L ASSURANCE N°2 / 2ème Semestre 2012 - Revue éditée par le Conseil National des Assurances
LA Formation, L’AUTRE CHALLENGE DES ASSUREURS
Métier d’actuaire : M.Boukhetala, L’assurance de personnes membre de CNA, en parle P. 25 gagne en devenir P .32
Risque industriel : la prévention en priorité majeure P. 44
2
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Editorial L’assurance d’une formation Par Abdelhakim Benbouabdellah * La Revue de L’ASSURANCE est une publication du Conseil National des Assurances (CNA), éditée par son Secrétariat Permanent CNA : 01, Rue Aïssa Azzi Dély-Ibrahim, 16302 Alger, Algérie. Tél. : (213) 21 91 90 30 Fax : (213) 21 91 91 51 E-mail :
[email protected] Site Web : www.cna.dz Directeur de la Publication Abdelhakim Benbouabdellah Directeur de la Rédaction Younes Hamidouche Rédacteur en Chef Hamid Rabahi Coordinateur de la Rédaction Farid Sadki Directrice Marketing Djazira Sadi Ahmed Infographe Zakaria Rekab Conception, Réalisation, Impression et Diffusion
APEC communication 58, Rue Fernane Hanafi. Bt H1, N°55. Kouba. Alger. Téléfax: (213) 21 23 49 59 E-mail :
[email protected] Ont collaboré à ce numéro Farid Sadki Yacine Merabet Mohand Ouali Fouad Menacer Massi Badis Ahmed Bouaraba Zakia Aïnouche Samy Belgacem Farid Oumouhend Zoubir Dahmani Les textes publiés et le contenu de cette publication ne représentent pas nécessairement les positions officielles du Conseil National des Assurances. Toute reproduction d’articles ou de photos doit être soumise préalablement à une autorisation. Les articles publiés dans cette revue n’engagent que leurs auteurs. Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés ou remis à la rédaction ne sont pas restitués et ne peuvent faire l’objet de réclamation. Dépôt légal : ISSN : 2253-0096
D
ans un marché où les produits, les marchés et les clients, la technologie et les moyens de production se transforment à la vitesse grand V, la formation continue est un gage essentiel de compétitivité et de pérennité pour toute entreprise. Les connaissances accumulées dans les entreprises, qu’elles soient acquises par la voie de la formation professionnelle continue ou par l’expérimentation, sont devenues des ressources stratégiques et le véritable capital des entreprises. L’idée que la création de valeur repose avant tout sur l’investissement dans la connaissance amène à reconsidérer les conclusions de la théorie financière en matière de gouvernement des entreprises Or les caractéristiques des entreprises de l’économie de la connaissance invitent à revoir cette théorie et mettent au premier plan la nécessité de gérer efficacement les savoirs. En Algérie, comme ailleurs, l’organisation traditionnelle des entreprises en différents secteurs (Administration, Production, Commercial, Juridique, etc.) s’appuie, en partie, sur les différentes sciences auxquelles doit faire appel une société pour pouvoir se développer et prospérer. D’où l’impératif de former continuellement. Car, faudra-t-il le rappeler, les experts définissent les «Sciences de l’Entreprise» comme la somme des savoirs et de toutes les matières (sens intellectuel) et spécialités nécessaires à la vie d’une société et rattachés à l’ensemble de ses secteurs. Ces savoirs et matières doivent nécessairement être maîtrisés par l’entreprise. Car, sans cela, l’entreprise ne peut devenir et rester performante, encore moins prospérer. Actuellement la formation est l´un des piliers fondamentaux du bon déroulement de l´exercice de la fonction. Elle s´inscrit dans le cadre de la réussite des objectifs de l´entreprise ; dans la perspective où nous affrontons une nouvelle ère de développement caractérisée par une multitude de défis économiques et commerciales qu’imposent les phénomènes de la mondialisation, du libre échange, de la libéralisation, de la concurrence, de la compétitivité et du partenariat. Les entreprises dont les produits et services sont moins compétitifs risquent d’être écrasés par celles dotées d’un savoir faire intelligent et offrant des produits et services répondant aux attentes de la clientèle cosmopolite. C’est pourquoi la distribution des produits d’assurance par les compagnies d’assurance et leurs intermédiaires engendre d’importantes responsabilités en matière d’obligation d’information et de protection des clients. C’est justement à ce niveau que l’on peut constater, depuis quelques temps, tout l’intérêt porté à la formation dans le secteur des assurances en Algérie, notamment durant ces toutes dernières années qui ont vu naître, entre autres, des centres de formations internes aux sociétés d’assurance elles-mêmes ainsi de l’Ecole des hautes études en assurances (EHEA) dont la première promotion est fraîchement sortante. Ces efforts sont venus se joindre à ceux déjà fournis dans le cadre des formations assurées par l’Institut algérien des hautes études financières (IAHEF) et par l’Institut supérieur d’assurance et de gestion (INSAG), entre autres. De la formation d’un nombre relativement faible pour le domaine des assurances, il est déjà projeté, rien que pour la seule nouvelle grande Ecole qu’est l’EHEA, d’atteindre le millier de nouveaux diplômé(e)s annuellement… Il est clair, par contre, que sans formation spécialisée pour chacun des maillons du métier d’assurance, espérer un développement rapide et réel reviendrait à attendre un fleurissement de roses dans l’eau de mer, comme le suggère si bien un adage bien de chez-nous… Il est tout aussi clair qu’en sus des formations prodiguées en assurances de dommages et en assurances de personnes -avec toutes les spécificités des unes et des autres-, c’est surtout des mises à niveau pointues de segments d’autres savoirs et connaissances, sur les modes et les outillages nécessaires, qui s’imposent également d’elles-mêmes. C’est se qui se définit par «perfectionnement». Pour être efficace, la formation doit y être martelée, continue et toujours à la pointe des nouveautés en la matière. La réussite d’un secteur économique ne se mesure pas à la sensation de ne pas peser une once. Il s’agit, surtout, de faire du chiffre d’affaires, diront les plus cartésiens. Et pour cela, un secteur orphelin de son vecteur formation ne fera de chiffre que pour moins de l’ancienne unité de masse. Sans formation, point d’amélioration de la prestation ; sans cette dernière, point d’augmentation des souscriptions et, par voie de conséquence, le chiffre d’affaires en pâtit. Si l’économie, selon le keynésianisme, se résume à la finalité de servir l’homme ; l’assurance, elle aussi, ne devrait pas déroger à la règle. Et pour être au service de l’assuré - et du potentiel assurable -, il y a lieu d’investir d’abord et davantage dans la formation. Toute force de vente commence là. Précisément par cela. * Secrétaire du CNA
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
3
SOMMAIRE
Dossier
- Relookage du site www.cna.dz : AssurAl : nouveau portail des assurances en Algérie.....................5 - La formation, l’autre challenge des assureurs.....................................................................................6 - Entretien avec M.Sebti Boughachiche, directeur général de l’EHEA .................................................8 - Zoom sur l’Institut algérien des hautes études financières (IAHEF)..................................................12 - L’INSAG, un partenaire privilégié des compagnies d’assurances ....................................................14 - Trois questions à Abdelali Derrar, directeur général de l’INSAG.......................................................16 - CAAR : «Pour une nouvelle approche en matière de formation»......................................................18 - Trois questions à Farid Latreche, directeur central des ressources humaines à la CAAR...............19 - SAA : «Une politique de formation soutenue et multiforme».............................................................20 - Trois questions à Kaci Aissa, directeur général administratif à la SAA.............................................21 - 2A : La formation pour le développement des techniques de vente..................................................22 - SALAMA Assurances : pour une bonne gouvernance en entreprise.................................................24 - Le Pr. Kamel Boukhetala, spécialiste en formation actuarielle, à la Revue de l’Assurance..............25 - Centre de documentation du CNA : Une bibliothèque dédiée au monde de l’assurance..................28
Publi-reportage
- Assurance Rapatriement de Corps : Une palette de garanties proposées par la SAPS...................30
Acteurs
- L’assurance de personnes gagne en devenir....................................................................................32 - Le Mutualiste se met dans une dynamique de croissance................................................................34 - Entretien avec Mohamed Rafik Benelmouffok, directeur général du Mutualiste ..............................36 - Le contrat de nomination des mandataires est à revoir.....................................................................38 - Les courtiers d’assurance face aux difficultés du marché ................................................................39 - Le FGAS en soupape de sécurité......................................................................................................41
Zoom
- L’assurance agricole, une culture pas tout à fait ancrée...................................................................42 - Risque industriel : La prévention en priorité majeure.........................................................................44 - Entretien avec M. Zaïm Bensaci, président du CNC de la PME/PMI................................................46 - Automobile, bâtiment, ouvrages, risques divers : Gros plan sur l’expertise en assurance................48 - Nécessité d’augmenter le plafond fixé pour la contre-expertise........................................................50
Nouveauté
- Une première en Algérie : Elaboration d’un système CAGEX-Rating...............................................52
Evénement
- Assurance de particuliers, un potentiel sous-exploité........................................................................54 - L’industrie de l’assurance en débat à l’université de Chlef................................................................56 - Zoom sur l’Agence de lutte contre la fraude automobile (ALFA).......................................................59
Focus
- Le ministère des Finances célèbre le cinquantenaire de l’indépendance.........................................60
Conjoncture
- Note de conjoncture : Près de 95,7 milliards de dinars à fin 2012....................................................62
4
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Dossier Relookage du site www.cna.dz
AssurAl : nouveau portail des assurances en Algérie
L
e portail des assurances en Algérie, AssurAl, fait peau neuve ! Ce site web consultable sur www. cna.dz depuis 2008 se pare, dès l’entame de l’année 2013, d’une nouvelle présentation ergonomique mais aussi de contenu. En effet, et en sus de l’attractivité de l’information abondante sectorielle qui s’y trouve, AssurAl se pose en plate-forme interactive incontournable pour tout internaute à la recherche de nouveautés sur le marché algérien des assurances. Plus aéré, le contenu offre ainsi une meilleure lisibilité. Par ailleurs, un rééquilibrage des rubriques permet une navigation plus aisée. Le Plan du site est essentiellement articulé sur quatre grandes rubriques que sont Actualité, Acteurs, Documentation et En savoir plus sur le secteur des assurances en Algérie. Assure-Infos, Evénements et animations, ainsi que Revue de presse résument l’Actualité. CNA, Sociétés d’assurances, Courtiers d’assurance et Courtiers de réassurance, et d’autres Acteurs suivent encore. Réglementation, Travaux du CNA, Publications du secteur et Bibliothèque constituent l’axial de la rubrique Documentation. Et, enfin, pour en savoir plus sur l’assurance et la réassurance en Algérie, l’internaute peut naviguer dans Assurances obligatoires et autres Produits d’assurance. D’autres espaces agrémentent la nouvelle version du portail AssurAl, à l’image de L’assurance et vous et Mot du jour. Dans le premier, sont décortiqués les produits phares alors que dans le second est mis en avant, chaque jour, un mot tiré du Glossaire des termes d’assu-
rance, élaboré par le CNA, espérant ainsi une meilleure uniformisation des concepts
et une connaissance accrue du secteur.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
5
Dossier
420 millions de dinars lui seront consacrés en 2016
La formation, l’autre challenge des assureurs L’ouverture en 1995 du marché national des assurances aux investisseurs privés, et la filialisation (séparation des assurances de personnes des assurances de dommages) rendue effective à partir du 1er juillet 2011, sont des étapes-clés de la relance de l’intérêt porté à la formation, devenue stratégique pour le développement du secteur des assurances. Par Massi Badis
S
elon des chiffres de l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), les dépenses globales de for-
6
mation du secteur des assurances sont en constante évolution. De 160 millions dinars (soit 0,21% du chiffre d’affaires et 1,60% de la masse salariale) en 2009,
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
elles sont passées à 209 millions de dinars (0,25% du CA et 2,10% de la MS) en 2010, puis à 255 millions de dinars (0,29% du CA et 2,15% de la MS), en 2011. Calculées sur les trois dernières années, les dépenses consacrées à la formation du secteur des assurances représentent une moyenne de 0,25% du chiffre d’affaires et 2% de la masse salariale. Certes, sur la période, le secteur des assurances, pris dans son ensemble, satisfait à l’obligation légale qui fixe les dépenses de formation à un minimum de 2% de la masse salariale (1% pour la formation continue et 1% pour l’apprentissage). Toutefois ces dépenses de formation sont considérées plutôt «faibles et ne reflétant pas le potentiel réel du marché».
Dossier De l’avis de M. Derrar Abdelali, directeur général de l’Institut supérieur d’assurances et de gestion (INSAG), cette «faiblesse» des dépenses relatives à la formation constitue un «sérieux frein» au développement du marché national des assurances et à l’exploitation de son réel potentiel. Pour ce spécialiste des assurances, les besoins de formation du marché «sont énormes», constate-t-il, mais, «malheureusement, il n’y a pas une gestion de la formation cohérente avec le développement de l’entreprise». C’est ce qui explique, ajoute M. Derrar, «la faible production» du marché national des assurances qui «génère à peine un milliard de dollars de chiffre d’affaires par an, alors qu’il peut générer au moins dix milliards de dollars par an», estime-t-il. Le potentiel non exploité du marché algérien des assurances constitue une véritable aubaine pour les investisseurs privés nationaux et étrangers en quête d’opportunités d’affaires. Dernier arrivé sur le marché algérien, le groupe français AXA, l’un des leaders mondiaux des assurances, compte faire valoir son savoir-faire pour tirer pleinement profit de ce potentiel inexploité, en témoigne son rapide déploiement. Une présence qui devrait aiguiser davantage la concurrence sur le marché. Pour faire face à leurs nouveaux concurrents, les compagnies publiques d’assurances, jusqu’ici confortablement installées sur le marché ne comptent pas, évidemment, se laisser déloger aussi facilement. Ces dernières années, elles ont multiplié les actions de formation pour accroître leur efficacité et leur compétitivité afin de sauvegarder leurs parts de marché acquises sur une longue période. La CAAR, par exemple, travaille, à une nouvelle approche en matière de formation. Une démarche qui vise à assurer une meilleure visibilité et efficacité à sa politique de formation. Tous ces changements constatés sur le marché vont se traduire en une demande future de formation, souligne l’UAR. Selon les prévisions de cette organisation
représentative du secteur, les dépenses de formation connaîtront une nette évolution dans les prochaines années. Elles passeront de 288 millions de dinars en 2012 à 420 millions de dinars en 2016. La nouvelle Ecole des hautes études en assurances (EHEA), ambitionne de prendre 25% de part de marché, en axant ses prestations sur les formations de cycles long. Créée en 2010 par 14 compagnies membres de l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), l’EHEA-SPA, la nouvelle grande école du secteur, compte mettre à profit la faiblesse de l’offre nationale en matière de formation supérieure en assurances pour s’imposer comme le leader incontesté et incontestable du marché national de la formation dans le domaine des assurances. Les autres établissements de formation qui proposent des formations supérieures dans le domaine des assurances
sont l’INSAG de Ben-Aknoun, l’Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) de Bordj El-Kiffan, l’Institut algérien des hautes études en finances (IAHEF), et enfin l’Institut de financement du développement du Maghreb (IFID) –à Tunis-, créé par l’Algérie et la Tunisie. Ce nombre limité des intervenants sur un marché de la formation en constante évolution, conforte davantage les ambitions de l’Ecole des hautes études en assurances (EHEA), qui nourrit des ambitions à l’international et veut rayonner sur le Maghreb et l’Afrique. Pour atteindre ses objectifs, l’EHEA peut s’appuyer sur l’apport de ses deux partenaires-associés français : l’ENASS, la grande Ecole nationale d’assurances de Paris et l’IFPASS, l’Institut français de formation de la profession d’assurance, et sur son projet de campus d’une capacité de 1.000 étudiants.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
M.B
7
Dossier Entretien avec le directeur général de l’école des hautes études en assurances (EHEA)
M. Sebti Boughachiche
«Faire de l’EHEA une grande école internationale» L’école des hautes études en assurances (EHEA) a pu voir le jour, grâce, entre autres, à la volonté du ministre des Finances, M. Karim Djoudi, et à l’engagement de l’UAR. Pour le moment, l’EHEA dispense des formations diplômantes: le CHEA, les masters, etc. Mais, à l’avenir, elle compte proposer aux entreprises des formations qualifiantes. Les entreprises ont besoin de qualifier et de former des compétences dans un domaine précis. L’école leur sera utile. L’école se donne comme objectif de former des managers qui soient en mesure de maîtriser et de développer les fonctions marketing et commerciales de l’entreprise dans le domaine des assurances. Des managers en mesure de vendre les produits d’assurance et de communiquer autour de ces produits, car, la communication dans le domaine des services, ce n’est pas du tout facile. L’EHEA va former les futurs managers à bien assumer cette fonction. Entretien. Entretien réalisé par Massi Badis Pouvez-vous nous expliquer le contexte dans lequel a été créée l’Ecole des hautes études en assurances ? L’idée de créer une grande école de formation en assurances est un vieux projet de l’Union des assureurs et des réassureurs (UAR), qui remonte à une vingtaine d’an-
8
nées. Ce projet a également été abordé dans le cadre de la coopération entre l’Algérie et l’Union européenne. Il a été ensuite, relancé en mars 2009, à la faveur du règlement du contentieux entre l’Algérie et la France dans le domaine des assurances. L’accord, signé entre M. Karim
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Djoudi, ministre des Finances et Mme Christine Lagarde, alors ministre française de l´Économie, des Finances et de l´Emploi, prévoit une reprise des activités des compagnies françaises d’assurances sur le marché algérien.
Dossier En contrepartie, la partie française s’engage à financer une assistance technique en faveur de l’Algérie en matière de formation aux métiers de l´assurance. Au départ, il était question d’envoyer une vingtaine de cadres du secteur national des assurances en France pour se former, mais l’UAR a souhaité inscrire cette assistance technique dans le cadre de la mise en place d’une école, ici en Algérie. Et, comme le ministère des Finances a prévu dans son plan de modernisation du secteur des finances, la création de plusieurs écoles dont une dédiée aux métiers de l’assurance, M. Karim Djoudi a naturellement appuyé la création de l’Ecole des hautes études en assurances (EHEA) et a encouragé les sociétés d’assurances à s’impliquer, financièrement, dans la réalisation de ce projet. Un projet d’autant plus intéressant qu’il est financé par les sociétés d’assurances elles-mêmes, au nombre de quatorze. Cet ambitieux projet a pu voir le jour, grâce à la volonté du ministre des Finances, M. Karim Djoudi, et à l’engagement de l’UAR. Et en 2010, vous avez lancé la formation de la première promotion… Oui, la première formation a eu lieu à l’ISGP (Institut Supérieur de Gestion et de Planification) de Bordj-El-Kiffan (ex Fort de l’eau) à l’est d’Alger. Une petite structure, englobant une salle de cours, a été mise à notre disposition et on a démarré la formation dans de bonnes conditions. Cette formation, on l’a commencée vers le mois de mars 2010 avec la participation de 19 cadres supérieurs pour une durée de 18 mois. C’est une formation de 3ème cycle, pour l’obtention d’un Certificat de hautes études en assurances (CHEA), un diplôme prestigieux en France. Les compagnies françaises d’assurances, avec l’aide de leur fédération, ont dégagé un budget pour financer cette formation. Ce budget a été affecté à l’ENASS (la grande Ecole nationale d’assurances de Paris) qui elle-même fait partie du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), pour assurer cette formation avec la participation de l’IFPASS (Institut de formation de la profession de l’assurance). Le budget dégagé comprend
plusieurs chapitres dédiés aux experts, à la documentation, etc. Cette formation comprend 12 séminaires (cours), de deux jours chacun, assurés par des experts français de très haut niveau. Et comme le diplôme est co-labellisé, la partie algérienne a pris en charge deux des douze séminaires prévus au programme. C’est, d’ailleurs, moi-même qui ai animé ces deux séminaires. Par ailleurs, les 19 membres de la première promotion de l’Ecole se sont rendus, du 16 au 20 mai, à Paris, pour un séjour d’étude et de découverte du marché français de l’assurance, au cours duquel, ils ont effectué plusieurs visites dans des entreprises et institutions. La sortie de la première promotion est prévue pour quand ? La sortie de la première promotion de diplômés de CHEA est programmée pour le mois de décembre 2012, après les soutenances de mémoires de fin d’études dès le 5 décembre devant un Jury mixte EHEAENASS-IFPASS. C’est un événement qui fera date dans l’histoire de l’Ecole. Nous prévoyons, à l’occasion de la remise des diplômes, d’organiser une grande cérémonie, en février ou en mars 2013, on n’a pas encore arrêté la date exacte. Actuellement, nous sommes en train de préparer la rentrée 2013. Y aura-t-il des nouveautés en 2013 ? Nous entamerons l’année 2013 dans de meilleures conditions, puisque nous disposons à présent de notre propre siège, situé à Dely-Ibrahim, sur les hauteurs d’Alger. Il s’agit d’un immeuble de trois étages appartenant à quatre compagnies publiques (SAA, CAAR, CAAT et la CCR) qui ont bien voulu le mettre à notre disposition, à titre locatif. Nous avons déménagé dans notre nouveau siège en avril 2012, après avoir procédé à quelques travaux de réfection et d’aménagement. Pour le moment, notre nouveau siège nous suffit puisque
nous disposons de trois grandes salles de cours, une par étage, pouvant accueillir chacune jusqu’à 30 étudiants, avec des bureaux mitoyens. Une partie du siège tout à fait suffisante a été affectée à l’administration. En tout, nous pouvons accueillir jusqu’à 90 étudiants à temps plein et en permanence, c’est amplement suffisant au démarrage. Autres nouveautés, nous allons lancer à partir de janvier 2013 deux nouvelles formations : une première promotion de Master management assurance qui accueillera 25 étudiants et une nouvelle promotion CHEA de 20 étudiants, la deuxième après celle lancée en 2010. Les étudiants admis suivront des cours, à raison de cinq jours par mois pendant toute la durée de la formation. Les appels à inscription pour les nouvelles formations ont été lancés en juin 2012, ils s’adressent aux personnels en fonction. Le diplôme de CHEA, c’est 18 mois de formation, (deux ans pour le Master), soit, respectivement, un volume horaire de 200 et 730 heures de cours et de travaux pratiques, en plus de la rédaction d’un mémoire de fin d’études. Une fois la rentrée de janvier effectuée, nous nous attèlerons à préparer une autre rentrée en septembre. Pour cette deuxième rentrée de l’année 2013, on compte reconduire nos deux formations (Master et CHEA) et lancer un troisième Master management assurance destiné aux étudiants hors assurances, titulaires d’une Licence (bac+4), qui veulent rejoindre le secteur des assurances.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
9
Dossier pire de plusieurs programmes dont celui de l’Institut de financement du développement du Maghreb (IFID) créé par les Etats tunisien et algérien en 1981 et qui assure des formations post-Maîtrise dans les domaines de la banque et de l’assurance. Il s’inspire également du programme de notre partenaire l’ENASS. Ceux qui ont travaillé sur ce dossier ont conçu un programme qui tient compte des besoins réels en formation des entreprises du secteur des assurances. Personnellement, je suis très satisfait du travail accompli.
