Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015
La construction de l’Arc de Triomphe de l’Étoile
En 1806, Napoléon Ier décide d’élever à Paris, un arc de triomphe monumental à la gloire de la Grande Armée. Jean-Baptiste de Nompère de Champagny qui a été nommé ministre de l’Intérieur le 8 août 1804 conseille à Napoléon l’emplacement de la colline de Chaillot, à côté de la barrière de l’Étoile pour la raison qu’un tel monument doit se voir de loin sans cacher aucun point de vue. Cet emplacement permettrait que l’arc soit vu de la place de la Concorde et du château des Tuileries. Napoléon accepte l’emplacement et confie la tâche de réaliser les projets d’un arc aux architectes Jean-François Chalgrin et Jean-Arnaud Raymond. On procède au creusement de la fouille à huit mètres de profondeur, nécessaire aux fondations. Le 15 août 1806, une « première pierre », bloc hexagonal de 3,65 m sur 1,60 m, est posée dans les profondeurs avec l’inscription suivante, recouverte d’une feuille de plomb : « L’an 1806, le quinzième d’août, jour anniversaire de Sa Majesté Napoléon le Grand, cette pierre est la première qui ait été posée dans la fondation de ce monument ». À la fin de 1807, les fondations sont pratiquement terminées. Pendant ce temps, les architectes Chalgrin et Raymond élaborent des projets d’arc avec de grandes colonnes, dégagées ou non de l’ouvrage, à la manière des arcs romains. Mais Napoléon, soucieux de réduire les coûts, décide de supprimer les colonnes et de diminuer les ouvertures proposées pour l’arche principale. Il opte, fin 1808, pour un nouveau projet sans colonne, à peu près tel que l’Arc de Triomphe est à l’heure actuelle. Ce dernier est présenté par Jean-François Chalgrin qui a été retenu dès le 31 octobre 1808 comme le seul architecte de l’Arc. Après l’approbation du projet définitif, le 27 mars 1809, les travaux sont accélérés avec l’ouverture d’une nouvelle carrière à Château-Landon d’où sont extraites les pierres dures et blanches, choisies par Chalgrin. Avec le mariage de Napoléon et de Marie-Louise, une entrée solennelle du couple est prévue à Paris pour le 1er avril 1810. Napoléon se soucie de son Arc qui dépasse à peine des fondations et est loin d’être monumental. Il fait réaliser par Chalgrin une maquette à l’échelle 1, en bois et toiles peintes qui donne un résultat considéré comme « superbe ». Chalgrin en profite pour modifier certains défauts de son projet et établir tous les plans, dessins et coupes du monument. Mais il décède le 21 janvier 1811. Son élève Louis Robert Goust le remplace et dirige les travaux, scrupuleusement selon les plans de Chalgrin, jusqu’en 1814. Les quatre piliers s’élèvent alors à 19,60 m, c’est-à-dire à la hauteur des assises où doit commencer la voûte du grand arc. Les petits arcs sont achevés ainsi que le décor sculpté du plafond. Pendant près de dix ans, les travaux sont interrompus. Ils reprennent en 1823, à l’initiative de Louis XVIII et sous la direction de l’architecte Jean-Nicolas Huyot, assisté de Louis Robert Goust. Devant la difficulté de trouver des blocs suffisamment importants dans la carrière de Château-Landon, les architectes choisissent une autre carrière à Chérence dans le Vexin. La voûte du grand arc avec ses motifs sculptés est ainsi réalisée puis l’entablement. Huyot
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 projette de couronner l’Arc avec 36 statues colossales, représentant 36 grandes villes de France. Mais la Révolution de 1830 arrive et Louis-Philippe Ier, dès son avènement décide d’achever l’Arc de Triomphe, en le rendant à sa destination initiale, à savoir la glorification des armées de la République et de l’Empire. L’architecte Guillaume Blouet est nommé le 31 juillet 1832 et Adolphe Thiers, soussecrétaire d’État aux finances puis ministre de l’Intérieur, est chargé de choisir les sculpteurs pour décorer les façades. Il a aussi la charge de passer les commandes. Parmi les seize sculpteurs retenus, le plus célèbre est François Rude qui réalise le haut-relief du Départ des Volontaires de 1792 plus connu sous le nom de la Marseillaise. Ce haut-relief est placé sur le pilier est, à droite du grand arc en venant des Champs-Élysées. Sur le pilier symétrique de gauche, le pilier sud, Jean Pierre Cortot réalise le Triomphe de 1810 représentant Napoléon drapé en empereur romain. Sur les faces du grand arc du côté de l’avenue de la Grande Armée, Antoine Étex réalise les deux groupes sculptés : la Résistance de 1814 et la Paix de 1815. Au-dessus de ces quatre groupes sculptés, les panneaux de hautrelief présentent des scènes de bataille ayant eu lieu entre 1792 et 1805 : Aboukir, Altenkirchen (funérailles de Marceau), Austerlitz, Alexandrie, Arcole et Jemmapes. Elles sont réalisées par les treize autres sculpteurs sélectionnés ainsi que la longue frise de personnages faisant le tour de l’Arc. François Rude participe également à la réalisation de cette frise de 2,10 m de haut sur 137 m de long. Guillaume Blouet coordonne tous ces travaux de sculptures, ce qui n’est pas simple, compte tenu du nombre des sculpteurs, de la nécessité de conserver une harmonie d’ensemble tout en laissant s’exprimer la créativité de chaque sculpteur. Blouet fait aussi construire la salle voûtée du sommet, l’étage d’attique qui entoure cette salle et la plateforme supérieure. Enfin, c’est lui qui fait réaliser le pavage autour de l’Arc.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015
Les 384 noms inscrits en 1836
En 1835, l’Arc de Triomphe est presque achevé. L’architecte Guillaume Blouet est frappé par l’aspect blanc et nu de l’intérieur de l’Arc, en comparaison avec les faces extérieures qui se couvrent de sculptures. Il a l’idée d’inscrire sur de grands tableaux de pierre les noms de batailles et de héros de la République et de l’Empire. Il adresse une proposition en ce sens à Adolphe Thiers qui approuve cette idée. Le 6 janvier 1836, Thiers demande au général Cyr Nugues dit Saint Cyr Nugues d’établir une liste des héros et des batailles. Ce dernier, ancien chef d’état-major et ancien directeur du personnel au ministère de la Guerre a connu et connaît bien, tout au moins de nom, les nombreux acteurs des guerres de la République et de l’Empire. De plus Saint Cyr Nugues par les articles qu’il a publié dans le Spectateur Militaire et le Bulletin de la société de Géographie est reconnu pour sa rigueur et son exactitude dans la présentation des évènements. Blouet propose pour l’intérieur des petits arcs, 4 grands tableaux de 6 colonnes et 16 lignes, surmontés de 4 hauts-reliefs représentant des victoires ailées, à la manière gréco-romaine. Ces 4 tableaux permettent d’inscrire 384 noms de héros (4x6x16). L’intérieur du grand arc est réservé à 96 noms de victoires, 24 par pilier. Au bout d’un mois, Saint Cyr Nugues écrit le 6 févier 1836 à Thiers, la lettre suivante : Paris, 6 février 1836 Monsieur le Ministre, Après avoir accueilli ma proposition sur quelques changements à introduire dans les noms des victoires déjà inscrits à la partie supérieure de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, vous avez désiré que je fisse un travail pour recueillir les noms de lieux et d’hommes célèbres qui pourraient encore figurer dans les parties inférieures du monument. Je me suis livré aux recherches que demandait ce travail, en me renfermant dans les proportions tracées par l’architecte, et je viens vous en soumettre le résultat. J’ai l’honneur de vous adresser 1° sous le n° 2, un tableau de 96 noms de batailles, combats et sièges mémorables servant de complément du n° 1 qui vous est déjà connu, mais que je remets sous vos yeux comme objet de comparaison. Je n’ai point adopté l’idée de répéter ici des noms qui figurent en haut sur les boucliers. Il me semble que l’unité du monument s’oppose à ce double emploi : d’ailleurs dans le grand nombre de nos victoires il y en a encore beaucoup d’omises, et pour composer ce tableau, j’ai été obligé de procéder par réduction. 2° sous le n° 3, les noms de 384 militaires, les plus distingués parmi ceux de nos chefs qui ont combattu à la tête des troupes, sous la République et sous l’Empire, soit comme généraux en chef ou maréchaux, soit comme commandants de corps d’armée et lieutenants-généraux, soit comme généraux de division, et même comme généraux de brigade et colonels, ceux-ci en petit nombre, mais choisis de préférence quand ils se recommandent par des services éminents, ou par une mort glorieuse sur le champ de bataille. Ce travail comme le précédent est divisé en quatre parties, correspondant aux quatre faces du monument, de la même manière que nos divers théâtres de guerre correspondent au nord ou à l’est, à l’ouest ou au sud de la France et de l’Europe. J’ai évité dans ces nomenclatures l’ordre alphabétique, non seulement comme froid et insignifiant, mais parce que d’ailleurs il ne se prête pas aux divisions et subdivisions qu’exigent quatre catégories différentes. J’ai préféré un ordre que j’appellerai historique, c’est-à-dire où les groupes sont formés chronologiquement, géographiquement et jusqu’à un certain point hiérarchiquement, autant que ces trois données 3
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 ont pu se concilier. Mais on sent bien que là une rigoureuse exactitude dans les détails n’était ni possible, ni indispensable. J’ai indiqué par un signe ceux de nos chefs militaires qui ont péri au champ d’honneur. Je crois qu’en inscrivant leurs noms sur la pierre, on pourrait les faire précéder ou l’accompagner d’une étoile : cette distinction durable serait un acte de justice. On pourra trouver que plusieurs noms dignes de mémoire manquent à cette liste : je ne pense pas qu’il puisse y avoir motif d’effacer aucun de ceux qui y sont, lors même qu’ils n’ont pas jeté un grand éclat, tous ont un titre incontestable, celui d’avoir exercé un commandement, d’avoir conduit au combat les défenseurs de la patrie, comme on les appelait alors, dans ce temps où le dévouement était aussi difficile que nécessaire. Toutes les illustrations militaires n’ont pas des victoires pour base. Quelques unes ont été méconnues, d’autres se sont obscurcies et comme éclipsées d’elles-mêmes, d’autres enfin, il faut en convenir, se sont démenties. Mais quoique Pichegru ait trahi la cause nationale, c’est lui qui a conquis la Hollande ; c’est Scherer qui a été le vainqueur de Loano ; et si Luckner, Houchard et Custine, si Biron, Dillon et Deflers ont péri sur l’échafaud, leur mémoire mérite d’être réhabilitée, lorsque récapitulant nos victoires nous en considérons l’origine. Aujourd’hui peut-être plusieurs de nos grands noms de France aimeraient mieux ne pas se voir retracés dans la commémoration de nos guerres républicaines. Mais les faits sont acquis à l’Histoire, et il est bon de rendre justice à tous, fut-ce en dépit d’eux-mêmes. Parmi les généraux français vous remarquerez quelques noms polonais, allemands, italiens etc. Les étrangers qui ont combattu dans nos rangs et dans les premiers grades ont droit à ce souvenir : j’ai crû devoir le consacrer soit comme un hommage à la vérité, soit comme une preuve de la sympathie européenne que la France a rencontrée dans les grandes crises. Dans le tableau n° 2, j’ai ajouté à tant de combats quelques uns de nos beaux sièges, genre de guerre où notre supériorité sous le rapport de l’art est incontestable. De même dans le n° 3 consacré à l’armée de terre si longtemps seule combattante et victorieuse, j’ai entremêlé le nom de plusieurs marins (au nombre de douze), qui depuis l’origine de la guerre ont commandé avec honneur nos vaisseaux et nos escadres. J’espère que ces diverses combinaisons ne seront point improuvées par vous si vous voulez bien peser les motifs qui me les ont dictées. 3° enfin je joins sous les n° 4 et 5, deux tableaux présentant l’un les noms de 28 armées qui ont été organisées et ont combattu sur divers théâtres, y compris la Grande armée qui a elle seule en comprend plusieurs, l’autre les noms des 16 capitales où les armées françaises sont entrées triomphantes. D’après ce que m’a dit l’architecte, votre intention est qu’il entoure de noms ou d’emblèmes correspondant à tout le reste quatre trophées qui figureront aux angles du monument. Ces deux tableaux pourront servir à remplir ce but : ce sera à lui d’en combiner l’emploi de la manière la plus convenable, suivant les emplacement qu’il aura su se ménager. Quant la vue et la jouissance de l’Arc de l’Étoile seront livrées au public, si quelques parties de détail ne peuvent être mises à portée de tous les yeux et de toutes les intelligences qu’au moyen d’explications, je pense qu’il sera utile et facile de faire un livret descriptif, qui sera lu avec curiosité par les visiteurs de notre monument national. Je désire, Monsieur le Ministre, que ce travail, auquel j’ai mis tout le soin consciencieux dont je suis capable, obtienne de vous un examen attentif ; et s’il remplit vos vues, il ne restera plus qu’à ordonner la mise à exécution des propositions qu’il contient. Je suis avec respect, votre très humble et très obéissant serviteur. Signé Le général Saint Cyr Nugues
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 n° 1 nom de trente batailles principales inscrites sur les boucliers de l’Arc de triomphe de l’Étoile. VALMY JEMMAPPES FLEURUS MONTENOTTE LODI CASTIGLIONE ARCOLE RIVOLI PYRAMIDES ABOUKIR ALKMAER
ZURICH HELIOPOLIS MARENGO HOHENLINDEN
ULM AUSTERLITZ IENA FRIEDLAND LA COROGNE (1) ESLING WAGRAM MOSKOWA LUTZEN BAUTZEN DRESDE
HANAU MONTMIRAIL MONTEREAU LIGNY
(1) C’est SOMOSIERRA qui est inscrit sur l’Arc de Triomphe à cette place (Fronton Grande-Armée).
n° 2 noms de 96 batailles, combats ou sièges mémorables nord LILLE ARLON HONSCHOOTE WATTIGNIES TOURCOING COURTRAI ALDENHOVEN MAESTRICHT WISSEMBOURG LANDAU NEUWIED RASTADT ETLINGEN NERESHEIM BAMBERG AMBERG FRIEDBERG BIBERACH ENGEN STOCKACH (1) MOESKIRCH HOCHSTETT ALTENKIRCHEN KEHL
est WERTINGEN GUNTZBOURG ELCHINGEN DIERNSTEIN HOLLABRUNN SAALFELD HALLE PRENTZLOW LUBECK PULTUSK EYLAU OSTROLENKA HEILSBERG DANTZIG LANDSHUT ECKMULH RATISBONNE RAAB MOHILEW SMOLENSK VALONTINA POLOTSK MALOJARO SLAWETZ (2) WURSCHEN
sud-est LOANO MILLESIMO DEGO MONDOVI ROVEREDO BASSANO St GEORGES MANTOUE TAGLIAMENTO CHEBREISSE SEDIMAN MONT THABOR BASSIGNANO SAN GIULIANO DIETIKON MUTTA THAL GENES LE VAR MONTEBELLO LE MINCIO GAETE CALDIERO CASTELFRANCO
sud-ouest LE BOULOU LE BASTAN MOLIN DEL REY (3) VALLS RIOSECO (4) BURGOS TUDELA SARRAGOSSE SOMOSIERRA (5) UCLEZ MEDELIN MARIA-BELCHITE LERIDA ALMONACID TORTOSE OCANA TARRAGONE GEBORA BADAJOZ ALBA DE TORMÈS CIUDAD-RODRIGO ALMEIDA SAGONTE
RAGUSE
VALENCE
(1) STOCKACH n’est pas inscrite et est remplacée par SCHLIENGEN (colonne A). À Stockach (3 mai 1800) Lecourbe bat les Autrichiens du prince von Lothringen-Vaudémont. (2) MALOJAROSLAWETZ est inscrite en 1841 (colonne B). KRASNOE est inscrit à cette même place (colonne D). (3) MOLIN DEL REY n’est pas inscrite et est remplacée par ESPINOSA (colonne H). À Molins del Rey (21 décembre 1808) Gouvion-Saint-Cyr bat les Espagnols de Reding. (4) RIOSECO est remplacé par VIQUE (colonne H). MEDINA DEL RIOSECO est inscrit en 1841 (colonne G). (5) SOMOSIERRA est inscrit sur le fronton Grande-Armée. LA COROGNE est inscrit dans cette même colonne à la 7e place (colonne H).
