Sciences, société et partage de l’expertise : un sujet européen ?
Science, society and shared expertise: a European issue? Yves Charpak (1) Résumé : Le programme MML de l’Union Européenne a financé ces dernières années de nombreux projets de rapprochement de la science et des scientifiques avec d’autres acteurs de la société civile. Il s’agissait de répondre aux inquiétudes de la société sur les enjeux de la production scientifique, de limiter les incompréhensions entre les experts scientifiques et la société, en particulier en situation de crise pendant lesquelles des décisions à fort impact sociétal sont prises sur la base de résultats scientifiques. D’autres organisations internationales et d’autres initiatives vont dans le même sens. Mais dans le même temps les sources d’information et de diffusion de la connaissance s’étendent et se diversifient, faisant largement appel aux outils électroniques. L’information dite scientifique est de plus en plus disponible, mais aussi paradoxalement de plus en plus compétitive et critiquée voire « manipulée ». Les enjeux de société qui mettent en jeu la science sont aussi de plus en plus nombreux, et la capacité à partager l’expertise scientifique de façon démocratique et consensuelle devient de fait un sujet qui déborde largement les frontières nationales.
Summary: In recent years, the MML action plan has funded many projects designed to bring about a rapprochement between science (and scientists) and other civil society actors. The aim was to respond to social concerns about the various issues raised by science and to close the gap between scientific experts and society, especially during periods of crisis, when decisions that have a profound impact on society are taken on the basis of scientific findings. Other recent international organizations and initiatives have had similar objectives. At the same time, a wide range of sources of information and dissemination have emerged and developed in recent years, based on an extensive use of electronic tools and resources. While scientific information is becoming increasingly available, it has also paradoxically become increasingly subject to competition and criticism, and even ‘manipulation’. A growing number of societal issues and challenges surrounding science have also emerged, and the capacity to share scientific expertise democratically and consensually has become an issue that transcends national boundaries.
Santé publique 2012, volume 24, n° 1, pp. 75-80
Keywords: Scientific information - dissemination of science - scientific expertise - rumors science and social networks - scientific democracy - scientific evidence - factual knowledge scientific crises - scientific issues.
(1) Membre du Bureau de la SFSP. Directeur des Études et de la Prospective – Établissement Français du Sang – 20 avenue du Stade de France – 93218 La Plaine Saint-Denis.
Correspondance : Y. Charpak
Réception : 16/01/2012 - Acceptation : 16/02/2012
OPINIONS & DÉBATS
Mots-clés : Information scientifique - diffusion scientifique - expertise scientifique - rumeurs réseaux sociaux et science - médias - démocratie scientifique - évidence scientifique connaissance factuelle - crises scientifiques - enjeux des sciences.
Y. CHARPAK
La Direction Générale de la Recherche de la Commission Européenne (DG Recherche), à travers un programme connu sous le nom de « MML », pour « Mobilising and Mutual Learning » [1], finance depuis plusieurs années des projets visant à rapprocher les acteurs de l’expertise scientifique et leurs institutions, des acteurs de la société civile concernés par la production de science et son utilisation dans la société. Ce programme s’est inscrit dans le 7e programme cadre de recherche de l’Union Européenne (7e PCRD), et les projets sont évalués comme d’autres projets de recherche par des panels d’experts scientifiques venant de toute l’Europe, dont l’auteur de cette communication. Le programme MML a financé chaque année à hauteur de 12 millions d’euros environ des expériences de collaborations entre des partenaires aussi divers que des ONG, des Musées, des boutiques des sciences, des médias, des universités, des organismes de recherche, des académies de sciences et des décideurs de villes et autorités locales, régionales ou nationales. Chacun des projets correspond à des « challenges » de société dans lesquels la science et la technologie sont concernées. Il s’agit de créer les conditions d’échanges et de « compréhension mutuelle » pour envisager des solutions communes qui soient « acceptables » par tous. Clairement, si les projets étaient tous prometteurs, certains seulement ont produit des résultats tangibles, mais ils en sont malheureusement restés le plus souvent au stade de projets expérimentaux. Il n’en est pas résulté un « schéma » idéal, un mode d’emploi d’un dialogue maitrisé et mature entre sciences et société, au point que les pays membres ne sont pas très dynamique pour maintenir un tel programme. Mais pourtant le problème est réel. L’interface entre les scientifiques et la société est régulièrement mise en avant comme un problème majeur, en particulier lors de crises sanitaires par exemple. Un rapport de la même direction de la DG recherche autour de la crise H1N1, dont l’auteur était rapporteur, illustre certaines des lacunes et insuffisances en ce domaine [2]. En effet cette crise s’est illustrée d’une part par une insuffisante mobilisation des sciences, en ne sollicitant qu’une fraction très spécialisée de la connaissance (la microbiologie essentiellement), mais aussi par une faible réactivité aux signaux d’incompréhension et de rejet de la société, certains « naïfs » mais légitimes, et d’autres très construits sur les peurs, les rumeurs et le refus de la connaissance scientifique. Ce manque d’interface opérationnelle à l’origine d’incompréhensions a suscité une préoccupation internationale. Ainsi, l’OECD, organisme international basé à Paris et qui regroupe les pays les plus riches du monde, a aussi dans sa direction de la science, de la technologie et de l’industrie, un programme pour l’amélioration du dialogue entre science et société [3]. Les scientifiques eux-mêmes se plaignent souvent de ce que le reste de la société ne les écoute pas, n’a pas confiance en eux. Mais en disant ça ils font « l’impasse » sur le quotidien de leurs propres échanges au sein de leur milieu scientifique, les incompréhensions, les critiques, voire souvent les difficultés à s’écouter et se parler entre eux, en particulier d’un pays à l’autre, même au sein d’une discipline commune. La difficulté est encore plus marquée entre scientifiques de disciplines différentes.
