contre la malaria !
Qu’est-ce que cela signifie? Grâce à la “mal-bouffe”, à notre stress, l’allongement de la durée de vie etc., nous sommes en train de permettre aux sociétés pharmaceutiques de gonfler leurs budgets publicité et de faire des profits, pendant que les millions de tuberculeux et tous ceux qui souffrent de la malaria n’ont pas accès aux systèmes de soins!
Qu’est-ce que cela signifie? Grâce à la “mal-bouffe”, à notre stress, l’allongement de la durée de vie etc., nous sommes en train de permettre aux sociétés pharmaceutiques de gonfler leurs budgets publicité et de faire des profits, pendant que les millions de tuberculeux et tous ceux qui souffrent de la malaria n’ont pas accès aux systèmes de soins!
Cela pose un problème À qui appartient tout cet argent ? de valeur qui se traduit par la puissance de l’argent sur les À nous ! C’est notre argent. Il faut décisions prises dans les cendonc se réapproprier ce pouvoir” tres de pouvoir par les managers ou des gestionnaires de fortune. Qui décide ? Des banques qui sont également très concentrées. Les dix plus grandes banques décident où les investissements seront dirigés, si l’on va investir dans les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, etc.
Cela pose un problème À qui appartient tout cet argent ? de valeur qui se traduit par la puissance de l’argent sur les À nous ! C’est notre argent. Il faut décisions prises dans les cendonc se réapproprier ce pouvoir” tres de pouvoir par les managers ou des gestionnaires de fortune. Qui décide ? Des banques qui sont également très concentrées. Les dix plus grandes banques décident où les investissements seront dirigés, si l’on va investir dans les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, etc.
J’ai un peu regardé les programmes de l’UNEP, du Comité 21 et je n’y ai pas retrouvé le mot “finance”. J’ai vu “textile”, tout ce que l’on veut, mais on ne parle jamais de la finance… Or, c’est là que se trouve le pouvoir.
J’ai un peu regardé les programmes de l’UNEP, du Comité 21 et je n’y ai pas retrouvé le mot “finance”. J’ai vu “textile”, tout ce que l’on veut, mais on ne parle jamais de la finance… Or, c’est là que se trouve le pouvoir.
Nous avons eu pas mal de mauvaises nouvelles, il faut tout de même en donner une bonne… À qui appartient tout cet argent ? À nous ! C’est notre argent. Il faut donc se réapproprier ce pouvoir. Il y a plusieurs idées. Pour cela, on peut penser à des labels. Il en existe bien pour le chocolat, les bananes, les salades, le lait bio, etc. Or, le produit le plus vendu dans le monde n’a pas de label !
Nous avons eu pas mal de mauvaises nouvelles, il faut tout de même en donner une bonne… À qui appartient tout cet argent ? À nous ! C’est notre argent. Il faut donc se réapproprier ce pouvoir. Il y a plusieurs idées. Pour cela, on peut penser à des labels. Il en existe bien pour le chocolat, les bananes, les salades, le lait bio, etc. Or, le produit le plus vendu dans le monde n’a pas de label !
Nous devons nous réapproprier ce pouvoir de l’argent et demander des comptes à ces gens-là. Il y a le label éthique, les fonds ISR, mais c’est un peu flou. Il n’y a aucun standarts (au contraire des produits bios) sur les critères employés par ces placements. Nous avons donc toute une réflexion à mener sur la façon dont nous pouvons nous réapproprier ce pouvoir. Sinon, si nous ne faisons pas un feed-back négatif, c’est-àdire en arrêtant de courir après l’argent, après le “toujours plus”, dans la suite logique des feed-backs positifs, vous pouvez imaginer ce qui arrivera au ballon…
Nous devons nous réapproprier ce pouvoir de l’argent et demander des comptes à ces gens-là. Il y a le label éthique, les fonds ISR, mais c’est un peu flou. Il n’y a aucun standarts (au contraire des produits bios) sur les critères employés par ces placements. Nous avons donc toute une réflexion à mener sur la façon dont nous pouvons nous réapproprier ce pouvoir. Sinon, si nous ne faisons pas un feed-back négatif, c’est-àdire en arrêtant de courir après l’argent, après le “toujours plus”, dans la suite logique des feed-backs positifs, vous pouvez imaginer ce qui arrivera au ballon…
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
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S A C Q U E T : Merci, Jean-Luc. Nous avons eu un croisement introductif très créatif de la notion de valeur. Le débat est ouvert.
S A C Q U E T : Merci, Jean-Luc. Nous avons eu un croisement introductif très créatif de la notion de valeur. Le débat est ouvert.
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: Il est bien d’avoir abordé cette notion de finances et de pouvoir de l’argent qu’on a tendance à oublier. Dans les milieux dans lesquels nous nous rencontrons, nous avons tendance à ne pas en parler. Ensuite, sur la façon de se réapproprier cet argent, c’est une bonne question.
I N T E R V E N A N T E
P A S C A L
D U B O I S
Jonas nous a donné la réponse. Trop souvent, on oublie le principe de
responsabilité.
Nous sommes tous tributaires de systèmes bancaires. Mais qui dans la salle demande des comptes à sa banque ?”
Ce qui est catastrophique, à mon sens, dans le développement durable, c’est qu’on ne parle plus du tout de ce principe. On nous parle du principe de précaution, du principe de modération, du principe de citoyenneté, mais plus personne ne met en avant le principe de responsabilité. Ne serait-il pas temps que nous soyons un peu plus militants sur ce point ?
Nous sommes tous tributaires de systèmes bancaires. Mais qui dans la salle demande des comptes à sa banque ? A N N E - M A R I E P A T R I C K
S A C Q U E T
: Patrick ?
V I D L O E C H E R : Comment faire ? C’est le bon débat. Sur le principe de responsabilité, tout à l’heure vous avez parlé de la démocratie. Il ne faut pas, à mon avis, aller soit au “tout vers l’individu” soit au “tout vers le collectif”. Nous le savons bien. Il faut respecter des valeurs dites individuelles. Il y a aussi des droits collectifs. Mais il faut savoir dans quel système et dans quelle organisation on se place.
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P A S C A L
D U B O I S
Jonas nous a donné la réponse. Trop souvent, on oublie le principe de
responsabilité.
Nous sommes tous tributaires de systèmes bancaires. Mais qui dans la salle demande des comptes à sa banque ?”
Ce qui est catastrophique, à mon sens, dans le développement durable, c’est qu’on ne parle plus du tout de ce principe. On nous parle du principe de précaution, du principe de modération, du principe de citoyenneté, mais plus personne ne met en avant le principe de responsabilité. Ne serait-il pas temps que nous soyons un peu plus militants sur ce point ?
Nous sommes tous tributaires de systèmes bancaires. Mais qui dans la salle demande des comptes à sa banque ? A N N E - M A R I E P A T R I C K
S A C Q U E T
: Patrick ?
V I D L O E C H E R : Comment faire ? C’est le bon débat. Sur le principe de responsabilité, tout à l’heure vous avez parlé de la démocratie. Il ne faut pas, à mon avis, aller soit au “tout vers l’individu” soit au “tout vers le collectif”. Nous le savons bien. Il faut respecter des valeurs dites individuelles. Il y a aussi des droits collectifs. Mais il faut savoir dans quel système et dans quelle organisation on se place.
Je ne cherche pas à faire la promotion des valeurs occidentales ou des valeurs judéo-chrétiennes, mais j’ai une conviction forte : la démocratie représentative et participative – nous savons bien qu’il y a un équilibre à tenir est le socle sur lequel on peut exercer le principe de responsabilité.
Parler du principe de responsabilité… Comment devons-nous nous organiser? Nous n’allons pas faire des happenings toute la sainte journée ! Cela pose le problème des modes de décision, des arbitrages, de la légitimité et finalement du “un homme/un vote”.
Parler du principe de responsabilité… Comment devons-nous nous organiser? Nous n’allons pas faire des happenings toute la sainte journée ! Cela pose le problème des modes de décision, des arbitrages, de la légitimité et finalement du “un homme/un vote”.
Il faut se poser la question. Si notre démocratie ne nous intéresse plus, c’est peutêtre là qu’on doit agir. Il faut revitaliser le système démocratique représentatif. J’insiste sur ce point car, s’il n’est pas représentatif, c’est ceux qui possèdent les chaînes de télé qui feront les résultats des élections.
Il faut se poser la question. Si notre démocratie ne nous intéresse plus, c’est peutêtre là qu’on doit agir. Il faut revitaliser le système démocratique représentatif. J’insiste sur ce point car, s’il n’est pas représentatif, c’est ceux qui possèdent les chaînes de télé qui feront les résultats des élections.
Il faut redonner du pouvoir, c’est la notion de représentation d’un grand nombre d’individus par un petit nombre d’individus sous contrôle, ce qui n’exclut pas des contacts, des explications de la participation. Nous devons nous poser la question de notre organisation socio-politique.
Il faut redonner du pouvoir, c’est la notion de représentation d’un grand nombre d’individus par un petit nombre d’individus sous contrôle, ce qui n’exclut pas des contacts, des explications de la participation. Nous devons nous poser la question de notre organisation socio-politique.
S A C Q U E T
: Ce qui n’empêche par la responsabilité individuelle.
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
: Bien sûr, mais s’il s’agit de corriger les excès financiers, elle pourra s’exercer par un pouvoir démocratique légitime, pas par la rue.
L ’ I N T E R V E N A N T
I N T E R V E N A N T : Le problème est que beaucoup de politiciens ont oublié les sens originaux, venant du grec, de “politique” et de “démocratie”. En tant que jeune conseiller régional, j’ai fait de la politique, mais de la “vraie” politique. Je n’avais pas de parti, je n’étais pas politicien, je faisais de la politique ! Cela consistait à dire ce que je pensais de la cité, à voir ce que les gens autour de moi en pensaient, à discuter avec
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: Ce qui n’empêche par la responsabilité individuelle.
: Bien sûr, mais s’il s’agit de corriger les excès financiers, elle pourra s’exercer par un pouvoir démocratique légitime, pas par la rue.
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: Il est bien d’avoir abordé cette notion de finances et de pouvoir de l’argent qu’on a tendance à oublier. Dans les milieux dans lesquels nous nous rencontrons, nous avons tendance à ne pas en parler. Ensuite, sur la façon de se réapproprier cet argent, c’est une bonne question.
I N T E R V E N A N T E
Je ne cherche pas à faire la promotion des valeurs occidentales ou des valeurs judéo-chrétiennes, mais j’ai une conviction forte : la démocratie représentative et participative – nous savons bien qu’il y a un équilibre à tenir est le socle sur lequel on peut exercer le principe de responsabilité.
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I N T E R V E N A N T : Le problème est que beaucoup de politiciens ont oublié les sens originaux, venant du grec, de “politique” et de “démocratie”. En tant que jeune conseiller régional, j’ai fait de la politique, mais de la “vraie” politique. Je n’avais pas de parti, je n’étais pas politicien, je faisais de la politique ! Cela consistait à dire ce que je pensais de la cité, à voir ce que les gens autour de moi en pensaient, à discuter avec
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eux de notre région, etc. Il faut arrêter de dire : “Moi je pense cela. Donc il faut faire cela.” La question est : “Que pense la majorité ? Que pense le peuple ? Cela a été totalement oublié par ceux qui sont en haut, peut-être pas les maires, bien que certains l’aient également oublié. En tout cas, plus on monte, plus on l’oublie…
eux de notre région, etc. Il faut arrêter de dire : “Moi je pense cela. Donc il faut faire cela.” La question est : “Que pense la majorité ? Que pense le peuple ? Cela a été totalement oublié par ceux qui sont en haut, peut-être pas les maires, bien que certains l’aient également oublié. En tout cas, plus on monte, plus on l’oublie…
C’est l’impression que j’ai en discutant avec les gens ici, comme avec beaucoup d’autres dans la rue.
C’est l’impression que j’ai en discutant avec les gens ici, comme avec beaucoup d’autres dans la rue.
S A C Q U E T : Quelles sont, selon toi, les valeurs qui permettent de passer du “politicien” au “politique” ? Par exemple, quelles sont les valeurs sur lesquelles, au Conseil régional des jeunes, vous vous appuyez pour faire des propositions ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Quelles sont, selon toi, les valeurs qui permettent de passer du “politicien” au “politique” ? Par exemple, quelles sont les valeurs sur lesquelles, au Conseil régional des jeunes, vous vous appuyez pour faire des propositions ?
: C’est déjà ce que nous entendons autour de nous, ce que les gens nous disent. Nous avons tous discuté dans nos lycées ; nous n’avons pas entrepris de choses qui soient venues uniquement de notre propre réflexion. Nous avons réfléchi, commencé à donner des axes ; puis nous avons fait des questionnaires, nous en avons parlé autour de nous pour voir ce que tout le monde pensait, pas seulement nous.
L ’ I N T E R V E N A N T
A N N E - M A R I E
: C’est déjà ce que nous entendons autour de nous, ce que les gens nous disent. Nous avons tous discuté dans nos lycées ; nous n’avons pas entrepris de choses qui soient venues uniquement de notre propre réflexion. Nous avons réfléchi, commencé à donner des axes ; puis nous avons fait des questionnaires, nous en avons parlé autour de nous pour voir ce que tout le monde pensait, pas seulement nous.
L ’ I N T E R V E N A N T
Si nous sommes jeunes conseillers régionaux, c’est que nous sommes intéressés, c’est que nous avons envie de bouger et d’agir. Mais nous ne sommes pas forcément représentatifs, nous représentons seulement une part. C’est la part qui se fait oublier, celle qui ne dit rien ou qui dit : “Moi, je ne peux rien faire” qu’il faut interroger ; il faut lui montrer qu’elle peut faire quelque chose. Il faut le rappeler aux gens. Il faut rappeler à ceux-là qui ont oublié qu’ils faisaient partie du peuple, qu’ils avaient leurs voix, qu’ils ont le droit de dire et le pouvoir de faire. Malheureusement, nous avons un Premier ministre qui a dit récemment: “Ce n’est pas le peuple qui nous fera changer de position”. A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
Si nous sommes jeunes conseillers régionaux, c’est que nous sommes intéressés, c’est que nous avons envie de bouger et d’agir. Mais nous ne sommes pas forcément représentatifs, nous représentons seulement une part. C’est la part qui se fait oublier, celle qui ne dit rien ou qui dit : “Moi, je ne peux rien faire” qu’il faut interroger ; il faut lui montrer qu’elle peut faire quelque chose. Il faut le rappeler aux gens. Il faut rappeler à ceux-là qui ont oublié qu’ils faisaient partie du peuple, qu’ils avaient leurs voix, qu’ils ont le droit de dire et le pouvoir de faire. Malheureusement, nous avons un Premier ministre qui a dit récemment: “Ce n’est pas le peuple qui nous fera changer de position”.
: Jean-Charles ?
A N N E - M A R I E
L A R D I C : J’entends : discussion, écoute… Nous constituons un univers qui a vocation à débattre en son sein et sans doute à s’ouvrir aux autres.
“
Cela consiste à donner des recettes ou à poser des interrogations (comment faire ?) mais on ne va pas, dans les définitions du développement durable, jusqu’à dire pourquoi on aurait envie de changer. Soit, on a beaucoup hypertrophié la notion de peur : il faut changer pour sauver sa peau. Mais, en termes de communication sur le développement durable, on n’insiste pas sur des aspirations positives qui peuvent donner envie de changer.
Il faut changer pour sauver sa peau, on n’insiste pas sur des aspirations positives qui peuvent donner envie de changer”
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Il faut voir si ces aspirations positives peuvent être partagées à l’échelle mondiale, si nous pouvons trouver un socle commun de valeurs qui puissent être à la fois individuelles et collectives. J’ai l’impression que nous pouvons en trouver. C’est le premier point que je voudrais développer.
En outre, j’ai le sentiment que ces valeurs, quoi qu’on en dise, ne sont pas “ringardes” et peuvent se retrouver dans l’évolution sociétale actuelle.
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: Jean-Charles ?
L A R D I C : J’entends : discussion, écoute… Nous constituons un univers qui a vocation à débattre en son sein et sans doute à s’ouvrir aux autres.
J E A N - C H A R L E S
Pour revenir au débat sur les valeurs, même si je fais un peu de philosophie et sans vouloir entrer dans le débat des valeurs occidentales et orientales, j’ai envie de lâcher le mot de “fraternité” et de mettre un peu les pieds dans le plat en disant que, dans le développement durable, on tourne autour du pot, on fait du catastrophisme… Le développement durable, c’est dire qu’on va dans le mur si on fait rien.
S A C Q U E T
J E A N - C H A R L E S
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Pour revenir au débat sur les valeurs, même si je fais un peu de philosophie et sans vouloir entrer dans le débat des valeurs occidentales et orientales, j’ai envie de lâcher le mot de “fraternité” et de mettre un peu les pieds dans le plat en disant que, dans le développement durable, on tourne autour du pot, on fait du catastrophisme… Le développement durable, c’est dire qu’on va dans le mur si on fait rien. Cela consiste à donner des recettes ou à poser des interrogations (comment faire ?) mais on ne va pas, dans les définitions du développement durable, jusqu’à dire pourquoi on aurait envie de changer. Soit, on a beaucoup hypertrophié la notion de peur : il faut changer pour sauver sa peau. Mais, en termes de communication sur le développement durable, on n’insiste pas sur des aspirations positives qui peuvent donner envie de changer.
Il faut changer pour sauver sa peau, on n’insiste pas sur des aspirations positives qui peuvent donner envie de changer”
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Il faut voir si ces aspirations positives peuvent être partagées à l’échelle mondiale, si nous pouvons trouver un socle commun de valeurs qui puissent être à la fois individuelles et collectives. J’ai l’impression que nous pouvons en trouver. C’est le premier point que je voudrais développer.
En outre, j’ai le sentiment que ces valeurs, quoi qu’on en dise, ne sont pas “ringardes” et peuvent se retrouver dans l’évolution sociétale actuelle.
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La fraternité… Cela fait Cette notion d’individualisme penser à la responsabilité et de plaisir n’est pas très éloignée que nous avons vis-à-vis de celle d’épanouissement des gens qui sont autour de nous, plus ou moins loin. personnel et d’estime de soi” Cela fait penser également à la solidarité, au respect de l’autre. On emploie assez peu cela dans le développement durable, pourtant cela se rattache directement aux principes… […]
La fraternité… Cela fait Cette notion d’individualisme penser à la responsabilité et de plaisir n’est pas très éloignée que nous avons vis-à-vis de celle d’épanouissement des gens qui sont autour de nous, plus ou moins loin. personnel et d’estime de soi” Cela fait penser également à la solidarité, au respect de l’autre. On emploie assez peu cela dans le développement durable, pourtant cela se rattache directement aux principes… […]
Ces valeurs en tout cas induisent directement les principes du développement durable.
Ces valeurs en tout cas induisent directement les principes du développement durable.
La responsabilité débouche sur le principe de précaution, sur l’évaluation. Le respect de l’autre, cela signifie qu’on ne peut pas imposer des solutions à l’autre. Nous retrouvons les notions de gouvernance, de solidarité et d’équité.
La responsabilité débouche sur le principe de précaution, sur l’évaluation. Le respect de l’autre, cela signifie qu’on ne peut pas imposer des solutions à l’autre. Nous retrouvons les notions de gouvernance, de solidarité et d’équité.
Toutes ces valeurs qui sont assez occidentales dans leur formulation, à supposer qu’elles soient acceptables, sont-elles acceptées ou en voie d’acceptation compte tenu du contexte actuel dans lequel on a plutôt tendance à parler de montée des individualismes et de perte du sens du devoir ? On extrapole un peu en parlant d’une montée des égoïsmes. Sur ce point, je m’interroge, car cette montée de l’individualisme, en fait, s’accompagne également d’une montée de l’hédonisme, du besoin de plaisir.
Toutes ces valeurs qui sont assez occidentales dans leur formulation, à supposer qu’elles soient acceptables, sont-elles acceptées ou en voie d’acceptation compte tenu du contexte actuel dans lequel on a plutôt tendance à parler de montée des individualismes et de perte du sens du devoir ? On extrapole un peu en parlant d’une montée des égoïsmes. Sur ce point, je m’interroge, car cette montée de l’individualisme, en fait, s’accompagne également d’une montée de l’hédonisme, du besoin de plaisir.
Or je suis certainement optimiste et idéaliste, cette notion d’individualisme et de plaisir n’est pas très éloignée de celle d’épanouissement personnel et d’estime de soi. Vous voyez où je veux en venir dans une société dans laquelle nous sommes tous interdépendants… On peut penser finalement que se sentir bien individuellement, c’est se sentir bien avec les autres. Effectivement, ces valeurs peuvent permettre de “s’éclater”, si je peux me permettre d’employer un vocabulaire qui n’est plus tout à fait de mon âge – malheureusement, mais Pierre Radanne avait commencé hier et d’autres l’ont fait ensuite. Le développement durable, s’il ose appeler “un chat un chat”, s’il ose parler d’“amour universel”, permettra de “s’éclater”. Je pense que le terrain sera là, dans cette recherche qui a une part individuelle.
Or je suis certainement optimiste et idéaliste, cette notion d’individualisme et de plaisir n’est pas très éloignée de celle d’épanouissement personnel et d’estime de soi. Vous voyez où je veux en venir dans une société dans laquelle nous sommes tous interdépendants… On peut penser finalement que se sentir bien individuellement, c’est se sentir bien avec les autres. Effectivement, ces valeurs peuvent permettre de “s’éclater”, si je peux me permettre d’employer un vocabulaire qui n’est plus tout à fait de mon âge – malheureusement, mais Pierre Radanne avait commencé hier et d’autres l’ont fait ensuite. Le développement durable, s’il ose appeler “un chat un chat”, s’il ose parler d’“amour universel”, permettra de “s’éclater”. Je pense que le terrain sera là, dans cette recherche qui a une part individuelle.
Cerise sur le gâteau… Nous avons également parlé de complexité. Une autre valeur vient se greffer ; c’est la complexité. Il n’y a pas de modèle unique, nous ne sommes pas non plus encore dans un contexte de restriction absolue. Après tout, sur trois planètes, il faut en économiser deux. On peut penser que la technologie permettra d’en économiser une part. Nous ne sommes pas dans un système unique dans lequel il faut absolument tout diviser par dix. Nous avons chacun une marge de manœuvre. Ainsi, une notion de liberté, de libre-arbitre réapparaît tout naturellement. C’est une valeur extrêmement porteuse d’optimisme pour l’avenir. Il faut débattre du modèle et voir comment ce modèle peut s’allier à d’autres modèles.
Cerise sur le gâteau… Nous avons également parlé de complexité. Une autre valeur vient se greffer ; c’est la complexité. Il n’y a pas de modèle unique, nous ne sommes pas non plus encore dans un contexte de restriction absolue. Après tout, sur trois planètes, il faut en économiser deux. On peut penser que la technologie permettra d’en économiser une part. Nous ne sommes pas dans un système unique dans lequel il faut absolument tout diviser par dix. Nous avons chacun une marge de manœuvre. Ainsi, une notion de liberté, de libre-arbitre réapparaît tout naturellement. C’est une valeur extrêmement porteuse d’optimisme pour l’avenir. Il faut débattre du modèle et voir comment ce modèle peut s’allier à d’autres modèles.
S A C Q U E T : Je reviens sur cette valeur de la fraternité. Pouvons-nous considérer que cette valeur est universelles ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Je reviens sur cette valeur de la fraternité. Pouvons-nous considérer que cette valeur est universelles ?
: On parle volontiers de valeurs occidentales et de valeurs orientales. Dans les valeurs occidentales, il n’y a pas une seule valeur et un seul moteur, en particulier si nous parlons de liberté et de fraternité. Ce n’est pas la même chose suivant les continents.
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: On parle volontiers de valeurs occidentales et de valeurs orientales. Dans les valeurs occidentales, il n’y a pas une seule valeur et un seul moteur, en particulier si nous parlons de liberté et de fraternité. Ce n’est pas la même chose suivant les continents.
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Je vous invite d’ailleurs à lire le livre d’un Américain, Jeremy Rifkin, professeur en Pennsylvanie, dont le titre est “Le rêve européen”. Le rêve européen n’est-il pas en train de détrôner le rêve américain ? Et il est américain !
Je vous invite d’ailleurs à lire le livre d’un Américain, Jeremy Rifkin, professeur en Pennsylvanie, dont le titre est “Le rêve européen”. Le rêve européen n’est-il pas en train de détrôner le rêve américain ? Et il est américain !
Il rappelle dans son livre quelques fondamentaux des valeurs européennes et américaines, en particulier sur la liberté et la sécurité. Le rêve américain, construit sur le principe que tout le monde peut arriver à ce qu’il veut pourvu qu’il en ait envie, sur le sol américain – ce n’est pas trop dit, mais c’est la suite, fonde la notion de liberté sur une liberté de l’individu. Or, comment l’individu est-il libre ? L’individu est libre s’il est autonome. Il ne faut pas qu’il dépende des autres. C’est la liberté pour un Américain. Il est d’autant plus libre, évidemment, qu’il a les moyens d’être libre. Et comment en a-t-il les moyens ? Par l’argent. La construction est assez simple et de là découle pour lui la notion de sécurité. Plus il a d’argent, plus il est capable de se défendre individuellement et d’être en sécurité.
Il rappelle dans son livre quelques fondamentaux des valeurs européennes et américaines, en particulier sur la liberté et la sécurité. Le rêve américain, construit sur le principe que tout le monde peut arriver à ce qu’il veut pourvu qu’il en ait envie, sur le sol américain – ce n’est pas trop dit, mais c’est la suite, fonde la notion de liberté sur une liberté de l’individu. Or, comment l’individu est-il libre ? L’individu est libre s’il est autonome. Il ne faut pas qu’il dépende des autres. C’est la liberté pour un Américain. Il est d’autant plus libre, évidemment, qu’il a les moyens d’être libre. Et comment en a-t-il les moyens ? Par l’argent. La construction est assez simple et de là découle pour lui la notion de sécurité. Plus il a d’argent, plus il est capable de se défendre individuellement et d’être en sécurité.
A contrario, il cite le rêve européen comme une recherche également de liberté et de sécurité, mais au travers de quelque chose de collectif. C’est la liberté des individus à communiquer entre eux et, ce faisant, l’atteinte d’une certaine sécurité pour chacun. Nous voyons que ce n’est pas du tout le même modèle.
A contrario, il cite le rêve européen comme une recherche également de liberté et de sécurité, mais au travers de quelque chose de collectif. C’est la liberté des individus à communiquer entre eux et, ce faisant, l’atteinte d’une certaine sécurité pour chacun. Nous voyons que ce n’est pas du tout le même modèle.
Ce rêve américain persiste aujourd’hui dans les décisions du peuple américain ou du gouvernement américain, bien que certains se posent des questions ; Jeremy Rifkin en est un exemple. Avant lui, d’autres se sont interrogés. Rifkin cite par exemple Robert Kennedy pour qui le PIB était une chose abominable, puisque plus on produit de napalm, plus le PIB augmente alors que, par contre, il ne mesure pas la façon dont les enfants sont scolarisés, dont l’école est organisée, dont la santé est prodiguée à ceux qui en ont besoin, etc.
Ce rêve américain persiste aujourd’hui dans les décisions du peuple américain ou du gouvernement américain, bien que certains se posent des questions ; Jeremy Rifkin en est un exemple. Avant lui, d’autres se sont interrogés. Rifkin cite par exemple Robert Kennedy pour qui le PIB était une chose abominable, puisque plus on produit de napalm, plus le PIB augmente alors que, par contre, il ne mesure pas la façon dont les enfants sont scolarisés, dont l’école est organisée, dont la santé est prodiguée à ceux qui en ont besoin, etc.
Nous voyons bien qu’en fait, il n’existe pas une notion “valeurs occidentales” monolithique. Il existe bien deux types de valeurs qui “s’affrontent”, entre guillemets, sur des terrains divers. Il explique notamment que les Américains ont tendance à intervenir à l’extérieur dès l’instant qu’il s’agit de protéger ce qu’ils considèrent comme leur liberté individuelle potentiellement en danger. Nous le voyons bien. Ils n’essayent pas de trouver un compromis, que Rifkin place plutôt dans les valeurs de type “européennes”.
Nous voyons bien qu’en fait, il n’existe pas une notion “valeurs occidentales” monolithique. Il existe bien deux types de valeurs qui “s’affrontent”, entre guillemets, sur des terrains divers. Il explique notamment que les Américains ont tendance à intervenir à l’extérieur dès l’instant qu’il s’agit de protéger ce qu’ils considèrent comme leur liberté individuelle potentiellement en danger. Nous le voyons bien. Ils n’essayent pas de trouver un compromis, que Rifkin place plutôt dans les valeurs de type “européennes”.
Je souhaitais simplement rapporter ces éléments qui me semblent fort pertinents, venant de quelqu’un dont je vous engage vivement à lire le livre. Celui-ci vient de sortir en français et se lit avec beaucoup de plaisir. Il est important de connaître cela en “background”.
Je souhaitais simplement rapporter ces éléments qui me semblent fort pertinents, venant de quelqu’un dont je vous engage vivement à lire le livre. Celui-ci vient de sortir en français et se lit avec beaucoup de plaisir. Il est important de connaître cela en “background”.
Dernier point, Rifkin cite très précisément le développement durable comme faisant partie du rêve européen.
Dernier point, Rifkin cite très précisément le développement durable comme faisant partie du rêve européen.
A N N E - M A R I E H E N R I
S A C Q U E T
: Henri, Gilles, Luc et Pierre-Frédéric.
A N N E - M A R I E
: Je souhaiterais revenir sur l’intervention de Jean-Luc et notamment sur un point qui lie les valeurs du développement durable et de la communication. C’est une question qu’il posait.
G A U C H O T T E
H E N R I
Cela concerne tout cet argent investi dans le monde. Nous savons qu’il y a les valeurs boursières, des fonds et des fonds de fonds. Je crois savoir qu’il y a davantage de fonds et de fonds de fonds que de valeurs unitaires boursières.
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S A C Q U E T
: Henri, Gilles, Luc et Pierre-Frédéric.
: Je souhaiterais revenir sur l’intervention de Jean-Luc et notamment sur un point qui lie les valeurs du développement durable et de la communication. C’est une question qu’il posait.
G A U C H O T T E
Cela concerne tout cet argent investi dans le monde. Nous savons qu’il y a les valeurs boursières, des fonds et des fonds de fonds. Je crois savoir qu’il y a davantage de fonds et de fonds de fonds que de valeurs unitaires boursières.
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Une des actions c’est une question que je pose, je n’en connais pas l’impact serait le jugement qui pourrait être porté sur des fonds ou des fonds de fonds quant à la nature des investissements qu’ils concernent. Nous avons pu assister à de grands mouvements aux États-Unis, notamment à l’égard de Nike, qui, à travers une sorte de lobbying, en expliquant comment étaient fabriqués tels et tels équipements, etc., avaient permis d’agir sur les entreprises en tant que telles.
Une des actions c’est une question que je pose, je n’en connais pas l’impact serait le jugement qui pourrait être porté sur des fonds ou des fonds de fonds quant à la nature des investissements qu’ils concernent. Nous avons pu assister à de grands mouvements aux États-Unis, notamment à l’égard de Nike, qui, à travers une sorte de lobbying, en expliquant comment étaient fabriqués tels et tels équipements, etc., avaient permis d’agir sur les entreprises en tant que telles.
Existe-t-il un système de cotation de valeurs des fonds ou des fonds de fonds de telle manière à donner une telle information au monde et à ceux qui investissent ? Si tel est le cas, que faudrait-il faire pour arriver à un effet de levier sur l’opinion publique (Exemple. : “Je ne savais pas qu’en investissant dans tel fonds, mon argent allait à telle entreprise, etc.”) ? N’est-il pas possible d’agir sur ces 99,99 % de masse financière, sachant que le reste correspond au 0,01 % des fonds éthiques, etc., pour que les consommateurs de la finance que nous sommes tous à titre individuel soient informés ?
Existe-t-il un système de cotation de valeurs des fonds ou des fonds de fonds de telle manière à donner une telle information au monde et à ceux qui investissent ? Si tel est le cas, que faudrait-il faire pour arriver à un effet de levier sur l’opinion publique (Exemple. : “Je ne savais pas qu’en investissant dans tel fonds, mon argent allait à telle entreprise, etc.”) ? N’est-il pas possible d’agir sur ces 99,99 % de masse financière, sachant que le reste correspond au 0,01 % des fonds éthiques, etc., pour que les consommateurs de la finance que nous sommes tous à titre individuel soient informés ?
G E R A R D : En fait, vous posez deux questions. La première est celle des fonds et des fonds de fonds ou des placements. Elle concerne la qualité du fonds ; c’est savoir s’il s’agit d’un fonds responsable, solidaire, etc. Je vous conseille de lire à ce sujet Ekwo. Ils ont fait un petit encart sur les fonds responsables en France et ils posent les questions principales. Il suffit de le lire.
J E A N - L U C
“
La deuxième est celle de l’“engagement”, comme le disent les Américains: cela signifie que les gens qui gèrent des fonds ont des droits. Ils sont propriétaires. Pour revenir sur la thématique qui a été amenée, je précise que George Bush a fait sa campagne autour de l’Ownership society. Cela signifie que les gens sont des propriétaires individuels, des actionnaires. Pour les Américains, un propriétaire, c’est avant tout un actionnaire.
Quel est le pouvoir de l’actionnaire et pouvons-nous agir sur les entreprises c’est ce dont il s’agit, sur les produits qu’elles fabriquent, sur la façon dont elles les produisent, dont elles traitent le tiers-monde ? Il s’agit d’agir, en tant que propriétaires des capitaux confiés à des tiers Cela débouche donc sur une (banques, assurances, OPCVM, épargne salariale…) sur ces dé-démocratisation de la société gens, de faire de l’engagement et c’est très difficile.
par le pouvoir de la finance, de l’assurance, des banques”
En Suisse, par exemple, il y a 3 millions d’habitants qui travaillent et dix personnes qui décident où sera investi l’argent et votent toujours dans le sens des actionnaires et du bureau du Conseil d’administration… Donc, pas de changement dans la société, pas de contestation, pas de prise du pouvoir.
Le phénomène le plus important de ce pouvoir par l’argent est que ce système confisque la parole à tous les autres. Il y a des gens qui décident ; ceux-là confisquent la parole à tous les autres et ils ne la prennent pas, notemment dans les asemblées générales pour défendre les « biens communs » comme les forêts tropicales, les poissons, la santé… Cela débouche donc sur une dé-démocratisation de la société par le pouvoir de la finance, de l’assurance, des banques qui ne critiquent pas le mode de développement non durable de l’industrie et qui la laisse faire. U N
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G E R A R D : En fait, vous posez deux questions. La première est celle des fonds et des fonds de fonds ou des placements. Elle concerne la qualité du fonds ; c’est savoir s’il s’agit d’un fonds responsable, solidaire, etc. Je vous conseille de lire à ce sujet Ekwo. Ils ont fait un petit encart sur les fonds responsables en France et ils posent les questions principales. Il suffit de le lire.
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La deuxième est celle de l’“engagement”, comme le disent les Américains: cela signifie que les gens qui gèrent des fonds ont des droits. Ils sont propriétaires. Pour revenir sur la thématique qui a été amenée, je précise que George Bush a fait sa campagne autour de l’Ownership society. Cela signifie que les gens sont des propriétaires individuels, des actionnaires. Pour les Américains, un propriétaire, c’est avant tout un actionnaire.
Quel est le pouvoir de l’actionnaire et pouvons-nous agir sur les entreprises c’est ce dont il s’agit, sur les produits qu’elles fabriquent, sur la façon dont elles les produisent, dont elles traitent le tiers-monde ? Il s’agit d’agir, en tant que propriétaires des capitaux confiés à des tiers Cela débouche donc sur une (banques, assurances, OPCVM, épargne salariale…) sur ces dé-démocratisation de la société gens, de faire de l’engagement et c’est très difficile.
par le pouvoir de la finance, de l’assurance, des banques”
: Existe-t-il un lobbying efficace ?
I N T E R V E N A N T : Il existe des lois sur la représentation des petits porteurs, qui commencent à être utilisées par les fonds éthiques.
En Suisse, par exemple, il y a 3 millions d’habitants qui travaillent et dix personnes qui décident où sera investi l’argent et votent toujours dans le sens des actionnaires et du bureau du Conseil d’administration… Donc, pas de changement dans la société, pas de contestation, pas de prise du pouvoir.
Le phénomène le plus important de ce pouvoir par l’argent est que ce système confisque la parole à tous les autres. Il y a des gens qui décident ; ceux-là confisquent la parole à tous les autres et ils ne la prennent pas, notemment dans les asemblées générales pour défendre les « biens communs » comme les forêts tropicales, les poissons, la santé… Cela débouche donc sur une dé-démocratisation de la société par le pouvoir de la finance, de l’assurance, des banques qui ne critiquent pas le mode de développement non durable de l’industrie et qui la laisse faire. U N
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: Existe-t-il un lobbying efficace ?
[…] Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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: Les actionnaires également peuvent se manifester.
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S A C Q U E T : Je pense que nous parlons de choses différentes. Nous avons à la fois des valeurs – nous avons parlé de valeur de fraternité et des moteurs d’action. On peut penser que, par exemple, la responsabilité qui me paraît être un élément extrêmement important est une valeur et un moteur.
I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T : Je pense que nous parlons de choses différentes. Nous avons à la fois des valeurs – nous avons parlé de valeur de fraternité et des moteurs d’action. On peut penser que, par exemple, la responsabilité qui me paraît être un élément extrêmement important est une valeur et un moteur.
A N N E - M A R I E
A N N E - M A R I E
Dans l’affaire Nike, me semble-t-il, ce qui a agi dans le boycott mené sous la pression d’associations d’ailleurs organisées en réseau, c’est d’avoir joué à la fois sur le renforcement de l’information – les ONG jouent un rôle important dans le renforcement des capacités des citoyens puisque leur premier rôle est de les informer. et sur l’élaboration de règles progressives, mais qui ne touchent qu’une part extrêmement marginale du milieu de la finance. Cela dit, ce n’est pas parce que le mouvement est marginal qu’il n’a pas de valeur, en ce sens que nous pouvons espérer le voir progresser. G I L L E S
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Dans l’affaire Nike, me semble-t-il, ce qui a agi dans le boycott mené sous la pression d’associations d’ailleurs organisées en réseau, c’est d’avoir joué à la fois sur le renforcement de l’information – les ONG jouent un rôle important dans le renforcement des capacités des citoyens puisque leur premier rôle est de les informer. et sur l’élaboration de règles progressives, mais qui ne touchent qu’une part extrêmement marginale du milieu de la finance. Cela dit, ce n’est pas parce que le mouvement est marginal qu’il n’a pas de valeur, en ce sens que nous pouvons espérer le voir progresser.
: Je voudrais intervenir à la suite des propos de Jacques. Je n’ai pas lu “Le rêve européen” de Rifkin. Pour Rifkin, le développement durable serait en gros le modèle européen, mais de quel modèle européen parlons-nous ?
P E N N E Q U I N
I N T E R V E N A N T
G I L L E S
G I L L E S
: Du “rêve” !
U N
: Est-ce le rêve européen des Anglais, celui des Français ? Est-ce le modèle économique rhénan avec les pouvoirs publics comme intermédiation entre le citoyen et le marché ? Est-ce le modèle anglo-saxon qui est à l’œuvre ? Là, je rejoins ce que disait Jean-Luc ; c’est tout de même l’idée de l’individu face au marché, et plus rien entre eux deux.
P E N N E Q U I N
: Je voudrais intervenir à la suite des propos de Jacques. Je n’ai pas lu “Le rêve européen” de Rifkin. Pour Rifkin, le développement durable serait en gros le modèle européen, mais de quel modèle européen parlons-nous ?
P E N N E Q U I N
I N T E R V E N A N T
G I L L E S
Or, c’est plutôt ce modèle “libéral néo-classique”, entre guillemets, qui est en train d’écraser ou en tout cas qui s’est imposé chez les élites. Bien sûr, on ne voit que les élites. Je ne sais pas si le Chinois “lambda” a une opinion sur ce point, mais en tout cas, à l’échelle mondiale, chez les élites, c’est bien cette idée-là qui domine. U N
: Est-ce le rêve européen des Anglais, celui des Français ? Est-ce le modèle économique rhénan avec les pouvoirs publics comme intermédiation entre le citoyen et le marché ? Est-ce le modèle anglo-saxon qui est à l’œuvre ? Là, je rejoins ce que disait Jean-Luc ; c’est tout de même l’idée de l’individu face au marché, et plus rien entre eux deux.
: Rifkin situe très précisément la Grande-Bretagne, en expliquant qu’elle hésite entre les deux. Elle ne sait pas très bien si elle doit aller vers le rêve américain. Culturellement, il y a des tendances, mais elle a en même temps envie de rester près du rêve européen. Il situe très précisément les Britanniques comme étant partagés entre les deux.
U N
S A C Q U E T : J’aimerais que nous n’en restions pas, dans cet atelier, à une dimension européenne. Nous sommes en train de parler d’humanisme. Je vous rappelle que c’est évidemment dans l’objectif d’un développement durable et que tout cela présuppose que la communication peut y faire quelque chose. Essayons de resserrer, si vous le permettez, les analyses et les recommandations de cet atelier.