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 n° 3 nord LUCKNER
GROUCHY
AMBERT
PONCET
BROUSSIER
+DUHESME
LAFAYETTE
VILLARET JOYEUSE DILLON
LAUBADÈRE
DELAAGE
GRATIEN
+GIRARD
TAPONIER
BARBOU
CHAMPMORIN
+LETORT
CHARBONIER
LAMARCHE
BONNEAU
QUENTIN
FRIANT
KELLERMANN (1) TRUGUET (1)
MIRANDA
COLAUD
DESENFANTS
DAVID
MONTCHOISY
VALENCE
HATRY
MORLOT
OLIVIER
MERMET
BEURNONVILLE (1) +DAMPIERRE (1) CUSTINE (1) HOUCHARD (1) PICHEGRU
TILLY
DUFOUR
LEMOINE
MALHER
POINSOT
FERRAND
LIGNIVILLE
+MEUNIER
LEVAL
DARNAUD
LABOURDONNAYE (2) LANDREMONT
+MARCEAU
SAHUC
PETIT
DEBELLE
MONTRICHARD TESTE
HARDY
BOYER
PAJOL
JOURDAN
PULLY
LORGE
MARCOGNET
CAMBRONNE
HOCHE
DABOVILLE
LAHOUSSAYE
LAROCHE
DAUMESNIL
BERNADOTTE
LEVENEUR (4)
GILLOT
GUILLEMINOT
+GOUVION
CHAMPIONNET
LAMARLIÈRE (5)
PAILLARD
FAUCONNET
+BASTOUL
LEFEBVRE
CARNOT (4)
LA BAROLIERE (6) BONNARD (6) LAMORLIÈRE (7) DEJEAN (7) SOUHAM (8) KILMAINE (8) VANDAMME (8) LEMAIRE (8)
WATRIN
DORSNER
+BEAUREPAIRE
LATOUCHE TRÉVILLE (1) DUMOURIEZ (1)
LAMARTINIERE (3)
(1) L’ordre est différent dans les inscriptions sur l’Arc de Triomphe (colonne 03) : DUMOURIEZ, KELLERMANN, TRUGUET, BEURNONVILLE, DAMPIERRE, CUSTINE, HOUCHARD, LATOUCHE. (2) LA BOURDONNAYE n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe. À la même place se trouve CHAZOT (colonne 04). (3) LAMARTINIERE est inscrit sur l’Arc de Triomphe mais en colonne 32. À la même place se trouve LANOUE (colonne 04). (4) Les inscriptions de LEVENEUR et de CARNOT sont inversées sur l’Arc de Triomphe. (5) LAMARLIÈRE n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe. À la même place se trouve DUVAL (colonne 04). (6) LA BAROLIERE n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe. À la même place se trouve BONNARD. (7) LAMORLIÈRE n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe. À la même place se trouve DEJEAN. (8) SOUHAM, KILMAINE, VANDAMME, LEMAIRE sont décalés vers le haut sur l’Arc de Triomphe (colonne 05) et sont suivis de HARVILLE et de SPARRE.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 n° 3 est MOREAU
GÉRARD
TURREAU
+DESJARDINS
CARRA St CYR +BEAUPUY
BRUIX MICHAUD
MAISON MOUTON
DESSOLLES BONNET
NANSOUTY +DELMAS
+DECOUZ CURIAL
+VALHUBERT +DEBILLY
GOUVION St CYR LECOURBE NEY Ste SUZANNE
COMPANS +MONTBRUN
FRIRION CLAPARÈDE
BEAUMONT +CERVONI
+CAMPANA +GAUTHIER
MACDONALD
FERINO
LARIBOISSIERE
BISSON
+CAULAINCOURT
OUDINOT DAVOUST
GRENIER SCHAL
+GUDIN MORAND
WALTHER +BRUYÈRE
LATOUR MAUBOURG +LASALLE DURUTTE
+LANNES MORTIER (1)
BOURSIER (2) RICHEPANSE
LEGRAND LABOISSIERE
BOUDET KLEIN +ROCHAMBEAU HEUDELET
+MORLAND +MAZAS
+BESSIERES +PONIATOWSKI
ÉBLÉ MARESCOT
+CHÉRIN SORBIER
+DELZONS +CONROUX
DONZELOT BELLAVESNE
ROSILY LAURISTON
RAPP SAVARY
+KIRGENER +DUROC
+D’HAUTPOUL +DESPAGNE
+TEULIÉ FRESSINET
+VIALA +HOUDARD LAMOTTE +MARION +HERVO
VILLENEUVE
DROUET
+CORBINEAU
DEMONT
CHAMBURE
MOLITOR
BERTRAND
MATHIEU DUMAS SONGIS
GRANDJEAN
+ABBATUCCI
LATOUR D’AUVERGNE
+LACUÉE +HIGONET
(1) Le nom de MORTIER est souligné sur l’Arc de Triomphe. (2) Le nom de BOURCIER et non BOURSIER est souligné sur l’Arc de Triomphe.
n° 3 sud est CHARPENTIER DAMAS
POUGET LASALCETTE
+GRIGNY +CHAMPEAUX
GAZAN
SOULÈS
+CHARTON
BEKER MARCHAND
CAMPREDON CHABRAN
+BAYRAND +POINT
+St HILAIRE GARNIER
DALLEMAGNE CHABERT
VIAL BERTHEZÈNE
+BOISGÉRARD +DUPHOT
REYNIER +LAHARPE
DOMBROWSKI DOMMARTIN
COLLI ZAYONSCHECK
+BANEL +STENGEL
+JOUBERT KLEBER
RAMPON BELLIARD
VERDIER MÉNARD
PARTOUNEAUX DUPAS
EXELMANS LEDU DES ESSARTS DARRICAU CASSAGNE
+BRUEYS +DESAIX
ANDREOSSI CHASSELOUP
FRÈRE MIOLLIS
ROGUET MONIER
+CAFFARELLI +LETURC +DELEGORGUES +MIREUR
BRUNE
GUYEUX
DUGUA
RICARD
+RAMBAUD
+DESNOYERS
SERAS DESTAING
MAINONI PACTHOD
+CACAULT +PIGEON
+MARIGNY +BLANCHEVILLE
+BON +LANUSSE
ANSELME BRUNET
SERRURIER MURAT
BIRON DUMERBION MONTESQUIOU
RUSCA EUGÈNE BEAUHARNAIS GARDANNE MARMONT MENOU +DUBOIS
DUMAS MASSENA
+PERRÉE LAPOYPE
BERTHIER AUGEREAU
SCHAWEMBOURG VAUBOIS BARAGUEY GANTHEAUME D’HILLIERS
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+VALLONGUE +SULKOSKI
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015
n° 3 sud ouest LAGRANGE (5)
+MIRABEL
SAURET
MAURICE MATHIEU HARISPE
PÉCHEUX
+BEAUREGARD
SEBASTIANI
MERLE
LAVAL
BARROIS
+COLBERT (8)
MONCEY
REILLE
SOLIGNAC
DARMAGNAC
AYMARD
+SENARMONT (8)
DEFLERS
DORSENNE
MAUCUNE
D’HAULTANE
QUESNEL
+SALM (8)
DELBECQ
DUPERRÉ
GILLY
HABERT
BRAYER
+GRAINDORGE (8)
MULLER
FREGEVILLE (1)
BARBOT
ROGNIAT
+RUFFIN
+FEREY (8)
PÉRIGNON
SAHUGUET
DUBRETON
DELORT
ORDONNEAU
+JARDON (8)
DAGOBERT
BARBANTANE (1)
THIÉBAULT
HAXO
+WERLÉ (8)
VICTOR
BRENIER
LAMARQUE
SOULT
AUBERT DUBAYET (2) CANCLAUX
EMMANUEL REY +LAPISSE
LOISON
VALÉE
LIGER BELAIR
+THOMIERES (8)
DECRÈS
TRAVOT
MARANSIN
SEVEROLI
+TAUPIN
SUCHET
DELABORDE
FOY
ABBÉ
KLOPISKY
+Ste CROIX DESCORCHES (9) +LACOSTE
JUNOT
SÉMÉLÉ
SALIGNY
BERTOLETTI
+HENRY
DECAEN
LAMARTILLIERE (3) MARBOT (4)
+GOBERT
FRANCESCHI
PHILIPPON (6)
+BASTE
LINOIS
WILLOT (4)
MILHAUD
DULONG
+COMPÈRE (7)
+PEPIN
SERVAN
CLAUSEL
LESPINASSE
+DUGOMMIER
LECLERC
SCHERER
+BÉCHAUD (8)
(1) FREGEVILLE et BARBANTANE sont inversés sur l’Arc de Triomphe (colonne 34). (2) AUBERT-DUBAYET n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe. À la place se trouve DUBOUQUET. (3) LAMARTILLIÈRE est inscrit sur l’Arc de Triomphe en colonne 31. À la même place en colonne 34 se trouve MARBOT. (4) MARBOT et WILLOT sont inscrits plus haut et sont suivis de LAGRANGE (colonne 34). (5) MUSNIER est inscrit à la place de LAGRANGE qui est lui-même inscrit en bas de la colonne 34 de l’Arc de Triomphe. (6) LALLEMAND est inscrit à la place de PHILIPPON (colonne37). (7) PHILIPPON est inscrit à la place de COMPÈRE (colonne 37). (8) Ces noms sont tous bien inscrits en colonne 38 et dans le même ordre mais décalés d’une place vers le bas pour laisser la 3e place à COMPÈRE. (9) ESCORCHES de SAINTE-CROIX n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe. À sa place est inscrit THOMIERES
n° 4 armées de la République et de l’Empire du Nord des Ardennes de la Moselle du Rhin de Sambre et Meuse de Rhin et Moselle de Hollande (1)
du Danube d’Helvétie (2) des Alpes du Var d’Italie de Rome de Naples
d’Égypte de Dalmatie d’Espagne de Portugal d’Arragon d’Andalousie de Catalogne (3)
des Pyrénées orientales des Pyrénées occidentales de l’Ouest des Côtes de l’Océan (4) de Réserve du Camp de Boulogne Grande armée
(1) Ce premier groupe d’armées en première colonne figure sous le tableau des noms inscrits sur le pilier nord. À ces 7 armées est ajoutée après l’armée de Hollande, l’armée de Hanovre. (2) Ce deuxième groupe d’armées en deuxième colonne figure sous le tableau des noms inscrits sur le pilier est. Entre l’armée d’Helvétie et l’armée des Alpes est ajoutée l’armée des Grisons.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 (3) Ce troisième groupe d’armées en troisième colonne figure sous le tableau des noms inscrits sur le pilier sud. Les noms des armées d’Egypte et de Dalmatie sont inversés ainsi que ceux d’Andalousie et d’Arragon (avec la même faute d’orthographe : Arragon au lieu d’Aragon). En dernier est ajoutée l’armée du Midi. (4) Ce quatrième groupe d’armées en quatrième colonne figure sous le tableau des noms inscrits sur le pilier ouest. L’armée des Côtes de l’Océan n’est pas inscrite.
n° 5 nom des capitales où les armées françaises sont entrées (1) Bruxelles Amsterdam Madrid Lisbonne
Munich Vienne Dresde Berlin
Turin Venise Rome Naples
Varsovie Moskow Alexandrie Lecaire
(1) Ces noms ne figurent pas sur l’Arc de Triomphe.
Cette lettre citée dans son intégralité est très importante car elle a servi de base pour plus de la moitié des inscriptions, aussi bien pour l’emplacement sur chaque pilier de l’Arc de triomphe que pour l’orthographe des noms. Thiers remercie son auteur en le félicitant pour sa modestie car le nom de Saint Cyr Nugues ne figure pas dans les listes. En dehors des 96 noms de victoire, ces listes contiennent 316 noms de généraux (généraux de division, généraux de brigade et lieutenants généraux), 40 noms de maréchaux (maréchaux de France et maréchaux d’Empire), 13 noms d’amiraux (amiraux, vice-amiraux et contreamiraux), 10 noms de colonels (colonels et chefs de brigade), 3 officiers de grade inférieur à celui de colonel : Beaurepaire, La Tour d’Auvergne et Sulkowski, 1 adjudant-général (grade compris entre celui de colonel et celui de général) : Leturcq, 1 enfant : Viala. On note aussi un vice-roi parmi les généraux : Eugène de Beauharnais, deux rois parmi les maréchaux : Bernadotte et Murat, et un intendant général qui est aussi général de division : Mathieu Dumas. Avant la gravure de ces noms, le contenu de ces listes est examiné en détail et quelques modifications sont effectuées. Pour le nom de la bataille de La Corogne que Saint Cyr Nugues souhaite voir occuper la place de celle de Somosierra, il est peut-être trop tard et les boucliers du fronton de l’Arc de Triomphe face à l’avenue de la Grande Armée sont probablement déjà gravés. Parmi les 96 noms de bataille à inscrire à l’intérieur de l’Arc, 3 noms sont modifiés : Stockach est remplacé par Schliengen, Malojaroslawetz est remplacé par Krasnoe et Molin del Rey est remplacé par Espinosa. Stockach a probablement été retiré car la défaite de Jourdan face à l’archiduc Charles en 1799 est plus connue que la victoire de Lecourbe sur le prince von Lothringen-Vaudéamont en 1800. Pour les victoires de Malojaroslawetz et de Molin del Rey, c’est probablement la longueur de ces noms qui a conduit à les remplacer par des noms plus courts et plus faciles à inscrire dans la place impartie. Parmi les noms de héros, 8 noms sur les 384 sont concernés. 5 noms de la proposition des inscriptions sur le pilier nord sont retirés : La Bourdonnaye, Lamarlière, La Martinière, La Barolière et Lamorlière. Ils sont remplacés par les 5 noms de Chazot, Duval, Lanoue, Harville et Sparre. Sur le pilier ouest les 3 noms proposés de Aubert-Dubayet, La Martillière et Escorches de Sainte-Croix sont remplacés par ceux de Dubouquet, Musnier et Lallemand. Comme pour les noms de victoire, les nouveaux noms retenus sont plus courts et plus faciles à inscrire dans les surfaces réservées à ces gravures. Mais ce n’est probablement pas la raison des modifications car de nombreux noms aussi longs ou plus longs sont maintenus. Les principaux responsables de ces changements dans les inscriptions sont probablement Adolphe Thiers et le roi Louis-Philippe lui-même. Thiers avait rédigé entre 1823 et 1827 une 9
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Histoire de la Révolution en 10 volumes qui avait eu du succès et qui avait valu à Thiers son entrée à l’académie française en 1833. Louis-Philippe Ier comme lieutenant général participant à la bataille de Valmy en 1792 a aussi très probablement donné son avis sur le choix des généraux en chef responsables lors de cette journée fondatrice de la République. Par exemple à la tête de l’armée de réserve de Châlons-sur-Marne, La Bourdonnaye a été remplacé la veille de la bataille de Valmy par Sparre. Même si La Bourdonnaye était encore en poste ce jour, Sparre est retenu comme le vrai responsable de cette armée de réserve le jour de Valmy et c’est lui qui est choisi pour être inscrit et non La Bourdonnaye. Chazot, Dubouquet et Duval ont combattu à Valmy, Lanoue au siège de Maastricht, Harville à Jemmapes où servait aussi Louis-Philippe Ier. Pour Aubert Dubayet, sa responsabilité dans la capitulation à Mayence en 1793 a pu jouer en sa défaveur. La Martillière comme La Martinière ne présentent pas ce type de reproche et ont de plus été choisis à nouveau pour être inscrits en 1841. Enfin le général Charles Marie Robert d’Escorches de Sainte-Croix, comte de l’Empire et tué en 1809 à Villafranca en Espagne, a eu un parcours glorieux qui a fait dire à Napoléon : « Messieurs c’est avec une pareille étoffe que je fais mes maréchaux. » Ce qui a pu être retenu contre lui proviendrait plus de sa famille, vieille famille noble connue depuis 1208 et ardente partisane des Bourbons, ce qui aurait agacé le roi Louis-Philippe de la branche Orléans. La longueur du nom d’Escorches de Sainte-Croix n’a pas non plus aidé à son maintien ! Louis-Philippe s’étonne aussi du choix de Beaurepaire, lieutenant-colonel qui est dit s’être suicidé en 1792 pour éviter de se rendre alors qu’il était assiégé dans Verdun. Il craint que ce ne soit un mauvais exemple d’héroïsme à inscrire sur l’Arc de Triomphe. Il demande au général Lemoine qui était l’adjoint direct de Beaurepaire en 1792 à Verdun de lui préparer un mémoire sur les circonstances du décès de Beaurepaire. Le général Lemoine rédige en 1836 une note très complète dans laquelle il affirme clairement que Beaurepaire ne s’est pas suicidé mais a été tué, probablement par quelqu’un de la municipalité de Verdun qui souhaitait la reddition de la place, aux Prussiens, alors que Beaurepaire refusait cette hypothèse. Après ces petites modifications, les tableaux sont gravés comme demandés par Nugues, sauf en ce qui concerne l’étoile précédant le nom de ceux qui sont morts au champ d’honneur. Elle est remplacée par un trait sous le nom. Les noms soulignés sont le plus souvent regroupés dans la colonne de droite de chaque tableau. Le travail de Nugues a le mérite de respecter les différentes sensibilités de la Nation. Avec Turreau, général ayant dirigé les « colonnes infernales » en Vendée et Viala, le chef des enfants de la petite garde nationale d’Avignon, tué par les Royalistes, Nugues pense aux Républicains les plus engagés. Par contre, en inscrivant des généraux guillotinés comme Luckner, Houchard, Custine, Biron, Dillon, Deflers, il s’adresse aux modérés et aux Royalistes. Si dans les noms des généraux et des maréchaux, il a choisi de nombreux fidèles de Napoléon, il a aussi retenu Moreau, Murat et surtout Bernadotte qui se sont opposés militairement à lui. Enfin le seul parti pris que l’on pourrait noter, dû au fait que Saint Cyr Nugues a servi en Espagne entre 1808 et 1814 se retrouve dans un choix. Parmi les noms de colonels inscrits sur l’Arc de Triomphe et tués au combat entre 1807 et 1815, il y en a que deux et qui viennent uniquement d’Espagne : Blancheville et Henry.
