Villes et Pays d’Art et d’Histoire Albertville
conter Conflans
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Il était une fois Conflans... L'histoire de Conflans est intimement liée à celle du site où s'est développée la cité. Ce site est remarquable à plus d'un titre : en effet, il contrôle l'accès à la vallée de la Tarentaise qui mène au Val d'Aoste et à la plaine du Pô, via le col du petit Saint Bernard, l’entrée du Beaufortain et l’accès au Val d'Arly qui conduit à Chamonix et à Genève. Il domine également la Combe de Savoie vers Chambéry, Grenoble et la Vallée du Rhône. Economiquement et politiquement, ce site fut donc très tôt convoité. De plus, il domine de soixante mètres la confluence de l'Isère et de l'Arly, ce qui était intéressant pour la prévention des risques d’inondation et la sécurité militaire. Il est probable que l'occupation du site de Conflans remonte à la fin de l'âge de bronze, soit au VIIIème siècle avant notre ère. Il faut cependant attendre l'époque romaine pour en attester vraiment : situé sur la grande voie romaine reliant Milan à Lyon et à Vienne, c'est dans ses environs immédiats que devait se trouver le poste Ad-Publicanos, où les douaniers percevaient le quarantième des Gaules, une taxe de 2,5% sur la valeur des marchandises en transit. C'est encore dans un environnement proche que se trouvait le domaine de la villa gallo-romaine de Gilly-sur-Isère. La période troublée de la fin de l'empire romain, avec notamment les invasions burgondes, renforce le rôle stratégique de Conflans : dès le Xème siècle, un castrum aujourd'hui disparu servait de résidence aux seigneurs de Conflans, cité codirigée avec l'archevêque de Tarentaise. Très vite, les comtes de Savoie se sont intéressés à ce site qui contrôlait l'accès à la Tarentaise et au Beaufortain. Leurs prétentions se heurtèrent alors à la volonté des archevêques, et les frictions durèrent jusqu'au milieu du XIIIème siècle. p.3
Entre temps, les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem avaient créé, à la fin du XIIème siècle, un établissement hospitalier pour recevoir pèlerins et voyageurs, devenu en quelques années un vrai village : l'Hôpital. Situé face à Conflans sur la rive opposée de l'Arly, ce bourg est érigé en ville franche par les comtes de Savoie en 1287. A Conflans, la mainmise des comtes de Savoie ne cesse de progresser : un marché hebdomadaire est créé le samedi, et trois foires annuelles instituées. Heureuse initiative qui va permettre à Conflans de devenir un véritable centre pour le commerce régional, recevant parfois jusqu'à 1500 personnes sur sa grande place où prospèrent cabaretiers et commerçants. Afin de se protéger des convoitises des pillards et des soldats, une muraille est érigée autour de la cité, avec seulement deux entrées possibles : la Porte de Savoie et la Porte Tarine. Si les progrès de l'artillerie rendent vite cette enceinte peu utile, elle met Conflans à l'abri des grandes épidémies et facilite l'organisation des foires et marchés. Porte du Château Rouge
A partir du XIVème siècle, la prospérité s'empare de la cité et les témoins matériels sont encore là pour évoquer cette période : la Maison Rouge toute de briques vêtue comme le souhaitait son commanditaire Pierre Voisin, ou encore le Château Rouge édifié pour André de Belletruche, sans oublier le Château Manuel de Locatel. Etre bourgeois de Conflans devient alors une référence : l'enrichissement permet aux enfants ou petits-enfants d'envisager une carrière à Chambéry, voire au Sénat, à l'image d'Oger Morizet promu évêque d'Aoste en 1411. p.4
Les XVIIème et XVIIIème siècles sont eux aussi marqués par cette prospérité qui ne se dément pas, malgré les guerres et les dangers qui menacent les Etats de Savoie coincés entre le royaume de France, Genève et les Etats Italiens sous influence espagnole. Conflans est marqué par le grand mouvement de renaissance catholique qui suit les temps troublés de la Réforme : les Capucins installent un couvent en 1626, bientôt suivis par les Bernardines qui s'installent sur la Grande Place dans l'ancienne maison forte (actuel C.I.S.) à laquelle elles adjoignent la Maison Rouge. L'Eglise paroissiale fait elle aussi l'objet de nombreuses attentions : à partir de 1701, elle est en grande partie reconstruite. A l'austérité de la façade extérieure répond l'ornementation intérieure représentative de l'esprit baroque : le retable du maître-autel ou la chaire en noyer, sculptée par Jacques Clérant en 1718.