A travers ce nouveau Master, on veut marquer notre volonté de nous ouvrir sur la société et ainsi intéresser les étudiants des autres filières et les amener à rejoindre le métier. Nous aurons donc pour l’année 2013, au total 5 promotions. Deux seront lancées début janvier et trois autres lors de la rentrée de septembre-octobre. L’effectif total sera de 90 étudiants, répartis sur 5 promotions (groupes) de 20 à 25 étudiants chacune. Les candidats à la formation doivent non seulement satisfaire aux critères d’admissibilité, mais également passer devant un Jury d’admission rigoureux. Comment et sur quelle base avez-vous élaboré les formations et leurs contenus ? Nous avons confié la tâche au Conseil pédagogique de l’école, composé de l’ensemble des formateurs, actuellement au nombre de quatorze. Ce sont des professionnels qui exercent dans les compagnies actionnaires. Pourquoi des professionnels du secteur ? Parce que l’université ne dispose pas de formations spécialisées en assurances. C’est pourquoi, nous avons demandé aux compagnies actionnaires de nous proposer nos futurs formateurs qui exerceront dans l’école. Ce sont des
10
cadres diplômés, experts et disposant d’une expérience en matière de formation, puisque les compagnies ont leurs propres centres de formation. Par la suite, les quatorze formateurs que nous avons engagés ont suivi, en 2011, dans notre ancien siège, à l’ISGP, une formation de cinq jours en communication pédagogique assurée par des spécialistes envoyés par l’ENASS, l’Ecole des assurances de Paris, avec laquelle nous sommes liées par une convention de partenariat. Ceci pour le Conseil pédagogique de l’école, qui en plus de nos formateurs, compte également des représentants de l’UAR, du Conseil national des assurances (CNA), du ministère des Finances et enfin des experts en assurances qui ont délégué chacun un représentant. Le Conseil pédagogique a des prérogatives pédagogiques et se réunit régulièrement. Le Conseil pédagogique a chargé quatre de ses membres de définir un projet de programme pour ces formations de CHEA et de Master. Ce projet a été ensuite transmis pour enrichissement et approbation à l’ensemble des compagnies actionnaires qui se sont réunies à deux reprises pour décider du programme à adopter. Ce programme, qui a été avalisé en dernier ressort par le Conseil pédagogique, s’ins-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Quels sont les principaux points de ce programme ? Le master et le CHEA sont des formations complètes qui couvrent toutes les branches et tous les domaines de l’activité des assurances. Elles prennent en charge aussi bien les aspects managériaux que techniques du métier. Nous avons pour objectifs de former des managers qui soient en mesure de maîtriser et de développer les fonctions marketing et commerciales de l’entreprise dans le domaine des assurances. Des managers en mesure de vendre les produits d’assurance et de communiquer autour de ces produits. Les futurs managers issus de l’EHEA doivent également avoir une maîtrise de la fonction technique, c’est-à-dire du produit d’assurance, sa constitution et les aspects juridiques qui l’entourent. C’est ce que nous appelons l’expertise technique dans le domaine des assurances. Nous allons aussi les former à la maîtrise de la fonction management, pour qu’ils soient capables d’organiser et de diriger une équipe, un service et même l’entreprise dans son ensemble. Diriger les assurances, c’est un exercice de haute finance, en termes de placements et de diversification des techniques, des connaissances indispensables pour quiconque voudrait maîtriser la fonction financière. Chacune de ces fonctions se décline en un certain nombre de modules et de matières avec un volume horaire établi, selon l’importance de la fonction. Et c’est sur la base de tous ces paramètres qu’on a élaboré le programme en question. C’est là le résumé des objectifs qu’on s’est fixés pour nos formations.
Dossier Votre premier CHEA a été financé et encadré par votre partenaire français, en sera-t-il de même pour les prochaines formations qui seront lancées à partir de janvier 2013 ? Non, à partir de janvier 2013, nous financerons nos propres formations et l’encadrement sera majoritairement algérien. Mais, nous n’allons pas cesser notre partenariat avec l’ENASS et avec notre deuxième associé, l’Institut français de formation de la profession d’assurance (IFPASS). Ces organismes continueront à être des partenaires très actifs mais pas de la même manière que par le passé. Nous sommes actuellement en discussion avec nos deux associés en vue de la signature, probablement en mars 2013, d’une deuxième convention de partenariat. Mais, on s’est déjà entendu sur les principes de la convention et de leur apport à nos prochaines formations. Pour le master, les 2/3 de la formation seront pris en charge par la partie algérienne et le 1/3 restant par l’ENASS et l’IFPASS. Et le 1/3 du volume horaire de la formation qu’on va confier aux Français portera, réellement et honnêtement, sur des aspects pointus dont nous manquons, en ce moment, de compétences. La partie de la formation qui sera réservée à la partie française sera déterminée par le Conseil pédagogique. Par ailleurs, nos diplômes seront co-labellisés, cosignés par l’ENASS/IFPASS et l’EHEA, cela est important pour les futurs promus qui termineront leurs études avec un diplôme reconnu internationalement. En plus des formations diplômantes, avez-vous l’intention de développer des formations qualifiantes ? Pour le moment, l’EHEA dispense des formations diplômantes : le CHEA, les masters, etc. Mais, à l’avenir, nous comptons proposer aux entreprises des formations qualifiantes. Nos entreprises ont besoin de qualifier et de former des compétences dans un domaine précis. L’Ecole leur sera utile. Elle est au service du secteur. Certes, il y a des compagnies qui ont leurs propres centres de formations, mais il y a certains besoins, liés à des thèmes et à des problématiques particulières, qui ne peuvent pas
être assurés dans leurs centres de formation. A ce moment-là, les compagnies exprimeront leurs besoins en formation et solliciteront l’Ecole. L’idée peut venir des compagnies, comme elle peut venir de l’Ecole. Nous sommes ouverts et nous serons à l’écoute de notre environnement immédiat et à tout ce qui se passe dans le monde. Quels sont vos ambitions et vos projets d’avenir ? Nous ambitionnons de faire de l’EHEA une grande Ecole internationale. Nous avons tous les moyens pour le faire ; il suffit simplement de nous organiser et d’y aller de façon méthodologique. C’est cela, aussi, l’ambition. Je peux vous l’assurer, c’est l’ambition des compagnies actionnaires, des institutions et de tous ceux qui ont contribué à la création de cette Ecole. S’il n’y avait pas cette ambition et ce projetlà, je ne serais pas là. C’est un projet qui me motive. C’est important, parce que cela permet de surmonter des obstacles, tout à fait naturellement.
Pour réaliser votre ambition, il vous faut un grand siège….. Le projet existe, il est même formalisé. Il s’agit de la construction d’un campus qui offre une capacité de formation de 1.000 étudiants en permanence. Il permettra de couvrir les besoins de l’Algérie en formation et de dégager des capacités de formation à l’international. L’assiette d’une superficie de 5.000 m2, fait partie d’un projet d’affectation au ministère des Finances d’un grand terrain au niveau de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, située à 25 km à l’ouest d’Alger. C’est le ministère des Finances qui nous a demandé de nous inscrire dans ce projet. Dès la confirmation de l’acquisition du terrain, les compagnies actionnaires vont se réunir pour dégager les fonds nécessaires pour entamer les travaux de construction de ce siège, livrable dans trois ans.
Bio express M. Boughachiche Sebti est détenteur d’un doctorat d’Etat en sciences de gestion, obtenu en 1988 à l’Université de Bordeaux (France). Durant sa longue et riche carrière professionnelle, il a occupé différentes responsabilités de gestion. Il a été directeur de l’Institut national des sciences économiques de Sétif (1984-1987), vice-recteur (1989-1991), puis conseiller du recteur (1991-1994) de l’université de Constantine, consultant de l’entreprise privée BKL industries (1994-2001) et assistant du PDG de la SAA de 2003 jusqu’à 2010, l’année à laquelle il a été choisi pour diriger l’EHEA. Entre 1989 et 2009, il est membre du Conseil scientifique et du Conseil d’administration de plusieurs institutions et entreprises (ISGP, CERIST, INC, IAHEF, ECOFIE), membre du CNES (1994-2005), et du Conseil national des assurances (CNA), depuis 2011.Le professeur Boughachiche Sebti a enseigné, entre 1984 et 2002, le management au sein des universités de Sétif, de Constantine et à l’Institut national des sciences commerciales (INC) d’Alger. Durant la même période, il a animé plusieurs rencontres et séminaires et a participé à plusieurs colloques internationaux en rapport avec sa spécialité. Boughachiche Sebti est l’auteur d’une vingtaine d’études, entre autres : Le diagnostic du potentiel humain de la CAAT (1997). L’étude de l’adéquation formation emploi entre l’université et le secteur industriel (1999). Le développement de la PME en Algérie, CNES (2001). L’élaboration du plan de formation de l’Agence nationale de développement de l’investissement, ANDI (2002)…
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
11
Dossier Institut algérien des hautes études financières (IAHEF)
Un centre d’excellence en matière de formation en finance Des masters, des diplômes d’études supérieures spécialisées (DESS), et de technicien en assurance ou encore des formations pour les directeurs d’agences d’assurance, autant de formations diplômantes ou qualifiantes, qu’offre l’Institut algérien des hautes études financières (IAHEF).
Par Ahmed Bouaraba
S
itué à Alger, l’IAHEF s’est engagé dans des programmes de formation d’excellence destinés à former des cadres et responsables du secteur bancaire et financier. «De par sa vocation, l’Institut ambitionne d’être un centre d’excellence, utilisant des techniques modernes de formation et faisant intervenir des animateurs internationaux et nationaux de très grande compétence», indique le directeur général de l’IAHEF, M. Kouider Aissa Redouane. En effet, parmi les formations phares dispensées figurent, entre autres, le commerce des valeurs mobilières, project financing, management financier, audit, contrôle de gestion, capital risque. L’institut est aussi disposé à répondre aux besoins spécifiques en formations des banques, des sociétés d’assurance, des institutions financières et des entreprises. Différentes formations qualifiantes sont, ainsi, disponibles. Plus d’une centaine de séminaires, une dizaine de formations qualifiantes centrées sur les nouveaux métiers ainsi que des formations diplômantes de haut niveau dont un Master exécutif en finance, en collaboration avec l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada).
12
«A travers ces programmes, l’Institut consolide sa position sur le marché de la formation et s’atèle à devenir progressivement un centre d’excellence en matière de formation en général et sur les nouveaux métiers de la finance en particulier», relève le DG de l’IAHEF. Cet Institut affiche son objectif de contribuer au renforcement et au perfectionnement des compétences exerçant dans le secteur financier, d’accroître les connaissances dans le domaine de la finance et d’élaborer des programmes de formation efficaces et accessibles au public et aux personnes exerçant dans les institutions financières. L’IAHEF accorde une attention particulière aux nouveaux métiers de la finance telle que la finance de marchés comprenant l’évaluation et la gestion des titres, la gestion de patrimoine, les produits dérivés… Il y a aussi la finance de banques portant l’analyse financière, l’analyse et la gestion des risques, la méthode actifs - passifs, la gestion de la trésorerie, l’ingénierie financière, etc. Dans la finance d’entreprises, l’on retrouve les financements structurés, financement de projets, les fusions / acquisition, l’évaluation d’entreprises…
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Dossier S’agissant des assurances, il y a la formation en assurance crédit, en assurance vie, en produits de l’épargne contractuelle, en actuariat, en gestion des actifs… «L’Institut est ouvert aux cadres universitaires en activité et aux diplômés de l’enseignement supérieur», précise Kouider Aissa Redouane. L’IAHEF veut devenir un centre d’excellence destiné à être une référence en matière de formation en finance. Un protocole de coopération entre l’Institut et l’Université de Sherbrooke a été signé en 2007. Ainsi, un programme de formation du type «MBA exécutif» en finance d’entreprise est mis en œuvre depuis janvier 2008. Ce protocole est aussi le prélude à d’intenses échanges entre les deux institutions. Il est à relever, enfin, que l’Institut algérien des hautes études financières bénéficie d’une assistance technique de la part de l’Institut canadien des valeurs im-
mobilières (ICVM) et s’attelle à développer des relations de coopération intenses avec d’autres institutions étrangères de formation. Les règles de fonctionnement de l’IAHEF sont conformes aux standards internationaux et à la réglementation régissant l’Institut. L’instance suprême de l’Institut est l’assemblée générale des actionnaires. Les représentants actuels du conseil d’administration sont : la BEA, la CNEP Banque, la CAAR, la CAAT et SONATRACH. A titre de rappel, les sociétés d’assurance qui figurent parmi les actionnaires de l’IAHEF sont la Compagnie Algérienne des Assurances (CAAT), la Compagnie Algérienne d’Assurance et de Réassurance (CAAR), la Société Nationale d’Assurance (SAA), et la Compagnie Centrale de Réassurance (CCR). L’établissement est également doté d’un Conseil d’orientation et d’un Conseil pédagogique. Le Conseil d’orientation, lui, est composé de personnalités choisies pour leurs qualités personnelles ainsi que par les actionnaires. Ses missions consistent à définir la stratégie de développement de l’Institut et dégager ses moyens de financement. Pour sa part, le Conseil pédagogique est constitué de responsables des ressources humaines et de la formation des sociétés actionnaires de l’Institut. Il a pour missions de recenser les besoins du marché en matière de formation et de définir les actions pédagogiques qui en découlent. En somme, donc, l’Institut est une société par actions régie par le code du commerce, les dispositions réglementaires ainsi que par son statut. Les membres fondateurs sont des banques publiques, des sociétés d’assurance publiques, et autres. Il s’agit respectivement de la BNA, BEA, BADR, BDL CNEP, CPA ainsi que la SAA, CAAR, CAAT, CCR, de la Société de refinancement hypothécaire (SRH) et de l’entreprise Sonatrach. Le capital social de l’Institut est fixé à trente millions de dinars, réparti en 30 000 actions d’une valeur nominale de 1000 DA chacune. A.B
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
13
Dossier Il propose une offre de formation diversifiée
L’INSAG, un partenaire privilégié des compagnies d’assurances L’Institut supérieur d’assurances et de gestion (INSAG) est la première école privée à proposer des formations de haut niveau dans les métiers de l’assurance. L’institut supérieur d’assurances et de gestion (INSAG), situé à Ben-Aknoun, à Alger, est un établissement privé de formation classique, alternée ou continue. Il est le prolongement de l’ex-Institut supérieur de formation aux techniques de gestion (ISTG), une structure issue du Forum Consult fondé, lui, en 1992. A ses débuts, l’école a commencé son activité en proposant des formations de types commerciales. Mais avec l’ouverture, à partir de 1995, du secteur national des assurances aux compagnies privées, l’école a commencé à s’intéresser à ce marché et à ses futurs besoins en matière de formation. Par Massi Badis
14
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Dossier
A
vec l’aide de l’Ecole supérieure des assurances (ESA) de Paris, son nouveau partenaire français, l’INSAG a entamé alors un projet d’élargissement de son offre de formation aux métiers de l’assurance. Un projet qui aboutit, en 2001, au lancement des premières promotions dans le domaine des assurances. Il s’agit du Bachelor (l’équivalent anglosaxon de licence) en assurance, qui s’appelait au départ conseiller technique en assurance, un diplôme destiné aux étudiants qui ont un niveau de bac+2, et du Master manager en assurance, plus relevé, puisque s’adressant aux candidats qui justifient d’un niveau de bac+4, c’est-àdire qui ont un diplôme de licence ou d’ingénieur. «Nous étions, en 2001, la première et la seule école à proposer des formations de haut niveau dans le domaine des assurances», déclare fièrement M. Abdelali Derrar, le directeur général de l’INSAG. La première promotion de master, composé de 20 étudiants, est sortie de l’INSAG en 2002. Par la suite, la machine s’est emballée et l’Institut comptait pratiquement 3 promotions de Master par année. Grâce aux succès de ses formations en assurances, l’INSAG «s’est progressivement imposé comme un partenaire privilégié des professionnels de l’assurance pour toutes les actions de formation supérieures aux métiers et au management de l’assurance», affirme Derrar, qui assure avoir «formé, de 2001 à ce jour, près de 800 personnes aux métiers des assurances». Encouragé par le succès de ses formations supérieurs, l’INSAG a créé, quelques temps après, l’Ecole de formation aux métiers des services (EFMS), une nouvelle structure pour répondre aux besoins de formation à des niveaux de maîtrise. Une nouvelle offre de formation qui s’adresse à des étudiants justifiant d’un niveau bac, terminal ou équivalent, pour l’obtention d’un Brevet de technicien supé-
rieur en assurances (BTS). Les programmes de formation en assurance de l’INSAG englobent tous les aspects du métier (managérial, commercial, technique, juridique, etc.). Selon les responsables de cette école, les diplômés de l’INSAG sont en mesure d’assumer aussi bien les fonctions techniques que managériales au sein de l’entreprise. L’essentiel des cours est assuré par des spécialistes nationaux dont certains occupent des postes de responsabilités au sein des compagnies d’assurances. L’école fait appel, toutefois, à des spécialistes de l’ESA, son partenaire français, pour prendre en charge certains cours relatifs aux risques management et industriel, à la perte d’exploitation, à l’assurance-vie, et à tout ce qui est marché européen et droit européen des assurances. «Les étudiants que nous avons formés se trouvent un peu partout et exercent dans les différents services commerciaux, juridique, ou encore technique. Ils s’en sortent très bien, et leurs patrons sont très contents de leurs compétences et de leur savoir-faire», explique le DG de l’INSAG. L’INSAG forme en moyenne une soixantaine d’étudiants par année.
Ces étudiants sont, soit des candidats libres qui paient eux-mêmes leurs frais de formation pour se spécialiser dans le métier d’assurance, soit des candidats envoyés par les compagnies d’assurances. La SAA, la CAAR et la CAAT figurent parmi les entreprises clientes de l’INSAG. Mais pas seulement, puisque l’Institut a également formé des diplômés en assurances pour d’autres entreprises qui ne sont pas du secteur comme la Sonatrach, la Sonelgaz, le ministère des Finances ou encore le ministère de la Défense nationale. Les diplômes en assurances délivrés par l’INSAG sont cosignés avec l’ESA de Paris, ce qui leur confère, selon les responsables de l’Institut, une reconnaissance internationale. En plus de son offre de formation de type classique (Master, Bachelor et BTS), l’INSAG propose également aux compagnies d’assurances de la formation continue. Il s’agit de formations qualifiantes de courtes durées sur des thèmes précis. Ces formations d’une durée de une à trois semaines sont assurées au sein des locaux de l’INSAG ou au siège de l’entreprise.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
M.B
15
Dossier Trois questions à Abdelali Derrar, directeur général de l’INSAG
«La formation est la clé du développement du marché des assurances» Entretien réalisé par Massi Badis
L’INSAG est le premier Institut privé à proposer des formations supérieures en assurances, racontez-nous vos débuts dans le métier de la formation ? Notre institut existe depuis 1992 dans les formations d’action commerciale et de management. Nous avons commencé à réfléchir à la formation en assurances depuis l’ouverture en 1995 du secteur des assurances aux investisseurs privés. L’étude du marché que nous avions réalisée, à l’époque, a montré l’existence de réels besoins de formation en nouveaux cadres pour assurer la relève dans le secteur des assurances. C’est pour cela
16
qu’on a commencé, à partir de 1996, à réfléchir à un projet de création d’une filière ou d’une formation en assurance. Pour concrétiser notre projet, nous sommes allés en France, un pays qui a de fortes traditions en la matière, pour chercher des partenariats et acquérir un transfert de savoir-faire. Notre choix s’est porté sur la plus ancienne école privée d’assurance de France, à savoir l’Ecole supérieure des assurances (ESA) de Paris, qui existe depuis une quarantaine d’années et qui dispose d’une solide expérience. Et, avec l’appui de notre partenaire associé, nous avons commencé à élaborer notre programme de formation en assurances avec des adaptations sur certains modules parce que, à la base, les techniques d’assurances sont les mêmes partout. L’ESA a également envoyé en Algérie des spécialistes qui nous ont aidés à former nos futurs formateurs. C’est de cette manière que nous avons réussi à lancer en 2001 notre première formation en Master de l’assurance avec la participation de dix personnes. Comment voyez-vous l’évolution du marché de la formation aux métiers de l’assurance ? La formation dans le domaine de l’assurance est un marché énorme, je dirais sans exagérer que 50% des personnels des compagnies d’assurance sont à former. C’est ce qui explique le niveau actuel du chiffre d’affaires annuel du marché de l’assurance qui est très faible et dont le taux de croissance est de 6 à 7%, c’est l’équivalent du taux d’inflation, alors
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
qu’on peut avoir un taux de croissance de 20 à 30% en Algérie. Il n’est pas normal d’avoir un marché de l’assurance qui génère à peine un (1) milliard de dollars, c’est peu ! Nous sommes un marché qui peut générer au moins 10 milliards de dollars par an ! Il y a donc un grand besoin de moderniser et de rajeunir le management, mais, malheureusement, je constate encore des faiblesses en matière de formation. Certaines compagnies ne savent pas qui former, quoi former et pourquoi former. Parce qu’il n y a pas une vrai gestion des ressources humaines, il n’y a pas une gestion de la formation cohérente avec le développement de l’entreprise. La formation est la clé du développement du marché des assurances. La filialisation du marché et la création de sociétés spécialisées en assurances de personnes peut-elle booster le marché de la formation en assurances ? Les sociétés d’assurances, et, là, je ne les critique pas puisque c’est la vérité, ne savent pas vendre les assurances de personnes. Elles ne savent pas parce qu’elles n’ont pas de personnels compétents pour vendre ces produits. On continue à vouloir vendre l’assurance de personnes, selon des pratiques vielles de vingt ans. Ce type d’assurance ne se vend plus de cette façon. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux, c’est clair. Il faut, donc, changer de méthodes de travail et faire appel aux outils du management moderne. Cela nécessite un grand effort de formation de nouvelles compétences. On peut admettre une petite transition, mais si elle dure longtemps, ce sera la faillite.