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L’inauguration de l’Arc de Triomphe et les premières réclamations
En juillet 1836, les derniers travaux, sculptures et inscriptions sont finis. Adolphe Thiers qui a été nommé premier ministre le 22 février dernier, dissuade le roi Louis-Philippe Ier de venir inaugurer lui-même l’Arc de Triomphe. En effet l’année précédente, le 28 juillet 1835 au cours d’une revue militaire, l’attentat de la machine de Fieschi avait failli coûter la vie au souverain. Cet attentat avait fait 11 morts dont le maréchal Mortier et plusieurs dizaines de blessés dont 7 mortellement touchés. C’est donc Thiers, tout seul, qui inaugure l’Arc de Triomphe de l’Étoile, le vendredi 29 juillet 1836 à 7 heures du matin. La cérémonie est suivie d’un banquet de 300 couverts, offert à des invités choisis. Dès l’inauguration finie et le monument accessible au public, la critique que redoutait Saint Cyr Nugues commence : « Pourquoi avoir inscrit Turreau, le « bourreau » de la Vendée ? Que vient faire ici Bernadotte qui a largement contribué à la défaite française de Leipzig en 1813 ? » Les réclamations les plus nombreuses viennent des généraux de la République et de l’Empire euxmêmes et de leur famille qui s’étonnent de l’absence d’un nom. Dès le 1er juillet 1836 et donc avant l’inauguration du monument, le général Claude Étienne Guyot écrit au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur : « Le hasard vient de me faire connaître la nomenclature de MM. les officiers généraux de la République et de l’Empire qui ont l’honneur d’être inscrits sur les panneaux de l’Arc de Triomphe de l’Étoile. J’ai vu avec douleur que je n’étais pas compris dans ce nombre… » Charles Aimé Roussel, employé dans la section de l’Enregistrement au ministère de la Guerre, écrit le 5 juillet 1836 au comte de Montalivet pour demander l’inscription du nom de son père, le général Jean Charles Roussel, tué au combat d’Ostrowno en 1812. Il souhaite simplement que son père soit « à côté de ses compagnons d’armes sur l’Arc de Triomphe ». Le général Pierre Dupont dit Dupont de l’Étang, écrit le 18 juillet 1836 au comte de Montalivet pour demander l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe : « L’Arc de Triomphe est particulièrement consacré aux victoires de la République et de l’Empire, dans les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne, la bataille du Mincio, les combats d’Haslach, d’Albeck, de Diernstein, de Halle, de Braunsberg, ont été glorieusement gagnés sous mes ordres, le nom de plusieurs de ces journées est gravé sur le monument et le mien qui en est inséparable doit également s’y trouver. À ces faits d’armes, je pourrais ajouter le succès d’une division à Friedland et dans d’autres actions. Quelle que soit la place où mon nom soit inscrit, je serai satisfait. Elles sont toutes honorables. Un moment suffit pour cette inscription si elle n’a pas encore eu lieu et je la réclame de nouveau avec toute la force de l’honneur militaire qui ne m’a jamais abandonné, soldat, général ou ministre de la Guerre. » Si Saint Cyr Nugues n’a pas retenu le nom de Dupont, c’est pour deux raisons concernant des actions très critiquées, sa capitulation de Bailén le 22 juillet 1808 en Espagne et son rôle dans les mises en demi-solde comme ministre de la Guerre d’avril à décembre 1814. Le colonel du génie Jules Antoine Paulin écrit le 30 juillet 1836 au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son oncle, le général du génie Nicolas Antoine Sanson, décédé en 1824. Il écrit avoir été « surpris de ne pas voir figurer parmi ces noms celui du général du génie Sanson, comte de Rigausen (Riddagshausen), (son) oncle. Il est le seul des officiers généraux de son arme qui ait reçu un sabre d’honneur que le général Bonaparte lui décernait avec cette inscription : Pour tes services à Mantoue, à Belbeys, à Salaeyé, au grand Caire. » Marie Françoise Paulin, née Sanson, sœur du général Sanson et mère du colonel Paulin, a en effet hérité de
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 tous les biens du général Sanson, y compris ce sabre d’honneur. La lettre du colonel Paulin est cosignée par ses 3 frères. Dans son édition du 30 juillet 1836, le journal La Presse, fondé par Émile de Girardin, fils du général dont le nom sera inscrit en 1841, signale dans un article sur les omissions de l’Arc de triomphe de l’Étoile, l’oubli de l’inscription du nom du général Lameth « qui conserva le drapeau tricolore sur les remparts de Santona, en Biscaye, quand l’Espagne était évacuée par les armées françaises. » Le 31 juillet 1836, le général Dutaillis qui a perdu son bras droit à Guttstadt en 1807, écrit maladroitement de la main gauche, au maréchal Maison, ministre de la Guerre, pour s’étonner de l’absence de son nom sur l’Arc de Triomphe « monument séculaire à la gloire de nos armées ». Il joint un état de ses services et renouvelle sa demande le 9 août 1836, dans une lettre assez proche de la première mais écrite par quelqu’un d’autre et qu’il ne fait que signer avec les mots « comte Dutaillis » après « Le lieutenant général pair de France ». Le 1er août 1836, le général Claude Marie Meunier écrit au maréchal Maison pour lui demander auquel général Meunier correspond l’inscription sur l’Arc de Triomphe. Il sait que 4 généraux portaient le nom de Meunier. Il écrit à nouveau, le 29 août 1836, au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription de son nom avec ses initiales car il pense que le nom de Meunier inscrit ne peut correspondre à son nom : « Je croyais que 43 ans de service sans aucune interruption, plusieurs mentions des plus honorables dans les bulletins de la Grande Armée m’avait donné le droit d’y être placé auprès des généraux Davout, Sémelé (Semellé), Darricau, Marchand avec lesquels j’ai fait toutes les campagnes de l’Empire ». La comtesse de Lalanne, fille adoptive du général Decrest de Saint-Germain, décédé en 1835, écrit le 2 août 1836, au maréchal Maison pour réclamer l’inscription du nom du général Decrest de Saint-Germain sur l’Arc de Triomphe. Elle déclare son « douloureux étonnement d’avoir vainement cherché son nom dans la foule de ceux qui décorent l’arc triomphal consacré à la gloire des armées françaises. » Le même jour, 2 août 1836, le général Charles Nicolas comte d'Anthoüard écrit au maréchal Maison, au sujet des inscriptions sur l’Arc de Triomphe : « Comme je me trouve dans la catégorie des exclus et que cependant je puis penser (peut-être par excès d’amour propre) mais enfin comme je pense que je pourrais y être admis comme d’autres que j’y trouve inscrits, je viens réclamer de votre loyauté et de votre justice d’avoir la complaisance de me faire connaître les motifs qui ont pu influer sur la radiation de mon nom. » Le général Edme Étienne Borne Desfourneaux écrit le 3 août 1836 au maréchal Maison pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe. Il renouvelle sa demande en écrivant le 7 octobre 1839 à l’amiral Duperré, ministre de la Marine et des Colonies puis le 9 octobre 1840, au comte Jaubert, ministre des Travaux Publics. Ces lettres donnent lieu à des échanges entre ministres pour soutenir la demande de Borne Desfourneaux. Le maréchal Soult, président du Conseil, écrit aussi le 27 novembre 1839, à l’amiral Duperré et à Charles Marie Tanneguy Duchâtel, ministre de l’Intérieur, pour soutenir la demande de Desfourneaux. Il profite de ce dernier courrier pour signaler qu’il manque dans les noms de bataille inscrits, celle de Toulouse, qui a contribué à développer sa propre gloire ! Le général Charles Borrelli écrit le 4 août 1836 au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, pour demander que son nom figure sur « le monument dédié à la gloire des braves qui se sont distingués dans les armées françaises ». Il renouvelle sa demande le 7 septembre 1836, en s’adressant au général Simon Bernard, tout nouveau ministre de la Guerre, en expliquant qu’il a fait 22 campagnes et que son nom a été « mentionné honorablement dans presque tous les bulletins des corps d’armées » dont il faisait partie. Il indique que par les journaux, il sait qu’une commission serait désignée pour faire droit aux réclamations des généraux dont les noms n’avaient pas été gravés sur l’Arc de Triomphe et qu’il souhaite que son nom soit mis sous les yeux de la commission. Le député du Calvados, Jacques Louis Chatry de Lafosse, neveu du général Pierre Dumoustier, décédé en 1831, écrit le 4 août 1836 au comte de Montalivet « pour faire inscrire sur le monument de l’Étoile » le nom de son oncle. Le général Jean Baptiste Alexandre Strolz écrit le 5 août 1836 au maréchal Maison pour réclamer que son nom soit inscrit sur l’Arc de Triomphe : « Le Moniteur a publié la liste des officiers généraux dont
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 les noms sont inscrits sur le monument de l’Arc de Triomphe. Comme j’apprends que des réclamations sont faites contre un petit nombre d’omissions, je me détermine aussi quoiqu’avec répugnance mais pour l’honneur de mes fils, de revendiquer ma place dans cette longue et presque générale nomenclature ». Le général Strolz envoie le 6 août 1836, une copie de cette lettre au comte de Montalivet. Le général Philippe Antoine d’Ornano, futur maréchal de France, fait la même démarche que le général Strolz pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe : il écrit le 5 août 1836 au maréchal Maison et le 6 août, il envoie la même lettre au comte de Montalivet. Blaise, ancien notaire et adjoint de la mairie de Nancy, écrit le 5 août 1836 au comte de Montalivet : « Parmi les noms des généraux inscrits sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile que je lis dans le Moniteur, je ne vois pas figurer celui de notre compatriote, Monsieur le général Drouot. Je viens, Monsieur le Ministre, vous signaler cet oubli, espérant que vous voudrez bien le faire réparer. La modestie extrême du général Drouot pourrait peut-être lui faire voir avec une sorte de satisfaction que son nom ne soit point offert à la reconnaissance de la patrie, mais ce nom si honorable appartient à l’histoire de France et plus particulièrement à celle de sa ville natale. En revendiquant pour lui une place sur le monument national qui vient d’être érigé, je ne fais qu’exprimer le vœu de mes concitoyens ». L’ancien officier de hussards, Gouré de Villemontée, écrit le 5 août 1836 au comte de Montalivet pour demander l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son frère, le général Louis Anne Gouré, tué à Lützen en 1813. Il écrit qu’ils étaient 4 frères dans les armées et que 2 ont été tués au combat, l’un à Neerwinden en 1793, l’autre à Lützen. C’est la « mort digne d’un si brave soldat » selon ce qu’aurait dit Napoléon. Le général Jean Baptiste Baurot écrit le 6 août 1836 au maréchal Maison pour demander que son nom soit ajouté à ceux inscrits sur l’Arc de Triomphe : « J’ose attendre cette réparation de votre justice et de votre équité ». Il complète sa demande le 26 août 1836, en joignant divers mémoires justificatifs sur la bataille de Toulouse d’avril 1814, où il a perdu une jambe. Eugène Bonnamy, lieutenant au 4e chasseurs à Limoges, écrit le 6 août 1836 au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son père, le général Charles Auguste Jean Baptiste Louis Joseph Bonnamy de Bellefontaine. Il renouvelle sa demande le 20 décembre 1840 auprès du maréchal Oudinot, en insistant sur le fait que son père a reçu 22 coups de baïonnette à la Moskowa et en affirmant : « Son nom est le seul héritage que mon père m’a laissé. » Le général Louis Joseph Lahure écrit le 6 août 1836 au comte de Montalivet : « Je dois joindre à celles qui vous ont été adressées, ma réclamation contre l’omission de mon nom sur le monument de l’Étoile. Je n’entrerai pas dans le détail de tous les faits d’armes dont j’ai eu ma part. Je me borne à citer la prise de la flotte hollandaise dans les glaces du Helder en 1795, expédition que j’ai seul imaginée et exécutée à la tête d’un faible corps de troupes légères. » La prise de la flotte hollandaise dans les glaces en janvier 1795 avait eu en effet, un grand retentissement en France et en Belgique et donné lieu à plusieurs tableaux représentant cette scène unique dans l’Histoire. Anne Exilatrice Dahlmann, née Solere, écrit le 7 août 1836 au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription du nom de son mari, le général Nicolas Dahlmann, tué à Eylau. Elle s’étonne que le général d’Hautpoul tué à la même bataille soit inscrit et non son mari. Le prince Adam Jerzy Czartoryski, ancien président du gouvernement provisoire polonais de 1830, qui s’est réfugié à Paris, transmet au comte de Montalivet une note sur les états de service du général polonais Kniaziewicz. La note, datée du 7 août 1836, se termine par la phrase suivante : « Le nom du général Kniaziewicz ne se trouve pas sur l’Arc de Triomphe qui vient d’être inauguré ». Le baron Jean Baptiste Daurier écrit le 7 août 1836 de Nancy, au maréchal Maison pour que le nom de son père, le général Charles Daurier, et celui de son beau-père, le général Eugène Casimir Villatte, tous les deux décédés, soient inscrits sur l’Arc de Triomphe. Le 8 août 1836, Marie Louise Hélène Allix, née de Hadel, écrit au maréchal Maison qu’elle ne comprend pas pourquoi le nom de son mari le général Charles Allix décédé le 26 janvier 1836, n’est pas inscrit « sous les massifs des arcades de l’Arc de Triomphe » alors que les batailles de Montereau où son mari « a pris une part si brillante après la défense de Sens » et celle de la Moskowa où son mari
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 commandait à la tête des troupes westphaliennes, sont inscrites. Il est de « toute justice de réparer » cette omission. Pierre Michel Pille, neveu du général Louis Antoine Pille décédé en 1828, écrit le 8 août 1836 au comte de Montalivet pour demander l’inscription du nom de son oncle sur l’Arc de Triomphe. Le même jour, 8 août 1836, le général Campredon, ayant son nom inscrit sur l’Arc de Triomphe sur le pilier sud, écrit au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription du nom de son ami le général Martin de Vignolle dont il a prononcé l’éloge funèbre en 1824, et celle du nom de son beau-frère le général Jean Étienne Casimir Poitevin de Maureillan, décédé en 1829. Le même jour, 8 août 1836, Augustin Sarrut qui a hérité du titre de baron de l’Empire de son oncle, le général Jacques Thomas Sarrut, blessé mortellement à la bataille de Vitoria en 1813, réclame au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, l’inscription du nom de son oncle sur l’Arc de Triomphe. Il rappelle son remarquable fait d’armes à San Vincente en Espagne, en 1808, où avec 900 hommes, il avait culbuté une colonne de 6000 hommes et l’avait détruite en lui prenant son artillerie. Le même jour, 8 août 1836, la comtesse Foucher de Careil écrit au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, pour réclamer que le nom de son père, le général Louis François de Foucher de Careil, décédé en 1835, soit inscrit avec ses compagnons d’armes sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Le même jour, 8 août 1836, le général Augustin Louis Petiet, fils de l’intendant général Claude Petiet, écrit une lettre au maréchal Maison et une lettre au comte de Montalivet dans lesquelles il exprime son mécontentement : « Je crois devoir réclamer sur l’absence de mon nom parmi les militaires de la Grande Armée inscrits sur le monument immortel achevé par le Roi des Français ». Dans sa lettre au maréchal Maison, il précise la raison de sa demande : « Chevalier de la Légion d’honneur à Austerlitz, officier à Dresde, le grade de commandeur a été demandé pour moi à Napoléon dans la campagne de 1814 après avoir eu deux chevaux tués sous moi et avoir été blessé ». Le même jour, 8 août 1836, Adolphe et Gustave de Fénérols, Fanny Morat, née de Fénérols, fils et fille du général Jacques Marguerite Étienne de Fornier dit Fénerols, tué à la bataille de Golymin en 1806, écrivent, de Cambrai, au ministre de la Guerre pour réclamer l’inscription du nom de leur père qui s’est distingué à Hohenlinden en défendant le parc d’artillerie et les bagages de l’armée française. Gustave de Fénérols renouvelle cette demande le 21 octobre 1836. Encore le même jour 8 août 1836, Jean Étienne Emmanuel Hector Sorbier, directeur de l’enregistrement et des domaines de Toulouse, écrit au comte de Montalivet pour réclamer que le nom de Sorbier inscrit sur l’Arc de Triomphe soit doublé pour qu’il corresponde au général du génie Jean Joseph Augustin Sorbier, son frère, blessé mortellement durant la campagne de 1809, et au général d’artillerie, Jean Barthelmot Sorbier, son homonyme. Léopold Rivaud de La Raffinère, capitaine du génie, écrit le 9 août 1836 au maréchal Maison pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son père, le général Olivier Macoux Rivaud de La Raffinière. Cette demande est suivie de celle de François Marie Agier, député des Deux-Sèvres et cousin du général Rivaud de La Raffinière qui réclame l’inscription du nom de son cousin sur l’Arc de Triomphe. Le 15 août 1836, il adresse pour cela une lettre au comte de Montalivet. Enfin, de Poitiers, le 11 octobre 1836, le général Rivaud de La Raffinière écrit lui-même au général Simon Bernard, nouveau ministre de la Guerre : « Un de mes fils qui passe par Paris pour se rendre à son poste de capitaine de génie, m’annonce que mon nom n’a pas été inscrit sur l’Arc de l’Étoile parmi les noms des généraux qui ont contribué aux grandes victoires qui ont illustré les armées françaises dans les guerres de la Révolution ; c’est un oubli qui me cause le plus grand étonnement et qui vous fera partager ma surprise lorsque vous aurez lu la notice ci-jointe … ». Suit un long feuillet décrivant les nombreuses batailles auxquelles il a participé. Il rappelle aussi qu’à Lübeck en novembre 1806, c’est lui qui a reçu la capitulation de Blücher avec 8000 hommes d’infanterie et 4000 de cavalerie et que cette capitulation qu’il a signée, a été mise dans le bulletin de la Grande Armée. Le 9 août 1836, Charlotte Adélaïde Henriette Brouard, née Koenig à Berlin et veuve depuis 1833 du général Étienne Brouard, écrit au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription du nom Brouard sur
