Bruxelles, le 7 novembre 2012.
IW/12/NB-P.16 BIW/TB/IM/DW
POSITION
DU
BUREAU
DE L’IW
Ancrer la politique de l’enseignement dans la politique socioéconomique Régionalisation de l’enseignement obligatoire et supérieur Les actuels transferts de compétences vers la Région wallonne renforcent son autonomie mais restreignent ses moyens budgétaires. Ils ont aussi un impact sur la Fédération Wallonie-Bruxelles, car ils pourraient aggraver son carcan financier. Dans une situation économique de crise durable et dans un système économique basé sur la compétitivité, la capacité à former une main d’œuvre qualifiée demeure un enjeu fondamental, notamment pour que les politiques économiques régionales soient porteuses d’emplois de qualité. On voit ici le rôle central de l’enseignement et du système scolaire, non seulement en termes d’émancipation sociale mais aussi de mise en phase des qualifications avec les besoins de main d’œuvre (MDO) pour redéployer l’économie wallonne. Dans cette note, nous verrons : 1. que la Région wallonne est en train de perdre son avantage attractif en termes de MDO ; 2. quels sont les besoins en formation initiale pour le redéploiement économique et s’ils sont anticipés et rencontrés ; 3. pourquoi il est impératif de modifier les fondamentaux du système scolaire et de créer une meilleure mise en phase des qualifications avec les besoins socioéconomiques tout en supportant la formation générale.
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QUALITÉ DE LA MAIN D’ŒUVRE WALLONNE : LA RÉGION EST EN TRAIN DE PERDRE SON AVANTAGE
Dans l’économie qui nous gouverne, la qualité de la main d’œuvre wallonne constitue une force socioéconomique attractive de la région. Et cela, bien que le système scolaire soit malheureusement reconnu comme inégalitaire (il reproduit voire creuse les inégalités sociales) et inefficace (il n’amène pas le plus grand nombre à l’obtention du diplôme de secondaire supérieur, porte d’accès à l’enseignement supérieur). La qualité de la main d’œuvre constitue aussi un des fondements de l’innovation, innovation considérée comme centrale dans les économies en reconversion comme la nôtre : désindustrialisation, « verdissement », repositionnement compétitif… Une étude récente du Bureau fédéral du Plan (BFP) nuance cependant très fort cet avantage compétitif wallon.
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Le BFP définit 6 piliers fondateurs interdépendants d’un système d’innovation, parmi lesquels nous retiendrons pour l’objet de cette note : « les ressources humaines » qui couvrent les structures d’enseignements et de formation, l’offre de personnel hautement qualifié et les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. S’appuyant sur des indicateurs existants (disponibles pour 2000 puis pour les années entre la crise bancaire et la crise de la dette souveraine), le BFP positionne les 6 piliers du système d’innovation wallon et les compare à d’autres pays de l’Union1, à d’autres régions2 partageant un héritage industriel comparable (RETI), à l’UE27, et enfin à la région la plus performante pour chacun des indicateurs choisis. Qu’en retenir particulièrement pour le système scolaire francophone ? Un recul inquiétant. Selon l’étude : •
le pilier « ressources humaines » continue de montrer des signes importants de faiblesse : –
avec 12% des nouveaux diplômés de l’enseignement supérieur en sciences et ingénieurs, la Wallonie est dernière d’une UE27 qui atteint 22% ;
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notons que, en 2009 en RW, seul la moitié des titulaires d’un diplôme à orientation scientifique exercent une profession dans le domaine des sciences et de la technologie ;
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avec moins de 5% de la population âgée de 25 à 64 ans en formation permanente, la Wallonie occupe la dernière place parmi les 10 régions (recul constant depuis 2005, moyenne UE27, 9,7% ; Dk , 31,6% ; PB, 17%) ;
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la Wallonie passe de la 3e à la 6e position UE27 pour la part de la population âgée de 25 à 64 ans ayant suivi des études supérieures, ainsi que pour la part de la population âgée de 30 à 34 ans ayant suivi ce type d’études ;
ces faiblesses ne sont pas compensées par les forces composant par ailleurs ce pilier : –
les 41,5% de la population wallonne de 30 à 34 ans disposant d’un diplôme de niveau supérieur (objectif EU2020 : 40% ; objectif Programme National de Réforme belge : 47% en 2020).
Et le BFP d’en conclure « un des atouts majeurs de la Région, la qualité de sa main d’œuvre, est ainsi en train de se perdre car les autres pays et régions européens enregistrent des progrès importants ». Les piliers d’un système d’innovation étant interdépendants, l’ensemble du système est affaibli par la faiblesse d’un ou plusieurs de ceux-ci. Ainsi, « la disponibilité de personnes hautement qualifiées, titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur universitaire est fondamentale pour poursuivre et accroître le niveau des activités de R&D. Or, la demande de cette catégorie de personnes augmente fortement dans tous les secteurs de l’économie, notamment à cause de l’importance croissante de la technologie. » Complémentairement, notons que, dans une analyse récente, le Cedefop3 indique que les emplois faiblement ou moyennement qualifiés comportent davantage d’éléments spécifiques au poste d’une part, et d’autre part qu’ils sont composés essentiellement de tâches professionnelles susceptibles d’être modifiées par les évolutions technologiques, organisationnelles ou même législatives. Pour le
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Belgique, Allemagne, Danemark, Espagne, France, Italie, GD Luxembourg, Pays-Bas, Autriche et RoyaumeUni. Fr : Nord-Pas-de-Calais, Lorraine ; All. : Sarre, Hambourg, Weser Ems, Brême, Nordrhein Westfalen ; PB : Overijssel, Limburg ; Esp. : Asturies, Pays Basque, Catalogne, Cantabria ; UK : Yorkshire, Humberside, Ecosse. Le Cedefop (European Centre for the Development of Vocational Training) soutient le développement européen de l’enseignement et de la formation professionnelle.
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Cedefop, cela implique une refonte des cours d’enseignement et de formation professionnelle de niveau secondaire supérieur et post secondaire, dans les qualifications touchées. Pour tenter de concrétiser les constats globaux posés par le BFP, voici un tour des principaux outils et axes sur lesquels la Région mise actuellement son redéploiement économique, sous l’angle anticipation et adaptation des compétences dans la formation initiale.
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LE REDÉPLOIEMENT ÉCONOMIQUE WALLON ET LES BESOINS EN FORMATION INITIALE
2.1
Les « outils » wallons du redéploiement économique
A défaut de ressources naturelles à partir desquelles développer son économie, la RW développe depuis plusieurs années des politiques d’investissement économique (zonings, transports…) et de partenariats entre entreprises, universités, hautes écoles et centres de recherche et de formation, particulièrement orientées sur certains secteurs et à travers divers « outils », dont : •
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les Pôles de compétitivité, actuellement actifs dans 6 secteurs : –
BioWin, axé sur la santé humaine : biomarqueurs et diagnostic in vitro & in vivo, outils et équipement innovants, systèmes d'administration de médicaments, thérapies innovantes, technologies de l'information appliquées à la santé humaine, processus innovateurs et les innovations organisationnelles, équipement médical, recherche de médicaments ;
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Logistics in Wallonia (LiW), transport et logistique : développer et promouvoir à l'extérieur de ses frontières, en coordonnant les actions, en définissant une stratégie commune et en optimisant les moyens humains et technologiques ;
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Wagralim, agro-industrie : aliments « santé »/qualité nutritionnelle, efficience industrielle, emballages, développement de filières d'industries alimentaires durables ;
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GreenWin, chimie verte et des matériaux durables : design de nouveaux produits basés sur les matières premières renouvelables (bio-sourcées) ou recyclables ; le design de nouveaux produits et systèmes appliqués à la gestion de l'énergie (stockage de l'énergie, constructions durables...) ; le design de nouvelles techniques pour la réutilisation/le recyclage des produits et systèmes en fin de vie ainsi que l'utilisation de décharges comme nouvelle source pour les matières premières ;
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Skywin Wallonie, secteur aéronautique et spatial, pour développer des niches technologiques d'avenir, pour diversifier et créer de nouvelles entreprises ; pour développer des structures toujours plus performantes, légères et écologiques :
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MecaTech, ingénierie mécanique : matériaux et surfaces du futur, technologies globales de mise en forme, microtechnologies et mécatronique, maintenance intelligente ;
les parcs scientifiques et technologiques, actifs sur plusieurs secteurs, et un Réseau de sept Parcs scientifiques wallons : – – – – – – –
Louvain-La-Neuve Science Park (IBA, Pfizer, IRIS, GSK Biologicals…) ; Liège Science Park (Eurogentec, Zentec, EVS…) ; Créalys (Océ Software, SGS, AIB Vinçotte, GSK Biologicals, Aseptic Technologies) à Gembloux ; Aéropole (Johnson & Johnson, Caterpillar, AGC…) à Gosselies ; Initialis (Microsoft Innovation Centre, Polymedis, I-Movix, I-Care, Babel Technologie…) à Mons ; Qualitis (Baxter, Natiss-Materia Nova, Valeo…) à Enghien ; Novalis, à Marche-en-Famenne.