Dossier
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
17
Dossier La Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance (CAAR)
«Pour une nouvelle approche en matière de formation» La CAAR travaille à une nouvelle approche de détermination des besoins en formation pour l’année 2013. En prévision de ce plan de formation, la CAAR a adressé aux responsables de ses succursales une note d’orientation dans laquelle sont définies les nouvelles règles à suivre pour déterminer les besoins en matière de formation de ses différentes structures. Par Massi Badis
I
l s’agit de la mise en place d’une nouvelle démarche qui vise à cerner les besoins réels et les domaines prioritaires de renforcement des compétences. C’est ce document, une fois renseigné et retourné à la direction des ressources humaines (DRH) de la compagnie, qui servira de base à la rédaction du futur plan de formation 2013. Il permettra également «d’ancrer ce plan dans une logique de développement des compétences individuelles et collectives et d’éviter qu’il soit un simple relevé de demandes individuelles éparpillées», peut-on lire dans le
18
document. A travers sa nouvelle démarche, la compagnie cherche à assurer une plus grande visibilité à ses actions de formation et à en mesurer l’impact sur le développement de l’entreprise. Dans son document, la CAAR ne manque pas de rappeler «l’importance qu’elle confère à la formation tout au long de la vie professionnelle de chaque salarié de la compagnie», une formation considérée comme «un point clé du succès de la compagnie». Cet intérêt pour la formation et la qualification de ses ressources humaines a conduit la compagnie à dégager un budget d’un peu plus de trente millions de dinars pour financer son plan de formation de l’année 2011. Les actions de formation (formations diplômantes en Algérie et à l’étranger, formations qualifiantes, séminaires et journées d’études) réalisées durant cet exercice ont permis de toucher un effectif de 1598 agents, soit un taux de réalisation supérieur aux prévisions de départ dans lesquelles la compagnie espérait former 1209 agents.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
En termes de nombre de personnes touchées, les journées d’études (1380 agents) arrivent en tête des actions de formations réalisées durant l’année 2011, suivi des formations qualifiantes (96), des formations diplômantes (91), et enfin des séminaires (31). Pour son plan de formation de l’année 2012, la CAAR a revu à la hausse ses ambitions en traçant des prévisions supérieures par rapport à ceux de 2011, tant en terme d’effectif que du budget alloué. Concernant le premier paramètre, la compagnie prévoit de former 1489 agents en 2012, soit un taux d’évolution de +23%. Pour ce qui est du budget dégagé, il est supérieur de 2% par rapport à celui de l’année 2011 et s’établit à 31 millions de dinars. A noter que le budget du plan de formation 2012 représente 2,28% de la masse prévisionnelle de la même année. La CAAR a été, donc, au-delà de ce que la loi exige à savoir réserver 2% de la masse salariale à la formation, répartis comme suit : 1% pour la formation continue et 1% pour l’apprentissage. Selon un premier bilan qui porte sur le premier semestre 2012, la CAAR a réalisé 19 actions de formation diplômantes, 5 actions de type qualifiantes, 10 séminaires, et 14 journées d’études. Ces actions de formation ont touché 582 agents, soit 39% de l’effectif global à former prévu en 2012.
Dossier Sur ce nombre, 398 agents ont été formés dans le cadre des journées d’études techniques qui ont concerné l’ensemble des branches d’assurances et animées essentiellement par des compétences internes à la compagnie. Pour l’exécution de son plan de formation, la CAAR s’appuie, en partie, sur son Centre de formation situé à BeniMessous (Alger). Inauguré en juillet 2010, ce centre a permis l’organisation de plu-
sieurs actions de formation, notamment des journées d’études, des séminaires et des formations qualifiantes, qui ont touché un effectif d’environ 898 agents (242 en 2010 et 656 en 2011). La CAAR fait également appel à des établissements de formation externes pour la mise en œuvre de son plan de formation. L’Institut algérien des hautes études financières (IAHEF), l’Institut supérieur de gestion et de planification
(ISGP), l’Institut national supérieur d’assurances et de gestion (INSAG) figurent parmi les partenaires formation de la compagnie, sans oublier, bien sûr, la nouvelle Ecole des hautes études en assurances (IHEA) dont la CAAR est membre fondateur et actionnaire. M.B
Trois questions à Farid Latreche, directeur central des ressources humaines à la CAAR
«Nous voulons former utile»
Depuis quand la CAAR fait-elle de la formation ? La CAAR a toujours fait de la formation, depuis sa création en 1963 jusqu’à ce jour. Chaque année, on élabore un plan de formation qui prend en charge toutes les actions de formation. Il y a trois types de formation : il y a la formation diplômante, il y a la qualifiante, et il y a ce qu’on appelle les
séminaires et les journées d’études organisées en interne. Les formations diplômantes sont sanctionnées par un diplôme délivré par l’Institut ou l’Ecole de formation et reconnu par le monde de l’emploi. Les formations qualifiantes sont, quant à elles, sanctionnées par une attestation de suivi ou de succès. Ces diplômes et ces attestations sont pris en considération au niveau de l’avancement des bénéficiaires dans leur parcours professionnel.
nos efforts sur l’évaluation de la formation pour mieux nous orienter à l’avenir. Aussi, on a mis en place des outils d’évaluation à froid. A l’issue de la formation, six à huit mois après, on adresse deux questionnaires d’évaluation des acquis, l’un au bénéficiaire de la formation et l’autre à son responsable hiérarchique. Ces questionnaires sont destinés à vérifier si les nouvelles connaissances acquises lors de la formation se sont traduites par un meilleur savoir-faire au travail et par de meilleurs résultats que par le passé.
Pourquoi une nouvelle approche en matière de formation ? Parce que nous voulons aller vers une réelle expression des besoins qui réponde à nos attentes. Nous voulons former utile. Et pour y arriver, il faut aller vers ce qu’on appelle la gestion et l’évaluation des compétences pour faire ressortir les écarts entre les compétences requises et les compétences existantes. Ces écarts -qui sont généralement en négatif- sont traduits en actions de formation. En plus de cela, il y a ce qu’on appelle l’observation. Les responsables observent leurs agents et, des fois, ils identifient des disfonctionnements ou des manques dont ils nous font part. Tout cela est traduit également en actions de formation. Nous cherchons à consolider
Quelles sont vos priorités de formation pour 2013 ? C’est d’aller vers plus de formations qualifiantes, parce qu’en matière de formation diplômante, nous avons rencontré quelques problèmes avec des personnes qui prennent leur diplôme et repartent à la fin de la formation. Même le contrat de fidélité ne les retient pas. On est en train d’étudier d’autres moyens pour la ‘‘rétention’’ de nos cadres. Et pour fidéliser nos cadres, nous avons mis en place des contrats de performance, on a revu les salaires et les conditions de travail et, bien sûr, la formation. Pour nous, la formation c’est un investissement et, on attend toujours un retour sur investissement.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
M.B
19
Dossier La Société Algérienne des Assurances (SAA)
«Une politique de formation soutenue et multiforme» Compagnie leader du marché national des assurances, la SAA mise beaucoup sur la formation de ses personnels pour renforcer sa compétitivité et faire face à la concurrence. Par Massi Badis
D
epuis sa création en 1963, la SAA a toujours accordé de l’importance à l’amélioration continue des qualifications aussi bien techniques que managériales de sa ressource humaine. Ainsi, plusieurs agents de la société ont bénéficié de ces formations dans les locaux des Centres de formation (Tizi Ouzou, Batna, Oran) de l’entreprise, encadrés par des intervenants internes de haut niveau. En plus de ces formations menées en interne, la société a de tout temps œuvré au recrutement de personnels à haut potentiel technique et managérial en parrainant des étudiants en formation auprès de l’IFID (Institut de financement du développement du Maghreb) de Tunis, créé par l’Algérie et la Tunisie. Il s’agit d’une post-graduation spécialisée sanctionnée par un diplôme de 3ème cycle professionnel en assurance dispensé après deux années de formation. Au total, la société a bénéficié, depuis la première promotion lancée en 1982 de l’apport de pas moins de soixante-dix-neuf (79) cadres formés auprès de cet établissement. Actuellement, cinq (05) cadres sont en cours de formation au sein de l’IFID et pour la prochaine promotion dont le lancement est prévu pour janvier 2013, trois candidats sont parrainés par la société. Parallèlement à cela, plusieurs agents dont notamment des cadres supérieurs ont bénéficié de formations de haut niveau auprès d’institutions de formation aussi bien étatiques que privées dans le domaine du Management Général (MBA), des Finances et des
20
Assurances auprès de l’IAHEF (Institut Algérien des Hautes Etudes en Finances) dont six (6) sont actuellement en formation: un (1) en MBA, quatre (4) en DESS en assurances et un (1) en Master en finances d’Entreprise. De même, onze (11) cadres ont bénéficié de la formation en MBA et dix (10) autres en Master Manager en assurances et onze (11) Conseillers techniques en assurances auprès de l’INSAG (Institut Supérieur d’Assurances et de Gestion). Dans le domaine des sciences actuarielles, trois (3) agents ont suivi une formation de haut niveau en Post-Graduation Spécialisée (PGS) à l’USTHB (Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediène), un (01) autre effectue la même formation présentement. Dans le domaine de la gestion des ressources humaines, quinze (15) agents ont bénéficié d’une formation qualifiante. D’autres actions de formation ont été entreprises, dont notamment celles des auditeurs, au nombre de vingt (20), en partenariat avec l’ISGP (Institut Supérieur de Gestion et de Planification). De courte durée, la formation sur le logiciel ORASS, destinée à parfaire la maîtrise de ce dernier par l’ensemble des utilisateurs, a été un des objectifs majeurs en matière de développement des connaissances techniques dans ce domaine et a concerné l’ensemble du personnel utilisateur. Dans le cadre des pourvois de postes vacants et pour la préparation de la relève 106 agents ont été conviés à la formation du futur chef d’agence et 110 en techniques d’assurances, essentiellement pour
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
les branches automobile et IARD et ce, durant la période 2008/2011. Par ailleurs, le développement de la bancassurance par la société, en partenariat avec les banques (BADR, BNA, BDL), a nécessité l’organisation de sessions de formation à l’intention de souscripteurs de banques pour leur permettre l’acquisition des compétences techniques en matière d’assurance. Ainsi, 181 agents souscripteurs ont bénéficié de cette formation dans les Centres de formation internes (Tizi Ouzou et Batna) de l’entreprise. Dans le cadre de la mise en place des nouvelles normes comptables et financières, des actions de formation ont été mise en œuvre et ont concerné l’ensemble des personnels en charge des fonctions comptabilité et finances mais aussi des auditeurs pour leur permettre d’acquérir les connaissances techniques dans les domaines nécessaires à l’exercice de leur fonction. Durant cette période, pas moins de vingt-quatre (24) cadres sont mis en formation auprès d’instituts spécialisés dans le domaine du Management (MBA et Master) dont trois (3) pour le diplôme de CHEA (Certificat en Hautes Etudes d’Assurances) auprès de la nouvelle école EHEA (Ecole des Hautes Etudes d’Assurances) dont la société est actionnaire ainsi que d’autres compagnies d’assurances, et le Master en Conduite de Projet Informatique pour six (6) d’entre eux à l’ISGP. Pour permettre l’amélioration de leurs connaissances techniques en matière d’assurances, une action de formation par correspondance a été réalisée en
Dossier partenariat avec le CNEPD (Centre National d’Enseignement Professionnel à Distance) et a concerné 150 agents. Compte tenu de l’engouement suscité par cette formation auprès du personnel, l’entreprise compte renouveler une nouvelle fois l’expérience. En matière de formation
et de perfectionnement des cadres de l’entreprise (Structures centrales et Directions régionales), treize (13) Agents sont inscrits à l’EHEA pour la préparation du diplôme de Master Manager en Assurances et quatre pour le CHEA, formation destinée à l’encadrement. Il est prévu aussi, au titre de
l’exercice 2013, des formations destinées aux informaticiens sur la maîtrise de l’administration des réseaux que l’entreprise compte mettre en œuvre, en particulier le réseau intranet et la mise en place des nouveaux centres de calcul. M.B
Trois questions à Kaci Aissa, directeur général administratif à la SAA
«La SAA mise sur la formation pour accroître les compétences et la productivité» ductivité de ses personnels en y consacrant, annuellement, un effort financier considérable. Aussi, la formation a toujours constitué pour la société un investissement primordial et a une place prépondérante dans sa stratégie de développement.
Que représente la formation pour la SAA ? L’entreprise, dans le cadre de ses objectifs stratégiques, mise essentiellement sur le développement des compétences de ses ressources humaines qui en constituent la richesse et la matière première. La société veut accroître les compétences et la pro-
Quels sont les moyens mis en place ? Compte tenu de l’importance qu’accorde l’entreprise à la formation, il a été créée une Direction centrale en charge de mener à bien la politique de formation. Les objectifs qui lui sont assignés sont intimement liés aux choix stratégiques de la SAA. Ils visent le renforcement de l’efficacité et de l’efficience, l’enrichissement des connaissances et des habiletés des employés à tous les niveaux hiérarchiques, pour qu’ils puissent maîtriser des situations professionnelles et obtenir des résultats probants, et, enfin, la valorisation du potentiel humain et le développement des compétences. A ce titre, cette Direction est chargée de la réalisation des formations de longue, moyenne et courte durées, aussi bien en interne qu’en externe. Il s’agit, en particulier, des actions de formation alternées destinées aux employés de l’entreprise en prévision
de nouvelles occupations professionnelles par l’acquisition de nouveaux savoir-faire (formation de chefs d’agence, formation en techniques d’assurances…) et de compétences managériales et techniques. D’autre part, des actions de formation externes sont dispensées à temps plein et offrant aux personnes en formation le statut de stagiaires et rémunérés conformément aux dispositions réglementaires de l’entreprise. Par ailleurs, pour la satisfaction de ses besoins en matière de formation, la société a créé trois centres de formation internes à Tizi Ouzou, à Batna, et à Oran, afin de prendre en charge aussi bien des perfectionnements et recyclages de son personnel que des formations diplômantes telles que le CAP et le BP en assurances. Quelles sont vos priorités de formation pour les années à venir ? Pour les années à venir, l’effort en matière de formation sera soutenu en particulier dans les domaines techniques et du management pour rendre l’entreprise plus compétitive dans un environnement concurrentiel ouvert pour l’amélioration continue des qualifications et des compétences du personnel de l’entreprise.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
M.B
21
Dossier L’Algérienne des assurances (2A) veut étendre davantage son portefeuille clients
La formation pour le développement des techniques de vente Par Massi Badis
L
’Algérienne des assurances (2A), propriété du groupe privé Dahli, de l’homme d’affaires Abdelouahab Rahim, mise sur la formation de ses ressources humaines pour préserver sa position sur le marché des assurances. L’Algérienne des assurances, qui détient 4% de parts du marché des assurances, a injecté 2,5 millions de dinars dans son plan de formation 2011. Un budget qui lui a permis de former 200 personnes sur un effectif global de 400 em-
22
ployés. Ce programme de formation a été presque totalement réalisé en interne, grâce à la mobilisation d’un encadrement composé de compétences constitué généralement de responsables de structures et de chefs de branches d’assurances crédités d’expérience. Pas besoin, par ailleurs, d’un centre de formation. Pour l’organisation de ses sessions de formation, la compagnie a aménagé au niveau de son siège national à Alger une salle de cours d’une capacité d’une vingtaine de places, équipée d’un minimum de moyens pédagogiques (écran de télévision, rétroprojecteur, etc.). Au plan contenu, cette compagnie oriente l’essentiel de sa formation vers le développement de la force de vente. «Nous avons développé sept thèmes de formation en relation avec les produits d’assurances et les techniques de vente, privilégiant notre réseau composé de huit délégations régionales et de 130 agences, il s’agit généralement de responsables d’agences directes et principales» qui sont au contact de la clientèle, souligne Said Nait Djoudi, le responsable de la formation à la 2A. Outre la formation organisée en interne, la compa-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
gnie a financé une formation diplômante au profit d’une douzaine de ses salariés qui ont suivi un Master en assurances à l’INSAG de Ben Aknoun. «Ce sont de jeunes cadres que nous essayons de former pour les affecter, plus tard, à des postes de responsabilités», indique M. Nait Djoudi. L’accent est ainsi mis sur le développement de la force de vente. Il s’agit d’une volonté clairement affichée de consolider la position de la société sur le marché. Le propriétaire de la 2A, qui n’a pas jugé utile de créer une filiale dédiée aux assurances de personnes, veut compenser le manque à gagner, environ 300 millions de dinars, par un développement de son portefeuille clients sur le marché des assurances de dommages, notamment au niveau de l’industriel. C’est cette stratégie de développement, basée sur l’innovation et la proximité et sur le développement des compétences par la formation, qui a permis à l’Algérienne des assurances de préserver sa part de marché et de clôturer l’exercice 2011 avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 3,2 milliards de dinars et un bénéfice net de 307 millions de dinars, en hausse de 20% par rapport à l’année précédente. Pour la mise en pratique de son plan de formation 2012, l’Algérienne des assurances - qui a déjà déboursé presque quatre millions de dinars - compte 70 salariés en formations qualifiantes. La compagnie devait ainsi clôturer l’année 2012 avec un budget formation de cinq millions de dinars, soit le double de celui de l’année précédente. M.B
Dossier
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
23
Dossier Elle consacre 2% de son chiffre d’affaires à la formation
Salama Assurances Algérie ambitionnne de promouvoir la bonne gouvernance en entreprise Comme toutes les entreprises qui cherchent à développer leur business, la compagnie Salama Assurances Algérie est convaincue que l’investissement dans les ressources humaines est le meilleur gage pour faire face aux exigences de l’économique de marché. Par Massi Badis
P
artant du principe que «l’assurance, c’est d’abord le règlement rapide des sinistres», Salama Assurances Algérie, qui cible en priorité les entreprises du secteur de la PME/PMI, place le client au centre de sa politique de développement. C’est pourquoi, dès le départ, cette compagnie, filiale du Groupe international d’assurance et de réassurance Salama-Islamic Arab Insurance Company, a mis l’accent sur la for-
mation intensive de ses ressources humaines et la mise en place d’un réseau dense et performant, considéré comme un levier certain de développement. Aujourd’hui, Salama Assurances Algérie, avec ses cinq directions régionales et ses 158 points de vente, est citée en exemple, en matière d’information centralisée et de souscription des contrats d’assurance en ligne. «Le développement des compétences individuelles et collectives de l’en-
treprise permet de mieux supporter et de faire face à la rude concurrence du marché national des assurances et constitue un avantage concurrentiel certain pour assurer la pérennité et la performance de la compagnie», relève M. Abdelhakim Hadjou, directeur général de Salama Assurances Algérie. Pour Salama Assurances Algérie, dont le budget de formation se situe, selon ses responsables, autour de 2% du chiffre d’affaires, l’investissement dans la formation «doit permettre aux salariés d’être plus compétents, plus impliqués, plus performants et plus fidèles. Il s’agit d’adopter une démarche de type gagnantgagnant, à la fois pour l’entreprise et pour les salariés qui seront plus motivés en voyant leurs compétences et leur employabilité s’améliorer». Enfin, les dirigeants de Salama Assurances Algérie estiment que la formation joue un rôle important dans la promotion de la bonne gouvernance en entreprise, considérée comme un bon moyen pour assurer l’équilibre entre l’esprit d’entreprise, le contrôle et une saine gestion des risques. «Il s’agit de structurer nos activités et nos métiers dans le sens d’une croissance et d’une réussite durables et, simultanément, de contrôler et de gérer efficacement les risques inhérents à cette croissance», conclut Abdelhakim Hadjou. M.B
24
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Dossier Le professeur Kamel Boukhetala, spécialiste en formation actuarielle, à la Revue de l’Assurance
«Un métier d’une importance capitale pour les assurances» Membre du Conseil National des Assurances (CNA) et Doyen de la Faculté des Mathématiques de l’Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediène, M. Kamel Boukhetala, est le promoteur de la première formation en Post-graduation spécialisée en sciences actuarielles en Algérie, lancée en 1998 avec le concours des compagnies d’assurance représentées par l’Union des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR) et du ministère des Finances. Dans cet entretien, il évoque la place qu’occupe la profession d’actuariat dans les assurances et dans l’enseignement, ainsi que dans la recherche scientifique, fondamentale et appliquée. L’actuariat en Algérie, un métier «peu connu» mais qui constitue «la base» de l’activité des sociétés d’assurances. Pas seulement en matière «d’évaluation scientifique» et «prise en charge du risque assurable», mais également en matière de «solvabilité» de l’entreprise et de «la prise en charge des risques de placement et d’investissement dans les marchés financiers» qui évoluent dans un environnement de plus en plus «complexe» et «volatile». Par Massi Badis
En quoi consiste-t-il, le métier d’actuaire ? L’actuaire est celui qui évalue le risque assurable, en utilisant l’outil mathématique actuariel et, parfois, même des mathématiques assez avancées pour concevoir des modèles mathématiques qui servent à calculer et à déterminer la valeur des primes d’assurance, plus particulièrement des primes de base considérées comme des primes de référence indispensables dans la conception du système de tarification de l’entreprise d’assurance. Ces modèles servent également comme outils scientifiques pour l’examen de la solvabilité de l’entreprise, pour l’établissement des tables de mortalité spécifiques à l’assurance vie, etc. L’actuariat est une profession pluridisciplinaire, car, elle fait appel à plusieurs disciplines comme la comptabilité et la finance, les statistiques,
l’économie, le droit ou encore l’informatique. C’est une profession qui nécessite un background solide, varié et assez diversifié en termes de connaissances scientifiques et techniques. Il faut savoir également que le métier d’actuaire ne se limite pas au seul secteur des assurances, l’actuaire intervenant partout où il y a présence de la notion de risque. Même le risque lié à la gestion de portefeuilles en finance est l’affaire de l’actuaire. En résumé, chaque fois qu’il y a de l’incertitude, il y a forcément risque à évaluer. Et pour le faire, on fait appel à la profession d’actuariat. Toutefois, les assurances sont les premiers à en faire usage. En quoi, le métier d’actuaire est-il important pour les assurances ? L’importance de l’actuariat pour l’activité des assurances est capitale. L’actuaire est la personne la plus proche du premier responsable de la compagnie d’assurance,
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
25
Dossier c’est son premier conseiller, parce que c’est lui qui évalue les risques, et que l’on ne peut pas élaborer un produit d’assurance sans évaluer le risque à assurer. L’évaluation du risque est une question fondamentale dans l’établissement des produits d’assurances et dans la gestion du portefeuille de la société en matière de solvabilité et de rentabilité. Entre autres, les primes qu’on fait payer aux assurés pour couvrir les risques encourus doivent être déterminées sur la base de règles actuarielles fondées sur des propriétés adéquates qui garantissent une bonne prise en charge du risque et permettent de réduire le risque de ruine et de la non solvabilité de l’entreprise. La modélisation actuarielle du risque permet aussi sa prévision et sa simulation même dans le cas des risques extrêmes d’événements rares. L’actuaire, est-ce une profession libérale ? En Algérie, elle ne l’est pas encore, mais je pense qu’elle peut le devenir, à condition qu’elle soit bien protégée par des textes de loi pour qu’elle ne devienne pas un métier pratiqué par des personnes qui n’ont pas la qualification requise. Dans le monde, ce métier est protégé par des associations d’actuaires. Pour le moment, en Algérie, ce métier, on le trouve essentiellement dans les compagnies d’assurance. L’actuaire doit être neutre dans son travail. Exemple : lors de la fixation de la valeur des primes de risque, c’est-à-dire de la somme d’argent que l’assureur doit faire payer à l’assuré en contrepartie de la couverture de risque, l’actuaire, qui en fait l’évaluation, doit veiller à ce que cette prime soit convenablement, calculée, de manière juste et équitable, assurant le nécessaire équilibré entre les intérêts de l’assuré et de l’assureur. L’actuaire peut donner son avis sur la question des tarifs des primes d’assurance indépendamment de la société qui le sollicite. L’actuaire libéral peut donner également son avis d’expert sur le bilan financier d’une entreprise et sa solvabilité. Est-ce qu’il y a des structures habilitées à former au métier d’actuaire en Algérie ?