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 l’Arc de Triomphe, à côté de celui de Debilly tué à Auerstaedt. La lettre est cosignée par ses deux fils Adolphe et Émile. De Montpellier, le 10 août 1836, Henri René, membre du Conseil général de l’Hérault, écrit au maréchal Maison, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son frère, le « brave et malheureux général baron René », brûlé vif par des guérilleros espagnols. Le même jour, 10 Août 1836, Alexandre Duval de Conteval, maire de Neuville-sous-Montreuil, écrit à Thiers, président du conseil des ministres, pour le remercier d’avoir mentionné le nom de son père, le général Blaise Duval de Hautmaret, dans son livre Histoire de La Révolution française et le prie de faire inscrire le nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Or ce nom figure déjà sur le pilier nord. Encore le 10 août 1836, le baron François Pierre Chauvel, maréchal de camp en retraite, écrit de Darvoy dans le Loiret, au maréchal Maison, pour demander de ne pas omettre son nom sur l’Arc de Triomphe. De même, le 10 août 1836 de Lézignan dans l’Aude, le général Louis Pierre Jean Aphrodise Cassan écrit au comte de Montalivet pour réclamer que son nom soit inscrit « sur les massifs des arcades latérales de l’Arc de Triomphe » car il a été oublié et cela l’afflige. Le 12 août 1836, Armand Pinoteau, sous-préfet du Loiret à Pithiviers, écrit au ministre de l’Intérieur pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Pierre Armand Pinoteau, décédé en 1834, qui a eu une glorieuse carrière sous la Révolution et l’Empire. Le 14 août 1836, le général Christian Dumas, aide de camp du roi Louis-Philippe, écrit au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom du général Nicolas François Roussel d’Hurbal : « Il espère que ses titres à cet honneur fixeront votre attention et que vous voudriez bien transmettre sa demande à la commission qui sera chargée de l’examen de ses titres ». De Carcassonne, le 14 août 1836, Étienne Martin Chartrand, percepteur, receveur des contributions directes de Carcassonne, écrit au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son frère, le général Jean Hyacinthe Sébastien Chartrand, fusillé en 1816 pour avoir aidé Napoléon au début des Cent-Jours. Il justifie sa demande car « le nom de son compagnon de gloire et d’infortune (le général Travot) figure sur le monument », même si pour ce dernier, sa condamnation à mort de 1816 a été commuée en une peine de réclusion de 20 ans. Le 15 août 1836, le ministère de la Guerre reçoit une lettre de la Baronne Guiot de Lacour, née Grâce Désirée Adélaïde Antoinette Picquery de Wasronval, qui réclame, au nom de ses 2 fils, que le nom de son mari, le général Nicolas Bernard Guiot de Lacour soit inscrit sur l’Arc de Triomphe, « faveur d’autant mieux méritée que le général ayant été tué sur le champ de bataille de Wagram, sa statue devait être érigée sur le pont de la Concorde ». La Baronne Guiot de Lacour a effectivement reçu, le 2 juillet 1810, une lettre de Vivant Denon, directeur général du musée Napoléon, lui demandant s’il existait un portrait de son mari pour que l’artiste chargé de l’exécution d’une statue du général qui serait placée sur le pont de la Concorde, puisse s’en aider. La lettre de la Baronne Guiot de Lacour, reçue le 15 août 1836, a été enregistrée par erreur comme une réclamation pour l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom du maréchal de camp Jacques Nicolas Lacour, qui n’a pas combattu à Wagram et ne décèdera que le 10 juin 1839 à Paris. Elle est encore, à ce jour, classée dans le dossier de ce général. La comtesse de Ruty, née Lucile Charlotte Lecocq, écrit le 15 août 1836, du château de Nerville par Beaumont-sur-Oise, au maréchal Maison pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son mari, le général Ruty mort en 1828. Elle écrit le même jour une lettre de réclamation similaire, au comte de Montalivet. Elle renouvelle encore sa demande en écrivant le 1er juin 1840, de Paris, une nouvelle lettre de réclamation au ministre des Travaux Publics, Hippolyte François Jaubert. Le général de division Jean Baptiste Grégoire Delaroche, écrit le même jour, 15 août 1836, de son château de Selorre par Paray-le-Monial, au maréchal Maison, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe : « J’ai l’honneur de prier votre Excellence de vouloir bien se faire représenter l’état de mes services, actions et blessures, et ordonner que mon nom soit placé près de celui du général qui a le plus fidèlement servi la patrie. » Le lieutenant général Jean Baptiste Charles René Joseph Dumas de Polard écrit le 20 août 1836 au comte de Montalivet pour réclamer que son nom soit inscrit sur l’Arc de Triomphe pour la seule raison
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 que ce monument était à son origine destiné à perpétuer la bataille d’Austerlitz et que lui-même, alors colonel du 21e régiment de dragons, avait été remarqué par l’Empereur et placé proche de lui sur le tableau officiel de cette bataille. Jean-Paul Schramm, directeur du personnel et des opérations militaires au ministère de la Guerre, écrit le 23 août 1836, à son chef, le maréchal Maison pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son père, le général Jean Adam Schramm, décédé en 1826. Il explique que son père pendant le siège de Dantzig en 1807 a eu, de tous les généraux présents « la part la plus active au résultat obtenu ». Le général Étienne Fulgence Janin, ancien chef d’état-major du général Razout en 1813, écrit le 27 août 1836, une lettre de réclamation au roi Louis-Philippe pour demander l’inscription du nom du général Razout sur l’Arc de Triomphe. Le baron François Razout, frère du général Razout, officier dans la 18e division militaire, écrit aussi le 10 septembre 1836, au ministre de la Guerre, le général Bernard, pour réclamer l’inscription du nom de son frère sur l’Arc de Triomphe. Il fait cette demande au nom de sa belle-sœur, Catherine Sophie, née Formé, qui a hérité du nom de Razout, « ce nom si pur qu’il a rendu si glorieux, ce nom qui est pour sa veuve la plus belle position de son héritage (la seule au reste qu’elle ait recueillie) ». Le général Durrieu écrit le 27 août 1836 au maréchal Maison. Il ne réclame pas directement une place pour son nom sur l’Arc de Triomphe mais fait part des critiques que l’on peut faire sur ces inscriptions : une « nomenclature confuse », un « pêle-mêle de 384 noms personnels vivants et morts dont plusieurs sans renom», le manque des noms « de l’Empereur Napoléon qui l’a commencé en 1806 et (de) celui de Louis Philippe qui l’a achevé en 1836 », la présence du « colonel Chambure fort peu célèbre, à côté du premier et fameux grenadier La Tour d’Auvergne », l’absence des « colonels de nos armées qui sont morts ou qui vivent encore et qui ont commandé des troupes pendant la guerre, ce grade ayant une si grande et si juste importance ». Il termine en remarquant que puisque l’inscription n’a eu lieu qu’en 1836, il fallait « inscrire aussi les noms des généraux qui ont combattu à Waterloo, en Morée, en Afrique, à Anvers ». Cette dernière remarque montre le souhait de Durrieu d’être inscrit car il a été chef d’état-major du corps expéditionnaire de Morée en 1828 et c’est cette affectation qui lui a permis d’accéder au grade de lieutenant général. Il s’étonne de ne recevoir aucune réponse à sa lettre et renvoie le 16 décembre 1836 une copie de celle-ci au général Bernard, nouveau ministre de la Guerre. Le 28 août 1836, A. J. Guillot, fils du général de brigade François Gilles Guillot qui a eu 9 enfants et qui est décédé en 1818, demande au ministre de la Guerre que le nom de son père soit inscrit sur l’Arc de Triomphe « de la barrière de l’Étoile ». Le baron Dalesme et son beau-frère Bordet, époux d’Eugénia Dalesme, tous deux employés au ministère de la Guerre, écrivent le 29 août 1836, au comte de Montalivet, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de leur père et beau-père, le général Jean Baptiste Dalesme, décédé en 1832. Le baron Dalesme renouvelle sa demande le 15 juin 1841, en écrivant au maréchal Soult. La comtesse de Wolodkowicz croit reconnaître le nom de son mari Jean Henri de Wolodkowicz sous l’inscription Henry. En effet, devant la difficulté de prononcer son nom, ses camarades et même Napoléon avaient tendance à appeler ce général polonais Henry. Elle demande donc le 30 août 1836 la rectification de l’inscription de l’Arc de Triomphe du nom de Henry (colonne de droite du pilier ouest) en Wolodkowicz. Le 1er septembre 1836, le général Chasseraux écrit au comte de Montalivet : « Mon nom ne se trouve point inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile avec ceux des autres officiers généraux auprès desquels j’ai combattu. J’aime à me persuader que cette omission est une erreur que sûrement, Monsieur le Ministre, vous voudrez faire réparer ». Marie-Louise d’Arencey, née Debiarnois écrit le 2 septembre 1836 au ministre de l’Intérieur Camille Bachasson, comte de Montalivet pour demander, pour elle et ses enfants, que le nom de son mari, le général Joseph d’Arencey, décédé en 1835, soit inscrit sur l’Arc de Triomphe « monument destiné à perpétuer le souvenir des grands travaux militaires des vainqueurs du monde ».
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Les deux frères du général Jean Pierre Lanabère, blessé mortellement à la bataille de la Moskowa, Aristide et Auguste, écrivent d’Orthez, le 2 septembre 1836, au ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom de leur frère sur l’Arc de Triomphe, car celui-ci « s’est toujours distingué par une bravoure à toute épreuve et par des connaissances militaires et administratives non équivoques ». Le baron Alexandre François Bruneteau de Sainte-Suzanne, conseiller d’État, écrit, le 3 septembre 1836, au ministre de la Guerre pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son frère, le maréchal de camp Chrysostome Bruneteau de Sainte-Suzanne, frère du lieutenant général Gilles Joseph Martin, déjà inscrit, et du colonel, Pierre Antoine, mort des suites de la bataille de la Moskowa. Il signale aussi une première réclamation du général René Charles Duvivier, gendre de Chrysostome. Le chef de bataillon en retraite, Lautrec, ancien aide de camp du général d’Oullenbourg écrit le 3 septembre 1836 au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom du général d’Oullenbourg décédé en 1833. Le 7 septembre 1836, le baron Louis d’Oullenbourg, chef d’escadron au 1er carabiniers, et son frère Bertrand Eugène, capitaine au 5e cuirassiers et futur maréchal de camp, écrivent à nouveau au comte de Montalivet pour réclamer l’inscription du nom de leur père sur l’Arc de Triomphe : « À la bataille d’Iéna, d’Oullenbourg alors colonel du 1er dragons fit des prodiges de valeurs à la tête de ce brave régiment ; il fut laissé comme mort sur le champ de bataille et l’Empereur ordonna par décret impérial qu’une des rues de la capitale porterait son nom. » Françoise Schiasetti, veuve du général italien Fortuné Schiasetti et ses deux enfants, Adélaïde et Eugène, écrivent le 7 septembre de Turin, au ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom du général Schiasetti sur l’Arc de Triomphe. À cette lettre est joint un état des services de ce général de brigade nommé le 9 février 1812 et qui a fait les campagnes d’Italie, de Prusse et d’Espagne où il commandait le régiment des dragons Napoléon, à l’armée d’Aragon dans la première division italienne. Le 7 septembre 1836 de Vélize dans la Meurthe, le général François René Cailloux dit Pouget, envoie au ministre de la Guerre une lettre ayant l’en-tête « Inscriptions historiques de l’Arc de Triomphe ». Il écrit : « Je viens d’apprendre qu’il doit être formé une commission pour réviser les inscriptions historiques de l’Arc de Triomphe. Mon nom est du nombre de ceux des officiers généraux qui y sont portés mais comme nous sommes deux maréchaux de camp qui portent le même nom, je ne puis sans trop d’orgueil croire que c’est de moi dont il est question… Mon nom est Caillou-Pouget (François René) celui de mon homonyme Pouget (Jean-Pierre) … Si c’est mon nom qui est déjà inscrit, je prierai la commission dont l’impartialité ne saurait être trop grande de juger si je suis digne d’y figurer. Si c’est de moi dont il est question, je la prierai encore de décider que mon nom soit précédé de la lettre R (René) l’un de mes prénoms ou de celui de Caillou qui m’appartient aussi ». F. M. Levesque de La Ferrière, neveu du général Louis Marie Levesque de La Ferrière décédé en 1834, écrit le 12 septembre 1836 au général Bernard, ministre de la Guerre, pour réclamer l’ajout du nom de son oncle, « ayant été surpris et affligé de voir son nom omis sur les tables d’inscription de l’Arc de Triomphe de l’Étoile ». Sa veuve, Apolline Fortunée Levesque de La Ferrière, née Foullon de Doué, réclame aussi l’inscription du nom de son mari sur l’Arc de Triomphe : le 8 septembre 1837, le comte de Montalivet reçoit une lettre, le 2 janvier 1841, le maréchal Soult en reçoit une autre. Le baron Louis Charles Jeanin, fils du général Jean Baptiste Jeanin, écrit le 13 septembre 1836 au général Bernard, ministre de la Guerre pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe car il avait « appris que des noms devaient être ajoutés à ceux déjà inscrits ». Il réclame à nouveau le 12 décembre 1840, à Soult, nouveau ministre de la Guerre, en insistant sur les services rendus à la France par sa famille : « Mon grand-père (David) l’a illustré dans les arts, mon père et mon oncle, le lieutenant général Meunier l’ont servi avec honneur sur tous les champs de bataille. Déjà mon grand-père dont l’image est gravée sur le frontispice du Panthéon a obtenu la récompense de ses travaux. Maintenant permettez-moi, Monsieur le Maréchal, de solliciter avec insistance celle à laquelle je crois que mon père a des titres irrécusables ». Les 2 filles jumelles du peintre Jacques Louis David avaient en effet épousé les généraux Jeanin et Claude Marie Meunier.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 M. L. M. Girard dit Vieux, fille du général Jean Pierre Girard dit Vieux, écrit de Palerme, le 15 septembre 1836, au maréchal Maison, ancien ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Le frère du général Jean Louis Romeuf tué à la Moskowa, écrit le 21 septembre 1836, une lettre au ministre de la Guerre et une au ministre de l’Intérieur, pour réclamer l’inscription du nom de Romeuf sur l’Arc de Triomphe, sur la « colonne des Braves morts au champ d’honneur ». Il renouvelle sa demande le 17 décembre 1840, en regrettant un « si injuste et incroyable oubli ». Le 21 septembre 1836, le baron Gabriel Noël Pierre Marie Fontane, capitaine au corps royal d’étatmajor, écrit au ministre de la Guerre pour demander l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe, Jacques Fontane, général qui avait servi dans l’armée italienne, sous Pino. Le général Louis Tirlet écrit le 24 septembre 1836 de Fontaine-en-Dormois, une lettre au général Bernard pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe : « J’ai lu dans Le Moniteur du 4 août un article ainsi conçu : « Plusieurs réclamations sont parvenues au Ministère de l’Intérieur pour l’inscription sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile, de noms de généraux qui auraient été omis. Ces demandes vont être l’objet d’un examen dont les résultats seront soumis incessamment à M. le Ministre de l’Intérieur. » » Le 1er octobre 1836, Alexandre Jérôme François Vinot Préfontaine, adjoint au maire de Gisors, écrit une lettre au ministre de l’Intérieur, et une au ministre de la Guerre pour que le nom du général de brigade Marie Pierre Isidore Blanmont, né à Gisors en 1769 et qui y décédera en 1846 « soit inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile élevé à la gloire nationale ». Il fait cette demande au nom du corps municipal, des électeurs, gardes nationaux et autres habitants de Gisors et accompagne cette demande de 217 signatures. Le 7 octobre 1836, l’ancien colonel de cavalerie Alexis Chalbos réclame pour que le nom de son père, le lieutenant général Alexis Chalbos, décédé en 1803 comme commandant à Mayence, des suites d’un rhumatisme « qui le tourmenta sans cesse durant l’excellence de ses longs et pénibles services » soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. De Falaise, le 7 octobre 1836, le général d’artillerie Charles Louis Didier Songis, dit Songis aîné, écrit au ministre de l’Intérieur, Adrien de Gasparin, pour que son nom figure sur l’Arc de Triomphe à côté de celui de son frère, le général d’artillerie Nicolas Marie, qui le mérite comme lui : « J’ai fait toutes les campagnes de la Révolution … Je viens réclamer une seconde place pour le nom de Songis qui y est déjà inscrit … Il suffirait d’ajouter au nom Songis, le mot Frères ». Le comte Michel, lieutenant de voltigeurs au 45e de ligne, fils aîné du général Claude Étienne Michel tué à Waterloo, écrit le 9 octobre 1836 au général Bernard, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom de son père « sur les tablettes de l’Arc de Triomphe ». Son père mérite d’être inscrit car « l’Empereur reconnaissant ses glorieux services a traité sa veuve comme la veuve d’un maréchal de l’Empire ». Le 21 juin 1815, trois jours après Waterloo, Napoléon était en effet à Paris, à l’Élysée et offrait une pension de 6000 Francs à Huguette Maret, veuve du général Michel. Le signataire de la lettre de Napoléon était Hugues Bernard Maret, Secrétaire d’État mais aussi oncle de la veuve du général Michel, ceci expliquant probablement la rapidité de la décision impériale ! Cette pension n’a pas été reconnue par Louis XVIII qui a plus modestement offert une pension de 1500 Francs à la veuve du général Michel, en septembre 1815. La veuve du général Louis Mathieu Dembowski, née Joséphine de Thannberger, écrit le 1er novembre 1836 au ministre de la Guerre pour réclamer l’inscription du nom de son mari sur le « monument consacré aux gloires de nos armées ». Elle joint un livret des états de son mari d’origine polonaise, tué en duel à Valladolid le 18 juillet 1812 « pour l’intérêt du service et l’avantage du convoi qu’il commandait. » Le baron Auguste Albert, lieutenant au 1er hussards et fils du général Joseph Jean Baptiste Albert, décédé en 1822, écrit le 29 décembre 1836, au secrétaire d’État au département de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe en raison des « services qu’il a rendus à la France, assez éminents pour mériter cette distinction ».