Pour soutenir les besoins en formation, la Région wallonne investit aussi dans des centres de compétences (CDC), lieux d’équipement et de formation notamment accessibles aux écoles. Page 3 sur 27
Le Forem dirige le réseau de 25 centres de compétences situés dans des pôles dédiés à des activités spécifiques : AutoFORM Campus Automobile CEFOCHIM CEFOVERRE ConstruForm Hainaut ConstruForm Liège Design Innovation Epicuris (métiers de la bouche) Forem Formation Cepegra (industire graphhique) Forem Formation Environnement Forem Formation FormAlim Forem Formation Logistique Hainaut Forem Formation Logistique Liège Forem Formation Management & Commerce
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Forem Formation PIGMENTS Forem Formation Polygone de l'Eau Forem Formation Secteurs verts Forem Formation Tourisme Forem Formation Wallonie Bois Technifutur (automatisme, aviation, électricité/électronique, informatique, maintenance, gestion de production…) Techno.bel (TIC, Ciney)) TechnocITé (TIC, Mons) Technofutur industrie (maintenance, hydraulique, soudure, tuyauterie…) Technofutur TIC (Gosselies) Wan (aéronautique)
Notons que parallèlement aux centres de compétences, la FWB développe des centres de technologies avancées4 (CTA) qui devraient être intelligemment « maillés » avec les CDC. Les investissements (pôles de compétitivités, parcs scientifiques mais aussi zonings, etc.) requièrent une main d’œuvre adéquatement qualifiée et disponible. Dans le champ de la formation initiale, cela signifie, quel que soit le niveau d’enseignement : des compétences à jour, un niveau d’exigence élevé, des équipements pertinents et une offre de formation suffisante. C’est-à-dire aussi : des moyens adéquatement répartis, un système scolaire performant, une formation adéquate des enseignants…
2.2
Les axes du redéploiement économique wallon et les besoins en qualification
Un petit tour d’horizon5 des secteurs sur lesquels la Wallonie mise pour son redéploiement économique pour voir quelles compétences nouvelles sont spécifiées, compte tenu des évolutions économiques, techniques, technologiques, organisationnelles identifiées. 2.2.1
Verdissement de l’économie
Avec le « verdissement de l’économie », des activités nouvelles, des produits nouveaux ou des processus de production nouveaux se développent, plus respectueux de l’environnement, des ressources ou plus parcimonieux en énergie, et appelant des compétences et qualifications nouvelles. Les besoins en compétences spécifiques liés à la croissance verte peuvent se répartir en trois catégories : •
pas ou peu de compétences nouvelles car les métiers incorporent déjà le développement durable (les métiers de l’environnement, eau, assainissement), ou les impacts sur les métiers seront faibles ;
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En Wallonie, 10 à ce jour et 3 à venir. Les informations reprises dans le tour d’horizon ci-dessous ont principalement été trouvées au Forem (cf. annexe – références documentaires). Certaines sont récentes, d’autres moins.
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•
des compétences plus transversales qui relèvent d'une sensibilisation générale aux éco-activités. De manière générale, les compétences utiles pour les métiers existants auront une « empreinte verte » plus forte ;
•
de nouvelles compétences approfondies en raison de nouvelles normes ou de nouveaux processus productifs, spécifiques à certains métiers qui les font évoluer sans remettre en cause les savoirs techniques fondamentaux (par ex. l’électromécanique).
Les compétences vertes spécifiques viennent compléter des savoirs traditionnels devenus essentiels pour l’exercice de la profession et qui doivent eux-mêmes être renforcés. Elles portent sur diverses connaissances telles que matériaux soutenables, empreinte carbone, mesures d’impact sur l’environnement… Outre les connaissances spécifiques, le CEDEFOP (2009) souligne l'importance des compétences génériques dans les emplois verts, en particulier : • • • • •
esprit d'entreprise pour saisir les opportunités des technologies bas carbone ; qualités de gestionnaire pour s'assurer que les procédés répondent aux besoins d'adaptation au « défi » climatique ; capacités à apprendre et innover ; travail en réseau ; capacités de consultance (conseiller les consommateurs au sujet des solutions vertes).
Dans la perspective d’aboutir à une économie bas carbone, tout emploi pourrait être considéré à l’avenir comme un « emploi vert ». En conséquence, il est recommandé que la notion d’impact environnemental soit intégrée dans les filières de qualification existantes. Cela doit (devrait) notamment amener les élèves de l’enseignement secondaire et supérieur vers les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques, et développer les compétences essentielles à la construction d’un socle de compétences de haut niveau liées à la sobriété en carbone. Cela implique que les formateurs soient formés aux questions environnementales et à la capacité d’enseigner les nouvelles techniques, matériaux… Mener des actions d’anticipation pour détecter les nouvelles compétences vertes et prévoir des réponses adéquates en matière de formation est un impératif. Verdissement de l’économie – Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • •
Formulation de grands types de compétences et de compétences « générales ». Lien général avec les filières secondaires de qualification et le supérieur professionnalisant. Absence de lien avec la formation générale (comprendre le sens des changements), même dans les compétences génériques. Nécessité impérative d’anticiper.
2.2.2
Transport et logistique
D’après le classement 2009 établi par Cushman & Wakefield, les provinces de Liège et de Hainaut constituent respectivement les première et troisième régions les plus favorables pour l’implantation d’entreprises logistiques en Europe. Outre des coûts peu élevés (terrains et main-d’œuvre), la Wallonie bénéficie d’une relative fluidité de transport en comparaison avec d’autres régions congestionnées. Selon deux études commandées par le GW, entre 2000 et 2020, les exportations belges vont croître de 59 %, les importations de 67 % et le trafic de transit de 74 %. La Wallonie (La Louvière avec Garocentre et Liège avec son projet de trilogiport) se profile comme la zone de désengorgement des principaux ports européens (Rotterdam et Anvers).
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Le secteur compte environ 51.150 emplois salariés. Le transport routier domine largement mais diminue proportionnellement au profit de la logistique et du stockage. Début 2000, le transport routier gagnait 28 % d’emplois et les deux autres sous-secteurs ont quasi doublé en emplois. Les services annexes, comme l’affrètement, ont connu une croissance de 186 % (= 1.384 emplois en +). Par contre, les postes d’emplois fluviaux et dans les agences de douane diminuent fortement. Les transporteurs se lancent dans d’autres services comme l’emballage/déballage, le chargement/déchargement, la distribution et ses services annexes : encaissement, étiquetage, préparation de commandes… La professionnalisation de la gestion des entrepôts s’est accrue avec la maîtrise de l’usage des flux d’informations, amenant les emplois d’informaticiens à croître davantage que les emplois de manutention. Le métier de chauffeur « évolue » : capacité d’organisation, d’initiative, de responsabilité. L’étude Survey & Action (Forem Conseil) considère que 28 % de la demande de chauffeurs passe par la formation Forem et 8 % par l’enseignement. Selon la même étude, le métier de dispatcher, quand il n’est pas rempli par un ancien chauffeur, est appris sur le tas (70 %). Pourtant c’est un profil particulier qui requiert une excellente organisation, une très bonne communication (savoir motiver, expliquer un retard, gérer un conflit), une expertise géographique et un multilinguisme, d’autant plus dans un contexte multimodal. Les métiers de l’entrepôt (responsable, magasinier, cariste, conducteur d'engins, manutentionnaire, logisticien) évoluent fortement vers plus de polyvalence, l’informatisation et une maîtrise de plusieurs langues. Les métiers du management de la qualité deviennent plus exigeants : traçabilité des produits, contrôle des sous-traitants. Dans cette optique, le personnel administratif devrait être mieux formé en informatique de base, en comptabilité et en démarches commerciales. Les entreprises logistiques tendent à se spécialiser par secteurs : transport du froid, transport de produits dangereux… En biologistique (c.-à.-d. la logistique de produits biomédicaux, y compris les aspects sécurité, hygiène, traçabilité et conditionnement), un potentiel de 2.400 emplois directs et indirects (à créer dans les 10 ans à venir) était identifié à Liège en 2007 : transport, entreposage, manutention et gestion de l’entreposage de produits dangereux ; biologie, diagnostic, cultures moléculaires, bioinformatique ; gestions de projet, de la supply chain ; biosécurité ; biotechnologie… Le développement de l’économie verte ne devrait pas créer beaucoup d’emplois mais modifie les compétences attendues. Métiers nouveaux : concepteurs de systèmes d’organisation et ingénieurs logisticiens (mix de compétences des métiers d’informaticien, organisateur de transport et ingénieur). Métiers en évolution : chauffeur de poids lourds, métiers du transbordement (grutier, manutentionnaire). Outre une professionnalisation et une spécialisation accrue de l’ensemble des métiers de la chaîne logistique, le secteur aura besoin de personnes capables de concevoir de manière performante, des systèmes complexes pour organiser les transports multimodaux. Les TIC (logiciels, outils de gestion informatisés…) deviennent présents pour tous les métiers du secteur. La connaissance de l’anglais, du néerlandais et/ou de l’allemand devrait augmenter : communication orale pour les chauffeurs, rédaction de cahiers de charges pour les logisticiens en contact avec la clientèle.
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En ce qui concerne l’enseignement dans les métiers du secteur, on relève les critiques et demandes suivantes : •
un manque de formation technique orientée transport et logistique dans le secondaire, et une demande de créer des profils dans le qualifiant et d’étoffer l’offre IFAPME (dont la seule formation dans la logistique est expéditeur/agent de douane) ;
•
soulignons à cet égard une proposition qui d’emblée ne peut pas agréer la FGTB wallonne : proposer dès le début de l’enseignement secondaire (dès le 2e cycle), des filières qualifiantes courtes dans le domaine logistique afin d’apporter un bagage technique suffisant à des jeunes qui ne termineront pas leurs humanités, pour s’insérer sur des emplois liés aux activités de transbordement ;
•
la demande de voir créer des cursus dédiés à la logistique dans l’enseignement supérieur et universitaire. Notamment pour améliorer la formation de base des futurs managers et gestionnaires en intégrant dans les programmes : l’organisation du transport, le multimodal, l’emballage, les technologies informatiques de support, etc. ;
•
la demande de créer un programme hybride conjuguant informatique et logistique. En effet, avec le développement du multimodal, les logisticiens auront de plus en plus besoin d’ingénieurs en flux logistiques capables d’intégrer les process et les technologies informatiques pour développer de nouveaux systèmes de support à l’organisation du transport et de la logistique ;
•
développer un cursus bachelier en gestion des transports et en logistique d’entreprise, cursus qui peut amener à différents métiers de la chaîne logistique : responsable d’exploitation, organisateur de transport, responsable de la chaîne logistique, gestionnaire d’entrepôt.