A N N E - M A R I E
I N T E R V E N A N T
: Rifkin situe très précisément la Grande-Bretagne, en expliquant qu’elle hésite entre les deux. Elle ne sait pas très bien si elle doit aller vers le rêve américain. Culturellement, il y a des tendances, mais elle a en même temps envie de rester près du rêve européen. Il situe très précisément les Britanniques comme étant partagés entre les deux.
I N T E R V E N A N T
S A C Q U E T : J’aimerais que nous n’en restions pas, dans cet atelier, à une dimension européenne. Nous sommes en train de parler d’humanisme. Je vous rappelle que c’est évidemment dans l’objectif d’un développement durable et que tout cela présuppose que la communication peut y faire quelque chose. Essayons de resserrer, si vous le permettez, les analyses et les recommandations de cet atelier.
Pierre-Frédéric ?
Pierre-Frédéric ?
T E N I E R E - B U C H O T : J’aimerais revenir, puisque nous sommes dans une Université, sans toutefois faire un cours, sur les origines, l’histoire du développement durable.
T E N I E R E - B U C H O T : J’aimerais revenir, puisque nous sommes dans une Université, sans toutefois faire un cours, sur les origines, l’histoire du développement durable.
P I E R R E - F R É D É R I C
P I E R R E - F R É D É R I C
En 1972, rappelez-vous, cela a été Stockholm, le premier sommet, et cela s’est très mal passé. Vous reprenez tous les discours actuels sur le développement durable, vous remplacez le mot “développement durable” par “environnement” avec une machine à traitement de texte et vous obtenez les discours de 1972 ou 1970. J’en ai fait certains. ©
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Du “rêve” !
P E N N E Q U I N
Or, c’est plutôt ce modèle “libéral néo-classique”, entre guillemets, qui est en train d’écraser ou en tout cas qui s’est imposé chez les élites. Bien sûr, on ne voit que les élites. Je ne sais pas si le Chinois “lambda” a une opinion sur ce point, mais en tout cas, à l’échelle mondiale, chez les élites, c’est bien cette idée-là qui domine.
A N N E - M A R I E
302
: Les actionnaires également peuvent se manifester.
En 1972, rappelez-vous, cela a été Stockholm, le premier sommet, et cela s’est très mal passé. Vous reprenez tous les discours actuels sur le développement durable, vous remplacez le mot “développement durable” par “environnement” avec une machine à traitement de texte et vous obtenez les discours de 1972 ou 1970. J’en ai fait certains.
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ACIDD et Comité 21
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C’était une grande époque pour Le développement durable l’environnement. Quelle a été la réacest donc un modèle tion des non-alignés et du Groupe dit anglo-saxon, anglais” “des 77” ? Elle a été de dire : “Vous vous fichez de nous. Nous ne voulons pas de l’environnement. Vous êtes des post-colonialistes qui essayez, avec des standards sur l’environnement, de nous asservir à nouveau.” Ce n’était pas totalement faux. Cela s’est terminé par un cafouillage (“Faut-il continuer dans ce sens ?) et la ministre norvégienne, Mme Brundtland, a dit qu’on allait réfléchir pour trouver un compromis, entre les “gros” et les “petits” du Sud. Elle a réuni une Commission autour d’elle ; la France n’était guère présente, ni d’ailleurs les pays méditerranéens européens, si je puis dire. Le développement durable est donc un modèle anglo-saxon, anglais.
C’était une grande époque pour Le développement durable l’environnement. Quelle a été la réacest donc un modèle tion des non-alignés et du Groupe dit anglo-saxon, anglais” “des 77” ? Elle a été de dire : “Vous vous fichez de nous. Nous ne voulons pas de l’environnement. Vous êtes des post-colonialistes qui essayez, avec des standards sur l’environnement, de nous asservir à nouveau.” Ce n’était pas totalement faux. Cela s’est terminé par un cafouillage (“Faut-il continuer dans ce sens ?) et la ministre norvégienne, Mme Brundtland, a dit qu’on allait réfléchir pour trouver un compromis, entre les “gros” et les “petits” du Sud. Elle a réuni une Commission autour d’elle ; la France n’était guère présente, ni d’ailleurs les pays méditerranéens européens, si je puis dire. Le développement durable est donc un modèle anglo-saxon, anglais.
Ce n’est pas un modèle catholique, mais protestant. C’est très important. Si l’on est protestant, on comprend bien. Si l’on est laïc, ouvert, protestant – valeur de fraternité et un certain nombre d’autres qui ont été dites ici, un peu franc-maçon, cela marche très bien. Si l’on est catholique et papiste, cela ne marche pas du tout. Il faut déjà comprendre cela. Pour être en faveur du développement durable et faire un beau discours sur celui-ci, il faut déjà avoir en présupposé des valeurs qui ne sont pas forcément partagées par tous en Europe.
Ce n’est pas un modèle catholique, mais protestant. C’est très important. Si l’on est protestant, on comprend bien. Si l’on est laïc, ouvert, protestant – valeur de fraternité et un certain nombre d’autres qui ont été dites ici, un peu franc-maçon, cela marche très bien. Si l’on est catholique et papiste, cela ne marche pas du tout. Il faut déjà comprendre cela. Pour être en faveur du développement durable et faire un beau discours sur celui-ci, il faut déjà avoir en présupposé des valeurs qui ne sont pas forcément partagées par tous en Europe.
Donc, après l’acceptation par le monde anglo-saxon, européen du Nord, de ce modèle, Mme Brundtland a fait sa carrière là-dessus. Il ne faut pas oublier qu’elle est devenue la patronne de l’OMS. Si l’on n’a pas une idée personnelle des gens qui portent les valeurs et qui font un peu leur carrière… Dans le concert des Nations Unies, le groupe autour de Kofi Annan est, si je puis dire, le “noyau intellectuel” de ce que nous vivons à l’heure actuelle. C’est très important.
Donc, après l’acceptation par le monde anglo-saxon, européen du Nord, de ce modèle, Mme Brundtland a fait sa carrière là-dessus. Il ne faut pas oublier qu’elle est devenue la patronne de l’OMS. Si l’on n’a pas une idée personnelle des gens qui portent les valeurs et qui font un peu leur carrière… Dans le concert des Nations Unies, le groupe autour de Kofi Annan est, si je puis dire, le “noyau intellectuel” de ce que nous vivons à l’heure actuelle. C’est très important.
Les Américains s’y sont un peu ralliés. Les Canadiens s’y sont tout à fait ralliés. N’oublions pas qu’en 1987, c’était : “Il faut tuer l’environnement” et Rio a été le “chant du cygne” de l’environnement, sauf pour ceux qui observaient. On a dit : “C’est merveilleux, on démarre…” Non, on ne démarrait pas, cela faisait déjà vingt ans que cela avait démarré ! En fait, ceux qui ont “tué” l’environnement ont pris le pouvoir et sont à l’heure actuelle aux postes de décision des Nations Unies et de l’Amérique du Nord.
Les Américains s’y sont un peu ralliés. Les Canadiens s’y sont tout à fait ralliés. N’oublions pas qu’en 1987, c’était : “Il faut tuer l’environnement” et Rio a été le “chant du cygne” de l’environnement, sauf pour ceux qui observaient. On a dit : “C’est merveilleux, on démarre…” Non, on ne démarrait pas, cela faisait déjà vingt ans que cela avait démarré ! En fait, ceux qui ont “tué” l’environnement ont pris le pouvoir et sont à l’heure actuelle aux postes de décision des Nations Unies et de l’Amérique du Nord.
En 1987, le développement durable était publié et il a été mis en œuvre en 1992. Il apparaissait comme la vraie valeur. N’oubliez pas que le PNUE dont j’ai fait partie, qui en 1992 était à cette hauteur-là budgétaire, a vu en 1993 son budget divisé par deux. On a donc coupé tout ce qui était “environnement”. Ceux qui ne comprennent pas sont des idéalistes et les idéalistes sont très loin des valeurs d’argent et très loin des valeurs politiques.
Pour être en faveur du développement durable, il faut déjà avoir en présupposé des valeurs qui ne sont pas forcément partagées par tous en Europe”
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ACIDD et Comité 21
Depuis 1993, en dollars constants, si je puis dire, jamais l’environnement ne s’en est sorti. En revanche, pour ceux qui faisaient du développement durable, c’était parti! En quelle année le développement durable a-t-il été traduit en français? En 1995, par le Québec. Et c’est à partir de 1995 que la France s’est aperçue que le mot existait. Elle a coupé l’existence de l’environnement, cela ne fait pas si longtemps, puisque nous avons maintenant un MED et non plus un ministère de l’Environnement.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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En 1987, le développement durable était publié et il a été mis en œuvre en 1992. Il apparaissait comme la vraie valeur. N’oubliez pas que le PNUE dont j’ai fait partie, qui en 1992 était à cette hauteur-là budgétaire, a vu en 1993 son budget divisé par deux. On a donc coupé tout ce qui était “environnement”. Ceux qui ne comprennent pas sont des idéalistes et les idéalistes sont très loin des valeurs d’argent et très loin des valeurs politiques.
Pour être en faveur du développement durable, il faut déjà avoir en présupposé des valeurs qui ne sont pas forcément partagées par tous en Europe”
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Depuis 1993, en dollars constants, si je puis dire, jamais l’environnement ne s’en est sorti. En revanche, pour ceux qui faisaient du développement durable, c’était parti! En quelle année le développement durable a-t-il été traduit en français? En 1995, par le Québec. Et c’est à partir de 1995 que la France s’est aperçue que le mot existait. Elle a coupé l’existence de l’environnement, cela ne fait pas si longtemps, puisque nous avons maintenant un MED et non plus un ministère de l’Environnement.
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L’environnement, c’est terminé, complètement enterré. Cela n’a plus cours comme valeur politique. Il faut vraiment être “ringard” pour en parler. Et il s’agit de la zone de compromis. C’est 50 % Gilles Pennequin, 50 % Jean-Luc Gérard. Moi, je ne suis pas un fanatique du compromis, en tant que compromission. C’est un mot, comme “décroissance”, à connotation négative. Il n’empêche que nous vivons dedans et que l’art de ne pas voter, de se mettre d’accord pendant les pauses-café… L’essentiel, c’est la pause café de tout à l’heure !
L’environnement, c’est terminé, complètement enterré. Cela n’a plus cours comme valeur politique. Il faut vraiment être “ringard” pour en parler. Et il s’agit de la zone de compromis. C’est 50 % Gilles Pennequin, 50 % Jean-Luc Gérard. Moi, je ne suis pas un fanatique du compromis, en tant que compromission. C’est un mot, comme “décroissance”, à connotation négative. Il n’empêche que nous vivons dedans et que l’art de ne pas voter, de se mettre d’accord pendant les pauses-café… L’essentiel, c’est la pause café de tout à l’heure !
Ce n’est pas ce dont nous discutons en ce moment. C’est une culture différente. C’est une “démocratie despotique” où il s’agit d’être bien placé, près du thermos… (Rires.) Le reste… ! Ce n’est pas l’action, si je puis dire. L’action, c’est savoir se placer à table, aller marcher à pied quand il faut aller marcher à pied…, etc. C’est très important. Les idées, aucune importance ! Il y a là un changement qui est le XXIe siècle et qui est très difficile à faire accepter par des gens qui aiment manipuler les idées, dont je fais partie ; c’est un regret, si je puis dire. Mais choisir, c’est regrettable…
Ce n’est pas ce dont nous discutons en ce moment. C’est une culture différente. C’est une “démocratie despotique” où il s’agit d’être bien placé, près du thermos… (Rires.) Le reste… ! Ce n’est pas l’action, si je puis dire. L’action, c’est savoir se placer à table, aller marcher à pied quand il faut aller marcher à pied…, etc. C’est très important. Les idées, aucune importance ! Il y a là un changement qui est le XXIe siècle et qui est très difficile à faire accepter par des gens qui aiment manipuler les idées, dont je fais partie ; c’est un regret, si je puis dire. Mais choisir, c’est regrettable…
Donc, je ne sais pas si le mot “valeur” est adapté. A N N E - M A R I E S O L È N E
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S A C Q U E T
Donc, je ne sais pas si le mot “valeur” est adapté.
: Solène ?
A N N E - M A R I E
: Nous avons tout de même des valeurs communes. Même s’il existe une opposition Occident/Orient et y compris à l’intérieur de l’Occident, on retrouve un socle commun.
B O U R D A I S
S O L È N E
S A C Q U E T
: Solène ?
: Nous avons tout de même des valeurs communes. Même s’il existe une opposition Occident/Orient et y compris à l’intérieur de l’Occident, on retrouve un socle commun.
B O U R D A I S
Je voudrais parler des leviers. Nous adhérons tous à ces idées, mais il faudrait déterminer comment nous pouvons vraiment agir. Nous voyons tout de même des signes encourageants. M. Goldsmith, le neveu du fondateur de “The Ecologist”, a fondé la Karma Banque. Il propose de se réapproprier le pouvoir en jouant là où cela fait mal, non pas en lançant des cailloux, mais en jouant sur le prix des actions. C’est un acte de reprise de pouvoir.
Je voudrais parler des leviers. Nous adhérons tous à ces idées, mais il faudrait déterminer comment nous pouvons vraiment agir. Nous voyons tout de même des signes encourageants. M. Goldsmith, le neveu du fondateur de “The Ecologist”, a fondé la Karma Banque. Il propose de se réapproprier le pouvoir en jouant là où cela fait mal, non pas en lançant des cailloux, mais en jouant sur le prix des actions. C’est un acte de reprise de pouvoir.
On assiste à un mouvement émergent très fort, celui des fonds éthiques, des placements éthiques.
On assiste à un mouvement émergent très fort, celui des fonds éthiques, des placements éthiques.
Certaines banques cherchent à mesurer l’impact social, environnemental de leurs placements. 30 000 milliards de dollars ! Cela représente un pouvoir énorme. C’est làdessus qu’il faut jouer. Ils sont en train de mettre des indicateurs, de construire une réflexion globale, systémique sur l’impact des placements de leur argent. C’est en train de bouger. À mon avis, c’est davantage à des actions de ce type qu’il faut réfléchir. Je le disais hier en parlant avec le jeune… dans la rue de ce qu’il entendait par “développement durable” et “prise de participation”. Il comprend qu’il doit changer ses comportements, mais il n’a pas compris encore qu’acheter ou ne pas acheter était un acte de pouvoir. Le jour où les gens l’auront compris, tout le monde ayant ce pouvoir dans le monde, ce sera énorme !
Certaines banques cherchent à mesurer l’impact social, environnemental de leurs placements. 30 000 milliards de dollars ! Cela représente un pouvoir énorme. C’est làdessus qu’il faut jouer. Ils sont en train de mettre des indicateurs, de construire une réflexion globale, systémique sur l’impact des placements de leur argent. C’est en train de bouger. À mon avis, c’est davantage à des actions de ce type qu’il faut réfléchir. Je le disais hier en parlant avec le jeune… dans la rue de ce qu’il entendait par “développement durable” et “prise de participation”. Il comprend qu’il doit changer ses comportements, mais il n’a pas compris encore qu’acheter ou ne pas acheter était un acte de pouvoir. Le jour où les gens l’auront compris, tout le monde ayant ce pouvoir dans le monde, ce sera énorme !
Nike a modifié ses comportements, non pas lorsqu’on lui a collé une sale image, mais lorsque ce qui avait été fait vis-à-vis de son image a eu des impacts économiques, lorsque ses bénéfices ont baissé. C’est à partir de ce moment-là qu’ils ont commencé à surveiller ce que faisaient leurs fournisseurs. C’est du lobby. En France, nous n’avons pas trop la culture du lobby. Pourquoi cela a-t-il marché ? Parce qu’il y a eu une grosse communication… On n’a pas communiqué sur Adidas, ni sur Décathlon. Eux ne sont absolument pas remis en question.
Nike a modifié ses comportements, non pas lorsqu’on lui a collé une sale image, mais lorsque ce qui avait été fait vis-à-vis de son image a eu des impacts économiques, lorsque ses bénéfices ont baissé. C’est à partir de ce moment-là qu’ils ont commencé à surveiller ce que faisaient leurs fournisseurs. C’est du lobby. En France, nous n’avons pas trop la culture du lobby. Pourquoi cela a-t-il marché ? Parce qu’il y a eu une grosse communication… On n’a pas communiqué sur Adidas, ni sur Décathlon. Eux ne sont absolument pas remis en question.
Ils ont fait quelque chose parce que c’est passé par l’argent, par ce qui les inquiète…
Ils ont fait quelque chose parce que c’est passé par l’argent, par ce qui les inquiète…
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: Le consommateur.
B O U R D A I S : Voilà. Pour faire du lobby, il faut un grand choc. Il suffit de voir ce qui s’est passé en Inde pendant l’indépendance, avec le boycott de la taxe sur le sel. De gros événements ont permis de faire bouger les Il suffit de voir ce qui s’est passé choses. C’est de la communication, de la mise en réseau, de l’association de gens qui dénoncent quelen Inde pendant l’indépendance, avec le boycott de la taxe sur le sel.” que chose et qui encouragent de cette façon, grâce à un effet de boule de neige, à prendre le pouvoir. S O L È N E
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: Pour rebondir sur ce point, car c’était le sens de ma question, si je m’interrogeais sur la façon dont je pourrais agir pour que les idées deviennent une réalité, c’est assurément comme cela que je le ferais. Cela signifie deux choses : d’abord utiliser les armes et les techniques de la finance (donc, ne pas se positionner à côté) et, deuxièmement, avoir une stratégie globale.
I N T E R V E N A N T
C’est très compliqué, mais il faut être dedans. C’est pourquoi j’ai posé cette question, car il s’agit vraiment d’utiliser, de l’intérieur, les armes de la finance, il faut savoir comment cela fonctionne. Le pouvoir d’un actionnaire minoritaire est bien inférieur à celui de quelqu’un à qui on demande de souscrire des actions ou à un fonds de placement. Le jour où les salariés américains sauront que tel fonds ou tel fonds de fonds est “mal investi”, entre guillemets, en termes de valeur, peut-être que, d’eux-mêmes, D’abord utiliser les armes ils ne souhaiteront plus voir leur et les techniques de la finance argent placé dans tel ou tel fonds. et, deuxièmement, avoir Et cela aura un impact direct sur le une stratégie globale” fonds. L’actionnaire minoritaire quant à lui est minoritaire… L ’ I N T E R V E N A N T E
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C’est très compliqué, mais il faut être dedans. C’est pourquoi j’ai posé cette question, car il s’agit vraiment d’utiliser, de l’intérieur, les armes de la finance, il faut savoir comment cela fonctionne. Le pouvoir d’un actionnaire minoritaire est bien inférieur à celui de quelqu’un à qui on demande de souscrire des actions ou à un fonds de placement. Le jour où les salariés américains sauront que tel fonds ou tel fonds de fonds est “mal investi”, entre guillemets, en termes de valeur, peut-être que, d’eux-mêmes, D’abord utiliser les armes ils ne souhaiteront plus voir leur et les techniques de la finance argent placé dans tel ou tel fonds. et, deuxièmement, avoir Et cela aura un impact direct sur le une stratégie globale” fonds. L’actionnaire minoritaire quant à lui est minoritaire…
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: La personne qui a imaginé cela sait très bien comment le processus et le business fonctionnent.
L ’ I N T E R V E N A N T
G E R A R D : Il faut bien penser que nous sommes comme un serpent qui se mord la queue. Dans un système, nous avons plusieurs positions ; nous sommes à la fois acheteurs, employés et actionnaires, avec des contradictions entre les différents rôles. Lorsque vous allez acheter des chaussures de sport, vous regardez les prix ; c’est donc lié à la façon dont elles ont été fabriquées, etc. Lorsque vous faites un investissement, vous demandez un rendement, parce que vous voulez avoir une bonne retraite.
J E A N - L U C
: La personne qui a imaginé cela sait très bien comment le processus et le business fonctionnent.
G E R A R D : Il faut bien penser que nous sommes comme un serpent qui se mord la queue. Dans un système, nous avons plusieurs positions ; nous sommes à la fois acheteurs, employés et actionnaires, avec des contradictions entre les différents rôles. Lorsque vous allez acheter des chaussures de sport, vous regardez les prix ; c’est donc lié à la façon dont elles ont été fabriquées, etc. Lorsque vous faites un investissement, vous demandez un rendement, parce que vous voulez avoir une bonne retraite.
Si mon employeur ne me donne pas un salaire suffisant pour me permettre d’acheter des produits bio, je vais avoir du mal à acheter du bio. Or, qui fait pression sur mon employeur pour que celui-ci donne des bas salaires de façon à augmenter les profits ? C’est moi avec ma caisse de pension parce que je dois avoir une bonne retraite !
ACIDD et Comité 21
Si mon employeur ne me donne pas un salaire suffisant pour me permettre d’acheter des produits bio, je vais avoir du mal à acheter du bio. Or, qui fait pression sur mon employeur pour que celui-ci donne des bas salaires de façon à augmenter les profits ? C’est moi avec ma caisse de pension parce que je dois avoir une bonne retraite !
: Si c’était simple, cela se saurait.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Sauf que cela concerne, si j’ai bien retenu ce qu’a dit Jean-Luc, 0,01 %…
S A C Q U E T : Lorsque Solène parle du boycott de Nike initié sous l’impulsion de réseaux par les consommateurs, nous ne sommes pas dans le monde de la finance, mais bien dans la confrontation directe consommation/production.
J E A N - L U C
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: Les banques cherchent à minimiser… C’est pourquoi je parlais d’in-
dicateurs…
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: Pour rebondir sur ce point, car c’était le sens de ma question, si je m’interrogeais sur la façon dont je pourrais agir pour que les idées deviennent une réalité, c’est assurément comme cela que je le ferais. Cela signifie deux choses : d’abord utiliser les armes et les techniques de la finance (donc, ne pas se positionner à côté) et, deuxièmement, avoir une stratégie globale.
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S A C Q U E T : Lorsque Solène parle du boycott de Nike initié sous l’impulsion de réseaux par les consommateurs, nous ne sommes pas dans le monde de la finance, mais bien dans la confrontation directe consommation/production.
I N T E R V E N A N T
: Le consommateur.
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: Sauf que cela concerne, si j’ai bien retenu ce qu’a dit Jean-Luc, 0,01 %…
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B O U R D A I S : Voilà. Pour faire du lobby, il faut un grand choc. Il suffit de voir ce qui s’est passé en Inde pendant l’indépendance, avec le boycott de la taxe sur le sel. De gros événements ont permis de faire bouger les Il suffit de voir ce qui s’est passé choses. C’est de la communication, de la mise en réseau, de l’association de gens qui dénoncent quelen Inde pendant l’indépendance, avec le boycott de la taxe sur le sel.” que chose et qui encouragent de cette façon, grâce à un effet de boule de neige, à prendre le pouvoir.
: Les banques cherchent à minimiser… C’est pourquoi je parlais d’in-
dicateurs…
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: Si c’était simple, cela se saurait.
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S’ils ne regardent rien, il peut arriver que des gens comme Le Secours catholique aient des actions dans leur portefeuille, avec à l’autre bout du travail forcé, ce qui est un paradoxe incroyable.
S’ils ne regardent rien, il peut arriver que des gens comme Le Secours catholique aient des actions dans leur portefeuille, avec à l’autre bout du travail forcé, ce qui est un paradoxe incroyable.
S A C Q U E T
: Nous avons un gros travail d’information à faire.
A N N E - M A R I E
: En France, la Caisse de dépôts et de consignations qui favorise les développements, qui travaille avec toutes les collectivités locales, a créé un fonds éthique. À côté de cela, ils continuent d’investir dans des domaines qui “négativisent” l’aspect éthique qu’ils ont développé. S A C Q U E T
U N
: Philippe ?
: Sur le terrain de la monnaie, nous sentons que c’est fragile. Il faudrait pouvoir retrouver le sens de la monnaie en tant que lien et non pas en tant que bien comme elle l’est devenue.
U N
: En France, la Caisse de dépôts et de consignations qui favorise les développements, qui travaille avec toutes les collectivités locales, a créé un fonds éthique. À côté de cela, ils continuent d’investir dans des domaines qui “négativisent” l’aspect éthique qu’ils ont développé. S A C Q U E T
: Philippe ?
: Sur le terrain de la monnaie, nous sentons que c’est fragile. Il faudrait pouvoir retrouver le sens de la monnaie en tant que lien et non pas en tant que bien comme elle l’est devenue.
I N T E R V E N A N T
Nous voyons deux terrains. Le premier est celui de la résistance, œil pour œil. C’est trouver comment résister, trouver des moyens de contrer. Sur l’autre terrain, nous pourrions nous demander ce que nous désirons, y compris en ce qui concerne la monnaie. N’y a-t-il pas une piste du côté d’un projet en train de voir le jour, encore embryonnaire aujourd’hui, à savoir le projet SOL ? C’est l’embryon d’une monnaie écologique et solidaire. Sont impliqués les trois Conseils régionaux d’Île-de-France, de Bretagne et du Nord Pas-de-Calais, ainsi que le Crédit coopératif, etc.
Ce projet cherche à identifier une monnaie sur laquelle on ne puisse pas spéculer et qui aurait vocation à être sur le terrain écologique et solidaire au niveau local ou régional, ou même européen puisqu’il existe également un projet EUROSOL et même mondial avec TERRA.
Ce projet cherche à identifier une monnaie sur laquelle on ne puisse pas spéculer et qui aurait vocation à être sur le terrain écologique et solidaire au niveau local ou régional, ou même européen puisqu’il existe également un projet EUROSOL et même mondial avec TERRA.
: Attention à l’aspect “accessoire” dont parlait Pierre-Frédéric. Je suis en Région Nord Pas-de-Calais. J’entends des tas de discours, mais grattez un peu…
D U B O I S
P A S C A L
: Si cela se met en place, ce ne sera plus un discours.
: Attention à l’aspect “accessoire” dont parlait Pierre-Frédéric. Je suis en Région Nord Pas-de-Calais. J’entends des tas de discours, mais grattez un peu…
D U B O I S
L ’ I N T E R V E N A N T
[…] A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
: Vincent et Pierre-Frédéric.
A N N E - M A R I E
D A V I D : Sur ces aspects financiers, il y a certes les fonds éthiques, mais également un autre domaine moins connu parce que les encours sont plus faibles, celui des finances solidaires. Il s’agit du label “Finansol”. L’idée est que les fonds ne sont pas négatifs : “Je ne vais pas investir dans un fonds qui fait de l’armement, du tabac, etc.” Les fonds sont positifs : les gens investissent dans un fonds qui, lui-même, investit dans des projets solidaires en France ou à la création d’emplois, etc.
ACIDD et Comité 21
: Si cela se met en place, ce ne sera plus un discours.
[…] V I N C E N T
Le problème est que les encours sont très faibles. Finansol ne sait également pas suffisamment se faire connaître et n’utilise pas les stratégies qu’il faudrait adopter pour se faire connaître davantage auprès des particuliers et surtout des acteurs institution©
: Nous avons un gros travail d’information à faire.
Nous voyons deux terrains. Le premier est celui de la résistance, œil pour œil. C’est trouver comment résister, trouver des moyens de contrer. Sur l’autre terrain, nous pourrions nous demander ce que nous désirons, y compris en ce qui concerne la monnaie. N’y a-t-il pas une piste du côté d’un projet en train de voir le jour, encore embryonnaire aujourd’hui, à savoir le projet SOL ? C’est l’embryon d’une monnaie écologique et solidaire. Sont impliqués les trois Conseils régionaux d’Île-de-France, de Bretagne et du Nord Pas-de-Calais, ainsi que le Crédit coopératif, etc.
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: Il faut agir à tous les niveaux. Les consommateurs doivent éga-
Les ONG j’ai fait une enquête en juin en France n’ont aucun axe stratégique sur l’utilisation du pouvoir de l’argent je parle en tant qu’actionnaire dans les assemblées générales ou par effet de synergie pour imposer ou faire progresser les choses dans des directions qu’elles défendent dans la société civile.
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P A S C A L
G E R A R D
Les ONG j’ai fait une enquête en juin en France n’ont aucun axe stratégique sur l’utilisation du pouvoir de l’argent je parle en tant qu’actionnaire dans les assemblées générales ou par effet de synergie pour imposer ou faire progresser les choses dans des directions qu’elles défendent dans la société civile.
A N N E - M A R I E U N
J E A N - L U C
lement agir.
A N N E - M A R I E U N
: Il faut agir à tous les niveaux. Les consommateurs doivent éga-
lement agir.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
S A C Q U E T
: Vincent et Pierre-Frédéric.
D A V I D : Sur ces aspects financiers, il y a certes les fonds éthiques, mais également un autre domaine moins connu parce que les encours sont plus faibles, celui des finances solidaires. Il s’agit du label “Finansol”. L’idée est que les fonds ne sont pas négatifs : “Je ne vais pas investir dans un fonds qui fait de l’armement, du tabac, etc.” Les fonds sont positifs : les gens investissent dans un fonds qui, lui-même, investit dans des projets solidaires en France ou à la création d’emplois, etc.
Le problème est que les encours sont très faibles. Finansol ne sait également pas suffisamment se faire connaître et n’utilise pas les stratégies qu’il faudrait adopter pour se faire connaître davantage auprès des particuliers et surtout des acteurs institution-
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nels et des collectivités locales. Ils sont en train de travailler sur ce point. Ils travaillent d’ailleurs avec les collectivités locales. De plus en plus de collectivités s’engagent.
nels et des collectivités locales. Ils sont en train de travailler sur ce point. Ils travaillent d’ailleurs avec les collectivités locales. De plus en plus de collectivités s’engagent.
Mais il me semble y avoir un déficit, comme très souvent dans les ONG, de stratégie de lobbying et de communication. Pour donner un peu d’espoir, par rapport à ce qu’il faudrait faire pour réagir, quelque chose de très fort est en train d’évoluer.
Mais il me semble y avoir un déficit, comme très souvent dans les ONG, de stratégie de lobbying et de communication. Pour donner un peu d’espoir, par rapport à ce qu’il faudrait faire pour réagir, quelque chose de très fort est en train d’évoluer.
Voici deux ans, nous Il me semble y avoir un déficit, avons créé un groupe de comme très souvent dans les ONG, travail avec les syndicats et nous avons fait un sémide stratégie de lobbying naire, en mars dernier, réuet de communication” nissant ONG et syndicats. Cela ne s’était jamais fait, simplement parce que ces univers-là ne se connaissaient pas, ne se parlaient pas. Les syndicats disaient que les ONG n’étaient pas représentatives et ne se préoccupaient pas des questions d’emplois. Les ONG disaient, de leur côté, que les syndicats étaient dans des logiques corporatistes et n’avaient pas de vision mondiale,…
Voici deux ans, nous Il me semble y avoir un déficit, avons créé un groupe de comme très souvent dans les ONG, travail avec les syndicats et nous avons fait un sémide stratégie de lobbying naire, en mars dernier, réuet de communication” nissant ONG et syndicats. Cela ne s’était jamais fait, simplement parce que ces univers-là ne se connaissaient pas, ne se parlaient pas. Les syndicats disaient que les ONG n’étaient pas représentatives et ne se préoccupaient pas des questions d’emplois. Les ONG disaient, de leur côté, que les syndicats étaient dans des logiques corporatistes et n’avaient pas de vision mondiale,…
Pendant deux ans, nous nous sommes réunis avec quelques syndicats et ONG pour travailler. Ce séminaire a été très intéressant. D’une part, il a permis que des gens qui s’ignoraient plus ou moins se parlent. D’autre part, désormais, des choses avancent. La CFE-CGC vient de créer un partenariat avec Amnesty International et avec Max Havelaar. À la CGT, ils viennent d’embaucher quelqu’un pour travailler sur le développement durable et ils sont très positionnés sur le sujet ; ils ont vraiment envie d’agir car ils se rendent compte que, seuls, ils sont fichus. Ils n’ont pas la vision internationale et, en plus, ils n’ont plus d’adhérents. Les gens dans les confédérations et même les militants vont partir à la retraite. Il faut un renouvellement. Ils ont besoin des ONG pour trouver un regain de jeunesse. La CFDT a dernièrement organisé une réunion avec leurs jeunes adhérents à laquelle ils ont fait venir les ONG parce qu’ils avaient besoin de trouver un sujet qui fasse le lien entre un engagement dans un syndicat et un engagement plus sociétal, plus global.
Pendant deux ans, nous nous sommes réunis avec quelques syndicats et ONG pour travailler. Ce séminaire a été très intéressant. D’une part, il a permis que des gens qui s’ignoraient plus ou moins se parlent. D’autre part, désormais, des choses avancent. La CFE-CGC vient de créer un partenariat avec Amnesty International et avec Max Havelaar. À la CGT, ils viennent d’embaucher quelqu’un pour travailler sur le développement durable et ils sont très positionnés sur le sujet ; ils ont vraiment envie d’agir car ils se rendent compte que, seuls, ils sont fichus. Ils n’ont pas la vision internationale et, en plus, ils n’ont plus d’adhérents. Les gens dans les confédérations et même les militants vont partir à la retraite. Il faut un renouvellement. Ils ont besoin des ONG pour trouver un regain de jeunesse. La CFDT a dernièrement organisé une réunion avec leurs jeunes adhérents à laquelle ils ont fait venir les ONG parce qu’ils avaient besoin de trouver un sujet qui fasse le lien entre un engagement dans un syndicat et un engagement plus sociétal, plus global.
Cette convergence entre syndicats et ONG, même si elle est récente, est en train de se renforcer. Les ONG ont une expertise et une très bonne utilisation des médias, mais, en tout cas en France, elles sont incapables de faire descendre les gens dans la rue. Il faut également rappeler que la CFDT ou la CGT, c’est chacune 800 000 adhérents ; le PS, 120 000 ; l’UMP, 120 000 ; les Verts 7 000. Ce sont des pouvoirs énormes.
Lorsqu’on aura réussi à trouver cette convergence entre ONG et structures syndicales, les choses pourront peut-être changer. Notamment sur les fonds éthiques et les fonds solidaires, tout ce qui est épargne salariale, est encore totalement sous-exploité. Les syndicats ont un rôle majeur à jouer, sans parler des Lorsqu’on aura réussi à trouver cette comités d’entreprise qui ont totalement délaissé le secteur social et qui vendent aujourd’hui du bon d’achat convergence entre ONG et des vacances ! Ils ont totalement oublié leur pouvoir.
et structures syndicales, les choses pourront peut-être changer”
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Les syndicats sont en train de mener une réflexion et ce sont là des pistes intéressantes.
S A C Q U E T : Vincent, c’est bien ; nous sommes ravis que les ONG et les syndicats se rencontrent, mais cette convergence s’est-elle fondée sur des valeurs qui ont été échangées, discutées ?
A N N E - M A R I E
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Cette convergence entre syndicats et ONG, même si elle est récente, est en train de se renforcer. Les ONG ont une expertise et une très bonne utilisation des médias, mais, en tout cas en France, elles sont incapables de faire descendre les gens dans la rue. Il faut également rappeler que la CFDT ou la CGT, c’est chacune 800 000 adhérents ; le PS, 120 000 ; l’UMP, 120 000 ; les Verts 7 000. Ce sont des pouvoirs énormes.
Lorsqu’on aura réussi à trouver cette convergence entre ONG et structures syndicales, les choses pourront peut-être changer. Notamment sur les fonds éthiques et les fonds solidaires, tout ce qui est épargne salariale, est encore totalement sous-exploité. Les syndicats ont un rôle majeur à jouer, sans parler des Lorsqu’on aura réussi à trouver cette comités d’entreprise qui ont totalement délaissé le secteur social et qui vendent aujourd’hui du bon d’achat convergence entre ONG et des vacances ! Ils ont totalement oublié leur pouvoir.
et structures syndicales, les choses pourront peut-être changer”
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Les syndicats sont en train de mener une réflexion et ce sont là des pistes intéressantes.
S A C Q U E T : Vincent, c’est bien ; nous sommes ravis que les ONG et les syndicats se rencontrent, mais cette convergence s’est-elle fondée sur des valeurs qui ont été échangées, discutées ?
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D A V I D : Bien sûr. J’ai parlé de convergence dans le cadre de ce séminaire, mais je peux rappeler des collaborations antérieures, anciennes entre associations et syndicats sur des valeurs comme la défense de la démocratie (Solidarnosc, en Amérique latine, etc.). Des liens existent depuis longtemps, mais ils étaient assez faibles et on sent qu’ils sont en train de se renforcer, sur des valeurs.
V I N C E N T
S A C Q U E T : Il y a à la fois les valeurs sur lesquelles on peut se retrouver et celles qui sont capables de porter des mutations, de convaincre, de réunir.
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T : Il y a à la fois les valeurs sur lesquelles on peut se retrouver et celles qui sont capables de porter des mutations, de convaincre, de réunir.
A N N E - M A R I E
Vous avez été quelques-uns à parler notamment de cette nécessité de mise en réseau pour porter des valeurs et faire en sorte qu’elles soient source d’efficacité, de mutations. U N
Vous avez été quelques-uns à parler notamment de cette nécessité de mise en réseau pour porter des valeurs et faire en sorte qu’elles soient source d’efficacité, de mutations.
: Cette conversation est très intéressante, mais nous n’avons pas parlé des pouvoirs publics.
I N T E R V E N A N T
U N
: Cette conversation est très intéressante, mais nous n’avons pas parlé des pouvoirs publics.
I N T E R V E N A N T
Les budgets des pays très développés pour la plupart sont inférieurs aux fonds qui sont au Standard and Poor’s. Le citoyen est mal à l’aise. Il peut voter pour qui il veut, cela ne change rien. G I L L E S
D A V I D : Bien sûr. J’ai parlé de convergence dans le cadre de ce séminaire, mais je peux rappeler des collaborations antérieures, anciennes entre associations et syndicats sur des valeurs comme la défense de la démocratie (Solidarnosc, en Amérique latine, etc.). Des liens existent depuis longtemps, mais ils étaient assez faibles et on sent qu’ils sont en train de se renforcer, sur des valeurs.
Les budgets des pays très développés pour la plupart sont inférieurs aux fonds qui sont au Standard and Poor’s. Le citoyen est mal à l’aise. Il peut voter pour qui il veut, cela ne change rien.
: Nous sommes passés des valeurs à la question : Quelle stratégie pour avancer en matière de développement durable ?
P E N N E Q U I N
G I L L E S
: Nous sommes passés des valeurs à la question : Quelle stratégie pour avancer en matière de développement durable ?
P E N N E Q U I N
J’ai entendu parler de valeurs auxquelles j’adhère: fraternité, compromis, résistance, réformisme, etc. Je me vois mal humainement être dans une autre stratégie. Mais cela fait trente ans que nous défendons ces valeurs humanistes du développement durable et, personnellement, cela fait quinze ans. Nous voyons que nos succès sont plus que relatifs puisque, pendant ce temps, les 200 plus grandes fortunes du monde exploitent l’humanité tout entière. Ce que je vais dire rejoint les stratégies d’acteurs pour rééquilibrer le pouvoir qui est celui de l’argent. En fait, on a totalement évacué la notion de conflit, notamment entre États. Derrière, ce sont quand même des enjeux monstrueux.
J’ai entendu parler de valeurs auxquelles j’adhère: fraternité, compromis, résistance, réformisme, etc. Je me vois mal humainement être dans une autre stratégie. Mais cela fait trente ans que nous défendons ces valeurs humanistes du développement durable et, personnellement, cela fait quinze ans. Nous voyons que nos succès sont plus que relatifs puisque, pendant ce temps, les 200 plus grandes fortunes du monde exploitent l’humanité tout entière. Ce que je vais dire rejoint les stratégies d’acteurs pour rééquilibrer le pouvoir qui est celui de l’argent. En fait, on a totalement évacué la notion de conflit, notamment entre États. Derrière, ce sont quand même des enjeux monstrueux.
Cela m’a frappé. L’Europe, c’est 6 % de la population mondiale et les États-Unis, 4 %. Nous avons exploité l’humanité et, maintenant, nous voulons être “super généreux” et nous leur disons : “Nous vous aimons, soyez nos frères, etc.”. Nous ne nous sommes même pas posé la question de savoir si eux, en face, avaient envie de nous aimer ou s’ils n’avaient pas plutôt “la haine” et l’envie de nous taper dessus parce que nous les avons totalement “arnaqués” depuis le début.
Cela m’a frappé. L’Europe, c’est 6 % de la population mondiale et les États-Unis, 4 %. Nous avons exploité l’humanité et, maintenant, nous voulons être “super généreux” et nous leur disons : “Nous vous aimons, soyez nos frères, etc.”. Nous ne nous sommes même pas posé la question de savoir si eux, en face, avaient envie de nous aimer ou s’ils n’avaient pas plutôt “la haine” et l’envie de nous taper dessus parce que nous les avons totalement “arnaqués” depuis le début.
Quelle est la part du conflit et de la violence comme mode d’action ? C’est certes un peu loin de nos sujets, quoique… Cela rejoint les médias. En fin de compte, s’il n’y a pas de violence, on n’en parle pas…
Quelle est la part du conflit et de la violence comme mode d’action ? C’est certes un peu loin de nos sujets, quoique… Cela rejoint les médias. En fin de compte, s’il n’y a pas de violence, on n’en parle pas…
[…] U N
[…]
: […] sur les droits de l’homme et les droits humains, comme valeurs fondamentales et terminales, qu’on les exerce à titre individuel ou en collectif. Il y a là un socle commun.