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 1837 Le 12 janvier 1837, le général Dutaillis qui avait déjà écrit deux lettres en 1836 au maréchal Maison, ministre de la Guerre, écrit à nouveau une lettre à son successeur, le général Bernard, pour réclamer que son nom ne soit pas oublié sur l’Arc de Triomphe. Ce dernier annote en marge « Répondre que sa demande a été mise sous les yeux du Roi ». Le 21 janvier 1837, Adrien de Gasparin, ministre de l’Intérieur transmet au général Saint Cyr Nugues une lettre du maréchal de camp Michel Ordener qui demande la rectification du nom Dorsner en Ordener car « le nom de son père aurait été inscrit de la manière la plus inexacte sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile ». Après réponse de Saint Cyr Nugues, de Gasparin répond à Michel Ordener le 18 mars 1837, que le général Dorsner « était un ancien officier d’artillerie qui avait servi avec distinction au temps de nos premières guerres dans les armées du Nord et du Rhin sous Pichegru et Moreau » et qu’il n’y a donc aucune erreur à rectifier. Par contre sa demande d’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe sera conservée pour être étudiée par une commission qui sera chargée d’examiner les réclamations de même nature. Le 5 mars 1837, Anne Marguerite Charlotte Tharreau, née Martin, écrit au ministre de l’Intérieur, pour demander l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son mari, le général Jean Victor Tharreau, décédé en 1812 des suites des blessures reçues à la Moskowa. Son neveu, le baron Tharreau, conseiller de préfecture de la Loire Inférieure, écrit le 6 mars 1837, à Charles Rémusat, secrétaire d’État, ministre de l’Intérieur, également pour réclamer l’inscription du nom de son oncle sur l’Arc de Triomphe. Louis Revelière, ancien député de Loire Inférieure, écrit le 29 mai 1839 au maréchal Oudinot, en lui disant qu’il est chargé par la baronne Tharreau « de suivre la réclamation faite aux ministères de la Guerre et de l’Intérieur relativement à l’omission du nom de son mari parmi les généraux inscrits sur l’Arc de Triomphe ». Oudinot écrit le 25 juin 1839 au ministre de l’Intérieur, car il estime que la réclamation de Mme Tharreau est justifiée. Le 29 mars 1837, la comtesse Lepic, née Joséphine Félicité Geoffroy, écrit au général Bernard, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son mari, le général Louis Lepic, décédé en 1827 « qui, par un fait d’armes inouï à la bataille d’Eylau, mérita à la tête des grenadiers de la Garde, la plus brillante éloge de l’Empereur, le grade de général sur le champ de bataille et une dotation de 40 000 francs ». Victor Hugo, voyant que son père le général Hugo n’était pas inscrit sur l’Arc de Triomphe n’écrit aucune lettre de réclamation mais inscrit sur la première page de son livre Les Voix intérieures paru le 26 juin 1837, la dédicace suivante : « À Joseph-Léopold-Sigisbert, comte Hugo, lieutenant général des armées du Roi, né en 1774, volontaire en 1791, colonel en 1803, général de brigade en 1809, gouverneur de province en 1810, lieutenant général en 1825, mort en 1828, non inscrit sur l’Arc de Triomphe - Son fils respectueux V. H. » Dans ce recueil de poèmes lyriques, Victor Hugo écrit à la fin du poème n° IV « À l’Arc de Triomphe » : Lorsque je vois, au fond des époques futures, La liste des héros sur ton mur constellé Reluire et rayonner, malgré les destinées, … Je ne regrette rien devant ton mur sublime Que Phidias absent et mon père oublié ! » Attaché à ce poème, Victor Hugo laisse également le feuillet manuscrit non publié, suivant : « Quand je serai hors de ce monde, ces vers étant vrais et justes, on en fera ce qu’on voudra : Sur ce bloc triomphal où revit tout l’empire, Où l’histoire dictait ce qu’il fallait écrire, Où nous verrons un jour, d’un œil presque effrayé, Surgir l’aigle de bronze immense et déployé, Vous avez oublié, sire, un nom militaire, Celui que je soutiens et que portait mon père ! Oui, sire, je le dis, vous avez oublié
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Mon père en son tombeau peut-être humilié ! Or celui qui dont le nom manque à vos architraves, C’était un vieux soldat, brave entre les plus braves, Dont le sabre jamais ne dormait au fourreau, Et que Napoléon enviait à Moreau ! Dans la guerre étrangère et la guerre civile, En Vendée, en Espagne, à Naples, à Thionville, Le fifre et le tambour, la bombe et le canon, Ont laissé des échos que réveille son nom ! Pourtant sur votre mur il est oublié, sire ! Et vous avez eu tort, et je dois vous le dire, Car le poète pur, de la foule éloigné, Qui vous aborde ici de son vers indigné, Sire ! et qui vous souhaite un long règne prospère, N’est pas de ceux qu’on flatte en oubliant leur père ! 29 mars 1837 » Le 7 octobre 1837, le conseiller d’État Martineau, directeur général de l’administration et de la comptabilité au ministère de la Guerre, écrit à la comtesse Lefebvre-Desnoëttes, née Louise Stéphanie Rolier. Il accuse réception de sa réclamation pour que le nom de son mari, le général Charles LefebvreDesnoëttes, décédé en 1822, soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Il ajoute que devant le nombre de réclamations reçues par le ministre, ce dernier a l’intention de soumettre ces dernières à une commission spéciale « afin qu’une mesure générale puisse être prise à cet égard. » Enfin il demande à la comtesse Lefebvre-Denoëttes d’écrire directement au général Bernard, ministre de la Guerre, ce qu’elle fait le 18 octobre 1837. 1838 Le comte de Bordessoulle, fils du général Étienne Tardif de Pommeroux de Bordessoulle, écrit le 22 janvier 1838 au roi Louis-Philippe pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe : « Votre majesté dont la sollicitude conservatrice s’est étendue sur toutes les gloires de la France, a dédié aux souvenirs de nos vieilles guerres l’arc de triomphe de l’Étoile. 380 généraux sont nommés dans les inscriptions de ses murailles comme dans les archives impérissables, et le nom de mon père, le lieutenant général comte de Bordessoulle ne s’y trouve pas. (…) J’ai longtemps ignoré cette inconcevable omission et c’est lorsque je pleurais sur la tombe de mon père que j’ai appris que son nom illustré par tant de courage et de loyauté était exclu des marches de l’Étoile et qu’une gloire conquise au prix de tant de sang n’avait plus d’asile que dans mon cœur … » La lettre est transmise le 24 févier 1838 au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur. Marie-Augustine Villatte, née de Salmon de La Brosse dont le mari le général Eugène Villatte est décédé en 1834, écrit au général Bernard, ministre de la Guerre, le 19 août 1838 pour réclamer la réparation d’une injustice, l’absence du nom de son mari sur l’Arc de Triomphe. 1839 Le 7 novembre 1839, François Antoine Struch, député du Haut-Rhin, et Pierre Rielle de Schauenburg, député du Bas-Rhin et fils du général de Schauenburg dont le nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe, écrivent au roi Louis-Philippe pour lui demander l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom du lieutenant général Sigismond de Berckheim. Jules Armand Dufaure, ministre des Travaux Publics, à qui a été transmis la lettre, répond qu’il n’y a plus de place convenable pour inscrire de nouveaux noms sur le monument, que cela ne dépend pas de lui mais qu’une commission sera chargée de faire un examen attentif des demandes et que celle pour le lieutenant général de Berckheim sera particulièrement prise en considération.
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Les 244 noms inscrits en 1841
Après toutes les remarques et les réclamations enregistrées depuis 1836, Thiers, président du Conseil, décide, en mai 1840, de nommer une commission qui avait déjà été envisagée en août 1836, pour choisir de nouveaux noms à ajouter sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Le 21 novembre 1840, Teste, le ministre des Travaux Publics, indique à Soult, nouveau président du Conseil, que l’on pourrait facilement ajouter aux noms déjà inscrits, 128 nouveaux noms, sur 2 colonnes de 16 lignes de part et d’autre de chacun des 4 tableaux. Soult nomme donc le 27 novembre 1840, une commission dont les membres sont tous des officiers ayant servi sous l’Empire. La présidence est assurée par le maréchal Oudinot et les membres sont Reille, Dode de La Brunerie, Pelet, Petit, Schneider et Michault de Saint-Mars qui est chargé de la fonction de secrétaire. Après la première réunion de la commission, 3 nouveaux membres sont nommés le 7 décembre 1840 par Soult dans le but d’élargir les compétences de cette commission : Exelmans pour la cavalerie, Neigre pour l’artillerie et Rosamel pour la marine. Avant même que le public n’ait eu confirmation de l’existence de cette commission, les réclamations reprennent. Le général François Pierre Joseph Amey écrit de Strasbourg, le 18 avril 1840, au général DespansCubières, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe de la barrière de l’Étoile. Il n’est pas sûr que son nom n’y soit pas déjà inscrit et écrit : « Je vous prie, Monsieur le Ministre, de donner vos ordres pour que le mien soit rétabli sur ce monument afin de réparer l’omission si toutefois elle avait eu lieu. » Le 18 avril 1840, Alexandre Mertz, fils naturel du général Thouvenot et au nom de sa veuve, Marie Victoire, née Lacroix, écrit au ministre de la Guerre au sujet de l’Arc de Triomphe « que l’on porte dans l’inscription de rectification qui va avoir lieu, un nom (Thouvenot) si honorable et si irréprochable » en particulier lors de la défense de Bayonne en avril 1814. Gustave Lhéritier de Chezelle, aide de camp du général Lalande, écrit le 19 avril 1840 au général Despans-Cubières, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Samuel François Lhéritier, décédé en 1829. Il écrit savoir qu’une commission vient d’être chargée de réparer les erreurs et les titres des réclamations. Ne connaissant aucun de ses membres ni qui préside cette commission, Lhéritier s’adresse au ministre : « Ma famille est extrêmement jalouse de retrouver le nom de mon père, le lieutenant général Lhéritier de Chezelle, parmi les noms de tous ses camarades qu’elle connaissait pour la plupart et qui se trouvent déjà inscrits sur ce beau monument ». La baronne Favrat de Bellevaux, fille du général Joseph Dessaix décédé en 1834, écrit le 22 avril 1840 au général Despans-Cubières, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Le 30 avril 1840, Élise Gallier, née Soyez, sœur du général de brigade Louis Stanislas Xavier Soyez, écrit au ministre de la Guerre pour réclamer l’inscription du nom de son frère sur l’Arc de Triomphe, au nom d’une sœur, d’une veuve et d’un fils car elle vient assez curieusement « d’apprendre que le terme pour la déclaration expirait aujourd’hui ». Le général polonais Charles Kniaziewicz, probablement encouragé par le prince Czartoryski qui avait déjà signalé en août 1836, que le nom Kniaziewicz manquait sur l’Arc de Triomphe, réclame lui-même le 2 mai 1840. Il écrit au général Despans-Cubières, ministre de la Guerre au 21
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 sujet de cette commission : « Je prends la liberté de vous prier, Monsieur le Ministre, de recommander à la dite commission le nom du soussigné qui a pris une part active aux campagnes d’Italie sous le général en chef Championnet où il commandait une Légion Polonaise et fut chargé de présenter au Directoire Exécutif, les drapeaux conquis sur l’ennemi... » François Le Pomellec, maire de Saint-Brieuc et époux de la fille unique du général Jean Valletaux écrit dès le 1er juin 1840 pour réclamer au général Despans-Cubières, ministre de la Guerre, l’inscription du nom de son beau-père sur l’Arc de Triomphe. Le Pomellec joint un état des services du général Valletaux car il a lu dans les journaux qu’une commission devait apprécier les titres des généraux dont les noms avaient été oubliés. Le 17 juillet 1840, le général d’artillerie Jean Baptiste Pelletier écrit au général Despans-Cubières, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe. Il rappelle les batailles où il a servi, à Friedland dans la division Verdier, à Smolensk, à la Moskowa, à Waterloo. Le 25 juillet 1840, de Groslay près de Montmorency, l’officier de la Légion d’honneur et chevalier de Saint-Louis, de Lachaussée, écrit au général Despans-Cubières, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son beau-frère, le général Marie François Rouyer, décédé en 1824. Le 7 novembre 1840, le directeur des monuments publics au ministère des Travaux Public écrit à Pierre Henri Charles Étienne, député de la Meuse, pour lui répondre que sa demande d’inscription du nom du général Simmer sur l’Arc de Triomphe a bien été prise en compte et qu’elle sera soumise à l’examen d’une commission spéciale. Après une première réclamation le 12 juin 1840, Adélaïde Édouard Le Lièvre marquis de La Grange, député de Gironde, écrit le 24 novembre 1840, au maréchal Soult, nouveau ministre de la Guerre depuis le 29 octobre et président du Conseil, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son père, le général Adélaïde Blaise Le Lièvre de La Grange, décédé en 1833 : « Permettez moi de réclamer contre un oubli dont mon père a été l’objet ; c’est une réparation que ses enfants jaloux de sa mémoire et fiers de la distinction qu’il s’est acquise pendant sa longue carrière militaire, seront heureux de devoir de votre justice. Son nom n’a point été inscrit sur l’Arc de Triomphe, un lieutenant général qui avait gagné tous ses grades sur les champs de bataille de la Grande Armée, qui avait versé son sang à Valmy et à Heilsberg, qui a eu un bras emporté d’un boulet dans les plaines d’Essling, que Napoléon a distingué par les plus hautes fonctions. Je vous prie, Monsieur le Maréchal, de vouloir bien ordonner que le nom de mon père soit inscrit sur le tableau supplémentaire qui va être ajouté à l’Arc de Triomphe. Je vous demande encore que pour le distinguer du général Joseph Lagrange dont le nom y figure déjà, il y soit désigné par ses initiales, A. F. de la Grange. » Soult répond qu’une commission a été nommée pour réparer les omissions de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, qu’il adressera la réclamation à la commission et qu’il se félicite de concourir à réparer cet oubli. Le 28 novembre 1840, le général Jacques Marie Cavaignac écrit au maréchal Soult, ministre de la Guerre et président du Conseil, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe. Il s’exprime de façon très modérée presque détachée : « Mon nom se trouve omis ainsi que d’autres sans doute qui méritaient à juste titre d’y figurer à côté d’un grand nombre de ceux qu’on y voit inscrits. C’est le résultat probable d’un travail qui n’a pu être entouré de tous les éléments nécessaires et complets de la justice distributive. » Il présente ensuite longuement ses états de service. Le maréchal Soult écrit au maréchal Oudinot le 2 décembre 1840 pour lui transmettre la demande du général Cavaignac et informe ce dernier de cet envoi, le 8 décembre 1840. Le 2 décembre 1840, le général Pierre François Marie Auguste Dejean écrit au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe. Il écrit qu’il venait d’apprendre qu’une commission présidée par Oudinot examinait les réclamations. Il ajoute : « Sur l’Arc de Triomphe, on lit bien le nom de Dejean, mais, par la place qu’il occupe et par les noms qui sont autour de lui, il est évident que c’est celui de mon père (Jean François Aimé Dejean)
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 et je crois que, par mes services et l’emploi que j’ai exercé près de l’Empereur, je méritais aussi l’honneur d’être cité personnellement ». La baronne Burthe, née Marguerite Susanne Delord-Sarpy, écrit le 5 décembre 1840 au maréchal Oudinot, pour réclamer l’inscription du nom de son mari, le général André Burthe. Sa lettre est cosignée par le général Jacques Gervais Subervie, député du Gers. Elle ajoute : « Je suis informée qu’à l’occasion du retour des cendres de l’Empereur Napoléon, on va inscrire, ajouter de nouveaux noms à l’Arc de Triomphe, pris parmi les anciens braves. » Jules Antoine Paulin, maréchal de camp le 28 août 1839, ayant appris qu’il existait un commission chargée de l’examen des réclamations, écrit le 8 décembre 1840, au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour réclamer un nouvelle fois après sa demande de 1836, que le nom de son oncle, le général Sanson, soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Soult lui répond et transmet sa lettre au maréchal Oudinot. Le baron Michel, auditeur au Conseil d’État, second fils du général Claude Étienne Michel tué à Waterloo, écrit le 12 décembre 1840 à un des généraux, membre de la commission de l’Arc de Triomphe pour rappeler que son frère, le comte Michel avait déjà réclamé en 1836 l’inscription du nom de leur père. Le général Lahure écrit le 13 décembre 1840, de Wavrechain dans le Nord, au général Pelet, membre de la commission, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe. Il avait lui-même déjà réclamé le 6 août 1836. Le conseiller d’État, Alexandre François Bruneteau de Sainte-Suzanne, renouvelle le 13 décembre 1840, sa réclamation du 3 septembre 1836 auprès du ministre de la Guerre, pour l’inscription du nom de son frère le général Chrysostome Bruneteau de Sainte-Suzanne. A. de Loverdo, capitaine au corps royal d’État-major, écrit le 18 décembre 1840, au maréchal Soult, président du conseil des ministres, ministre de la Guerre, pour demander l’inscription « sur les marbres de l’Arc de Triomphe de l’Étoile » du nom de son père, le général Nicolas de Loverdo, décédé en 1837 : « Le nom du lieutenant général comte de Loverdo, mon père, n’est pas inscrit sur ce glorieux nobiliaire de la France. J’ai l’honneur d’adresser à votre Excellence un état des services de mon père écrit de sa main et signé de lui. » Le maréchal Oudinot écrit au maréchal Soult le 19 décembre 1840 : « J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 16 de ce mois et dans laquelle vous m’annoncez que la famille de Caulaincourt vous prie d’appeler mon attention et celle de la commission que je préside, sur le nom de M. le duc de Vicence et sur celui du général Auguste de Caulaincourt qui auraient été omis sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Le nom du général Auguste de Caulaincourt est inscrit sur l’Arc de Triomphe, mais effectivement celui du duc de Vicence n’y figure pas. Je m’empresserai de mettre sous les yeux de la Commission, lors de sa première réunion, la lettre que vous m’écrivez à ce sujet. » Le baron Girard dit Vieux, ancien chef d’escadron et maire de Bains dans les Vosges, écrit le 21 décembre 1840, à Charles Marie Tanneguy Duchâtel, ministre de l’Intérieur, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Jean Pierre Girard dit Vieux. La sœur du baron Girard avait déjà réclamé en 1836. Gustave Lhéritier qui avait déjà fait une réclamation en avril 1840, écrit le 24 décembre 1840 au général Neigre, membre de la commission, pour qu’il appuie sa demande d’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Mme Ardiet, née Aubry de La Boucharderie, écrit, le 28 décembre 1840, au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription du nom de son père, le général Claude Aubry de La Boucharderie, tué à la bataille de Leipzig en 1813 : « Je n’entreprendrai point de faire valoir des droits ou citant ses exploits. Ils sont authentiques. Il me suffit de dire qu’il avait, je crois, l’honneur d’être connu de vous et que vous vous êtes trouvés plusieurs fois aux mêmes batailles. » Soult transmet à Oudinot cette demande le 5 janvier 1841. En parallèle, G. Gauthier, contrôleur des contributions indirectes à Melun, écrit au général Neigre, le 9 décembre 1840, pour lui demander, en