26
La Faculté des Mathématiques de l’université de Bab Ezzouar (USTHB) d’Alger, a lancé, en 1998, avec le concours des compagnies d’assurance et du ministère des Finances, une promotion de quinze étudiants. C’était une formation en Post-Graduation, c’est l’équivalent du Magister, dans l’ancien système, mais qui vise essentiellement une qualification professionnelle. Les textes qui régissent cette formation sont toujours en vigueur, et n’ont pas changés avec la mise en place du système LMD, le Magister étant toujours fonctionnel. Je ne sais pas s’il devait y avoir d’autres textes à l’avenir, mais la formation en Postgraduation spécialisée a une certaine spécificité. Elle évolue dans un cadre réglementaire très clair. La formation dure deux ans, et l’étudiant est tenu de préparer un mémoire de fin d’études sur un sujet pratique dans l’entreprise, soutenu devant un jury composé de membres du comité pédagogique de la formation. Un diplôme en post-graduation spécialisé (DPGS) en actuariat est délivré à la fin de la formation, il est reconnu par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, puisque l’on passe par une habilitation comme on le fait pour les autres formations en post-graduation. La demande d’habilitation est formulée auprès de la Conférence Régionale Centre (CRC) et de la Commission Nationale d’Habilitation (CNH), du MESRS; il y a tout un dossier à établir, avant que la formation ne soit agréée. Il y a aussi l’Institut national de planification et de statistiques (INPS) de Ben Aknoun qui forme à l’initiation au métier d’actuariat. Il dispense, en fait, une formation graduée en finance et actuariat, étalée sur quatre à cinq ans et sanctionnée par un diplôme d’ingénieur. Certains, parmi les diplômés de l’INPS postulent ensuite pour suivre une formation en post-graduation spécialisée en actuariat au niveau de la Faculté des Mathématiques de Bab Ezzouar, vu que la formation dispensée à l’INPS présente une certaine insuffisance dans l’enseignement des mathématiques appropriée à cette discipline. D’ailleurs, pour la promotion actuelle en cours, on compte trois étudiants de l’INPS. Combien d’actuaires ont-ils été formés jusqu’à présent ?
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Pour ce qui est de la Faculté des Mathématiques de Bab Ezzouar, nous avons formé une trentaine de personnes, depuis le lancement, en 1998, de la formation en post-graduation spécialisé (DPGS) en actuariat. Et, nous avons l’agrément du MESRS pour une nouvelle promotion, la quatrième du genre, pour vingt postes ouverts, qui sera lancée prochainement. Les actuaires que nous avons formés, occupent, pour la plupart d’entre eux, des postes de cadres dans les compagnies d’assurances. Ceci est très important, parce que les actuaires en exercice au sein des sociétés d’assurance sont d’une aide précieuse à nos étudiants lors de la préparation de leurs mémoires de fin d’études, ce qui permet de créer une synergie pour développer cet important métier en Algérie. Vos capacités de formation sont assez limitées … Parce que la formation que l’on dispense vise la qualité et non la masse. Il s’agit d’une formation de troisième cycle à base
Dossier de mathématiques mais qui intègre d’autres disciplines comme l’économie, les statistiques, la comptabilité, le droit, etc. C’est pourquoi, on ne retient pas beaucoup d’étudiants, dans les sélections que l’on organise. On sélectionne des ingénieurs en probabilités statistiques, des ingénieurs en recherche opérationnelle, ou bien des ingénieurs en informatique, et récemment des masters en mathématiques financières et on les forme aux techniques actuarielles pour pratiquer le métier. L’importance, pour nous, n’est pas dans le nombre mais dans la qualité, parce que l’actuaire doit avoir ce background pluridisciplinaire, et bien sûr une certaine culture dans les assurances, de manière générale. Est-ce que vous formez en fonction des besoins exprimés par les compagnies d’assurances ? Oui, nos étudiants sont tous parrainés par des compagnies d’assurances. Lorsqu’ils termineront la formation, ils intégreront des sociétés d’assurance. C’est la particularité
de la formation. Nous formons ainsi en fonction des besoins exprimés par les compagnies d’assurances et la Direction des assurances du ministère des Finances. Par ailleurs, au niveau académique, nous avons mis en place, à la Faculté de Mathématiques, une formation doctorale en mathématiques financières et actuariat afin de développer la formation en sciences actuarielles par la recherche scientifique. Cette formation est également renforcée par la coopération internationale à travers la mobilité de chercheurs et de scientifiques spécialistes en la matière. Parmi ces chercheurs et scientifiques, invités par la faculté de mathématiques au cours de l’année universitaire, il y a ceux qui interviennent alternativement dans les enseignements de la Post-Graduation Spécialisée en actuariat pour donner des cours bloqués, des conférences et des séminaires. La formation en actuariat est un volet important du projet CNEPRU ‘‘Modélisation-Simulation Actuarielle de Risques (MSAR)’’, organisé avec le MESRS. Ce projet est dirigé par
Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediène
moi-même. Dans le cadre de ce projet, je développe avec l’un de mes doctorants un produit informatique de modélisation-simulation actuarielle des risques dynamique de diffusion. Ce produit, en open source, est universel sous licence GPL (www.gnu. org/licenses/gpl.html). Il est utilisé à l’échelle internationale par un public large d’étudiants et d’enseignants chercheurs ainsi que par des professionnels dans le domaine de l’assurance et des finances. www.inside-r.org/packages/cran/sim.diffproc Les compagnies d’assurances accordent-elles, toutes, l’importance voulue au métier d’actuaire ? Oui, elles sont très conscientes de l’importance de ce métier, parce que l’actuariat s’adapte parfaitement à l’économie de marché, une économie à risques. On est passé d’une économie planifiée à une économie de marché très volatile, entachée de risques de nature différente. Aussi, il faut avoir des mécanismes et des dispositifs adéquats pour supporter le changement économique opéré. Le secteur des assurances est le premier à être touché par ce changement, parce que le métier des assureurs est de couvrir le risque. Et pour le faire, il faut avoir de la qualification. Cette qualification passe par la formation. Autre chose, les compagnies d’assurances sont en train de travailler, sous l’orientation du Conseil National des Assurances, à l’élaboration d’un Système d’Informations Statistiques de l’Assurance. Il ne suffit pas de concevoir des modèles actuariels, il faut que ces modèles soient pertinents, efficaces, rattachées et liés à des bases de données engendrées par la sinistralité réelle, sinon, tout cela restera dans le domaine de la théorie. Les compagnies d’assurances sont très conscientes de l’importance de la rationalité dans la prise en charge du risque, et elles sont en train de revoir leur système d’informations statistiques et de le mettre en adéquation avec les changements que subit l’économie du pays. Je pense que c’est le secteur qui a vu venir cet enjeu et a commencé en avance à anticiper ces changements. Maintenant, les banques commencent, aussi, à suivre.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
27
Dossier Centre de documentation du CNA
Une bibliothèque dédiée au monde de l’assurance Par Samy Belgacem
L
e Conseil National des Assurances (CNA) met à la disposition du secteur des assurances et de la frange estudiantine un centre documentaire spécialisé. Cette structure située au siège du CNA est dédiée notamment aux professionnels, aux chercheurs ainsi qu’aux étudiants. D’une capacité d’accueil de 10 personnes, ce centre de documentation offre aux utilisateurs un espace pour la consultation, l’étude et la réflexion, le tout dans un cadre agréable. Une bibliothèque qui acquiert cycliquement des ressources documentaires spécifiques à l’activité d’assurance. L’organisation et l’indexation de la documentation acquise se fait au fur et à mesure. La bibliothèque fournit différents documents et les met à la disposition des lecteurs. Un véritable travail de fourmi. La collecte et le traitement des ressources informationnelles disponibles auprès de divers organismes (CNES, ONS, CNERIB, CREAD…) et aussi auprès des Instituts et Ecoles Supérieures tels que l’IFID, l’ISGP, l’INSAG, l’ENSSEA (ex-INPS), et l’ESC, et bien d’autres, est également l’une des tâches assurées par cette bibliothèque sectorielle. Pour la documentaliste Mme Kerrouche, responsable de la bibliothèque, la coopération active avec divers milieux documentaires de recherche est importante au fin de garantir à ses utilisateurs un accès privilégié à leurs ressources. Le travail de Mme Kerrouche exige passion et patience. La réception de divers documents (bulletins, etc.) , en provenance des compagnies d’assurance ainsi que d’autres organismes, appuie la qualité des prestations documentaires. Sont mis également à la disposition des utilisateurs internes et externes
28
au CNA; des produits documentaires tels que le catalogue général du fonds documentaire, les bulletins signalétiques (contenant notices bibliographiques des ouvrages, thèses et articles de périodiques). Les bulletins analytiques (contenant notices bibliographiques, mots clés et résumés). La bibliothèque, ouverte au public deux jours par semaine, propose une revue de presse quotidienne (interne) ayant trait au monde de l’assurance, aux risques et à l’économie algérienne.
Les nouvelles technologies ne sont pas en reste. L’exploitation du fonds documentaire par les techniques de l’information est en usage grâce à un système normalisé de gestion de bibliothèques (SYNGEB). Les bases de données du fonds documentaire du CNA seront prochainement consultables sur la nouvelle version du portail web Assural dont le lancement est prévu pour l’entame de l’année 2013. Actuellement, la bibliothèque du CNA recense à son actif un fonds documentaire d’une dizaine de milliers de documents
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
(imprimés, audiovisuels, sonores, et numériques) dont 1 122 ouvrages. Une partie des documents est issue de travaux d’étudiants de différents instituts et écoles, d’activités organisées par le CNA, les sociétés d’assurance et autres institutions (séminaires, colloques, etc.), d‘études techniques ainsi que des rapports d’activité du secteur. «A son ouverture, la bibliothèque contenait à peine une centaine de documents. Maintenant, c’est largement plus étoffé», résume Mme Kerrouche. La bibliothèque compte dans son fonds 72 titres de périodiques. Plus d’une dizaine bénéficient d’un abonnement permanent. Il s’agit, essentiellement, de revues étrangères et spécialisées dans le domaine des assurances et l’étude des risques, à l’image de «l’Argus de l’assurance», «Assurances et gestion des risques», «Risques». La bibliothèque réceptionne quotidiennement six titres de journaux nationaux. Cependant, et malgré cette offre documentaire particulièrement qualitative, Mme Kerrouche déplore le peu d’engouement, notamment de la part des professionnels et espère voir un intérêt plus accru pour ce centre d’une richesse toujours renouvelée. Néanmoins, des centaines de visiteurs sont recensés chaque année au niveau de ce centre. Pleinement engagé dans la promotion de l’assurance et de la culture de la prévention du risque, le centre de documentation du CNA affiche une ambition claire pour les années à venir : promouvoir cet espace de rencontres et d’échanges spécialisé avec les professionnels du secteur et la communauté universitaire. S.B
Dossier
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
29
Publi-reportage Assurance Rapatriement de Corps
Une palette de garanties proposées par la SAPS lieu d’inhumation choisi, même avec un accompagnateur s’il le souhaite», nous apprend le Directeur Général Adjoint de la SAPS, Saïd Haddouche. La société se distingue par ce produit qu’elle commercialise sous forme de «contrats Individuels», souscrit par une personne physique pour son compte et celui des membres de sa famille, ou sous forme de «contrats groupes» souscrit par un collectif, constitué généralement d’associations, pour le compte de leurs adhérents ou membres.
Un choix et des services
L
e décès n’est pas seulement la perte d’un proche, mais il peut, également, être synonyme de graves difficultés financières, surtout si l’on vit à l’étranger et loin de ses proches. Même si ce sujet reste difficile à aborder, il faut dire qu’un contrat rapatriement de corps est une garantie importante pour nous, et pour nos proches. C’est, sans conteste, une aide précieuse dans des moments douloureux. Des contrats de rapatriement de corps, la Société d’Assurance de Prévoyance et de Santé (SAPS), en propose. S’adressant à nos compatriotes résidents à l’étranger, la SAPS a mis à leur disposition, en partenariat avec Inter Mutuelles Assistance, une couverture garantissant le rapatriement de corps en cas de décès. Mieux, «si, par exemple, l’assuré, décède en France et est inhumé à Gdyel, dans la wilaya d’Oran, il sera rapatrié jusqu’au
30
Le choix de l’Assisteur a été déterminant pour la SAPS, Inter Mutuelle Assistance est le numéro 1 en France en matière d’assistance et réalise 3 millions d’opérations d’assistance par an au profit de 45 millions de bénéficiaires.
Quelles sont les garanties offertes dans ce contrat ? M. Haddouche indique que ce contrat offre deux types de garanties. D’abord, la garantie de base. En cas de décès de l’assuré dans un autre pays autre que l’Algérie, l’assureur et son assisteur accomplissent les formalités administratives nécessaires. Il s’agit de l’organisation et de la prise en charge du traitement post-mortem, y compris la toilette rituelle, et la mise en bière (cercueil de modèle simple). Il va sans dire que le transport du corps jusqu’au lieu d’in-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
humation en Algérie est, bien entendu, intégré dans la garantie de base. Il existe aussi des garanties complémentaires. Il s’agit notamment de l’accompagnement du corps par un proche parent. A la demande expresse d’un proche parent de l’assuré faite à l’assureur, celui-ci mettra à disposition du proche parent désigné, un billet d’avion aller-retour en classe économique, depuis le pays de résidence de l’assuré jusqu’à l’aéroport d’arrivée du corps du défunt. Le voyage de l’accompagnateur devra se faire simultanément au transport du corps, sauf cas de force majeure, de plus, à la demande expresse du souscripteur et après accord de l’assureur, une dérogation peut être accordée à une tierce personne en cas d’absence du proche parent. Les avantages concurrentiels du contrat sont multiples : Les garanties du contrat sont accordées sans limite d’âge ni formalité médicale avec une prise en charge directe des frais par l’assureur. Mieux encore, le contrat rapatriement de corps est valable dans le monde entier.
La question du coût ? Toutes les couches de la société peuvent bénéficier de ce service. Le prix de la garantie est uniforme arrêté à 2.500 DA/TTC. Avec la nouvelle formule «FAMILLE», un couple avec moins de 3 enfants ne paye que 6.000 DA pour garantir toute la famille.
Ceux ayant trois enfants et plus, auront à payer 1.500DA pour le 3ème et 4ème enfant à charge, à partir de là, les autres enfants sont inclus gratuitement et la famille ne paye en maximum, quel que soit sa taille, que 9.000 DA. La SAPS a, par ailleurs, élargit la notion d’enfants à charge aux étudiants de moins de 25 ans et aux enfants handicapés quel que soit leur âge. En outre, lorsque les assurées, célibataires ou familles, se présentent sous forme collective en association, ils doublent leurs ristournes de 5 à 15%, en fonction de la taille du groupe.
Où acheter ce produit ? La création de la SAPS qui se revendique première compagnie d’assurances de personnes en Algérie, s’inscrit dans le cadre de la loi 06-04 modifiée et complétée qui prévoyait la séparation de l’assurance des personnes de celles de dommages. Sur ce point, le Directeur Général Adjoint de la SAPS a évoqué la concrétisation du partenariat entre la Mutuelle assurance des commerçants et industriels de France (Macif France), l’assureur algérien SAA, la Banque du développement local (BDL), ainsi que la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR), qui a donné lieu à la création, en 2011, de la SAPS Société par actions (SPA) au capital social de 1.000.000.000,00DA. Pour être le plus près possible des Algériens, la SAPS a organisé plusieurs réseaux de distribution. D’abord, le réseau d’agences directes. «Le rapatriement des personnes est un produit que la SAPS commercialise actuellement et qu’elle veut promouvoir fortement. Très prochainement, dans une année ou deux, nous allons développer notre propre réseau», explique, le Directeur Général Adjoint de la société. Lors de notre visite au siège de la SAPS, sis au chemin El Mouiz Ibn Badis, (ex-Poirson), à El Biar (Alger), M. Haddouche, DGA, nous a annoncé qu’«avant la fin du 1er trimestre 2013», cette société comptait «ouvrir quelques grands bureaux régionaux de souscription». «Outre les deux qui existent actuellement à Alger, nous nous implanterons aussi, certainement, à
Constantine, Annaba, Sétif, Oran et Tlemcen dans un premier temps», a-t-il indiqué. Le produit rapatriement de corps est également vendu à travers les réseaux bancaires, et ce, dans le cadre de la bancassurance. La SAPS participe ainsi activement au développement de la bancassurance en Algérie. Un autre réseau, qui n’est pas des moindres, est constitué par les AGA, les courtiers et les compagnies d’assurances de dommages. «La force commerciale de la SAPS s’appuie également sur un réseau d’Agents Généraux d’Assurances et de Courtiers avec lesquels elle a signé, respectivement, des contrats de nomination et des protocoles d’accords, et tout récemment, à la faveur des accords reçus de la tutelle, la compagnie a conclu des partenariats avec les acteurs majeurs de l’assurance de dommages en Algérie en vue de se partager leurs points de ventes et accompagner leurs clients par des couvertures d’assurance de personnes».
Une assurance «en ligne» Avec le lancement de l’interface web de souscription à l’assurance rapatriement de corps, la SAPS a mis en place le premier site d’assurance de droit Algérien pour la souscription en ligne. En un simple clic, l’assuré peut bénéficier du produit rapatriement de corps. La SAPS a, ainsi, mis en place une interface web permettant de réaliser une souscription en ligne. «C’est surtout destiné aux Algériens qui ne résident pas en Algérie. Au lieu de demander à un proche d’aller leur souscrire le contrat d’assurance en Algérie, le client peut se rendre sur le site WWW.SAPS.DZ et le souscrire par lui-même ». Ainsi, l’assu-
ré remplit simplement un formulaire. Il peut le faire à titre individuel ou collectif à l’image du président d’une association. Ces formulaires sont disponibles sur le site de la SAPS. On peut aussi calculer son devis avant de souscrire.
Par ailleurs, la SAPS, s’est fixée comme priorité de développer, au cœur du marché de l’assurance en Algérie, dans les prochaines années, toute une gamme de solutions d’assurance liées à la protection et à la sécurité des personnes, notamment les garanties de prévoyance en cas d’accident ou de décès, et les garanties liées à la protection de la santé des familles, par des contrats individuels ou pour les salariés d’entreprises dans le cadre de contrats d’assurance collective. D’autre part, M. Haddouche a tenu à saluer le rôle «important» que jouent les associations d’Algériens à l’étranger dans la réussite du développement de ce produit. «Nous bénéficions du soutien actif du ministère de la Communauté Algérienne Etablie à l’Etranger ainsi que des consulats qui mettent en contact la SAPS notamment avec les associations des Algériens à l’étranger».
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
31
Acteurs Elle représente un important marché
L’assurance de personnes gagne en devenir Globalement, les compagnies d’assurance sont pour l’amélioration des conditions de mise en place de l’assurance de personnes, une activité dont l’avenir s’annonce porteur, selon le président de l’Union des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), Amara Latrous, dont l’optimisme est affiché : le marché de l’assurance vie pourrait atteindre 50 milliards de dinars d’ici dix ans, soit la moitié du marché global qui devrait atteindre 100 milliards de dinars au minimum. Par Zakia Aïnouche
P
rès de dix-huit mois après l’entrée en vigueur (mi-2011) de la filialisation des sociétés d’assurance, tel que prévu par la loi 06-04 du 20 février 2006 instituant la séparation des assurances de personnes (AP) de celles de dommages, les sept sociétés (compagnies) créées dans ce cadre, n’arrivent toujours pas à voir décoller leurs chiffres d’affaires. La preuve, une baisse du chiffre d’affaire de l’assurance de personnes au cours du 1er semestre de l’année 2012, ainsi que rapporté dans la Note de conjoncture élaborée par le Conseil national des assurances (CNA). Les assurances de dommages ont, en effet, continué à produire l’essentiel des primes, avec une part de marché de 94,8% (91,4% en 2011), alors que seulement 5,2% (contre 7,7% en 2011), ont été générés par l’assurance de personnes. Cette dernière a vu son chiffre d’affaires (CA) baisser de 36,3% à 2,5 milliards de dinars contre quatre milliards de dinars, durant le 1er semestre 2011. Aussi, de nombreuses sociétés d’assurance, faute de moyens financiers, se retrouvent dans l’obligation de se séparer de l’assurance des personnes (AP) se consacrant entièrement aux assurances de dommages. La loi les oblige à dégager un capital social d’un milliard de dinars pour la création de la filiale AP.