Château Manuel de Locatel
De leur côté, les artisans en profitent pour refaire les banches de leurs boutiques, protéger leurs biens par des volets armés, aménager des fenêtres à meneaux ou encore réparer les escaliers à vis qui desservent les étages. Certains marchands et artisans enrichis s'engagent dans une politique de donation : Antoine Revin donne à la Paroisse en 1650 une grande croix d'argent ornée de pierres ; Jehan Maillet fait don d'une importante somme d'argent à la Confrérie des Pénitents Blancs de Conflans ; Philibert Rosset finance une grande partie des travaux de reconstruction de l'église paroissiale. p.5
Les autorités de la cité ne sont pas en reste et décident de remplacer les deux bassins de bois par des fontaines en pierre taillée : celle de la porte de Savoie est commandée à un maître tailleur de pierre de la Val Sesia (1711) et celle de la Grande Place est réalisée en 1753 selon les plans de l'ingénieur piémontais François-Antoine Garella. A partir du milieu du XVIIIème siècle commencent les travaux de l'endiguement de l'Arly et de l'Isère. Jusqu'alors la plaine était une zone humide et marécageuse, sans cesse menacée par les inondations. Grâce aux nouvelles digues, l'Hôpital connaît un développement certain : en 1750, ce sont les Salines Royales qui s'installent dans la Plaine de Conflans, reconverties en 1804 en Fonderie Royale. Mais surtout la route n'est plus obligée de passer par Conflans : marchandises et voyageurs peuvent désormais contourner la cité en empruntant la toute nouvelle route provinciale, sans craindre les divagations des rivières. L'activité comBlason de la Ville d’Albertville merciale diminue surtout après la création en 1836 par le Roi Charles Albert, d'Albertville, union des deux entités urbaines qu'étaient Conflans et l'Hôpital. Cet engourdissement, qui devait durer jusque dans les années mille neuf cent trente, eut l'avantage de faciliter la sauvegarde d'un patrimoine architectural et urbain des plus intéressants.
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Nous vous proposons à présent, avec ces quelques pages, de rentrer dans l’Histoire…
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Conception graphique : Atelier Pierre de Lune
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1- Accueil des guides conférenciers, ouvert tous les jours d’avril à septembre
Le clos des Capucins sert de couvent de 1626 à 1793. Puis, il accueille soldats français (1793 – 1806) et collégiens (collège royal de 1806 à 1839). Les Capucins retrouvent leur couvent de 1849 à 1903, date à laquelle l’édifice est abandonné. Les bâtiments achetés par la ville sont occupés par un atelier militaire de chaussures puis par des colonies de vacances. Après 1940, un centre d'apprentissage s'installe. Il devient Collège d'Enseignement Technique et enfin Lycée Professionnel. Suite à la fermeture du Lycée, la ville souhaite réhabiliter le site. Pour l’accueil des visiteurs de la Cité de Conflans, parking, local des guides et escalier ont été aménagés. 2- La porte de Savoie et la Tour Ramus, XVe siècle. Cette entrée nommée aujourd’hui porte de Savoie rappelle l’aspect militaire, ou plutôt défensif, que la cité a dû prendre au fil des siècles contre différents ennemis dont la France. Rappelons que le Duché de Savoie, constitué au XIème siècle n'a été définitivement rattaché à la France qu'en 1860, dans sa partie occidentale, à savoir les départements de Savoie et de Haute-Savoie actuels. Vestige d’une enceinte de la fin du XIVème siècle, la porte est aujourd’hui surmontée d’un blason sculpté dans le marbre représentant les armes de la cité de Conflans. Porte de Savoie
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La Maison Ramus date du début du XVème siècle. En 1432, elle appartient à Antoine de Sallenôve. Au XVIIIème siècle, elle est la propriété de la Famille Ramus qui lui donne son nom. La tour loge simplement l’escalier à vis permettant la distribution verticale des appartements. A droite une ruelle vous mène à la place de la petite roche. La roche est omniprésente à Conflans. Faute de fondations, il faut utiliser contreforts, arcs de soutien et tirants pour soulager les façades. Restons sur la rue principale et pénétrons un peu plus dans la Cité.