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 tant que membre de la commission de l’Arc de Triomphe de ne pas oublier un de ses parents, bien connu de Neigre, Aubry de La Boucharderie. Le député du Calvados et maréchal de camp Jacques Louis Chatry de Lafosse écrit le 28 décembre 1840 au maréchal Soult, président du conseil des ministres, pour réclamer « que le nom de (son) oncle maternel, le lieutenant général comte Dumoustier, soit inscrit sous les voûtes de ce monument national » l’Arc de Triomphe. Il avait déjà réclamé en 1836 auprès du comte de Montalivet. Le 29 décembre 1840, Jacques François Poirel, avocat général à la Cour de Nancy et neveu par alliance du général de brigade Pierre Guillaume Chaudron-Rousseau écrit au ministre de la Guerre pour réclamer l’inscription du nom du général Chaudron-Rousseau sur l’Arc de Triomphe, en son nom et au nom de la famille du général. Soult transmet à Oudinot cette demande le 5 janvier 1841. L’ancien secrétaire général du Loiret, de Briche écrit le 1er janvier 1841, au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son frère, le général André Louis Élisabeth Marie de Briche. Il agit au nom de sa belle-sœur veuve et de ses 3 enfants. Jeanne Joséphine Grâce Dupont, née Bergon, veuve du général Pierre Dupont décédé en mars 1840, écrit au Roi le 2 janvier 1841, pour réclamer l’inscription du nom de son mari sur l’Arc de Triomphe. Ce dernier avait déjà réclamé en juillet 1836. Louis-Philippe se contente par son secrétaire de renvoyer la demande au maréchal Soult, sans commentaire. Le 28 janvier 1841, Charles Pierre Doyen, receveur général de l’Aube, écrit au maréchal Soult pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son beau-père, le lieutenant général, vicomte Puthod : « Cette omission pénible pour ses enfans et pour sa famille, peut heureusement être réparée et votre excellence trouvera naturel que je vienne en leur nom, réclamer un honneur qui lui est si bien dû et que justifie suffisamment la notice ci-jointe ». Le même jour, 28 janvier 1841, le vicomte de Foucher de Careil, neveu et ancien aide de camp du général Louis François de Foucher de Careil, décédé en 1835, réclame au maréchal Soult, ministre de la Guerre, l’inscription du nom de son oncle sur l’Arc de Triomphe. Sa fille avait déjà fait cette démarche en 1836. Emma Margaron, fille du général Pierre Margaron, décédé en 1824, écrit de Tours le 11 février 1841, pour demander au maréchal Soult, ministre de la Guerre, que le nom de son père ne soit pas oublié sur l’Arc de Triomphe : « J’ose espérer, Monsieur le Maréchal, que ma demande ne vous paraîtra pas téméraire et que je trouverai en vous dans cette circonstance un protecteur et un appui. » Son beau-frère, le lieutenant-colonel A. Couturier de Saint-Clair, écrit, de Paris, une lettre au maréchal Soult le 19 février 1841, pour demander aussi que le nom du général Margaron « un des premiers à ouvrir la glorieuse campagne de 1805 » ne soit pas oublié sur l’Arc de Triomphe. Le général de brigade Victor Urbain Remond écrit le 13 février 1841, au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe : « Il vous sied mieux qu’à qui que ce soit, de reconnaître et de réparer les omissions de noms sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile … Il y a trente ans que je suis dans le même grade et un millier de mes cadets sont devenus mes chefs : l’injustice me poursuivrait-elle jusque sur un monument ? » Le général Pierre Boyer, inscrit en 1836, écrit le 15 février 1841, au maréchal Oudinot pour réclamer l’inscription sur les tables de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, de son frère, le général de cavalerie Jean Baptiste Boyer, tué à la bataille de Leipzig. Il demande de s’adresser à Exelmans : « membre de la commission que vous présidez …il donnera sur son compte les renseignements que justifiait la démarche que je fais en faveur de sa mémoire et pour honorer sa belle carrière militaire ». Le général Nicolas François Roussel d’Hurbal écrit le 16 février 1841, au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour réclamer l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe. Cette demande fait suite à celle faite en 1836 par Christian Dumas, aide de camp du roi Louis-Philippe. Il rappelle : « Mon titre de lieutenant général vient de l’Empereur. Il m’a nommé en 1812 à Simorgoni (Smorgoni) avant de quitter l’armée. »
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Le 19 février 1841, le ministère de la Guerre procède à l’expédition d’un état des services du général Jean Baptiste Delaroche, qui avait réclamé pour l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe, le 15 août 1836. Magdeleine Eugénie Poitevin de Maureillan, née Pieyre, écrit le 24 février 1841 à Charles Marie Tanneguy Duchâtel, ministre de l’Intérieur, pour réclamer en son nom et au nom de ses enfants la réparation de l’oubli de l’inscription du nom de son mari, le général Jean Étienne Poitevin de Maureillan, décédé en 1829. Sa demande est transmise à Teste, ministre des Travaux Publics qui renvoie la demande au maréchal Soult, ministre de la Guerre, pour qu’elle soit mise sous les yeux de la commission de l’Arc de Triomphe. Le 4 mars 1841, Teste écrit au maréchal Soult pour lui signaler que la veuve du général Pascal Antoine Fiorella et ses 2 filles sollicitent l’inscription du nom de Fiorella sur l’Arc de Triomphe. Soult transmet la demande au maréchal Oudinot qui lui répond, le 14 mars 1841, que la demande sera examinée avec soin par la commission. Le 13 avril 1841, l’ancien Receveur des Domaines Foullon écrit au maréchal Soult pour demander l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom du général Jean-Pierre Boucret, décédé en 1820 : « Ses honorables services, sa conduite louable lors du blocus par les Anglais de Belle-Ile-en-Mer, son désintéressement sans bornes dans les expéditions de la Vendée dont j’ai été témoin sont autant de titres qui me portent à solliciter de vous cet acte de justice duquel je serai reconnaissant toute ma vie. » Il renouvelle sa réclamation le 3 octobre 1841. Le général Nicolas Schmitz demande le 17 avril 1841 au maréchal Oudinot « père de la Grande Armée » que son nom soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Il écrit ensuite au maréchal Soult le 22 avril avec une copie de sa lettre précédente. Le 17 avril 1841, le maréchal Oudinot écrit au maréchal Soult que la demande d’Émile Malye ne peut être retenue. Ce dernier demandait que le nom de Malher soit remplacé par le nom d’Étienne Malye, son père, décédé en 1821. Émile Malye indiquait que l’ « erreur d’orthographe » était probable car le général Malher inscrit sur le pilier nord de l’Arc de Triomphe n’avait jamais combattu dans les armées du Nord comme son père. Cette assertion est erronée et Oudinot indique que c’est bien le général Malher qui a été choisi en 1836 et non le général Malye. Dans la même lettre du 17 avril 1841 à Soult, Oudinot indique que Poitevin de Maureillan est proposé pour être inscrit mais que « Boucret n’a pas le même avantage ». Le maire de Saint-Brieuc, François Le Pomellec, suit de près le dossier des inscriptions sur l’Arc de Triomphe et réclame à nouveau le 7 juin 1841, pour son beau-père, le général Valletaux. Il s’adresse au maréchal Soult, ministre de la Guerre et aussi président du Conseil depuis le 29 octobre 1840. Sa demande se fait plus pressante : « J’ai appris que bien que le nombre des nouveaux noms proposés pour l’inscription soit fort considérable, celui de mon beau-père n’a pas été jugé digne de figurer sur un monument dont les premières assises ont été cimentées de son sang… ». Après 5 mois de travail, la commission propose 233 noms de personnages ce qui dépasse notablement les 128 places prévues. Teste en fait la remarque à Soult qui répond le 31 mai 1841 : « Loin de pouvoir consentir à retirer un seul nom de la liste dressée par la Commission, je serais au contraire disposé à en ajouter quelques-uns qui ont été omis. L’objection qu’on ne saurait inscrire des noms sur les faces extérieures du monument ne constitue pas à mes yeux une difficulté réelle, quel que soit d’ailleurs le manque d’harmonie qui puisse résulter de ces inscriptions latérales, je le préférerais encore au moindre oubli. J’ajouterais même que cette singularité serait à mon avis de très bon goût car des noms illustres contribueront plus à la splendeur du monument que ne le feraient les plus brillants ornements d’architecture. D’après ces considérations, je vous prie de trouver bon que j’insiste pour que tous les noms dont il s’agit soient gravés sur l’Arc de Triomphe, autrement il faudrait les exclure tous sans exception ; mais j’aime à croire que ce n’est pas à ce dernier parti que vous vous arrêterez ». Teste et Blouet se décident donc à prévoir 128 nouvelles possibilités, en ajoutant de part et d’autre de chaque tableau, une nouvelle colonne de 16 lignes, même si ces nouvelles colonnes ne sont pas
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 dans le même plan que le reste de chaque tableau. Ils décident en plus d’ajouter au-dessus, 32 noms de batailles, à raison de 4 de part et d’autre de chaque motif sculpté de victoire. Cet ajout ne sera pas fait, lui aussi, dans le même plan que celui des victoires et des tableaux et il permettra ainsi de rendre moins inesthétique l’aspect de l’ensemble. Le 3 juillet 1841, Exelmans, en l’absence d’Oudinot, rend compte à Soult de la séance de la commission de l’Arc de Triomphe du 2 juillet 1841 où 8 noms ont été ajoutés aux 233 déjà choisis : Larrey, Percy, Daru, Daure, Petiet, Villemanzy, Margaron et Dalesme. Les 4 derniers noms avaient déjà été demandés par Soult à la commission. Le 6 août 1841, Teste à la réception de la liste des 241 noms proposés (233 + 8) demande à Soult que les noms ne soient pas présentés par grade et par ordre alphabétique mais, comme pour la première proposition de Saint Cyr Nugues en 4 groupes à inscrire selon les 4 piliers de l’Arc de Triomphe et respectant un ordre plus ou moins chronologique et géographique. Le 15 août 1841, Bruno de Rouvre, ancien aide de camp du général Nicolas Desbrulys, écrit au maréchal Soult pour réclamer l’inscription du nom de son chef sur l’Arc de Triomphe. Desbrulys s’était suicidé le 25 septembre 1809 à Saint-Denis sur l’île Bonaparte (la Réunion) plutôt que de se rendre aux Anglais. De Rouvre ne parle pas de ce suicide dans sa lettre mais indique assez maladroitement que la commission de l’Arc de Triomphe n’a pas retenu sa demande, sous prétexte que le général Desbrulys était peu connu ! Soult se contente de transmettre, sans commentaire, la demande au maréchal Oudinot, président de la commission de l’Arc de Triomphe. Le 10 septembre 1841, Pierre Michel Pille demande au maréchal Soult que le nom de son oncle, le général Louis Antoine Pille, décédé en 1828, soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Son seul titre de commissaire du mouvement des armées de Terre dirigeant le ministère de la Guerre, sous-entendu comme Soult, et organisant les 14 armées de la République doit lui faire éviter l’oubli. Pierre Michel Pille rappelle qu’il a déjà fait une demande le 8 août 1836 et une autre au début de l’année 1841. Il renouvelle sa demande le 5 décembre 1841. Le 28 septembre 1841, Exelmans, président par intérim de la commission de l’Arc de Triomphe, présente à Soult la liste des nouvelles inscriptions à répartir selon les 4 piliers de l’Arc de Triomphe comme demandé le 6 août dernier. Il présente 4 listes de 60 noms classés chronologiquement par ordre de nomination au grade de général de brigade ou de général de division. La commission a pour cela regroupé les deux frères Beurmann qui ont été nommés généraux de brigade presque au même moment en 1811, sous une seule désignation : Beurmann J. – F. Cette opération a permis de réduire de 241 à 240 le nombre des noms à inscrire et obtenir ainsi la répartition en 4 groupes égaux pour chacun des 4 piliers de l’Arc de Triomphe. Les noms de cette liste de 240 noms, sont numérotés de 1 à 60, pour chaque pilier. Le 10 octobre 1841, l’ancien inspecteur des forêts « comte de Vaux » écrit de Châteauroux au maréchal Soult pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son frère, le « lieutenant général comte Pierre de Vaux » qui est plus modestement le général de brigade baron Pierre Devaux, décédé en 1819. Le 12 octobre 1841, Delong, ancien préfet et beau-frère du général de Lafon-Blaniac, écrit au maréchal Soult pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son beau-frère. Le 15 octobre 1841, Charles Pierre Doyen, receveur général de l’Aube, écrit au maréchal Soult pour réclamer de nouveau l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son beau-père, le général Puthod. Soult lui répond le 23 octobre 1841 pour lui signaler que « son beau-père, le lieutenant général, vicomte Puthod figure sur la liste arrêtée par la commission chargée d’examiner les réclamations relatives aux inscriptions de l’Arc de Triomphe de l’Étoile » et conclut : « Je puis donc vous en donner l’assurance que l’omission contre laquelle vous aviez réclamé, sera réparée. » Le 16 octobre 1841, les vice-amiraux Jean Baptiste Philibert Willaumez et Maurice Julien Emeriau signalent au ministre de la Marine Victor Guy Duperré, que leurs noms ont été oubliés d’être inscrits sur l’Arc de Triomphe.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Le 22 octobre 1841, le baron Ferdinand Pierre Théodore Miquel, ex-capitaine d’infanterie, demande au maréchal Soult, au nom des enfants du général Pierre Miquel, décédé en 1819, que le nom de leur père soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Soult annote le courrier en demandant de s’assurer que Miquel fasse partie de la nouvelle liste des noms à inscrire. Si ce n’est pas le cas, il écrit qu’il est dommage que la réclamation soit aussi tardive car le général Miquel mérite d’être inscrit. Le baron Miquel écrit une nouvelle fois le 18 novembre 1841. Soult répond à ce second courrier en disant que la demande a été transmise à Oudinot. Le 11 novembre 1841, le fils aîné du général Jean François Berruyer qui était gouverneur des Invalides jusqu’à son décès en 1804, écrit au maréchal Soult pour réclamer l’inscription du nom de son père, « à côté de tous ces noms illustres que l’Arc de Triomphe de l’Étoile signale à la reconnaissance du pays et à l’admiration du monde entier ». Il ajoute que le nom Berruyer est à inscrire en mémoire de son père ou de son frère, le général Pierre Marie Auguste Berruyer qui défendit Soissons en 1814. Le 19 novembre 1841, la baronne de Sordeval écrit au maréchal Soult qu’elle ne comprend pas pourquoi « les noms des médecins Larrey et Percy se trouvent admis à l’honneur d’être inscrits sur l’Arc de Triomphe » et pas celui de son père, le médecin René Nicolas Dufriche Desgenettes, décédé en 1837, qui mérite le même honneur. Soult transmet cette lettre à Oudinot le 23 novembre 1841. Le 26 novembre 1841, la commission publie un rapport donnant les 16 nouveaux noms à ajouter selon les 4 piliers de l’Arc de Triomphe : Nord : Bardet - Villatte - Hamelinaye - Grundler Sud : Willaumez - St Laurent - Lafon-Blaniac - Desgenettes Est : Dedon - Wathier - Lanabère (tué) - Lejeune Ouest : Bouchu -Valletaux - Réné - Schmitz Mais sur ces 16 noms, seuls 4 noms sont à graver immédiatement : Nord : Bardet et Villatte Ouest : Réné et Schmitz Les 12 autres noms sont conservés dans une liste complémentaire à graver ultérieurement. Pour l’année 1841, ce sont donc 244 noms qui sont gravés sur l’Arc de Triomphe. Parmi les 244 nouveaux noms, il y a un maréchal de France Clarke, l’ancien ministre de la Guerre de Napoléon et deux futurs maréchaux, Dode de La Brunerie membre de la commission, et d’Ornano. La place des amiraux a été bien défendue au sein de la commission par Rosamel puisque leur nombre passe de 13 à 24. Les intendants généraux qui n’étaient représentés que par Mathieu Dumas voient leur nombre passer à 5. Quant aux médecins militaires, Saint Cyr Nugues n’en avait retenu aucun. La commission en retient 2 : Larrey et Percy et place Desgenettes dans la liste complémentaire. Par contre, la commission n’a pas poursuivi dans le sens des choix de Nugues en ne retenant aucun nom de colonel ou d’officier de grade inférieur à celui de colonel. Parmi les nouveaux généraux, on note la présence discrète du roi Louis-Philippe, ancien duc de Chartres, sous la désignation Chartres, en haut de la première colonne du tableau sur le pilier nord. Ce dernier figurait déjà mais encore plus discrètement, sur le haut-relief de la bataille de Jemmapes. Pour le choix des nouveaux noms de généraux, la commission a sûrement suivi certaines règles. Ainsi, elle ajoute aux 4 noms déjà présents de généraux français tués à la bataille de la Moskowa (Caulaincourt, Compère, Marion, Montbrun) 5 autres noms de généraux également tués à cette bataille (Damas, Huard, Plauzonne, Romeuf, Tharreau) ce qui fait que tous les généraux français tués à la Moskowa sont inscrits sur l’Arc de Triomphe, si l’on tient aussi compte de Lanabère qui figure dans la liste complémentaire. Il en est de même pour les généraux français tués à Wagram : à Gautier et Lasalle sont ajoutés Duprat et Guiot de Lacour. Parmi les nouveaux noms de bataille inscrits, on note celui de Toulouse pour lequel Soult avait réclamé en 1839. Les 628 noms de héros inscrits en cette fin d’année 1841 correspondant aux 384 noms choisis en 1836 et aux 244 choisis en 1841. Ils sont disposés sur les 4 piliers à l’intérieur des petits arcs de