I N T E R V E N A N T
U N
Je m’étonne qu’on évacue la question du “comment atteindre ou respecter les valeurs dont on a parlé ? Nous avons parlé du pouvoir de l’argent, c’est très bien parce qu’il faut être dans le réel, mais la question du “comment” est politique. Vous évacuez la question politique et la question des pouvoirs publics. Pierre-Frédéric l’a remarqué, on ne parle pas des pouvoirs publics. Pourquoi ? Parce qu’on a évacué le politique comme système de régulation et d’arbitrage.
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: […] sur les droits de l’homme et les droits humains, comme valeurs fondamentales et terminales, qu’on les exerce à titre individuel ou en collectif. Il y a là un socle commun.
I N T E R V E N A N T
Je m’étonne qu’on évacue la question du “comment atteindre ou respecter les valeurs dont on a parlé ? Nous avons parlé du pouvoir de l’argent, c’est très bien parce qu’il faut être dans le réel, mais la question du “comment” est politique. Vous évacuez la question politique et la question des pouvoirs publics. Pierre-Frédéric l’a remarqué, on ne parle pas des pouvoirs publics. Pourquoi ? Parce qu’on a évacué le politique comme système de régulation et d’arbitrage.
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: Mais que va-t-il réguler ? Il va réguler une situation franco-française ou européenne ! Or, nous ne sommes pas dans une situation concernant essentiellement le continent européen, mais dans une situation planétaire dans laquelle l’Inde, le Pakistan, la Chine s’en fichent. La seule chose qui les intéresse, c’est de se développer à outrance et de nous submerger.
D U B O I S
P A S C A L
Je ne voulais pas en parler, mais connaissez-vous le concept du développement durable des Chinois ? C’est faire “péter” des montagnes, dévier des cours d’eau, disparaître des quartiers historiques entiers, pour mettre les populations dans des immeubles de 30 à 70 étages, cela parce qu’il faut passer d’une ville de 7 millions d’habitants à 12 millions, par exemple. Mais, lorsque vous discutez avec eux, ils vous parlent de développement durable. Pour eux, le développement durable, c’est cela.
Je ne voulais pas en parler, mais connaissez-vous le concept du développement durable des Chinois ? C’est faire “péter” des montagnes, dévier des cours d’eau, disparaître des quartiers historiques entiers, pour mettre les populations dans des immeubles de 30 à 70 étages, cela parce qu’il faut passer d’une ville de 7 millions d’habitants à 12 millions, par exemple. Mais, lorsque vous discutez avec eux, ils vous parlent de développement durable. Pour eux, le développement durable, c’est cela.
La question fondamentale n’est pas de savoir si nous, ici, entre nous, avons un socle commun, mais de savoir comment nous allons arriver à faire partager une culture telle que développée dans le rapport Brundtland ou dans l’ensemble des réunions internationales.
La question fondamentale n’est pas de savoir si nous, ici, entre nous, avons un socle commun, mais de savoir comment nous allons arriver à faire partager une culture telle que développée dans le rapport Brundtland ou dans l’ensemble des réunions internationales.
La mise en réseau dont parle Solène, c’est savoir comment arriver à l’échelle de l’ensemble des États du continent européen, voire américain, à avoir un ensemble cohérent, une culture commune qui amène l’ensemble des États en développement à aller vers ce que nous souhaitons.
La mise en réseau dont parle Solène, c’est savoir comment arriver à l’échelle de l’ensemble des États du continent européen, voire américain, à avoir un ensemble cohérent, une culture commune qui amène l’ensemble des États en développement à aller vers ce que nous souhaitons.
Dernier exemple, la Chine. Ils viennent d’acheter le brevet du moteur hybride de Toyota. Pourquoi? Ils viennent de décider de passer de la “brouette” au moteur hybride. Mais ils n’iront surtout pas vers l’essence et le diesel, tout simplement parce qu’ils ont bien compris que, demain, nous serions sans pétrole. C’est une action intéressante, mais c’est fait dans un tel esprit ! Ils disent à leur population : “On vous impose cette motorisation”. Là se posent des problèmes du principe de gouvernance parce que, la gouvernance, en Chine, pour l’instant, je ne l’ai pas vue…
Dernier exemple, la Chine. Ils viennent d’acheter le brevet du moteur hybride de Toyota. Pourquoi? Ils viennent de décider de passer de la “brouette” au moteur hybride. Mais ils n’iront surtout pas vers l’essence et le diesel, tout simplement parce qu’ils ont bien compris que, demain, nous serions sans pétrole. C’est une action intéressante, mais c’est fait dans un tel esprit ! Ils disent à leur population : “On vous impose cette motorisation”. Là se posent des problèmes du principe de gouvernance parce que, la gouvernance, en Chine, pour l’instant, je ne l’ai pas vue…
: Un point de méthode. Quand on parle de communication, on parle tout naturellement du CID.
I N T E R V E N A N T
U N
La question est posée et ce n’est pas du tout contradictoire. Faire une communication nationale sera différent de faire un message à passer à l’international et peut-être les valeurs sur lesquelles on appuiera seront-elles différentes! Pour être pragmatiques, on ne va pas opposer ces valeurs parce qu’elles sont éventuellement incompatibles. On peut avoir des valeurs et un modèle pour la communication nationale et peut-être se permettre d’avoir un modèle différent pour les relations internationales. A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
: Jonathan ?
A N N E - M A R I E
P R I N : Nous sommes partis sur une vision assez franco-française : la liberté, l’égalité… C’est le début de la Déclaration de l’homme et du citoyen français. Elle a été adaptée avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, certes, mais est-elle reconnue par tout le monde ? Ils n’ont pas la même vision, je pense, de la liberté des droits. C’est une autre culture. Notre vision n’est pas forcément partagée par tous.
J O N A T H A N
P R I N : Dans un deuxième point, nous avons parlé de l’absence des pouvoirs politiques. Mais c’est nous qui sommes censés donner l’impulsion aux pouvoirs politiques. C’est nous qui sommes censés faire la politique de notre pays. Les pouvoirs politiques sont là. C’est à nous de communiquer autour de nous pour influencer cette politique nationale, voire européenne et même mondiale.
J O N A T H A N
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S A C Q U E T
: Jonathan ?
P R I N : Nous sommes partis sur une vision assez franco-française : la liberté, l’égalité… C’est le début de la Déclaration de l’homme et du citoyen français. Elle a été adaptée avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, certes, mais est-elle reconnue par tout le monde ? Ils n’ont pas la même vision, je pense, de la liberté des droits. C’est une autre culture. Notre vision n’est pas forcément partagée par tous. P R I N : Dans un deuxième point, nous avons parlé de l’absence des pouvoirs politiques. Mais c’est nous qui sommes censés donner l’impulsion aux pouvoirs politiques. C’est nous qui sommes censés faire la politique de notre pays. Les pouvoirs politiques sont là. C’est à nous de communiquer autour de nous pour influencer cette politique nationale, voire européenne et même mondiale.
J O N A T H A N
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: Un point de méthode. Quand on parle de communication, on parle tout naturellement du CID.
I N T E R V E N A N T
La question est posée et ce n’est pas du tout contradictoire. Faire une communication nationale sera différent de faire un message à passer à l’international et peut-être les valeurs sur lesquelles on appuiera seront-elles différentes! Pour être pragmatiques, on ne va pas opposer ces valeurs parce qu’elles sont éventuellement incompatibles. On peut avoir des valeurs et un modèle pour la communication nationale et peut-être se permettre d’avoir un modèle différent pour les relations internationales.
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: Mais que va-t-il réguler ? Il va réguler une situation franco-française ou européenne ! Or, nous ne sommes pas dans une situation concernant essentiellement le continent européen, mais dans une situation planétaire dans laquelle l’Inde, le Pakistan, la Chine s’en fichent. La seule chose qui les intéresse, c’est de se développer à outrance et de nous submerger.
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: Jean-Luc ?
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G E R A R D
: Jean-Luc ?
: Nous n’avons pas employé le mot “droit”.
Je vais prendre l’exemple C’est nous qui sommes censés concret de Baia Mare, une faire la politique de notre pays” usine en Roumanie qui produit de l’or. Elle a eu un accident et le cyanure s’est déversé dans un fleuve qui traverse toute l’Europe : 5 millions de poissons tués, toute l’économie des pêcheurs et du tourisme ainsi que les écosystèmes bouleversés. Cela a été une catastrophe énorme qui a touché plusieurs pays. On dit que c’est, après Tchernobyl, la plus grande catastrophe écologique survenue en Europe.
Je vais prendre l’exemple C’est nous qui sommes censés concret de Baia Mare, une faire la politique de notre pays” usine en Roumanie qui produit de l’or. Elle a eu un accident et le cyanure s’est déversé dans un fleuve qui traverse toute l’Europe : 5 millions de poissons tués, toute l’économie des pêcheurs et du tourisme ainsi que les écosystèmes bouleversés. Cela a été une catastrophe énorme qui a touché plusieurs pays. On dit que c’est, après Tchernobyl, la plus grande catastrophe écologique survenue en Europe.
Or, que s’est-il passé sur le plan du droit et des sanctions pour cette firme qui était australienne ? Elle a reçu une amende de 100 euros et vous savez pourquoi ? Je rappelle qu’il y a eu des millions de dommages sur des biens communs, c’est-à-dire l’écosystème, les gens qui vivent là. Parce qu’elle avait annoncé la panne trop tard par rapport aux délais prévus par la loi ! Nous sommes dans un système délirant.
Or, que s’est-il passé sur le plan du droit et des sanctions pour cette firme qui était australienne ? Elle a reçu une amende de 100 euros et vous savez pourquoi ? Je rappelle qu’il y a eu des millions de dommages sur des biens communs, c’est-à-dire l’écosystème, les gens qui vivent là. Parce qu’elle avait annoncé la panne trop tard par rapport aux délais prévus par la loi ! Nous sommes dans un système délirant.
Bhopal est un autre exemple qui, du point de vue du droit, est une catastrophe. Union Carbide a causé la mort de 5000 personnes en une nuit et, aujourd’hui, 500000 personnes en souffrent encore. Cela a été une catastrophe humaine et écologique sur le sol,… Cela été oublié par médias… Que s’était-il passé ? C’est toujours dû à des chaînes d’erreurs dans la gestion et la sécurité industrielle. Cela a explosé et il y a eu un nuage… Que s’est-il passé ensuite ? Pratiquement rien.
Bhopal est un autre exemple qui, du point de vue du droit, est une catastrophe. Union Carbide a causé la mort de 5000 personnes en une nuit et, aujourd’hui, 500000 personnes en souffrent encore. Cela a été une catastrophe humaine et écologique sur le sol,… Cela été oublié par médias… Que s’était-il passé ? C’est toujours dû à des chaînes d’erreurs dans la gestion et la sécurité industrielle. Cela a explosé et il y a eu un nuage… Que s’est-il passé ensuite ? Pratiquement rien.
Nous sommes dans un vide juridique international. Je reviens au pouvoir, à l’argent et à la politique ; plusieurs autres exemples le montrent le rôle que remplit l’argent. Des gens décident ; ce sont les grands investisseurs, les marchés financiers, qui votent les plus grandes politiques… Quel est le plus grand centre de décisions dans le monde politique ? Wall Street. On vote chaque jour, des milliards sont échangés et qu’avons-nous, vous et moi, à dire là-dessus ? Rien. Pourtant c’est notre argent.
Nous sommes dans un vide juridique international. Je reviens au pouvoir, à l’argent et à la politique”
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: Nous n’avons pas employé le mot “droit”.
Union Carbide –la firme qui possédait le site– n’a pas payé d’amende. Ils ont dit qu’ils allaient construire un hôpital. Ils ont commencé à bâtir l’hôpital mais il n’a jamais réellement fonctionné. Le responsable de la firme n’a jamais été condamné pour quoi que ce soit. L’État indien a dit : “Si on fait un procès, si on cherche la solution du conflit et du procès pour essayer de faire en sorte que cela ne se reproduise plus, les investisseurs étrangers ne viendront plus en Inde. Nous n’aurons plus d’argent.” Donc, rien n’a été fait et le PDG d’Union Carbide a 5 000 morts sur la conscience !
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: Vincent ?
D A V I D : Tout à l’heure, vous avez cité Jeremy Rifkin. Je voudrais citer un autre sociologue économiste américain, Albert Hirschmann, qui a écrit des choses très intéressantes. On peut douter des questions de cycles, mais il se fonde sur l’histoire pour montrer l’existence, au XXe siècle, de cycles d’environ trente ans, avec des périodes pendant lesquelles les sociétés se tournent davantage vers l’action au politique pour acquérir des droits, aller vers des idées, auxquelles succèdent des périodes pendant lesquelles elles sont davantage tournées sur la consommation et l’acquisition de biens.
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Union Carbide –la firme qui possédait le site– n’a pas payé d’amende. Ils ont dit qu’ils allaient construire un hôpital. Ils ont commencé à bâtir l’hôpital mais il n’a jamais réellement fonctionné. Le responsable de la firme n’a jamais été condamné pour quoi que ce soit. L’État indien a dit : “Si on fait un procès, si on cherche la solution du conflit et du procès pour essayer de faire en sorte que cela ne se reproduise plus, les investisseurs étrangers ne viendront plus en Inde. Nous n’aurons plus d’argent.” Donc, rien n’a été fait et le PDG d’Union Carbide a 5 000 morts sur la conscience ! Nous sommes dans un vide juridique international. Je reviens au pouvoir, à l’argent et à la politique ; plusieurs autres exemples le montrent le rôle que remplit l’argent. Des gens décident ; ce sont les grands investisseurs, les marchés financiers, qui votent les plus grandes politiques… Quel est le plus grand centre de décisions dans le monde politique ? Wall Street. On vote chaque jour, des milliards sont échangés et qu’avons-nous, vous et moi, à dire là-dessus ? Rien. Pourtant c’est notre argent.
Nous sommes dans un vide juridique international. Je reviens au pouvoir, à l’argent et à la politique”
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A N N E - M A R I E V I N C E N T
S A C Q U E T
: Vincent ?
D A V I D : Tout à l’heure, vous avez cité Jeremy Rifkin. Je voudrais citer un autre sociologue économiste américain, Albert Hirschmann, qui a écrit des choses très intéressantes. On peut douter des questions de cycles, mais il se fonde sur l’histoire pour montrer l’existence, au XXe siècle, de cycles d’environ trente ans, avec des périodes pendant lesquelles les sociétés se tournent davantage vers l’action au politique pour acquérir des droits, aller vers des idées, auxquelles succèdent des périodes pendant lesquelles elles sont davantage tournées sur la consommation et l’acquisition de biens.
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U N
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Or, il me semble que, Nous n’avons plus rien à conquérir, depuis cinq ans, depuis nous sommes des enfants gâtés 1999, plusieurs signes montrent que nous sommes de de la démocratie” nouveau, en tout cas en France mais je pense également ailleurs, dans la contestation de la société de consommation. Le livre de Naomie Klein “No logo” a fait pas mal de bruit. Je pense à Éthique sur l’étiquette, au commerce équitable et, plus récemment, aux commandos anti-pub. Si les anti-pubs sont invités aujourd’hui, ce n’est pas pour rien : ils sont de plus en plus présents.
Or, il me semble que, Nous n’avons plus rien à conquérir, depuis cinq ans, depuis nous sommes des enfants gâtés 1999, plusieurs signes montrent que nous sommes de de la démocratie” nouveau, en tout cas en France mais je pense également ailleurs, dans la contestation de la société de consommation. Le livre de Naomie Klein “No logo” a fait pas mal de bruit. Je pense à Éthique sur l’étiquette, au commerce équitable et, plus récemment, aux commandos anti-pub. Si les anti-pubs sont invités aujourd’hui, ce n’est pas pour rien : ils sont de plus en plus présents.
À mon sens, ces contestations vont aller en augmentant, car de plus en plus de groupes n’acceptent plus cette situation. Cela va monter en pression.
À mon sens, ces contestations vont aller en augmentant, car de plus en plus de groupes n’acceptent plus cette situation. Cela va monter en pression.
Pourquoi cela ne bouge-t-il pas ? Pourquoi un atelier sur l’humanisme ? Parce qu’en fait nous n’avons plus rien à conquérir – nous sommes des enfants gâtés de la démocratie et plus rien à défendre. En France, aujourd’hui, qui serait prêt à mourir pour des idées ? À force d’humanisme, on a protégé l’homme à un degré énorme et nous ne sommes plus prêts à mourir pour des idées.
Pourquoi cela ne bouge-t-il pas ? Pourquoi un atelier sur l’humanisme ? Parce qu’en fait nous n’avons plus rien à conquérir – nous sommes des enfants gâtés de la démocratie et plus rien à défendre. En France, aujourd’hui, qui serait prêt à mourir pour des idées ? À force d’humanisme, on a protégé l’homme à un degré énorme et nous ne sommes plus prêts à mourir pour des idées.
Lorsque cette contestation, qui monte et mettra sans doute encore de nombreuses années, aura trouvé la convergence avec des gens qui acceptent de mourir pour des idées, à mon avis, les choses changeront très fortement.
Lorsque cette contestation, qui monte et mettra sans doute encore de nombreuses années, aura trouvé la convergence avec des gens qui acceptent de mourir pour des idées, à mon avis, les choses changeront très fortement.
: Pour reprendre ce que disait Jean-Luc tout à l’heure et ce que tu dis à l’instant, nous, citoyens, avons les moyens d’agir, mais ce sera un travail de fourmi, de construction lente. Pour autant, comme Jean-Luc le précisait également, le jour où les fonds éthiques représenteront plus de 35 % de Wall Street, les choses changeront. Mais nous n’y arriverons pas du jour au lendemain !
I N T E R V E N A N T
U N
: Pour reprendre ce que disait Jean-Luc tout à l’heure et ce que tu dis à l’instant, nous, citoyens, avons les moyens d’agir, mais ce sera un travail de fourmi, de construction lente. Pour autant, comme Jean-Luc le précisait également, le jour où les fonds éthiques représenteront plus de 35 % de Wall Street, les choses changeront. Mais nous n’y arriverons pas du jour au lendemain !
I N T E R V E N A N T
Cela constitue effectivement une piste intéressante. Là, cela débouchera véritablement sur du changement. Ce n’est pas pour demain matin, mais nous pouvons y arriver. U N
Cela constitue effectivement une piste intéressante. Là, cela débouchera véritablement sur du changement. Ce n’est pas pour demain matin, mais nous pouvons y arriver.
: Dans ce “cocktail” à doser entre la peur et l’attachement à des valeurs, cette montée des fonds éthiques sera encouragée par la peur qui peut être déclenchée auprès de grandes compagnies dès lors que les consommateurs s’organisent.
I N T E R V E N A N T
Nous avons parlé de leur pouvoir énorme. Il est possible de faire “craquer” un groupe. Non pas en deux ans, mais en quinze jours ; cela peut avoir pour conséquence de véritables effondrements boursiers. Le consommateur n’a pas conscience de son pouvoir. C’est le problème du lobbying.
Même les grands groupes ont besoin de faire du lobbying. Quelquefois, ils se cassent la figure… Il suffit de voir ce qui est arrivé à Jean-Marie Messier. Lorsqu’il s’est trouvé isolé, il n’a pas pu tenir le choc alors qu’il s’agissait d’un groupe énorme.
Même les grands groupes ont besoin de faire du lobbying. Quelquefois, ils se cassent la figure… Il suffit de voir ce qui est arrivé à Jean-Marie Messier. Lorsqu’il s’est trouvé isolé, il n’a pas pu tenir le choc alors qu’il s’agissait d’un groupe énorme.
Il faut avoir davantage conscience de cette relative fragilité des groupes financiers devant la réaction de consommateurs voire d’actionnaires, ceux qui verront à quelles catastrophes mène la non-éthique, qui essayeront, même par égoïsme, de basculer…
Il faut avoir davantage conscience de cette relative fragilité des groupes financiers devant la réaction de consommateurs voire d’actionnaires, ceux qui verront à quelles catastrophes mène la non-éthique, qui essayeront, même par égoïsme, de basculer…
S A C Q U E T
G A U C H O T T E
: Henri ?
A N N E - M A R I E
: Les termes “stratégie” et “tactique” sont des termes militaires.
H E N R I
Pour la stratégie, vous avez identifié le pouvoir de l’argent. C’est un axe important. La “tactique”, c’est savoir comment on y va. Est-ce agir sur la croissance de 311
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: Dans ce “cocktail” à doser entre la peur et l’attachement à des valeurs, cette montée des fonds éthiques sera encouragée par la peur qui peut être déclenchée auprès de grandes compagnies dès lors que les consommateurs s’organisent.
I N T E R V E N A N T
Nous avons parlé de leur pouvoir énorme. Il est possible de faire “craquer” un groupe. Non pas en deux ans, mais en quinze jours ; cela peut avoir pour conséquence de véritables effondrements boursiers. Le consommateur n’a pas conscience de son pouvoir. C’est le problème du lobbying.
A N N E - M A R I E H E N R I
U N
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S A C Q U E T
G A U C H O T T E
: Henri ?
: Les termes “stratégie” et “tactique” sont des termes militaires.
Pour la stratégie, vous avez identifié le pouvoir de l’argent. C’est un axe important. La “tactique”, c’est savoir comment on y va. Est-ce agir sur la croissance de 311
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0,01 % du marché ou est-ce prendre le pouvoir sur 30 % du marché ? Il ne faut pas se tromper. Les choses ne sont peut-être pas aussi binaires que cela. N’est-ce pas aller voir comment rentrer dans le monde de l’argent et agir sur 20 à 30 % de l’existant ou est-ce se battre pour développer les 0,01 % de fonds éthiques ? A N N E - M A R I E G I L L E S
S A C Q U E T
0,01 % du marché ou est-ce prendre le pouvoir sur 30 % du marché ? Il ne faut pas se tromper. Les choses ne sont peut-être pas aussi binaires que cela. N’est-ce pas aller voir comment rentrer dans le monde de l’argent et agir sur 20 à 30 % de l’existant ou est-ce se battre pour développer les 0,01 % de fonds éthiques ?
: Gilles ?
A N N E - M A R I E
: Je reprends un peu ce que disait Pascal tout à l’heure. Les stratégies, je les ai défendues pendant des années, avec le commerce équitable notamment. Mais j’ai l’impression qu’en même temps, plus nous aurons ce type de revendications, moins les grands groupes auront de scrupule à abandonner nos marchés, sur lesquels nous venons les agacer avec des valeurs humanistes dont ils n’ont strictement rien à faire, pour aller vers des populations qui n’ont rien et qui souhaitent avant tout avoir accès au développement. Celles-ci n’auront pas toutes les exigences que nous avons.
P E N N E Q U I N
G I L L E S
Je ne voudrais pas que nous tombions dans l’“angélisme”. Pour le moment, nous détenons l’argent et les marchés sont un peu dépendants de nous, mais nous voyons bien que c’est de moins en moins vrai et que tout cela va basculer très rapidement. Je crains que notre vision très généreuse ne tienne pas.
“
S A C Q U E T : Dans ce que j’ai pu entendre depuis le début de l’atelier, la vision généreuse est quand même assez limitée. Elle est plutôt pessimiste, noire.
A N N E - M A R I E
U N
I N T E R V E N A N T
: Les solutions que nous proposons sont toutes très sympathiques.
S A C Q U E T : Nous avons écouté les tendances livrées par Vincent, Solène, Jean-Luc… Il y a la version, je dirais, noire, pessimiste, d’un monde dominé par l’argent, de l’argent majoritaire, mais également une autre version qui met en évidence des tendances émergentes… N’y a-t-il pas cette propension, pour certains en tout cas, qui sont proches des réseaux de “pouvoir traditionnel”, entre guillemets, à ne voir que l’échec de ces sphères de “pouvoir traditionnel” et à ne pas suffisamment écouter les signaux, émis par les mouvements d’ONG, de citoyens, de consommateurs qui sont en train de changer ? Cela me parait important. Quel regard portons-nous, Le citoyen, quand il est consommateur averti, nous-mêmes, sur ces évolutions ? peut-il introduire une autre forme de régulation ?” Selon l’endroit où l’on se place, on a une vision différente sur les signes. A N N E - M A R I E
Pierre-Frédéric l’a bien dit, le rôle de régulation de l’État s’affaiblit. Le citoyen, quand il est consommateur averti, peut-il introduire une autre forme de régulation ? T E N I E R E - B U C H O T : Faisons en sorte que la Caisse Nationale d’Épargne devienne une Caisse locale d’épargne et étudions les débuts, voici cent ans, du Crédit mutuel et du Crédit agricole : le Crédit agricole, “caisse rouge” à l’époque, laïque, et le Crédit mutuel, “caisse des cathos”. Si je dis “laïque” et “catho”, c’est très fort. Regardez ce que sont devenus le Crédit mutuel et le Crédit agricole et vous verrez la puissance des caisses locales… Elles n’ont rien à voir, mais elles sont très proches, si nous regardons les problèmes des agriculteurs du début du XXe siècle…
P I E R R E - F R É D É R I C
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: Jean-Luc ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Je reprends un peu ce que disait Pascal tout à l’heure. Les stratégies, je les ai défendues pendant des années, avec le commerce équitable notamment. Mais j’ai l’impression qu’en même temps, plus nous aurons ce type de revendications, moins les grands groupes auront de scrupule à abandonner nos marchés, sur lesquels nous venons les agacer avec des valeurs humanistes dont ils n’ont strictement rien à faire, pour aller vers des populations qui n’ont rien et qui souhaitent avant tout avoir accès au développement. Celles-ci n’auront pas toutes les exigences que nous avons.
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S A C Q U E T : Dans ce que j’ai pu entendre depuis le début de l’atelier, la vision généreuse est quand même assez limitée. Elle est plutôt pessimiste, noire.
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I N T E R V E N A N T
: Les solutions que nous proposons sont toutes très sympathiques.
S A C Q U E T : Nous avons écouté les tendances livrées par Vincent, Solène, Jean-Luc… Il y a la version, je dirais, noire, pessimiste, d’un monde dominé par l’argent, de l’argent majoritaire, mais également une autre version qui met en évidence des tendances émergentes… N’y a-t-il pas cette propension, pour certains en tout cas, qui sont proches des réseaux de “pouvoir traditionnel”, entre guillemets, à ne voir que l’échec de ces sphères de “pouvoir traditionnel” et à ne pas suffisamment écouter les signaux, émis par les mouvements d’ONG, de citoyens, de consommateurs qui sont en train de changer ? Cela me parait important. Quel regard portons-nous, Le citoyen, quand il est consommateur averti, nous-mêmes, sur ces évolutions ? peut-il introduire une autre forme de régulation ?” Selon l’endroit où l’on se place, on a une vision différente sur les signes. A N N E - M A R I E
Pierre-Frédéric l’a bien dit, le rôle de régulation de l’État s’affaiblit. Le citoyen, quand il est consommateur averti, peut-il introduire une autre forme de régulation ? T E N I E R E - B U C H O T : Faisons en sorte que la Caisse Nationale d’Épargne devienne une Caisse locale d’épargne et étudions les débuts, voici cent ans, du Crédit mutuel et du Crédit agricole : le Crédit agricole, “caisse rouge” à l’époque, laïque, et le Crédit mutuel, “caisse des cathos”. Si je dis “laïque” et “catho”, c’est très fort. Regardez ce que sont devenus le Crédit mutuel et le Crédit agricole et vous verrez la puissance des caisses locales… Elles n’ont rien à voir, mais elles sont très proches, si nous regardons les problèmes des agriculteurs du début du XXe siècle…
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A N N E - M A R I E
G É R A R D : Bien que je parle toujours ou souvent d’argent parce que son pouvoir est énorme, d’après moi, une des actions positives que nous pourrions avoir serait de “déséconomiser” les pensées et la société.
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: Gilles ?
Je ne voudrais pas que nous tombions dans l’“angélisme”. Pour le moment, nous détenons l’argent et les marchés sont un peu dépendants de nous, mais nous voyons bien que c’est de moins en moins vrai et que tout cela va basculer très rapidement. Je crains que notre vision très généreuse ne tienne pas.
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: Jean-Luc ?
G É R A R D : Bien que je parle toujours ou souvent d’argent parce que son pouvoir est énorme, d’après moi, une des actions positives que nous pourrions avoir serait de “déséconomiser” les pensées et la société.
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Nous avons parlé d’alternatives. Par exemple, je sais faire une déclaration fiscale et toi, tu sais coudre ou autre chose… Cela permet des échanges dans lesquels aucun argent ne circule. C’est intéressant. Je me suis amusé à regarder qui, depuis la dernière guerre, publie des livres. Auparavant, c’était Sartre, Marcuse, Bateson, Watzlawick, Margaret Mead, René Dumont : des philosophes, des sociologues, etc. Maintenant, c’est Lester Thurow, Milton Friedmann, Joseph Stieglitz, Amartya Sen, Jacques Attali ; ce ne sont que des économistes ! Peut-être faudrait-il essayer de “déséconomiser” les problèmes dans la pensée et dans la communication.
Nous avons parlé d’alternatives. Par exemple, je sais faire une déclaration fiscale et toi, tu sais coudre ou autre chose… Cela permet des échanges dans lesquels aucun argent ne circule. C’est intéressant. Je me suis amusé à regarder qui, depuis la dernière guerre, publie des livres. Auparavant, c’était Sartre, Marcuse, Bateson, Watzlawick, Margaret Mead, René Dumont : des philosophes, des sociologues, etc. Maintenant, c’est Lester Thurow, Milton Friedmann, Joseph Stieglitz, Amartya Sen, Jacques Attali ; ce ne sont que des économistes ! Peut-être faudrait-il essayer de “déséconomiser” les problèmes dans la pensée et dans la communication.
Cela ne signifie pas de ne pas utiliser d’argent pour faire des choses, mais il s’agit de réfléchir à des solutions en dehors de l’argent, de se demander s’il est possible de faire autrement. C’est difficile parce que nous sommes dans un monde où tout se paye, tout s’achète. Bientôt il faudra de l’argent à Tokyo, dans le métro pour respirer de l’oxygène pur. Où allons-nous ?
Cela ne signifie pas de ne pas utiliser d’argent pour faire des choses, mais il s’agit de réfléchir à des solutions en dehors de l’argent, de se demander s’il est possible de faire autrement. C’est difficile parce que nous sommes dans un monde où tout se paye, tout s’achète. Bientôt il faudra de l’argent à Tokyo, dans le métro pour respirer de l’oxygène pur. Où allons-nous ?
C’est une piste à utiliser : que pouvons-nous “déséconomiser” ?
C’est une piste à utiliser : que pouvons-nous “déséconomiser” ?
Avec l’inflation de l’économie, comme je l’ai expliqué, même si les fonds éthiques sont plus nombreux, nous restons dans la logique du “toujours plus”, avec toujours plus de fonds, Il nous faut sortir de cette logique. Nous revenons là à l’éducation, à l’école. U N E
Avec l’inflation de l’économie, comme je l’ai expliqué, même si les fonds éthiques sont plus nombreux, nous restons dans la logique du “toujours plus”, avec toujours plus de fonds, Il nous faut sortir de cette logique. Nous revenons là à l’éducation, à l’école.
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: J’aimerais poser une question à Jean-Luc. Tu citais l’industrie pharmaceutique qui produit tant de médicaments pour soigner des maladies qui sont signes de décadence. N’existe-t-il pas un espoir dans cette décadence ? Les valeurs d’humanisme et de fraternité ne peuvent-elles pas sortir de cela ? Si tout le monde se trouve sous Prozac, on ne pourra plus rien faire, ni acheter, ni rester dans ce système d’économie…
U N E
G É R A R D : C’est intéressant car nous reparlons d’histoire. Il suffit de regarder celle des Empires des Incas ou des Romains, Ils ont connu une phase de croissance suivie d’une phase de décadence. Certains pessimistes disent que nous sommes dans la phase de décadence. Il suffit de regarder la télé. J’ai donné l’exemple des publicités à la télévision. Nous le savons, Je n’achète rien, en tout cas pas ce que cheril faut dématérialiser” chent à vendre 80 % de ces publicités.
J E A N - L U C
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J E A N - L U C
G É R A R D : C’est intéressant car nous reparlons d’histoire. Il suffit de regarder celle des Empires des Incas ou des Romains, Ils ont connu une phase de croissance suivie d’une phase de décadence. Certains pessimistes disent que nous sommes dans la phase de décadence. Il suffit de regarder la télé. J’ai donné l’exemple des publicités à la télévision. Nous le savons, Je n’achète rien, en tout cas pas ce que cheril faut dématérialiser” chent à vendre 80 % de ces publicités.
À quoi servent toutes ces dépenses ? C’est un gaspillage de ressources incroyable dans une société, dans laquelle le monde économique joue sur cette notion d’efficacité. On dit : “On a des ressources tellement limitées qu’il faut être efficace.” Il y a même une très grosse différence entre l’éco-effectivité et l’éco-efficience. Un Allemand, Michael Braungart, plaide pour l’éco-effectivité (cad. d’autres sortes de ressources naturelles et énergétiques dégradables et/ou renouvelables). Il a dit qu’avec l’éco-efficience, nous allions tout doucement, mais sûrement, vers un épuisement de la planète et par là même inéluctablement vers la catastrophe. Nous le savons, il faut dématérialiser. Notre société est une société de consommation ; il y a des déchets partout, même à 500 mètres sous la mer. Il faut essayer de changer pour ne pas arriver jusqu’à la décadence, car nous sommes sur une pente de décadence, comme vous le disiez. U N E
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À quoi servent toutes ces dépenses ? C’est un gaspillage de ressources incroyable dans une société, dans laquelle le monde économique joue sur cette notion d’efficacité. On dit : “On a des ressources tellement limitées qu’il faut être efficace.” Il y a même une très grosse différence entre l’éco-effectivité et l’éco-efficience. Un Allemand, Michael Braungart, plaide pour l’éco-effectivité (cad. d’autres sortes de ressources naturelles et énergétiques dégradables et/ou renouvelables). Il a dit qu’avec l’éco-efficience, nous allions tout doucement, mais sûrement, vers un épuisement de la planète et par là même inéluctablement vers la catastrophe. Nous le savons, il faut dématérialiser. Notre société est une société de consommation ; il y a des déchets partout, même à 500 mètres sous la mer. Il faut essayer de changer pour ne pas arriver jusqu’à la décadence, car nous sommes sur une pente de décadence, comme vous le disiez.
: Non, la possibilité d’émerger existe justement parce que c’est devenu trop décadent. Comme tu le dis, les produits sont tellement nombreux, que, de toute façon, je serai toujours aussi vide, j’aurai toujours autant de manque. Et pour
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: J’aimerais poser une question à Jean-Luc. Tu citais l’industrie pharmaceutique qui produit tant de médicaments pour soigner des maladies qui sont signes de décadence. N’existe-t-il pas un espoir dans cette décadence ? Les valeurs d’humanisme et de fraternité ne peuvent-elles pas sortir de cela ? Si tout le monde se trouve sous Prozac, on ne pourra plus rien faire, ni acheter, ni rester dans ce système d’économie…
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: Non, la possibilité d’émerger existe justement parce que c’est devenu trop décadent. Comme tu le dis, les produits sont tellement nombreux, que, de toute façon, je serai toujours aussi vide, j’aurai toujours autant de manque. Et pour
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cela, je vais me mettre à chercher autre chose, c’est-à-dire des valeurs d’humanité qui vont davantage me “remplir” et m’épanouir.
cela, je vais me mettre à chercher autre chose, c’est-à-dire des valeurs d’humanité qui vont davantage me “remplir” et m’épanouir.
[…] U N E
[…]
: Ceux qui se situent en dehors, à côté de ce système, qui le rejettent, sont de plus en plus nombreux. Ils ont compris comment cela fonctionnait. Ils n’adhèrent pas à ces valeurs. Par contre, ils n’ont pas pris le pouvoir, ils restent entre eux. C’est ce qu’on appelle les Teufeurs, des gens qui vivent en marge. Lorsque j’ai discuté avec eux pour le questionnaire, au début, je me suis dit qu’ils nous faisaient un peu peur… Puis je me suis rendu compte que ce sont ceux, en tout cas les jeunes, qui avaient le plus de recul sur ce qui se passe actuellement. Ils n’ont pas choisi de participer à cela ou de chercher une autre manière, ils ne se sont pas engagés, ils se sont juste retirés. Ils ont choisi de chercher, entre eux, un moyen de “se remplir”, mais sans consommer.
U N E
G É R A R D : Je voudrais rappeler une information que tout le monde connaît et qui se trouve tout à fait au croisement de ce débat entre humanisme, générosité et argent. Malgré l’effet “more kilometers” (plus on est loin, moins cela compte) qui a été évoqué hier dans un atelier, l’effet tsunami et la mobilisation générale en termes de générosité et de finances en France constituent une note d’optimisme énorme qui me laisse penser que le potentiel de solidarité est bien vivant, pour reprendre la terminologie des termes humanistes de fraternité, de compassion et d’amour, qui, entre parenthèses, sont confirmés en laboratoire par les chercheurs économistes de la théorie des jeux.
J E A N - L U C
I N T E R V E N A N T E
: Ceux qui se situent en dehors, à côté de ce système, qui le rejettent, sont de plus en plus nombreux. Ils ont compris comment cela fonctionnait. Ils n’adhèrent pas à ces valeurs. Par contre, ils n’ont pas pris le pouvoir, ils restent entre eux. C’est ce qu’on appelle les Teufeurs, des gens qui vivent en marge. Lorsque j’ai discuté avec eux pour le questionnaire, au début, je me suis dit qu’ils nous faisaient un peu peur… Puis je me suis rendu compte que ce sont ceux, en tout cas les jeunes, qui avaient le plus de recul sur ce qui se passe actuellement. Ils n’ont pas choisi de participer à cela ou de chercher une autre manière, ils ne se sont pas engagés, ils se sont juste retirés. Ils ont choisi de chercher, entre eux, un moyen de “se remplir”, mais sans consommer.
I N T E R V E N A N T E
G É R A R D : Je voudrais rappeler une information que tout le monde connaît et qui se trouve tout à fait au croisement de ce débat entre humanisme, générosité et argent. Malgré l’effet “more kilometers” (plus on est loin, moins cela compte) qui a été évoqué hier dans un atelier, l’effet tsunami et la mobilisation générale en termes de générosité et de finances en France constituent une note d’optimisme énorme qui me laisse penser que le potentiel de solidarité est bien vivant, pour reprendre la terminologie des termes humanistes de fraternité, de compassion et d’amour, qui, entre parenthèses, sont confirmés en laboratoire par les chercheurs économistes de la théorie des jeux.
J E A N - L U C
Pas seulement. Cela laisse entendre qu’énormément de gens sont dans les startingblocks dès lors qu’il y a de la communication, de l’information et de l’organisation.
Pas seulement. Cela laisse entendre qu’énormément de gens sont dans les startingblocks dès lors qu’il y a de la communication, de l’information et de l’organisation.
[…] A N N E - M A R I E
[…] S A C Q U E T
: Isabelle.
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A N N E - M A R I E
: Il faut peut-être relativiser l’élan de générosité qui a suivi la catastrophe du tsunami. C’est arrivé à Noël qui est une “période de générosité”. En outre, cela nous a touchés plus directement car beaucoup d’Européens ont été tués lors de cette catastrophe, des nantis qui étaient partis en vacances à l’autre bout de la Terre…
I S A B E L L E D E S P L A T
Par ailleurs, je rappelle le “battage médiatique” autour du tsunami, qui a utilisé les mêmes mécanismes que pour le Téléthon, etc. Finalement, les gens se trouvent pris dans un élan de générosité national et ils donnent. S A C Q U E T : Gilles nous renvoie cette affiche : “Tu mangeras quand tu seras compétitif”. Cela reste globalement le niveau de générosité qu’on peut avoir aujourd’hui…
A N N E - M A R I E
Pierre-Frédéric faisait référence hier au Niger… À mon avis, ce qui s’est passé pour le tsunami n’est pas du tout un signe d’espoir quant à nos capacités de générosité.
Tu mangeras quand tu seras compétitif”
C O N T A M : Quels mots faut-il mettre sur ces signes ? Cela m’apparaît être un signe fort tout de même. Souvenez-vous. Juste avant la deuxième guerre en Irak, le même jour, à la même heure, des millions de gens partout dans le monde sont sortis pour manifester leur opposition à la guerre. Elle a eu lieu, soit. Mais, dans l’histoire de l’humanité, y a-t-il déjà eu un événement comme celui-là, avec des millions de
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: Il faut peut-être relativiser l’élan de générosité qui a suivi la catastrophe du tsunami. C’est arrivé à Noël qui est une “période de générosité”. En outre, cela nous a touchés plus directement car beaucoup d’Européens ont été tués lors de cette catastrophe, des nantis qui étaient partis en vacances à l’autre bout de la Terre…
S A C Q U E T : Gilles nous renvoie cette affiche : “Tu mangeras quand tu seras compétitif”. Cela reste globalement le niveau de générosité qu’on peut avoir aujourd’hui…
Pierre-Frédéric faisait référence hier au Niger… À mon avis, ce qui s’est passé pour le tsunami n’est pas du tout un signe d’espoir quant à nos capacités de générosité.
: Isabelle.