32
Depuis la mise en application du nouveau cadre réglementaire, le secteur public a été le premier à se lancer dans le créneau de l’AP. Des filiales ont pu ainsi voir le jour : CAARAMA, (filiale de la CAAR), SAPS (filiale de la SAA et du français MACIF) et TALA (filiale de la CAAT). Il y a eu en parallèle, une tentative de joint-venture entre la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et le privé Salama et l’entrée sur le marché du français AXA. Et ce, sans oublier, Cardif El Djazaïr, filiale de BNP Paribas qui était déjà active en Algérie avant l’adoption de la nouvelle loi. La seule compagnie privée à rejoindre le lot des assureurs vie est Macir-Vie créée par la Compagnie internationale d’assurance et de réassurance (CIAR). Dans quelles conditions opèrent ces sociétés et à travers quels réseaux ? En réponse à cette question, les responsables de ces compagnies affirment, pour la majorité d’entre eux, continuer à travailler avec les moyens de la société mère, en attendant l’adaptation aux nouvelles exigences du marché et de la loi. Une proposition a d’ailleurs été faite au ministère des Finances en vue de permettre à ces sociétés de continuer à travailler ainsi pendant deux ans, c’est à dure jusqu’à 2014. Pour CAARAMA, qui propose, au total huit produits, notamment l’assurance contre les
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
risques d’accident, l’assurance accident en cours de voyage, (l’assurance vie-décès, l’assurance temporaire au décès en remboursement de crédit et assurance de prévoyance individuelle, l’activité se fait à travers les agences de la CAAR et de la CASH (filiale à capitaux publics : Sonatrach, Naftal, CAAR et CCR). Pour les moyens humains, l’entreprise a bénéficié du transfert des effectifs en charge de la gestion des assurances de personnes au sein de la CAAR. En plus de s’appuyer sur le réseau de la compagnie-mère, CAARAMA commercialise ses produits à travers dix-huit agences et à travers les banques pour l’assurance emprunteur. CAARAMA travaille à cet effet, selon son directeur commercial, Said Laib, avec le CPA, la BNA et la BEA, au titre des conventions signées dans ce cadre. Des contrats de nomination avec des agents généraux et des protocoles d’accord de courtage ont également été enregistrés. L’entreprise est actuellement en négociations avec Alliance Assurances (AA) pour conclure un accord. C’est-à-dire, AA aura, en vertu de cet accord, à commercialiser, via son réseau, les produits de CAARAMA, dont le représentant estime «insuffisant» les moyens actuels de l’entreprise qui a réalisé, à titre indicatif, un chiffre d’affaires (CA) de 930 millions de dinars en
Acteurs
2011 et de 247 millions de dinars au 1er semestre 2012. Caarama ambitionne de clôturer l’année 2012 avec un chiffre d’affaires de 1,7 milliards de dinars. Mais faudra-t-il, pour consolider les résultats, laisser le temps aux compagnies de s’adapter au changement. «C’est la condition sine qua non pour la réussite de CAARAMA», dira d’ailleurs M. Laib. Un avis que partage Hassen Khelifati, PDG de Alliance Assurances, qui estime, toutefois, que le problème n’est pas uniquement dans le délai (deux ans), mais dans les conditions globales de l’exercice de l’activité (assurance de personnes). Il s’agit, selon lui, de donner le temps aux compagnies d’assurance de mettre en place leurs réseaux internes, de renforcer le dispositif. Comment ? Selon M. Khelifati, en baissant le capital exigé et en permettant aux compagnies spécialisées dans l’assurance de dommages de mettre leur réseau à la disposition des sociétés d’assurances de personnes. Il s’agi aussi, pour le PDG d’Alliance Assurances, de revoir à la baisse la caution exigée aux agents généraux qui ne sont justement pas concernés par ce nouveau dispositif réglementaire. «Le moratoire de deux ans ne suffit pas. Mais, pour le moment, le ministère des Finances a démontré sa capacité d’écoute et de règlement des problèmes des assureurs»,
conclura Hassan Khelifati. Par ailleurs, la CASH serait en phase de créer sa filiale assurance des personnes, avec une grande entreprise nationale et un groupe étranger spécialisé dans l’assurance des personnes. Elle pourrait le faire d’ici le premier trimestre 2013, selon le président du conseil d’administration de la compagnie, M. Sais, qui estime «inévitable» l’utilisation du réseau de la société mère pour la commercialisation des produits. Du côté de la SAPS qui a enregistré un chiffre d’affaires de 250 millions de dinars en 2011, pour des prévisions de 700 millions de dinars en 2012, le recours aux agences de la SAA, de la BADR et de la BDL est d’une grande utilité, en attendant l’élargissement de son réseau. Dans ce cadre, la SAPS qui a agréé des agents généraux, envisage le lancement d’un programme réseau dès janvier 2013 à travers l’ouverture d’agences dans les grands centres urbains. De même que des bureaux d’aide et d’assistance. La SAPS compte dans le même sillage conclure un accord avec la 2A, selon M. Abane, président du conseil d’administration de l’entreprise. Pour le PDG de la compagnie centrale de réassurance (CCR), Hadj Mohamed Seba, il ne s’agit pas uniquement de prolonger le délai d’adaptation à la nouvelle loi via le recours au réseau des sociétés mères mais
«d’éterniser le lien entre l’assurance de dommages et l’assurance des personnes pour une meilleure qualité de services.» Globalement, les assureurs sont pour l’amélioration des conditions de cette nouvelle activité dont l’avenir s’annonce porteur selon le président de l’Union des assureurs et réassureurs (UAR), Amara Latrous. Ce dernier reste optimiste. Le marché de l’assurance Vie pourrait atteindre, selon lui 50 milliards de dinars d’ici dix ans, soit la moitié du marché global qui devrait atteindre 100 milliards de dinars au minimum. D’ailleurs, les ambitions commencent à être affichées, Tala Assurance, filiale de la CAAT, aspire à arracher 40% du marché dès 2015, alors qu’Axa Algérie Assurances Vie vise 17% du marché à la même période. Mais, pour cela, les compagnies vont devoir faire face au défi de la bonne distribution et diffusion des produits existants pour passer par la suite à la conception de nouveaux produits adaptés aux besoins des algériens. Les études sont déjà lancées. L’innovation sera-t-elle au rendez-vous ? Les assureurs annoncent, en tout cas, beaucoup de nouveautés pour attirer les clients et booster un secteur qui commence à peine à faire ses premiers pas dans un pays ou l’assurance de personnes est loin d’être une culture ancrée. Z.A
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
33
Acteurs La dernière-née des sociétés d’assurance de personnes propose trois principaux produits
Le Mutualiste se met dans une dynamique de croissance Comme toutes les sociétés dédiées à l’assurance de personnes, le Mutualiste va rester dans le réseau de la société-mère, la CNMA en l’occurrence, pour mettre en pratique sa politique de développement. Mais, cela ne va pas l’empêcher de développer des produits en interne. Le Mutualiste a déjà mis en place un organigramme à même de mettre au point certains de ses produits, une opération qu’il organise en interne. Par Farid Sadk
L
e Mutualiste, c’est une nouvelle société d’assurance de personnes (AP). Elle a été créée en juin 2011 par la CNMA, dans le cadre de la filialisation des compagnies d’assurance. Le Mutualiste est la dernière-née en date des sociétés AP. Elle est, en fait, le produit d’une fusion d’énergies, mis en place par de vieux routiers de l’assurance agricole, des opérateurs rompus à l’assurance, notamment dans son volet agricole. Il s’agit de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et de vingt et une CRMA (Caisses régionales). Le Mutualiste, voulant créer une entité solide et cohérente et voyant venir la concurrence et les enjeux du marché des assurances, va intégrer l’ensemble des CRMA dans son capital, c’est une opération qui sera bouclée en 2013, ainsi que nous l’explique son directeur général, M. Mohamed Rafik Benelmouffok qui affiche ouvertement ses ambitions. Il se dit convaincu que le marché des assurances offre d’énormes opportunités qu’il faut saisir. La concurrence dans le domaine de l’assurance de personnes, il en est conscient. «Les assurances ont beaucoup évolué, les modèles de conception de produits aussi», dit-il. Et, tout cela, les compagnies d’assurances, le Mutualiste compris, «l’ont compris». Le Mutualiste va commencer par développer trois principaux produits : la prévoyance, la
34
santé et l’assurance. En matière de prévoyance, Le Mutualiste fournit un capital, en cas de décès, à l’assuré (aux ayants droits). Il propose, en outre, certaines garanties qu’il va essayer de développer, dans les mois à venir. Dans le volet santé, la société que dirige M. Benelmouffok fournit des remboursements de tous les soins médicaux, elle accorde également des forfaits pour certaines prestations : analyses médicales, prothèses dentaires, lunetterie, outre les prestations dites sociales (mariage, circoncision, naissance…). Il y a, également, l’assurance voyage, avec un produit spécifique Hadj et Omra. D’autres produits d’assurance seront développés, à l’avenir, promet le directeur général du Mutualiste. Pour lui, la société qu’il gère ne sera pas en reste, elle développera tous les produits et son champ d’intervention ne sera pas circonscrit. «Néanmoins, nous ambitionnons d’être leader en matière agricole et nous y travaillons», affirme-t-il. Le monde agricole, M. Benelmouffok le connaît et ne souhaite pas lui tourner le dos. Il a organisé récemment une série de sorties de proximité dans la wilaya de Tipaza. Il est allé à la rencontre des agriculteurs de la région pour les sensibiliser à la nécessité de l’assurance. Ces réunions ont produit de l’effet, un retour d’écoute favorable, relève le DG du Mutua-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
liste. M. Benelmouffok regrette, cependant, que la terre ne soit pas exploitée de père en fils, parce que la réalité est frappante, à ce sujet. «C’est une génération vieillissante qui a toujours ce rapport affectif à la terre, elle la travaille», note-t-il. Les campagnes de sensibilisation, Le Mutualiste les organise, en collaboration avec les chambres agricoles, l’UNPA et le mouvement associatif. Et comme toutes les sociétés dédiées à l’assurance de personnes, Le Mutualiste va rester dans le réseau de la société-mère et ce, pour mettre en pratique sereinement sa politique de développement. Tout en développant des produits en interne, Le Mutualiste a déjà mis en place un organigramme pour mettre au point certains de ses produits. En matière de formation, Le Mutualiste est intégré dans le réseau de la CNMA. Mais il y contribue, pour ce qui est de l’assurance de personnes. De plus, il va lancer une formation spécifique en assurance destinée au personnel, au siège, et concerne tout le monde. En outre, il va former un ou deux actuaires. Le Mutualiste dispose, aujourd’hui, d’un nouveau siège spacieux sis à la Place Audin (Alger). La direction du Mutualiste a de l’ambition et veut faire du chiffre : elle table sur un milliard de dinars de chiffre d’affaire en 2013. F.S
Acteurs
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
35
Acteurs Mohamed Rafik Benelmouffok, DG du Mutualiste, à la Revue de l’Assurance
«Nous développons toute la gamme de produits» Mohamed Rafik Benelmouffok est actuellement directeur général de la société d’assurance de personnes, Le Mutualiste, une filiale de la CNMA. M. Benelmouffok était Chef de division au Secrétariat permanent du Conseil national des assurances (CNA), avant de s’engager dans la gestion d’entreprise. Il souligne, dans l’entretien qui suit, qu’il y a de la place pour tout le monde dans le secteur des assurances, pour développer et promouvoir l’assurance de personnes dans le pays. M. Benelmouffok affirme que la séparation des activités dans les assurances est une «bonne chose». Gérer une société et lui imprimer de la croissance dans un secteur aussi important que les assurances, le DG du Mutualiste y croit.
Entretien réalisé par Farid Sadki
Jusqu’à une date relativement récente 2008, je faisais partie du Secrétariat permanent du Conseil national des assurances (CNA). Quelques temps plus tard, et dans le cadre de la séparation des activités d’assurances et la création de filiales d’assurances de personnes, la CNMA a fait appel à moi pour lancer Le mutualiste. C’est une structure qui a été créée en juin 2011, par la CNMA et vingt et une CRMA, des Caisses régionales. Notre objectif est d’intégrer toutes les CRMA dans le capital du Mutualiste ; elles entreront dans le Fond d’établissement. C’est un objectif fondamental que nous essayons d’atteindre en 2013. Tous les présidents des Caisses régionales sont des agriculteurs. Ils s’identifient au Mutualiste.
Pouvez-vous nous situer le contexte dans lequel a été créée votre société, Le Mutualiste ?
36
Vous vous appuyez sur une ancienne enseigne, la CNMA, pour mettre le Mutualiste dans une dynamique de croissance… La CNMA a toujours pratiqué les assurances économiques et sociales. Elle le
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
faisait jusqu’en 1995. Avec l’instauration du régime général unique de sécurité sociale, l’activité de la sécurité sociale a été transférée, en 1995, à la CNAS et à la CASNOS, et la CNMA est ainsi devenue une société généraliste. Elle opère au même titre que toutes les compagnies d’assurance. La CNMA s’est construite une réputation, disposant d’un réseau dense, ramifié.
Quels sont vos produits ? Dans sa politique de développement, Le Mutualiste dégage trois principaux axes : la prévoyance, la santé et l’assurance. Des produits dont le Mutualiste se fera le promoteur. Il fera du mieux qu’il pourra pour leur donner de la consistance et les vendre. Pour tout ce qui se rapporte à la prévoyance, Le Mutualiste fournit un capital, en cas de décès, à l’assuré (aux ayants droits). La société offre, en outre, certaines garanties que nous allons essayer de développer, au fil du temps. En ce qui concerne le volet santé, Le Mutualiste propose des remboursements de tous les soins médicaux, et fournit également des forfaits pour certaines prestation:
Acteurs analyses médicales, prothèses dentaires, lunetterie, outre les prestations dites sociales (mariage, circoncision, naissance…). Il y a, aussi pour l’instant, l’assurance voyage, avec un produit spécifique Hadj et Omra. D’autres produits d’assurance seront développés, à l’avenir. Dès que la société sera mise sur rail, nous allons développer ces produits, les promouvoir. Il est clair que Le Mutualiste est agréé pour développer toute la gamme de produits d’assurance, sans exception. Nous ne voulons pas être cantonnés dans un créneau spécifique. Néanmoins, nous souhaitons être leader en matière agricole et nous y travaillons. J’ai organisé, d’ailleurs, des campagnes de sensibilisations en direction des agriculteurs et je leur ai dit qu’en ce qui concerne l’assurance de personnes, nous ne laisserons personne à la marge et que notre voix ira jusqu’aux agriculteurs, ce sont nos partenaires naturels. Nous sommes à l’écoute des agriculteurs et nous comprenons leurs préoccupations. Nous travaillons avec les chambres agricoles, avec l’UNPA et le mouvement associatif, pour les sensibiliser à l’assurance. Il faut qu’il y ait cette culture chez les agriculteurs, une assurance ne peut-être que dans leur intérêt.
Et la question de la formation ? En matière de formation, nous disposons de plusieurs programmes. Nous sommes intégrés dans le plan de formation de la CNMA. Et nous contribuons à la formation de réseaux pour le volet assurance de personnes et nous allons lancer une formation spécifique en assurance destinée à notre personnel au siège. Cette formation concerne tout le monde. De plus, nous allons former un ou deux actuaires.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur des assurances aujourd’hui ? Le secteur des assurances a beaucoup évolué. Après l’indépendance, d’énormes perspectives ont été ouvertes. Depuis 1995, il y a eu des réformes qui se sont poursuivies, ce qui a permis de dégager de la croissance. J’estime que l’Algérie reste l’un des rares pays qui a ouvert d’énormes chantiers. C’est cette dynamique qui a fait que le secteur des assurances a développé de l’assurance et de la croissance. Les assurances suivent et à charge pour les gestionnaires de compagnies d’assurances de présenter la gamme de produits et la qualité de service qui va avec. Pour ce qui du Mutualiste, nous tablons sur un milliard de dinars de chiffre d’affaire en 2013. C’est un objectif que nous allons atteindre ou dépasser. Je pense que la séparation des activités dans le secteur des assurances est une bonne réforme et qu’il appartient à tous les responsables en charge de l’assurance de personnes de développer cette filière avec des produits modernes et adaptés aux besoins des clients. F.S
Le Mutualiste utilise toujours le réseau de la CNMA, pour le développement de ses produits…. Le Mutualiste, comme toutes les sociétés d’assurance de personnes, nouvellement créées, utilise le réseau de la maison-mère qu’est la CNMA. C’est un réseau structuré et dynamique présentant des avantages pour nous. Nous essayons d’en tirer profit, tout en développant notre propre stratégie. C’est ainsi que nous avons mis en place un organigramme pour développer nos produits en interne et les adapter aux besoins de nos partenaires. Le Mutualiste est opérationnel depuis 2012. Et depuis, nous développons une nouvelle activité, c’est toute la gamme de produits relatifs à l’assurance de personnes. C’est une activité que la société veut développer et elle y croit.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
37
Acteurs M. Mahmoud Belkadi, président de l’Association nationale des agents généraux d’assurance
«Le contrat de nomination des mandataires est à revoir» Au nombre de 650, répartis à travers le territoire national et régis par les décrets 95-340 et 95-341 portant statuts de l’Agent général de l’assurance, les agents mandatés par les sociétés d’assurances rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur activité. Par Zakia Aïnouche
L
es mutations qu’a connues le secteur ces dernières années n’ont pas été accompagnées par des changements dans le contrat de nomination des agents généraux. «Le contrat est à revoir et à corriger, sur plusieurs points. Il y a des imperfections à revoir», indique à ce sujet M. Mahmoud Belkadi, président de l’association nationale des agents généraux (ANAG) avant de préciser que le problème a été posé depuis la création de l’association en 2000.
38
«Mais, à ce jour, rien n’a été fait pour prendre en charge le dossier», poursuit-il. Et pourtant, selon le représentant de l’ANAG, le travail se fait conformément aux attentes des sociétés mandantes, puisque les agents sont tenus d’adhérer aux obligations des compagnies d’assurance qu’ils représentent. Or, sur le terrain et toujours, selon la même source : «l y a une forme d’hostilité vis-à-vis des agents.» «Nous avons besoin d’assistance et d’appui. Les moyens, nous les créons», précisera encore M. Belkadi qui insiste sur la nécessité de revoir les contrats et surtout de les appliquer de la même manière. Car, expliquera t-il, «le contrat change, et, chaque compagnie l’adapte à ses spécificités.» Dans le cadre de cette profession régie également par l’ordonnance 95/07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances, les difficultés rencontrées ont trait essentiellement aux conditions d’application du contrat de nomination, dont la conception et l’élaboration du modèle a été confiée à l’Union algérienne des sociétés d’assurance et- de réassurance (UAR). Il en résulte, ainsi, que « tout amendement devrait relever des prérogatives exclusives de l’UAR». A la suite de notes, instructions, directives, règles et procédures de gestion administrative, technique et
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
financière, émanant des sociétés mandantes, des problèmes ont été soulevés. Parmi ces préoccupations, une dizaine au total, l’ANAG cite la durée de validité du contrat de nomination, l’ouverture du compte bancaire, l’indemnisation compensatoire et les commissions dont les barèmes devraient être révisés, revalorisés mais surtout uniformisés, estime l’association. Sur un autre registre, l’AGA met sur le tapis les anomalies liées aux modalités de résiliation de contrats, la succession de l’agent qui désire se retirer, l’assurance groupe et le cas de décès de l’agent, le statut du préposé de l’agent, les conditions d’application des sanctions disciplinaires et bien d’autres questions en relation, directe ou indirecte, avec la profession de l’agent. Mais, le cœur des problèmes concerne le contenu du contrat qui lie la société mandante aux mandataires. Par ailleurs, M. Belkadi n’a pas manqué de relever un point de grande importance relatif à la concurrence que certaines mandantes opèrent à l’encontre de leurs mandants. En d’autres termes, certaines sociétés d’assurances récupèrent le portefeuille des agents agréés. «L’agent général n’est pas placé sous le même pied d’égalité en matière de cotation, d’une part, la société mandante s’accorde illégitimement le droit de s’accaparer des affaires pourtant en portefeuille chez leur agent général», écrit le président de l’AGA dans une lettre adressée à la direction des assurances au ministère des Finances. Une lettre qui résume la situation des agents
Acteurs agréés à propos de laquelle l’ANAG veut bien discuter avec l’UAR, acteur avec qui elle n’a jamais eu de rencontre, selon M. Belkadi. D’ailleurs, ce dernier n’a pas manqué de faire cette remarque dans le document adressé au ministère des Finances. «Aucune réunion
n’a été tenue avec l’UAR depuis 2000, et ce, malgré nos incessantes démarches et demandes face aux poids des problèmes exposés» est-il noté dans le dit document via lequel l‘ANAG conclut à l’urgence de prendre en charge ces doléances dans l’intérêt de
toutes les parties. «Les mandants trop soucieux de préserver l’intérêt suprême de leurs entreprises devraient rétablir l’équilibre en conciliant cet intérêt avec les demandes, voir les exigences de leurs clients.» Z.A
Une activité en mal de développement
Les courtiers d’assurance face aux difficultés du marché Une activité interdite aux étrangers. L’activité de courtiers d’assurance, régie par le décret exécutif N° 340/95 du 30/10/1995, fait face à des entraves persistantes. Le Conseil national des assurances (CNA) a, d’ailleurs, déjà lancé le débat et la réflexion sur les conditions d’exercice de cette activité, lesquelles sont à améliorer à plusieurs niveaux Et ce, de manière à assurer la souplesse, la transparence et l’efficience de cette activité. Par Zakia Aïnouche
M
andatés par les assurés pour placer et gérer, au mieux et au moindre coût, la meilleure couverture possible, les courtiers sont cependant méconnus par les assurés. Ce qui fait que cette activité reste encore à l’état embryonnaire. Comment, dans pareille situation, ces agents peuvent-ils jouer un grand rôle dans l’intermédiation entre l’assuré et l’assureur ? «Au lieu de s’adresser directement à une compagnie d’assurance, l’assuré souhaite se faire accompagner et se voir assister par un professionnel de l’assurance pour le choix des risques à couvrir et des conditions de garantie, et de la société d’assurance en mesure d’accorder les garanties exigées aux meilleurs coûts et d’honorer les engagements contractuels en cas de sinistre». C’est ainsi que résume M. Abdelaziz Boudraâ, président de l’association des courtiers, les missions de ces acteurs sur la scène des assurances. Les courtiers -qui sont aujourd’hui au nombre de 25 à avoir obtenu leurs agréments- remplissent une fonction fondamentale, celle de défendre les intérêts des assurés dans un domaine technique et complexe. «Ce qui suppose, en plus d’une parfaite
connaissance du marché des assurances, une étude préalable et analyse des risques, un audit des assurances en cours, une conception d’un plan d’assurance ou un cahier des charges répondant aux besoins réels de couverture, et une négociation auprès des compagnies d’assurances opérant sur le marché national», explique à ce propos M. Boudraâ. Et, à ce dernier de poursuivre : «le courtier contribue réellement à la protection du patrimoine national par l’amélioration constante des couvertures en assurance des biens à assurer, et favorise l’instauration d’un réel équilibre d’intérêts des parties au niveau des contrats d’assurance.» Mais, les conditions de l’exercice de cette activité sont difficiles faute d’informations nécessaires. «Trente ans de monopole, c’est toute une génération d’Algériens qui n’ont jamais entendu parler d’un courtier d’assurance, d’ou l’effort de vulgarisation et d’explication qu’il faudrait faire pour passer le message notamment auprès des assurés et managers d’entreprises pu-
bliques et privées qui ignorent tout, ou presque, de l’existence de notre métier», estime le représentant des courtiers en Algérie. D’où, également, la nécessité de lever les contraintes à l’exercice de cette activité
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
39
Acteurs dans l’intérêt de l’assuré, insiste-t-il. «Si les consommateurs de produits (de manière générale) sont protégés par la Loi relative à la protection du consommateur (des brigades de contrôle de la nature et de la qualité des produits), les consommateurs des produits d’assurance ne sont protégés que lorsque ceux-ci ont été vérifiés par des courtiers d’assurances», dira M. Boudraâ pour faire valoir le rôle du courtier d’assurance. Il est important de signaler, selon la même source, que la profession, depuis quelques années, subit les contrecoups des procédures imposées aux clients potentiels (les entreprises publiques). Comment ? Par le code des marchés publics. «Lequel mérite d’être revu, non seulement parce que les entreprises publiques, régies par le code du commerce, doivent être libérés des contraintes administratives liées au code des marchés publics, mais également parce qu’il
y a cette spécificité de l’assurance et de ses techniques qui ne peuvent être codifiées et administrés, ce qui prive ces entreprises des avantages de la négociation notamment l’amélioration des conditions de couverture, et réduit, par ricochet, le champ d’intervention des courtiers d’assurance en la matière», explique M. Boudraâ. L’autre difficulté réside dans la persistance des pratiques contraires aux règles d’éthique et de déontologie. Notre interlocuteur citera, comme exemple, les manœuvres de certains représentants des sociétés d’assurances «qui ne se gênent guère d’user de la désinformation pour discréditer ou minimiser le rôle du courtier auprès de l’assuré pour se passer de ses services et de conserver la relation directe sans intermédiaire assuré – assureur.» Une situation en décalage par rapport au développement enregistré à l’échelle internationale avec le passage, obligatoire en Europe, de
l’assuré par le courtier d’assurance agréé pour toute fourniture de garantie, dans un souci évident d’efficacité et de gain de temps. Pour M. Boudraâ, il y a nécessité de mettre fin à ces pratiques pour pouvoir rehausser le niveau de l’assurance à travers une étroite collaboration entre tous les acteurs du marché, particulièrement les courtiers et les compagnies d’assurance. L’association compte, dans ce cadre, soumettre au débat un ensemble de points concernant la législation en vigueur lors des prochaines assemblées générales avant de les soumettre au ministère des Finances sous formes de propositions. Il s’agit notamment du cadre législatif, surtout celui relatif aux conditions d’exercice de la profession de courtier d’assurance. Z.A
M. Amara Latrous à propos des préoccupations des courtiers et des agents généraux
«Les portes de l’UAR sont largement ouvertes au dialogue»
I
nterrogé sur les problèmes exposés par l’association des courtiers et celle des agents généraux, le président de l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), M. Latrous Amara met d’emblée en avant la disponibilité de l’UAR à discuter autour de ces préoccupation et à trouver les solutions idoines. Mais pour certains points soulevés notamment par les courtiers, l’Union ne peut pas intervenir, tout simplement parce qu’il s’agit du respect des lois de la République. Ainsi, en réponse aux doléances des courtiers concernant la nécessité de revoir le code des marchés publics, eu égard aux spécificités de l’assurance, M. Latrous estime «que les courtiers ne peuvent pas inciter les entreprises publiques à déroger au code des marchés publics» dont la révision est une des prérogatives du gouvernement.