Selon le Forem, dans l’enseignement initial, peu de programmes forment aux métiers de la logistique et du transport. Quelques écoles supérieures commencent à organiser des baccalauréats en transport et logistique et la plupart des universités proposent quelques cours à option en logistique dans le cursus d’ingénieur de gestion. Le Pôle de compétitivité « Logistics in Wallonia » semble avoir relayé en partie ces demandes. Ont été labellisés un Executive Master in International Supply Chain Management conçu par l’UCL auquel collabore l’ULg ; un Certificat de Logisticien Junior renommé Manager logistique, dirigé par la Haute Ecole de la Province de Liège en collaboration avec l’ABCAL, Randstad, Acclivity, la Haute Ecole Louvain en Hainaut et le Cecotepe. Une étude Survey & Action de 2002 recommandait notamment de former un public ciblé aux métiers d'une plate-forme logistique de dimension européenne et quadrimodale, avec un repérage de ces personnes dans un rayon de 30 km autour du site prévu. Or, dans le Centre, la plus proche des écoles secondaires proposant une formation chauffeur poids lourds est à Charleroi. Quelques écoles supérieures, dont l’implantation louvièroise de la Haute école de Louvain en Hainaut (ex-Isfec), commencent à organiser des baccalauréats en transport et logistique et la plupart des universités (dont l’UCL Mons, ex-FUCaM) proposent simplement quelques cours à option en logistique dans le cursus d’ingénieur de gestion.6 Le trilogiport liégeois laisse présumer une création de plus de 2.000 emplois. Pour pourvoir aux demandes de MDO du port autonome de Liège, deux Hautes écoles liégeoises organisent ensemble un Baccalauréat en Gestion des transports et Logistique d’entreprise. Mais les efforts semblent
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Les études sous-régionales Emploi du Temps du Forem ne donnent exemple de cette difficulté que pour la région du Centre, et restent générales pour les autres régions.
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insuffisants, et sans doute, tardifs. Les « logisticiens de haut niveau » sont demandés dans toute l’Europe depuis plus de 10 ans déjà. Début 2000, les métiers les plus demandés par le secteur (15 à 35 %) sont par ordre décroissant : responsable qualité, manutentionnaire, préparateur de commande, dispatcheur/affréteur, cariste, responsable d’entrepôts, spécialiste en gestion logistique, personnel d’entretien du matériel, chauffeur routier, magasinier et conseiller sécurité. Le contrôle de la qualité devient un impératif (chaîne du froid, HACCP7…), le développement d’une culture multimodale, notamment de calcul différencié des coûts, un atout compétitif. Transport et logistique - Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • • • •
Grands besoins d’adaptation de la main d’œuvre à divers changements : organisationnel, TIC, spécialisation, hybridation, connaissances en langues… Identification de nouveaux métiers appelant de nouveaux cursus, voire la création d’une filière dans le supérieur. Identification de métiers en évolution. Identification à géométrie variable des besoins de compétences. Lacunes relevées dans les compétences et dans l’offre du secondaire et du supérieur. Impulsion grâce au pôle de compétitivité Logistic in Wallonia.
2.2.3
Industrie chimique et pharmaceutique
Cette industrie représente 25 % du chiffre d’affaires de l’industrie wallonne. Bien qu’elle ne constitue par ailleurs que 2,1 % des postes de travail salarié wallon, elle est considérée comme un secteur d’avenir en raison de la spécialisation en biotechnologie et des multiples applications qui en découlent. Les développements technologiques modifient sensiblement les compétences requises. Selon les données Forem, les principaux métiers recherchés sont opérateur sur appareils de transformation physique ou chimique, technicien de laboratoire de recherche des industries de process, laborantin des industries de process, nettoyeur industriel, conducteur de chariot élévateur. Les évolutions techniques et technologiques peuvent entraîner de relatives difficultés de recrutement, mais aucun des métiers les plus recherchés pour le secteur n’est repris dans la liste 2010 des fonctions critiques. En 2010, parmi les deux tiers d’opportunité d’emplois qui précisent le niveau de diplôme requis, on relève un niveau relativement élevé : 31,8 % des opportunités demandent un diplôme de l’enseignement supérieur ; 31,2 % un diplôme du troisième cycle de l’enseignement secondaire. Le personnel scientifique est principalement recruté via des bureaux de recrutement alors que le personnel de production l’est via des agences d’intérim, des annonces, le Forem… Dans l’enseignement secondaire, le qualifiant de plein exercice propose des filières de chimie et biochimie, d’assistant pharmaceutico-technique ou encore de technicien chimiste. L’alternance propose des formations d’opérateur de production en agroalimentaire. Dans le supérieur, une large gamme de programmes liés au secteur est disponible : baccalauréats professionnalisant de technologues de laboratoire médical ou de chimistes. La promotion sociale permet d’accéder au titre de bachelier en chimie ou à celui de Maître en sciences de l’ingénieur industriel dans le domaine de la chimie. Malgré cette offre, le secteur constate que certaines spécialisations sont absentes des cursus
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HACCP : Hazards Analysis and Critical Control Points, vise à systématiser la prévention en sécurité alimentaire et sécurité pharmaceutique.
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scolaires, particulièrement pour les baccalauréats professionnalisants qui ne seraient pas adaptés à la rapidité de l’évolution des connaissances. Toutefois, les employeurs entreprennent peu d’actions en amont de l’école pour faire connaître leurs besoins futurs. Les études universitaires en chimie et en pharmacie sont aussi proposées mais, comme relevé par le BFP, sont insuffisamment fréquentées. Cela a un impact non seulement sur la R&D mais aussi sur la production. C’est un secteur qui attend des pouvoirs publics des mesures pour favoriser les contacts industriesuniversités. C’est aussi un secteur où la recherche devient un marché mais qui en est à ses débuts en Wallonie. Relevons aussi dans ce secteur, les sciences du vivant et les secteurs connexes comme la médecine, l’agroalimentaire, la pharmacie, la cosmétique. En raison de l’essor du secteur et du départ à la retraite d’un grand nombre de travailleurs, Essenscia Wallonie estime l’offre d’emplois à 20.000 postes d’ici 10 ans, c.-à.-d. un tiers des emplois directs et indirects. Industrie chimique et pharmaceutique - Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • •
Pas de formulation des besoins en compétences. Une offre d’enseignement sans cadastre (dont territorial) mais bien développée (contenu), excepté certaines spécialisations. Etudes insuffisamment fréquentées, avec impact défavorable sur la R&D alors que domaine prioritaire pour le redéploiement économique.
2.2.4
Construction
Un des moteurs de l’économie wallonne, la construction génère plus de 65.000 postes de travail salarié et plus de 18.700 emplois indépendants. Son potentiel de croissance est élevé vu la volonté politique d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments d’un bâti wallon vieux et mal isolé, et vu les besoins en logement d’une population croissante. La construction durable est considérée comme un levier de relance économique. L’alliance emploi-environnement dédiée à la construction vise notamment à soutenir un important effort de formation. Relevons à cet égard que la formation adéquate de la MDO est particulièrement importante pour la pose adéquate des éléments d’isolation (châssis, isolants…) sans quoi l’isolation est inefficace (ponts thermiques…) ou problématique (humidité…). Les besoins de qualification se voient par ailleurs accrus par un taux de rotation élevé du personnel ouvrier et qui varie d’année en année (de 22 à 27 %) : 9 % changent d’employeurs et 11 à 15 % quittent le secteur. La Wallonie est la région du pays qui connaît le plus haut taux d’entrée et de sortie. Les jeunes (de 18 à 25 ans surtout) quittent précocement et massivement le secteur, ce qui ne permet pas de bien compenser les sorties en cours et en fin de carrière8. Tableau auquel il faudrait ajouter une certaine désaffection pour les filières scolaires du secteur. Quel que soit le diplôme, en six ans (de 1997 à 2003), il y a réduction du nombre de diplômés de l’enseignement de plein exercice : •
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on passe de 2.177 diplômés en 1997 à 1.983 diplômés en 2003 (Etnic) ;
Etude sur la rotation du personnel dans le secteur de la construction en Belgique, FFC, 2010.
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•
phénomène encore plus prononcé chez les diplômés en architecture (secondaire supérieur et supérieur non universitaire): le nombre de diplômés se contracte de 1.069 en 1997 à 730 en 2003, soit une diminution de 32 %.