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Par ailleurs, je rappelle le “battage médiatique” autour du tsunami, qui a utilisé les mêmes mécanismes que pour le Téléthon, etc. Finalement, les gens se trouvent pris dans un élan de générosité national et ils donnent. A N N E - M A R I E
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Tu mangeras quand tu seras compétitif”
C O N T A M : Quels mots faut-il mettre sur ces signes ? Cela m’apparaît être un signe fort tout de même. Souvenez-vous. Juste avant la deuxième guerre en Irak, le même jour, à la même heure, des millions de gens partout dans le monde sont sortis pour manifester leur opposition à la guerre. Elle a eu lieu, soit. Mais, dans l’histoire de l’humanité, y a-t-il déjà eu un événement comme celui-là, avec des millions de
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gens sur la planète qui, en même temps, se sont levés pour dire qu’ils ne voulaient pas de la guerre ?
gens sur la planète qui, en même temps, se sont levés pour dire qu’ils ne voulaient pas de la guerre ?
C’est un signe fort qui n’a strictement rien de monétaire. Quels mots faut-il mettre derrière cela ?
C’est un signe fort qui n’a strictement rien de monétaire. Quels mots faut-il mettre derrière cela ?
Tout à l’heure, quelqu’un a dit qu’il n’y avait pas UN modèle. Cette fois, un seul mot ne va peut-être pas pouvoir qualifier ce mouvement. Sur la planète, les gens l’ont entendu de façon différente. N’est-ce pas là une valeur… Je ne sais pas quel mot il faudrait mettre sur cette histoire de diversité… Mais cette richesse-là n’est-elle pas également porteuse, forte ? Finalement, il y a peut-être dans cette idée de respect de conceptions différentes, qu’on soit en Chine ou en France, en soi, une valeur. La diversité peut être une vraie richesse ; à l’intérieur d’une assemblée comme celle-ci, nos désaccords peuvent devenir féconds, sans pour autant déboucher sur une seule parole ou un seul avis. Pour terminer sur l’idée de la démocratie, je voudrais ajouter que nous sommes peutêtre seulement dans la “toute petite enfance” de la démocratie. On a tendance à nous dire que cela fonctionne de cette façon et que c’est difficile. Tout à l’heure, on nous a présenté la théorie du thermos ! Mais si nous nous plaçons dans cette perspective de la “toute petite enfance”, c’est-à-dire si nous admettons que nous ne sommes peut-être qu’au départ de plein de choses, dans un bouleversement historique et conséquent qui nous mènera quelque part nous n’en savons rien, alors, du point de vue de la démocratie, tout est peut-être à inventer. Cela peut être en ce moment sur le terrain de la conjugaison, de la représentativité et de la participation, comme cela peut être encore d’autres choses.
nous sommes peut-être seulement dans la “toute petite enfance” de la démocratie”
U N
: Par rapport aux valeurs humaines et humanistes, j’ai entendu juste une fois les mots “si on ose” ou “amour” ; j’ai par contre beaucoup entendu parler d’argent. Nous sommes dans une société qui, depuis “Je choisis le veau d’or” ou “Je choisis Dieu”, n’a pas beaucoup évolué. Nous sommes encore dans cette séparation entre : “J’ai peur, je recherche la sécurité, donc j’accumule l’argent et le pouvoir” et “Je fais confiance, j’aime et je vais vers une démarche peut-être plus durable”. Et encore, qu’est-ce qui est durable ? Nous avons en effet tous une certitude, celle de ne pas l’être.
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Tout à l’heure, quelqu’un a dit qu’il n’y avait pas UN modèle. Cette fois, un seul mot ne va peut-être pas pouvoir qualifier ce mouvement. Sur la planète, les gens l’ont entendu de façon différente. N’est-ce pas là une valeur… Je ne sais pas quel mot il faudrait mettre sur cette histoire de diversité… Mais cette richesse-là n’est-elle pas également porteuse, forte ? Finalement, il y a peut-être dans cette idée de respect de conceptions différentes, qu’on soit en Chine ou en France, en soi, une valeur. La diversité peut être une vraie richesse ; à l’intérieur d’une assemblée comme celle-ci, nos désaccords peuvent devenir féconds, sans pour autant déboucher sur une seule parole ou un seul avis. Pour terminer sur l’idée de la démocratie, je voudrais ajouter que nous sommes peutêtre seulement dans la “toute petite enfance” de la démocratie. On a tendance à nous dire que cela fonctionne de cette façon et que c’est difficile. Tout à l’heure, on nous a présenté la théorie du thermos ! Mais si nous nous plaçons dans cette perspective de la “toute petite enfance”, c’est-à-dire si nous admettons que nous ne sommes peut-être qu’au départ de plein de choses, dans un bouleversement historique et conséquent qui nous mènera quelque part nous n’en savons rien, alors, du point de vue de la démocratie, tout est peut-être à inventer. Cela peut être en ce moment sur le terrain de la conjugaison, de la représentativité et de la participation, comme cela peut être encore d’autres choses.
nous sommes peut-être seulement dans la “toute petite enfance” de la démocratie”
I N T E R V E N A N T
U N
Pour revenir à la communication au développement durable, puisque nous cherchons ce qui est commun, je ne suis pas certain que l’argent soit la valeur commune planétaire. Par contre, il y a plus de chance que l’amour le soit. Quand on est amoureux, on oublie tout le reste…
: Par rapport aux valeurs humaines et humanistes, j’ai entendu juste une fois les mots “si on ose” ou “amour” ; j’ai par contre beaucoup entendu parler d’argent. Nous sommes dans une société qui, depuis “Je choisis le veau d’or” ou “Je choisis Dieu”, n’a pas beaucoup évolué. Nous sommes encore dans cette séparation entre : “J’ai peur, je recherche la sécurité, donc j’accumule l’argent et le pouvoir” et “Je fais confiance, j’aime et je vais vers une démarche peut-être plus durable”. Et encore, qu’est-ce qui est durable ? Nous avons en effet tous une certitude, celle de ne pas l’être.
I N T E R V E N A N T
Pour revenir à la communication au développement durable, puisque nous cherchons ce qui est commun, je ne suis pas certain que l’argent soit la valeur commune planétaire. Par contre, il y a plus de chance que l’amour le soit. Quand on est amoureux, on oublie tout le reste…
[…] U N
[…]
: Rappelez-vous ce qui s’est passé le 11 septembre. Les personnes qui étaient dans l’avion ou dans les tours, qui savaient qu’ils allaient mourir et qui avaient un téléphone portable, n’ont pas appelé leurs banques pour savoir quelle… Ils ont appelé leurs proches pour leur dire leur amour.
I N T E R V E N A N T
U N
: Rappelez-vous ce qui s’est passé le 11 septembre. Les personnes qui étaient dans l’avion ou dans les tours, qui savaient qu’ils allaient mourir et qui avaient un téléphone portable, n’ont pas appelé leurs banques pour savoir quelle… Ils ont appelé leurs proches pour leur dire leur amour.
I N T E R V E N A N T
[…]
[…]
S A C Q U E T : On ne sait pas ce qu’on fera trois secondes avant de mourir. De toute façon, c’est trop tard.
S A C Q U E T : On ne sait pas ce qu’on fera trois secondes avant de mourir. De toute façon, c’est trop tard.
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: Oui, mais si on en pensait plus tôt, on penserait moins à l’argent et davantage à l’amour. C’est ce que je veux dire.
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: Oui, mais si on en pensait plus tôt, on penserait moins à l’argent et davantage à l’amour. C’est ce que je veux dire.
: Là, je vais faire redescendre l’ascenseur très vite… (Rires.) Ce débat me touche en tant que militant de tout temps, sur le terrain. On parle de démocratie, de planète ; on dit que ce n’est pas européen, que c’est planétaire. Les jeunes sont là. Et la démocratie…
U N
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I N T E R V E N A N T
J’ai envie de dire que nous pouvons peut-être faire acte de contrition nous-mêmes. Je suis acteur sur le terrain, je travaille avec les collectivités d’aménagement du territoire. Or, je vois le mal que nous avons à réinsuffler une vraie démocratie active sur le terrain. Je ne citerai pas d’exemples, mais combien de fois a-t-il fallu que je “pique des crises” auprès d’élus pour qu’on redescende sur le terrain, pour demander aux gens ce qu’ils voulaient faire ! Comment aujourd’hui arriver à recréer des espaces de représentation de l’individu dans son cadre de vie à lui ? Le développement durable commence par là, dans un espace de vie urbain humain. Nous déjà, sur le petit terrain, le faisons-nous bien ? Mon propos porte sur ce grand écart… J’adhère à tous ces discours… Je suis un peu perturbé parce que je rejoins un peu ce qui est dit : que faire ? Mais si nous, nous faisions déjà bien sur le terrain, en multipliant ces micro-actions, ne serait-ce pas une façon de réinsuffler, de faire remonter, de regagner ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
: Je vais tenter l’exercice de vous proposer une conclusion.
J’ai trouvé globalement les commentaires assez pessimistes, probablement à juste titre. Cela rejoint des choses que j’ai… […]
Ce qui peut-être émerge de ces échanges, c’est une volonté de désamorcer l’impuissance”
…bien entendu dans ce qu’on reconnaît aujourd’hui comme valeurs motrices et dans ce que peut proposer l’humanisme aujourd’hui par rapport à des constats qui, me semble-t-il, nous sont communs.
Nous constatons tout de même un dysfonctionnement et un certain nombre de choses à assumer collectivement et individuellement. C’est en cela qu’il m’a semblé que les échanges étaient assez pessimistes. Cela me fait penser à ce que j’ai entendu hier également dans l’atelier sur les médias. Nous constatons que les grands médias nous donnent à voir des victimes de catastrophes et des impuissants, les politiques. Globalement, nos médias mettent en scène la catastrophe et l’impuissance politique. Ce qui peut-être émerge de ces échanges, c’est une volonté de désamorcer l’impuissance ; c’est, à côté d’un certain nombre de A côté des pouvoirs traditionnels, comme les pouvoirs publics, quiqui n’ont plus de capacité de régulation ou de résolution, apparaît une génération d’acteurs, peu visibles aujourd’hui, qui veut de reprendre la main sur son avenir. Nous devons nous référer référence à ce dont parlait Pascal, c’est-à-dire au principe de responsabilité à la fois :
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J’ai envie de dire que nous pouvons peut-être faire acte de contrition nous-mêmes. Je suis acteur sur le terrain, je travaille avec les collectivités d’aménagement du territoire. Or, je vois le mal que nous avons à réinsuffler une vraie démocratie active sur le terrain. Je ne citerai pas d’exemples, mais combien de fois a-t-il fallu que je “pique des crises” auprès d’élus pour qu’on redescende sur le terrain, pour demander aux gens ce qu’ils voulaient faire ! Comment aujourd’hui arriver à recréer des espaces de représentation de l’individu dans son cadre de vie à lui ? Le développement durable commence par là, dans un espace de vie urbain humain. Nous déjà, sur le petit terrain, le faisons-nous bien ? Mon propos porte sur ce grand écart… J’adhère à tous ces discours… Je suis un peu perturbé parce que je rejoins un peu ce qui est dit : que faire ? Mais si nous, nous faisions déjà bien sur le terrain, en multipliant ces micro-actions, ne serait-ce pas une façon de réinsuffler, de faire remonter, de regagner ?
A N N E - M A R I E
S A C Q U E T
: Je vais tenter l’exercice de vous proposer une conclusion.
J’ai trouvé globalement les commentaires assez pessimistes, probablement à juste titre. Cela rejoint des choses que j’ai… […]
Ce qui peut-être émerge de ces échanges, c’est une volonté de désamorcer l’impuissance”
– des pouvoirs en place, à être beaucoup plus à l’écoute des attentes des citoyens, à donner libérer beaucoup plus la parole, l’expression et ldes capacités d’action, à ouvrir la décision à de nouveaux pouvoirs, souterrains aujourd’hui, mais qui ne sont pas suffisamment connus ;
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: Là, je vais faire redescendre l’ascenseur très vite… (Rires.) Ce débat me touche en tant que militant de tout temps, sur le terrain. On parle de démocratie, de planète ; on dit que ce n’est pas européen, que c’est planétaire. Les jeunes sont là. Et la démocratie…
I N T E R V E N A N T
…bien entendu dans ce qu’on reconnaît aujourd’hui comme valeurs motrices et dans ce que peut proposer l’humanisme aujourd’hui par rapport à des constats qui, me semble-t-il, nous sont communs.
Nous constatons tout de même un dysfonctionnement et un certain nombre de choses à assumer collectivement et individuellement. C’est en cela qu’il m’a semblé que les échanges étaient assez pessimistes. Cela me fait penser à ce que j’ai entendu hier également dans l’atelier sur les médias. Nous constatons que les grands médias nous donnent à voir des victimes de catastrophes et des impuissants, les politiques. Globalement, nos médias mettent en scène la catastrophe et l’impuissance politique. Ce qui peut-être émerge de ces échanges, c’est une volonté de désamorcer l’impuissance ; c’est, à côté d’un certain nombre de A côté des pouvoirs traditionnels, comme les pouvoirs publics, quiqui n’ont plus de capacité de régulation ou de résolution, apparaît une génération d’acteurs, peu visibles aujourd’hui, qui veut de reprendre la main sur son avenir. Nous devons nous référer référence à ce dont parlait Pascal, c’est-à-dire au principe de responsabilité à la fois : – des pouvoirs en place, à être beaucoup plus à l’écoute des attentes des citoyens, à donner libérer beaucoup plus la parole, l’expression et ldes capacités d’action, à ouvrir la décision à de nouveaux pouvoirs, souterrains aujourd’hui, mais qui ne sont pas suffisamment connus ;
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– et de chaque citoyen, de chaque consommateur d’être beaucoup plus au fait des réalités d’aujourd’hui, c’est-à-dire au fait des tensions environnementales, sociales, économiques et également au fait des pouvoirs qui régissent le monde, notamment celui de l’argent, de façon à être davantage à même d’agir sur ces pouvoirs. P A S C A L
– et de chaque citoyen, de chaque consommateur d’être beaucoup plus au fait des réalités d’aujourd’hui, c’est-à-dire au fait des tensions environnementales, sociales, économiques et également au fait des pouvoirs qui régissent le monde, notamment celui de l’argent, de façon à être davantage à même d’agir sur ces pouvoirs.
: Tu oublies, me semble-t-il, un élément important. En outre, tu le représentes parfaitement puisque tu es le au Comité 21. Il faut trouver un lieu dans lequel les différentes cultures, qu’elles soient économiques, pouvoirs publics, associatives, puissent se rencontrer et aller vers l’élaboration d’un socle commun où, par exemple, l’élément “finances” dont nous avons beaucoup parlé sera présent. Tout ce qui concerne les fonds éthiques et ce dont nous avons parlé, c’est très important, mais s’il n’y a pas une sorte de mouvement de fond qui se définit à travers l’ensemble de ce qui fait notre société. Nous aurons beau faire des incantations, mener des actions individuelles, dans dix ans, nous aurons à nouveau une université avec un atelier sur le thème “Humanisme” et Jean-Luc nous fera encore un excellent discours, mais nous serons toujours dans la même situation.
D U B O I S
P A S C A L
Dans les années 70, lorsque j’ai commencé à m’intéresser au sujet, on parlait de retour à la nature, de retour à la terre, on disait qu’il fallait se mettre en division par rapport à ce que connaissait le monde économique, etc. Trente ans après, on retrouve les mêmes choses sous des noms différents.
: Tu oublies, me semble-t-il, un élément important. En outre, tu le représentes parfaitement puisque tu es le au Comité 21. Il faut trouver un lieu dans lequel les différentes cultures, qu’elles soient économiques, pouvoirs publics, associatives, puissent se rencontrer et aller vers l’élaboration d’un socle commun où, par exemple, l’élément “finances” dont nous avons beaucoup parlé sera présent. Tout ce qui concerne les fonds éthiques et ce dont nous avons parlé, c’est très important, mais s’il n’y a pas une sorte de mouvement de fond qui se définit à travers l’ensemble de ce qui fait notre société. Nous aurons beau faire des incantations, mener des actions individuelles, dans dix ans, nous aurons à nouveau une université avec un atelier sur le thème “Humanisme” et Jean-Luc nous fera encore un excellent discours, mais nous serons toujours dans la même situation.
D U B O I S
Dans les années 70, lorsque j’ai commencé à m’intéresser au sujet, on parlait de retour à la nature, de retour à la terre, on disait qu’il fallait se mettre en division par rapport à ce que connaissait le monde économique, etc. Trente ans après, on retrouve les mêmes choses sous des noms différents.
Mais je pense que le Comité 21, réellement, a un rôle à jouer… U N
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L ’ I N T E R V E N A N T A N N E - M A R I E
Mais je pense que le Comité 21, réellement, a un rôle à jouer…
: Voici trente ans, le Forum social mondial n’existait pas.
U N
: Cela a évolué et tant mieux.
S A C Q U E T
I N T E R V E N A N T
L ’ I N T E R V E N A N T
: Jean-Luc ?
A N N E - M A R I E
G É R A R D : Je voudrais m’insurger violemment contre le pessimisme. Lorsqu’on veut reconstruire une maison qui est détériorée, on fait d’abord un constat, on voit tout ce qui ne va pas, mais on est plein d’espoir, car on veut reconstruire les fenêtres, l’escalier, le toit…
: Jean-Luc ?
Deuxièmement, le lieu est un élément très important. Ici, c’est un lieu. Je n’étais jamais venu dans le Luberon. C’est un lieu qui fascine et qui intéresse. Pascal en a parlé. Le lieu, c’est là où l’on retrouve des racines. Nous sommes là de nouveau dans les sujets de l’écologie et de l’homme : l’homme est un arbre, il a besoin de racines.
S A C Q U E T : Nous allons conclure sur ce mot de Jean-Luc. Je réagis tout à fait positivement à la proposition de Pascal d’engager une réflexion sur la responsabilité appliquée à la finance. Vous entendrez donc probablement, dans les prochains mois, parler d’un projet de rencontre sur ce thème.
S A C Q U E T : Nous allons conclure sur ce mot de Jean-Luc. Je réagis tout à fait positivement à la proposition de Pascal d’engager une réflexion sur la responsabilité appliquée à la finance. Vous entendrez donc probablement, dans les prochains mois, parler d’un projet de rencontre sur ce thème.
A N N E - M A R I E
A N N E - M A R I E
Merci beaucoup.
Merci beaucoup. (Applaudissements.)
ACIDD et Comité 21
S A C Q U E T
J E A N - L U C
Deuxièmement, le lieu est un élément très important. Ici, c’est un lieu. Je n’étais jamais venu dans le Luberon. C’est un lieu qui fascine et qui intéresse. Pascal en a parlé. Le lieu, c’est là où l’on retrouve des racines. Nous sommes là de nouveau dans les sujets de l’écologie et de l’homme : l’homme est un arbre, il a besoin de racines.
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: Cela a évolué et tant mieux.
G É R A R D : Je voudrais m’insurger violemment contre le pessimisme. Lorsqu’on veut reconstruire une maison qui est détériorée, on fait d’abord un constat, on voit tout ce qui ne va pas, mais on est plein d’espoir, car on veut reconstruire les fenêtres, l’escalier, le toit…
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: Voici trente ans, le Forum social mondial n’existait pas.
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(Applaudissements.)
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Cession de clôture
Plénière : échange avec les jeunes présents dans les ateliers Interventions officielles G I L L E S
Cession de clôture
Plénière : échange avec les jeunes présents dans les ateliers Interventions officielles
, Président d’ACIDD : Pour ouvrir cette dernière séance autour de ce cèdre très ancien, je vais d’abord passer la parole à Philippe Ledenvic. Cet après-midi, en ouverture, nous avons deux “schizophrènes” (Rires) : le directeur régional de l’environnement, également directeur régional de l’Industrie, ainsi que le Président d’Ecoemballages, également Président du Comité 21.
B E R H A U L T
G I L L E S
, Président d’ACIDD : Pour ouvrir cette dernière séance autour de ce cèdre très ancien, je vais d’abord passer la parole à Philippe Ledenvic. Cet après-midi, en ouverture, nous avons deux “schizophrènes” (Rires) : le directeur régional de l’environnement, également directeur régional de l’Industrie, ainsi que le Président d’Ecoemballages, également Président du Comité 21.
B E R H A U L T
Donc je leur laisse la parole.
Donc je leur laisse la parole.
, directeur, DIREN DRIRE Provence-Alpes-Côte d’Azur : Lorsque j’ai découvert le programme, j’ai constaté que mon intervention avait été classée dans les discours institutionnels. Or, en général, ceux-ci m’ennuient, comme c’est le cas pour vous. Cela étant, j’ai également entendu hier en arrivant que nous avions droit ici à une certaine liberté de parole ; j’essayerai donc de l’exercer, justement pour essayer de vous endormir après ce repas… (Rires) Je vais tenter toutefois de ne pas être trop institutionnel.
P H I L I P P E
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, directeur, DIREN DRIRE Provence-Alpes-Côte d’Azur : Lorsque j’ai découvert le programme, j’ai constaté que mon intervention avait été classée dans les discours institutionnels. Or, en général, ceux-ci m’ennuient, comme c’est le cas pour vous. Cela étant, j’ai également entendu hier en arrivant que nous avions droit ici à une certaine liberté de parole ; j’essayerai donc de l’exercer, justement pour essayer de vous endormir après ce repas… (Rires) Je vais tenter toutefois de ne pas être trop institutionnel.
L E D E N V I C
P H I L I P P E
L E D E N V I C
Ma vision du développement durable est d’essayer de définir une façon nouvelle de vivre ensemble. D’autres l’ont dit mieux que moi hier, en prenant d’autres exemples : la prévention des conflits, l’idée d’inventer un XXIe siècle ; j’ai entendu toutes ces idées. J’y crois foncièrement, du fait de mes expériences personnelles et professionnelles. Je suis devenu fonctionnaire à un moment où l’individualisme s’était, me semble-t-il, un peu plus développé. Nous le constatons à tout moment dans les comportements quotidiennement, en conduisant notre voiture, en faisant nos courses, etc. Or, pour avoir une démarche de développement durable, il faut avant tout avoir conscience que construire quelque chose avec les autres est une nécessité, avec une vision de cette société qui, justement, tienne compte de l’autre, des ressources dont on a besoin collectivement, etc.
Ma vision du développement durable est d’essayer de définir une façon nouvelle de vivre ensemble. D’autres l’ont dit mieux que moi hier, en prenant d’autres exemples : la prévention des conflits, l’idée d’inventer un XXIe siècle ; j’ai entendu toutes ces idées. J’y crois foncièrement, du fait de mes expériences personnelles et professionnelles. Je suis devenu fonctionnaire à un moment où l’individualisme s’était, me semble-t-il, un peu plus développé. Nous le constatons à tout moment dans les comportements quotidiennement, en conduisant notre voiture, en faisant nos courses, etc. Or, pour avoir une démarche de développement durable, il faut avant tout avoir conscience que construire quelque chose avec les autres est une nécessité, avec une vision de cette société qui, justement, tienne compte de l’autre, des ressources dont on a besoin collectivement, etc.
Je pensais centrer mon intervention essentiellement sur deux points, ou deux messages, pour essayer d’expliquer comment mettre en pratique cette vision des choses. Un des enjeux actuels est l’expérimentation de rapprochement entre la DRIRE et la DIREN. Je vais tenter d’illustrer cela par des choses concrètes et pragmatiques ; c’est davantage ma façon de les voir et de les vivre.
Je pensais centrer mon intervention essentiellement sur deux points, ou deux messages, pour essayer d’expliquer comment mettre en pratique cette vision des choses. Un des enjeux actuels est l’expérimentation de rapprochement entre la DRIRE et la DIREN. Je vais tenter d’illustrer cela par des choses concrètes et pragmatiques ; c’est davantage ma façon de les voir et de les vivre.
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Tout d’abord, je voudrais parler, à partir de cette expérience que nous vivons actuellement, du fait culturel. J’entends tout le monde dire qu’il s’agit, à la base, de cultures très différentes; c’est vrai, il faut le reconnaître. Mais la première chose passionnante dans cette expérience est justement le fait que nous devions commencer par nous écouter les uns les autres, nous connaître et comprendre la rationalité de l’autre, c’est très important. Je suis persuadé que la vie à l’écart entretient, au contraire, les préjugés. Un des points très Force est de constater que, de cette expérimentation de rapprochement est par le passé, les DRIRE et les DIREN positifs justement celui de s’imposer progressivement la découn’ont pas souvent travaillé ensemble.” verte de l’autre, même lorsque, parfois, on n’en a pas spontanément envie.
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Cession de clôture
Force est de constater –cela a été signalé dans plusieurs rapports de l’Inspection générale– que, par le passé, les DRIRE et les DIREN n’ont pas souvent travaillé ensemble. Il me vient une deuxième question, tout aussi intéressante, par rapport à toutes nos discussions : Quel est le sens ? Pourquoi faire ? Quelle idée ? Je vous donnerai deux ou trois exemples qui sont apparus assez rapidement au travers des échanges et des réflexions que nous avons eus, ainsi que des directions vers lesquelles nous nous proposons d’aller.
Tout d’abord, je voudrais parler, à partir de cette expérience que nous vivons actuellement, du fait culturel. J’entends tout le monde dire qu’il s’agit, à la base, de cultures très différentes; c’est vrai, il faut le reconnaître. Mais la première chose passionnante dans cette expérience est justement le fait que nous devions commencer par nous écouter les uns les autres, nous connaître et comprendre la rationalité de l’autre, c’est très important. Je suis persuadé que la vie à l’écart entretient, au contraire, les préjugés. Un des points très Force est de constater que, de cette expérimentation de rapprochement est par le passé, les DRIRE et les DIREN positifs justement celui de s’imposer progressivement la découn’ont pas souvent travaillé ensemble.” verte de l’autre, même lorsque, parfois, on n’en a pas spontanément envie. Force est de constater –cela a été signalé dans plusieurs rapports de l’Inspection générale– que, par le passé, les DRIRE et les DIREN n’ont pas souvent travaillé ensemble. Il me vient une deuxième question, tout aussi intéressante, par rapport à toutes nos discussions : Quel est le sens ? Pourquoi faire ? Quelle idée ? Je vous donnerai deux ou trois exemples qui sont apparus assez rapidement au travers des échanges et des réflexions que nous avons eus, ainsi que des directions vers lesquelles nous nous proposons d’aller.
Chose évidente: la DRIRE s’intéresse plutôt aux risques technologiques et la DIREN aux risques naturels. Dans notre région, honnêtement, les deux sont omniprésents, s’interpénètrent ; nous retrouvons donc les mêmes concepts. Nous parlons d’aléas, de vulnérabilité, etc. Auparavant, nous en parlions séparément et, honnêtement, le fait d’échanger et d’en discuter entre nous amène à nous demander si tout cela est bien cohérent. Nous avons donc d’ores et déjà pris un certain nombre d’orientations pour essayer d’aller dans ce sens.
Chose évidente: la DRIRE s’intéresse plutôt aux risques technologiques et la DIREN aux risques naturels. Dans notre région, honnêtement, les deux sont omniprésents, s’interpénètrent ; nous retrouvons donc les mêmes concepts. Nous parlons d’aléas, de vulnérabilité, etc. Auparavant, nous en parlions séparément et, honnêtement, le fait d’échanger et d’en discuter entre nous amène à nous demander si tout cela est bien cohérent. Nous avons donc d’ores et déjà pris un certain nombre d’orientations pour essayer d’aller dans ce sens.
L’autre sujet majeur, essentiel par rapport à nos discussions et à nos réflexions depuis le début de cette session, est la question des ressources. Les DRIRE s’intéressent à la gestion de l’énergie et des matières premières, et les DIREN à l’eau, à la biodiversité, aux espaces naturels et aux richesses naturelles. Pour qui connaît la région PACA, ces quatre ressources s’interpénètrent partout, en permanence.
L’autre sujet majeur, essentiel par rapport à nos discussions et à nos réflexions depuis le début de cette session, est la question des ressources. Les DRIRE s’intéressent à la gestion de l’énergie et des matières premières, et les DIREN à l’eau, à la biodiversité, aux espaces naturels et aux richesses naturelles. Pour qui connaît la région PACA, ces quatre ressources s’interpénètrent partout, en permanence.
Or, il se trouve que des concepts ont été développés pour gérer certains types de ressources, gérés par telle direction, et ne l’ont pas été pour gérer d’autres ressources, gérées par une autre direction. Là aussi, l’échange et le L’échange et le rapprochement rapprochement des cultures amène, me semble-t-il, à des cultures amène à s’interroger s’interroger globalement sur globalement sur les ressources” les ressources, avec une démarche typiquement de développement durable.
Or, il se trouve que des concepts ont été développés pour gérer certains types de ressources, gérés par telle direction, et ne l’ont pas été pour gérer d’autres ressources, gérées par une autre direction. Là aussi, l’échange et le L’échange et le rapprochement rapprochement des cultures amène, me semble-t-il, à des cultures amène à s’interroger s’interroger globalement sur globalement sur les ressources” les ressources, avec une démarche typiquement de développement durable.
Vient ensuite la question centrale des développements durables, avec la DRIRE davantage “portée”, entre guillemets, sur les activités économiques et la DIREN sur les territoires. Là aussi, nous avons des choses à faire ensemble.
Vient ensuite la question centrale des développements durables, avec la DRIRE davantage “portée”, entre guillemets, sur les activités économiques et la DIREN sur les territoires. Là aussi, nous avons des choses à faire ensemble.
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Globalement, nous retrouvons des croisements sur les questions de l’aménagement du territoire. Cependant le simple fait de partager en interne nos idées sur le sujet, d’essayer de bâtir et de construire une vision commune, participe de ce que j’essayais de définir tout à l’heure en parlant d’une façon nouvelle de vivre et de penser ensemble.
Globalement, nous retrouvons des croisements sur les questions de l’aménagement du territoire. Cependant le simple fait de partager en interne nos idées sur le sujet, d’essayer de bâtir et de construire une vision commune, participe de ce que j’essayais de définir tout à l’heure en parlant d’une façon nouvelle de vivre et de penser ensemble.
Enfin, ma fierté du moment –et nous allons essayer d’y mettre tous les moyens– concerne l’éco-responsabilité. Nous essayons de mobiliser ce qui me paraît plus facile DRIRE et DIREN ensemble plutôt que séparées, les services de l’État, mais pas seulement, sur cette question. Pour cela, nous constituons le réseau des services de l’État sur l’éco-responsabilité. Nous essayerons d’avoir une dynamique commune et également de profiter de la semaine de la mobilité pour lancer la démarche “Plan de déplacement entreprises”. Ce ne sera pas uniquement “DRIRE-DIREN” ; il nous a paru intéressant de le faire avec tous ceux du Toulonnais, notamment la société du Canal de Provence, le CEMAGREF, ceci en liaison avec les collectivités concernées.
Enfin, ma fierté du moment –et nous allons essayer d’y mettre tous les moyens– concerne l’éco-responsabilité. Nous essayons de mobiliser ce qui me paraît plus facile DRIRE et DIREN ensemble plutôt que séparées, les services de l’État, mais pas seulement, sur cette question. Pour cela, nous constituons le réseau des services de l’État sur l’éco-responsabilité. Nous essayerons d’avoir une dynamique commune et également de profiter de la semaine de la mobilité pour lancer la démarche “Plan de déplacement entreprises”. Ce ne sera pas uniquement “DRIRE-DIREN” ; il nous a paru intéressant de le faire avec tous ceux du Toulonnais, notamment la société du Canal de Provence, le CEMAGREF, ceci en liaison avec les collectivités concernées.
Il est clair que l’éco-responsabilité ne porte pas seulement sur des “démarches ponctuelles”, entre guillemets, de cette nature, mais également sur des politiques d’achat. Nous avons d’ores et déjà adopté celles que nous espérons vertueuses. Cela transparaît par ailleurs sur l’organisation du travail, la dématérialisation croissante de la gestion des dossiers…
Il est clair que l’éco-responsabilité ne porte pas seulement sur des “démarches ponctuelles”, entre guillemets, de cette nature, mais également sur des politiques d’achat. Nous avons d’ores et déjà adopté celles que nous espérons vertueuses. Cela transparaît par ailleurs sur l’organisation du travail, la dématérialisation croissante de la gestion des dossiers…
J’ai un premier message optimiste à vous délivrer concernant cette tentative. Pour l’instant, ce que nous, agents de la DIREN et de la DRIRE, vivons collectivement sur le sujet me paraît extrêmement positif, premièrement dans l’idée de construire quelque chose, mais aussi dans celle d’échanger et de croiser nos expériences.
J’ai un premier message optimiste à vous délivrer concernant cette tentative. Pour l’instant, ce que nous, agents de la DIREN et de la DRIRE, vivons collectivement sur le sujet me paraît extrêmement positif, premièrement dans l’idée de construire quelque chose, mais aussi dans celle d’échanger et de croiser nos expériences.
Le deuxième point de mon intervention porte sur le fait que nous sommes actuellement dans une fenêtre opportune pour le développement durable, notamment en matière de communication,
Le deuxième point de mon intervention porte sur le fait que nous sommes actuellement dans une fenêtre opportune pour le développement durable, notamment en matière de communication,
J’ai bien entendu ce matin quelqu’un dire qu’il était un peu dommage de ne pouvoir réellement communiquer ou arriver à faire passer des messages qu’en face de catastrophes. À l’inverse, je retourne de façon un peu cynique cet argument en disant : au moins, lorsqu’elles sont là, profitons-en. Je donnerai quelques exemples d’expériences professionnelles et personnelles qui montrent que, de toute évidence, il faut utiliser un certain nombre de ressorts pour que la communication soit efficace.
J’ai bien entendu ce matin quelqu’un dire qu’il était un peu dommage de ne pouvoir réellement communiquer ou arriver à faire passer des messages qu’en face de catastrophes. À l’inverse, je retourne de façon un peu cynique cet argument en disant : au moins, lorsqu’elles sont là, profitons-en. Je donnerai quelques exemples d’expériences professionnelles et personnelles qui montrent que, de toute évidence, il faut utiliser un certain nombre de ressorts pour que la communication soit efficace.
Il se trouve que j’ai porté sur les fonds baptismaux l’indice ATMO. On peut le critiquer mais, au moins, c’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à parler de pollution atmosphérique. Dans le même esprit, en PACA, un arrêté interdépartemental a été adopté voici deux ans concernant les mesures d’urgence “ozone”. Nous avons essayé de faire tout ce que nous pouvions pour essayer de réduire les émissions, mais le message important porté par cet arrêté était de dire que cela concernait tout le monde.
Il se trouve que j’ai porté sur les fonds baptismaux l’indice ATMO. On peut le critiquer mais, au moins, c’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à parler de pollution atmosphérique. Dans le même esprit, en PACA, un arrêté interdépartemental a été adopté voici deux ans concernant les mesures d’urgence “ozone”. Nous avons essayé de faire tout ce que nous pouvions pour essayer de réduire les émissions, mais le message important porté par cet arrêté était de dire que cela concernait tout le monde.
Vous ne pouvez pas imaginer les réactions que nous avons eues à ce sujet. J’ai notamment reçu un appel d’un employé d’une industrie ; il m’a dit que nous devions taper davantage sur l’industrie mais que, en revanche, les limitations de vitesse embêtaient les gens. J’ai essayé de lui donner un certain nombre d’arguments pour lui expliquer que c’était nécessaire, que nous avions tous la capacité de contribuer, au moins de façon assez modeste, à cet objectif commun. Ces mesures d’urgence, au delà de
Vous ne pouvez pas imaginer les réactions que nous avons eues à ce sujet. J’ai notamment reçu un appel d’un employé d’une industrie ; il m’a dit que nous devions taper davantage sur l’industrie mais que, en revanche, les limitations de vitesse embêtaient les gens. J’ai essayé de lui donner un certain nombre d’arguments pour lui expliquer que c’était nécessaire, que nous avions tous la capacité de contribuer, au moins de façon assez modeste, à cet objectif commun. Ces mesures d’urgence, au delà de
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leur ambition d’essayer de réduire un peu la pollution, ont celle d’essayer de faire passer un message et d’arriver à mobiliser les gens sur le sujet.
Autre élément de contexte ; je parlais de “fenêtres favorables” et l’une d’elles est la sécheresse. La situation est catastrophique, cela a été suffisamment dit. Là encore, tout un travail a été fait pour essayer de prévenir la situation. Or, cela arrive à peu près au moment où, en application d’une directive européenne, mais de façon totalement volontaire, il a été décidé la mise en place de la “directive cadre” sur l’eau. Elle comIl a été décidé la mise en place de la “directive prend de nouveaux modes de concertation pour aller à la rencontre des populations, les cadre” sur l’eau. Elle comprend de nouveaux écouter, et ceci dans des formats extrêmemodes de concertation pour aller à la rencontre ment différents : grandes réunions publiques ou dans de petites réunions davantage des populations, les écouter ” ciblées sur certains bassins… Ce sont des expériences de communication sur le développement durable qui me semblent utiles ; nous n’avons probablement pas encore épuisé toutes les formes de communication de cette nature. Je finirai en parlant d’un sujet qui m’est cher, la problématique de l’énergie. J’y avais travaillé de façon assez proche, puisque j’avais été chargé de la pollution atmosphérique au milieu des années 90. J’avoue que, lorsque j’intervenais publiquement, j’étais régulièrement un peu navré de voir à quel point les politiques de maîtrise de l’énergie étaient tombées en désuétude. Le constat que je faisais était que le prix de l’énergie n’invitait pas… Mais ce n’est pas une bonne raison.
leur ambition d’essayer de réduire un peu la pollution, ont celle d’essayer de faire passer un message et d’arriver à mobiliser les gens sur le sujet.
Autre élément de contexte ; je parlais de “fenêtres favorables” et l’une d’elles est la sécheresse. La situation est catastrophique, cela a été suffisamment dit. Là encore, tout un travail a été fait pour essayer de prévenir la situation. Or, cela arrive à peu près au moment où, en application d’une directive européenne, mais de façon totalement volontaire, il a été décidé la mise en place de la “directive cadre” sur l’eau. Elle comIl a été décidé la mise en place de la “directive prend de nouveaux modes de concertation pour aller à la rencontre des populations, les cadre” sur l’eau. Elle comprend de nouveaux écouter, et ceci dans des formats extrêmemodes de concertation pour aller à la rencontre ment différents : grandes réunions publiques ou dans de petites réunions davantage des populations, les écouter ” ciblées sur certains bassins…
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Ce sont des expériences de communication sur le développement durable qui me semblent utiles ; nous n’avons probablement pas encore épuisé toutes les formes de communication de cette nature. Je finirai en parlant d’un sujet qui m’est cher, la problématique de l’énergie. J’y avais travaillé de façon assez proche, puisque j’avais été chargé de la pollution atmosphérique au milieu des années 90. J’avoue que, lorsque j’intervenais publiquement, j’étais régulièrement un peu navré de voir à quel point les politiques de maîtrise de l’énergie étaient tombées en désuétude. Le constat que je faisais était que le prix de l’énergie n’invitait pas… Mais ce n’est pas une bonne raison.
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Mon cheval de bataille, depuis maintenant dix ans, consiste à dire qu’il serait tout de même bien d’essayer d’inclure les politiques de maîtrise de l’énergie dans des politiques environnementales plus globales. Depuis dix ou quinze ans que le sujet est sur la table, aucun ministre de l’Écologie n’a réussi à obtenir, dans son décret d’attribution, le rattachement de la maîtrise de l’énergie. Enfin, avec le prix du pétrole, nous allons peut-être pouvoir relancer un peu le sujet. Il est un peu dommage d’y arriver uniquement par l’effet prix. Je suis d’accord avec ce qu’a dit hier Pierre-Frédéric Tenière-Buchot. Dans le développement durable, il faut que l’argent soit très présent et, à mon avis, les politiques que nous devons essayer de développer, de mener et de pousser doivent Aucun ministre de l’Écologie n’a réussi justement s’appuyer sur et à obtenir, dans son décret d’attribution, intégrer ce volet. le rattachement de la maîtrise de l’énergie” Nous n’arriverons pas à faire de développement durable sans prendre en compte ces mécanismes forts. Cela dit, ce n’est pas suffisant, c’est très clair.
Mon cheval de bataille, depuis maintenant dix ans, consiste à dire qu’il serait tout de même bien d’essayer d’inclure les politiques de maîtrise de l’énergie dans des politiques environnementales plus globales. Depuis dix ou quinze ans que le sujet est sur la table, aucun ministre de l’Écologie n’a réussi à obtenir, dans son décret d’attribution, le rattachement de la maîtrise de l’énergie. Enfin, avec le prix du pétrole, nous allons peut-être pouvoir relancer un peu le sujet. Il est un peu dommage d’y arriver uniquement par l’effet prix. Je suis d’accord avec ce qu’a dit hier Pierre-Frédéric Tenière-Buchot. Dans le développement durable, il faut que l’argent soit très présent et, à mon avis, les politiques que nous devons essayer de développer, de mener et de pousser doivent Aucun ministre de l’Écologie n’a réussi justement s’appuyer sur et à obtenir, dans son décret d’attribution, intégrer ce volet. le rattachement de la maîtrise de l’énergie” Nous n’arriverons pas à faire de développement durable sans prendre en compte ces mécanismes forts. Cela dit, ce n’est pas suffisant, c’est très clair.
J’en arrive à ma conclusion.
J’en arrive à ma conclusion.