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Bien sûr, ces difficultés sont pour une bonne part liées à l’incroyable richesse de la production scientifique, sa dynamique en progression exponentielle. Quelques chiffres donnent le vertige : D’après l’UNESCO [4], il y a plus de 7 millions de chercheurs dans le monde, dont 2,7 millions dans les pays en développement. Il y a presque 5 000 revues biomédicales, avec plus de 15 millions de références depuis 1960 dans Medline. Le Site « Clinical trials.gov » référence plus de 120 000 essais cliniques aux USA et dans 172 pays [5]. Le site MedlinePlus destiné au grand public donne des informations scientifiques sur plus de 700 maladies répertoriées [6], et en France, la BDSP affiche depuis 1978 plus de 400 000 « notices » sur des documents existants, le texte intégral de 53 000 documents et offre un annuaire de 600 sites médicaux [7]… Qui peut prétendre et quelle institution est capable de tout comprendre, de tout assimiler, d’avoir la « hauteur de vue » qui permettrait d’intégrer, de synthétiser, de transformer cette information en « vérité » pour l’action, en conseils indiscutables pour les décideurs, en pédagogie pour les citoyens éclairés ? Le bureau de l’OMS pour l’Europe, dans les années 2000, a sollicité des scientifiques de haut niveau, spécialistes des « évidences » et de la « santé factuelle », pour conseiller les programmes dans le sens de la meilleure intégration de la connaissance scientifique dans les recommandations et conseils aux décideurs. Le groupe de travail, piloté par l’auteur, s’est concentré très vite sur la question du contexte d’utilisation des connaissances, de la non universalité des « évidences » dès lors qu’il s’agit de mettre en œuvre. L’importance de convaincre, de répondre à des questions locales a été au centre des discussions, parfois à la surprise même des intéressés : beaucoup ont découvert alors que leurs définitions et certitudes étaient remises en cause par les autres, pourtant « experts » reconnus aussi. Dès lors il était clair que l’utilisation possible de la science pour « agir » apparaissait comme totalement dépendante du contexte de son application, et forcément en interaction forte avec la société civile au sens large, nécessitant un nouveau champ de recherche : le contexte de mise en œuvre, la société au sens large et ses besoins [8]. Cette réflexion a conduit à proposer de se concentrer sur les questions des décideurs et de reconstruire l’évidence, la connaissance factuelle, autour de la réponse à ces questions. Un programme dédié à cette production a été financé, le « Health Evidence network ou HEN », qui existe toujours au bureau de l’OMS pour l’Europe [9] mais peine à trouver ses marques en terme de diffusion et de reconnaissance. Mais tous ces mécanismes d’information, de promotion d’une science digérée, sont assez débordés par les outils de diffusion et de communication, car l’information est aujourd’hui simultanément publiée dans les revues scientifiques et dans les médias : – Ainsi, dans le domaine actuel de l’auteur, la transfusion sanguine, la publication récente d’un travail scientifique de haut niveau a montré qu’on peut produire expérimentalement des Globules Rouges à partir de cellules souches d’un donneur, et les lui réinjecter. Simultanément, la presse grand public s’en est fait l’écho pendant quelques semaines pour annoncer que l’on pouvait ainsi produire du sang artificiellement et se passer enfin des dons de sang… Mini crise immédiate dans le système
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de la transfusion sanguine, car il a fallu réagir, communiquer pour rappeler aux donneurs potentiels qu’il y a toujours besoin d’eux, que notre quotidien dépend encore de leur générosité. Exemple d’expertise « difficile à partager » entre scientifiques et société sur l’importance des enjeux et des impacts. – Autre exemple, Le magazine Nature, journal scientifique renommé mondialement et donc immédiatement relayé, a publié une annonce de chercheurs d’un prestigieux centre de virologie du NIH aux USA, en mars 2011, annonçant que les gouvernements, tout juste sorti de la crise H1N1 et pas si bien que ça, devraient vite se préparer à vacciner contre le virus H2N2 [10] qui pourrait être la source de la prochaine pandémie de grippe… Que l’expertise soit bonne ou mauvaise, son partage et sa diffusion posent problème clairement : d’ailleurs, feu de paille, on