40
A titre indicatif, le président de l’association des courtiers, Abdelaziz Boudraa a soulevé les contrecoups du code des marchés publics sur l’activité des courtiers. Selon ce dernier, les entreprises publiques, régies par le code de commerce, ont besoin d’être libérés des contraintes administratives du code des marchés publics, eu égard à la spécificité de l’assurance et de ses techniques «qui ne peuvent être codifiées et administrés». Comme première contrainte, M. Boudraa évoque la perte de l’avantage de négociation par les entreprises en quête d’une assurance. Ce qui réduit, selon lui, le champ d’intervention des courtiers. Au sujet «des imperfections à revoir» dans le contrat de nomination des agents généraux tel qu’abordé par le président de l’association nationale des agents généraux (ANAG), Belkadi Mahmoud, le président de l’UAR avance n’avoir jamais été sollicité à cet effet. «L’UAR n’a reçu aucune de-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
mande dans ce cadre», dira M. Latrous avant d’afficher la disponibilité de l’Union à discuter autour de ce dossier. «Les portes de l’UAR sont largement ouvertes au dialogue», poursuivra t-il. A Noter que, selon l’ANAG, aucune rencontre n’a eu lieu avec l’UAR sur cette question, ni sur d’autres. «Aucune réunion n’a été tenue avec l’UAR depuis 2000, et ce, malgré nos incessantes démarches et demandes face aux poids des problèmes exposés», indique à ce sujet le président de l’ANAG, M. Belkadi. A qui la faute alors dans les lenteurs accusées dans la prise en charge des problèmes du secteur des assurances puisque chaque partie rejette sa responsabilité et se dit ouverte au dialogue ? Se réunir autour d’une table, et mettre tous les points contraignants sur le tapis, sera le mieux pour tous les acteurs du secteur. Z.A
Acteurs En cas de faillite des sociétés d’assurances
Le FGAS en soupape de sécurité L’ouverture, en 1995, du secteur des assurances au privé a créé de nouveaux besoins. Cette libéralisation ne pouvait se faire, sans difficultés, se heurtant à des contraintes d’adaptation. Et des problèmes, des compagnies d’assurances en ont connus. La faillite, à l’image de ce qui s’est produit dans certaines banques, le secteur des assurances n’en a pas enregistrée, du moins pour le moment. Les sociétés d’assurances plus solvables que les banques ? Par Farid Oumouhend .
A
ujourd’hui, les pouvoirs publics veulent mettre plus de rigueur peut-être un peu plus par rapport à ce qui se faisait, il y a quelques années-, dans le secteur des assurances, en exhortant les compagnies d’assurances à se hisser aux normes en matière de gestion et de solvabilité. Et c’est dans ce contexte qu’est né le Fond de garantie des assurés (FGAS). Ce fonds de garantie a été institué par l’article 13 de la loi 06/04 du 20 février 2006 modifiant et complétant l’ordonnance n° 95-07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances. Etant autonome, le Fonds de garantie des assurés dispose de ressources constituées d’une cotisation annuelle -des sociétés d’assurance et/ou de réassurance et des succursales d’assurance étrangères agréées - dont le montant ne peut dépasser 1% des primes émises nettes d’annulations. Aussi, la loi de finances complémentaire pour 2008 a apporté des corrections de forme sur le Fonds de garantie des assurés qui est chargé de supporter, en cas d’insolvabilité des sociétés d’assurances, tout ou partie des dettes envers les assurés et les bénéficiaires des contrats d’assurance. La mention de son rattachement au ministère des Finances a été supprimée et un renvoi vers la voie réglementaire est introduit pour préciser les modalités d’organisation et de fonctionnement ainsi que les conditions financières du fonds. Ce font est chargé de supporter, en cas d’insolvabilité d’une société d’assurance, tout ou partie des dettes envers les assurés, les bénéficiaires de
contrats ou leurs ayants droits. «A l’instar du secteur bancaire à travers le Fonds de garantie des dépôts, le secteur des assurances s’est doté d’un instrument favorisant la protection des contrats d’assurance et sécurisant davantage l’activité des assurances», nous a expliqué M. Kamel Marami, Directeur des assurances au ministère des Finances. Comme tout opérateur soumis aux règles du marché, la société d’assurances est confrontée au risque d’insolvabilité, risque accentué par la nature de l’activité des assurances. Cette dernière se distingue par l’inversion de son cycle de production «dans la mesure où la compagnie commence par vendre son produit dont le coût, soit le montant de l’indemnisation, n’est connu que lors de la survenance du sinistre», a encore expliqué M. Marami. Sur le plan financier, le FGAS tire son fond des cotisations des compagnies d’assurances. Le taux de la cotisation annuelle des sociétés d’assurance ou de réassurance et des succursales de sociétés d’assurance étrangères agréées au Fonds de garantie des assurés (FGAS), a été fixé par un arrêté ministériel publié au Journal officiel du 28 octobre 2009. Le taux de cette cotisation est fixé à 0,25% des primes émises, nettes d’annulations, arrêtées au 31 décembre de l’exercice considéré, selon cet arrêté. Les premières cotisations sont versées en 2010, a indiqué dans ce sens M. Marami en précisant que le compte du FGAS doit contenir, jusqu’à l’exercice en cours, quelques 600 millions de dinars. «Nous souhaitons que le Fonds constitue un montant de sécurité», a-t-il encore ajouté.
Le compte du FGAS est actuellement géré par le Fonds de garantie automobile (FGA) qui existe depuis plusieurs années. Mais contrairement à ce dernier, l’argent du FGAS n’a jamais été utilisé. La raison ? «Il n’y a, fort heureusement, aucune difficulté déclarée par une des compagnies d’assurances», a précisé M. Marami. Cela ne fait qu’augmenter les capacités d’absorption de ce fond qui est appelé à indemniser des clients à l’avenir. Cependant, le FGAS est doté d’une commission d’indemnisation des assurés dont les missions essentielles consistent à examiner les dossiers et de proposer au ministre des Finances les niveaux d’indemnisation qui peuvent être mis à la charge du FGAS et ce, au regard des ressources disponibles. «Elle donne également un avis sur le fonctionnement du Fonds», nous est-il affirmé au ministère des Finances. A préciser que le secteur des assurances disposait déjà, avant la création du FGAS, d’un autre organisme dont le rôle de garantie est quasiment semblable. Il s’agit du Fonds de Garantie Automobile (FGA). Il est chargé par les pouvoirs publics d’indemniser les victimes des accidents de la route, dans le cas ou le(s) responsable(s) de l’accident n’est (sont) pas identifié(s) ou ne disposent pas de contrat d’assurance d’un organisme reconnu. Le FGA est opérationnel depuis 2004. Il indemnise, chaque année, des centaines de victimes d’accidents de la route.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
F.O
41
Zoom Le secteur agricole ne compte que 75.000 assurés
L’assurance agricole, une culture pas tout à fait ancrée L’écrasante majorité des agriculteurs ignorent les dispositions relatives à l’assurance de leurs cultures et élevages, l’assurance de leurs immobiliers et équipements agricoles. Il y a cependant de la place pour que cette culture d’assurance puisse progresser.
Par Zoubir Dahmani
E
n dépit des efforts consentis dans le domaine, l’assurance agricole semble peiner à fleurir comme l’illustre la faible affluence de la part des agriculteurs pour souscrire des assurances. Pourtant, un nombre important de produits est proposé sur le marché. À priori, cette avancée timide est expliquée principalement par les primes d’assurance que les agriculteurs jugent élevés. Au niveau des agriculteurs, on évoque aussi l’inadaptation des types d’assurance avec la nature de l’activité agricole. Mais plus que ces deux facteurs, il est indéniable que les agriculteurs algériens ne se sont pas encore familiarisés avec la culture de l’assurance. C’est manifestement assez curieux, dans une Algérie ou des agriculteurs font souvent, notamment ces dernières années, face à des aléas de la nature. Pourtant, il s’agit d’une assurance, qui sert à indemniser un agriculteur lorsque son rendement baisse sous un seuil fixé d’un commun accord. Elle permet ainsi de couvrir le revenu des agriculteurs et de les protéger contre les conséquences des rendements bas, des prix faibles ou une combinaison des deux facteurs. Pour la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), «ce système d’assurance est considéré comme un des outils les plus importants pour accompagner et pérenniser la poli-
42
tique de renouveau agricole et rural et participer, ainsi, à la sécurité alimentaire.» Les chiffres indiquent, à cet effet, que le secteur agricole compte près de 75.000 assurés sur un marché comprenant entre 800.000 et 900.000 agriculteurs inscrits à la Chambre nationale d’Agriculture. Ce qui représente un taux d’assurance de seulement 8 à 10%. Le secteur agricole représente d’ailleurs une infime partie du chiffre d’affaires des assurances, estimée à un peu moins de 2%, durant les années 2010 et 2011.
Etats des lieux d’une réticence La question relative au faible taux d’inscription à l’assurance agricole revient à chaque fois que des intempéries, ou autres risques, causent des dégâts pour les agriculteurs. Ce n’est qu’une fois que la catastrophe enregistrée que les concernés se résolvent à lâcher qu’on «aurait du s’inscrire» à l’assurance agricole. Les cadres du secteur s’accordent incontestablement à dire que si les assurances agricoles ne sont pas obligatoires, elles ne sont pas moins indispensables pour mettre les activités agricoles à l’abri de nombre de risques, comme les inondations, le froid, le verglas, les incendies, les tempêtes, la sécheresse et autres, et assurer leur pérennité et leur
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
élargissement à l’avenir. D’autres chiffres ne sont pas moins révélateurs du faible rythme que prend l’assurance agricole depuis son lancement. Il est fait état, en effet, que la CNMA (société créée en 1972), tire, depuis son instauration en 2006, 80% de son chiffre d’affaires de l’assurance automobile au détriment de l’assurance agricole, qui concernait uniquement la grêle du fait que la couverture de ces aléas était obligatoire. Actuellement, le risque agricole représente 32% des recettes de la Caisse, qui étaient de 5 milliards de DA en 2009.
Zoom Entre 2009 et 2011, la CNMA, pour étendre son portefeuille, a lancé plusieurs produits d’assurances pour les filières de la tomate, de l’oléiculture et la viticulture, outre la pomme de terre. Les assurances agricoles ne sont pas allées au-delà de 1% du marché des assurances, et 2% du chiffre d’affaires du secteur des assurances toutes branches confondues. Un bilan qui semble pousser la CNMA à lancer de nouveaux produits destinés aux filières stratégiques. La Caisse a décidé par ailleurs d’accorder 3% de réduction sur chaque nouveau produit d’assurance pour attirer le maximum d’agriculteurs.
Pour une vulgarisation plus offensive Il va ainsi sans dire que les efforts que consentent les autorités ainsi que la Caisse nationale de mutualité agricole ont besoin davantage de vulgarisation afin que cette culture de souscriptions aux assurances agricoles ne reste pas longtemps en jachère. Pour le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Allioui, la non-souscription par les agriculteurs à une assurance s’explique par l’absence d’informations autour des produits et prestations des compagnies et caisses d’assurance sans compter le manque de culture d’assurance chez l’agri-
culteur algérien. Son avis est rejoint par le président de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), Mohamed Bouhadjar, qui estime que «le manque d’information et de sensibilisation est l’une des principales causes entravant le développement du secteur des assurances agricoles.» C’est, manifestement, à ce niveau qu’un énorme travail doit être fait en matière d’explication avec comme objectif optimal de briser le glas entre les agriculteurs et le dispositif d’assurance. Certains témoignages confortent cette attitude vis-à-vis de cette police d’assurance. «Bien que j’aie perdu 70% de ma production de pommes de terre, en raison des dernières intempéries, je préfère ne pas souscrire une assurance qui ne m’aurait pas, de toute façon, remboursé à 100%», relevait un agriculteur à ce propos. S’il est notoire chez les différentes directions du secteur que la CNMA accorde des facilités à tous ceux qui souhaitent souscrire une assurance agricole, à l’instar du paiement à tempérament en cas d’incapacité de règlement direct, il reste à souligner que chez les agriculteurs, le produit n’a pas été assez semé. Cette méconnaissance a été, au demeurant, confirmée à l’occasion d’une journée de sensibilisation organisée à Tipasa par les organismes concernés. Il a été ainsi prouvé, à cette occasion, que l’écrasante majorité des agriculteurs ignorent les dispositions relatives à l’assurance de leurs cultures et élevages, l’assurance de leurs immobiliers et équipements agricoles. Une rencontre qui a été néanmoins mise à profit par la CNMA pour expliquer et informer les professionnels sur les garanties qu’elle a apportées aux fellahs assurés. Il y a, cependant, de la place pour que cette culture d’assurance progresse. Les propos de la directrice des finances au niveau de la CNMA sont des indices qui ne trompent guère quant aux possibilités de voir ses produits d’assurance se faire une place dans le secteur. «Le chiffre d’affaires de la CNMA, arrêté au 30 septembre 2012, s’élève à 6 milliards de dinars dont 72% concernent le secteur agricole, alors qu’il était de 2,5 milliards de dinars en 2002. Je dois vous préciser que 80% de notre chiffre d’affaires concernait
l’assurance automobile, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui», a-t-elle indiqué.
Une enveloppe de 7 milliards de dinars Cet effort de vulgarisation qui mérite certainement d’être mené, peut, visiblement, reposer sur la volonté maintes fois affichée par le ministère de l’Agriculture d’accompagner les agriculteurs notamment dans des situations de crise. C’est ce qu’a indiqué le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaïssa, à la fin du mois de novembre dernier. En se rendant au Salon national des produits de la ruche, le premier responsable du secteur est venu porteur d’une bonne nouvelle à l’adresse des opérateurs. C’est dans ce sens qu’il a annoncé des mesures en faveur des petits agriculteurs qui ont souffert jusque-là des effets dévastateurs des intempéries. Par les chiffres, M. Benaïssa a relevé qu’une enveloppe de sept milliards de dinars a été dégagée aux fins de protéger la production agricole des intempéries, avec cette précision que deux milliards de dinars sont destinés aux apiculteurs. Mais, une telle enveloppe financière, si elle est de nature à permettre un amortissement des pertes subites par les agriculteurs, ne résout pas vraiment la problématique. «Le secteur agricole représente une infime partie du chiffre d’affaires des assurances. Le taux d’assurance des activités agricoles dépasse à peine 1%», a souligné ce responsable. «Connaissant mal la nature de l’activité agricole, les assureurs proposent des produits inadaptés à cette activité et à des tarifs inaccessibles pour les agriculteurs, d’où le manque d’engouement sur ce type d’assurance», ne cessent de dire des spécialistes en matière d’assurance. C’est visiblement dans la perspective de mieux encadrer la question du point de vue juridique que le Conseil national des assurances (CNA) a présenté au ministère des Finances un projet de loi portant mise en place d’un dispositif d’assurances des calamités agricoles.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Z.D
43
Zoom Risque industriel
La prévention en priorité majeure La branche accidents et risques divers imprime de la croissance même si ses performances demeurent, ces dernières années, en deçà des potentialités du marché. Le facultatif, seules quelques entreprises (les groupes industriels, notamment) y souscrivent. Les raisons sont diverses. Dans une économie en restructuration, de nombreuses sociétés font face à des contraintes financières, une situation qui fait que l’ordre des priorités, dans une entreprise, change. Et, souvent, le manager, ne s’offrant pas de choix multiples, se met à tailler dans ses ressources, réduisant drastiquement le «budget assurances» Aussi, il y a nécessité de sensibiliser les PME/PMI au risque industriel. Par Farid Sadki
«L’assurance est un domaine mal perçu par le chef d’entreprise», c’est, là, le propos de M. Zaim Bensaci, président du Conseil consultatif pour la PME/PMI. Il existe aujourd’hui, environ 700.000 PME, un tissu constitué en grande partie de TPE. M. Ben-
44
saci souligne que le chef d’entreprise s’assure. Mais est ce qu’il s’assure véritablement avec toute la panoplie de ce que peut représenter l’assurance ? se demande-t-il. Zaim Bensaci «ne le pense pas» Cette situation est-elle irréversible ? Avec la mise à
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
niveau des PME, le tissu industriel est conduit à se développer davantage. Les primes d’assurances qui vont avec aussi ? Pour M. Amara Latrous, président de l’UAR, les opérateurs se soucient, aujourd’hui, pour leurs investissements en se couvrant contre les risques industriels (les accidents et risques divers). C’est une branche qui imprime de la croissance ces dernières années, même si ses performances demeurent en deçà des potentialités du marché, signe que les réflexes ont changé, dans le carré des industriels. Ils ont, en fait, évolué, mais pas considérablement. Il y a toujours des chefs d’entreprises qui contractent un minimum d’assurance, à la manière du particulier, souscrivant à l’obligatoire. Le facultatif, seules quelques entreprises (les groupes industriels notamment) y souscrivent. Il y a, donc, nécessité de sensibiliser les PME/PMI au risque industriel. Le CNA y travaille, en collaboration avec d’autres organismes comme le Conseil national consultatif pour la PME /PMI. L’idée fondamentale est de dégager une synergie dans le secteur industriel à travers un accompagnement durable des PME, car, le problème
Zoom qui se pose, aujourd’hui, dans ce secteur, c’est le fait de ne pas accorder de l’importance à la prévention. Certes, de nombreuses entreprises se font certifier, en matière de sécurité industrielle, et des groupes industriels ont introduit le HSE, des normes de sécurité universelles, qu’ils vulgarisent en interne, mais, il reste beaucoup à faire, parce qu’une bonne partie de PME, évolue à la marge du développement de normes de sécurité. Et c’est à ce niveau là qu’il faudra engager le débat, pour promouvoir le préventif, et, conséquemment, réduire et les sinistres et les coûts qui en découlent. D’évidence, la prévention intéresse les assureurs puisqu’elle réduit les indemnités qu’un assureur aura à supporter. Mais, elle intéresse aussi les assurés à un double titre. Explications : réduisant le coût total des sinistres, un travail de prévention bien élaboré doit se matérialiser par une diminution des tarifs des assureurs et, du coup, des cotisations demandées aux assurés pour financer la mutualité des risques.
Cette corrélation ne semble cependant pas suffisamment vulgarisée. Le Conseil national des assurances (CNA) a engagé, en 2010, une réflexion pour qu’elle le soit. Une tâche difficile, dans le contexte d’aujourd’hui ? Comme évoqué, il y a toujours des chefs d’entreprises récalcitrants, ne jouant pas le jeu, une assurance n’étant pas une priorité dans la stratégie managériale de certains d’entre eux. Peut-être qu’ils n’arrivent pas à mesurer l’ampleur des dégâts, en cas de sinistre. Pourtant, la prise en charge de dégâts provoqués par un incendie dans une usine, à titre d’exemple, est beaucoup plus onéreuse qu’une prime d’assurance. Les dégâts, ils n’en prennent conscience, qu’une fois le «feu à la maison» ? Et des managers qui demandent une souscription d’assurance, après une catastrophe, des assureurs en connaissent. Cette attitude at-elle changé ? Le mental a évolué mais, la réalité est toute autre, relativise le président de l’UAR qui relève que les gens s’assurent aujourd’hui.
C’est, plutôt, les commerçants qui le font moins, dit-il. M. Amara Latrous laisse ainsi transparaître qu’il y a une prise de conscience chez les chefs d’entreprises. Ces derniers, s’inscrivant dans des stratégies prospectives, englobant un certain nombre de paramètres dont l’assurance, ont compris qu’une assurance ne peut être que dans l’intérêt de l’entreprise. Cela, les assureurs, l’ont également compris. Aussi, ils sont incités à faire dans la prévention, à mieux vendre leurs produits aux industriels, et à être à l’écoute des chefs d’entreprises. Un sinistre efficacement cerné, rapidement circonscrit, fera que la production reprenne relativement avec célérité, après une catastrophe, et que le chef d’entreprise ait confiance en l’assureur. Et, ce qui est valable (en termes de délais de remboursement et de prise en charge de sinistre) pour les particuliers, l’est également pour les industriels.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
F.S
45
Zoom Entretien avec M. Zaïm Bensaci, président du Conseil National Consultatif (CNC) de la PME/PMI
«L’assurance est un domaine mal perçu par le chef d’entreprise» Au regard des chiffres et en dépit de sa relative modestie, le tissu des Pme constitue un marché assez conséquent pour les assureurs. Un marché porteur de grandes potentialités au regard des perspectives tracées par les pouvoirs publics pour ce secteur. Toutefois, il semblerait qu’il manque une interface entre chefs d’entreprise et assureurs pour que la relation soit plus féconde. Eclairage de Zaim Bensaci dans l’entretien qui suit. Entretien réalisé par Mohand Ouali ces PME et TPE soient la colonne vertébrale du développement. Le principal employeur, actuellement, ce sont tout de même les entreprises privées. Et plus il y en a, mieux ça vaudra pour notre jeunesse afin qu’elle trouve des emplois. En ce qui concerne la gestion de ces PME et leur devenir, il y a un programme de mise à niveau qui est en cours. Il y a eu un millier d’entreprises retenues dans ce cadre. C’est un programme important avec une enveloppe de près de 3 milliards d’euros que le gouvernement a mis à disposition. Si les choses se passent convenablement, on aurait, au final, de véritables PME gérées dans le cadre des standards internationaux. Ce sera une chance pour l’Algérie.
A combien évalue-t-on le tissu des PMEPMI en Algérie ? Le dernier recensement de l’ONS donne à peu près 700.000, mais la grande majorité ce sont des TPE, c’est à dire de très petites entreprises. Le souhait, c’est de faire de ces TPE des entreprises moyennes et pour cela il faudrait qu’elles puissent progresser. Le second point qu’il faut souligner, c’est la mise en place d’une task force pour faire de nouvelles recommandations et je pense que cela va dans le bon sens pour arriver à créer ce véritable tissu industriel et pour que
46
On dit que les chefs d’entreprise ne s’assurent pas, est-ce que vous partagez cet avis ? Non, les gens sont conscients tout de même qu’ils prennent des risques. Imaginons par exemple, des accidents de travail… Je pense surtout aux risques industriels… S’agissant des risques industriels, je crois que la majorité des PME sont assurées. Et pour les petites entreprises ? Ça dépend des types d’activités. Quelqu’un qui n’a qu’une machine, il ne va pas forcément l’assurer.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Est-ce qu’il existe des statistiques qui quantifient l’importance du recours à l’assurance par les entreprises du secteur ? Non, pas suffisamment à ma connaissance. Chefs d’entreprises et assureurs se concertent-ils pour trouver des formules satisfaisantes pour les uns et les autres? Ce que je peux constater en ce qui concerne les assurances, c’est que c’est un domaine qui est mal compris, mal perçu, par le chef d’entreprise. Le chef d’entreprise s’assure, oui, mais est ce qu’il s’assure véritablement avec toute la panoplie de ce que peut représenter l’assurance ? Je ne le pense pas. J’en ai parlé avec le Secrétaire du Conseil national des assurances, M. Benbouabdallah, et on avait prévu, peut-être même avec le CNC, d’organiser des séminaires de sensibilisation pour que les gens connaissent l’assurance et que les assurances, ellesmêmes, communiquent. Je pense qu’il y a un manque de communication qui est à combler. En cela, le CNC est disposé à accompagner toute initiative de ce genre. Je ne connais pas le détail de ce que peuvent apporter les assurances au niveau de l’entreprise, mais ce serait bien que le chef d’entreprise sache que différentes possibilités existent.