Selon l’étude écosystème construction (Forem), les employeurs ont le sentiment que les filières de la construction n’attirent plus que des personnes en situation d’échec. Ils pensent que le public des entrants dans le métier change : moins motivés que leurs aînés car, souvent, ils ont « choisi » la construction par défaut. Selon les employeurs, le public jeune issu des filières de formation construction n’est pas qualifié. Les candidats ne connaissent que certaines bases théoriques et ont peu de pratique professionnelle sur chantier ou en atelier. Près de six employeurs sur dix affirment ne pas avoir le temps de (re)qualifier les jeunes qui sortent des écoles. En moyenne, les employeurs estiment qu’il faut près de trois ans pour qu’un jeune devienne qualifié. Près de neuf employeurs sur dix trouvent ce délai trop long. Les employeurs disent avoir besoin d’entrants qualifiés et initiés à la vie d’entreprise. Or, seuls trois sur dix affirment développer une réelle pédagogie d’accueil des nouveaux ; un nombre équivalent déclare n’avoir aucune méthode pour former les jeunes débutants. La taille de l’entreprise ne modifie pas cette proportion. Lorsqu’elle est présente, la pédagogie d’accueil consiste surtout en une phase d’adaptation aux « habitudes-maison », à la « façon de faire» de l’entreprise. L’apprentissage s’effectue sur le tas, avec le patron ou avec un ancien. Le secteur dit connaître des difficultés de recrutement pour tous les métiers. Selon Jobfocus, les métiers les plus demandés sont : installateur électricien, maçon, monteur en sanitaire et chauffage, couvreur, manœuvre, poseur de fermetures menuisées, chef de chantier et conducteur de travaux (de 1.026 à 414 offres d’emploi en un 2010). Dans l’étude écosystème construction, au titre d'évolution dans les métiers et les qualifications, les employeurs citent : •
l’apparition de spécialisations, essentiellement liées aux nouveaux produits/équipements pour améliorer la performance énergétique des bâtiments (domotique, matériaux isolants, pompes à chaleur, climatisation, vitrage, etc.) mais aussi la performance sanitaire (sélectionner les matériaux en fonction de leur impact sur la santé des occupants : amélioration de la qualité de l’air dans le bâtiment, etc.) et la performance environnementale (qui tient compte du rapport existant entre le bâtiment et son environnement, que ce soit pour le choix de l’implantation, l’origine et la sélection des matériaux, le traitement des déchets, etc.) ;
•
l’hybridation de compétences : la pose de nouveaux produits d’isolation demandée par divers métiers, des connaissances en domotique pour les plombiers et installateurs de chauffage, des connaissances en électricité pour des menuisiers... ;
•
un nouveau champ de métiers liés à la détection et au traitement des pollutions ;
•
une déqualification sur certains métiers due à l'extension de la gamme de produits préfabriqués (en atelier et non plus sur chantier), cela particulièrement pour les coffreurs, menuisiers et couvreurs ;
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nouveaux métiers : celui de certificateurs énergétiques agréés par la RW (formés à l'UCL, LLN) ; la Région a fixé une norme à 350 certificateurs ; et un nouveau champ de métiers se dessine également dans le domaine de la détection et du traitement des pollutions.
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L'adoption d'une législation imposant la construction de bâtiments ayant un niveau d’isolation thermique globale de maximum 45K (norme PEB9 pour les nouveaux bâtiments) va avoir de nombreuses implications sur le plan des compétences requises aux différents stades de la construction : de la conception du projet par l’architecte à la construction du bâtiment par les différents corps de métiers, en passant par les fournisseurs de matériaux et le contrôle. Les entreprises concernées par l’évolution législative wallonne appartiennent avant tout au secteur de la construction, mais elles relèvent également d’Agoria, du secteur verrier ou de celui du bois. La performance énergétique d’un bâtiment dépend, en effet, de la combinaison d’un ensemble de facteurs : matériaux de construction, systèmes d’isolation, châssis et vitrages, mécanismes de récupération et de transformation de toutes les sources d’énergie (pompes à chaleur, panneaux solaires, ...), système de chauffage, etc. Dans cette étude, relevons, d'une part, la divergence des réponses apportées par les employeurs et les architectes à la notion d'éco-construction. Et d'autre part, le fait que plus de six architectes sur dix considèrent que les entrepreneurs et les divers corps de métiers se montrent très réticents à changer leurs habitudes dans le domaine de la PEB. C'est interpellant quand on sait le poids de la construction dans la formation en alternance. Et l'étude d'ajouter : selon les architectes, les écoles d’architecture ne sensibilisent pas aux préoccupations d’isolation et d’utilisation rationnelle de l’énergie. Cet avis est plus nettement affirmé encore parmi les jeunes architectes. Les employeurs peu informés quant à la PEB estiment qu'il y aura peu d'innovations technologiques dans leur secteur d'activité. Ce constat acte un déficit de la veille technologique dans le secteur. Construction – Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • •
• •
Absence de cadastre et d’évaluation de l’offre d’enseignement et de formation (en alternance). Besoins en compétences précises formulés à géométrie variable. Manque de prise de conscience des enjeux dans le chef des employeurs. Incapacité des employeurs à formuler les besoins en compétences, vu leur manque de veille et la faiblesse de leur volonté de changer (si ce n’est sous la pression des consommateurs et l’encouragement des politiques de prime). Désaffection des filières technique et professionnelle, notamment due à la relégation. Critiques des employeurs quant au niveau insuffisant des acquis à la sortie de la formation (dont effet relégation).
2.2.5
Activités spécialisées, scientifiques et techniques
La transition vers une « économie verte » nécessite un investissement important en R&D, il faut pouvoir créer, innover et mettre en production des techniques et matériaux d’une économie bas carbone, développer de nouvelles activités. Les compétences sollicitées en conséquence sont de niveau élevé et parfois très spécialisées. En 2009, le secteur des activités spécialisées comptait 24.500 postes salariés, relevant pour 1/3 des activités juridiques et comptables ; 1/3 des activités d’architecture et d’ingénierie, activités de contrôle et d’analyses techniques ; 1/6 des activités des sièges sociaux, conseil de gestion, et 1/6 aux activités de recherche et développement scientifique. En 2010, la Wallonie y comptait en outre plus de 25.000 indépendants. Malgré la crise, les postes de travail salarié y ont augmenté de 6,9 % (contre +1,5 % tous secteurs confondus).
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PEB : performance énergétique des bâtiments.
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Selon notamment la Fédération Royale d’Associations Belges d’ingénieurs Civils et d’Ingénieurs Agronomes, les nouvelles compétences des ingénieurs touchent plusieurs domaines insuffisamment ou non intégrés dans les cursus : • •
• • • • •
davantage de compétences en marketing, communication et service au client ; formation aux nouvelles méthodes de gestion, à la maîtrise des coûts (à tous les niveaux de l’entreprise, pour pouvoir localiser les activités dans des lieux à bas prix…) et à la gestion financière ; une ouverture vers des notions économiques, sociales, financières et juridiques ; une formation à la législation et à la qualité ; des compétences en environnement ; des capacités de contact humain et de négociation ; des connaissances en langue.
Au Forem, les métiers les plus demandés sont comptable (près de 3 postes sur 10) mais aussi chargé d’études techniques, cadre technique de la production, cadre technique de contrôle-qualité, cadre technique d’études-recherche-développement de l’industrie ainsi que les dessinateurs en construction. Selon la liste 2010 Forem des 47 fonctions critiques, ces trois derniers métiers et celui de cadre technique de contrôle-qualité connaissent une pénurie de main d’œuvre. Ces 20 dernières années, les inscriptions en première année d’ingénieur ont reculé de 25% pour le civil et 60% pour l’industriel. Activités spécialisées, scientifiques et techniques - Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • •
Absence de cadastre et d’évaluation de l’offre d’enseignement. Pas de formulation spécifique des besoins en compétences, alors que domaine R&D est prioritaire pour le redéploiement économique wallon. Désaffection des filières techniques dans le secondaire, et de celles d’ingénieur dans le supérieur, avec effet négatif sur la R&D. Lacunes dans la formation des ingénieurs sur les plans autres que techniques, technologiques et scientifiques.
2.2.6
Activités technologiques
Métal, métallurgie, sidérurgie, mécanique, mécatronique10, automobile… le secteur, frappé par une sidérurgie déclinante, représente (encore) de 30.000 postes de travail. Les outils de production dans les industries technologiques intègrent toujours plus de technologies différentes : mécanique, électricité, pneumatique, automatisme... commande manuelle et commande numérique… conception/fabrication assistée par ordinateur… Le tout conduisant à une complexification des tâches, une intellectualisation des processus de travail (capacité d’abstraction, tâches de surveillance liées à l’automatisation), et donc à une qualification accrue du travail. Toutefois, les emplois de mécaniciens, d’outilleurs et d’autres travailleurs qualifiés ainsi que les conducteurs de machines sur des lignes de production, moins qualifiés, devraient diminuer, car ils sont délocalisés dans les nouveaux Etats-membres. Particulièrement dans le secteur de l’automobile, trois domaines de technologie comptent pour relever le défi du verdissement économique : l’électronique, les nouveaux matériaux composites et
10
Combinaison de la mécanique, l’électronique et l’informatique, en temps réel.
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les nouvelles formes de propulsion non fondée sur les combustibles fossiles. Des métiers existant vont requérir des compétences nouvelles : •
ingénieurs (qualifiés en éco-conception, R&D, développement d’aides à la conduite et contrôles d’émission) ;
•
mécaniciens diagnosticiens (pour la hausse de l’utilisation d’équipements et d’appareils électroniques)
Vu la rapidité des changements, un recyclage des enseignants et formateurs permet de maintenir les compétences qu’ils transmettent à jour. Outre cela, une présentation des métiers en fonction des nouvelles opportunités offertes participera(it) à leur revalorisation dans le secondaire technique et professionnel. Le verdissement11 de l’économie devrait amener des métiers nouveaux et faire évoluer des métiers existant : •
•
métiers nouveaux : –
dans l’automobile : éco-démonteur de véhicules usagés, gestionnaire de parc ;
–
dans les industries technologiques : conseiller énergies, concepteur de projets éoliens, gestionnaire de parc éolien ;
métiers en évolution : –
dans l’automobile : ingénieur éco-concepteur, R&D ; professionnels du marketing ; spécialistes des fonctions administratives, commerciales et comptables ; mécanicien diagnosticien ; cadres de direction ; gérants ;
–
dans les industries technologiques : mécanicien, électromécanicien, électricien, mécanicien de maintenance (biocarburant), technicien de maintenance hydraulique – éolien, frigoriste, ingénieur éco-concepteur, architecte.