n’en parlait plus 6 mois après pour lancer la campagne de vaccination habituelle. Qui s’étonnera alors de l’éloignement d’une partie de la société de ses instances scientifiques « officielles », des experts reconnus par les organismes de recherche, pour s’aventurer dans des sentiers parallèles plus rassurants, plus accessibles, ouverts largement aujourd’hui par les réseau sociaux électroniques : ainsi, sur un forum de « Doctissimo », site WEB d’information médical parmi les plus consultés en France, on peut lire [11] « Salut les filles, j’ai lu sur un site scientifique que d’après des études récentes les femmes enceintes de garçons mangeraient 30 % de plus que celles enceintes de filles… à cause de la testostérone de l’embryon puis du fœtus mâle, on aurait des besoins alimentaires plus importants ! ”. Peut importe l’information, elle est pertinente car elle s’insère dans des préoccupations réelles et sont directement « applicables ». L’expertise scientifique n’est même plus nécessaire dans le circuit.
En effet, on peut se poser la question suivante : quelles informations sont pertinentes pour quels citoyens, et comment sont-elles rendues disponibles aujourd’hui ? Il y a bien sûr les médias traditionnels, la presse grand public et la télévision, à la recherche de scoops. Ensuite, le WEB est une source inépuisable d’information, mais on sait aussi que les sites qui comptent sont ceux qui s’affichent « en premier » lors d’interrogations du WEB. Pour les sujets de Santé Publique, ceux qui préoccupent la SFSP au quotidien, il se trouve que Doctissimo et Wikipédia sont les deux sites dominants en Français, qui sortent systématiquement dans les 10 premiers : pour l’alcool, pour l’obésité, pour le tabac, pour le Sida, pour le suicide, pour le cholestérol, pour l’hypertension… Pourtant il n’y a pas à notre connaissance une « prise de parole », une implication systématiquement recherchée des acteurs reconnus de la santé publique dans ces réseaux. Les informateurs « relais », ceux qui alimentent ces sites sont, comme les experts reconnus, à risque de conflits d’intérêts et de pressions diverses, mais du coup plus
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Mais ne nous risquons pas à jeter l’opprobre sur des sources d’information aujourd’hui essentielles pour les citoyens, largement consultées et pour l’essentiel d’assez bonne qualité : véritable organes d’un partage réel de l’expertise avec la société probablement, mais très peu investis pas les « grands experts », les « chercheurs à la pointe de l’excellence ».
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difficiles à identifier et moins soumis au contrôle de leurs pairs. Ça n’enlève rien au succès des échanges et au fait que c’est là qu’ils ont lieu, là où ils sont attendus… Par ailleurs, les mêmes sites présentent à la fois des informations « formelles », celles de ces informateurs « relais », mais aussi des forums où toutes les opinions et rumeurs ont cours, entre acteurs à tous niveaux de la société civile… Et avec parfois un impact qui altère celui des informations plus « scientifiques ». Ce dernier circuit est bien sûr celui que vont aussi utiliser ceux qui instrumentalisent les réseaux sociaux au service d’intérêts qui sont parfois loin de l’intérêt public, et en particuliers des organisations comme les sectes, et certains groupes d’activistes, qui quelle que soit la légitimité de leurs critiques et interrogations, n’hésitent pas à « désinformer » au nom de leur cause et à faire circuler de la « rumeur ». Les groupes anti vaccins ont ainsi concentré largement leurs efforts en ce sens lors de la grippe H1N1 en 2009. On pouvait lire ainsi sur un site concerné et prônant officiellement la défense des animaux [12] : « À long terme, les vaccins, en stimulant artificiellement le système immunitaire, ouvrent la porte aux maladies dégénératives, chroniques ou autoimmunes. Les vaccins découlent directement de l'expérimentation animale, puisqu'en plus de contenir des sous-produits de l'abattoir, ils sont par la suite systématiquement testés sur des animaux (…). Aucun laboratoire ne peut garantir l'asepsie des cellules animales servant à la culture vaccinale ». Si le questionnement sur la protection des animaux et les inquiétudes sur l’efficacité et l’innocuité des vaccins sont bien légitimes, les informations sont systématiquement biaisées, incomplètes, tout en empruntant le langage scientifique. Il