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 l’Arc de Triomphe de l’Étoile, à raison de 10 colonnes de 16 lignes. Le total de 628 noms ne peut s’obtenir qu’avec 12 noms manquants pour obtenir 4 x 10 x 16 = 640 places. Pour rendre l’explication plus claire et retrouver plus rapidement un nom, nous appellerons les colonnes du tableau du pilier nord, en partant de gauche vers la droite, n° 01 à 10, les colonnes du tableau du pilier est, n° 11 à 20, celles du pilier sud, n° 21 à 30 et enfin celle du pilier ouest, n° 31 à 40 (voir schéma de l’Arc de Triomphe). Les dernières inscriptions montrent six colonnes incomplètes, la colonne 09 sur le pilier nord, les colonnes 12 et 19 sur le pilier est, les colonnes 22 et 29 sur le pilier sud et la colonne 32 sur le pilier ouest. Dans les 6 cas, ce sont les 2 lignes du bas qui ne sont pas remplies. Pour ces 12 places libres, la commission a déjà retenu les places : Hamelinaye et Grundler pour la colonne 09, Dedon et Wathier pour la colonne 12, Lanabère (tué) et Lejeune pour la colonne 19, Willaumez et SaintLaurent pour la colonne 22, Lafon-Blaniac et Desgenettes pour la colonne 29, Bouchu et Valletaux (tué) pour la colonne 32. En comparaison avec la liste du 28 septembre 1841 où les 240 noms retenus avaient été répartis en 4 groupes de 60 noms et numérotés de 1 à 60 selon le pilier choisi, on peut observer que cette numérotation a été suivie dans la gravure des noms dans l’ordre croissant du haut vers le bas de chaque colonne, avec cependant quelques différences : - Pilier nord :
- Pilier est :
- Pilier sud :
- Pilier ouest :
- colonne 01 : 1 à 16 - colonne 02 : 17 à 20 puis 41 à 50 (puis Bardet et Villatte) - colonne 09 : 37 à 40 puis 51 à 60 - colonne 10 : 21 à 36 - colonne 11 : 1 à 16 - colonne 12 : 17 à 20 puis 41 à 50 - colonne 19 : 37 à 40 puis 51 à 60 - colonne 20 : 21 à 36 - colonne 21 : 1 à 16 - colonne 22 : 17 à 20 puis 41 à 50 - colonne 29 : 37 à 40 puis 51 à 60 - colonne 30 : 21 à 36 - colonne 31 : 3 (Desfourneaux placé en tête), 1, 2 puis 4 à 16 - colonne 32 : 17 à 24 puis 49 à 54 - colonne 39 : 41 à 48 puis 55 à 60 (puis Réné et Schmitz) - colonne 40 : 25 à 40
Dès le 7 décembre 1841, Soult avait observé que 3 des membres de la commission n’étaient pas inscrits sur l’Arc de Triomphe. Il décide ce jour de les inscrire pour ne pas renouveler l’impair de l’absence de Saint Cyr Nugues sur les tableaux de 1836. Le 15 décembre 1841, Soult écrit à Teste que les 3 membres de la commission qui n’étaient pas inscrits sur l’Arc de Triomphe, Schneider, Rosamel, de Saint-Mars ne souhaitaient pas être inscrits mais que lui, Soult voulait leurs inscriptions ainsi que celles de Chamorin et de Pille. Le 21 décembre 1841, Blouet dans une note présentant les 12 noms de la liste complémentaire (Hamelinaye, Grundler, Dedon, Wathier, Lanabère, Lejeune, Willaumez, Saint-Laurent, Bouchu, Valletaux) et confirmant que les noms de Bardet, Villatte, Réné et Schmitz sont déjà inscrits sur l’Arc de Triomphe, indique : « Il est à faire remarquer que si l’on voulait inscrire d’autres noms, ce ne pourrait qu’en les substituant à ceux des douze restant à graver. »
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Les 24 noms inscrits en 1842
Après les 244 noms inscrits en 1841, les réclamations continuent et se font même plus vives : Le 6 janvier 1842, le ministère de la Guerre reçoit une lettre du 16 décembre 1841, adressée au roi Louis-Philippe et provenant du baron Huber, maire d’Alger. Il réclame une faveur, que l’on n’oublie pas sa demande d’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Pierre Huber, décédé en 1832. Le baron Huber explique que ne pouvant se déplacer, il avait chargé sa femme d’écrire au maréchal Soult, ce qu’elle avait fait le 5 septembre 1841. Il dit qu’elle avait reçu les témoignages de bonne volonté d’Oudinot, Pelet, Petit, Exelmans et Neigre. Le 9 janvier 1842, Marie Anne Antoinette Poret de Morvan, née Morvan de Marne, veuve du général Paul Poret de Morvan, écrit à Soult, ministre de la Guerre et président du Conseil pour demander l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son mari, décédé en 1834. Elle accompagne sa demande d’une lettre de soutien dans son action, écrite par Alphonse Denis, député du Var. Elle renouvelle sa demande par une nouvelle lettre, le 28 avril 1842. Le 16 janvier 1842, de Soissons, Anne Amélie vicomtesse de Reiset, née Julliot de Fromont, veuve du général Reiset décédé en 1836, écrit à Soult pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son mari. Soult transmet la demande à Oudinot. Le nom de Reiset est déjà inscrit depuis 1841. Le 19 janvier 1842, d’Auxerre, H. Moreaux, un des petits-fils du général Jean Moreaux, décédé en 1795, demande que le nom de son grand-père soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Il écrit que son seul titre de général en chef de l’armée de Moselle doit le sauver de l’oubli. Le 23 janvier 1842, le maréchal Soult reçoit une lettre de réclamation du fils aîné du général Vincent Marcel de Conchy pour que le nom de ce général ne soit pas oublié sur l’Arc de Triomphe. Lieutenant général mort de dysenterie durant le blocus de Pampelune en 1823, de Conchy a été glorifié par le dépôt de son cœur aux Invalides. Michault de Saint-Mars, le secrétaire de la Commission de l’Arc de Triomphe, avait déjà accusé réception d’une première lettre de réclamation du fils de ce général, le 21 décembre 1840. Le 30 janvier 1842, le général Hippolyte Marie Guillaume de Rosnyvinen de Piré écrit au maréchal Soult la lettre suivante : « 9E DIVISION MILITAIRE Cabinet du Lieutenant Général
Montpellier le 30 janvier 1842
Cabinet du Ministre à M. Le Maréchal Ministre de la Guerre Monsieur le Maréchal, De tous les dénis de justice qu’on ma fait éprouver depuis 1830 et que je subis encore, le plus douloureux pour moi, et celui qui m’a le plus sensiblement affecté, a été l’omission de mon nom parmi ceux de mes camarades sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Lorsque vous avez ordonné qu’une commission présidée par M. le Maréchal duc de Reggio, sous les ordres duquel j’ai beaucoup servi, reçut les réclamations des généraux oubliés, par erreur sans doute mais par une erreur blessante pour moi, je m’empressais d’adresser mes états de service à cette commission espérant qu’elle accueillerait mes titres ou qu’elle y ferait droit. En effet M. le duc de Reggio m’a fait écrire officiellement que la commission à
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 l’unanimité avait décidé que mon nom figurerait parmi ceux à inscrire sur l’Arc de Triomphe où il aurait dû être placé l’un des premiers. Quelle a donc été ma surprise, Monsieur le Maréchal, en lisant dernièrement dans le Moniteur la liste de 50 généraux au moins dont quelques uns sont connus dans toute l’armée comme n’ayant jamais exercé de commandement de troupes mais qui vont partager avec les plus illustres cette haute récompense nationale en même temps que je suis encore une fois oublié. Oublié, Monsieur le Maréchal, n’est pas le mot que je dois employer. Car la commission ayant pris une décision en ma faveur, c’est rayé que je devrais dire, par ordre supérieur sans doute, comme je l’ai déjà été dans d’autres circonstances. Le burin de l’Histoire sera donc aussi brisé pour moi et, si l’on faisait une nouvelle édition des immortels bulletins de la Grande Armée, il est probable qu’on en arracherait les pages où l’Empereur comblait d’éloges mon zèle, mon dévouement et mon courage. Tant de persévérance à me poursuivre jusque dans les plus chers intérêts de mon honneur est d’autant plus incompréhensible qu’en ce moment même, Monsieur le Maréchal, vous faites inaugurer dans les salons du dépôt de la Guerre, l’un de mes plus brillants faits d’armes, le tableau du combat de Roquencourt (Rocquencourt), dernier fleuron de la couronne de gloire de la Grande Armée, combat dans lequel les troupes uniquement sous mes ordres ont pris et taillé en pièces deux régiments prussiens ! C’est donc le vainqueur de Roquencourt (Rocquencourt), celui qui par ailleurs a payé de sa personne à 33 batailles rangées et à plus de 150 combats d’avant-garde, l’émule et le camarade des Exelmans, Pajol, Montbrun et Lasalle qui est ainsi traité ! Et cela alors que le Ministre de la Guerre est le plus grand capitaine de l’Europe, celui sur lequel reposent toute la confiance, toute l’estime et toute la vénération de l’armée entière. Non, Monsieur le Maréchal, il n’est pas possible qu’une pareille injustice soit sanctionnée par vous, car rien ne peut l’expliquer ni l’excuser envers un soldat tel que moi et des services tels que les miens ! Agréez, Monsieur le Maréchal, l’assurance de mon entier dévouement et de mon très profond respect. Le Lieutenant Général Commandant la 9e Division Militaire signé Piré P. J. Je ravis devoir joindre à la présente le Bulletin du 2 juillet 1815 avec mes observations. » Après cette réclamation passionnée, le nom de Piré figure le 10 févier 1842 sur une lettre de Soult à Teste avec 7 nouveaux noms à inscrire sur l’Arc de Triomphe : Les 3 membres de la commission de l’Arc de Triomphe, le vice-amiral Rosamel et les généraux Schneider et Michault de Saint-Mars, l’intendant général Denniée et les généraux Chamorin, Pille et Piré, avant que l’on ne s’aperçoive que la réclamation pour Piré était faite par erreur car le nom du général de Rosnyvinen de Piré était déjà inscrit depuis 1841, sous le nom Piré, en colonne 02. Dans cette même lettre du 10 févier, Soult insiste aussi pour écrire qu’il n’est pas question de retrancher des noms de la liste complémentaire établie en 1841 et non encore gravés, pour les substituer à ces nouveaux noms. Le 1er février 1842, Augustina de Zabala épouse de Lamorendière, née au Mexique, écrit à Soult une lettre en excellent français pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son mari le général Étienne Rocbert de Lamorendière, décédé en 1837. Cette demande est très habile car elle souligne que l’action de son mari durant la bataille de Toulouse en 1814 a permis de renforcer la gloire de Soult. Le baron Joseph Sibuet, auditeur au Conseil d’État, écrit le 6 février 1842 au maréchal Soult pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Benoît Sibuet, tué en Silésie en 1813. Il dit avoir déjà fait une première demande auprès du ministre de l’Intérieur en 1838, sans résultat.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Le baron Chamorin écrit le 9 février 1842 au maréchal Soult pour demander l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Vital Chamorin, tué en Espagne en 1811, car il fait partie de ceux « qui l’ont chèrement et glorieusement acheté en le payant du prix de leur vie dans la sanglante chaleur d’une mêlée ». Il avait déjà écrit le 8 décembre 1841 ainsi que sa mère Marie-Victoire, née Boulée, pour indiquer que le général Chamorin avait été oublié car son nom avait pu être confondu, selon ce qu’aurait dit le général Michault de SaintMars, avec celui du général Chesnon de Champmorin inscrit en 1836. L’intendant militaire Pierre Paul Denniée écrit le 9 février 1842 au maréchal Soult pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père décédé en 1829, l’intendant général Antoine Denniée : « Je viens d’avoir la douleur d’apprendre que la commission chargée d’apprécier les titres de ceux dont le nom est digne d’être inscrit sur l’Arc de Triomphe a désigné 4 administrateurs des armées : MM. Petiet, Villemanzy, Daru, Daure. Ainsi, Monsieur le Maréchal, les droits de mon père ont pu être méconnus ; c’est un fait que je porte avec toute confiance au tribunal de votre équité parce que vous, Monsieur le Maréchal, qui avez honoré mon père de votre estime particulière, savez réparer les injustices ou les erreurs ». Soult transmet cette lettre à Oudinot le 15 février et répond le même jour à Pierre Paul Denniée : « Je n’avais attendu votre juste réclamation pour remarquer l’omission dont vous vous plaignez et aviser aux moyens de la réparer. L’estime que je portais à Monsieur votre père et la vénération que j’avais pour lui, étaient des motifs plus que suffisants pour m’y engager. Je regrette toutefois que vous ne vous soyez pas pourvu plus tôt près de la commission car je suis persuadé qu’elle se serait empressée de prendre en considération les titres si honorables de Monsieur l’intendant général Denniée ». Léon Colin de Verdière, avocat aux Conseils du Roi, écrit au maréchal Soult le 23 février 1842 pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père le général de division Jean Christophe Colin de Verdière, décédé en 1806. Le 3 mars 1842, à la requête de Teste, Soult demande au général Du Rocheret d’accompagner le chef de division des bâtiments civils et l’architecte Blouet pour faire un repérage sur les tableaux de l’Arc de Triomphe et essayer de trouver des places pour inscrire de nouveaux noms. Après leur visite, Du Rocheret écrit à Soult le 14 mars 1842 que l’on pourrait inscrire 12 nouveaux noms, 3 par tableau, en créant une nouvelle ligne sous les 16 lignes existantes. À ce niveau se trouvent déjà gravés 10 croix d’honneur. Les noms pourraient être inscrits entre ces croix d’honneur, à cheval entre deux colonnes. Il ne peut pas y en avoir plus de 3 par tableau car la première et la dernière colonne ne sont pas dans le même plan. Du Rocheret indique que cette opération pourrait aussi se faire dans les mêmes conditions, en créant une nouvelle ligne au-dessus des 16 lignes existantes. Enfin, de façon plus large, on pourrait encore ajouter sur les faces intérieures des arcs 16 noms en correspondance avec les tablettes. Mais l’architecte Blouet émet les plus vives réserves et considèrerait cette opération comme désastreuse. La seule qui lui semble tolérable est la première, à savoir un ajout de 12 noms sous les 16 lignes existantes. Soult se range à cette possibilité de 12 noms supplémentaires. Marie-Sereine Gros, née Dubernard, écrit le 24 mars 1842 pour signaler au ministre de la Guerre, le maréchal Soult, l’oubli de l’inscription sur l’Arc de Triomphe, du nom de son mari, le général Jean Louis Gros, décédé en 1824. Elle indique que leurs deux fils ont suivi les traces de leur père, l’un sert la Patrie et l’autre l’a servie jusqu’à mourir au champ d’honneur en Afrique. Le 16 avril 1842, Pierre Paul Denniée écrit de nouveau au maréchal Soult : « J’ai eu l’honneur de me rendre chez Monsieur le Maréchal duc de Reggio : « Comment, m’a-t-il dit, a-t-on pu oublier le nom de Monsieur votre père ? Il fallait donc venir me voir. Mais c’est trop juste. Monsieur le Maréchal, ai-je répondu, j’ai adressé une demande à la commission. - Vous avez adressé une demande mais on ne me l’a pas présentée. - Monsieur le Maréchal, ai-je ajouté, je l’ai remise en mains propres au secrétaire de la commission. - Je me suis absenté quelque
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 temps. Peut-être l’aura-t-on trié en mon absence ». Je me suis présenté chez mon honorable ami, Monsieur le général Schneider ; il m’a dit comme Monsieur le duc de Reggio que cela était trop juste, que le nom de mon père avait été prononcé mais qu’il n’avait jamais vu de lettre de moi. Monsieur le général Pelet que j’ai eu l’honneur de voir m’a répété que le nom de mon père était à lui seul la plus belle recommandation. Cependant, Monsieur le Maréchal, rien ne se fait et rien ne se fera sans votre autorité. D’abord la commission a répondu qu’elle était dissoute. Votre Excellence m’a notifié qu’elle ne l’était pas. La commission aurait dit qu’il n’y avait pas de places libres sur le monument. Votre Excellence a répondu qu’il y en avait douze ». Soult répond le 21 avril à Pierre Paul Denniée : « J’ai écrit à Monsieur le Maréchal duc de Reggio pour l’inviter à faire porter le nom de Monsieur votre père en tête de tous ceux qui figurent sur la liste supplémentaire… L’inscription du nom de Monsieur l’intendant général Denniée sur l’Arc de Triomphe n’a jamais fait l’objet du moindre doute dans mon esprit ». Soult écrit cependant à Oudinot duc de Reggio le 21 avril pour lui confirmer le choix de Denniée et attend le 24 mai pour écrire à Pierre Paul Denniée : « J’ai l’honneur de vous informer que le nom de Monsieur votre père est du nombre de ceux qui viennent d’être désignés pour être inscrits sur les tables de l’Arc de Triomphe de l’Étoile. C’est un acte de justice auquel je m’applaudis d’avoir pu prendre part ». Le maréchal Soult reçoit le 3 mai 1842, une lettre de P. Legros Saint-Ange, née Duprès qui demande l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Claude Duprès, tué à Bailén. Elle indique que le général Foy dans son livre de la guerre de la Péninsule fait l’éloge de son père « ce vieux guerrier recommandable pour l’assemblage des vertus guerrières » tué en rencontrant les troupes « que commande le brigadier don Francisco de Saavedra ». La fille de Duprès a plein d’idées pour arriver à ses fins. Elle propose : « Jusqu’à présent les noms des généraux n’ont été inscrits que dans l’intérieur de l’Arc de Triomphe. On pourrait en graver à l’extérieur, sur les côtés où il n’y a pas de bas-reliefs ; alors on satisferait toutes les personnes qui font de justes demandes et Monsieur le Ministre éprouverait la satisfaction de faire beaucoup d’heureux ». Elle avait déjà écrit le 6 mars 1842 à Soult pour proposer l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, à ses frais ! Elle ajoutait qu’elle avait noté qu’il restait 6 cases en blanc pour de nouvelles inscriptions, correspondant en fait aux 12 cases non remplies sur 6 colonnes et réservées à l’inscription de la liste complémentaire établie en 1841. Le 7 mai 1842, Martineau, secrétaire général au ministère de la Guerre résume dans un rapport les propositions d’inscription des derniers noms pour les 12 dernières places en dernière ligne. Il soumet ce rapport à Soult avec 20 nouveaux noms. Les 3 premiers noms sont ceux des membres de la commission pour lesquels Soult a déjà décidé l’inscription : le viceamiral Rosamel et les généraux Schneider et Michault de Saint-Mars. Les 3 noms suivants sont ceux que Soult a aussi déjà décidé d’inscrire : les généraux Pille et Chamorin et l’intendant général Denniée. On retrouve ensuite les généraux suivants : Huber, Poret de Morvan, Duprès, Sibuet, Moreaux, de Conchy, Berruyer, général de division mort en germinal an 12, gouverneur des Invalides, Lamorendière, Desbrulys, Boucret, Miquel, Verdière, Gros et Pierre Devaux. Pour le général Berruyer, c’est une erreur car il est déjà inscrit sur le pilier ouest, en colonne 31, à moins que Martineau n’ait pu considérer que c’était le fils de ce dernier, le général de cavalerie, Pierre Marie Auguste Berruyer qui était déjà inscrit. Le 14 mai 1842, Joseph Sibuet réclame à nouveau auprès de Soult pour que son père fasse partie de la liste des derniers inscrits. Le maréchal lui répond, le 18 mai 1842, par la négative en écrivant que le « défaut absolu d’espace rend impossible matériellement d’admettre aucune inscription nouvelle ». Joseph Sibuet ne se décourage pas et écrit une nouvelle fois à Soult, le 19 mai 1842, la lettre suivante :