À propos des suites des rencontres –vous comprendrez la logique avec ce que je viens d’indiquer–, je suis sur la même ligne qu’Anne-Marie Sacquet : nous pouvons faire avancer les choses dans la confrontation et dans l’échange de points de vue qui ne sont pas toujours identiques. Une des questions que je me suis posée lors de ma deuxième journée d’Université d’été, a été la suivante : n’y aurait-il pas moyen de faire adhérer ou de faire venir davantage de gens “dans le train”, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas “dans le bateau”, qui ne sont pas nécessairement impliqués ? 322
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
À propos des suites des rencontres –vous comprendrez la logique avec ce que je viens d’indiquer–, je suis sur la même ligne qu’Anne-Marie Sacquet : nous pouvons faire avancer les choses dans la confrontation et dans l’échange de points de vue qui ne sont pas toujours identiques. Une des questions que je me suis posée lors de ma deuxième journée d’Université d’été, a été la suivante : n’y aurait-il pas moyen de faire adhérer ou de faire venir davantage de gens “dans le train”, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas “dans le bateau”, qui ne sont pas nécessairement impliqués ? 322
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Nous en avons parlé hier avec l’élu de Limoges et cela m’a frappé. La grande majorité ne se sent pas impliquée et n’a pas envie de le faire. La question est de savoir comment, au delà du “cercle d’initiés”, entre guillemets, que nous sommes, nous qui avons des convictions sur ces questions, parvenir à impliquer davantage de gens. C’est une question que je me pose, notamment par rapport à ces rencontres.
Nous en avons parlé hier avec l’élu de Limoges et cela m’a frappé. La grande majorité ne se sent pas impliquée et n’a pas envie de le faire. La question est de savoir comment, au delà du “cercle d’initiés”, entre guillemets, que nous sommes, nous qui avons des convictions sur ces questions, parvenir à impliquer davantage de gens. C’est une question que je me pose, notamment par rapport à ces rencontres.
Une question vient ensuite : où ? Ici, nous sommes en “petit milieu”, confiné. Or, nous devons pouvoir diffuser les idées que nous voulons faire passer. Il faudrait donc trouver, si possible, des lieux dans lesquels nous puissions être davantage en contact avec les gens que nous voudrions voir se joindre à nous.
Une question vient ensuite : où ? Ici, nous sommes en “petit milieu”, confiné. Or, nous devons pouvoir diffuser les idées que nous voulons faire passer. Il faudrait donc trouver, si possible, des lieux dans lesquels nous puissions être davantage en contact avec les gens que nous voudrions voir se joindre à nous.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.)
É R I C
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(Applaudissements.)
, Président du Comité 21 et Président d’Éco-emballages : Bonjour à tous et à toutes. Voici un an, j’ai eu l’honneur d’être élu Président du Comité 21 et, au cours de cette année, j’ai souvent entendu parler de cette Université d’été. Anne-Marie a été très diserte sur la qualité des échanges, les idées nouvelles, etc. Je suis allé à Valenciennes pour m’entraîner, reçu par Pascal ; j’avais donc de quoi faire… Puis, je suis venu ici avec le désir d’abord d’écouter. J’ai tellement écouté que j’ai peu participé directement, à ce point que, ne m’entendant jamais parler, les gens m’ont demandé si je n’étais pas malade ! C’est très important et nous reviendrons sur cette idée : c’est aussi un endroit où l’on écoute.
G U I L L O N
É R I C
, Président du Comité 21 et Président d’Éco-emballages : Bonjour à tous et à toutes. Voici un an, j’ai eu l’honneur d’être élu Président du Comité 21 et, au cours de cette année, j’ai souvent entendu parler de cette Université d’été. Anne-Marie a été très diserte sur la qualité des échanges, les idées nouvelles, etc. Je suis allé à Valenciennes pour m’entraîner, reçu par Pascal ; j’avais donc de quoi faire… Puis, je suis venu ici avec le désir d’abord d’écouter. J’ai tellement écouté que j’ai peu participé directement, à ce point que, ne m’entendant jamais parler, les gens m’ont demandé si je n’étais pas malade ! C’est très important et nous reviendrons sur cette idée : c’est aussi un endroit où l’on écoute.
G U I L L O N
Je ne sais pas si vous avez lu l’introduction du très bel ouvrage qui préfigure cette Université, signé Anne-Marie et Gilles, mais trois expressions m’ont frappé directement au cœur et m’ont enrichi dans l’idée que j’allais venir ici acquérir beaucoup de choses : le premier était “l’action”, le deuxième “le concret” et le troisième “convaincre le grand public”. D’après moi, ce sont fondamentalement les trois grandes idées dont nous avons discuté ensemble pendant ces deux jours et qui me paraissent fondamentales dans la démarche de développement durable.
Je ne sais pas si vous avez lu l’introduction du très bel ouvrage qui préfigure cette Université, signé Anne-Marie et Gilles, mais trois expressions m’ont frappé directement au cœur et m’ont enrichi dans l’idée que j’allais venir ici acquérir beaucoup de choses : le premier était “l’action”, le deuxième “le concret” et le troisième “convaincre le grand public”. D’après moi, ce sont fondamentalement les trois grandes idées dont nous avons discuté ensemble pendant ces deux jours et qui me paraissent fondamentales dans la démarche de développement durable.
Comment se fait-il qu’une démarche aussi prospective, aussi intelligente, aussi conviviale, aussi collective ait autant de mal à pénétrer les arcanes du grand public ? C’est une interrogation que je portr avec moi depuis de nombreuses années ; c’est sans doute celle qui m’a enrichi à l’époque où nous avons créé, puis développé, Écoemballages, puis lorsque j’ai travaillé au sein du Comité 21 et aujourd’hui à sa présidence.
Comment se fait-il qu’une démarche aussi prospective, aussi intelligente, aussi conviviale, aussi collective ait autant de mal à pénétrer les arcanes du grand public ? C’est une interrogation que je portr avec moi depuis de nombreuses années ; c’est sans doute celle qui m’a enrichi à l’époque où nous avons créé, puis développé, Écoemballages, puis lorsque j’ai travaillé au sein du Comité 21 et aujourd’hui à sa présidence.
Comment se fait-il que cette démarche de valeur, qui a la tentation naturelle d’innover en matière de comportement des gens, pénètre aussi mal ou aussi peu dans l’esprit du grand public ? Lorsque nous parlons de communication, ce qui est le thème de notre rendez-vous de ces deux jours, nous sommes au cœur de la problématique.
Comment se fait-il que cette démarche de valeur, qui a la tentation naturelle d’innover en matière de comportement des gens, pénètre aussi mal ou aussi peu dans l’esprit du grand public ? Lorsque nous parlons de communication, ce qui est le thème de notre rendez-vous de ces deux jours, nous sommes au cœur de la problématique.
Je voudrais simplement, avec toute l’humilité que je peux avoir étant beaucoup moins expert que la plupart d’entre vous, vous faire part de deux ou trois réflexions qui m’ont frappé, certes au cours de ces deux journées, mais depuis déjà quelques années.
Je voudrais simplement, avec toute l’humilité que je peux avoir étant beaucoup moins expert que la plupart d’entre vous, vous faire part de deux ou trois réflexions qui m’ont frappé, certes au cours de ces deux journées, mais depuis déjà quelques années.
La démarche de développement durable doit être d’abord collective ; j’insiste beaucoup sur ce qualificatif. Il n’est pas du tout nouveau, mais il est extrêmement fort par rapport à toutes les réflexions qui tendent à centrer le débat sur les valeurs individuelles. Cette démarche collective, pour moi, est la force et l’originalité du Comité 21
La démarche de développement durable doit être d’abord collective ; j’insiste beaucoup sur ce qualificatif. Il n’est pas du tout nouveau, mais il est extrêmement fort par rapport à toutes les réflexions qui tendent à centrer le débat sur les valeurs individuelles. Cette démarche collective, pour moi, est la force et l’originalité du Comité 21
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et de cette Université d’été. En effet, elle met en présence et en discussion le collège associatif, celui des collectivités territoriales, des industriels et également celui des représentants des services de l’État et des médias.
et de cette Université d’été. En effet, elle met en présence et en discussion le collège associatif, celui des collectivités territoriales, des industriels et également celui des représentants des services de l’État et des médias.
Il me paraît tout à fait important, pour la suite des évènements et si nous voulons inscrire cette démarche de développement durable dans le temps, que celle-ci soit une valeur partagée –je dis bien “partagée”– par l’ensemble de ces quatre collèges.
Il me paraît tout à fait important, pour la suite des évènements et si nous voulons inscrire cette démarche de développement durable dans le temps, que celle-ci soit une valeur partagée –je dis bien “partagée”– par l’ensemble de ces quatre collèges.
Le futur appelle tellement de volonté de changements, tellement d’ouvertures nouvelles sur le monde et ses problématiques –elles ont été très bien expliquées–, je n’ai aucune envie d’y revenir que nous ne réussirons jamais avec un collège seul. Je m’inscris en faux contre ceux qui pensent que le monde associatif ou que le monde industriel peut s’en sortir seul. J’ai appartenu à Cette démarche collective, pour moi, plusieurs de ces milieux est la force et l’originalité du Comité et ma conviction, pour l’avoir vécu et pour le 21 et de cette Université d’été” vivre à côté d’AnneMarie et des gens du Comité 21 qui sont ici dans cette salle, est que cette démarche établie collectivement, dans laquelle chacun des représentants de ces collèges peut émettre un avis, donner son opinion, participer aux progrès, à la valeur ajoutée que représente le débat, ne peut pas réussir par un seul collège. C’est une démarche collective et je pense que nous procèderons de cette manière.
Le futur appelle tellement de volonté de changements, tellement d’ouvertures nouvelles sur le monde et ses problématiques –elles ont été très bien expliquées–, je n’ai aucune envie d’y revenir que nous ne réussirons jamais avec un collège seul. Je m’inscris en faux contre ceux qui pensent que le monde associatif ou que le monde industriel peut s’en sortir seul. J’ai appartenu à Cette démarche collective, pour moi, plusieurs de ces milieux est la force et l’originalité du Comité et ma conviction, pour l’avoir vécu et pour le 21 et de cette Université d’été” vivre à côté d’AnneMarie et des gens du Comité 21 qui sont ici dans cette salle, est que cette démarche établie collectivement, dans laquelle chacun des représentants de ces collèges peut émettre un avis, donner son opinion, participer aux progrès, à la valeur ajoutée que représente le débat, ne peut pas réussir par un seul collège. C’est une démarche collective et je pense que nous procèderons de cette manière.
Démarche collective… Cela signifie qu’elle doit s’inscrire dans l’action parce que nous sommes engagés dans l’action ! Aucune communication ne sera durable si elle ne s’inscrit pas dans une démarche d’actions. L’action a d’abord été la hiérarchisation des différents problèmes qui se présentent. Pour le Conseil d’administration du Comité 21, un choix de programmes d’actions sera fait de telle manière que chacun, dans ces différentes familles d’acteurs, y trouve son compte. Nous les avons réduits à quatre.
Démarche collective… Cela signifie qu’elle doit s’inscrire dans l’action parce que nous sommes engagés dans l’action ! Aucune communication ne sera durable si elle ne s’inscrit pas dans une démarche d’actions. L’action a d’abord été la hiérarchisation des différents problèmes qui se présentent. Pour le Conseil d’administration du Comité 21, un choix de programmes d’actions sera fait de telle manière que chacun, dans ces différentes familles d’acteurs, y trouve son compte. Nous les avons réduits à quatre.
Le premier d’entre eux, qui est venu naturellement, est de participer à promouvoir l’éducation au développement durable. En effet, les confusions que nous avons vues dans de nombreux débats, notamment ici, entre environnement et développement durable n’en sont qu’un exemple. Le développement durable nécessite une formation initiale. Je suis ravi que vous ayez eu l’initiative d’inviter des jeunes aujourd’hui. C’est ce qu’ils expriment. Ils sortent depuis moins longtemps que nous tous du monde universitaire et ils sont demandeurs. Pourtant, ils ont derrière eux dix ou quinze ans d’université, de classe, de présence à l’école.
Le premier d’entre eux, qui est venu naturellement, est de participer à promouvoir l’éducation au développement durable. En effet, les confusions que nous avons vues dans de nombreux débats, notamment ici, entre environnement et développement durable n’en sont qu’un exemple. Le développement durable nécessite une formation initiale. Je suis ravi que vous ayez eu l’initiative d’inviter des jeunes aujourd’hui. C’est ce qu’ils expriment. Ils sortent depuis moins longtemps que nous tous du monde universitaire et ils sont demandeurs. Pourtant, ils ont derrière eux dix ou quinze ans d’université, de classe, de présence à l’école.
Le deuxième point qui me paraît important est de se souvenir que le développement durable –tu l’as dit tout à l’heure et je partage à 100 % cette opinion– repose sur un triptyque et que, dans ce triptyque, nous retrouvons l’économie. J’ai été très content de voir, dans nombre de ces ateliers, que l’économie, ou la finance, commençait à reprendre sa place, mais uniquement la sienne. Il n’y a pas de démarche de développement durable qui ne supporte un programme s’inscrivant dans une optique économique, dans lequel elle est soutenue, portée par l’économie. Cela me paraît très fort.
Le deuxième point qui me paraît important est de se souvenir que le développement durable –tu l’as dit tout à l’heure et je partage à 100 % cette opinion– repose sur un triptyque et que, dans ce triptyque, nous retrouvons l’économie. J’ai été très content de voir, dans nombre de ces ateliers, que l’économie, ou la finance, commençait à reprendre sa place, mais uniquement la sienne. Il n’y a pas de démarche de développement durable qui ne supporte un programme s’inscrivant dans une optique économique, dans lequel elle est soutenue, portée par l’économie. Cela me paraît très fort.
Bien sûr, elle doit s’accompagner d’une analyse sociale et, bien sûr, d’une analyse environnementale. Lorsque je dis que nous devrons emmener avec nous ce triptyque, le faire partager et comprendre, nous pourrions ajouter un quatrième point, à mes yeux fondamental et que cette Université a très bien mis en valeur, à savoir le culturel.
Bien sûr, elle doit s’accompagner d’une analyse sociale et, bien sûr, d’une analyse environnementale. Lorsque je dis que nous devrons emmener avec nous ce triptyque, le faire partager et comprendre, nous pourrions ajouter un quatrième point, à mes yeux fondamental et que cette Université a très bien mis en valeur, à savoir le culturel.
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Nous modifions la démarche culturelle. Ce n’est pas parce que je viens du monde de l’entreprise que je vais vendre la pertinence d’une démarche entreprise… Pas du tout ! Je suis venu au Comité 21, comme beaucoup de mes amis de ce collège, pour entendre ce qu’attendent les collectivités territoriales, le monde associatif, pour regarder ce que nous pouvons faire ensemble pour faire progresser ces idées et réinventer, de ce fait, ensemble, de nouvelles valeurs et ensuite, bien sûr, pour pouvoir les communiquer et démontrer qu’une démarche de développement durable est riche de plusvalue par rapport à une autre. Celle-ci peut être par ailleurs pertinente mais, en fait, elle ne l’est pas parce qu’elle ne reprend pas l’ensemble de ces trois ou quatre thèmes que je viens de citer à l’instant. Enfin, cette démarche doit être citoyenne. Devant des idées, des projets, des propositions, je dis souvent – je reprendrai deux mots anglais qui simplifient mon expression : “So what ? Qu’en faistu? Où veux-tu aller? Avec qui? Comment? Ne t’assieds pas sur ton souhait, fais-le partager aux gens et fais-le progresser, avancer de façon collective.”
Ne t’assieds pas sur ton souhait, fais-le partager aux gens et fais-le progresser, avancer de façon collective.”
Cette démarche s’inscrit dans la durée. Nous ne prenons pas, tous ensemble, suffisamment en compte cette notion de la contrainte du temps. Dans le développement durable, bien sûr, nous travaillons, mais regardons également à moyen et long terme. Ne cherchons pas toujours à nous intéresser à résoudre ce qui est la préoccupation de l’instant. Cette démarche s’inscrit donc dans la durée et c’est comme cela qu’elle gagnera.
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Enfin, cette démarche doit être citoyenne. Devant des idées, des projets, des propositions, je dis souvent – je reprendrai deux mots anglais qui simplifient mon expression : “So what ? Qu’en faistu? Où veux-tu aller? Avec qui? Comment? Ne t’assieds pas sur ton souhait, fais-le partager aux gens et fais-le progresser, avancer de façon collective.”
Ne t’assieds pas sur ton souhait, fais-le partager aux gens et fais-le progresser, avancer de façon collective.”
Cette démarche s’inscrit dans la durée. Nous ne prenons pas, tous ensemble, suffisamment en compte cette notion de la contrainte du temps. Dans le développement durable, bien sûr, nous travaillons, mais regardons également à moyen et long terme. Ne cherchons pas toujours à nous intéresser à résoudre ce qui est la préoccupation de l’instant. Cette démarche s’inscrit donc dans la durée et c’est comme cela qu’elle gagnera.
Nous n’allons pas faire nos programmes d’actions pour trois ou quatre mois, mais les inscrire dans la durée et ce jusqu’au citoyen. Celui-ci cessera d’être un spectateur dans les domaines de l’environnement et du développement durable et il se sentira d’autant plus concerné qu’il a été transformé en acteur. Pour ce faire, il existe toute une série de démarches ; je pense aux Agendas 21, bien entendu, mais il en existe bien d’autres, que ce soit au niveau associatif ou à celui des collectivités ou du monde industriel ; en se rejoignant, ils peuvent mettre en dynamique ce type de démarches.
Nous n’allons pas faire nos programmes d’actions pour trois ou quatre mois, mais les inscrire dans la durée et ce jusqu’au citoyen. Celui-ci cessera d’être un spectateur dans les domaines de l’environnement et du développement durable et il se sentira d’autant plus concerné qu’il a été transformé en acteur. Pour ce faire, il existe toute une série de démarches ; je pense aux Agendas 21, bien entendu, mais il en existe bien d’autres, que ce soit au niveau associatif ou à celui des collectivités ou du monde industriel ; en se rejoignant, ils peuvent mettre en dynamique ce type de démarches.
Pour finir, il faut le communiquer. Évidemment, communiquer, c’est faire transmettre ces messages d’une volonté nouvelle s’agissant d’un ensemble de dispositions que nous allons mettre en œuvre et qui s’inscrivent sur l’ensemble de nos territoires, là où nous vivons, avec les gens dans leur vie quotidienne, et aussi dans la durée. Pour cela, il faut convaincre et donc Pour cela, il faut convaincre apprendre à le faire. Je m’adresse là aux responsables de médias ou et donc apprendre à le faire” d’agences de communication qui sont dans la salle ; nous devons réapprendre ensemble et nous interroger d’abord sur le fait que, lorsque nous parlons de développement durable, peu de gens écoutent. C’est en soi une vraie interrogation. Nous devons consacrer du temps à nous interroger sur ce point.
Pour finir, il faut le communiquer. Évidemment, communiquer, c’est faire transmettre ces messages d’une volonté nouvelle s’agissant d’un ensemble de dispositions que nous allons mettre en œuvre et qui s’inscrivent sur l’ensemble de nos territoires, là où nous vivons, avec les gens dans leur vie quotidienne, et aussi dans la durée. Pour cela, il faut convaincre et donc Pour cela, il faut convaincre apprendre à le faire. Je m’adresse là aux responsables de médias ou et donc apprendre à le faire” d’agences de communication qui sont dans la salle ; nous devons réapprendre ensemble et nous interroger d’abord sur le fait que, lorsque nous parlons de développement durable, peu de gens écoutent. C’est en soi une vraie interrogation. Nous devons consacrer du temps à nous interroger sur ce point.
Ensuite, il faut faire de la pédagogie sur le système. Il faut comprendre, ensemble, quels sont les moyens qui peuvent permettre à la majorité des gens de se joindre à nous. Nous avons appris beaucoup de choses ici, pendant ces deux jours, notamment qu’il en restait encore beaucoup d’autres à apprendre. De ce fait, je souhaite à Gilles et Anne-Marie d’avoir l’imagination de trouver de nouveaux thèmes mobilisa-
Ensuite, il faut faire de la pédagogie sur le système. Il faut comprendre, ensemble, quels sont les moyens qui peuvent permettre à la majorité des gens de se joindre à nous. Nous avons appris beaucoup de choses ici, pendant ces deux jours, notamment qu’il en restait encore beaucoup d’autres à apprendre. De ce fait, je souhaite à Gilles et Anne-Marie d’avoir l’imagination de trouver de nouveaux thèmes mobilisa-
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Nous modifions la démarche culturelle. Ce n’est pas parce que je viens du monde de l’entreprise que je vais vendre la pertinence d’une démarche entreprise… Pas du tout ! Je suis venu au Comité 21, comme beaucoup de mes amis de ce collège, pour entendre ce qu’attendent les collectivités territoriales, le monde associatif, pour regarder ce que nous pouvons faire ensemble pour faire progresser ces idées et réinventer, de ce fait, ensemble, de nouvelles valeurs et ensuite, bien sûr, pour pouvoir les communiquer et démontrer qu’une démarche de développement durable est riche de plusvalue par rapport à une autre. Celle-ci peut être par ailleurs pertinente mais, en fait, elle ne l’est pas parce qu’elle ne reprend pas l’ensemble de ces trois ou quatre thèmes que je viens de citer à l’instant.
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teurs, comme ceux que vous avez trouvés aujourd’hui, en intégrant les générations actuelles et futures, ne faisant aucune ségrégation entre ces deux types de “bipèdes” qui nous ont accompagnés dans la réflexion, qui se sont épaulés et mobilisés les uns et les autres.
teurs, comme ceux que vous avez trouvés aujourd’hui, en intégrant les générations actuelles et futures, ne faisant aucune ségrégation entre ces deux types de “bipèdes” qui nous ont accompagnés dans la réflexion, qui se sont épaulés et mobilisés les uns et les autres.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.)
G I L L E S
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B E R H A U L T
(Applaudissements.)
: Merci beaucoup. Nous allons poursuivre.
G I L L E S
B E R H A U L T
: Merci beaucoup. Nous allons poursuivre.
Je vais demander aux jeunes de me rejoindre. Nous allons faire un exercice un peu difficile. Nous avons peu préparé cette clôture dans la mesure où l’idée était qu’ils puissent débattre de ces sujets en essayant d’être contradictoires, de montrer une grande diversité, afin à ne pas avoir une seule parole pour tous. Si nous n’avons rien préparé, c’est d’abord pour ne pas avoir une parole commune.
Je vais demander aux jeunes de me rejoindre. Nous allons faire un exercice un peu difficile. Nous avons peu préparé cette clôture dans la mesure où l’idée était qu’ils puissent débattre de ces sujets en essayant d’être contradictoires, de montrer une grande diversité, afin à ne pas avoir une seule parole pour tous. Si nous n’avons rien préparé, c’est d’abord pour ne pas avoir une parole commune.
C’est également parce qu’en fin de matinée, le plus important nous a semblé être tout ce travail sur les valeurs et ce à quoi il pouvait nous mener. Est-ce un travail de solidarité comme peut mener Alain Clerc avec le Fonds mondial de solidarité numérique ? Est-ce la décroissance ? Est-ce l’humanisme ?
C’est également parce qu’en fin de matinée, le plus important nous a semblé être tout ce travail sur les valeurs et ce à quoi il pouvait nous mener. Est-ce un travail de solidarité comme peut mener Alain Clerc avec le Fonds mondial de solidarité numérique ? Est-ce la décroissance ? Est-ce l’humanisme ?
Nous avons tout de même préparé la première question ! (Rires) C’est Floris qui va commencer, en suivant des règles sur lesquelles je serai assez strict, à savoir des temps de paroles très courts. Le thème que Floris a retenu n’est pas celui de l’atelier auquel il a participé ce matin, puisque c’est celui de la décroissance. Cela semble être une valeur de changement pour lui et probablement pour nous tous ici présents.
Nous avons tout de même préparé la première question ! (Rires) C’est Floris qui va commencer, en suivant des règles sur lesquelles je serai assez strict, à savoir des temps de paroles très courts. Le thème que Floris a retenu n’est pas celui de l’atelier auquel il a participé ce matin, puisque c’est celui de la décroissance. Cela semble être une valeur de changement pour lui et probablement pour nous tous ici présents.
L I D T H D E J E U D E : Décroissance n’est pas forcément valeur de changement… Justement. Je lance le débat parmi nous, mais également avec le public. Nous sommes tous à peu près “imbibés” de l’idéologie de la croissance. Nous la subis-
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L I D T H D E J E U D E : Décroissance n’est pas forcément valeur de changement… Justement. Je lance le débat parmi nous, mais également avec le public. Nous sommes tous à peu près “imbibés” de l’idéologie de la croissance. Nous la subis-
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Pour moi, ce n’est pas un problème de croissance ou de décroissance, mais de développement autre”
sons quotidiennement à travers les médias. Nous sommes constamment interpellés par cette nécessité de croissance. Mais je ne comprends pas pourquoi nous devrions forcément construire un modèle en opposition.
“
Ce modèle de croissance est omniprésent, mais pourquoi faudrait-il construire un modèle de décroissance ? Pour moi, ce n’est pas un problème de croissance ou de décroissance, mais de développement autre, différent, d’une autre manière. C’est un premier point sur lequel je souhaiterais lancer le débat. Je profite d’avoir la parole pour aborder un deuxième point. Je souhaite interpeller les nombreuses personnes qui, dans les ateliers, les débats, les discussions informelles, nous disent souvent: “Les jeunes, allez-y. C’est à vous de réussir maintenant, c’est à vous d’agir. Allez-y!”. J’ai envie de répondre à cela: “Arrêtez de nous faire porter le poids des échecs du passé. Nous n’avons pas à porter ce poids-là.”
Pour moi, ce n’est pas un problème de croissance ou de décroissance, mais de développement autre”
Je profite d’avoir la parole pour aborder un deuxième point. Je souhaite interpeller les nombreuses personnes qui, dans les ateliers, les débats, les discussions informelles, nous disent souvent: “Les jeunes, allez-y. C’est à vous de réussir maintenant, c’est à vous d’agir. Allez-y!”. J’ai envie de répondre à cela: “Arrêtez de nous faire porter le poids des échecs du passé. Nous n’avons pas à porter ce poids-là.”
(Applaudissements.)
U N
G I L L E S
: Je ne suis pas totalement d’accord avec cela. Floris a dit qu’il ne fallait pas aller forcément dans le sens d’une décroissance ; cependant, dans la situation actuelle, même si nous arrêtons la croissance, nous consommons trop par rapport à ce qui est disponible sur terre. Nous serons forcément obligés, soit de progresser pour trouver un moyen de consommer moins, soit de retourner légèrement en arrière pour revenir à une consommation juste.
U N
I N T E R V E N A N T
: Je ne suis pas totalement d’accord avec cela. Floris a dit qu’il ne fallait pas aller forcément dans le sens d’une décroissance ; cependant, dans la situation actuelle, même si nous arrêtons la croissance, nous consommons trop par rapport à ce qui est disponible sur terre. Nous serons forcément obligés, soit de progresser pour trouver un moyen de consommer moins, soit de retourner légèrement en arrière pour revenir à une consommation juste. Le problème n’est pas de décroître ou de croître, mais de trouver la juste consommation par rapport à ce qui est disponible. S’il existe un moyen d’avancer, de continuer à se développer pour trouver cette réponse, c’est le mieux. Mais s’il faut pour cela reculer, malheureusement, nous y serons obligés ; sinon, nous sacrifierons notre Terre, notre écosystème, le milieu dans lequel nous vivons, pour nous et pour les générations à venir
G I L L E S
B E R H A U L T
: L’un de vous souhaite-t-il ajouter quelque chose ? Adopter un mode de consommation différent constitue-t-il un recul ?
G I L L E S
B E R H A U L T
U N E
: Je souhaiterais revenir sur ce point. Je suis émotive, je n’aime pas du tout parler en public, je vous prie de m’en excuser…
U N E
: Je souhaiterais revenir sur ce point. Je suis émotive, je n’aime pas du tout parler en public, je vous prie de m’en excuser…
I N T E R V E N A N T E
G I L L E S
B E R H A U L T
: Faites comme si nous n’étions pas là !
: J’ai assisté à l’atelier sur la décroissance raisonnée ce matin et je trouve intéressant de revenir sur l’idée de considérer la décroissance comme un retour en arrière, dans les années 50 (modes de transport, etc.). À mon avis, il s’agit davantage d’un mode de vie et de simplicité retrouvée que nous, avec quelques autres jeunes que je connais, nous appliquons au quotidien.
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: L’un de vous souhaite-t-il ajouter quelque chose ? Adopter un mode de consommation différent constitue-t-il un recul ?
I N T E R V E N A N T E
G I L L E S
B E R H A U L T
: Faites comme si nous n’étions pas là !
: J’ai assisté à l’atelier sur la décroissance raisonnée ce matin et je trouve intéressant de revenir sur l’idée de considérer la décroissance comme un retour en arrière, dans les années 50 (modes de transport, etc.). À mon avis, il s’agit davantage d’un mode de vie et de simplicité retrouvée que nous, avec quelques autres jeunes que je connais, nous appliquons au quotidien.
L ’ I N T E R V E N A N T E
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: Je propose que nous débattions un peu à la tribune… L’un de vous souhaite-t-il réagir, soit pour dire qu’il n’est pas d’accord, soit pour donner son point de vue sur l’un de ces deux points ?
B E R H A U L T
I N T E R V E N A N T
Le problème n’est pas de décroître ou de croître, mais de trouver la juste consommation par rapport à ce qui est disponible. S’il existe un moyen d’avancer, de continuer à se développer pour trouver cette réponse, c’est le mieux. Mais s’il faut pour cela reculer, malheureusement, nous y serons obligés ; sinon, nous sacrifierons notre Terre, notre écosystème, le milieu dans lequel nous vivons, pour nous et pour les générations à venir
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(Applaudissements.)
Nous allons essayer de Arrêtez de nous faire porter le reprendre correctement le poids des échecs du passé.” flambeau que vous nous transmettez ; nous ferons des erreurs, mais nous n’avons pas à réussir absolument, ce n’est pas une obligation. Nous allons essayer, ensemble, sans rapport de conflit entre générations.
: Je propose que nous débattions un peu à la tribune… L’un de vous souhaite-t-il réagir, soit pour dire qu’il n’est pas d’accord, soit pour donner son point de vue sur l’un de ces deux points ?
B E R H A U L T
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Ce modèle de croissance est omniprésent, mais pourquoi faudrait-il construire un modèle de décroissance ? Pour moi, ce n’est pas un problème de croissance ou de décroissance, mais de développement autre, différent, d’une autre manière. C’est un premier point sur lequel je souhaiterais lancer le débat.
Nous allons essayer de Arrêtez de nous faire porter le reprendre correctement le poids des échecs du passé.” flambeau que vous nous transmettez ; nous ferons des erreurs, mais nous n’avons pas à réussir absolument, ce n’est pas une obligation. Nous allons essayer, ensemble, sans rapport de conflit entre générations. G I L L E S
sons quotidiennement à travers les médias. Nous sommes constamment interpellés par cette nécessité de croissance. Mais je ne comprends pas pourquoi nous devrions forcément construire un modèle en opposition.
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Je suis “anti-4x4”, je tiens à le dire devant tout le monde ; c’est vraiment une des aberrations actuelles. C’est également l’idée d’avoir une seule voiture par foyer, de garder un ordinateur tant qu’il fonctionne, même s’il a dix ans ; le fait que ce ne soit pas le dernier modèle n’est pas important. C’est à ce niveau que je veux insister et il ne s’agit pas de faire faire un retour en arrière à la charrue et aux bœufs.
Je suis “anti-4x4”, je tiens à le dire devant tout le monde ; c’est vraiment une des aberrations actuelles. C’est également l’idée d’avoir une seule voiture par foyer, de garder un ordinateur tant qu’il fonctionne, même s’il a dix ans ; le fait que ce ne soit pas le dernier modèle n’est pas important. C’est à ce niveau que je veux insister et il ne s’agit pas de faire faire un retour en arrière à la charrue et aux bœufs.
G I L L E S
B E R H A U L T
: Qu’y a-t-il d’inutile en dehors de la voiture ? Dans une communication, à quoi êtes-vous sensibles ? Qu’est-ce qui vous paraît inutile et pouvoir être supprimé ? Vous avez parlé du 4x4, mais nous pourrions dire les voitures polluantes de façon générale…
G I L L E S
B E R H A U L T
U N E
: Je ne veux pas parler à la place de Géraldine, mais nous avons assisté toutes les deux à l’atelier “La décroissance raisonnée”. Ce qui nous paraît aberrant, c’est de voir que le bonheur, aujourd’hui, est assez tronqué. Les gens ont l’impression qu’être heureux, c’est avoir un 4x4, tendre vers la satisfaction de besoins qu’ils ne recherchent même pas, puisque les choses leur arrivent… Ils les prennent, c’est normal ! Ils sont assommés par la publicité…
U N E
: Je ne veux pas parler à la place de Géraldine, mais nous avons assisté toutes les deux à l’atelier “La décroissance raisonnée”. Ce qui nous paraît aberrant, c’est de voir que le bonheur, aujourd’hui, est assez tronqué. Les gens ont l’impression qu’être heureux, c’est avoir un 4x4, tendre vers la satisfaction de besoins qu’ils ne recherchent même pas, puisque les choses leur arrivent… Ils les prennent, c’est normal ! Ils sont assommés par la publicité…
I N T E R V E N A N T E
G I L L E S
B E R H A U L T
: Qu’est-ce qui fait que ce ne n’est pas ton rêve ?
I N T E R V E N A N T E
G I L L E S
: Assez “bucoliquement”, depuis toute petite, j’ai eu la chance de côtoyer la nature. Mes parents m’ont toujours bercé peut-être d’illusions (Rires), mais mon bonheur à moi est assez simple ; je me régale d’aller faire une grande balade. Je n’ai pas forcément besoin de partir à l’autre bout du monde. Mais tout cela m’atteint également, c’est clair. Nous en parlions à table. On se dit par exemple : “Tiens, un PALM. Cela a l’air sympa ces petits agendas électroniques.” Mais en ai-je vraiment besoin ? Cela nous tend les bras, donc on se dit qu’il faut absolument gagner de l’argent pour les obtenir.
: Qu’y a-t-il d’inutile en dehors de la voiture ? Dans une communication, à quoi êtes-vous sensibles ? Qu’est-ce qui vous paraît inutile et pouvoir être supprimé ? Vous avez parlé du 4x4, mais nous pourrions dire les voitures polluantes de façon générale…
B E R H A U L T
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C’est ce dont parlait Victor-Hugo ce matin. Le problème est placé à l’envers. Les gens se disent qu’il faut gagner davantage d’argent pour être plus heureux. Mais peutêtre qu’avec moins de besoins et en gagnant moins d’argent, ils seraient aussi heureux.
C’est ce dont parlait Victor-Hugo ce matin. Le problème est placé à l’envers. Les gens se disent qu’il faut gagner davantage d’argent pour être plus heureux. Mais peutêtre qu’avec moins de besoins et en gagnant moins d’argent, ils seraient aussi heureux.
G I L L E S
B E R H A U L T
: Partagez-vous tous cette idée ? Pour toi, l’argent n’est pas une valeur, en tout cas de possession… Pour vous, est-ce naturel ou un fantasme intellectuel que de se dire qu’il est mieux de faire partie d’une tribu de décroissance ? Ou bien n’en avez-vous vraiment rien à faire d’avoir un 4x4, le dernier téléphone, dix-huit ordinateurs, etc ?
G I L L E S
B E R H A U L T
U N
: Tout dépend du caractère de chacun. Personnellement, mon plus grand bonheur est de retrouver mes amis autour d’un café sur la terrasse, chez moi ; c’est tout bête. Mais l’été, pouvoir discuter comme cela… C’est tout. Cela m’apporte beaucoup et ne coûte rien.
U N
: Tout dépend du caractère de chacun. Personnellement, mon plus grand bonheur est de retrouver mes amis autour d’un café sur la terrasse, chez moi ; c’est tout bête. Mais l’été, pouvoir discuter comme cela… C’est tout. Cela m’apporte beaucoup et ne coûte rien.
: Vous n’êtes pas non plus tous obligés de venir vous installer en PACA. Nous avons quand même des problèmes de surpopulation ! (Rires)
G I L L E S
I N T E R V E N A N T
G I L L E S
B E R H A U L T
: Partagez-vous tous cette idée ? Pour toi, l’argent n’est pas une valeur, en tout cas de possession… Pour vous, est-ce naturel ou un fantasme intellectuel que de se dire qu’il est mieux de faire partie d’une tribu de décroissance ? Ou bien n’en avez-vous vraiment rien à faire d’avoir un 4x4, le dernier téléphone, dix-huit ordinateurs, etc ?
I N T E R V E N A N T
: Vous n’êtes pas non plus tous obligés de venir vous installer en PACA. Nous avons quand même des problèmes de surpopulation ! (Rires)
B E R H A U L T
Cela dit, visiblement, le soleil aide !
Cela dit, visiblement, le soleil aide !
: Cela peut-être simplement le bonheur d’aider quelqu’un, de voir en échange revenir un sourire. Un sourire ne coûte rien, mais cela fait chaud au cœur.
: Cela peut-être simplement le bonheur d’aider quelqu’un, de voir en échange revenir un sourire. Un sourire ne coûte rien, mais cela fait chaud au cœur.
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: Qu’est-ce qui fait que ce ne n’est pas ton rêve ?
: Assez “bucoliquement”, depuis toute petite, j’ai eu la chance de côtoyer la nature. Mes parents m’ont toujours bercé peut-être d’illusions (Rires), mais mon bonheur à moi est assez simple ; je me régale d’aller faire une grande balade. Je n’ai pas forcément besoin de partir à l’autre bout du monde. Mais tout cela m’atteint également, c’est clair. Nous en parlions à table. On se dit par exemple : “Tiens, un PALM. Cela a l’air sympa ces petits agendas électroniques.” Mais en ai-je vraiment besoin ? Cela nous tend les bras, donc on se dit qu’il faut absolument gagner de l’argent pour les obtenir.
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: Pour toi, c’est naturel. Tu ne te poses pas la question de…
G I L L E S
: Non, pas du tout.
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: Pour toi, c’est naturel. Tu ne te poses pas la question de…
: Non, pas du tout.
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Ce matin, dans l’atelier “Valeurs humanistes”, il nous a été demandé qui serait prêt à sacrifier sa vie pour une cause. Personnellement, si je dois sacrifier ma vie pour sauver deux personnes ou un enfant, je fonce.
Ce matin, dans l’atelier “Valeurs humanistes”, il nous a été demandé qui serait prêt à sacrifier sa vie pour une cause. Personnellement, si je dois sacrifier ma vie pour sauver deux personnes ou un enfant, je fonce.
: Ceux qui n’ont pas parlé… Un Parisien ou un Ch’ti ?
G I L L E S
B E R H A U L T
A D R I E N
B O Y E R
G I L L E S
B E R H A U L T
A D R I E N
B O Y E R : Donc, en tant que représentant du 75 (Rires), j’ai l’impression que nous avons beaucoup de chance ; nous arrivons à un moment de l’histoire de l’humanité où l’on commence à se poser des questions extrêmement intéressantes et qui demandent énormément d’intelligence.
: Je suis Parisien, je ne sais pas si cela me confère un intérêt particulier… : Pour la terrasse, ce n’est plus 300 jours par an !
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B E R H A U L T
A D R I E N
B O Y E R
G I L L E S
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A D R I E N
B O Y E R : Donc, en tant que représentant du 75 (Rires), j’ai l’impression que nous avons beaucoup de chance ; nous arrivons à un moment de l’histoire de l’humanité où l’on commence à se poser des questions extrêmement intéressantes et qui demandent énormément d’intelligence.
Cela me fait vraiment plaisir d’être né à un moment où il va falloir être intelligent pour réinventer des modes de vie afin d’être en adéquation avec notre support, la Terre. Globalement, toutes les paroles que j’ai entendues sont des paroles raisonnables, au sens de la raison. J’ai le sentiment que nous arrivons justement à un “âge de raison”, au moment de la prise conscience des excès dans lesquels nous avons pu tomber, notamment idéologiquement. Je constate aujourd’hui que nous dépassons les idéologies, c’est Cela me fait vraiment plaisir d’être né à très rassurant. Cela signifie que nous un moment où il va falloir être intelligent reprenons contact pour réinventer des modes de vie” avec le réel… G I L L E S
B E R H A U L T
A D R I E N
B O Y E R
G I L L E S
B E R H A U L T
A D R I E N
: En fait, “raisonnable” ne signifie pas forcément “chiant” !
A D R I E N
B O Y E R
: J’ai entendu : “Vous les avez choisis vraiment raisonnables”, en parlant des jeunes. Pour toi, c’est donc un mot positif.
G I L L E S
B E R H A U L T
B O Y E R : Oui, c’est la raison, c’est ni plus, ni moins, ni plus pour plus, ni moins pour moins. Cela signifie que l’on commence à fixer des critères qui émanent d’un raisonnement et non plus d’une idéologie.
A D R I E N
B O Y E R : Oui, c’est la raison, c’est ni plus, ni moins, ni plus pour plus, ni moins pour moins. Cela signifie que l’on commence à fixer des critères qui émanent d’un raisonnement et non plus d’une idéologie.
: Exactement.
B E R H A U L T
: J’ai entendu : “Vous les avez choisis vraiment raisonnables”, en parlant des jeunes. Pour toi, c’est donc un mot positif.