3- La Fontaine Anselme, 1711 Dessinée et exécutée par le maître tailleur de pierre valsésian Antoine Anselme en 1711, cette fontaine remplace un bachal en bois. Le pilier central est décoré de deux mascarons. Plus qu’une rue principale, la chaussée que vous utilisez en ce moment est en fait l’axe principal de circulation de l’Italie à la France, du Moyen Age au XVIIIème siècle. Ainsi, pèlerins, colporteurs, voyageurs ou militaires pouvaient trouver à Conflans tous les services souhaités.
Fontaine Anselme
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Les enseignes nous rappellent ce riche passé. En 1936, à l’occasion des célébrations du centenaire de la création de la Ville d’Albertville par le Roi Charles Albert, des enseignes sont installées sur les façades des maisons de la rue principale et de la place. N’ayant pas toutes une vérité historique, elles nous indiquent cependant quelques vieux métiers oubliés : bourrelier, herboristes, serrurier…
4- l’Eglise, 1701 Dédiée à Saint Grat et à Notre Dame de l’Assomption, cette église est reconstruite entre 1700 et 1720, après un incendie qui avait ravagé toute une partie de la cité en 1632 dont l’ancienne église. Sur la façade principale on découvre un portail en pierre de taille typique des portails baroques : piliers, chapiteaux toscans, entablement très simple, et surtout : un fronton ouvert. Les trois personnages représentés sont essentiels à la vie de la paroisse : au sommet, Notre Dame de l’Assomption, entourée d’une gloire d’anges ; à gauche, Saint Grat, saint patron de la paroisse depuis 1432, qui protège les récoltes et que l'on fête le 7 septembre ; enfin, Saint Sébastien, qui protège de la peste, épidémie présente en Savoie du XIVème au XVIIème siècle. Cette décoration a été réalisée en 1987. L’ornementation intérieure et le riche mobilier traduisent l’influence baroque qui transforme la Savoie aux XVIIème et XVIIIème siècles. Art au service de l’Eglise catholique, l’art baroque est plus qu’un catéchisme imagé et symbolique, il traduit une attente de l’Eglise et des paroissiens. p.10
Le retable de Claude Antoine Marin, doré à la feuille, est réalisé en 1708. La chaire en noyer est de Jacques Clérant et date de 1718. Aujourd’hui, des décors peints de deux périodes se côtoient dans cette église. Dans le chœur et les piliers attenants, on trouve un décor dans des tons très doux du XVIIIème siècle et dans les nefs, on peut découvrir un décor du XIXème siècle. A l’extérieur, derrière l’église, un texte, gravé dans le rocher rappelle l’édification de ce lieu de culte.
5- La fontaine de la Grande Place, 1753 Ingénieur piémontais de passage à Conflans dans le cadre d’une étude pour le futur endiguement de l’Isère, François-Antoine Garella dessine une fontaine aux influences baroques pour la grande place de Conflans. A noter le système d’attache à chaud de la fontaine.