Le taux de fréquentation global des filières industrielles chute progressivement : seuls 6 élèves sur 10 inscrits dans le 2e degré (3e et 4e) d’une filière industrielle poursuivent au 3e degré (5e et 6e). Les normes de sécurité et gestion du risque (certification VCA) et les normes de qualité (ISO…) intégrées à tous les postes de travail des industries technologiques requièrent que les formations les intègrent. Activités technologiques – Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • • •
11
Absence de cadastre et d’évaluation de l’offre d’enseignement. Nouveaux métiers et métiers en évolution identifiés. Pas de formulation des besoins en compétences, alors que, notamment, domaine R&D est prioritaire pour le redéploiement économique wallon. Normes sécurité et normes qualité insuffisamment intégrées dans les formations. Désaffection des filières techniques dans le secondaire, et de celles d’ingénieur dans le supérieur, avec impact sur R&D.
Par compétence « verte », il faut entendre une combinaison, une intégration de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être permettant de réaliser des activités professionnelles visant à augmenter l’efficience dans l’utilisation des ressources, l’efficacité énergétique ou à réduire les impacts environnementaux de l’activité, l’idéal étant de pouvoir rencontrer conjointement plusieurs de ces objectifs.
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2.2.7
Activités TIC
Ces activités recouvrent : développement du e-business, gestion de base de données, télécommunication (télévision satellite, internet large bande, GSM), automatique. Les TIC continuent d’intégrer et de générer des changements : les activités informatiques passent d’une logique de vente de produits à une logique service, usage du web « collaboratif », TIC nomades (hier nouvelle technologie, aujourd’hui nouveau mode de vie), SaaS12 hébergé on the cloud/web13 . Les SaaS commencent à bouleverser profondément les services financiers des entreprises dont les centres de calcul vont être complétés/remplacés par des solutions « cloud computing » (délocalisés), par ailleurs moins énergivores pour l’entreprise qui y recourent. Le verdissement de l’économie devrait amener des métiers nouveaux et faire évoluer des métiers existants. Métiers nouveaux : développeur web, community manager ou communiquant web, animateur de réseaux sociaux, gestionnaire de médias sociaux, gestionnaire de site (content manager), rédacteur web (copywriter), responsable éditorial on line, webmaster editorial, consultant web, responsable énergétique « transversal ». Outre les changements propres au secteur et ses innovations, les formations doivent intégrer de nouvelles méthodes de travail dans la perspective d’une URE (utilisation rationnelle de l’énergie) : • • • • • • • • • • •
formation de sensibilisation à caractère transversal ; formation de sensibilisation aux perspectives offertes par les TIC en vue de la réduction de l’empreinte carbone ; formation de gestionnaire de parc ; formation d’administrateur systèmes ; formation mettant l’accent sur le télétravail ; formation mettant l’accent sur la vidéoconférence ; formation réseau orientation virtualisation ; formation au système de travail collaboratif ; spécialisation de gestionnaire/expert de réseau intégrant l’offre de cloud computing ; formation community manager ou communiquant web ; formation consultant web.
Plusieurs métiers vont évoluer sous l’influence de la technologie : • • • • •
administrateur-réseau ; technicien de maintenance ; expert réseau ; architecte informatique ; business analyst / infoconseiller.
Novalis, le 7e parc scientifique wallon (Marche-en-Famenne), devrait développer un master en ingénierie informatique.
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SaaS : Software-as-a-Service : abonnement à un logiciel accessible via internet plutôt qu’achat du logiciel. Applications hébergées « on the cloud » (sur le web) et facturées au temps et au nombre d’utilisateurs. Elles se substituent aux logiciels traditionnels (avec licences et contrats de maintenance).
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Dans ce secteur, les métiers suivants ont été intégrés à la liste 2010 des métiers critiques : développeur informatique, analyste informatique, gestionnaire en exploitation informatique. Depuis plusieurs années, Agoria relaie de grandes difficultés à recruter certains profils : des analystes business informatiques et chefs de projet possédant une double compétence : les connaissances en informatique et celle du business du client. Agoria se plaint d’un manque de techniciens maîtrisant les outils les plus récents. Activités TIC – Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • •
Absence de cadastre et d’évaluation de l’offre d’enseignement. Nouveaux métiers et métiers en évolution identifiés. Pas de formulation des besoins en compétences, alors que notamment domaine R&D et TIC sont prioritaires pour le redéploiement économique wallon. Les employeurs se plaignent de l’absence de certaines compétences dans certains cursus ou du manque de lien avec les développements les plus récents (équipements).
2.2.8
Activités de la production et la distribution d’électricité et de gaz
Ces activités représentent près de 25.000 postes salariés et ont connu entre 2007 et 2009 une augmentation de 9,6 %. Elles sont particulièrement concernées par la politique de verdissement de l’économie : objectif wallon d’atteindre un parc total de 900 à 1.000 éoliennes en 2020, production d’énergie renouvelable… Le secteur de l’énergie en général est prometteur vu son potentiel d’avancées technologiques, de retombées économiques et de création d’emplois durables et non délocalisables. Ce potentiel peut être réalisé en Wallonie surtout si elle investit dans la première partie de la chaîne de valeur (la fabrication des composants). La diversification et la multiplication croissante des matériaux et des équipements sollicitent de nouvelles compétences avec une exigence accrue de polyvalence. Le développement de filières wallonnes endogènes de production de matériaux et d’équipements, pour diminuer la dépendance wallonne, appellent des compétences particulières pour développer la conception et la production de ces filières. La dévalorisation des filières qualifiantes risque toutefois de poser davantage de problèmes de recrutement de main d’œuvre à ce secteur. En effet, très souvent, des compétences spécifiques se greffent aux compétences techniques exigées. Le Forem Formation environnement (Mons) organise depuis peu une formation de technicien de maintenance en cogénération, en collaboration avec la Haute Ecole Louvain en Hainaut. Cette formation encore unique en Wallonie vise à pouvoir assurer la maintenance et le dépannage des unités de cogénération industrielles et semi-industrielles. Production et distribution électricité et gaz – Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • •
• •
Modification importante constatée et attendue en termes de champs de compétences. Absence de cadastre et d’évaluation de l’offre d’enseignement et de formation (alternance). Lacunes possibles dans l’offre d’enseignement, notamment supérieur (en contenu et en couverture), ce qui est (serait) problématique pour la R&D, et particulièrement pour saisir l’opportunité de développer la production de filières wallonnes dans le secteur (création d’emploi local). Besoins en compétences précises non formulés. Désaffection des filières technique et professionnelle.
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2.2.9
Ecosystème de l’énergie et l’environnement
Une étude Forem-Conseil14 pointait en 2003 la faiblesse de la prise en compte du risque environnemental dans les entreprises de l’écosystème de l’énergie et l’environnement15 ainsi que le très petit nombre d’entreprises estimant que cette prise en compte pourrait conduire à revoir le processus de production ou les qualifications. Même si depuis lors, la RW mise davantage sur les opportunités économiques de ces secteurs, on peut toutefois s’interroger sur la prise de conscience qu’ont les employeurs des avantages notamment compétitifs relatifs à cet aspect, mais aussi sur leur capacité à faire évoluer les profils métiers vers le « verdissement économique » (là où les interlocuteurs sociaux participent aux descriptifs métiers). Une exception, dans le commerce, où la pression de clients avertis est considérée comme une contrainte endogène pour faire évoluer les produits (avec de meilleures compétences « relationnel clients » attendues), alors que tous les secteurs considèrent que la même pression mais réglementaire est une contrainte exogène (et critiquée car les économies pourtant réalisées ne sont pas perçues comme telles). Au-delà, l’étude relève globalement l’absence d’une pensée systémique dans la gestion des entreprises. Les deux profils les plus attendus, surtout dans les grandes entreprises, sont le conseiller en environnement et le spécialiste en gestion environnementale, car ils répondent au souci de connaître la législation et les techniques adéquates pour s’y adapter. Dans certains secteurs, ces attentes se déclinent spécifiquement, comme par exemple pour le coordinateur de chantier pour la construction. Quels impacts sur l’embauche ? Une main d’œuvre accrue notamment de nouvelles compétences dans le secteur de l’eau et du tri des déchets. Mais une diminution dans le secteur « énergie ». Les compétences recherchées relèvent en 1er de l’électromécanique, en 2e de spécialiste en environnement et en sécurité, en 3e de technicien et ingénieur chimiste ou ingénieur civil. La professionnalisation conséquente de la main d’œuvre impacte les attentes en termes de gestion du personnel : il faut pouvoir intégrer du personnel (plus) qualifié avec lequel les entreprises existantes ne sont pas nécessairement familières. L’étude explique un taux de rotation élevé du personnel notamment par les difficultés de management des compétences « nouvelles ». Profils de qualification nouvellement recherchés dans le secteur énergie et environnement : •
14
15
Eau : – technicien certifié – éco-conseiller – technicien de laboratoire – informaticien – ingénieur spécialisé en environnement – ingénieur civil – opérateur de maintenance
•
•
Ramassage/Gestion des déchets : – ingénieur spécialisé en environnement – éco-conseiller – technicien de laboratoire – électro-mécanicien Energie : – technicien certifié – électro-mécanicien
•
Eco-management : – ingénieur spécialisé en environnement – ingénieur civil – éco-conseiller
•
Récupération : – –
électro-mécanicien service commercial
Attitudes et pratiques GRH dans l’écosystème de l’énergie et l’environnement, Survey & Action (ForemConseil), 2003. L’étude divise le secteur en deux : d’une part les entreprises n’ayant pas l’environnement comme activité principale mais dont la production a un impact sur l’environnement (industrie, hôpitaux, construction, commerce, réparation et entretien de voitures) ; et d’autre part, les entreprises des secteurs énergie et environnement (ramassage et gestion des déchets, captage, épuration et distribution d’eau, récupération de matières recyclables, centres de valorisation, production et distribution d’énergie et éco-management.