Nous voulons, en fait, réfléchir par nous-mêmes. C’est là où j’en viens à la responsabilité fondamentale des dirigeants dans les démocraties modernes, celle d’éveiller le sens critique des populations. Je fais allusion au rôle du service public, par exemple dans le télévisuel. Le développement durable donne l’occasion au service public de jouer le rôle le plus noble possible de l’État, celui d’éveiller le sens critique, d’éduquer – le mot est un peu fort, disons de tirer vers le haut…
: Est-ce un rêve ou une réalité en ce qui concerne le service public ?
G I L L E S
: Il faudrait que ce soit une réalité !
B E R H A U L T
L ’ I N T E R V E N A N T
: Nous ne sommes pas là pour dire “il faudrait”. Réponds franchement par oui ou par non !
B E R H A U L T
G I L L E S
: Aujourd’hui, non, ce n’est pas le cas.
: Est-ce un rêve ou une réalité en ce qui concerne le service public ?
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Il faudrait que ce soit une réalité !
: Nous ne sommes pas là pour dire “il faudrait”. Réponds franchement par oui ou par non !
B E R H A U L T
L ’ I N T E R V E N A N T
Pierre Radanne a ouvert cette Université d’été en disant que les jeunes n’avaient pas de rêves, je lui dirai que le mien serait que ce siècle soit celui où nous sommes passés au stade de l’intelligence. ACIDD et Comité 21
: Exactement.
(Rires)
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: En fait, “raisonnable” ne signifie pas forcément “chiant” !
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: Pour la terrasse, ce n’est plus 300 jours par an !
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(Rires) G I L L E S
: Je suis Parisien, je ne sais pas si cela me confère un intérêt particulier…
Cela me fait vraiment plaisir d’être né à un moment où il va falloir être intelligent pour réinventer des modes de vie afin d’être en adéquation avec notre support, la Terre. Globalement, toutes les paroles que j’ai entendues sont des paroles raisonnables, au sens de la raison. J’ai le sentiment que nous arrivons justement à un “âge de raison”, au moment de la prise conscience des excès dans lesquels nous avons pu tomber, notamment idéologiquement. Je constate aujourd’hui que nous dépassons les idéologies, c’est Cela me fait vraiment plaisir d’être né à très rassurant. Cela signifie que nous un moment où il va falloir être intelligent reprenons contact pour réinventer des modes de vie” avec le réel…
Nous voulons, en fait, réfléchir par nous-mêmes. C’est là où j’en viens à la responsabilité fondamentale des dirigeants dans les démocraties modernes, celle d’éveiller le sens critique des populations. Je fais allusion au rôle du service public, par exemple dans le télévisuel. Le développement durable donne l’occasion au service public de jouer le rôle le plus noble possible de l’État, celui d’éveiller le sens critique, d’éduquer – le mot est un peu fort, disons de tirer vers le haut… G I L L E S
: Ceux qui n’ont pas parlé… Un Parisien ou un Ch’ti ?
G I L L E S
: Aujourd’hui, non, ce n’est pas le cas.
Pierre Radanne a ouvert cette Université d’été en disant que les jeunes n’avaient pas de rêves, je lui dirai que le mien serait que ce siècle soit celui où nous sommes passés au stade de l’intelligence. 329
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: Je souhaitais simplement réagir aux interventions de Jonathan et d’Adrien. J’ai 18 ans, je suis jeune et moi, les 4x4, etc., cela me fait rêver, je l’avoue. Ce n’est pas pour cela que j’en veux un, mais je comprends tout à fait…
I N T E R V E N A N T
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: Je souhaitais simplement réagir aux interventions de Jonathan et d’Adrien. J’ai 18 ans, je suis jeune et moi, les 4x4, etc., cela me fait rêver, je l’avoue. Ce n’est pas pour cela que j’en veux un, mais je comprends tout à fait…
I N T E R V E N A N T
[…]
G I L L E S
[…]
Je ne pense pas que j’en achèterai un parce que, justement, je suis sensibilisé. J’habite dans les Hautes-Alpes, ce n’est pas loin d’ici ; tous mes copains, à 19 ans, achètent des voitures, font des kilomètres… Si je leur parle de développement durable et ils vont me demander : “Le développement durable, c’est quoi ?”
Je ne pense pas que j’en achèterai un parce que, justement, je suis sensibilisé. J’habite dans les Hautes-Alpes, ce n’est pas loin d’ici ; tous mes copains, à 19 ans, achètent des voitures, font des kilomètres… Si je leur parle de développement durable et ils vont me demander : “Le développement durable, c’est quoi ?”
Il faut réaliser que nous sommes “des” jeunes, mais que nous ne sommes pas représentatifs de la jeunesse en général, mais de ceux qui connaissent le développement durable. Les jeunes présents dans cette salle se sont vraiment investis dans ce sujet, mais il ne faut pas rêver et croire que tous sont comme eux.
Il faut réaliser que nous sommes “des” jeunes, mais que nous ne sommes pas représentatifs de la jeunesse en général, mais de ceux qui connaissent le développement durable. Les jeunes présents dans cette salle se sont vraiment investis dans ce sujet, mais il ne faut pas rêver et croire que tous sont comme eux.
B E R H A U L T
: Tu as dis que tu allais leur en parler maintenant. Or, ce que tu penses aujourd’hui, tu le pensais déjà voici deux jours. Après l’Université, te sens-tu plus à l’aise pour en parler ?
G I L L E S
: Oui, je connais mieux le sujet, cela va me permettre de lancer le débat, d’exposer des idées, des pistes, etc.
L ’ I N T E R V E N A N T
B E R H A U L T
: Est-ce que tu te sens plus en confiance parce que tu t’es rendu compte que tu n’étais pas forcément tout seul ou parce que, jusqu’à présent, tu manquais d’arguments pour pouvoir convaincre tes “petits camarades” ?
G I L L E S
: C’est surtout parce que je ne m’y étais pas vraiment intéressé. J’en avais entendu parler, mais je n’avais pas recherché… J’ai étudié le développement durable en cours, mais on m’a donné une définition que j’ai apprise “bêtement” et c’est tout.
L ’ I N T E R V E N A N T
: Donc, tu ne trouves pas très cohérent ce qu’on t’a raconté en cours par rapport à ce que tu as entendu aujourd’hui.
G I L L E S
: Lorsque je l’ai appris en cours, cela m’est passé un peu “au-dessus de la tête”, comme au-dessus de celle de beaucoup de jeunes de mon âge. Il faut en être conscient.
L ’ I N T E R V E N A N T
: Oui, je connais mieux le sujet, cela va me permettre de lancer le débat, d’exposer des idées, des pistes, etc.
L ’ I N T E R V E N A N T
G I L L E S
B E R H A U L T
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ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: Donc, tu ne trouves pas très cohérent ce qu’on t’a raconté en cours par rapport à ce que tu as entendu aujourd’hui.
B E R H A U L T
: Lorsque je l’ai appris en cours, cela m’est passé un peu “au-dessus de la tête”, comme au-dessus de celle de beaucoup de jeunes de mon âge. Il faut en être conscient.
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: Est-ce que tu te sens plus en confiance parce que tu t’es rendu compte que tu n’étais pas forcément tout seul ou parce que, jusqu’à présent, tu manquais d’arguments pour pouvoir convaincre tes “petits camarades” ?
B E R H A U L T
: C’est surtout parce que je ne m’y étais pas vraiment intéressé. J’en avais entendu parler, mais je n’avais pas recherché… J’ai étudié le développement durable en cours, mais on m’a donné une définition que j’ai apprise “bêtement” et c’est tout.
L ’ I N T E R V E N A N T
G I L L E S
: Tu as dis que tu allais leur en parler maintenant. Or, ce que tu penses aujourd’hui, tu le pensais déjà voici deux jours. Après l’Université, te sens-tu plus à l’aise pour en parler ?
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Cession de clôture
G I L L E S U N
Cession de clôture
B E R H A U L T
: Nous sommes ici pour cela. Il n’y a pas de souci.
G I L L E S
: Ma remarque est davantage liée à ce qui a été dit tout à l’heure.
I N T E R V E N A N T
U N
B E R H A U L T
L’intervention de Pierre Radanne après l’ouverture posait la question : quel monde le développement durable va-t-il offrir à ces jeunes ? Comment les choses vont-elles pouvoir se passer ?
Nous sommes représentatifs, chacun, par ce que nous sommes.
G I L L E S
F L O R I S
G I L L E S
Nous sommes représentatifs, chacun, par ce que nous sommes.
Je reviens sur “le choix de raison”. Beaucoup de gens, à notre époque, sont lucides et font des choix de raison. Vous êtes parents, pour beaucoup d’entre vous, et vous orientez vos enfants vers des choix universitaires ou professionnels sûrs. Très concrètement, le message est : “Fais un travail qui te rapportera de l’argent. Tu ne t’en sortiras pas avec un SMIC.” Il faut tenir compte de cette réflexion profonde. Ici, nous sommes tous impliqués et déterminés à faire bouger les choses, chacun à son niveau, différemment, en nous investissant, en “cassant les pieds” comme nous pouvons le faire avec l’étiquette ECOFORUM. Mais je souligne ce problème de raison.
Je reviens sur “le choix de raison”. Beaucoup de gens, à notre époque, sont lucides et font des choix de raison. Vous êtes parents, pour beaucoup d’entre vous, et vous orientez vos enfants vers des choix universitaires ou professionnels sûrs. Très concrètement, le message est : “Fais un travail qui te rapportera de l’argent. Tu ne t’en sortiras pas avec un SMIC.” Il faut tenir compte de cette réflexion profonde. Ici, nous sommes tous impliqués et déterminés à faire bouger les choses, chacun à son niveau, différemment, en nous investissant, en “cassant les pieds” comme nous pouvons le faire avec l’étiquette ECOFORUM. Mais je souligne ce problème de raison.
Cela rejoint un peu ce que disait Floris. Je pense que nous allons arriver à une responsabilité partagée et dire que nous devons trouver des solutions ensemble, tout en étant cohérents dans tous nos choix, y compris nos choix éducatifs.
Cela rejoint un peu ce que disait Floris. Je pense que nous allons arriver à une responsabilité partagée et dire que nous devons trouver des solutions ensemble, tout en étant cohérents dans tous nos choix, y compris nos choix éducatifs.
“
: Avec déjà une vision différente du mot “raison”, visiblement. Floris, deux mots… Ensuite, je poserai une question à Marie ; puis je passerai la parole à Isabelle.
G I L L E S
L I D T H D E J E U D E : Je m’associe simplement à ce qu’a dit Adrien tout à l’heure, en réponse à Pierre Radanne.
F L O R I S
B E R H A U L T
V A N
G I L L E S M A R I E
©
L I D T H D E J E U D E : Je m’associe simplement à ce qu’a dit Adrien tout à l’heure, en réponse à Pierre Radanne.
V A N
Notre génération évite les grandes désillusions idéologiques de la deuxième partie du XXe siècle. Nous sommes face à un projet simple, celui d’arriver à continuer à vivre sur la Terre.
Moi aussi, Adrien, je suis pleinement épanoui dans ce XXIe siècle.
Moi aussi, Adrien, je suis pleinement épanoui dans ce XXIe siècle.
B E R H A U L T
Notre génération évite les grandes désillusions idéologiques de la deuxième partie du XXe siècle.” (Applaudissements.)
: Voilà une bonne nouvelle !
G I L L E S
J O U R D A I N
: Chez les jeunes Européens ?
B E R H A U L T
M A R I E
: Oui.
G I L L E S
: De la même façon, les gens de Bruxelles sont assez sensibilisés. Les jeunes Européens de Bruxelles ont pris conscience de l’importance de l’Union européenne et veulent essayer de trouver un consensus, de construire quelque chose avec tous les pays présents dans l’Union.
J O U R D A I N
ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
B E R H A U L T
Notre génération évite les grandes désillusions idéologiques de la deuxième partie du XXe siècle.” (Applaudissements.)
: Voilà une bonne nouvelle !
Marie, je sais que tu as vécu à Bruxelles. As-tu senti chez les jeunes une perception différente ?
M A R I E
En revanche, avant cela, j’ai eu la possibilité de faire un voyage en Europe, je l’avais gagné en étant “Reporter 2000”. Je devais faire un petit reportage sur chacune des quatre villes visitées, à savoir Londres, Hanovre, Budapest et Bologne et j’ai pu consta-
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“
: Avec déjà une vision différente du mot “raison”, visiblement. Floris, deux mots… Ensuite, je poserai une question à Marie ; puis je passerai la parole à Isabelle.
B E R H A U L T
Notre génération évite les grandes désillusions idéologiques de la deuxième partie du XXe siècle. Nous sommes face à un projet simple, celui d’arriver à continuer à vivre sur la Terre.
Marie, je sais que tu as vécu à Bruxelles. As-tu senti chez les jeunes une perception différente ? M A R I E
: Ma remarque est davantage liée à ce qui a été dit tout à l’heure.
I N T E R V E N A N T
L’intervention de Pierre Radanne après l’ouverture posait la question : quel monde le développement durable va-t-il offrir à ces jeunes ? Comment les choses vont-elles pouvoir se passer ?
: Nous sommes ici pour cela. Il n’y a pas de souci.
J O U R D A I N
: Chez les jeunes Européens ?
B E R H A U L T
: Oui.
: De la même façon, les gens de Bruxelles sont assez sensibilisés. Les jeunes Européens de Bruxelles ont pris conscience de l’importance de l’Union européenne et veulent essayer de trouver un consensus, de construire quelque chose avec tous les pays présents dans l’Union.
J O U R D A I N
En revanche, avant cela, j’ai eu la possibilité de faire un voyage en Europe, je l’avais gagné en étant “Reporter 2000”. Je devais faire un petit reportage sur chacune des quatre villes visitées, à savoir Londres, Hanovre, Budapest et Bologne et j’ai pu consta-
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G I L L E S
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ter des différences de sensibilisation vraiment importantes. Les jeunes Hongrois notamment, qui allaient rentrer dans l’Europe et qui voyaient les catastrophes environnementales dans leur pays , disaient : “Mais là, nous, il faut que nous réagissions !” Les Londoniens quant à eux étaient davantage dans des réflexions du type : “Oui, nous allons construire l’Europe, c’est beau.” Les Hongrois se sentaient déjà trop en retard et, au moment de l’élargissement, lorsque des délégations de jeunes sont venues à Bruxelles, leur message a été : “Écoutez-nous. Pendant longtemps, nous avons été oubliés, nous n’avions pas la parole ; maintenant, nous sommes de plus en plus formés.” Ce sont des gens qui parlent “je ne sais combien” de langues, qui sont vraiment prêts à rencontrer les autres.
ter des différences de sensibilisation vraiment importantes. Les jeunes Hongrois notamment, qui allaient rentrer dans l’Europe et qui voyaient les catastrophes environnementales dans leur pays , disaient : “Mais là, nous, il faut que nous réagissions !” Les Londoniens quant à eux étaient davantage dans des réflexions du type : “Oui, nous allons construire l’Europe, c’est beau.” Les Hongrois se sentaient déjà trop en retard et, au moment de l’élargissement, lorsque des délégations de jeunes sont venues à Bruxelles, leur message a été : “Écoutez-nous. Pendant longtemps, nous avons été oubliés, nous n’avions pas la parole ; maintenant, nous sommes de plus en plus formés.” Ce sont des gens qui parlent “je ne sais combien” de langues, qui sont vraiment prêts à rencontrer les autres.
Mon rêve, ou ce que je souhaite vraiment, c’est que nous n’ayons pas seulement à gérer l’urgence dans les années à venir, que nous ne soyons pas tout le temps face à des catastrophes. Il faudrait vraiment que nous ayons, comme vous et c’est le cas aujourd’hui, la possibilité de réfléchir à ce que nous voulons construire et avoir la possibilité de rencontrer l’autre. Cette notion de temps est extrêmement importante. Nous avons beaucoup parlé de Mon rêve,c’est que nous n’ayons temps dans le développement durable. Je souhaite que nous pas seulement à gérer l’urgence ayons, nous aussi, la possibidans les années à venir.” lité de prendre du recul.
Mon rêve, ou ce que je souhaite vraiment, c’est que nous n’ayons pas seulement à gérer l’urgence dans les années à venir, que nous ne soyons pas tout le temps face à des catastrophes. Il faudrait vraiment que nous ayons, comme vous et c’est le cas aujourd’hui, la possibilité de réfléchir à ce que nous voulons construire et avoir la possibilité de rencontrer l’autre. Cette notion de temps est extrêmement importante. Nous avons beaucoup parlé de Mon rêve,c’est que nous n’ayons temps dans le développement durable. Je souhaite que nous pas seulement à gérer l’urgence ayons, nous aussi, la possibidans les années à venir.” lité de prendre du recul.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
“
: Après ces quelques discussions de déjeuner où, parfois, une déprime se faisait sentir sur l’ampleur de la tâche, finalement, nous ne finissons pas si mal !
B E R H A U L T
Isabella…
G I L L E S
Isabella…
: Une partie des jeunes est très sensibilisée et connaît bien ces questions mais, pour la plupart, le développement durable n’est pas très important.
I S A B E L L A
: Une partie des jeunes est très sensibilisée et connaît bien ces questions mais, pour la plupart, le développement durable n’est pas très important.
I S A B E L L A
(Intervention dans la salle.)
U N
(Intervention dans la salle.)
Absolument, j’en suis convaincue, mais ici nous sommes en train de parler avec des jeunes.
Absolument, j’en suis convaincue, mais ici nous sommes en train de parler avec des jeunes.
J’aimerais savoir comment vous vous situez et comment vous entrez en relation avec la plupart des jeunes qui, en fait, ne montrent aucun intérêt pour le développement durable. Ils auraient peut-être envie d’être convaincus, ou ont besoin de l’être, sachant que la société, la publicité les poussent dans une direction totalement opposée.
J’aimerais savoir comment vous vous situez et comment vous entrez en relation avec la plupart des jeunes qui, en fait, ne montrent aucun intérêt pour le développement durable. Ils auraient peut-être envie d’être convaincus, ou ont besoin de l’être, sachant que la société, la publicité les poussent dans une direction totalement opposée.
: J’ai essayé d’en discuter sur Internet, via des “chats”, des forums, avec diverses personnes et je suis souvent tombé sur des gens qui ne se sentaient pas concernés par ces sujets. Ils ne “captaient” rien du tout s’agissant de l’environnement et ils s’en moquaient royalement !
I N T E R V E N A N T
U N
Lorsque vous commencez à parler d’environnement, ils vous répondent : “Oui, c’est bien. Qu’est-ce que tu peux me dire à ce sujet ? Vous expliquez pendant cinq à dix minutes ce dont il s’agit, comment cela marche, etc., et, au bout ces dix minutes, ils vous demandent : “Et puis ?” Et là, souvent, cela bloque : “Tu ne comprends pas l’intérêt de diminuer le taux de CO2 pour éviter que l’eau ne monte ? À quoi tu penses ? Dans quoi te vois-tu vivre ? Leur discours est le suivant : “J’aurai une grosse voiture, une grande maison ; je ferai vivre mes enfants avec de l’argent…”
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: Après ces quelques discussions de déjeuner où, parfois, une déprime se faisait sentir sur l’ampleur de la tâche, finalement, nous ne finissons pas si mal !
B E R H A U L T
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Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
: J’ai essayé d’en discuter sur Internet, via des “chats”, des forums, avec diverses personnes et je suis souvent tombé sur des gens qui ne se sentaient pas concernés par ces sujets. Ils ne “captaient” rien du tout s’agissant de l’environnement et ils s’en moquaient royalement !
I N T E R V E N A N T
Lorsque vous commencez à parler d’environnement, ils vous répondent : “Oui, c’est bien. Qu’est-ce que tu peux me dire à ce sujet ? Vous expliquez pendant cinq à dix minutes ce dont il s’agit, comment cela marche, etc., et, au bout ces dix minutes, ils vous demandent : “Et puis ?” Et là, souvent, cela bloque : “Tu ne comprends pas l’intérêt de diminuer le taux de CO2 pour éviter que l’eau ne monte ? À quoi tu penses ? Dans quoi te vois-tu vivre ? Leur discours est le suivant : “J’aurai une grosse voiture, une grande maison ; je ferai vivre mes enfants avec de l’argent…”
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Dans le monde actuel, on se heurte vraiment à une société de consommation qui n’est pas du tout intéressée par ce qui gravite autour d’elle. G I L L E S
B E R H A U L T
Dans le monde actuel, on se heurte vraiment à une société de consommation qui n’est pas du tout intéressée par ce qui gravite autour d’elle.
: Pour draguer, ce n’est pas terrible… Il vaut mieux avoir le 4x4 !
G I L L E S
(Rires) : Oui, absolument, mais ce n’est pas pour cela que je changerai. Je m’intéresse à l’environnement, au développement durable, au social ; je ne vais pas, demain, aller dire le contraire pour “attirer une nénette” ; cela ne m’intéresse pas du tout.
: Oui, absolument, mais ce n’est pas pour cela que je changerai. Je m’intéresse à l’environnement, au développement durable, au social ; je ne vais pas, demain, aller dire le contraire pour “attirer une nénette” ; cela ne m’intéresse pas du tout.
“
(Applaudissements.)
(Applaudissements.) Je préfère rencontrer quelqu’un qui pense la même chose que moi plutôt qu’une fille qui sera peut-être jolie, mais qui sera aussi “à côté de la plaque”.
: Vous êtes peut-être les meilleurs ambassadeurs auprès des jeunes, peut-être encore plus que Pierre Radanne. (Rires)
B E R H A U L T
: Vous êtes peut-être les meilleurs ambassadeurs auprès des jeunes, peut-être encore plus que Pierre Radanne. (Rires)
B E R H A U L T
Partagez-vous la vision un peu pessimiste qui vient de nous être exposée ? C’est intéressant, vous êtes de deux générations différentes ; avoir 18 ans et avoir 25 ans, c’est différent. Sentez-vous des différences ?
Quels sont les points d’accroche ? Est-ce par exemple le tsunami, les catastrophes des États-Unis, de la Suisse ou du Sénégal qui est encore pire, mais on n’en parle pas parce qu’on “se fiche” un peu des Africains lorsque cela se passe mal aux États-Unis ou est-ce un problème plus quotidien ? Si nous les avions emmenés tout à l’heure voir ce milan décoller, cela aurait-il changé les choses ?
Quels sont les points d’accroche ? Est-ce par exemple le tsunami, les catastrophes des États-Unis, de la Suisse ou du Sénégal qui est encore pire, mais on n’en parle pas parce qu’on “se fiche” un peu des Africains lorsque cela se passe mal aux États-Unis ou est-ce un problème plus quotidien ? Si nous les avions emmenés tout à l’heure voir ce milan décoller, cela aurait-il changé les choses ?
B E R H A U L T :
Je n’ai pas dit cela.
: Il y en a ici. Je n’ai pas une vision pessimiste mais, la plupart du temps, c’est vrai, on rencontre des gens qui ne sont pas intéressés.
L ’ I N T E R V E N A N T
: Pour répondre à cela, il faut du quotidien, de la proximité. Nous pourrions parler de communication de proximité, c’est cela qui fonctionne, c’est l’action. Il faut proposer l’action aux gens. Il existe une sensibilité, plus ou moins diffuse, à l’environnement, mais il faut bien différencier l’environPour répondre à cela, il faut nement et le développement durable. Malheureusement, c’est ce qui est fait en ce moment ; on parle d’éducation du quotidien, de la proximité. Il faut proposer l’action aux gens.” à l’environnement et au développement durable et c’est censé être la même chose. I N T E R V E N A N T
G I L L E S
G I L L E S
Partagez-vous la vision un peu pessimiste qui vient de nous être exposée ? C’est intéressant, vous êtes de deux générations différentes ; avoir 18 ans et avoir 25 ans, c’est différent. Sentez-vous des différences ?
: Je voudrais juste préciser que je ne suis pas pessimiste du tout. Bien au contraire, on trouve des gens qui sont intéressés…
U N
L ’ I N T E R V E N A N T
Je préfère rencontrer quelqu’un qui pense la même chose que moi plutôt qu’une fille qui sera peut-être jolie, mais qui sera aussi “à côté de la plaque”.
L ’ I N T E R V E N A N T
G I L L E S
B E R H A U L T :
À quel âge peut-on comprendre, selon toi, ce qu’est le dévelop-
pement durable ? : Il n’y a pas d’âge. Très jeune… J’interviens dans les écoles, de la maternelle au lycée. Les enfants en maternelle comprennent la gentillesse et les institutrices travaillent avec eux sur le respect de la tolérance. Quelqu’un a oublié de fermer le robinet d’eau ? L’enfant ne va pas se dire : “Je vais rapporter.”, il va aller le fermer. Pour moi, c’est déjà du développement durable. C’est ce à quoi je faisais référence en parlant d’actions.
L ’ I N T E R V E N A N T
“
: Je voudrais juste préciser que je ne suis pas pessimiste du tout. Bien au contraire, on trouve des gens qui sont intéressés…
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ACIDD et Comité 21
: Il y en a ici. Je n’ai pas une vision pessimiste mais, la plupart du temps, c’est vrai, on rencontre des gens qui ne sont pas intéressés.
: Pour répondre à cela, il faut du quotidien, de la proximité. Nous pourrions parler de communication de proximité, c’est cela qui fonctionne, c’est l’action. Il faut proposer l’action aux gens. Il existe une sensibilité, plus ou moins diffuse, à l’environnement, mais il faut bien différencier l’environPour répondre à cela, il faut nement et le développement durable. Malheureusement, c’est ce qui est fait en ce moment ; on parle d’éducation du quotidien, de la proximité. Il faut proposer l’action aux gens.” à l’environnement et au développement durable et c’est censé être la même chose. U N
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B E R H A U L T :
À quel âge peut-on comprendre, selon toi, ce qu’est le dévelop-
pement durable ? : Il n’y a pas d’âge. Très jeune… J’interviens dans les écoles, de la maternelle au lycée. Les enfants en maternelle comprennent la gentillesse et les institutrices travaillent avec eux sur le respect de la tolérance. Quelqu’un a oublié de fermer le robinet d’eau ? L’enfant ne va pas se dire : “Je vais rapporter.”, il va aller le fermer. Pour moi, c’est déjà du développement durable. C’est ce à quoi je faisais référence en parlant d’actions.
L ’ I N T E R V E N A N T
Par exemple, nous sommes tous heureux et fiers d’avoir été invités ici…
Et nous de vous recevoir.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Je n’ai pas dit cela.
L ’ I N T E R V E N A N T
Par exemple, nous sommes tous heureux et fiers d’avoir été invités ici… G I L L E S
: Pour draguer, ce n’est pas terrible… Il vaut mieux avoir le 4x4 !
(Rires)
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ACIDD et Comité 21
Et nous de vous recevoir.
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: Au delà de cette joie de l’apprentissage nous avons écouté beaucoup de choses et confronté nos opinions, nous avons néanmoins des craintes. Elles ont été illustrées hier soir par la discussion sur les blocages. Que faire pour les prochaines Universités d’été afin de déverrouiller ces blocages, sur les conditions actuelles d’organisation de la cité ?
: Au delà de cette joie de l’apprentissage nous avons écouté beaucoup de choses et confronté nos opinions, nous avons néanmoins des craintes. Elles ont été illustrées hier soir par la discussion sur les blocages. Que faire pour les prochaines Universités d’été afin de déverrouiller ces blocages, sur les conditions actuelles d’organisation de la cité ?
L ’ I N T E R V E N A N T
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G I L L E S
Je ne sais pas si tout le monde cherchait cela, mais c’était l’Université pour la communication et l’action pour le développement durable. Cela résume…
Je ne sais pas si tout le monde cherchait cela, mais c’était l’Université pour la communication et l’action pour le développement durable. Cela résume…
Dans mes activités associatives, je peux constater que ce que les gens aiment dans ce que nous faisons, c’est cette action, ce quotidien. Ce sont des émissions de radio. Oui, la sensibilité existe. C’est le cas pour les sacs de caisse des supermarchés. Pourquoi? Nous allons pouvoir creuser cette problématique, réfléchir. C’est le fait d’être dans l’action d’organiser une émission de radio, de participer à une manifestation, d’avoir la parole, tout simplement. C’est l’action, la proximité.
Dans mes activités associatives, je peux constater que ce que les gens aiment dans ce que nous faisons, c’est cette action, ce quotidien. Ce sont des émissions de radio. Oui, la sensibilité existe. C’est le cas pour les sacs de caisse des supermarchés. Pourquoi? Nous allons pouvoir creuser cette problématique, réfléchir. C’est le fait d’être dans l’action d’organiser une émission de radio, de participer à une manifestation, d’avoir la parole, tout simplement. C’est l’action, la proximité.
Nous en avons parlé hier au sujet des campagnes d’intérêt général ; nous avons la nécessité absolue, urgente, de relayer tous les messages d’information qui dérangent dans la proximité. Il faut des ambassadeurs de solidarité, comme il existe des ambassadeurs du tri ou d’économie d’énergie. Il faut de la proximité, de toute urgence.
Nous en avons parlé hier au sujet des campagnes d’intérêt général ; nous avons la nécessité absolue, urgente, de relayer tous les messages d’information qui dérangent dans la proximité. Il faut des ambassadeurs de solidarité, comme il existe des ambassadeurs du tri ou d’économie d’énergie. Il faut de la proximité, de toute urgence.
B E R H A U L T :
Céline, après un stage au Comité 21, te sens-tu capable de moti-
ver tes parents ?
: Il a été très, très difficile pour moi de convaincre mes parents, surtout mon père. Au départ, je voulais faire “philo-socio” et lui m’a fortement incitée et convaincue de faire une école de commerce. Finalement, je ne le regrette pas parce que c’est peut-être grâce à cela que j’ai réussi à “vendre” le poste de responsable tourisme durable au Comité 21 que j’occupe aujourd’hui. En effet, j’ai proposé spontanément à Anne-Marie de m’en occuper Lorsque l’on parle aux jeunes de développement en stage, au départ. Elle a accepté; cela faisait longtemps qu’ils y réfléchissaient. durable, ils montrent d’abord de la curiosité et En fait, je ne pensais pas du tout respas du tout du « je-m’en-foutisme »” ter. Je suis donc très heureuse de m’en occuper au sein du Comité 21. C É L I N E
D E C O S T E R
Je ne suis pas du tout d’accord. Lorsque l’on parle aux jeunes de développement durable, ils montrent d’abord de la curiosité et pas du tout du “je-m’en-foutisme”. Une fois qu’on leur explique bien que ce n’est pas simplement un concept “barbant” et qu’ils en comprennent les enjeux, ils s’impliquent assez vite. Je pense par exemple aux baskets Véja ou aux sacs porte-clé qui remplacent les sacs plastique ; ce sont de petites choses toutes simples qui s’inscrivent dans la vie quotidienne et qui impliquent au niveau global. G I L L E S
L ’ I N T E R V E N A N T
B E R H A U L T :
“
Merci.
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
C É L I N E
D E C O S T E R
Je ne suis pas du tout d’accord. Lorsque l’on parle aux jeunes de développement durable, ils montrent d’abord de la curiosité et pas du tout du “je-m’en-foutisme”. Une fois qu’on leur explique bien que ce n’est pas simplement un concept “barbant” et qu’ils en comprennent les enjeux, ils s’impliquent assez vite. Je pense par exemple aux baskets Véja ou aux sacs porte-clé qui remplacent les sacs plastique ; ce sont de petites choses toutes simples qui s’inscrivent dans la vie quotidienne et qui impliquent au niveau global. B E R H A U L T :
Merci.
E S P I N O S A , Président ÉCOFORUM : Cela fait longtemps que je travaille avec les jeunes. Au début, j’ai commencé avec les vieux et aujourd’hui, petit à petit, 90 % des “combattants” au sein de mon association sont des jeunes.
V I C T O R - H U G O
Je citerai d’ailleurs l’exemple d’une manifestation que j’avais organisée sur la Canebière à Marseille et j’ai eu la surprise de voir passer entre 1 000 et 1 500 jeunes. C’était une chose unique. Pourquoi étaient-ils là ? J’ai compris alors quelque chose de nouveau. ACIDD et Comité 21
Céline, après un stage au Comité 21, te sens-tu capable de moti-
ver tes parents ?
G I L L E S
E S P I N O S A , Président ÉCOFORUM : Cela fait longtemps que je travaille avec les jeunes. Au début, j’ai commencé avec les vieux et aujourd’hui, petit à petit, 90 % des “combattants” au sein de mon association sont des jeunes.
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B E R H A U L T :
: Il a été très, très difficile pour moi de convaincre mes parents, surtout mon père. Au départ, je voulais faire “philo-socio” et lui m’a fortement incitée et convaincue de faire une école de commerce. Finalement, je ne le regrette pas parce que c’est peut-être grâce à cela que j’ai réussi à “vendre” le poste de responsable tourisme durable au Comité 21 que j’occupe aujourd’hui. En effet, j’ai proposé spontanément à Anne-Marie de m’en occuper Lorsque l’on parle aux jeunes de développement en stage, au départ. Elle a accepté; cela faisait longtemps qu’ils y réfléchissaient. durable, ils montrent d’abord de la curiosité et En fait, je ne pensais pas du tout respas du tout du « je-m’en-foutisme »” ter. Je suis donc très heureuse de m’en occuper au sein du Comité 21.
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Je citerai d’ailleurs l’exemple d’une manifestation que j’avais organisée sur la Canebière à Marseille et j’ai eu la surprise de voir passer entre 1 000 et 1 500 jeunes. C’était une chose unique. Pourquoi étaient-ils là ? J’ai compris alors quelque chose de nouveau. 334
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Vous avez dit que les jeunes ne connaissaient pas le développement durable, je pense qu’ils le connaissent, mais “à la carte”. Qu’est-ce que cela signifie ? Il y a ceux qui, à 25 ans, ne trouvent plus d’emploi et qui commencent à s’inquiéter. D’autres s’alarment au sujet de la pollution. Chaque jeune a une motivation. Il faut le dire clairement : les jeunes commencent vraiment à avoir peur.
Vous avez dit que les jeunes ne connaissaient pas le développement durable, je pense qu’ils le connaissent, mais “à la carte”. Qu’est-ce que cela signifie ? Il y a ceux qui, à 25 ans, ne trouvent plus d’emploi et qui commencent à s’inquiéter. D’autres s’alarment au sujet de la pollution. Chaque jeune a une motivation. Il faut le dire clairement : les jeunes commencent vraiment à avoir peur.
Le tsunami a causé la mort de 300 000 personnes. Mais si le développement durable avait été appliqué dans toutes ces constructions, si cela avait été fait de façon intelligente, si des alarmes avaient été prévues – je ne le développerai pas, le nombre de victimes aurait été divisé par dix.
Le tsunami a causé la mort de 300 000 personnes. Mais si le développement durable avait été appliqué dans toutes ces constructions, si cela avait été fait de façon intelligente, si des alarmes avaient été prévues – je ne le développerai pas, le nombre de victimes aurait été divisé par dix.
Chaque fois que nous sommes alarmistes, on nous traite de pessimistes. Or, je suis un “alarmiste très optimiste”. Pourquoi alarmiste ? Parce que, malheureusement, notre société est égoïste. Lorsque nous allons rencontrer les jeunes dans les facultés, les lycées, nous leur disons des choses et leur réaction est : “Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai !” Ils ne savaient pas. Or, à partir de cet alarmisme, un jeune va peut-être trouver une motivation.
Chaque fois que nous sommes alarmistes, on nous traite de pessimistes. Or, je suis un “alarmiste très optimiste”. Pourquoi alarmiste ? Parce que, malheureusement, notre société est égoïste. Lorsque nous allons rencontrer les jeunes dans les facultés, les lycées, nous leur disons des choses et leur réaction est : “Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai !” Ils ne savaient pas. Or, à partir de cet alarmisme, un jeune va peut-être trouver une motivation.
Lorsque je vais dans les facultés, moi aussi, je fais des conférences “à la carte”. La motivation de telle personne sera différente de celle d’une autre, etc. Pour une, ce sera la solidarité, pour une autre, les chasseurs… Finalement, on va sensibiliser les gens par rapport aux sujets qui les touchent. C’est de cette façon que nous devons travailler.
Lorsque je vais dans les facultés, moi aussi, je fais des conférences “à la carte”. La motivation de telle personne sera différente de celle d’une autre, etc. Pour une, ce sera la solidarité, pour une autre, les chasseurs… Finalement, on va sensibiliser les gens par rapport aux sujets qui les touchent. C’est de cette façon que nous devons travailler.
Enfin, je ferai une proposition. J’aimerais que, lors de la prochaine Université d’été, les entreprises nous exposent les actions concrètes qu’elles mènent ; cela nous permettra de voir qu’elles sont, elles aussi, en train d’évoluer vers le développement durable.
Enfin, je ferai une proposition. J’aimerais que, lors de la prochaine Université d’été, les entreprises nous exposent les actions concrètes qu’elles mènent ; cela nous permettra de voir qu’elles sont, elles aussi, en train d’évoluer vers le développement durable.
(Applaudissements.)
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B E R H A U L T :
U N
: Je souhaiterais apporter un complément sur un point. On a beaucoup parlé des choix des jeunes, leurs choix de consommateur, choix éthiques basés sur une conscientisation, une sensibilisation. Cela peut permettre de faire évoluer les pratiques de consommation, mais ce n’est pas suffisant.
I N T E R V E N A N T
(Applaudissements.)
Merci.
G I L L E S
“
Merci.
G I L L E S
B E R H A U L T :
U N
: Je souhaiterais apporter un complément sur un point. On a beaucoup parlé des choix des jeunes, leurs choix de consommateur, choix éthiques basés sur une conscientisation, une sensibilisation. Cela peut permettre de faire évoluer les pratiques de consommation, mais ce n’est pas suffisant.
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Il est amusant d’avoir parlé des 4x4. Nous savons très bien que la loi qui visait à taxer ces véhicules n’est pas passée en France. Au cours de l’atelier d’hier, on nous a expliqué que certains lobbies puissants avaient fait en sorte que cette loi capote. Il faut donc avoir une analyse un peu plus politique. Il est très important de savoir ce qui gouverne nos décisions et quels sont les facteurs qui œuvrent pour que certaines d’entre elles ne soient pas prises, empêchant ainsi les choses d’avancer.
Il est amusant d’avoir parlé des 4x4. Nous savons très bien que la loi qui visait à taxer ces véhicules n’est pas passée en France. Au cours de l’atelier d’hier, on nous a expliqué que certains lobbies puissants avaient fait en sorte que cette loi capote. Il faut donc avoir une analyse un peu plus politique. Il est très important de savoir ce qui gouverne nos décisions et quels sont les facteurs qui œuvrent pour que certaines d’entre elles ne soient pas prises, empêchant ainsi les choses d’avancer.
Il faut savoir Ce qui gouverne nos décisions et quels également que la sont les facteurs qui œuvrent pour que plupart des décisions de consomcertaines d’entre elles ne soient pas prises” mation sont motivées par les prix. Tant qu’une action ne sera pas menée pour “internaliser” les coûts écologiques dans les prix des biens et des services, cela freinera un peu ces choix en faveur de décisions écologiques. Gardons à l’esprit qu’il faut continuer à exercer une pression sur les Pouvoirs publics pour que, notamment dans leur politique fiscale, ils agissent en faveur du développement durable.
Il faut savoir Ce qui gouverne nos décisions et quels également que la sont les facteurs qui œuvrent pour que plupart des décisions de consomcertaines d’entre elles ne soient pas prises” mation sont motivées par les prix. Tant qu’une action ne sera pas menée pour “internaliser” les coûts écologiques dans les prix des biens et des services, cela freinera un peu ces choix en faveur de décisions écologiques. Gardons à l’esprit qu’il faut continuer à exercer une pression sur les Pouvoirs publics pour que, notamment dans leur politique fiscale, ils agissent en faveur du développement durable.
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On a parlé de décroissance aux entreprises, mais vous avez vu quelle a été leur réaction : “Si je fais de la décroissance, je serai pénalisé parce que c’est mon concurrent qui emportera la mise. Je ne peux donc pas faire des choses tout seul.” D’où l’importance de mettre en place des réglementations pour que les entreprises soient confrontées aux mêmes lois, pour que les règles du jeu soient les mêmes pour tous et qu’elles soient écologiques.
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On a parlé de décroissance aux entreprises, mais vous avez vu quelle a été leur réaction : “Si je fais de la décroissance, je serai pénalisé parce que c’est mon concurrent qui emportera la mise. Je ne peux donc pas faire des choses tout seul.” D’où l’importance de mettre en place des réglementations pour que les entreprises soient confrontées aux mêmes lois, pour que les règles du jeu soient les mêmes pour tous et qu’elles soient écologiques.
Merci.
G I L L E S
B E R H A U L T :
F A B R I C E
F L I P O : J’ai 33 ans, je me sens un peu entre les vieux et les jeunes ou entre les jeunes et les vieux et je suis toujours un peu gêné lorsque j’entends dire : “Les jeunes, ceci ; les jeunes, cela”. Je suis professeur dans une école de commerce, une école d’ingénieurs, et je vois bien le raisonnement de mes élèves : “Le développement durable, oui, mais comprenez que, dans le cours suivant, on nous dit quelque chose de totalement différent.” L’école elle-même n’est pas du tout exemplaire. Je suis obligé de leur dire qu’il reste encore beaucoup de progrès à faire, que, certes, les autres ne montrent pas l’exemple. Mais ceux-là même leur disent que c’est à eux de changer !
Merci.