Zoom
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
47
Zoom Automobile, bâtiment, ouvrages, risques divers…
Gros plan sur l’expertise en assurance La SAE / EXACT, société d’expertise et de contrôle technique automobile, dispose, à travers le territoire national, de vingt quatre centres d’expertise, entièrement informatisés, de quatre antennes d’expertise, entièrement structurées, et de cinq agences de contrôle technique automobiles. Concernant l’expertise ayant trait aux assurances contre les effets des catastrophes naturelles (Cat-Nat), M. Karim Rabah-Otmani met l’accent sur les contraintes et difficultés que connaît cette assurance dite Cat-Nat. Par Farid Sadki
L
a Société algérienne d’expertise et de contrôle technique automobile (SAE/EXACT) a été créée en 1998, sous la forme juridique de Eurl. Elle est détenue par un propriétaire unique, la SAA en l’occurrence. Cette société d’expertise remplit une fonction es-
sentielle, celle de pratiquer toutes les opérations d’expertises techniques, les assurances et le contrôle technique compris. La société affiche ses ambitions et se développe dans un marché en métamorphose. En septembre 2001, la SAE/ EXACT procède à une première augmen-
M. Mustapha Tamendjari
48
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
tation de son capital, par incorporation des réserves facultatives. En novembre de la même année, elle passe au statut de Société par actions (SPA). En 2002, la SAE/ EXACT opère une autre augmentation de son capital. Elle l’a faite par décision de l’actionnaire unique, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire. En 2003, la société procède à la mise en place de la chaîne d’agences de contrôle technique, au nombre de cinq et à la prise de participations dans le capital social de COTA. En 2004, elle augmente de nouveau son capital social, une opération qui vise à renforcer les assises financières de l’entreprise et à lui permettre un repositionnement stratégique. Et, pendant la même année, elle créée sa première filiale de prestation de service dénommée EXACT/PLUS, sous forme de Société par actions. En 2007, SAE/EXACT met en place une société d’assistance automobile. Il s’agit d’une SPA dénommée Inter Partner Assistance Algérie (IPAA), créée à parts égales, en partenariat avec Inter Pertner Assistance de droit belge, filiale de AXA assistance France. Durant la même année, la société relève son capital social. La SAE/EXACT est la première société d’expertise en Algérie qui opère dans l’expertise automobile, dans l’expertise du bâtiment et les risques divers, ainsi que dans
Zoom les risques professionnels. Elle effectue également des opérations d’évaluation de patrimoines, de vérification de risques. Elle intervient aussi dans l’assistance d’entreprise, pour tout ce qui a trait au crédit immobilier, au suivi de financement…, explique, en substance le Président directeur général de cette filiale 100% SAA, M. Mustapha Tamendjari. La SAE/ EXACT dispose, à travers le territoire national, de vingt quatre centres d’expertise, entièrement informatisés, de quatre antennes d’expertise, entièrement structurées, et de cinq agences de contrôle technique automobiles. La société est dotée de moyens modernes et a de la ressource humaine. «Nous recrutons des ingénieurs d’Etat que nous formons à l’expertise, et nous recrutons sur titre des experts», souligne M. Tamendjari. Mais, est-ce suffisant ? Mustapha Tamendjari veut faire évoluer la société dont il est responsable dans une réelle dynamique, mais l’environnement externe n’y est pas toujours favorable. M. Tamendjari explique : «nous n’arrivons pas, par exemple, à mettre en place une base de données unique, et des barèmes dans le volet automobile et bâtiment, et nous n’avons pas réussi à avoir la nomenclature des prix des pièces de rechange, auprès des concessionnaires. Pas plus que nous n’arrivons pas à unifier les méthodes et procédures en matière d’expertises». Le PDG de la SAE/EXACT ajoute également que le taux horaire de la main d’œuvre, datant des années 80, pose toujours problème». Aussi, le barème des honoraires d’experts «n’a pas, non plus, évolué», regrette M. Tamnendjari. Contraintes et difficultés également dans l’assurance Cat-Nat, un volet que connaît bien M. Rabah-Otmani, directeur de la société d’étude et d’engineering SEE. L’assurance Cat-Nat concerne les tremblements de terre, les inondations et coulées de boue, les tempêtes et vents violents, les mouvements de terrain... C’est un produit d’assurance à caractère obligatoire et dont la durée de souscription ne saurait être inférieure à une année. «Nous sommes dans l’expertise qui a trait à tout ce qui touche à l’habitat, à l’industrie
et à l’ouvrage. Avant 2003, l’expertise se faisait dans le cadre des risques divers, l’expert effectuant une évaluation et étude du sinistre. Après 2003, il y a eu changement, l’UAR proposant de l’expertise spécialisée dans les sinistres provoqués par les catastrophes naturelles», rappelle le directeur de SEE. «L’expertise spécialisée a évolué. Elle s’est imposée et beaucoup de sociétés d’assurance apprécient cela», juge M. Karim Rabah-Otmani qui nous explique, sommairement, en quoi consiste le travail d’expertise que la société qu’il dirige établit. «Dans nos différentes interventions d’expertise, nous nous appuyons sur des laboratoires équipés d’instruments, sur des outils pour évaluer, par exemple, la qualité du sol, le béton et l’acier, dans une structure, dans un ouvrage, c’est cela l’expertise» «Cette expertise, nous pouvons la faire avant ou après une catastrophe», précise-t-il. Cependant, ajoutera-t-il, «la visite du risque (une sorte de photographie du risque, comme le fait un expert spécialisée dans l’expertise automobile) n’est pas encore ancrée dans les usages, car elle implique
des coûts et frais supplémentaires. » Pourtant, relève-t-il en substance, la visite du risque est dans l’intérêt de l’assuré et de l’assureur ; le risque étant, souvent, non seulement sous-évalué mais méconnu, pour une raison toute simple : la méconnaissance des enjeux des risques. «Parfois, nous connaissons l’aléa mais pas l’enjeu, c’est-à-dire la compagnie d’assurance ne connaît pas le risque à couvrir», indique-t-il à ce propos. «La visite du risque à l’échelle d’une habitation ou d’un ouvrage, on ne la fait pas pour le moment, les maîtres d’ouvrage faisant toujours dans le déclaratif», regrette le DG de SEE qui livre cet exemple pour illustrer l’ampleur «des dégâts» pouvant découler d’une évaluation de risque «faite à distance», c’est à dire que l’expert établit une estimation du risque sans avoir à se déplacer sur site, pour voir de visu, à titre illustratif, un ouvrage qui menace ruine et dont il faut couvrir le risque. M. Rabah-Otmani souligne par ailleurs que la Cat-Nat ne suscite pas encore beaucoup d’engouement auprès des assurés. F.S
M.Rabah Otmani Karim
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
49
Zoom Pour faire avancer le règlement des sinistres automobiles entre compagnies
Nécessité d’augmenter le plafond fixé pour la contre-expertise La gestion des sinistres automobiles constitue un casse-tête pour les compagnies d’assurances, lesquelles sont confrontées à des difficultés en matière d’indemnisation. Les difficultés sont en fait liées à la régularisation des dossiers de sinistres intercompagnies, surtout quand les responsabilités dans les accidents déclarés ne sont pas claires. Par Zakia Aïnouche
C
ertes, des efforts ont été déployés dans ce cadre mais, la prise en charge des dossiers continue à accuser des retards. Entre la déclaration de l’accident, l’expertise, la contre-expertise et le remboursement, l’assuré se fait attendre, pendant de longs mois. Du coup, la liste des affaires en suspens s’allonge. A ce sujet, faut-il rappeler que pour le premier semestre de l’année 2012 et selon l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), sur les 721 000 dossiers de sinistres (automobiles) en suspens, 407 000 (soit 60%) ont été traités et réglés, pour un montant d’indemnisations de 4,5 milliards de dinars. Les 40% restants, soit plus de 300 000
50
dossiers, devaient être réglés, à la fin de la même année pour aboutir à un montant global de 07 milliards de dinars. Les assureurs qui ont reçu au cours de l’année dernière près d’un million de déclarations de sinistres, se sont mis d’accord, à travers le protocole d’accord multilatéral relatif à la gestion de la branche automobile signé en juin 2012, sur l’organisation, sous l’égide de I’UAR, de campagnes trimestrielles de liquidation des dossiers sinistres automobile intercompagnies. En attendant l’entrée en vigueur de cet accord, les couacs dans la gestion des sinistres impliquant deux assurés de deux sociétés d’assurance différentes persistent. Le président de l’UAR, M. Latrous Amara, évoque d’ailleurs des contentieux en relevant que «quand les responsabilités sont situées dans les sinistres déclarés, cela ne pose pas beaucoup de problèmes, mais lorsqu‘elles ne le sont pas, cela conduit à des contentieux.» Le président de l’UAR précise que «dans certains cas, les affaires sont portées devant les tribunaux.» «Toutefois, relativise-t-il, avant d’aller à cet ultime recours, il y a des tentatives de règle-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
ment à l’amiable.» D’ailleurs, plus de 90% des dossiers sont traités dans ce cadre là. Il y a cependant un autre point de grande importance qui continue de freiner la cadence du règlement des sinistres. Il s’agit de la convention signée en 1992 entre la CAAR, la SAA et la CAAT instituant la contre-expertise pour toute indemnisation dépassant les 30.000 dinars. Vingt ans après la conclusion de cette convention, le montant est resté inchangé, alors que bien d’autres éléments ont évolué, particulièrement les prix. C’est le cas, pour les véhicules, avec les prix des pièces de rechange et de la main d’œuvre qui ont beaucoup augmentés. Entre temps, a eu lieu aussi l’ouverture du marché des assurances conformément à l’ordonnance de 1995. «On a gardé le même plafond alors qu’actuellement le coût moyen du sinistre dépasse largement les 30.000 dinars», regrette un ancien cadre du secteur exerçant actuellement comme agent général. Pour ce dernier, l’obligation d’une contre-expertise pour les sinistres excédant ce montant ne fait que retarder le règlement des dossiers, alourdir la masse du travail aux agences, en sus des autres lenteurs administratives. Une question qui nécessite d’être prise en charge dans un cadre de concertation.
Zoom
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
51
Nouveauté Mesurer la vulnérabilité des entreprises, une première en Algérie
Elaboration d’un système CAGEX-Rating C’est une première en Algérie, la Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations (CAGEX) ambitionne de se positionner comme un organisme externe d’évaluation de crédit (OEEC), et ce, à travers la mise en œuvre de son projet rating dont l’objectif est de créer un système CAGEX-Rating. «Il s’agit d’une nouvelle offre de services qui s’inscrit dans le cadre de la diversification de l’activité. Ce nouveau service se veut un produit innovant, en se basant sur les nouvelles Technologies de l’information et de la communication (TIC) pour sa mise en œuvre (utilisation d’Internet et automatisation du processus de notation et de facturation) », explique M. Ammar Laouar, directeur du projet Rating. Et de poursuivre que le Rating est à développer avec et pour le compte des banques, sur la base d’un partenariat à formaliser. Par Ahmed Bouaraba
I
l convient de préciser que ce système est en cours d’élaboration. «Les travaux de réalisation sont à un niveau très avancé, en ce qui concerne l’application informatique», indique ce responsable. Selon les explications fournies par M. Laouar, ce système comporte une méthodologie, un logiciel applicatif et un modèle économique. Ainsi, la mise au point de sa méthodologie est effectuée en concertation avec les banques dans le cadre d’un cycle de consultations bien établi. Qu’en est-il du rôle de la Cagex ? Le même responsable précise que le rôle de la compagnie consiste notamment à évaluer le risque crédit à l’initiative des banques, à quantifier le niveau et la qualité du risquecrédit moyennant une notation. Il a aussi souligné que «ce n’est pas une quantification d’estimation de perte, mais une démarche d’évaluation multidimensionnelle de la solvabilité d’une entreprise qui se trouve à la recherche d’un financement bancaire.»
52
Il s’agit, explique-t-il, d’une étude de détection précoce du risque de défaillance de l’entreprise, à court et à moyen termes.» Notre interlocuteur a également expliqué qu’il s’agit d’une analyse «rigoureuse, indépendante et exhaustive» de paramètres et critères des risques crédit susceptibles d’avoir un impact sur la capacité d’une entreprise à faire face à ses obligations financières contractuelles. Sur ce point, M. Laouar a tenu à préciser que le système Cagex-rating est une «offre de services» portant notation de crédit à l’initiative des banques. C’est un processus industrialisé et automatisé apportant une information complémentaire aux banques, a-t-il ajouté en substance. Surtout que «ce système ne se présente pas comme une limitation de crédit ou encore une recommandation de financement», dira-t-il encore à ce propos. La banque reste libre quant à l’utilisation de la note. Il s’agit d’un avis indépendant sur la qualité du risque crédit.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Nouveauté Sur ce point, le directeur du projet au sein de la CAGEX relève que les bénéfices sont de «différents ordres». Ainsi, ils peuvent automatiser le traitement d’une demande de crédit, diminuer le temps de production et livrer rapidement une note de synthèse du risque associé à une entreprise qui se trouve soit en phase de création ou de développement. Il s’agit également de fournir une information synthétique sur la qualité du risque et d’apporter une information complémentaire aux banques. S’agissant des avantages que ledit système pourra apporter à la banque, il dira, entre autres, que la note délivrée peut être intégrée au processus d’évaluation des demandes de crédit. Aussi, elle sert d’outil d’aide à la décision et permet de prendre «rapidement et efficacement» les déci-
sions essentielles et cohérentes telles les décisions de crédit avec rapidité et objectivité. Ce responsable à la CAGEX a aussi évoqué l’amélioration de la productivité «en automatisant le processus d’évaluation». Il a, aussi, indiqué que ce système permet d’évaluer «rapidement et précisément» les perspectives de performances d’une entreprise.
Notation financière et qualité de signature Autre question, non moins importante : sur quoi porte l’évaluation ? Selon notre interlocuteur, il s’agit principalement de la notation financière (crédit rating) d’entreprises, portant sur le risque de défaut de paiement qui reflète la qualité de signature de l’em-
prunteur ainsi que la prédiction de la défaillance de l’entreprise, qui, a-t-il dit, «se fonde sur l’analyse économique et financière au moyen de variables (critères) pertinents et discriminatoires». Dans ce registre, M. Laouar explique que «la méthodologie englobe deux dimensions : qualitative et quantitative. Elle se base sur des critères qui se rapportent aux différents risques tels ceux industriels, c’est-à-dire l’analyse des opportunités et menaces liées au secteur d’activité dans lequel évolue l’entreprise, les perspectives d’évolution du secteur, la stratégie et le management de l’entreprise ainsi que le risque financier ou le degré de solvabilité, liquidité, rentabilité…». Ce directeur à la CAGEX a également expliqué que «la défaillance est définie comme toute entreprise qui a connu un défaut de paiement (et non comme l’ouverture d’une procédure judiciaire)». Aussi, il a indiqué que «l’accent est mis sur l’estimation du risque de défaut et non sur celle du risque de faillite. La définition du défaut de paiement réside dans le non respect par le débiteur de ses obligations financières : non-remboursement du capital en principal ou non paiement des intérêts en violation d’un cadre conventionnel». Pour des prises de décisions plus rationnelles, le directeur du projet Rating a tenu à dire que le recours à la notation par les banques peut s’inscrire dans une volonté de vision de synthèse pour les banques car «la notation réside dans le fait de fournir une indication sur une entreprise et, aussi, dans un contexte de renforcement des dispositifs financiers à travers la création de nouveaux instruments financiers». S’agissant de l’utilisation de ces notes, il dira que «les notations émises par la CAGEX sont utilisées par les banques pour les aider à prendre leurs décisions de financement. Ces notations, poursuit-il, peuvent être servies comme référence pour le calcul des exigences de fonds propres à des fins de solvabilité par les banques». Pour ce qui est du processus de notation, M. Laouar a précisé qu’il s’agit d’une notation sollicitée, c’est-à-dire à l’initiative de la banque. En outre, l’accès au système CAGEX-Rating est, aussi, «entre les mains des banques».
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
53
Evénement Objet d’un large débat lors d’un séminaire de la CCR
Assurance de particuliers, un potentiel sous-exploité L’assurance automobile se taille la part du lion, avec plus de 45% de parts de marché, alors que l’assurance de personnes ne dépasse pas les 10%, et que le niveau des dépenses d’assurances des ménages reste très modeste en Algérie: il représente environs 0,35% du PIB. Par Ahmed Bouaraba
L
’assurance de particuliers a fait l’objet d’un large débat, à la faveur d’un séminaire international organisé, en novembre dernier, à Alger, par la compagnie centrale de réassurance (CCR). Les principaux acteurs du secteur des assurances ainsi que des experts étrangers ont pris part à cette rencontre. Une série de communications relatives à l’assurance de particuliers en Algérie et dans le monde ont été présentées, à l’occasion de ce séminaire tenu sous le thème : «expériences et perspectives». Intervenant à l’ouverture des travaux de cette réunion, le président directeur général de la CCR, Hadj Mohamed Seba, a souligné que «l’assurance de particuliers constitue un sujet d’intérêt pour les compagnies d’assurance, ajoutant que cette rencontre présente une belle occasion pour initier une réflexion sur les enjeux de ce marché naissant, ses contraintes mais aussi ses perspectives». Hadj Mohamed Seba a présenté, lors de ce séminaire, le rapport annuel 2011 de la CCR. L’année 2011, qui a été marquée, au plan international, par une crise économique et financière aigue, avec l’apparition de la crise des dettes souveraines au
54
niveau de la zone euro, se caractérise, en Algérie, par une croissance d’environ 7% des activités d’assurance, soit un taux supérieur au taux de croissance économique, et par une évolution structurelle remarquable, marquée, entre autres, par l’avènement d’un marché spécifique aux assurances de personnes, une filière qui est appelée, au vu du potentiel existant, à connaître un développement futur substantiel, par la réforme de la cession obligatoire en réassurance, appliquée à partir de 2011, et, enfin, par l’augmentation du capital minimum requis, ainsi que le souligne le PDG de la CCR. Présentant une communication portant sur «les assurances de prévoyance dans le monde: essor et innovation», le directeur général d’Arab Re-liban, Ronald Chidiac a, pour sa part, relevé que, dans tous les pays du Maghreb, le marché algérien de l’assurance est celui qui dispose de «la plus forte capacité de croissance». Cependant, a-t-il fait remarquer, «ce potentiel reste largement sous exploité», puisque le taux de pénétration de l’assurance dans l’économie reste «marginal». Même constat est fait dans la branche assurances de personnes en Algérie. Elle reste encore «sous dévelop-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
pée», a noté Ronald Chidiac. Celui-ci a, par ailleurs, estimé que l’Algérie «est en stand by, en ce qui concerne les produits d’épargne, puisque le marché des placements n’offre, actuellement, pas assez de supports d’actifs financiers et de possibilités de rentabilité à moyen et long termes». Le conférencier a également évoqué la filialisation dans le secteur des assurances et l’augmentation du capital social des sociétés. Autre chose, non moins importante, mise en relief, à l’occasion de cette rencontre : «les assureurs ont du mal à convaincre les Algériens de souscrire des contrats d’assurance, seuls les assurances obligatoires étant souscrites». L’assurance automobile se taille la part du lion, avec plus de 45% de parts de marché, alors que l’assurance de personnes ne dépasse pas les 10%, et que le niveau des dépenses d’assurances des ménages reste «très modeste» en Algérie: il représente environs 0,35% du PIB. Que faire pour que cela change ? Ronald Chidiac formule des propositions. Il dira, entre autres, qu’il faudrait introduire des produits simples pour préparer le terrain à des produits d’épargne sophistiqués, à l’image de «the universal life», ou unité de comptes.
Evénement M. Chidiac a également parlé de la bancassurance. Il a souligné qu’«en plus du crédit, la banque pourra, par exemple, rappeler à ses clients l’importance de l’as-
surance, et leur proposer des produits d’assurance simples en fonction de leurs besoins particuliers». Le chef de division accident et risques divers à la CCR (Algé-
rie), Mlle Dallal Ziani, a consacré, elle aussi, son intervention «aux assurances de particuliers en Algérie : cadre légal et pratique». Pour sa part, le directeur de la filière vie et assurances de personnes à la CCR (France), Jean Paul Burdeau, a présenté une communication sur «les assurances santé et le régime public de sécurité sociale: quels choix ? ». L’intervention du directeur régional d’Afrique du nord à Munich Re (Allemagne), Belhassen Tonat, a porté, quant à elle, sur «le patrimoine des particuliers : les risques et les produits». Le directeur du centre de compétence Takaful, à Munich Re, le Dr Stiftl Ludwig, a fait, de son côté, une présentation sur «Takaful: un moteur de croissance des assurances de particuliers». De son côté, le président directeur général de Wafa assurances, du Maroc, Ramses Arroub, a traité de la «distribution des risques de particuliers: quels avantages pour la bancassurance? » A.B
Au 31-12-2011, la CCR a réalisé un chiffre d’affaires de 13,5 milliards DA contre 9,81% milliards DA en 2010, soit une croissance de 37%. La part de la CCR sur le marché national s’élève à 49% soit 12 690 millions DA contre 36%, soit 9.173 MDA en 2010. Aussi, ses acceptations internationales se situent autour de 819 millions DA contre 639 millions DA en 2010, soit 6% du chiffre d’affaires total. Grâce à une politique de souscription rigoureuse et formalisée, la CCR a pu maintenir, en 2011, la bonne qualité de portefeuille dont le résultat technique est de 2.186 MDA contre 1.710 Millions DA en 2010, en hausse de 476 Millions DA (+27,84). Avec cette marge technique réalisée et à l’appui d’une politique de placement prudente ainsi que des frais opératoires contenus, le résultat net de l’entreprise, à cette date, s’établit à 1.773 millions DA contre 1.198 millions DA en 2010, soit une progression de 575 millions DA (+48%). A.B
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
55
Evénement Colloque international organisé les 3 et 4 décembre 2012
L’industrie de l’assurance en débat Les experts présents au colloque de Chlef ont mis en relief la nécessité de créer un cadre de concertation et de réflexion qui mette en synergie toutes les parties concernées par l’activité d’assurance et de contribuer à l’instauration d’une culture d’assurance dans le pays. Un large débat autour de ces aspects a été animé par des experts, des communicants, venus de différentes wilayas du pays, mais aussi de pays étrangers : la Tunisie, l’Arabie Saoudite et l’Egypte. Par Ahmed Bouaraba
L
’université Hassiba Ben Bouali de Chelf (HBBC) a abrité, les 3 et 4 décembre 2012, un colloque international sous le thème : «l’industrie de l’assurance : réalité et perspectives de développement». Cette rencontre a été organisée en collaboration avec le Conseil national des assurances (CNA). Le laboratoire des systèmes financiers et bancaires ainsi que le laboratoire de recherche en économies nord-africain ont également contribué à la tenue de cet évènement. Que ce soit en matière de collecte d’épargne ou de gestion des risques dans différentes activités économiques, l’industrie de l’assurance joue un rôle primordial. Cette dernière tarde cependant à décoller, en Algérie comme dans d’autres pays arabes. Cette situation est-elle irréversible?