s’agit bien de surfer sur les peurs légitimes de la société. Comment aujourd’hui répondre efficacement aux espoirs, attentes, inquiétudes et questions légitimes de la société envers la production scientifique dans un format adapté. C’est-à-dire pas seulement une mise en forme pour un transfert condescendant de ceux qui savent vers les profanes, simple promotion de la science à visée éducative unidirectionnelle visant à « faire accepter » les messages. En effet les citoyens sont aujourd’hui directement affectés par la science et la technologie, et les développements scientifiques ne sont pas toujours perçus comme bénéfique. Un exemple récent est celui de la création « de novo » par des chercheurs européens renommés d’un virus mutant du H5N1, le virus aviaire qui tue 50 % des humains atteints, pour lui donner plus de capacité à se diffuser chez l’homme, information jugée très inquiétante pour l’OMS [13]… L’expertise ne devrait-elle pas dans certains domaines se trouver un peu « sous contrôle » de la société ? Des priorités sont aujourd’hui « sur la table » et des « crises » de nature scientifique, des absences et incohérences de l’expertise scientifique sont à attendre au moment des décisions : OGM, Nucléaire et autres énergies, Nanotechnologies, Stockage des déchets, thérapies géniques et tests génétiques, environnement… Ces crises vont interagir avec celles de la religion, de la mondialisation, de(s) l’éthique et la morale, les enjeux industriels et commerciaux… La société, le public en général, peuvent-ils participer à la définition des enjeux, à la production de connaissance et à sa
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compréhension, pour que les solutions soient plus consensuelles qu’imposées, avec les risques de « retour » de bâton que l’on connaît de plus en plus ? Quelle implication de la société dans la programmation de la science, dans le contrôle de sa mise en œuvre, dans la diffusion de ses résultats et la négociation autour de leurs conséquences possibles ? Qui doit alors définir les sujets « qui comptent et qui inquiètent », les priorités de recherche, l’importance de leurs enjeux, ainsi que les moyens à y consacrer ? Bref, comment aller vers une science plus démocratique ? En réponse, des initiatives comme celles du programme MML de l’Union Européenne, celles de l’OMS ou de l’OCDE sont essentielles, mais elles sont de faible impact si le relais n’est pas assuré par les professionnels. Chacune de nos crises récentes montre que l’incompréhension et l’absence de dialogue des acteurs constituent le principal point de friction, et pas tant l’expertise technique elle-même (H1N1, Médicaments, prothèses). Les chercheurs de santé publique devraient relever ce défi qui impose parfois d’être plus « visible », plus partageur des incertitudes et des enjeux, en particulier quant aux actions à mener. Conflit d’intérêt : l’auteur a été expert pour la direction Sciences et Sociétés de la DG Recherche à la Commission Européenne
1. http://ec.europa.eu/research/science-society/index.cfm?fuseaction=public.topic&id=1226 2. Drottz-Sjöberg B-M, & Charpak Y. (2011). Science, H1N1 and society: Towards a more pandemic-resilient society. Final report from the Expert Group on “Science, H1N1 and Society”. Brussels, 15/06/2011. http://ec.europa.eu/research/science-society/document_library/pdf_06/sis-heg-final-report_en.pdf 3. http://www.oecd.org/document/63/0,3746,fr_2649_34319_42899199_1_1_1_1,00.html 4. http://www.unesco.org/new/en/natural-sciences/science-technology/prospective-studies/ unesco-science-report/ 5. http://clinicaltrials.gov/ 6. http://www.nlm.nih.gov/medlineplus/all_healthtopics.html 7. http://www.bdsp.ehesp.fr/ 8. Banta D, European Advisory Committee on Health Research, World Health Organization Regional Office for Europe. Considerations in defining evidence for public health: The European Advisory Committee on Health Research World Health Organization Regional Office for Europe. Int J Technol Assess Health Care 2003;19:559–572 9. http://www.euro.who.int/hen. 10. Gary JN, Chih-Jen W, Julie E. Ledgerwood. Nature, vol 471, 10 March 2011 : 157-8. 11. http://forum.doctissimo.fr/grossesse-bebe/grossesse/scientifique-attend-garcon-sujet_151818_1.htm 12. http://www.ass-ahimsa.net/vaccins4.html 13. http://www.who.int/mediacentre/news/statements/2011/pip_framework_20111229/en/index.html
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BIBLIOGRAPHIE