G I L L E S
B E R H A U L T :
F A B R I C E
F L I P O : J’ai 33 ans, je me sens un peu entre les vieux et les jeunes ou entre les jeunes et les vieux et je suis toujours un peu gêné lorsque j’entends dire : “Les jeunes, ceci ; les jeunes, cela”. Je suis professeur dans une école de commerce, une école d’ingénieurs, et je vois bien le raisonnement de mes élèves : “Le développement durable, oui, mais comprenez que, dans le cours suivant, on nous dit quelque chose de totalement différent.” L’école elle-même n’est pas du tout exemplaire. Je suis obligé de leur dire qu’il reste encore beaucoup de progrès à faire, que, certes, les autres ne montrent pas l’exemple. Mais ceux-là même leur disent que c’est à eux de changer !
C’est un peu énervant et je ne crois pas au discours disant : “Il faut éduquer les jeunes et ceux-ci changeront”. C’est comme de dire : “Il faut éduquer les pays en développement et ils changeront”.
C’est un peu énervant et je ne crois pas au discours disant : “Il faut éduquer les jeunes et ceux-ci changeront”. C’est comme de dire : “Il faut éduquer les pays en développement et ils changeront”.
Le problème fondamental est celui-ci : il faut que tout le monde change, là où se trouve le problème, et c’est vraiment comme cela nous aurons des chances de faire évoluer les choses. Chacun d’entre nous se doit d’être exemplaire. Évidemment, il n’y a pas de “saints” ; tout le monde a des problèmes, les entreprises doivent tourner, être rentables, etc. Tout le monde a des problèmes ! Cela dit, il faut essayer de se mettre un peu en retrait par rapport à ceux-ci et voir la marge de manœuvre qui existe. Il y en a toujours une, toujours, et il faut l’exploiter. Il y en a dans les écoles, dans les entreprises, etc. Les lignes de fracture sont floues dans le privé, dans le public, etc. C’est, à mon avis, de cette façon que nous réussirons à avancer. Il faut vraiment que les “vieux” fassent quelque chose ; sinon ce n’est pas possible !
Le problème fondamental est celui-ci : il faut que tout le monde change, là où se trouve le problème, et c’est vraiment comme cela nous aurons des chances de faire évoluer les choses. Chacun d’entre nous se doit d’être exemplaire. Évidemment, il n’y a pas de “saints” ; tout le monde a des problèmes, les entreprises doivent tourner, être rentables, etc. Tout le monde a des problèmes ! Cela dit, il faut essayer de se mettre un peu en retrait par rapport à ceux-ci et voir la marge de manœuvre qui existe. Il y en a toujours une, toujours, et il faut l’exploiter. Il y en a dans les écoles, dans les entreprises, etc. Les lignes de fracture sont floues dans le privé, dans le public, etc. C’est, à mon avis, de cette façon que nous réussirons à avancer. Il faut vraiment que les “vieux” fassent quelque chose ; sinon ce n’est pas possible !
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
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: Je voudrais juste réagir par rapport à la réponse politique. Nous l’avons dit hier et nous le voyons; malheureusement, pour l’instant, en 2005, les réponses politiques ne satisfont pas.
I N T E R V E N A N T
Par rapport à cette exemplarité, des réponses créent une nouvelle politique, mais à un échelon individuel. Je pense par exemple aux associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. C’est une réponse très simple, assez caractéristique de cette jeune génération qui a envie de cette cohérence et qui la vit, en faisant attention à ses déplacements et à son alimentation, sans pour autant se dire : “Je vais manger bio.” Encore une fois, le réalisme est indispensable et manger bio coûte très cher parce que ce n’est pas encore partout. Je fais référence au principe d’AMAP. Il suffit qu’une productrice ou un producteur local trouve quarante personnes pour lui acheter un panier de légumes déterminé à l’année, payé par semestre, par solidarité devant d’éventuels aléas climatiques. S’il gèle et qu’il n’y a pas de chou, par exemple, nous sommes solidaires parce que cela va dans le sens de nos convictions. C’est une réponse qui oriente la politique. De ce fait, nous nous retrouvons sur un territoire dans lequel les agriculteurs reprennent une vie sociale, avec une agriculture de proximité.
des réponses créent une nouvelle politique, mais à un échelon individuel. Je pense par exemple aux associations pour le maintien d’une agriculture paysanne”
On ne se pose plus la question de savoir comment lutter contre le productivisme, on le fait soi-même à son petit échelon. Cette cohérence est, je l’espère, caractéristique de notre génération et il faut qu’elle le soit de plus en plus. Nous parlions “des vieux” ; eh bien, tout le monde doit essayer d’aller dans ce sens. Ce n’est pas du tout moralisateur, j’espère que vous ne le prenez pas ainsi. L’idée est de dire que chacun doit faire le maximum d’efforts. On ne va pas vous dire de ne pas venir en voiture à Buoux, on ne peut pas y venir autrement ! Mais on peut faire attention à ses mégots de cigarette. J’ai vu beaucoup de jeunes qui les ramassaient. La cohérence réside aussi dans la somme de ces petites choses, à un échelon individuel. G I L L E S
B E R H A U L T :
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Vous avez compris ; on ramasse les mégots après !
Par rapport à cette exemplarité, des réponses créent une nouvelle politique, mais à un échelon individuel. Je pense par exemple aux associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. C’est une réponse très simple, assez caractéristique de cette jeune génération qui a envie de cette cohérence et qui la vit, en faisant attention à ses déplacements et à son alimentation, sans pour autant se dire : “Je vais manger bio.” Encore une fois, le réalisme est indispensable et manger bio coûte très cher parce que ce n’est pas encore partout. Je fais référence au principe d’AMAP. Il suffit qu’une productrice ou un producteur local trouve quarante personnes pour lui acheter un panier de légumes déterminé à l’année, payé par semestre, par solidarité devant d’éventuels aléas climatiques. S’il gèle et qu’il n’y a pas de chou, par exemple, nous sommes solidaires parce que cela va dans le sens de nos convictions. C’est une réponse qui oriente la politique. De ce fait, nous nous retrouvons sur un territoire dans lequel les agriculteurs reprennent une vie sociale, avec une agriculture de proximité. On ne se pose plus la question de savoir comment lutter contre le productivisme, on le fait soi-même à son petit échelon. Cette cohérence est, je l’espère, caractéristique de notre génération et il faut qu’elle le soit de plus en plus. Nous parlions “des vieux” ; eh bien, tout le monde doit essayer d’aller dans ce sens. Ce n’est pas du tout moralisateur, j’espère que vous ne le prenez pas ainsi. L’idée est de dire que chacun doit faire le maximum d’efforts. On ne va pas vous dire de ne pas venir en voiture à Buoux, on ne peut pas y venir autrement ! Mais on peut faire attention à ses mégots de cigarette. J’ai vu beaucoup de jeunes qui les ramassaient. La cohérence réside aussi dans la somme de ces petites choses, à un échelon individuel. G I L L E S
G U I C H E N E Y : Je suis très contente que vous nous appeliez “les vieux” parce que cela fait ressortir votre joie en réponse aux fois où nous vous appelons globalement “les jeunes”. C’est une des meilleures réponses et je vais y revenir.
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: Je voudrais juste réagir par rapport à la réponse politique. Nous l’avons dit hier et nous le voyons; malheureusement, pour l’instant, en 2005, les réponses politiques ne satisfont pas.
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des réponses créent une nouvelle politique, mais à un échelon individuel. Je pense par exemple aux associations pour le maintien d’une agriculture paysanne”
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Vous avez compris ; on ramasse les mégots après !
G U I C H E N E Y : Je suis très contente que vous nous appeliez “les vieux” parce que cela fait ressortir votre joie en réponse aux fois où nous vous appelons globalement “les jeunes”. C’est une des meilleures réponses et je vais y revenir.
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Cela dit, je voudrais aborder la question des médias que vous avez évoquée en disant qu’à travers eux, vous aviez l’impression que seul le pilier économique…
Cela dit, je voudrais aborder la question des médias que vous avez évoquée en disant qu’à travers eux, vous aviez l’impression que seul le pilier économique…
Sur ce point, c’est le discours des politiques qui est relayé par les médias et ce sont les politiques qui ne laissent pas beaucoup d’ouvertures sur les choix qui peuvent être faits entre croissance, croissance différente ou décroissance. C’est un débat qui, à mon avis, n’est certainement pas terminé.
Sur ce point, c’est le discours des politiques qui est relayé par les médias et ce sont les politiques qui ne laissent pas beaucoup d’ouvertures sur les choix qui peuvent être faits entre croissance, croissance différente ou décroissance. C’est un débat qui, à mon avis, n’est certainement pas terminé.
Je crois également que les médias n’échappent pas à leur époque, et la télévision en particulier ; je parle de ce que je connais. Nous y voyons, comme dans un miroir grossissant, un certain nombre des défauts… Tout ce que nous reprochons à la société, en gros, nous pouvons le retrouver à la télévision et vice-versa.
Je crois également que les médias n’échappent pas à leur époque, et la télévision en particulier ; je parle de ce que je connais. Nous y voyons, comme dans un miroir grossissant, un certain nombre des défauts… Tout ce que nous reprochons à la société, en gros, nous pouvons le retrouver à la télévision et vice-versa.
Les jeunes… Le grand public… Ce sont des notions qui, personnellement, ne me disent rien du tout. À partir du moment où l’on souhaite que les gens deviennent acteurs, on ne les appelle déjà pas “public”. Je ne trouve pas qu’il soit “très dévelop-
Les jeunes… Le grand public… Ce sont des notions qui, personnellement, ne me disent rien du tout. À partir du moment où l’on souhaite que les gens deviennent acteurs, on ne les appelle déjà pas “public”. Je ne trouve pas qu’il soit “très dévelop-
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pement durable” de dire “public” et plus encore “grand public”, avec la notion péjorative que cela peut avoir.
pement durable” de dire “public” et plus encore “grand public”, avec la notion péjorative que cela peut avoir.
Tout d’abord, de la même façon que pour “les jeunes”, il existe des situations extrêmement différentes. Quel rapport existe-t-il entre des jeunes gens qui ont la chance de pouvoir faire des études et ceux qui “rament” dans des cités de banlieue, à qui on refuse emploi sur emploi alors qu’ils ont fait l’effort d’obtenir des diplômes ou encore des jeunes pour qui il est parfois difficile de faire des études ? Il n’existe pas une seule situation. En plus, on leur fait porter le poids de : “Et alors, que faites-vous ?” Socialement, ils n’ont pas trouvé leur place. Quelle place fait-on aujourd’hui à un certain nombre de jeunes gens et de jeunes filles ? Comment peut-on les convaincre de contribuer ? Je pense qu’il faut leur poser des questions et leur permettre d’apporter leurs réponses. Ils ont des idées sur ce qu’ils penseraient être mieux. Ils peuvent d’abord partir de ce qu’ils ressentent, des douleurs, des souffrances auxquelles ils sont confrontés, puis imaginer et proposer des solutions. On ne peut pas leur “parachuter” ainsi des solutions globales en leur donnant une responsabilité.
Tout d’abord, de la même façon que pour “les jeunes”, il existe des situations extrêmement différentes. Quel rapport existe-t-il entre des jeunes gens qui ont la chance de pouvoir faire des études et ceux qui “rament” dans des cités de banlieue, à qui on refuse emploi sur emploi alors qu’ils ont fait l’effort d’obtenir des diplômes ou encore des jeunes pour qui il est parfois difficile de faire des études ? Il n’existe pas une seule situation. En plus, on leur fait porter le poids de : “Et alors, que faites-vous ?” Socialement, ils n’ont pas trouvé leur place. Quelle place fait-on aujourd’hui à un certain nombre de jeunes gens et de jeunes filles ? Comment peut-on les convaincre de contribuer ? Je pense qu’il faut leur poser des questions et leur permettre d’apporter leurs réponses. Ils ont des idées sur ce qu’ils penseraient être mieux. Ils peuvent d’abord partir de ce qu’ils ressentent, des douleurs, des souffrances auxquelles ils sont confrontés, puis imaginer et proposer des solutions. On ne peut pas leur “parachuter” ainsi des solutions globales en leur donnant une responsabilité.
Quant à la terrasse de café, effectivement, c’est une idée gentille. Mais leur terrasse, ils en ont “ras le bol” ! Elle est moche, elle est dans un endroit triste et, lorsqu’on leur propose une évasion, ils sont tentés de céder, surtout si c’est un week-end à Venise à 35€, ce qui n’a aucun sens.
Quant à la terrasse de café, effectivement, c’est une idée gentille. Mais leur terrasse, ils en ont “ras le bol” ! Elle est moche, elle est dans un endroit triste et, lorsqu’on leur propose une évasion, ils sont tentés de céder, surtout si c’est un week-end à Venise à 35€, ce qui n’a aucun sens.
: L’exemple de la terrasse était celui du bonheur simple, du besoin de “pas grand-chose”. Pour moi, c’est la terrasse entre amis. Il s’agissait surtout de cette idée de bonheur simple qui ne coûte rien.
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L I O N , Président d’Agrisud : Ne croyez pas que la “vieille” génération soit fascinée par la décroissance. Il existe sûrement un peu de culpabilité chez les tenants de cette idée. Nous ne la partageons pas majoritairement, comme nous l’avons vu au cours du débat ce matin, au vu de ce qui a pu être mal fait au cours des temps passés et de ce fameux XXe siècle pendant lequel tellement d’erreurs ont été commises.
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Ne pensez pas que nous vous orientons dans ce sens, surtout si nous élargissons le regard aux pays en développement dont, à mon sens, nous n’avons pas suffisamment parlé.
Ensuite, j’aime beaucoup lorsque vous dites arriver à un moment où des choses sont à inventer. Un des thèmes de notre débat de ce matin était qu’un peu partout s’inventent des choses. J’ai raconté l’histoire du vélo électrique en Chine ; c’est beaucoup plus intelligent que la mobylette au Vietnam, cela pollue beaucoup moins. Les Chinois vont inventer plein de choses. Vous, vous avez inventé, pas seulement des technologies, mais des modes de société, de consommation, de manière d’être.
Ensuite, j’aime beaucoup lorsque vous dites arriver à un moment où des choses sont à inventer. Un des thèmes de notre débat de ce matin était qu’un peu partout s’inventent des choses. J’ai raconté l’histoire du vélo électrique en Chine ; c’est beaucoup plus intelligent que la mobylette au Vietnam, cela pollue beaucoup moins. Les Chinois vont inventer plein de choses. Vous, vous avez inventé, pas seulement des technologies, mais des modes de société, de consommation, de manière d’être.
J’ai bien aimé l’intervention de l’ami parisien qui est au fond de la salle. N’attendez pas pour cela les politiques. Pardon, Catherine, les politiques ne sont pas vraiment en avance sur ces sujets et, bien entendu, sur ce vaste thème comme sur les autres, ils suivront l’opinion. L’opinion, c’est vous.
J’ai bien aimé l’intervention de l’ami parisien qui est au fond de la salle. N’attendez pas pour cela les politiques. Pardon, Catherine, les politiques ne sont pas vraiment en avance sur ces sujets et, bien entendu, sur ce vaste thème comme sur les autres, ils suivront l’opinion. L’opinion, c’est vous.
Je termine en disant à nouveau à Anne-Marie : essayons de faire une recommandation en trois ou quatre points et qui soit dans le langage des jeunes et dirigée vers eux.
Je termine en disant à nouveau à Anne-Marie : essayons de faire une recommandation en trois ou quatre points et qui soit dans le langage des jeunes et dirigée vers eux.
S A C Q U E T , Directrice générale, Comité 21: Je voudrais essayer de couper court à quelque chose qui me paraît un peu superflu dans les échanges.
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L I O N , Président d’Agrisud : Ne croyez pas que la “vieille” génération soit fascinée par la décroissance. Il existe sûrement un peu de culpabilité chez les tenants de cette idée. Nous ne la partageons pas majoritairement, comme nous l’avons vu au cours du débat ce matin, au vu de ce qui a pu être mal fait au cours des temps passés et de ce fameux XXe siècle pendant lequel tellement d’erreurs ont été commises.
Ne pensez pas que nous vous orientons dans ce sens, surtout si nous élargissons le regard aux pays en développement dont, à mon sens, nous n’avons pas suffisamment parlé.
S A C Q U E T , Directrice générale, Comité 21: Je voudrais essayer de couper court à quelque chose qui me paraît un peu superflu dans les échanges.
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: L’exemple de la terrasse était celui du bonheur simple, du besoin de “pas grand-chose”. Pour moi, c’est la terrasse entre amis. Il s’agissait surtout de cette idée de bonheur simple qui ne coûte rien.
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Oui, nous avons souhaité et pris l’initiative d’inviter des jeunes à échanger avec nous. Je ne pense pas que ce soit une guerre jeunes/vieux. Nous avons besoin de ce dialogue entre les générations, de confronter nos visions des valeurs et des moyens d’action. Finalement, nous nous retrouvons sur beaucoup de points, en particulier sur l’action, la nécessité d’agir, celle de beaucoup plus imprégner le tissu local, peut-être pour faire remonter à des échelles supérieures l’initiative citoyenne. Nous pouvons nous nourrir mutuellement. Il ne s’agit donc pas du tout des générations de jeunes et de vieux, mais bien d’un dialogue entre des générations.
Oui, nous avons souhaité et pris l’initiative d’inviter des jeunes à échanger avec nous. Je ne pense pas que ce soit une guerre jeunes/vieux. Nous avons besoin de ce dialogue entre les générations, de confronter nos visions des valeurs et des moyens d’action. Finalement, nous nous retrouvons sur beaucoup de points, en particulier sur l’action, la nécessité d’agir, celle de beaucoup plus imprégner le tissu local, peut-être pour faire remonter à des échelles supérieures l’initiative citoyenne. Nous pouvons nous nourrir mutuellement. Il ne s’agit donc pas du tout des générations de jeunes et de vieux, mais bien d’un dialogue entre des générations.
Pourquoi avons-nous tenu à donner la parole à des jeunes ? Je mettrai peut-être à part le Comité 21. C’est en effet une préoccupation qui m’est extrêmement chère depuis que je travaille dans le développement durable. Au Comité 21, nous faisons une grande place aux jeunes et surtout j’en fais une de mes missions premières en tant que directrice générale ; nous essayons de leur trouver du travail dans le développement durable. Ce n’est pas une injonction, mais simplement une remarque, un état de fait.
Pourquoi avons-nous tenu à donner la parole à des jeunes ? Je mettrai peut-être à part le Comité 21. C’est en effet une préoccupation qui m’est extrêmement chère depuis que je travaille dans le développement durable. Au Comité 21, nous faisons une grande place aux jeunes et surtout j’en fais une de mes missions premières en tant que directrice générale ; nous essayons de leur trouver du travail dans le développement durable. Ce n’est pas une injonction, mais simplement une remarque, un état de fait.
Dans les milieux et rencontres sur le développement durable, les jeunes sont malheureusement très peu présents. Toutes les grandes entreprises, y compris celles qui dégagent des bénéfices extraordinaires – les entreprises du CAC 40 cette année ont dégagé des bénéfices record, ont toutes mis en œuvre des stratégies de développement durable. J’aimerais que, sur le principe de responsabilité, dont nous avons beaucoup parlé depuis hier, nous intégrions dans les stratégies de développement durable la création d’emplois pour le développement durable et notamment pour des jeunes. Il faut tout de même constater ce déséquilibre dans notre société, l’insuffisance de la représentation des jeunes.
Dans les milieux et rencontres sur le développement durable, les jeunes sont malheureusement très peu présents. Toutes les grandes entreprises, y compris celles qui dégagent des bénéfices extraordinaires – les entreprises du CAC 40 cette année ont dégagé des bénéfices record, ont toutes mis en œuvre des stratégies de développement durable. J’aimerais que, sur le principe de responsabilité, dont nous avons beaucoup parlé depuis hier, nous intégrions dans les stratégies de développement durable la création d’emplois pour le développement durable et notamment pour des jeunes. Il faut tout de même constater ce déséquilibre dans notre société, l’insuffisance de la représentation des jeunes.
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R E N A R D , La Poste : Je ne m’étais pas du tout concertée avec Anne-Marie, mais mon intervention va justement dans ce sens. C’est également une demande adressée aux jeunes et une réponse au problème de recrutement que vous aviez évoqué en début de cette Université d’été.
H É L È N E
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R E N A R D , La Poste : Je ne m’étais pas du tout concertée avec Anne-Marie, mais mon intervention va justement dans ce sens. C’est également une demande adressée aux jeunes et une réponse au problème de recrutement que vous aviez évoqué en début de cette Université d’été.
Venez à La Poste, J’aimerais quenous intégrions mais pas forcément dans les stratégies de développement pour un emploi de durable la création d’emplois “chargé de mission” ou de “chef de projet pour le développement durable développement duraet notamment pour des jeunes.” ble”. Notre politique de recrutement va être de plus en plus active parce que beaucoup de nos collaborateurs vont partir à la retraite. Même si nous ne les remplaçons pas tous, de grosses masses de recrutement sont prévues dans les quatre-cinq ans à venir. Nous avons besoin d’experts en ressources humaines, en marketing, de managers opérationnels, de directeurs financiers et nous souhaitons que tous ces profils aient également une composante, une sensibilité “développement durable”. En effet, comment allons-nous ancrer notre démarche dans tous les processus de l’entreprise si le responsable marketing, lorsque nous lui parlons de produits éco-conçus, ne comprend pas ce que cela signifie, si le directeur financier, lorsque nous lui parlons de rentabilité à long terme, ne veut pas en entendre parler. C’est la même chose dans les ressources humaines.
Venez à La Poste, J’aimerais quenous intégrions mais pas forcément dans les stratégies de développement pour un emploi de durable la création d’emplois “chargé de mission” ou de “chef de projet pour le développement durable développement duraet notamment pour des jeunes.” ble”. Notre politique de recrutement va être de plus en plus active parce que beaucoup de nos collaborateurs vont partir à la retraite. Même si nous ne les remplaçons pas tous, de grosses masses de recrutement sont prévues dans les quatre-cinq ans à venir. Nous avons besoin d’experts en ressources humaines, en marketing, de managers opérationnels, de directeurs financiers et nous souhaitons que tous ces profils aient également une composante, une sensibilité “développement durable”. En effet, comment allons-nous ancrer notre démarche dans tous les processus de l’entreprise si le responsable marketing, lorsque nous lui parlons de produits éco-conçus, ne comprend pas ce que cela signifie, si le directeur financier, lorsque nous lui parlons de rentabilité à long terme, ne veut pas en entendre parler. C’est la même chose dans les ressources humaines.
Nous avons besoin de jeunes qui aiment le développement durable, qui y croient, qui ont envie d’agir.
Nous avons besoin de jeunes qui aiment le développement durable, qui y croient, qui ont envie d’agir.
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Cession de clôture
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Je reviens sur l’action. Cela m’a un peu frustrée pendant ces deux jours. Ce que j’aime, c’est l’action. Ce que je fais tous les jours, c’est agir, faire des projets, les mener de bout en bout sur des choses très concrètes. Donc, nous recrutons et nous allons avoir besoin de vous. N’oubliez pas La Poste et si vous souhaitez que nous travaillions avec Anne-Marie sur une bourse d’emplois où nous pourrons aider, appuyer des candidatures de jeunes qui ont cette expertise et cette sensibilité développement durable, je peux vous dire que les portes de La Poste vous sont ouvertes ! C A T H E R I N E
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T R A U T M A N N
Je reviens sur l’action. Cela m’a un peu frustrée pendant ces deux jours. Ce que j’aime, c’est l’action. Ce que je fais tous les jours, c’est agir, faire des projets, les mener de bout en bout sur des choses très concrètes. Donc, nous recrutons et nous allons avoir besoin de vous. N’oubliez pas La Poste et si vous souhaitez que nous travaillions avec Anne-Marie sur une bourse d’emplois où nous pourrons aider, appuyer des candidatures de jeunes qui ont cette expertise et cette sensibilité développement durable, je peux vous dire que les portes de La Poste vous sont ouvertes !
, ancien ministre et député au Parlement européen : Voilà
C A T H E R I N E
T R A U T M A N N
, ancien ministre et député au Parlement européen : Voilà
une bonne nouvelle !
une bonne nouvelle !
Je voulais juste faire une observation. Dans les ateliers auxquels j’ai assisté et lors des discussions, c’était inévitable, les politiques ont été un peu accusés d’être à l’origine d’une partie de l’inertie qui accompagne les politiques de développement durable. Les élus qui sont ici ne peuvent pas ne pas être d’accord puisque, manifestement, on constate une certaine carence ou défaillance des élus dans ce domaine. C’est peutêtre par défaut de prise de conscience ou par peur des complications que vont entraîner des réglementations ou des positions assez restrictives, notamment dans le domaine de cette sacro-sainte consommation.
Je voulais juste faire une observation. Dans les ateliers auxquels j’ai assisté et lors des discussions, c’était inévitable, les politiques ont été un peu accusés d’être à l’origine d’une partie de l’inertie qui accompagne les politiques de développement durable. Les élus qui sont ici ne peuvent pas ne pas être d’accord puisque, manifestement, on constate une certaine carence ou défaillance des élus dans ce domaine. C’est peutêtre par défaut de prise de conscience ou par peur des complications que vont entraîner des réglementations ou des positions assez restrictives, notamment dans le domaine de cette sacro-sainte consommation.
Je voudrais dire aux jeunes plusieurs choses. Pas de guerre jeunes/vieux, c’est sûr, mais je ne me mets plus du tout dans la catégorie des jeunes, même si, dans ma tête, évidemment, je le suis autant que ceux qui sont assis à cette “défunte” tribune. Je vois que les messages d’hier ont été bien entendus ; nous sommes tous à égalité.
Je voudrais dire aux jeunes plusieurs choses. Pas de guerre jeunes/vieux, c’est sûr, mais je ne me mets plus du tout dans la catégorie des jeunes, même si, dans ma tête, évidemment, je le suis autant que ceux qui sont assis à cette “défunte” tribune. Je vois que les messages d’hier ont été bien entendus ; nous sommes tous à égalité.
Lorsque l’on a vos convictions et que, finalement, on est désolé que personne à l’intérieur des instances municipales puisse les porter, il ne faut pas hésiter à “s’y coller”. Votre propos a de fortes chances d’être entendu parce qu’il est notre propos à tous. De plus, il est porté par vous parce qu’il est d’une grande modernité; et il est dans l’urgence. Il faut que vous repartiez avec la conviction que ce n’est pas se salir que de se jeter dans la vie politique à l’échelon le plus intéressant, à mon avis, qui est celui de la commune.
Lorsque l’on a vos convictions et que, finalement, on est désolé que personne à l’intérieur des instances municipales puisse les porter, il ne faut pas hésiter à “s’y coller”. Votre propos a de fortes chances d’être entendu parce qu’il est notre propos à tous. De plus, il est porté par vous parce qu’il est d’une grande modernité; et il est dans l’urgence. Il faut que vous repartiez avec la conviction que ce n’est pas se salir que de se jeter dans la vie politique à l’échelon le plus intéressant, à mon avis, qui est celui de la commune.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
: Je voudrais réagir à cela et aux propos de Robert Lion. Nous avons cette envie d’entrer dans la vie politique ; elle est profonde, mais nos tentatives sont souvent déçues. J’en suis l’exemple. Après le 21 avril, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose, qu’on ne pouvait pas rester simplement devant sa télévision et qu’il fallait rentrer dans le champ politique. Je me suis retrouvé dans des organes qui se disaient : “Nous n’avons pas suffisamment fait de tracts, pas suffisamment collé d’affiches.” Comment cela peut-il répondre à notre besoin de ce fameux projet collectif ? Cela n’y répond absolument pas. Alors, notre envie de participer à la vie citoyenne s’exprime dans le milieu associatif mais, malheureusement, il existe une fracture profonde, et elle va s’aggraver, entre cette expression dans le milieu associatif et l’incapacité à s’insérer dans les partis politiques qui restent les organes de pouvoir.
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I N T E R V E N A N T
: Pour ne pas se tromper, il faut bien définir les acteurs et savoir qui incarne l’intérêt général. Aujourd’hui, individuellement, les jeunes essayent d’agir (les AMAP, les transports, etc.), mais cela reste individuel ; ils n’incarnent pas l’intérêt collectif. Les entreprises non plus. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais les entreprises doivent produire, vendre. Un constructeur automobile pourra faire du développement durable, il n’en restera pas moins qu’il continuera à vendre des voitures qui rejettent des gaz à effet de serre.
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: Je voudrais réagir à cela et aux propos de Robert Lion. Nous avons cette envie d’entrer dans la vie politique ; elle est profonde, mais nos tentatives sont souvent déçues. J’en suis l’exemple. Après le 21 avril, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose, qu’on ne pouvait pas rester simplement devant sa télévision et qu’il fallait rentrer dans le champ politique. Je me suis retrouvé dans des organes qui se disaient : “Nous n’avons pas suffisamment fait de tracts, pas suffisamment collé d’affiches.” Comment cela peut-il répondre à notre besoin de ce fameux projet collectif ? Cela n’y répond absolument pas. Alors, notre envie de participer à la vie citoyenne s’exprime dans le milieu associatif mais, malheureusement, il existe une fracture profonde, et elle va s’aggraver, entre cette expression dans le milieu associatif et l’incapacité à s’insérer dans les partis politiques qui restent les organes de pouvoir. : Pour ne pas se tromper, il faut bien définir les acteurs et savoir qui incarne l’intérêt général. Aujourd’hui, individuellement, les jeunes essayent d’agir (les AMAP, les transports, etc.), mais cela reste individuel ; ils n’incarnent pas l’intérêt collectif. Les entreprises non plus. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais les entreprises doivent produire, vendre. Un constructeur automobile pourra faire du développement durable, il n’en restera pas moins qu’il continuera à vendre des voitures qui rejettent des gaz à effet de serre.
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Il faut donc bien définir celui qui représente l’intérêt général. Hier, la personne qui représentait La Poste citait Lénine et Kropotkine sur le délitement ou le dépérissement de l’État. Je ne m’y résous pas ; je considère que l’État a encore un rôle à jouer, qu’il faut réhabiliter la notion d’interdiction, d’incitation fiscale et qu’on ne peut pas toujours tout déléguer aux ONG, aux entreprises et aux collectivités locales. Aujourd’hui, si le bonus/malus avait vu le jour, si nous étions encore en capacité de dire qu’il faut interdire les 4x4 en zone urbaine parce que cela ne sert à rien, que cela pollue et que cela utilise beaucoup d’énergie… Mais le problème est que nous sommes sous la pression d’une société libérale qui considère que l’interdiction est le début de la dictature. Or, l’interdiction est également une garante de nos libertés. Nous ne sommes plus capables de le faire, de créer des interdictions ou des incitations fiscales qui favorisent par exemple les transports en commun et ensuite la communication sur le développement durable ; ce serait nettement plus facile.
nous sommes sous la pression d’une société libérale qui considère que l’interdiction est le début de la dictature.”
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(Applaudissements.) G U Y
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, Directeur de l’Académie du développement durable et humain : Dans le débat croissance/décroissance, lorsque j’ai confié à Patrick Viveret le travail sur “Reconsidérer la richesse”, le but était de montrer à quel point la notion statistique de croissance était une absurdité. Je ne voudrais pas que nous nous engouffrions et je suis d’accord avec l’intervention du début dans la même analyse d’un yin et d’un yang de deux stupidités. Lorsque des accidents surviennent sur le périphérique ou qu’une forêt est “dégommée” par une tempête, c’est de la richesse, soi-disant ! Non, c’est un appauvrissement collectif.
H A S C O E T
Il faut donc bien définir celui qui représente l’intérêt général. Hier, la personne qui représentait La Poste citait Lénine et Kropotkine sur le délitement ou le dépérissement de l’État. Je ne m’y résous pas ; je considère que l’État a encore un rôle à jouer, qu’il faut réhabiliter la notion d’interdiction, d’incitation fiscale et qu’on ne peut pas toujours tout déléguer aux ONG, aux entreprises et aux collectivités locales. Aujourd’hui, si le bonus/malus avait vu le jour, si nous étions encore en capacité de dire qu’il faut interdire les 4x4 en zone urbaine parce que cela ne sert à rien, que cela pollue et que cela utilise beaucoup d’énergie… Mais le problème est que nous sommes sous la pression d’une société libérale qui considère que l’interdiction est le début de la dictature. Or, l’interdiction est également une garante de nos libertés. Nous ne sommes plus capables de le faire, de créer des interdictions ou des incitations fiscales qui favorisent par exemple les transports en commun et ensuite la communication sur le développement durable ; ce serait nettement plus facile.
nous sommes sous la pression d’une société libérale qui considère que l’interdiction est le début de la dictature.”
(Applaudissements.) G U Y
, Directeur de l’Académie du développement durable et humain : Dans le débat croissance/décroissance, lorsque j’ai confié à Patrick Viveret le travail sur “Reconsidérer la richesse”, le but était de montrer à quel point la notion statistique de croissance était une absurdité. Je ne voudrais pas que nous nous engouffrions et je suis d’accord avec l’intervention du début dans la même analyse d’un yin et d’un yang de deux stupidités. Lorsque des accidents surviennent sur le périphérique ou qu’une forêt est “dégommée” par une tempête, c’est de la richesse, soi-disant ! Non, c’est un appauvrissement collectif.
H A S C O E T
Ce qui est intéressant, c’est la mutation du développement. De quoi fait-on le développement de demain ? Optimisons-nous les équipements plutôt que de courir dans le sens de leur accumulation ? Réorientons-nous une partie de nos masses budgétaires et de nos moyens vers davantage de services immatériels à la personne, à l’environnement, en nouvelles technologies par rapport à l’accumulation des matériels biens/ressources ? Et il faut que chacun prenne sa part. J’ai bien aimé la fin de l’intervention précédente.
Ce qui est intéressant, c’est la mutation du développement. De quoi fait-on le développement de demain ? Optimisons-nous les équipements plutôt que de courir dans le sens de leur accumulation ? Réorientons-nous une partie de nos masses budgétaires et de nos moyens vers davantage de services immatériels à la personne, à l’environnement, en nouvelles technologies par rapport à l’accumulation des matériels biens/ressources ? Et il faut que chacun prenne sa part. J’ai bien aimé la fin de l’intervention précédente.
Cependant, constituer un réseau AMAP n’est pas dans l’intérêt général : là je suis en profond désaccord. C’est la somme d’initiatives concrètes, de réponses qui mènent, à la fin, à des alternatives réelles et à des modèles dominants. Je suis désolé, j’ai fait une intervention sur l’agroalimentaire chez des gens qui utilisent 100 calories de pétrole pour 1 calorie de surgelé dans l’assiette. Je leur ai posé la question : si demain nous avons une crise du pétrole, l’assiette sera-t-elle vide ? Le problème n’est pas qu’ils n’avaient pas reçu mon interpellation en tant que formateur, mais ils ne s’étaient jamais posé la question !
Cependant, constituer un réseau AMAP n’est pas dans l’intérêt général : là je suis en profond désaccord. C’est la somme d’initiatives concrètes, de réponses qui mènent, à la fin, à des alternatives réelles et à des modèles dominants. Je suis désolé, j’ai fait une intervention sur l’agroalimentaire chez des gens qui utilisent 100 calories de pétrole pour 1 calorie de surgelé dans l’assiette. Je leur ai posé la question : si demain nous avons une crise du pétrole, l’assiette sera-t-elle vide ? Le problème n’est pas qu’ils n’avaient pas reçu mon interpellation en tant que formateur, mais ils ne s’étaient jamais posé la question !
Je dis que, par conséquent, une industrie du développement durable est à naître pour demain. Certains pays ont de l’avance mais que d’autres, au contraire, s’organisent pour prendre du retard, Une industrie du développement comme le nôtre en ce moment. Il n’est pas normal durable est à naître pour demain, que nous ayons raté les 88 certains pays ont de l’avance” 000 emplois industriels des
Je dis que, par conséquent, une industrie du développement durable est à naître pour demain. Certains pays ont de l’avance mais que d’autres, au contraire, s’organisent pour prendre du retard, Une industrie du développement comme le nôtre en ce moment. Il n’est pas normal durable est à naître pour demain, que nous ayons raté les 88 certains pays ont de l’avance” 000 emplois industriels des
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énergies renouvelables depuis dix ans. Nous faisons 2 % de l’Union européenne à quinze. C’est scandaleux par rapport à ce qu’est la France.
énergies renouvelables depuis dix ans. Nous faisons 2 % de l’Union européenne à quinze. C’est scandaleux par rapport à ce qu’est la France.
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
Donc, à un moment donné, chacun doit prendre sa part. C’est le citoyen dans ses initiatives, dans son organisation territoriale, relationnelle, familiale qui va faire la différence. Tous ceux qui sont patrons ou cadres dans des entreprises savent très bien que l’induction du consommateur fait loi et que, dès qu’un comportement commence à être signifiant, à 2 %, 3 % ou 4 %, il est intégré comme une donnée définitive. Donc, si cela représente 15 % ou 20 %, c’est le début du changement.
Donc, à un moment donné, chacun doit prendre sa part. C’est le citoyen dans ses initiatives, dans son organisation territoriale, relationnelle, familiale qui va faire la différence. Tous ceux qui sont patrons ou cadres dans des entreprises savent très bien que l’induction du consommateur fait loi et que, dès qu’un comportement commence à être signifiant, à 2 %, 3 % ou 4 %, il est intégré comme une donnée définitive. Donc, si cela représente 15 % ou 20 %, c’est le début du changement.
Le vrai problème —pour moi et je vais commencer à écrire à ce sujet—, est que notre fonctionnement institutionnel est dans un mécanisme de “stop and go”, dans lequel tout le monde est empêché à tous les niveaux. Tout le monde se décharge sur quelqu’un d’autre. Pour la collectivité, c’est la faute du gouvernement qui ne fait pas. Pour le gouvernement, c’est celle de l’Europe. Pour l’Europe, celle du monde. À la fin, pour le monde, c’est celle de Mars… ! La vraie question est de revenir à une responsabilisation complète.
Le vrai problème —pour moi et je vais commencer à écrire à ce sujet—, est que notre fonctionnement institutionnel est dans un mécanisme de “stop and go”, dans lequel tout le monde est empêché à tous les niveaux. Tout le monde se décharge sur quelqu’un d’autre. Pour la collectivité, c’est la faute du gouvernement qui ne fait pas. Pour le gouvernement, c’est celle de l’Europe. Pour l’Europe, celle du monde. À la fin, pour le monde, c’est celle de Mars… ! La vraie question est de revenir à une responsabilisation complète.
Je veux faire du logement HQE dans toute ma ville, et j’ai la possibilité juridique de le faire. Je veux faire des transports propres ; on ne m’entrave pas avec un RFF, une voie navigable, les gens de l’équipement ou je ne sais qui d’autre… Cela signifie qu’il faut revenir à une vraie légitimité des mandats et que la crise du politique aujourd’hui n’est pas seulement dans le rapport aux citoyens. En fait, bien souvent, la vraie gouvernance du pouvoir des technostructures n’est pas dans les mains des élus. Tous ceux qui ont vécu certaines expériences le savent. Il faut donc déjouer cela.
Je veux faire du logement HQE dans toute ma ville, et j’ai la possibilité juridique de le faire. Je veux faire des transports propres ; on ne m’entrave pas avec un RFF, une voie navigable, les gens de l’équipement ou je ne sais qui d’autre… Cela signifie qu’il faut revenir à une vraie légitimité des mandats et que la crise du politique aujourd’hui n’est pas seulement dans le rapport aux citoyens. En fait, bien souvent, la vraie gouvernance du pouvoir des technostructures n’est pas dans les mains des élus. Tous ceux qui ont vécu certaines expériences le savent. Il faut donc déjouer cela.
Il faut être très simple. Il existe une assemblée locale ; elle a une vraie compétence, elle est responsable. Les gens ne sont pas contents : ils changent l’équipe. Aujourd’hui, vous prenez une initiative et vous avez toujours quelqu’un, quelque part, dont la légitimité est autoproclamée par la fonction, qui a de bonnes raisons ou de bons appuis pour vous dire que vous ne pouvez pas faire. Nous avons besoin de dépoussiérer toute la rampe de nos institutions. Nous avons de beaux héritages, mais également de sacrés inconvénients dans cet héritage.
Il faut être très simple. Il existe une assemblée locale ; elle a une vraie compétence, elle est responsable. Les gens ne sont pas contents : ils changent l’équipe. Aujourd’hui, vous prenez une initiative et vous avez toujours quelqu’un, quelque part, dont la légitimité est autoproclamée par la fonction, qui a de bonnes raisons ou de bons appuis pour vous dire que vous ne pouvez pas faire. Nous avons besoin de dépoussiérer toute la rampe de nos institutions. Nous avons de beaux héritages, mais également de sacrés inconvénients dans cet héritage.
(Applaudissements.) G I L L E S
Je vais demander à Catherine Trautmann un exercice particulièrement difficile. Il consiste à essayer de faire une synthèse et de mettre tout cela en perspective. C’est un beau projet.
B E R H A U L T :
Pour revenir sur ce qui a été dit sur les jeunes et les vieux, pour nous tous, le seul moment où nous avons eu les jeunes d’un côté et les autres de l’autre, c’est celuici. Mais, en ce qui me concerne, au cours de toute la manifestation, je n’ai pas senti de différence, je n’ai vu que des participants contributeurs et je pense que cela s’est bien passé. Je vous en remercie tous car nous avions envie de cela et cela a été bien réussi parce que 110 personnes l’ont fait.