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On peut entendre par ingénieur spécialisé en environnement, le spécialiste en bilans énergétiques ou en métrologie (analyse de la facture énergie, analyse PEB, comptabilité énergétique, etc.). Enfin, la R&D de technologies industrielles peut bien sûr faire émerger des entreprises, particulièrement dans le domaine du renouvelable. Energie et environnement – Identification/anticipation des compétences et offre de formation • • • • •
Absence de cadastre et d’évaluation de l’offre d’enseignement et de formation. Nouveaux métiers et métiers en évolution identifiés. Besoins en compétences précises non formulés. Manque de prise de conscience des enjeux dans le chef des employeurs, en termes de qualification et en termes de gestion des compétences nouvelles en entreprise. Incapacité des employeurs à formuler les besoins en compétences, vu leur manque de veille et la faiblesse de leur volonté de changer (si ce n’est sous la pression des consommateurs et l’encouragement par la réglementation).
Il est important de souligner que, de manière générale, les salaires sont de moins en moins adaptés à l’augmentation de la pénibilité dans certains secteurs. Cela entraîne le monde patronal à dénoncer à tort un manque de main-d’œuvre disponible et à déclarer un peu rapidement que certains métiers sont en pénurie. Il est donc crucial, pour faire se rencontrer l’offre et la demande d’emploi, de revaloriser les salaires de manière à prendre en compte cette pénibilité croissante dans certaines professions.
2.3
Les « outils » institutionnels en place permettent-ils de rencontrer les attentes du développement économique wallon ? Et quelle place y occupe l’organisation syndicale ?
Abordons les instances qui traitent des besoins en qualification et/ou de l’offre de formation. L’offre de formation constitue un enjeu social puisque c’est aussi la question de la proximité des établissements d’enseignement avec les élèves/les étudiants. 2.3.1
Les acteurs pertinents pour définir les besoins en qualification en relation avec les besoins socioéconomiques régionaux se rencontrent-ils ?
Pour anticiper les évolutions en matière d’enseignement, il importe que le monde de l’enseignement et le monde socioéconomique disposent de lieux/instances appropriés où traiter de l’anticipation des besoins en compétences. Des lieux de veille existent, mais à géométrie variable : il est difficile d’établir les métiers/besoins en compétences abordés car il ne semble pas y avoir de travail systématique et le degré de spécification des compétences varie, les méthodes utilisées (dont le choix et l’utilisation des concepts) et les acteurs autour de la table varient ainsi que leur représentation. •
•
Les lieux où la veille sur l’évolution des compétences est exercée et /ou les lieux où cette veille est intégrée : –
Veille Forem ;
–
centre(s) de compétences (certains produisent des rapports de veille sectorielles qui abordent la question des compétences) ;
–
certains secteurs et fonds sectoriels ;
–
projets européens Abilitic (1 et 2) qui proposent une méthode d’identification des nouveaux besoins en compétence…
Les lieux où cela devrait/pourrait l’être (aussi) :
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–
SFMQ16, où sont définis par les interlocuteurs sociaux les profils des métiers de niveau enseignement secondaire ;
–
Conseils supérieurs des Hautes écoles, pour la définition des profils de formation et l’offre de formation ;
–
Conseil supérieur d’enseignement de promotion sociale – pour la définition des métiers et l’offre de formation ;
–
IPIEQ17 – pour la gestion de l’offre de formation propre à leur champ de compétence…
A l’exception du SFMQ et des secteurs bien sûr, dans chacun de ces lieux et quelle que soit la manière dont la veille18 est intégrée, les organisations syndicales (interprofessionnelles et sectorielles, hors enseignement) ne pèsent pas. L’interlocuteur syndical n’est pas toujours perçu comme légitime/nécessaire à la table, du moins sur ces sujets. Impliquer formellement les interlocuteurs sociaux, dans une instance « mixte », à la définition des métiers et des compétences n’est concrétisé qu’au SFMQ. C’est un pas important. L’évaluation du SFMQ – à prévoir – dira s’il est suffisant, particulièrement sur la veille. Dans le supérieur non universitaire et malgré le siège interprofessionnel prévu au CGHE19 et dans les Conseils des Hautes écoles20, seuls quelques profils de formation sont fondés sur des profils métiers. L’implication des interlocuteurs sociaux interprofessionnels et sectoriels (hors enseignement) pour leur élaboration n’est pas établie. Dans l’enseignement de promotion sociale, la procédure de définition des métiers au Conseil supérieur prévoit une intervention des interlocuteurs sociaux interprofessionnels au tout dernier stade seulement. Vu le faible poids des interlocuteurs sociaux au Conseil supérieur de l’enseignement de promotion sociale, il n’est pas garanti que des remarques éventuelles soient prises en compte. Enfin, il ne suffit pas de prévoir l’adaptation des formations en amont, il faut se doter d’un contrôle de leur adaptation effective en aval. •
•
16 17 18
19 20
Exception faite du SFMQ, et une fois que sa production sera évaluée, il semble que les acteurs pertinents pour définir les besoins en qualification en relation avec les besoins socioéconomiques n’aient pas d’instance où se réunir, dans une représentation équilibrée. On peut donc s’interroger sur l’intégration de ces besoins dans le « champ » de l’enseignement. L’implication des représentants des employeurs seuls, ou la seule implication des acteurs de l’enseignement paraissent insuffisantes pour définir exhaustivement et objectivement les besoins en qualification.
Service francophone des Métiers et des Qualifications. Instances de Pilotage Interréseaux de l’Enseignement Qualifiant, hébergées dans les CSEF. Le SFMQ ayant récemment entamé son travail, on peut supposer qu’il intègre bien les changements organisationnels, technologiques et autres propres aux métiers dont il traite. Toutefois, les changements pouvant être si rapides, on ne peut faire l'économie d’une veille. Conseil général des Hautes écoles. Autant de Conseils supérieurs que de secteur enseignement : agronomie, paramédical, etc.
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2.3.2
L’adaptation de l’enseignement aux besoins socioéconomiques est-elle ancrée localement ? L’offre de formation est-elle gérée géographiquement ?
Les informations reprises dans le tour des axes du redéploiement économique wallon pointent des lacunes mais sont insuffisantes pour conclure si l’offre wallonne (ou de la FWB) en formation initiale est gérée géographiquement. Cependant, il est probable qu’une insuffisance soit due à l’absence d’une cartographie des formations initiales par secteur et par zone géographique. C’est d’ailleurs un des enjeux dans le projet politique des bassins de vie, dans leur aspect Enseignement, Formation, Emploi (EFE). Regardons les lieux où l’adaptation de l’enseignement aux besoins socioéconomiques locaux et où l’offre de formation devrait/pourrait être gérée géographiquement. Dans le secondaire qualifiant, l’expérience syndicale dans les récents IPIEQ21 montre que, majoritairement, avant même l’introduction des projets, les pouvoirs organisateurs (PO) se répartissent les incitants financiers selon des logiques « réseaux ». Ce type de partage prime donc sur les objectifs d’adaptation de l’offre scolaire aux besoins socioéconomiques locaux. En outre, si des informations existent bel et bien dans les IPIEQ sur l’offre géographique des filières du qualifiant – offre qui devrait être complétée avec celle de l’IFAPME et de l’enseignement de promotion sociale –, ces informations sont confidentielles (voir infra). Ce qui est plutôt interpellant pour un tel enjeu. Par ailleurs, il semble à ce stade qu’une lecture de l’offre en relation avec les besoins socioéconomiques ne suscite pas l’intérêt de toutes les parties composant les IPIEQ. Dans les Conseils supérieurs qui, avant soumission au Gouvernement de la FWB, approuvent les filières/options nouvelles du supérieur non-universitaire et de promotion sociale, l’aspect géographique semble peu traité. La logique « réseaux » prime sur la logique géographique. Et il ne semble pas que le politique, à qui la responsabilité de la gestion de l’offre de formation devrait pourtant revenir, développe une gestion géographique poussée. L’actuel ministre de l’Enseignement supérieur (J.-Cl. Marcourt) a proposé une réforme du paysage de l’enseignement supérieur (universitaire compris) qui s’appuie sur une vision géographique et remodèlerait le paysage du supérieur universitaire et non-universitaire en cinq pôles « coiffés d’une structure faîtière. •
• •
21
Il n’y a pas d’analyse systématique wallonne des besoins en compétences et qualification en fonction des besoins socioéconomiques locaux, et mettant autour de la table tous les acteurs concernés, dans une représentation équilibrée. A l’exception des IPIEQ et pour le territoire qui les concerne, il semble qu’il n’y ait pas d’instance offrant une vue locale de l’offre de formation. Une gestion géographique wallonne, tenant notamment compte des critères de redéploiement économique, semble donc inexistante.
IPIEQ : instance de pilotage interréseaux de l’enseignement qualifiant. Les IPIEQ sont nés d’un décret communautaire et sont hébergés dans les CSEF. Les zones des IPIEQ sont celles de l’enseignement.