56
En Algérie, des efforts considérables sont déployés en matière d’innovation et de libéralisation soutenue, à travers, entre autres, la promulgation de la loi 06/04 du 20/02/2006 modifiant et complétant l’ordonnance 95/07 du 25/01/1995 relative aux assurances, ainsi que l’expliquent les participants à ce colloque. L’idée est de développer cette industrie, l’inscrire dans une nouvelle dynamique. Et c’est ce à quoi aspirent les professionnels des assurances. Les organisateurs de ce colloque aussi. Ceux-ci ont souligné que les principaux objectifs assignés à cette manifestation scientifique gravitent autour d’un ensemble de questions fondamentales: présenter et débattre des réformes introduites dans le secteur des assurances ; faire un diagnostic du marché des assurances en Algérie et dans d’autres pays ; permettre aux compagnies d’assurances d’exposer leurs expériences d’industrie de l’assurance ; et explorer des pistes de solutions à apporter à la problématique du développement du marché des assurances. Il a été également question, lors de ce colloque, d’anticiper sur les perspectives d’évolution du marché des assurances et d’analyser les enjeux et les mécanismes de consolidation adoptés par l’Algérie, en vue de réduire les effets de la crise mon-
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
diale sur l’industrie de l’assurance. Les experts présents à la rencontre de Chlef ont mis aussi en relief la nécessité de créer un cadre de concertation et de réflexion entre toutes les parties concernées par l’activité d’assurance et de contribuer au développement d’une culture d’assurance dans le pays. La rencontre dont il s’agit a donné lieu à un large débat autour de ces aspects, animé par des experts, des communicants, venus de différentes wilayas du pays, mais aussi de pays étrangers : la Tunisie, l’Arabie Saoudite et l’Egypte. Les communicants ont présenté des réflexions se rapportant à la situation actuelle du marché des assurances et réassurance, à la crise financière, au marché d’assurance, au management des risques, aux règles prudentielles en assurance, aux normes comptables en assurance, et à l’assurance santé, à la fraude en assurance, aux perspectives du marché des assurances et à l’assurance Takaful, entre autres. Ces thèmes ont été disséqués, analysés et enrichis, a expliqué le président du colloque, M. Hassani Hocine. «Notre principal objectif est d’impliquer les chercheurs dans le processus de couverture des risques et les rapprocher des professionnels, et c’est un objectif que nous avons réalisé», résume, pour sa part, le professeur Benali Benazouz, du comité d’organisation. A.B
Evénement
Propos d’experts Keider Khenfri, professeur en sciences économiques (Univ. Boumerdes)
«Mes connaissances sont enrichies » «Avant tout, je tiens à féliciter l’équipe de l’Université Hassiba Ben Bouali de Chlef (UHBBC) pour, notamment, la réussite de cette extraordinaire rencontre. L’organisation de cet évènement de taille est une très bonne initiative, car les organisateurs ont su regrouper plusieurs intervenants et experts en la matière, venus de différents pays et horizons. Aussi, ce colloque a porté ses fruits, les interventions étant vraiment précieuses. Personnellement, j’ai partagé mes quelques connaissances dans le domaine des assurances, mais j’ai, surtout, enrichi mon savoir en la matière. Le contenu des interventions était vraiment à la hauteur des attentes des participants. Enfin, nous souhaitons participer à d’autres colloques. Je le dis, encore une fois: félicitations à l’UHBBC et bonne continuation».
Kamel Zerrouki, enseignant chercheur actuaire (Univ. Alger)
«Une première traitant de l’industrie d’assurance» «Je pense que cet évènement est l’une des premières manifestations consacrées à la problématique de l’industrie de l’assurance. On a eu droit à beaucoup d’interventions, très intéressantes, qui ont touché à des thématiques variées et qui intéressent, au plus haut point, le marché de l’assurance en Algérie, notamment le développement de l’assurance vie qui n’est pas très développée en Algérie. Ce genre de manifestation peut aider les compagnies, et les intervenants sur le marché de l’assurance à discuter et à débattre ensemble autour de cette problématique et d’autres ; et, peut être, à trouver, aussi, des ébauches de solution à la question du développement des produits d’assurance ainsi que l’ingénierie les accompagnants. Ce qui m’intéresse, en tant qu’universitaire et chercheur, c’est de mettre en place des formations pointues qui puissent aider le monde de l’assurance à se développer».
Mohamed Zidane, chercheur universitaire (Univ. Chlef)
«Ce colloque est très important» «Ce colloque est très important de par l’importance du thème principal traité, à savoir l’industrie de l’assurance. Il ne faut pas oublier que l’industrie assurance joue un rôle primordial dans le développement. Ainsi, les interventions et recherches ont porté sur des thèmes relatifs à cette thématique. D’ailleurs, la série de recommandations - qui ont été formulées à la fin de cette rencontre scientifique - l’atteste. Personnellement, je pense que si ces recommandations sont prises en considération elles contribueront au développement du secteur et renforceront, à l’avenir, l’industrie de l’assurance en Algérie».
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
57
Evénement Djameleddine Chichti, professeur en sciences financières et monétaires (Tunisie)
«J’ai appris beaucoup de choses» «D’abord, je tiens à féliciter les organisateurs de cet évènement ainsi que toute la famille de l’Université Hassiba Ben Bouali de Chlef (UHBBC) pour le succès de ce colloque international qui a fait surgir beaucoup de propositions pratiques qui sont bénéfiques, avant tout, pour les chercheurs ainsi que l’industrie de l’assurance d’une façon générale. Personnellement, j’ai appris beaucoup de chose lors de ce colloque notamment pour ce qui est du produit assurance «Takaful». Les interventions qui ont été présentées, lors de cet évènement, étaient vraiment enrichissantes. De retour dans mon pays, je serais, pour ainsi dire, plus intelligent qu’à mon arrivée à Chlef ! Je vous remercie de cœur».
Abdelhamid El Manassir, expert (Egypte)
«Un grand pas vers le développement» «Ce qui m’a fait plaisir le plus, lors de ce colloque, c’est le nombre important de jeunes chercheurs algériens, et ce, malgré les difficultés qu’ils rencontrent dans leurs parcours. Je félicite, à cette occasion, les organisateurs de cette rencontre pour la réussite de l’évènement. Je les remercie surtout pour l’intérêt qu’ils portent à l’industrie de l’assurance. Aussi, je saisis cette occasion pour exprimer mes profonds remerciements à la population de Chlef pour son hospitalité et sa fraternité. Pour ce qui est de ce colloque international, je dirais qu’il constitue un grand pas vers le développement de l’industrie de l’assurance dans la région, en particulier, et dans le monde de manière générale. Merci Chlef ! Merci Algérie !».
Khaled Ben Maatouk El Harithi, expert (Arabie Saoudite)
«Le colloque a atteint ses objectifs» «Mission accomplie ! Le colloque a atteint ses objectifs et ses fruits sont, d’ores et déjà, visibles. Ce que nous avons appris, ici en Algérie, a dépassé nos attentes. Et c’est un honneur pour nous. Je saisis cette occasion pour remercier les organisateurs de cet évènement, sans exception, et les féliciter aussi pour sa réussite. Ces deux journées ont été vraiment précieuses. Personnellement, j’ai appris beaucoup de choses lors de ce colloque international. Ce premier contact avec les experts et chercheurs algériens, entre autres, m’encourage beaucoup. Il faut aller vers d’autres colloques, vers d’autres horizons. Merci pour tout !».
58
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Evénement Grâce à l’Agence de lutte contre la fraude automobile (ALFA)
500 millions de dinars d’économies La fraude a atteint des proportions incommensurables. Celle enregistrée dans les déclarations de sinistres s’élève à 20%, d’après certaines études». «Les indemnisations sont plus importantes que les primes drainées au titre de l’assurance automobile» et «les sociétés sont déficitaires». Par Ahmed Bouaraba
P
as moins de 500 millions de dinars ont été économisés par les compagnies d’assurance, durant les cinq dernières années en Algérie, grâce à la vigilance de l’Agence de lutte contre la fraude automobile (ALFA). Ce montant a été mis en avant, le 13 novembre denier à Alger, par le président de l’Union des assureurs et réassureurs (UAR), M. Amara Latrous. Intervenant, lors d’une conférence de presse qu’il a animé à l’hôtel El Aurassi, le président de l’UAR indiqué que «l’agence ALFA a permis aux compagnies nationales d’économiser un montant de 500 millions de dinars, durant les cinq dernières années». M. Latrous a évoqué l’existence d’un millier de dossiers suspects recensés depuis des années. A elle seule, et rien que pour le premier trimestre 2012, une vingtaine de dossiers «douteux» ont été soumis à l’agence par la compagnie d’assurance privée Alliance Assurances. Son Président directeur général, M. Hassan Khelifati fera savoir que «seize dossiers ont été identifiés comme frauduleux». Il convient de noter que l’agence Alfa, qui a été lancée sous l’impulsion des pouvoirs publics et l’égide de la Société nationale d’assurance (SAA), la Compagnie algérienne d’assurance et réassurance (CAAR) ainsi que la Compagnie algérienne d’assurance (CAAT), diligente des enquêtes suite à des dossiers de sinistres, soumis par des compagnies d’assurance, privées ou publiques. Si ces dernières suspectent des cas de fausses déclarations, de surévaluation du montant des indemnisations ou autres anomalies, elles soumettent les dossiers suspects à l’agence. A l’issue des enquêtes, l’agence
informe la compagnie concernée des résultats. Celle-ci prend, à ce titre, les mesures nécessaires, allant de la régularisation des dossiers au recours à la Justice. Jusqu’au mois de juin 2012, environ 407 000 dossiers ont régularisés. Sur un autre plan, Amara Latrous a fait savoir que sur les 700.000 dossiers de remboursement, cumulés par les compagnies d’assurance au niveau national, et qui sont en attente, environ 407.000 dossiers (équivalents à 4,7 milliards de dinars) ont été régularisés jusqu’à juin dernier. «Cette opération a connu des résultats satisfaisants et devrait aboutir, à la fin de l’année 2012 à une réduction drastique des dossiers en attente (…) Notre objectif est d’atteindre 7 milliards de dinars d’indemnisation à la fin de cette année», a-t-il dit. Le président de l’UAR, également PDG de la SAA, a, sur ce point, mis en exergue qu’il n’est pas dans l’intérêt des compagnies d’assurance d’augmenter les stocks des dossiers sinistres, d’autant que ce cumul influe négativement sur l’équilibre financier des compagnies d’assurance. Dans ce sens, il est utile de rappeler que l’opération de liquidation des sinistres automobiles a été entamée sous l’impulsion du ministère des Finances. En 2012, les sociétés d’assurance ont recensé un million de déclarations de sinistres. Pour sa part, le PDG de la CAAT, M. Abdelkrim Djaafri, a affirmé que sa compagnie est aujourd’hui au point zéro pour le remboursement des dossiers sinistres. M. Djaafri souligne que «la fraude a atteint des proportions incommensurables. Celle enregistrée dans les déclarations de sinistres s’élève à 20%, d’après certaines études.» Il relève que «les indemnisations sont plus importantes que les primes drai-
nées au titre de l’assurance automobile» et que «les sociétés sont déficitaires». De son côté, M. Khelifati indique que «toutes les statistiques le prouvent : les sociétés d’assurance encaissent 1 DA de prime et décaissent environ 2,75 DA de sinistres au titre de la garantie RC (responsabilité civile, NDLR)». Devant ce constant, les intervenants ont insisté sur la nécessité de revoir en hausse le tarif actuel pour que les compagnies d’assurances puissent équilibrer leurs recettes et dépenses. Il s’agit notamment de la RC auto, qui, selon les chiffres avancés par les responsables de l’UAR, coûte aujourd’hui, en moyenne, environ 1 500 DA/an. «Ailleurs, elle est dix fois plus chère», dira M. Djaafri. Le premier manager de la compagnie Alliance assurances indique que «’UAR est en train de préparer une étude scientifique minutieuse qu’elle soumettra au ministère des Finances. Il s’agit, en fait, d’une expertise affinée sur les pertes financières subies par les compagnies dans le but de rééquilibrer leur trésorerie et éviter les supputations de dumping». En matière d’indemnisation, les compagnies d’assurances ont consacré globalement 36 milliards de dinars, en 2012, au titre du règlement des sinistres. En 2011, un montant global de 43 milliards de dinars avait été consacré par les compagnies d’assurance aux indemnisations. Il va sans dire que la part du lion a été consacrée à la branche automobile. D’ailleurs, cette branche représente, à elle seule, 51% du chiffre d’affaires du secteur des assurances. Au mois de septembre 2012, ce chiffre d’affaires s’élevait à 87 milliards de dinars. A.B
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
59
Focus Le ministère des Finances célèbre le cinquantenaire de l’indépendance
Rétrospective sur 50 ans de réalisations De 1964 à 1994, les sociétés et mutuelles d’assurances ont relevé le défi en privilégiant notamment l’action sur le réseau pour optimiser les niveaux de production à la dimension des enjeux et des impératifs de rentabilité. Le chiffre d’affaires réalisé par les sociétés et mutuelles est passé de 71 millions de dinars en 1964 à près de 10 milliard de dinars en 1994. Par Fouad Menacer
L
e ministère des Finances célèbre le cinquantenaire de l’indépendance nationale en vulgarisant les réalisations du secteur en 50 ans, à travers une trentaine de conférences, une exposition, un film documentaire et un ouvrage. L’Exposition a été organisée au Palais des expositions des Pins maritimes à Alger. Elle a constitué une belle occasion, pour les six directions du ministère des Finances ainsi que pour les banques et les compagnies d’assurances, entre autres, d’établir une rétrospective de ce qui a été fait durant cinquante ans. Le marché des assurances a connu plusieurs étapes difficiles qui ont marqué son organisation au lendemain de l’indépendance de l’Algérie. Le législateur algérien a reconduit par la loi 62-157 du 21 décembre 1962, tous les textes régissant cette activité, lors de la période coloniale, en attendant la mise en place d’une réglementation afin de sauvegarder les intérêts de la nation. Comme pour un certain nombre de secteurs, l’Etat a décidé de récupérer le secteur de l’assurance par l’adoption de deux lois datées du 08 juin 1963 que sont la loi 63-197, portant institution de la réassurance légale et création de la caisse algérienne d’assurance et de réassurance (CAAR) et la loi 63-201, relative aux obligations et garanties exigées des entreprises
60
d’assurance exerçant une activité en Algérie. La récupération des assurances en Algérie s’est matérialisée à travers, le contrôle et la surveillance par le ministère des Finances et l’agrément des entreprises d’assurances. En effet, conformément à la loi 63201, toute activité d’assurance est subordonnée à un agrément du ministère des Finances. Cette obligation a entraîné le départ massif des entreprises étrangères exerçant en Algérie à l’exception de 14 qui ont sollicité et obtenu leur agrément en même temps que la CCRMA, la SAA et la MAATEC. En quittant le pays, les compagnies étrangères ont laissé des engagements qui ont finalement été pris en charge par le marché algérien pour régler les indemnisations de leurs assurés. Le départ massif des assureurs étrangers impliquait nécessairement une nouvelle stratégie d’organisation du marché
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
en créant de nouvelles entreprises d’assurance de statut national pour pallier le désengagement d’opérateurs étrangers. Trois ans plus tard, soit le 27 mai 1966,
Focus (ordonnance n° 66-127 du 27 mai 1966), une nouvelle réforme d’importance stratégique a mis fin au libéralisme par l’institution du monopole de l’Etat sur les assurances avec pour corollaire le retrait aux entreprises étrangères de toute forme d’exploitation des opérations d’assurance en Algérie et la nationalisation des parts égyptiennes dans le capital de la SAA, soit 39%. Après retrait massif des sociétés d’assurance étrangères, la CAAR et la SAA ont décidé de recourir aux agents généraux, une relation qui a cessé en 1972. Traduite en chiffres, l’activité des entreprises d’assurances en Algérie s’est soldée par une masse de primes et de réserves techniques d’une importance telle qu’après les premières mesures prises par les pouvoirs publics d’instituer le monopole de l’Etat, une autre décision non moins stratégique devait intervenir en 1976 pour normaliser et discipliner le marché algérien des assurances dont le taux de croissance annelle risquait de déboucher sur un dé-
passement des capacités de maîtrise au double plan technique et financier. L’Etat a introduit une spécialisation des sociétés d’assurance. C’est ainsi que la CAAR s’est spécialisée dans les risques industriels et le transport, et la SAA dans les risques automobiles, assurances de personnes et risques simples. Une compagnie de réassurance (CCR) a été créée. Dès lors, obligation a été faite aux compagnies d’assurances d’effectuer l’intégralité de leurs cessions au profit de la CCR. En 1982, la spécialisation s’est accentuée avec la création de la Compagnie Algérienne d’Assurance Totale (CAAT), née de la scission de la CAAR. La CAAT s’est concentrée sur les risques de la branche transports, prenant une part de marché de la CAAR qui, a son tour, détient le monopole sur les risques industriels. La CNMA continuait à souscrire exclusivement les opérations d’assurances agricoles et la MAATEC poursuivait également son activité d’assurance au seul profit du personnel relevant du secteur de l’éducation et de la culture. En 1989, la parution des textes relatifs à l’autonomie des entreprises publiques entraîne la déspécialisation. A compter de cette date, les sociétés ont pu ainsi souscrire dans toutes les branches. De 1964 à 1994, les sociétés et mutuelles d’assurances ont relevé le défi en privilégiant notamment l’action sur le réseau pour optimiser les niveaux de production à la dimension des enjeux et des impératifs de rentabilité. Le chiffre d’affaires réalisé par les sociétés et mutuelles est passé de 71 millions de dinars en 1964 à près de 10 milliard de dinars en 1994. Les réserves pour risques en cours estimées à la clôture de l’exercice 1964 à 18 millions de dinars ont été évaluées à 1 816 millions de dinars au terme
Siège du ministère des Finances
de l’année 1994. Les provisions pour sinistres à payer ont progressé durant la même décennie de 44 millions de dinars pour atteindre 10 625 millions de dinars. Les fonds propres ont évolué de 23 millions de dinars en 1964 à près de 6 milliards de dinars en 1994. Ces quelques chiffres témoignent de l’intensité de l’effort collectif soutenu par le secteur public durant la période précédant la réforme introduite par l’ordonnance 95-07 relative aux assurances et modifiée par la loi 06-04 du 20/02/2006. L’ordonnance n° 95-07 du 25 janvier 1995 est considérée comme le texte de référence du droit algérien des assurances. Elle met fin au monopole de l’Etat en matière d’assurances et permet la création de sociétés privées algériennes. C’est par ce texte, également, que sont «réintroduits» les intermédiaires d’assurances (agents généraux et courtiers), disparus avec l’institution du monopole de l’Etat sur l’activité d’assurance. Les dysfonctionnements enregistrés au niveau du secteur algérien des assurances ont poussé les pouvoirs publics à promulguer la loi 06-04 modifiant et complétant l’ordonnance 95-07 dans le but de stimuler l’activité d’assurance, de renforcer la sécurité et la gouvernance des entreprises et de réorganiser la supervision. Cette loi généralise l’assurance de groupe, autorise la bancassurance, institue le principe de la séparation des activés Vie et Non-Vie et crée la Commission de Supervision des Assurances. Le décret 37509 du 16 novembre 2009, exige l’augmentation du capital des sociétés d’assurances de personnes à 1 milliard de dinars (contre 200 millions de dinars) et celui des autres sociétés dommages à 2 milliards de dinars (contre 500 millions de dinars). Du monopole à l’ouverture, beaucoup a été fait, mais le secteur peut mieux faire, au regard de la disponibilité sur le marché d’un riche potentiel économique non encore assuré. Les défis du marché algérien de l’assurance sont encore multiples : diversifier l’offre en direction de la population assurable, encourager l’innovation et l’attractivité de l’offre et assainir le marché.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
F.M
61
Conjoncture Prévisions de clôture du marché national des assurances
Près de 95,7 milliards de dinars à fin 2012 Les prévisions de clôture du secteur des assurances (hors acceptations internationales) sont estimées à 95,7 milliards de dinars, en hausse de près de 11% par rapport à la production de l’exercice 2011.
Prévisions de clôture au 31 décembre 2012 En milliers de DA
Chiffre d’affaires
Structure du marché
Evolution 2011/2012
prévision au 31/12/2012
31/12/02011
2012
2011
en %
en valeur
Assurances de dommages
90 177 624
79 830 394
94,2%
92,3%
13,0%
10 347 230
Automobile
51 992 472
43 399 216
57,7%
48,1%
19,8%
8 593 257
IRD
31 183 672
28 682 781
34,6%
31,8%
8,7%
2 500 891
Transport
4 423 528
5 646 148
4,9%
6,3%
-21,7%
-1 222 620
Agricole
2 006 599
1 626 203
2,2%
1,8%
23,4%
380 396
Crédit-caution
571 353
476 046
0,6%
0,5%
20,0%
95 307
Assurances de Personnes
5 592 972
6 670 384
5,8%
7,7%
-16,2%
-1 077 412
Total marché
95 770 596
86 500 778
100,0%
100,0%
10,7%
9 269 818
1. Assurances de dommages Les prévisions de clôture situent la production des sociétés d’assurance de dommages à 90,2 milliards de dinars, en hausse de 13% par rapport à l’année précédente en 2011. Cette hausse est générée essentiellement par l’évolution de la branche «Automobile» (20%) qui représente 58% du portefeuille dommage et de l’évolution de l’assurance incendie et risques divers «IRD») avec un taux de 9%. La part de la branche «IRD» est de 35% du portefeuille assurances de dommages. L’assurance «Crédit» connaîtrait, ainsi, une hausse de 20% due à la croissance de la production en assurance «crédit immobi-
62
lier» (+38%) et de la production de l’assurance «crédit à l’exportation» (+16%), la part de cette dernière est de 63% du portefeuille de l’assurance «Crédit ». L’assurance «Risques Agricoles» connaîtrait, aussi, une hausse importante de l’ordre de 23%. Par ailleurs, l’assurance «Transport» poursuivrait sa régression (-22%) en 2012 contre une régression (-6,3%) en 2011.
2. Assurances de personnes Avec un chiffre d’affaires de 5,6 milliard de DA, les assurances de personnes connaîtraient une régression (-16%) en 2012 contre une régression (-7%) en 2011.
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
Ces régressions s’expliquent principalement par la réduction importante des ventes des contrats Individuels (annexés aux contrats dommages) et par la baisse du nombre de points de vente des produits AP. Néanmoins, cette régression a tendance à être de moins en moins importante et devrait s’inverser et permettre des progressions, comme le confirme la progression (+16%) de la production des sociétés AP (+7,5% pour l’ensemble du secteur AP, incluant la production AP en cours des sociétés AD) durant le troisième trimestre 2012.
Conjoncture
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013
63
64
Revue de l’ASSURANCE N°2 - Janvier 2013