Nous avons besoin de dépoussiérer toute la rampe de nos institutions”
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C A T H E R I N E
T R A U T M A N N
: Merci.
Je vais, non pas conclure, mais simplement reprendre quelques réflexions que j’ai glanées au fur et à mesure d’ateliers ou d’échanges que nous avons eus ensemble. Je
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(Applaudissements.) G I L L E S
Je vais demander à Catherine Trautmann un exercice particulièrement difficile. Il consiste à essayer de faire une synthèse et de mettre tout cela en perspective. C’est un beau projet.
B E R H A U L T :
Pour revenir sur ce qui a été dit sur les jeunes et les vieux, pour nous tous, le seul moment où nous avons eu les jeunes d’un côté et les autres de l’autre, c’est celuici. Mais, en ce qui me concerne, au cours de toute la manifestation, je n’ai pas senti de différence, je n’ai vu que des participants contributeurs et je pense que cela s’est bien passé. Je vous en remercie tous car nous avions envie de cela et cela a été bien réussi parce que 110 personnes l’ont fait.
Nous avons besoin de dépoussiérer toute la rampe de nos institutions”
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: Merci.
Je vais, non pas conclure, mais simplement reprendre quelques réflexions que j’ai glanées au fur et à mesure d’ateliers ou d’échanges que nous avons eus ensemble. Je
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vais partir de trois interrogations, en pensant également à notre focus d’hier soir. Au fond, puisque nous sommes dans une forme de continuité, de réflexion, car cette Université dure peu de temps, il est également intéressant de poursuivre dans les contacts, par Internet ou autrement, des réflexions ou une forme d’influence qui peut exister à partir de ce qui se dit ici.
vais partir de trois interrogations, en pensant également à notre focus d’hier soir. Au fond, puisque nous sommes dans une forme de continuité, de réflexion, car cette Université dure peu de temps, il est également intéressant de poursuivre dans les contacts, par Internet ou autrement, des réflexions ou une forme d’influence qui peut exister à partir de ce qui se dit ici.
Nous sommes en effet bien dans une Université qui cherche à faire circuler la parole et à mettre en commun, en quelque sorte à mutualiser, les réflexions.
Nous sommes en effet bien dans une Université qui cherche à faire circuler la parole et à mettre en commun, en quelque sorte à mutualiser, les réflexions.
Une des premières questions est politique, mais pas seulement ou alors elle l’est au sens vraiment partagé du terme, dans la mesure où elle concerne l’avenir de la cité : le développement durable est-il un objectif ou une condition ?
Une des premières questions est politique, mais pas seulement ou alors elle l’est au sens vraiment partagé du terme, dans la mesure où elle concerne l’avenir de la cité : le développement durable est-il un objectif ou une condition ?
Si c’est un objectif, il est possible de toujours repousser les problèmes à demain et réagir en cas d’urgence.
Si c’est un objectif, il est possible de toujours repousser les problèmes à demain et réagir en cas d’urgence.
Si c’est une condition, si la condition de la cohérence d’un projet, d’un financement, d’une nouvelle forme d’équité sociale est le développement durable, alors une véritable obligation est faite, dite et exprimée.
Si c’est une condition, si la condition de la cohérence d’un projet, d’un financement, d’une nouvelle forme d’équité sociale est le développement durable, alors une véritable obligation est faite, dite et exprimée.
En France, nous avons une hésitation ; elle se voit constamment, quels que soient les gouvernements, et je dirai presque quelles que soient les politiques engagées. Là, les choses ne sont pas claires et il ne suffira pas de “militer pour” pour ne pas être victime du “développement durable alibi” ou du développement durable tantôt fondamental, tantôt décoratif, ce qui le dessert profondément.
En France, nous avons une hésitation ; elle se voit constamment, quels que soient les gouvernements, et je dirai presque quelles que soient les politiques engagées. Là, les choses ne sont pas claires et il ne suffira pas de “militer pour” pour ne pas être victime du “développement durable alibi” ou du développement durable tantôt fondamental, tantôt décoratif, ce qui le dessert profondément.
La question posée entre nous n’est pas le problème, pour moi, de la différence de générations, mais celle de la façon dont est renouvelée la conception de l’action politique, dont elle est remise en cause. Il s’agit de savoir de quelle façon le développement durable est aujourd’hui la capacité d’exercice critique de ce que nous avons entrepris, des décisions prises et de ce que nous faisons, donc comment nous le mettons en débat et comment nous le partageons.
La question posée entre nous n’est pas le problème, pour moi, de la différence de générations, mais celle de la façon dont est renouvelée la conception de l’action politique, dont elle est remise en cause. Il s’agit de savoir de quelle façon le développement durable est aujourd’hui la capacité d’exercice critique de ce que nous avons entrepris, des décisions prises et de ce que nous faisons, donc comment nous le mettons en débat et comment nous le partageons.
Je retire donc une première conclusion, celle de la nécessité de préserver absolument la complexité de l’approche du développement durable. Il n’existe pas d’action politique simple, ce qui remet en cause notre organisation de l’État par thématique (politique d’environnement, des transports, etc.). Qu’est-ce qui met en synergie, qui
Je retire donc une première conclusion, celle de la nécessité de préserver absolument la complexité de l’approche du développement durable. Il n’existe pas d’action politique simple, ce qui remet en cause notre organisation de l’État par thématique (politique d’environnement, des transports, etc.). Qu’est-ce qui met en synergie, qui
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permet d’évaluer le résultat des politiques publiques, sinon la vision de cette complexité et de la cohérence qu’elle emporte ou à laquelle elle contrevient ?
permet d’évaluer le résultat des politiques publiques, sinon la vision de cette complexité et de la cohérence qu’elle emporte ou à laquelle elle contrevient ?
Deuxième interrogation. Vous avez dit “durable”. La question du temps a beaucoup été posée. Elle a été rappelée tout à l’heure par les intervenants. Nous sommes d’ailleurs sur des positions différentes, si j’ai bien compris.
Deuxième interrogation. Vous avez dit “durable”. La question du temps a beaucoup été posée. Elle a été rappelée tout à l’heure par les intervenants. Nous sommes d’ailleurs sur des positions différentes, si j’ai bien compris.
D’un côté, nous avons ceux qui disent : “Profitons du catastrophisme, allons-y ; utilisons cette crainte qui peut surgir parce que nous sommes au pied du mur.” ; l’urgence et la catastrophe peuvent avoir une vertu pédagogique de la prise de conscience. Mais nous vivons déjà sous cette espèce de despotisme de l’urgence. C’est au nom de l’urgence qu’on ne résout pas aujourd’hui les problèmes de pauvreté. On peut toujours répondre par du logement d’urgence —nous l’avons vu et nous voyons ce que cela donne— à ceux qui n’ont pas de logement. Si on ne construit pas du logement social, on ne peut pas s’en sortir. On peut toujours répondre sur les questions de santé, sur les questions de transport… Je pourrais prendre de multiples exemples.
D’un côté, nous avons ceux qui disent : “Profitons du catastrophisme, allons-y ; utilisons cette crainte qui peut surgir parce que nous sommes au pied du mur.” ; l’urgence et la catastrophe peuvent avoir une vertu pédagogique de la prise de conscience. Mais nous vivons déjà sous cette espèce de despotisme de l’urgence. C’est au nom de l’urgence qu’on ne résout pas aujourd’hui les problèmes de pauvreté. On peut toujours répondre par du logement d’urgence —nous l’avons vu et nous voyons ce que cela donne— à ceux qui n’ont pas de logement. Si on ne construit pas du logement social, on ne peut pas s’en sortir. On peut toujours répondre sur les questions de santé, sur les questions de transport… Je pourrais prendre de multiples exemples.
Je crois, comme le disait d’ailleurs un auteur récemment, que la dictature de l’urgence est la négation du temps, c’est-à-dire la négation de l’appréciation, dans la projection et dans l’histoire, de notre responsabilité individuelle et collective. Nous devons prendre en compte la rupture et elle doit être introduite dans certaines pratiques et dans des décisions, certes, mais également la nécessité d’introduire la temporalité qu’exige, en quelque sorte, le développement durable.
Je crois, comme le disait d’ailleurs un auteur récemment, que la dictature de l’urgence est la négation du temps, c’est-à-dire la négation de l’appréciation, dans la projection et dans l’histoire, de notre responsabilité individuelle et collective. Nous devons prendre en compte la rupture et elle doit être introduite dans certaines pratiques et dans des décisions, certes, mais également la nécessité d’introduire la temporalité qu’exige, en quelque sorte, le développement durable.
Si nous voulons sortir de la conception classique de la croissance, alors il faut opposer une conception autre, alternative, du développement. Pour moi, le terme de développement reste entier car il n’est pas soumis, a priori et nécessairement, à cette dictature de l’urgence ou économiste qui est celle qui nous lie aujourd’hui, malheureusement.
Si nous voulons sortir de la conception classique de la croissance, alors il faut opposer une conception autre, alternative, du développement. Pour moi, le terme de développement reste entier car il n’est pas soumis, a priori et nécessairement, à cette dictature de l’urgence ou économiste qui est celle qui nous lie aujourd’hui, malheureusement.
Troisième interrogation et troisième réflexion : information ou communication ? Cette question a été lancée, abordée. D’ailleurs Gilles, à un moment donné, l’a évoquée. De quel côté se trouve la conscience ? De quel côté est la réciprocité ?
Le débat sur les médias a montré —Geneviève Guicheney le disait voici un instant— que la télévision était un miroir. La radio permet davantage de dialogue. La presse écrite permet, on l’espère, parfois davantage de réflexion, voire d’informations. En même temps, nous entrons dans une société de l’information. Au fond, ce que nous visons, est-ce d’en être simplement consommateur ou de l’échanger? Est-ce, à partir de là, fonctionner en réseau, être en mesure de constituer petit à petit une force de presLa dictature de l’urgence est sion? Si nous voulons arriver à des résultats, il ne faut pas nous leurrer, il faut être plus nombreux que nous le somla négation du temps, mes ici. Il existe donc bien des formes d’influence à trouc’est-à-dire de notre responsabilité ver, de prolongement dans le rapport de forces en politique; individuelle et collective la négation” c’est indispensable si nous voulons des résultats.
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Devons-nous raisonner en compromis ce qui est parfois négatif ou en conciliation ? Pour moi, le développement durable est une obligation de concilier des contraires, parfois des points de vue, et des intérêts divergents, parfois de ne pas les concilier du tout d’ailleurs ! (Rires) S’agissant de l’Europe, je constate que l’Union européenne nous a permis d’avancer plus vite, plus loin, d’édicter des réglementations, parce que nous étions au-dessus ou hors, a priori, de l’intérêt strictement national et que nous étions en principe un peu distancés des lobbies industriels ; cela a tendance à changer.
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Troisième interrogation et troisième réflexion : information ou communication ? Cette question a été lancée, abordée. D’ailleurs Gilles, à un moment donné, l’a évoquée. De quel côté se trouve la conscience ? De quel côté est la réciprocité ?
Le débat sur les médias a montré —Geneviève Guicheney le disait voici un instant— que la télévision était un miroir. La radio permet davantage de dialogue. La presse écrite permet, on l’espère, parfois davantage de réflexion, voire d’informations. En même temps, nous entrons dans une société de l’information. Au fond, ce que nous visons, est-ce d’en être simplement consommateur ou de l’échanger? Est-ce, à partir de là, fonctionner en réseau, être en mesure de constituer petit à petit une force de presLa dictature de l’urgence est sion? Si nous voulons arriver à des résultats, il ne faut pas nous leurrer, il faut être plus nombreux que nous le somla négation du temps, mes ici. Il existe donc bien des formes d’influence à trouc’est-à-dire de notre responsabilité ver, de prolongement dans le rapport de forces en politique; individuelle et collective la négation” c’est indispensable si nous voulons des résultats.
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Devons-nous raisonner en compromis ce qui est parfois négatif ou en conciliation ? Pour moi, le développement durable est une obligation de concilier des contraires, parfois des points de vue, et des intérêts divergents, parfois de ne pas les concilier du tout d’ailleurs ! (Rires) S’agissant de l’Europe, je constate que l’Union européenne nous a permis d’avancer plus vite, plus loin, d’édicter des réglementations, parce que nous étions au-dessus ou hors, a priori, de l’intérêt strictement national et que nous étions en principe un peu distancés des lobbies industriels ; cela a tendance à changer.
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Donc, le compromis tel qu’il est pratiqué est une méthode politique qui permet de rechercher le chemin commun qui détermine ensuite une règle, une loi, une réglementation à laquelle des pays, des cultures, des peuples différents et des intérêts divergents peuvent être soumis ou à laquelle ils peuvent se référer, y compris dans des contentieux. Il permet donc d’ouvrir de nouvelles étapes de droit car il existe bien des droits nouveaux liés à l’exercice de la mise en œuvre du développement durable.
Donc, le compromis tel qu’il est pratiqué est une méthode politique qui permet de rechercher le chemin commun qui détermine ensuite une règle, une loi, une réglementation à laquelle des pays, des cultures, des peuples différents et des intérêts divergents peuvent être soumis ou à laquelle ils peuvent se référer, y compris dans des contentieux. Il permet donc d’ouvrir de nouvelles étapes de droit car il existe bien des droits nouveaux liés à l’exercice de la mise en œuvre du développement durable.
Trois termes sont donc bien en jeu : l’éthique, la règle et la loi.
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L’éthique est peut-être ce qui relève de ce que chacun d’entre nous portons et que nous tentons de mettre en œuvre dans la cohérence entre nos convictions, notre manière d’agir, de penser, et la façon dont nous agissons, dont nous nous engageons.
L’éthique est peut-être ce qui relève de ce que chacun d’entre nous portons et que nous tentons de mettre en œuvre dans la cohérence entre nos convictions, notre manière d’agir, de penser, et la façon dont nous agissons, dont nous nous engageons.
La règle est ce qui peut être à un moment donné porté par le milieu associatif, par un parti politique, en se donnant son programme de réflexion, ses propres astreintes dans sa pratique démocratique, sa remise en question dans ses propres références et dans sa propre culture, tout cela devant aboutir à la loi.
La règle est ce qui peut être à un moment donné porté par le milieu associatif, par un parti politique, en se donnant son programme de réflexion, ses propres astreintes dans sa pratique démocratique, sa remise en question dans ses propres références et dans sa propre culture, tout cela devant aboutir à la loi.
Je ne crois pas à la possibilité de mettre en œuvre de vraies politiques de développement durable sans avoir des indicateurs stricts, connus et les plus populaires au sens des plus médiatisés et des mieux compris et également sans sanctions. Il n’y a pas moyen de passer pour autre chose que des naïfs ou des gentils s’il n’existe pas de règles ou de lois.
Je ne crois pas à la possibilité de mettre en œuvre de vraies politiques de développement durable sans avoir des indicateurs stricts, connus et les plus populaires au sens des plus médiatisés et des mieux compris et également sans sanctions. Il n’y a pas moyen de passer pour autre chose que des naïfs ou des gentils s’il n’existe pas de règles ou de lois.
Donc la règle, l’éthique, le citoyen peut la sanctionner en allant voter autrement, dans la vie associative, dans les mouvements d’opinion, dans la manière dont il accepte ou rejette un certain nombre de comportements, de propositions ou de politiques. Mais il existe en même temps une nécessité de pouvoir se référer à ce qui est commun. La cohérence des politiques, des actions et du coût est, pour moi, absolument et indispensablement liée. Nous le savons, la réponse que nous avons souvent est que c’est trop cher. Ce n’est pas trop cher. Si ce n’est pas un objectif, mais une obligation, une condition, toute marge de manœuvre est à dégager et tout nouveau crédit ou toute recherche de moyens est à trouver pour agir en fonction du projet, de l’action liée à un résultat concret en termes de développement durable.
Donc la règle, l’éthique, le citoyen peut la sanctionner en allant voter autrement, dans la vie associative, dans les mouvements d’opinion, dans la manière dont il accepte ou rejette un certain nombre de comportements, de propositions ou de politiques. Mais il existe en même temps une nécessité de pouvoir se référer à ce qui est commun. La cohérence des politiques, des actions et du coût est, pour moi, absolument et indispensablement liée. Nous le savons, la réponse que nous avons souvent est que c’est trop cher. Ce n’est pas trop cher. Si ce n’est pas un objectif, mais une obligation, une condition, toute marge de manœuvre est à dégager et tout nouveau crédit ou toute recherche de moyens est à trouver pour agir en fonction du projet, de l’action liée à un résultat concret en termes de développement durable.
Enfin, la question qui est alors posée est celle des valeurs —il en a été question dans un atelier— et de la valeur. J’aime beaucoup le débat sur les valeurs. Cela fait des années que nous l’avons et il a encore eu lieu à propos de la laïcité. Pour moi, la laïcité existe ou elle n’existe pas si on en fait autre chose qu’une question d’identité ; voir le débat récent en France sur le voile, une Je ne crois pas à la possibilité question de femmes, excusez-moi. Cela a peutde mettre en œuvre de vraies politiques être un sens. Pour moi, la laïcité est ce que disait tout à l’heure l’un d’entre vous ; c’est une certaine de développement durable sans avoir forme de tolérance à l’autre, c’est-à-dire ce qui a des indicateurs stricts, connus ouvert à chacun le même droit quelles que soient nos opinions, notre confession, notre origine, notre et les plus populaires” nationalité et quel que soit notre niveau social.
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Trois termes sont donc bien en jeu : l’éthique, la règle et la loi.
Cela se contredit en permanence vis-à-vis des jeunes. J’avais embauché des jeunes dans un ministère ; on les a pris pour des stagiaires ! C’était des cadres. J’ai mis des critères et des quotas dans une collectivité pour embaucher des jeunes, j’ai eu toute l’administration contre moi. Soit. Anne-Marie en parlait tout à l’heure, je le sais
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Enfin, la question qui est alors posée est celle des valeurs —il en a été question dans un atelier— et de la valeur. J’aime beaucoup le débat sur les valeurs. Cela fait des années que nous l’avons et il a encore eu lieu à propos de la laïcité. Pour moi, la laïcité existe ou elle n’existe pas si on en fait autre chose qu’une question d’identité ; voir le débat récent en France sur le voile, une Je ne crois pas à la possibilité question de femmes, excusez-moi. Cela a peutde mettre en œuvre de vraies politiques être un sens. Pour moi, la laïcité est ce que disait tout à l’heure l’un d’entre vous ; c’est une certaine de développement durable sans avoir forme de tolérance à l’autre, c’est-à-dire ce qui a des indicateurs stricts, connus ouvert à chacun le même droit quelles que soient nos opinions, notre confession, notre origine, notre et les plus populaires” nationalité et quel que soit notre niveau social.
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Cela se contredit en permanence vis-à-vis des jeunes. J’avais embauché des jeunes dans un ministère ; on les a pris pour des stagiaires ! C’était des cadres. J’ai mis des critères et des quotas dans une collectivité pour embaucher des jeunes, j’ai eu toute l’administration contre moi. Soit. Anne-Marie en parlait tout à l’heure, je le sais
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et je sais également une chose : ce qui n’est pas accepté dans ce cas, c’est la remise en cause, l’arrivée d’autres propositions, d’une autre sensibilité qui enrichit. C’est toujours refusé au début et c’est toujours reconnu après. Le problème est de faire le pas.
et je sais également une chose : ce qui n’est pas accepté dans ce cas, c’est la remise en cause, l’arrivée d’autres propositions, d’une autre sensibilité qui enrichit. C’est toujours refusé au début et c’est toujours reconnu après. Le problème est de faire le pas.
Le débat sur le conflit intergénérationnel est, à mon avis, un débat scandaleux car il est simplement la mise en mots de la peur de répondre à une question : pourquoi ? Est-on jeune jusqu’à 30 ans, quand nous l’avons été jusqu’à 18 ans ? Et encore, à 18 ans, on disait parfois “tchao” aux parents. Cela m’est arrivé… À un moment donné, il faut arrêter. Les rendons-nous indépendants ou leur assurons-nous la possibilité d’être autonomes, engagés et responsables ? C’est la question qui nous est posée. Autrement dit : les “bobos” vont-ils, oui ou non, accepter d’être vieux et non plus systématiquement les “plus” jeunes ? Je le dis franchement parce que je suis, moi aussi, dans ce cas.
Le débat sur le conflit intergénérationnel est, à mon avis, un débat scandaleux car il est simplement la mise en mots de la peur de répondre à une question : pourquoi ? Est-on jeune jusqu’à 30 ans, quand nous l’avons été jusqu’à 18 ans ? Et encore, à 18 ans, on disait parfois “tchao” aux parents. Cela m’est arrivé… À un moment donné, il faut arrêter. Les rendons-nous indépendants ou leur assurons-nous la possibilité d’être autonomes, engagés et responsables ? C’est la question qui nous est posée. Autrement dit : les “bobos” vont-ils, oui ou non, accepter d’être vieux et non plus systématiquement les “plus” jeunes ? Je le dis franchement parce que je suis, moi aussi, dans ce cas.
Faut-il reprendre la question des valeurs et de la valeur ? Oui. Le développement durable le fait et il faut l’accepter. Mais la valeur du travail, qui est la valeur humaine, la valeur sociale doit pouvoir être pleinement prise en compte dans cette interrogation politique. C’est donc également une question de changement de culture politique et, évidemment, de référence économique.
Faut-il reprendre la question des valeurs et de la valeur ? Oui. Le développement durable le fait et il faut l’accepter. Mais la valeur du travail, qui est la valeur humaine, la valeur sociale doit pouvoir être pleinement prise en compte dans cette interrogation politique. C’est donc également une question de changement de culture politique et, évidemment, de référence économique.
Permettez-moi de revenir à deux sens qui m’interrogent en permanence et entre lesquels circule du mot “culture”.
Permettez-moi de revenir à deux sens qui m’interrogent en permanence et entre lesquels circule du mot “culture”.
Celui de Durkheim définit la culture comme un ensemble de traditions, de références, d’héritages et de comportements, avec, en même temps, l’éducation qui est la transmission.
Celui de Durkheim définit la culture comme un ensemble de traditions, de références, d’héritages et de comportements, avec, en même temps, l’éducation qui est la transmission.
Celui de Lukash, l’écrivain ; il dit que la culture est l’humanité de l’humain, c’està-dire la façon dont chaque être est capable de respecter en lui ce qu’il a en propre et en commun avec toute l’humanité. C’est la question sur le plan culturel du développement durable, parti d’une certaine vision de la nature ou de l’environnement, mais qui ré-interroge profondément la question de l’être.
Celui de Lukash, l’écrivain ; il dit que la culture est l’humanité de l’humain, c’està-dire la façon dont chaque être est capable de respecter en lui ce qu’il a en propre et en commun avec toute l’humanité. C’est la question sur le plan culturel du développement durable, parti d’une certaine vision de la nature ou de l’environnement, mais qui ré-interroge profondément la question de l’être.
Nous sommes dans une société qui définit l’être par ce qu’il consomme et qui donc entretient la frustration ; qui dit consommation et croissance fondée sur la consommation, dit entretien de la frustration. Franchement, nous sommes une société de frustrés. Pouvons-nous trouver à partager des choix, à les assumer ensemble collectivement? Pouvons-nous choisir une forme non violente, moins agressive de société (cf. le 4x4, mais également les positions sur la guerre en Irak, Nous sommes dans une société qui la solidarité avec le Sud), définit l’être par ce qu’il consomme trouver une forme d’exeret qui donc entretient la frustration” cice de générosité économe et également un objectif social et non pas uniquement penser que c’est dans les prestations et la protection que nous aurons strictement respecté la dignité humaine? Peut-être faut-il nous demander si nous devons changer d’être pour changer la vie ?
Nous sommes dans une société qui définit l’être par ce qu’il consomme et qui donc entretient la frustration ; qui dit consommation et croissance fondée sur la consommation, dit entretien de la frustration. Franchement, nous sommes une société de frustrés. Pouvons-nous trouver à partager des choix, à les assumer ensemble collectivement? Pouvons-nous choisir une forme non violente, moins agressive de société (cf. le 4x4, mais également les positions sur la guerre en Irak, Nous sommes dans une société qui la solidarité avec le Sud), définit l’être par ce qu’il consomme trouver une forme d’exeret qui donc entretient la frustration” cice de générosité économe et également un objectif social et non pas uniquement penser que c’est dans les prestations et la protection que nous aurons strictement respecté la dignité humaine? Peut-être faut-il nous demander si nous devons changer d’être pour changer la vie ?
(Applaudissements.)
(Applaudissements.)
B E R H A U L T
cile.
“
: Je ne vais pas vous demander de conclure, ce serait un peu diffi(Rires)
G I L L E S
B E R H A U L T
cile.
Nous avons presque fini. Avez-vous simplement envie de dire encore quelques mots?
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: Je ne vais pas vous demander de conclure, ce serait un peu diffi(Rires)
Nous avons presque fini. Avez-vous simplement envie de dire encore quelques mots?
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U N
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: Nous avons parlé de cultures, de générations, de pays, et il est très important de regarder ce qui est fait à l’extérieur. L’Europe a également une réalité pour ceux d’entre nous qui ont été à l’étranger. Continuons ; il est vraiment très important de rester ouverts, mais de le rester également sur nous-mêmes, en continuant à nous remettre perpétuellement en cause.
I N T E R V E N A N T
U N
C’est très facile de dire cela à mon âge, mais vous tous ici qui avez cette ouverture d’esprit, vous vous remettez en cause. Il est important de le faire, donc d’être ouvert à l’autre, qu’il s’agisse de cultures, de pays ou de soi-même et de ses propres références. Il faut apprendre à reconnaître ses échecs, savoir que nous ne laissons pas un monde sûr à nos enfants avec le nucléaire, avec les trois quarts des rivières et des fleuves pollués. Nous avons fait des erreurs, c’est tout, mais corrigeons-les ensemble. F L O R I S
“
L I D T H D E J E U D E : Je reprendrai les termes de Dominique MartinFerrari. Elle disait hier qu’il fallait parler également un peu de philosophie. En effet, le développement durable n’est pas uniquement l’eau, l’air, les déchets et toutes ces choses matérielles, mais aussi un projet philosophique, collectif, de société. Je suis content car, durant ces deux jours, cette idée que nous ne parlions pas uniquement de choses purement matérielles et concrètes, mais également d’un projet collectif, est venue sur la table des ateliers.
: Nous parlions du conflit de générations, etc. Nous avons effectivement tout à créer ensemble, mais nous avons également énormément à profiter de votre expérience. Cela fait 10, 20, 30 ans que vous êtes dans ce domaine, et vous en avez vu les prémices ; vous avez donc énormément à nous apporter. Cette Université d’été m’a donné envie de travailler dans le concret, à agir au jour le jour, mais également de continuer à m’informer et écouter Nous avons effectivement tout à créer vos arguments, votre expérience, tout ce que vous avez compris pour que nous essayions ensemble, mais nous avons également énormément à profiter de votre expérience” de faire fructifier ces idées et de construire autre chose. M A R I E
J O U R D A I N
Je vous livre une phrase que j’ai trouvée assez belle: “Allons-nous continuer à nous partager le monde ou allons-nous aller vers un monde du partage? Nous avons été dans un monde de partage et j’espère vivement, comme Floris, que cela continuera au delà de l’Université d’été, au quotidien, lorsque nous viendrons vous rencontrer, et que nous aurons des choses à partager encore ensemble. (Applaudissements.) G I L L E S
C’est très facile de dire cela à mon âge, mais vous tous ici qui avez cette ouverture d’esprit, vous vous remettez en cause. Il est important de le faire, donc d’être ouvert à l’autre, qu’il s’agisse de cultures, de pays ou de soi-même et de ses propres références. Il faut apprendre à reconnaître ses échecs, savoir que nous ne laissons pas un monde sûr à nos enfants avec le nucléaire, avec les trois quarts des rivières et des fleuves pollués. Nous avons fait des erreurs, c’est tout, mais corrigeons-les ensemble.
V A N
Concernant l’Université d’été, je suis très heureux qu’elle nous ait été ouverte pendant ces deux jours et j’espère qu’elle le restera ultérieurement pour permettre ce renouvellement des idées, des contacts et des échanges ; je vous en remercie.
Merci beaucoup. Bravo, tout particulièrement à ceux du Conseil régional des jeunes. Prendre la parole dans un lieu comme celui-ci n’est pas toujours facile lorsqu’on est élève depuis quatre ans de Victor Hugo-Espinosa ; à 18 ans, c’est assez impressionnant ! Il faut se faire un peu violence et je trouve cela très bien.
B E R H A U L T :
: Nous avons parlé de cultures, de générations, de pays, et il est très important de regarder ce qui est fait à l’extérieur. L’Europe a également une réalité pour ceux d’entre nous qui ont été à l’étranger. Continuons ; il est vraiment très important de rester ouverts, mais de le rester également sur nous-mêmes, en continuant à nous remettre perpétuellement en cause.
I N T E R V E N A N T
F L O R I S
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L I D T H D E J E U D E : Je reprendrai les termes de Dominique MartinFerrari. Elle disait hier qu’il fallait parler également un peu de philosophie. En effet, le développement durable n’est pas uniquement l’eau, l’air, les déchets et toutes ces choses matérielles, mais aussi un projet philosophique, collectif, de société. Je suis content car, durant ces deux jours, cette idée que nous ne parlions pas uniquement de choses purement matérielles et concrètes, mais également d’un projet collectif, est venue sur la table des ateliers.
V A N
Concernant l’Université d’été, je suis très heureux qu’elle nous ait été ouverte pendant ces deux jours et j’espère qu’elle le restera ultérieurement pour permettre ce renouvellement des idées, des contacts et des échanges ; je vous en remercie.
: Nous parlions du conflit de générations, etc. Nous avons effectivement tout à créer ensemble, mais nous avons également énormément à profiter de votre expérience. Cela fait 10, 20, 30 ans que vous êtes dans ce domaine, et vous en avez vu les prémices ; vous avez donc énormément à nous apporter. Cette Université d’été m’a donné envie de travailler dans le concret, à agir au jour le jour, mais également de continuer à m’informer et écouter Nous avons effectivement tout à créer vos arguments, votre expérience, tout ce que vous avez compris pour que nous essayions ensemble, mais nous avons également énormément à profiter de votre expérience” de faire fructifier ces idées et de construire autre chose. M A R I E
J O U R D A I N
Je vous livre une phrase que j’ai trouvée assez belle: “Allons-nous continuer à nous partager le monde ou allons-nous aller vers un monde du partage? Nous avons été dans un monde de partage et j’espère vivement, comme Floris, que cela continuera au delà de l’Université d’été, au quotidien, lorsque nous viendrons vous rencontrer, et que nous aurons des choses à partager encore ensemble. (Applaudissements.) G I L L E S
Merci beaucoup. Bravo, tout particulièrement à ceux du Conseil régional des jeunes. Prendre la parole dans un lieu comme celui-ci n’est pas toujours facile lorsqu’on est élève depuis quatre ans de Victor Hugo-Espinosa ; à 18 ans, c’est assez impressionnant ! Il faut se faire un peu violence et je trouve cela très bien.
B E R H A U L T :
Merci beaucoup, Victor-Hugo, pour le travail que tu fais.
Merci beaucoup, Victor-Hugo, pour le travail que tu fais.
Anne-Marie, cette fois, nous allons conclure. Veux-tu dire quelques mots pour rebondir sur ce que tu as entendu à la fin ? Nous allons également vous dire quelques mots sur le manifeste. Nous allons peut-être reporter un peu le rendez-vous, mais je crois que c’est un point de départ. Je te passe la parole.
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ACIDD et Comité 21
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
Anne-Marie, cette fois, nous allons conclure. Veux-tu dire quelques mots pour rebondir sur ce que tu as entendu à la fin ? Nous allons également vous dire quelques mots sur le manifeste. Nous allons peut-être reporter un peu le rendez-vous, mais je crois que c’est un point de départ. Je te passe la parole.
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Cession de clôture
S A C Q U E T : Je voulais tous vous remercier pour votre grande capacité d’écoute depuis hier et pour cette force de proposition. D’ailleurs, avec les échanges que nous avons pu avoir avec les uns et les autres, notre groupe de pilotage va sacrément se renforcer et je suis ravie que cette troisième Université d’été se termine avec une véritable mobilisation de beaucoup d’entre vous.
S A C Q U E T : Je voulais tous vous remercier pour votre grande capacité d’écoute depuis hier et pour cette force de proposition. D’ailleurs, avec les échanges que nous avons pu avoir avec les uns et les autres, notre groupe de pilotage va sacrément se renforcer et je suis ravie que cette troisième Université d’été se termine avec une véritable mobilisation de beaucoup d’entre vous.
A N N E - M A R I E
A N N E - M A R I E
Je souhaite juste faire passer deux messages.
Je souhaite juste faire passer deux messages.
En ouverture, nous nous étions engagés à ce que l’Université produise des engagements concrets. En ce qui concerne ce dialogue et les échanges entre les générations que nous avons souhaité introduire cette année, bien évidemment – Marie, je te le confirme, nous allons, comme nous en avons discuté depuis hier, continuer ce travail d’échanges. Comment allons-nous faire ?
En ouverture, nous nous étions engagés à ce que l’Université produise des engagements concrets. En ce qui concerne ce dialogue et les échanges entre les générations que nous avons souhaité introduire cette année, bien évidemment – Marie, je te le confirme, nous allons, comme nous en avons discuté depuis hier, continuer ce travail d’échanges. Comment allons-nous faire ?
Le Président vous a parlé tout à l’heure de notre premier axe d’intervention qu’est l’éducation au développement durable. Depuis un an, nous avons mis en place en France un réseau d’Agendas 21 scolaires, de l’école au campus. Par ces Agendas 21, il ne s’agit pas forcément de renouveler les contenus pédagogiques, parce que nous n’osons pas toucher à la “forteresse Éducation nationale”…
Le Président vous a parlé tout à l’heure de notre premier axe d’intervention qu’est l’éducation au développement durable. Depuis un an, nous avons mis en place en France un réseau d’Agendas 21 scolaires, de l’école au campus. Par ces Agendas 21, il ne s’agit pas forcément de renouveler les contenus pédagogiques, parce que nous n’osons pas toucher à la “forteresse Éducation nationale”…
[…]
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Nous voulons plutôt accompagner et inciter les jeunes à construire leurs propres plans d’action pour le développement durable et à avoir un territoire d’expression sur la consommation, la mobilité, la solidarité locale, la coopération internationale. Je suis profondément convaincue qu’il existe une sorte de “société française souterraine”, invisible parce que peu reconnue par les médias et, d’une manière générale, par les pouvoirs en place.
Nous voulons plutôt accompagner et inciter les jeunes à construire leurs propres plans d’action pour le développement durable et à avoir un territoire d’expression sur la consommation, la mobilité, la solidarité locale, la coopération internationale. Je suis profondément convaincue qu’il existe une sorte de “société française souterraine”, invisible parce que peu reconnue par les médias et, d’une manière générale, par les pouvoirs en place.
Nous essayerons, avec l’Université, le Comité 21 et le groupe de pilotage de l’Université, d’aider cette société souterraine à être un peu plus visible, notamment grâce à des mises en réseau. Je pense au réseau Écoforum (nous travaillons beaucoup avec Victor-Hugo et avec vous), mais il en existe d’autres sur le territoire français. Nous allons donc nous engager à organiser cette mise en réseaux avec, pourquoi pas, un “réseau de réseaux” d’initiatives citoyennes.
Nous essayerons, avec l’Université, le Comité 21 et le groupe de pilotage de l’Université, d’aider cette société souterraine à être un peu plus visible, notamment grâce à des mises en réseau. Je pense au réseau Écoforum (nous travaillons beaucoup avec Victor-Hugo et avec vous), mais il en existe d’autres sur le territoire français. Nous allons donc nous engager à organiser cette mise en réseaux avec, pourquoi pas, un “réseau de réseaux” d’initiatives citoyennes.
Par ailleurs, j’en ai parlé tout à l’heure avec le Président, nous proposerons au prochain Conseil d’administration de mieux représenter les jeunes générations au sein du Comité 21. Je sais que nous aurons l’appui de certains membres du Conseil d’administration, participants actifs à l’Université ; je pense notamment à Dominique, à l’ADEME, à Pascal Dubois qui représente Valenciennes et, bien sûr à ACIDD ! (Rires) Mais c’est tellement évident ! Je sais que nous trouverons un écho favorable. Il est important que nous renforcions cette capacité de dialogue inter-générations. J’en viens au deuxième aspect de cette Université qui est le projet de manifeste. Merci Robert de nous encourager à poursuivre ce projet, même s’il est pour l’instant très imparfait. Ce que nous avons souhaité en tout cas, c’est essayer de sortir de cette troisième Université avec quelques traces, et notamment de formaliser un certain nombre de valeurs que nous partageons.
il existe une sorte de “société française souterraine”, invisible parce que peu reconnue par les médias et, d’une manière générale, par les pouvoirs en place”
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Ce matin, dans l’atelier “Valeurs et ripostes”, notamment sur l’humanisme, on a osé parler de fraternité, d’amour ; on a même osé parler de plaisir. C’est vous dire !
ACIDD et Comité 21
(Applaudissements.) Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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Par ailleurs, j’en ai parlé tout à l’heure avec le Président, nous proposerons au prochain Conseil d’administration de mieux représenter les jeunes générations au sein du Comité 21. Je sais que nous aurons l’appui de certains membres du Conseil d’administration, participants actifs à l’Université ; je pense notamment à Dominique, à l’ADEME, à Pascal Dubois qui représente Valenciennes et, bien sûr à ACIDD ! (Rires) Mais c’est tellement évident ! Je sais que nous trouverons un écho favorable. Il est important que nous renforcions cette capacité de dialogue inter-générations. J’en viens au deuxième aspect de cette Université qui est le projet de manifeste. Merci Robert de nous encourager à poursuivre ce projet, même s’il est pour l’instant très imparfait. Ce que nous avons souhaité en tout cas, c’est essayer de sortir de cette troisième Université avec quelques traces, et notamment de formaliser un certain nombre de valeurs que nous partageons.
il existe une sorte de “société française souterraine”, invisible parce que peu reconnue par les médias et, d’une manière générale, par les pouvoirs en place”
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Ce matin, dans l’atelier “Valeurs et ripostes”, notamment sur l’humanisme, on a osé parler de fraternité, d’amour ; on a même osé parler de plaisir. C’est vous dire !
ACIDD et Comité 21
(Applaudissements.) Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
UNIVERSITE été 2005 OK 2 poses
19/04/06
11:58
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Cession de clôture
G I L L E S
“
Cession de clôture
B E R H A U L T :
Nous avions commencé hier soir.
G I L L E S
S A C Q U E T : Il est vrai que, dans ce projet de manifeste, la principale valeur que nous avons retenue est pour l’instant la responsabilité. Elle nous paraît essentielle.
A N N E - M A R I E
Ce projet a également pour but de responsabiliser l’ensemble des sphères de pouvoir et d’influence que nous représentons, même si ce ne sont pas forcément les sphères de pouvoir classiques. Je crois que nous avons une responsabilité à prendre dans la promotion, la diffusion, bref dans la communication des valeurs que nous partageons. Nous y travaillerons très vite puisque nous allons inviter le groupe de pilotage au cours des dix prochains jours à travailler ce texte, sur la base des amendements et des remarques que vous nous avez faits. Nous reviendrons ensuite très rapidement vers vous avec ce projet de manifeste. Il faut savoir qu’il sera également alimenté par un instrument de suivi ; si nous prenons des engagements, ou si nous proposons à différents types d’acteurs d’en prendre, il faut bien entendu être mesure de suivre la mise en œuvre de ces engagements. Bien entendu, ce texte pourra être enrichi et renouvelé chaque année, lors de l’Université d’été.
nous avons une responsabilité à prendre dans la promotion, la diffusion, bref dans la communication des valeurs que nous partageons”
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Merci à tous d’avoir contribué avec beaucoup de chaleur et apporté de multiples propositions à cette troisième Université.
ACIDD et Comité 21
(Applaudissements)
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable
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B E R H A U L T :
Nous avions commencé hier soir.
S A C Q U E T : Il est vrai que, dans ce projet de manifeste, la principale valeur que nous avons retenue est pour l’instant la responsabilité. Elle nous paraît essentielle.
A N N E - M A R I E
Ce projet a également pour but de responsabiliser l’ensemble des sphères de pouvoir et d’influence que nous représentons, même si ce ne sont pas forcément les sphères de pouvoir classiques. Je crois que nous avons une responsabilité à prendre dans la promotion, la diffusion, bref dans la communication des valeurs que nous partageons. Nous y travaillerons très vite puisque nous allons inviter le groupe de pilotage au cours des dix prochains jours à travailler ce texte, sur la base des amendements et des remarques que vous nous avez faits. Nous reviendrons ensuite très rapidement vers vous avec ce projet de manifeste. Il faut savoir qu’il sera également alimenté par un instrument de suivi ; si nous prenons des engagements, ou si nous proposons à différents types d’acteurs d’en prendre, il faut bien entendu être mesure de suivre la mise en œuvre de ces engagements. Bien entendu, ce texte pourra être enrichi et renouvelé chaque année, lors de l’Université d’été.
nous avons une responsabilité à prendre dans la promotion, la diffusion, bref dans la communication des valeurs que nous partageons”
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Merci à tous d’avoir contribué avec beaucoup de chaleur et apporté de multiples propositions à cette troisième Université.
ACIDD et Comité 21
(Applaudissements)
Université d’été 2005 de la communication sur le développement durable