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6- La Maison Rouge, 1397 Seule demeure construite entièrement en briques, elle est édifiée pour Pierre Voisin, secrétaire du Comte Amédée VI de Savoie, à la fin du XIVème siècle. Elle apporte dans la Cité médiévale une note nouvelle qui annonce la fin du Moyen Age. La brique permet une plus grande originalité dans les formes des baies : fenêtres géminées, arcs trilobés, colonnettes, arcs brisés, décor saillant en dents de scie. La brique fait le décor et donne le ton : rouge bien sûr ! Après avoir été durant plusieurs siècles une demeure seigneuriale, la Maison Rouge est occupée par les Bernardines, puis fait office successivement de caserne, de colonie de vacances, et d'hospice. Enfin, en 1936, elle devient un des premiers musées régionaux. Aujourd’hui labellisé Musée de France il permet de découvrir à travers des œuvres d’art et des objets ethnographiques la vie des gens d’ici et de là haut.
Maison Rouge
7- Le Château Rouge, 1390 André de Belletruche, trésorier du Comte Vert est lui aussi séduit par l’architecture du Nord de l’Italie, tout comme Pierre Voisin. Il fait construire le château rouge qui ayant fort souffert des années passées, retrouve peu à peu, grâce à la Ville d’Albertville son charme d’antan. p.12
8- La Porte Tarine, 1381 Défendant Conflans côté Tarentaise, la porte conserve son architecture de briques et de schiste. Plusieurs archères, témoin du système défensif, sont encore visibles. L’enceinte entourant Conflans fait près de 2,5 km et il a fallu dix sept ans aux conflarains pour la construire, à la fin du XIVème siècle.
9- La Tour Sarrasine, fin XIème - début XIIème siècle. Cette tour carrée est le monument le plus représentatif du Moyen Age et le seul témoin du Château de la Cour qui s’étendait autrefois sur l’espace de ce jardin public. Les ruines du Château de la Cour sont entièrement évacuées par les Bernardines qui achètent ce lieu au XVIIIème siècle pour le transformer en jardin potager. Elles plantent des vignes qui sont toujours présentes. Les Bernardines, ordre de religieuses réformé par la Mère de Ballon, sous l’influence de St François de Sales, s’installent au XVIIème siècle dans la Cité de Conflans. Elles achètent une petite maison rue du Sénat. Vite à l’étroit, elles font l’acquisition de la maison forte, de la Maison Rouge, et enfin des jardins. Seule la Tour est conservée, certainement utilisée comme remise. Les portes du rez de chaussée et du premier étage ont été percées au XVème siècle.
Porte tarine
Tour Sarrasine
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10- Château Manuel de Locatel, 1579 - 1583 En contre bas du jardin de la Tour Sarrasine, on aperçoit le Château avec son corps de logis principal, encadré de trois tours carrées. Construit par Jean Antoine de Locatel, noble marchand originaire de Bergame, en Italie, le Château est remanié au fil des siècles. Le plafond peint du XVIIème siècle, ornant la grande salle, se compose en partie de médaillons représentant des environs de Conflans. Du jardin de la Tour Sarrasine, c’est tout Albertville qui en un regard s’offre à vous. Ville rue entre coteaux et rivières, Albertville voit décupler sa population entre le XVIIIème siècle et le XIXème siècle. Petite ville de 19 000 habitants, sous préfecture, elle devient mondialement connue en accueillant en février 1992, les XVIe Jeux olympiques d’hiver. Elle s’équipe alors d’un ensemble culturel et sportif qui peut nous faire dire aujourd’hui : Albertville : une petite ville qui a tout d’une grande ! … La Montagne en plus.
La Cité de Conflans est un site exceptionnel et unique en Savoie. Découvrez ce dernier accompagné d’un guide conférencier agréé par le Ministère de la Culture et de la Communication.
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Albertville appartient au réseau national des Villes et Pays d’Art et d’Histoire Le ministère de la Culture et de la Communication, direction de l’Architecture et du Patrimoine, attribue l’appellation Villes et Pays d’Art et d’Histoire aux collectivités locales qui animent leur patrimoine. Il garantit la compétence des guides-conférenciers et des animateurs du patrimoine et la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à l’architecture du XXe siècle, les villes et pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujourd’hui, un réseau de plus de 130 villes et pays vous offre son savoir-faire sur toute la France.
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