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2.3.3
Association des interlocuteurs sociaux à la gestion locale de l’offre de formation : focus sur les IPIEQ (secondaire qualifiant)
Selon la dernière évaluation du Plan Marshall 2.vert, en 2010-2011, les IPIEQ ont validés 99 projets (55 de soutien aux options faiblement fréquentées et 44 de créations d’options) et le Gouvernement en a retenu 87. Toutefois, conditionnés à l’inscription d’élèves dans les filières en septembre, seuls 76 projets ont pu être réalisés. Pour 2011-2012, les IPIEQ ont validé 118 projets (90 de soutien, 26 de création et 2 de concentration d’options). Le Gouvernement devrait remettre son avis courant mai 2012. Les IPIEQ sont la seule instance où la représentation des interlocuteurs sociaux interprofessionnels peut permettre de peser dans les décisions prises sur la gestion locale de l’offre de formation. Cependant, s’attarder un instant sur les IPIEQ permet de mieux comprendre les écueils d’un système scolaire construit avec des réseaux multiples : •
parce qu’un décret communautaire établit la confidentialité des informations sur le nombre d’élèves par options par réseaux (et cela pour préserver les réseaux), l’accès aux informations recueillies dans les IPIEQ n’est possible que si le représentant FGTB wallonne accepte de jouer l’intermédiaire. Malgré cela, le bureau d’un des IPIEQ a refusé de transmettre le rapport d’activité de l’instance au service d’études de la FGTB wallonne. Avec d’autres IPIEQ, il a fallu négocier (et garantir la non utilisation des informations éventuellement disponible par réseaux). Cela étant, et vu la procédure d’approbation des projets et l’incertitude de leur réalisation, il est difficile d’offrir une vision exhaustive des options aujourd’hui créées ;
•
la qualité du dialogue entre représentants des PO et des interlocuteurs sociaux est à échelle très variable ;
•
la volonté de construire un dialogue entre les acteurs des IPIEQ se heurte au montage institutionnel et aux objectifs du décret. Les chargés de mission des IPIEQ sont « financés » par la FWB (avec des points régionaux APE) et donc sous l’autorité de celle-ci. Les IPIEQ sont accueillies dans les CSEF qui sont, eux, sous l’autorité régionale du Forem ;
•
le décret communautaire IPIEQ, contrairement à l’expérience-pilote carolo qui l’a précédé, ne laisse pas l’initiative aux acteurs sous-régionaux, ce qui limite les (envies de) collaborations.
Les jeunes IPIEQ cumulent les difficultés : • incapacité à se dégager de la logique concurrentielle entre pouvoirs organisateurs (PO) via l’interréseaux ; • difficultés variables à mettre autour de la table des représentants des PO et des représentants des interlocuteurs sociaux, chacun ayant à reconnaître l’autre comme légitime dans le débat ; • difficultés à soulever l’intérêt des représentants de l’enseignement à une lecture économique locale de l’offre (et des besoins ?) ; • difficultés à construire une collaboration institutionnelle efficace de terrain entre FWB et RW. Tenant compte de cette expérience, l’actuel débat sur les bassins de vie, tels que les pensent les cabinets dans leur dimension Emploi-Formation-Enseignement, porte à croire que beaucoup d’efforts risquent de ne déboucher sur rien ou sur pire. Pourtant, les bassins pourraient devenir un lieu intéressant et efficace offrant une vue de toutes filières de formation organisées sur un territoire et permettant justement d’établir ce lien avec les besoins en compétences/qualifications et les besoins du redéploiement économique wallon.
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2.3.4
Une anecdote révélatrice des écueils institutionnels entre FWB et RW
Cousins communautaires des CDC (centres de compétences), les CTA (centres de technologies avancées) sont développés en FWB pour appuyer l’enseignement technique et professionnel grâce à la mise à disposition d’infrastructures et de technologies modernes. Anecdotique mais révélateur, le CTA graphisme (Liège) est un exemple de haute technologie coûteuse, visité par des délégations venues de l’étranger mais faute de formateurs dans ce centre, il est inutilisable pour les élèves de la FWB. Pour certains, c’est un exemple parmi d’autres que la multiplication des filières entre entités régionale et communautaire complique la disponibilité des formateurs en présence et sabote d’une certaine manière le système. L’exemple ci-dessus ne doit pas nous faire oublier qu’il faut également veiller à avoir un refinancement à hauteur des ambitions que l’on se donne pour, par exemple, disposer d’un matériel à la pointe de la technologie et former les professeurs à l’utilisation de ce dernier, mais aussi organiser la mobilité entre les écoles et les centres technologiques.
2.4
•
Mise en phase de l’enseignement avec les axes du redéploiement économique wallon et gestion géographique de l’offre de formation – En synthèse Alors que l’enjeu de la mise en phase de l’enseignement avec les besoins socioéconomiques est fondamental en termes de redéploiement économique, il est frappant de constater les cases tout à fait ou partiellement vides en termes de : –
–
22
contenu :
quelles compétences et/ou qualifications exactement ? Les besoins en compétences sont formulés très largement et plusieurs travaux renvoient à une nécessaire adaptation, sans préciser celles-ci ;
quasi absence de référence au sens des changements techniques, technologiques22… ;
absence totale de référence à la formation générale et citoyenne et à la place que doit y prendre le sens des changements, par exemple, climatiques, écologiques, énergétiques, sociaux… ;
intégration variable et incertaine des matériaux, process, technologies… nouveaux dans les cursus ;
critique quant à la disponibilité des équipements dans les établissements ;
offre de formations :
pas de cartographie wallonne de l’offre de formation ;
couverture imprécise de l’existant comme des manquements en termes d’adaptation des besoins en compétences ;
absence de gestion de l’offre de formation, au-delà des clivages inter-réseaux notamment ;
Ex. : penser une isolation thermique écologique (une boîte isolée mais respirante) ou une isolation thermique chimique (un tupperwaere ventilé) ou encore réfléchir le photovoltaïque pour produire de l’électricité ou réfléchir à toute la chaîne de production des panneaux, leur utilisation puis leur recyclage, c’est poser des choix techniques, écologiques et de santé différents.
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–
veille à organiser dans le temps (le principe de la veille est essentiel pour l’ensemble de la politique socioéconomique de la Wallonie) ;
–
collaboration institutionnelle lacunaire entre la FWB et la RW ;
–
implication des acteurs concernés dans une instance commune :
–
il semble qu’il n’existe pas vraiment d’instance où ces questions soient abordées en profondeur et en réunissant de manière équilibrée des représentants de la sphère « enseignement » et de la sphère socioéconomique (interlocuteurs sociaux) ;
Ajoutons, pour les cases (partiellement) remplies, que la logique « réseaux » déforme, voire annihile, les volontés politiques de développer une logique géographique et prenant en compte les besoins économiques.
•
Les lieux qui semblent les plus productifs sur la question des besoins en compétence sont régionaux (Veille Forem, centres de compétences). Mais le travail y est parfois mené par à coup (à l’exception des travaux relatifs à l’environnement), et la description des compétences attendues est (souvent) peu spécifique.
•
L’expérience des IPIEQ montre d’une part combien la logique « réseaux » du système scolaire peut paralyser d’autres logiques et, donc aussi, bloquer d’autres acteurs, dont les syndicats interprofessionnels ; et d’autre part, illustre les difficultés institutionnelles entre FWB et RW, alors qu’une grande partie du budget est prise en charge par la RW.
•
Sur la question de la gestion de l’offre de formation, que les moyens soient régionaux ou de la FWB, ce sont des moyens publics. Il est inacceptable qu’ils servent à financer des positions concurrentielles plutôt qu’une conception intelligente des besoins en compétences et de proximité avec les bénéficiaires.
•
Les attentes patronales sont insuffisantes à elles seules pour adapter les formations, faute d’une vision claire, à jour et spécifique des changements (cf. les exemples notamment en construction), ou d’une lecture objective des origines de certaines tensions.23
•
Enfin, dans les informations récoltées, une estimation objectivée des départs à la retraite et des remplacements nécessaires n’est disponible que pour certains secteurs.
2.5
Des problèmes persistants en formation générale
A ce tableau peu prometteur, s’ajoute l’existence/la persistance de problèmes non résolus voire leur aggravation : •
taux d’échec élevé en mathématique ;
•
large manque de maîtrise du français (qui entraîne d’immenses lacunes de conceptualisation d’un problème) ;
•
manque d’attrait pour les sciences (ce qui n’incite ni à la culture scientifique ni à l’orientation vers des filières supérieures scientifiques) ;
•
conscience insuffisante des enjeux sociétaux, environnementaux et économiques (faiblesse que la relégation accentue)…
23
Exemple : exiger de l’enseignement de résoudre des choix organisationnels de production (production/gestion en flux tendu et l’appel à une main d’œuvre d’appoint – précarisée – lors des pics de production).
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Le dernier rapport de l’Inspection de l’enseignement obligatoire de la FWB relève à ces propos divers problèmes : manque de continuité des apprentissages entre le primaire et le secondaire, entre les degrés du secondaire et entre la 3e et la 4e secondaire (en raison de l’organisation de la formation initiale des enseignants), manque d’ancrage d’apprentissage dans la vie des élèves (ce qui fonde pourtant le sens de l’apprentissage et participe à la motivation à apprendre)…
2.6
Sur plusieurs tableaux, des témoins « rouges » clignotent
Ainsi, sur divers tableaux, les perspectives ne sont pas bonnes. 2.6.1
Tel qu’organisé, le système scolaire produit l’échec
Globalement, l’échec du système scolaire à amener chaque jeune à réussir le CESS est criant, ce qui est coûteux pour la collectivité à court et long termes : parmi les jeunes sans qualification, moins d’un tiers est à l’emploi et plus de deux tiers s’enlisent dans le chômage pour une longue durée et un nombre élevé de jeunes connaissent l’échec en première année du supérieur. Le nombre d’enseignants qui quittent l’enseignement est particulièrement élevé. Il n’y a place ni pour le fatalisme, ni pour la perte de temps. L’étude « Les clés de réussite des systèmes scolaires les plus performants » relève que dans les pays ou les régions où la formation initiale des enseignants a été revue et son niveau d’exigence élevé, l’amélioration des performances des élèves aux tests PISA est réelle en seulement 5 ans. Cette étude date de 2007. Dans le système scolaire actuel, ce sont d’abord les enfants des travailleurs (avec ou sans emploi) et des plus fragilisés de notre société qui sont mis en difficulté. Le milieu familial n’a pas la capacité suffisante (en termes de disponibilité, de connaissances) d’apporter aux enfants la compréhension des trajectoires de réussite dans le système scolaire, de les assister dans l’étude et les devoirs, de les aider à saisir un savoir incompris… Ce sont d’abord ces enfants qui décrochent, sont relégués voire abandonnent. C’est en cela que le système scolaire en FWB reproduit voire aggrave les inégalités sociales. Tout cela est le résultat d’une logique de système. Il est donc impératif et urgent de modifier les fondamentaux du système. 2.6.2
La CPU : une vraie fausse bonne idée
On peut douter aujourd’hui de la pertinence et de l’efficacité du projet de Certification Par Unités (CPU), porté par le cabinet de la ministre de l’Enseignement obligatoire, M.-D. Simonet (un projet présenté comme pionnier à l’UE). La CPU permet de certifier la réussite de « morceaux » de formation du 3e degré secondaire qualifiant (5e et 6e années), avec pour effet escompté de motiver les élèves à la réussite par la reconnaissance des réussites partielles, d’organiser une meilleure reconnaissance des parcours de formation entre le secondaire, le Forem et l’IFAPME, et donc d’encourager la poursuite de la formation au-delà de l’obligatoire. Pour cela, la formation est découpée en « morceaux ». Cela implique une réorganisation importante des programmes et des cours, voire de la pédagogie. La question de la place de la formation générale reste posée. L’idée peut sembler généreuse : permettre aux élèves relégués dans le qualifiant et risquant l’échec scolaire ou l’abandon, de quitter l’enseignement obligatoire avec au moins une certification partielle. Toutefois, c’est apporter des solutions coûteuses sur divers plans en aval du problème de la relégation. Avec la CPU, les élèves poussés sur la pente glissante de la relégation (qui est aussi le résultat d’une réussite partielle) se voient aménager des portes de sortie scolaire amorties. Or, la
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relégation est un problème dont il faut se préoccuper en amont. La CPU n’est pas un vrai projet émancipateur, c’est une espèce de rattrapage scolaire édulcoré qui va à l’encontre de la revendication d’un tronc commun pluridisciplinaire jusqu’à la 4e secondaire. En termes d’entrée dans la vie professionnelle, le découpage de la formation en certifications partielles pose en outre les mêmes questions que celles posées lors de la mise en place de la validation des compétences : quels impacts sur les classifications sectorielles ? En termes de poursuite de la formation au Forem, la CPU institutionnaliserait le rôle de « secours » de la formation continue, rôle visant à pallier les insuffisances d’un système scolaire reléguant.
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3
MODIFIER LES FONDAMENTAUX DU SYSTÈME SCOLAIRE ET METTRE EN PHASE LES QUALIFICATIONS AVEC LES BESOINS SOCIOÉCONOMIQUES – POSITIONS
Comme le BIW le constatait en 200824, la FWB est construite dans un carcan financier et institutionnel. Et le système scolaire se trouve en outre dans un carcan institutionnel de réseaux et un carcan structurel de triage (système de relégation organisée), l’un et l’autre étant liés et empêchant une réelle émancipation sociale, dont professionnelle. Or, la nécessité de poursuivre le redéploiement économique wallon frappé dans son élan par la crise financière et par les impacts budgétaires de la réforme institutionnelle, requièrent et des adaptations immédiates et des choix immédiats afin que leurs effets soient porteurs d’ici moins de 10 ans. Réformer le système scolaire n’est plus seulement un impératif égalitaire et émancipateur, c’est aussi un incontournable budgétaire et socioéconomique en fonction de la réforme institutionnelle et ses impacts budgétaires nous mettent au pied du mur. Les faits récents confirment nos positions de Congrès relatives à l’enseignement et, malheureusement, nous montrent que la situation se détériore. Rapprocher intelligemment les politiques économique et sociale de celle de l’enseignement (tout en garantissant son indépendance) est une urgence sur trois axes interdépendants : 1. Tronc commun pluridisciplinaire jusqu’à la 4e secondaire Une meilleure adaptation de l’enseignement aux besoins socioéconomiques n’est pas contradictoire avec l’émancipation sociale, pour autant que la formation générale soit revue et prenne la forme d’un tronc commun pluridisciplinaire25 défini pour tous comme un seuil minimal plus élevé à atteindre. Les enjeux sociétaux, les prérequis sociaux et les besoins économiques nécessitent une formation générale plus poussée pour permettre à tous les jeunes de comprendre la société, le monde et de le faire évoluer. Rappelons ici une des propositions émanant d’une étude dans le secteur logistique : proposer dès le 2e cycle de l’enseignement secondaire, des filières qualifiantes courtes dans le domaine logistique afin d’apporter un bagage technique suffisant à des jeunes qui ne termineront pas leurs humanités, pour s’insérer dans des emplois liés aux activités de transbordement. Inadmissible. Si, après une évaluation en profondeur de l’initiative, la CPU devait être maintenue, elle doit en tout cas être limitée au 3e degré du secondaire qualifiant. Notons que la révision de la formation initiale des enseignants devrait participer grandement à limiter le décrochage scolaire. 2. Réseau unique, public et pluraliste La structuration du système scolaire en réseaux multiples, fonctionnant selon une logique marchande (de concurrence et d’ententes sur la répartition des budgets publics) est nuisible. Les initiatives interréseaux (qui encouragent la collaboration entre réseaux) ne sont pas concluantes. On peut douter qu’elles le soient à l’avenir.
24 25
IW/08/NB-P.02 « Pourquoi et comment il faut régionaliser l’enseignement », 29 mai 2008. Le tronc commun pluridisciplinaire n’est pas l’actuel « général » qui serait imposé à tous.
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Le politique doit dès aujourd’hui s’atteler à construire un réseau unique, public et pluraliste (c’est-àdire respectueux des convictions philosophiques démocratiques et garant d’un enseignement nonmarchandisé) de manière intelligente telle que les nombreuses barrières existantes pourront être surmontées et que des économies d’échelle puissent être effectuées. 3. Cohérence institutionnelle La structure et les écueils institutionnels sont tels qu’une collaboration entre FWB et RW ne peut répondre adéquatement et surtout rapidement aux enjeux économiques de la Wallonie. C’est pourquoi la FGTB wallonne revendique le transfert des compétences de l’enseignement obligatoire et supérieur universitaire et non universitaire à la RW, enseignement de promotion sociale compris. En effet, la recherche fondamentale (davantage développée dans les universités) devrait rester une compétence de la FWB, c’est-à-dire au sein du FNRS et en partie de l’ARES26, structure faîtière des 5 Pôles tels que proposés dans la note du Ministre Marcourt (la note IW/12/NB.33 sur la réforme du paysage de l’enseignement supérieur suivra). La régionalisation de l’enseignement obligatoire doit être conjuguée à une gestion locale de l’offre de formation. Le projet « bassins de vie », dans sa dimension Emploi-FormationEnseignement, devrait permettre la mise en place de lieux intéressants et efficaces offrant une vue de toutes filières de formation organisées sur un territoire et permettant justement d’établir le lien avec les besoins en compétences/qualifications et les besoins du redéploiement économique wallon. Dans la foulée de la réflexion et des positions prises en 2008 par le BIW, cette régionalisation doit maintenir un « chapeau bi-régional » assurant l’unicité et la mobilité des enseignants et des étudiants entre les Régions. Pour rappel, cette coupole bi-régionale serait compétente pour : • • • • •
les questions statutaires et/ou de nature à maintenir l’égalité de traitement ; les questions barémiques ; le subventionnement vers les Régions ; les normes (tronc commun, diplômation…) ; les profils métiers et les profils de formation (le « Service francophone des Métiers et des Qualifications »).
Les Régions resteraient ou deviendraient, elles, compétentes : • • • • • • • •
en tant que pouvoir organisateur de l’ex-réseau de la Communauté française ; pour la gestion du subventionnement des pouvoirs organisateurs communaux, provinciaux et libres ; pour la tutelle de contrôle des pouvoirs organisateurs subventionnés ; pour l’offre d’enseignement, la programmation ; pour l’équipement ; pour la gestion des bâtiments scolaires (en ce compris leur propriété !) ; pour les transports scolaires ; pour la recherche appliquée.
Sans négliger les leçons du passé, il est l’heure de faire table rase.
26
ARES : Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur.
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Annexe – Références documentaires •
20 ans d’évolution de l’emploi et des secteurs d’activités en Wallonie, Le Forem, 2009.
•
Attitudes et pratiques à l’égard des GRH dans l’écosystème de l’énergie et l’environnement en Région wallonne, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2003.
•
Attitudes et pratiques à l’égard des GRH dans l’écosystème de l’industrie chimique et pharmaceutique, en Région wallonne, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2004.
•
Attitudes et pratiques à l’égard des GRH dans l’écosystème de la construction en Région wallonne, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2006.
•
Attitudes et pratiques à l’égard des GRH dans l’écosystème des secteurs verts en Wallonie, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2008.
•
Attitudes et pratiques à l’égard des GRH dans l’écosystème des TIC en Région wallonne, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2005-2006
•
Attitudes et pratiques à l’égard des GRH dans l’écosystème du transport et de la logistique en Région wallonne, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2002
•
Horizon emploi, Le Forem (2010).
•
Jobfocus, Le Forem (Fiches métiers 2010, Liste 2012).
•
L’enseignement secondaire en alternance dans la FWB, enquête statistique 2011, CCG.
•
La GRH dans le secteur de l’industrie agroalimentaire en Région wallonne, Le Forem et l’Institut Survey & Action, 2003.
•
Le système d’innovation en Wallonie, Working paper, Bureau fédéral du plan, 2012.
•
Les Clés du succès des systèmes scolaires les plus performants, McKinsey&Company, 2007.
•
Rapport établi par le Service général de l’Inspection au terme de l’année scolaire 2010-2011, Administration générale de l’enseignement et de la recherche scientifique, Service général de l’Inspection, FWB, 2011.
•
Statistiques Communauté française, Volume II, 2008-2009, Etnic, 2011.
•
Verdissement de l’économie, impact sur l’emploi, les métiers et la formation dans quelques secteurs, Le Forem (SD – 2011 ?).
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