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 « Monsieur le Maréchal, Ce n’est pas comme vous me l’écriviez dans votre lettre du 16 mai, mais ce 14 mai que je vous ai adressé une réclamation relative à mon père, le général Sibuet. Depuis plus de deux mois, je vous avais écrit pour cette affaire que j’ai suivie, soit au ministère de la Guerre ou des Travaux Publics, soit à la Légion d’honneur. J’ai vu tous les membres de la commission que vous avez nommés, tous m’ont affirmé qu’il avait été admis en principe par la commission que les noms des officiers généraux tués sur le champ de bataille seraient inscrits sur l’arc de Triomphe de l’Étoile. Cette déclaration m’a été faite d’une manière positive entre autres par les généraux Schneider, Petit, l’amiral Rosamel et le général Dode qui m’a dit avoir été chargé de faire des recherches et de prendre les noms des tablettes historiques de Versailles. Le nom de mon père n’était pas encore inscrit à Versailles à cette époque parce qu’ayant été tué en 1813 seulement. Il n’a été inscrit que lorsque l’on est arrivé à l’histoire de cette dernière période de l’Empire, autrement il n’y a pas de doute que son nom ait été pris avec les autres puisque le général Exelmans m’a dit que l’on avait été un moment embarrassé pour trouver la seconde liste, lorsqu’elle a été demandée à la commission, et il a ajouté : si vous aviez alors réclamé, il est positif que le nom de votre père eut été compris. Je sais que plusieurs noms ont été désignés pour être gravés sans avoir été choisis par la commission qui dès lors a refusé de continuer le dernier travail qui n’est pas l’œuvre de la commission. Je crois que le nom de mon père devait être présenté à la commission et il ne l’a pas été. Tous les généraux qui la composent m’avaient donné leur parole que le nom de mon père serait compris dans ce dernier travail, M. le Maréchal Reggio me l’avait aussi fait espérer et j’ai appris des généraux Reille et Petit comment il s’est fait que ce n’est pas la commission qui a désigné les derniers noms, raison pour laquelle le nom de mon père n’a pas été compris. J’ai nommé au général Teste, mon ami et celui de mon père, les dernières listes données pour être inscrites et il m’a assuré que plusieurs de ces officiers n’étaient pas généraux sous l’Empire et qu’il y avait des noms d’intendants qui se sont gorgés d’or tandis que mon pauvre père qui a versé tout son sang pour le pays et qui n’a laissé que sa gloire après lui à ses enfants est livré à l’oubli. Mon père n’est pas le seul de la famille qui ait sacrifié sa vie pour le pays, le général Morand mon grand-père, a été tué aussi en 1813 devant Lunebourg et Montbrun mon oncle est mort à la Moskowa. Mon nom avait été illustré déjà dans les armées. Le Maréchal de Saxe avait pour aide de camp un de mes aïeux. Voilà Monsieur le Maréchal, tous les services rendus au pays par ma famille. Que l’on cherche en France et je défie que l’on trouve plus de malheurs réunis sur une seule famille. Mais c’est ainsi qu’en France on sait se souvenir des services passés ! Ainsi on décourage, ainsi on éloigne du gouvernement des gens de cœur prêts à suivre l’exemple de leurs pères. Quant à moi, je suis décidé à tout pour faire obtenir à mon père la réparation qui lui est due et il a répandu tout son sang pour me laisser un peu de gloire, je ferai tout pour la conserver. Je vais m’adresser au Roi qui l’a assuré lorsqu’il était aide de camp de Masséna. J’ai commencé par m’adressé à vous, Monsieur le Maréchal, mais vous me permettrez de ne pas accepter les raisons qui me sont données dans votre lettre, ce 15 mai, à savoir que ma réclamation a été faite lorsque les listes étaient closes. Si je ne puis obtenir justice, j’enverrais ma démission, ne voulant pas continuer de servir un gouvernement aussi oublieux des devoirs rendus. L’Arc de Triomphe a été élevé aux soldats de l’Empire et non aux soldats de la Restauration, je tiens tous les fils de cette affaire et chargerai la preuve de mon dernier mot. Pardon, Monsieur le Maréchal, de vous ennuyer si longtemps mais le nom de mon père à laver d’un affront, donne du courage ; si il n’avait pas été tué et qu’il fut là pour parler, sans doute son nom eut été gravé.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Mais ma lettre ne sera pas lue par vous, peut-être cependant, j’ose espérer que pour une affaire dont déjà vous aviez daigné vous occuper, vos ordres seront pris. Je vous prie, Monsieur le Maréchal, de n’interpréter en mal aucun passage de ma lettre et de n’y voir que le sentiment blessé d’un culte voué par un fils à son père. J’ose encore espérer, Monsieur le Maréchal, que vous prendrez en pitié ma triste position et je finis en vous déclarant que j’userais jusqu’à mon dernier air et jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour obtenir la réparation qui m’est due. Veuillez recevoir l’assurance du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Maréchal, votre très humble et très obéissant serviteur. signé Baron Sibuet auditeur au Conseil d’État 52 rue Neuve Saint-Augustin »
Paris, 19 mai 1842
En marge de ce courrier Soult, de guerre lasse, écrit : « Faire comprendre dans la liste supplémentaire des noms qui doivent être inscrits sur l’Arc de Triomphe celui du général Sibuet et en prévenir son fils - Le ministre » Par le nombre de ses démarches et en menaçant de démissionner de son poste d’auditeur au Conseil d’État, Joseph Sibuet montre sa passion pour cette affaire. Il pense avoir gagné mais c’est sans compter avec Martineau, secrétaire général du ministère de la Guerre qui rédige un rapport destiné à Soult, le 27 mai 1842, jour de la décision de graver les 24 deniers noms. Le nom de Sibuet n’a pas été retenu. Martineau explique qu’il n’a jamais été question d’inscrire sur l’Arc de Triomphe tous les noms des officiers généraux tués au combat, que par exemple Duprès, tué à Bailén n’a pas été retenu, qu’il n’a jamais été question non plus de ne retenir que les noms de ceux dont les familles réclamaient. Soult n’insiste pas et les 24 noms suivants sont donc gravés en 1842 : Bouchu, Chamorin, Dedon, Denniée, Desgenettes, Gros, Grundler, Hamelinaye, Huber, Lafon-Blaniac, Lamorendière, Lanabère, Lejeune, Michault de Saint-Mars, Miquel, Moreaux, Pille, Poret de Morvan, Rosamel, Saint-Laurent, Schneider, Valletaux, Wathier et Willaumez. En comparaison avec le rapport du 7 mai 1842, les noms suivants n’ont pas été retenus : Duprès, Sibuet, de Conchy, Desbrulys, Boucret, Verdière, Pierre Devaux. Pour les emplacements, Blouet signale, le 27 mai 1842, qu’en dernière ligne, il n’y a pas de place pour les noms de Poret de Morvan et de Lamorendière car la distance entre les croix d’honneur est insuffisante. Il propose donc de remplacer les derniers noms prévus d’être inscrits en avant-dernière ligne des colonnes 09, Grundler, et 22, Saint-Laurent, de la liste complémentaire, respectivement par Poret de Morvan et Lamorendière. Cette proposition est adoptée. Parmi les 24 nouveaux inscrits, on trouve 2 vice-amiraux (Rosamel et Willaumez), un intendant général (Denniée), un médecin (Desgenettes) et 20 généraux.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015
Les 8 deniers noms inscrits entre 1850 et 1895
Après la gravure des 24 noms en 1842, les 4 tableaux à l’intérieur des petits arcs de l’Arc de Triomphe contiennent maintenant 652 noms à raison de 10 colonnes de 16 lignes par tableau plus une dix-septième ligne de 3 noms sur chaque tableau. Pour simplifier le repérage d’un nom, ceux de la dernière ligne à cheval entre 2 colonnes seront rattachés au numéro de la colonne de gauche. Nous avons ainsi 12 colonnes de 17 noms et 28 colonnes de 16 noms. Bien que la commission de l’Arc de Triomphe soit dissoute, le maréchal Soult reçoit encore des réclamations. Le général Paul Ferdinand Dermoncourt écrit le 6 juin 1842 pour solliciter l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe : « Il n’est pas sans qu’il puisse se trouver une petite place où mon nom serait posé ; dans ce cas je désirerais que cela fut ainsi ». Dermoncourt écrit qu’il pensait que son nom ne serait pas oublié, ayant combattu et versé son sang en Europe, en Amérique, en Afrique, en Asie. Soult répond que la réclamation arrive trop tard et que le défaut d’espace ne permettrait pas d’ajouter un nom de plus sur le monument. Le général Dagobert Sigismond Laurent de Wimpffen, commandant du département de l’Orne, écrit d’Alençon, le 24 juin 1842, au maréchal Soult, pour réclamer l’inscription sur l’Arc de Triomphe des noms de son père, le général François Louis de Wimpffen, et de celui de son oncle, le général Félix Louis de Wimpffen. Il s’étonne de ne pas les avoir trouver dans la liste des 652 noms parus dans le Moniteur militaire du 5 juin 1842. Soult répond le 29 juin en exprimant le regret d’annoncer qu’il n’y a plus aucune place de disponible pour de nouvelles inscriptions. Dagobert Sigismond Laurent de Wimpffen répond au maréchal Soult le 2 juillet 1842 que cette exclusion dont sont victimes son père et son oncle « est une atteinte à leur honneur » car ils ont tous deux commandé en chef, l’armée des Vosges du 19 février au 20 mars 1793 pour son père, l’armée des Côtes de l’Océan en 1793, pour son oncle qui a de plus assuré une défense héroïque de Thionville. Adolphe Geither, 18 ans, élève au collège royal de Strasbourg, écrit le 5 août 1842 au maréchal Soult pour demander l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe, le général Jean Michel Geither « frère d’armes et intime ami du général Schramm, ayant fait ensemble toutes les campagnes avant et pendant l’Empire jusqu’en l’année 1815 ». Soult répond le 10 août que la commission spéciale chargée de dresser les listes d’inscrits est dissoute et qu’il y a un défaut absolu de place. Émile Malye écrit le 30 octobre 1842 pour demander une nouvelle fois la rectification d’une « erreur d’orthographe », c’est-à-dire le remplacement du nom de Malher (colonne 07) par celui de son père le général Étienne Malye. Soult répond que le nom de Malye n’a pas été retenu, en se servant de la note qu’Oudinot lui avait transmise le 17 avril 1841. Le 2 décembre 1842, le frère du général Pierre Devaux qui avait déjà réclamé en octobre 1841 pour que le nom de son frère soit inscrit sur l’Arc de Triomphe note que son nom a bien été inscrit mais sous la mauvaise orthographe de Desvaux (colonne 10). Il demande la rectification. Le 19 janvier 1843, Teste, ministre des Travaux Publics écrit à Soult que le nom Desvaux inscrit sur l’Arc de Triomphe est bien conforme à la liste transmise le 2 octobre 1841 où il est écrit : Desvaux, tué. Teste écrit une nouvelle fois le 24 février 1843 à Soult pour confirmer que la réclamation est injustifiée : « La commission ayant parlé du général Devaux 35
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 baron Saint-Maurice, tué sur le champ de bataille du 18 juin 1815. C’est Desvaux qu’on a voulu dire ». Le 10 janvier 1843, Nicolas Marey dit Marey Gassendi, époux de Caroline de Gassendi, fille unique du général et comte de l’Empire Jean Jacques Basilien Gassendi, décédé en 1828, écrit au maréchal Soult pour rappeler que son beau-père était directeur de l’artillerie au ministère de la Guerre et qu’il a laissé un de ses ouvrages qui, à ce jour, est toujours un guide indispensable pour tous les officiers de son arme (Aide-mémoire à l’usage des officiers d’artillerie de France, attachés au service de terre, 1789 plusieurs fois réédité). Marey réclame car le nom de Gassendi n’est pas inscrit sur l’Arc de Triomphe et il ajoute : « Je croirais manquer à un devoir sacré si je tardais davantage à revendiquer pour un nom associé à toutes les gloires de la France ». Soult, malgré ses promesses du 27 mai 1842 de considérer la liste des inscriptions comme définitivement close, indique en marge du courrier : « Je regrette vivement l’oubli qui en a été fait. Examiner de nouveau s’il n’y aurait pas possibilité de réparer cette omission ». Le 21 janvier 1843, il écrit cependant à Marey Gassendi que la liste d’inscription étant définitivement close par défaut d’espace, il se trouve dans l’impossibilité absolue d’accueillir sa demande. Le 13 janvier 1843, le vicomte François Gustave Toussaint, capitaine d’artillerie, réclame l’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom de son père, le général Jean François Toussaint, décédé en 1827. Le 18 janvier 1843, Martineau, conseiller d’État et secrétaire général au ministère de la Guerre, demande au maréchal Soult de répondre négativement à cette demande, dans le même sens qu’à celle pour le général Gassendi. Le 17 janvier 1843, le baron d’Arnaud, fils du général Jacques d’Arnaud écrit au maréchal Soult pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Il écrit que le nom Darnaud inscrit ne correspond pas à son père : il manque l’initiale de son prénom J. et le nom est inscrit sur le tableau de l’armée de Sambre-et-Meuse où son père n’a été que chef de brigade. Martineau prépare la réponse pour le maréchal Soult, sous la forme d’une note écrite le 11 février 1843. Il indique qu’il y a bien eu deux généraux Darnaud, Jacques d’Arnaud (écrit Darnaud pendant les guerres de la Révolution) et Jean Boniface Darnaud mais que « les services du premier sont incontestablement plus brillants que ceux du second ». Martineau conclut : « Tout porterait donc à croire que c’est le lieutenant général Jacques Darnaud qui est inscrit sur l’Arc de Triomphe, mais rien ne le prouve d’une manière positive, et parmi les documents laissés par M. le lieutenant général Saint Cyr Nugues qui a été chargé d’établir les anciennes listes d’inscription, il ne s’en est trouvé aucun qui pût tirer d’incertitude à cet égard. » Soult conclut le 15 février 1843 en écrivant au baron d’Arnaud que c’est bien le nom de son père qui est inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Le 25 janvier 1843, le maréchal de camp Cassan qui avait déjà réclamé en 1836 l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe, réclame à nouveau. Soult lui répond qu’il est impossible d’inscrire un nouveau nom. La veuve du général de brigade Pierre Bodelin écrit le 25 juillet 1843 au maréchal Soult pour réclamer l’inscription du nom de son mari sur l’Arc de Triomphe. Elle dit qu’elle l’a vu inscrit dans plusieurs listes de la deuxième commission. Elle envoie aussi une lettre au Roi LouisPhilippe par l’intermédiaire de son aide de camp de service, le 28 juillet 1843. Cette lettre est renvoyée au ministère de l’Intérieur qui la renvoie au ministère de la Guerre. Soult répond le 26 octobre 1843 à Madame Bodelin en confirmant ce qu’il lui avait aussi déjà dit oralement, à savoir qu’il est impossible d’ajouter un nom sur l’Arc de Triomphe. Le 11 novembre 1845, Eugène Dellard, adjoint à l’Intendance militaire, fils du général Jean Pierre Dellard et gendre du général Boulart, écrit au maréchal Soult, président du conseil des ministres, pour réclamer l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Soult qui a quitté le ministère de la Guerre la veille, 10 novembre 1843, fait répondre par le ministère de la Guerre, le 18 novembre 1845, qu’il n’y a plus aucune place disponible.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Madame Bodelin qui avait réclamé en 1843, réclame à nouveau le 29 décembre 1848 au ministre de la Guerre, le général Rullière, pour qu’il montre au prince président de la République Louis-Napoléon Bonaparte les états de service de son mari. Elle croit savoir qu’il y aurait à nouveau 160 places disponibles pour de nouvelles inscriptions sur l’Arc de Triomphe. La réponse du ministre est que, depuis plusieurs années, il est impossible d’inscrire un nouveau nom. Les tableaux des 652 héros ont été figés dans leurs détails par des photographies réalisées entre 1843 et 1849. Elles sont visibles au musée de l’Arc de Triomphe dans la salle voûtée du sommet. En 1850, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, s’étonne que les noms de son père Louis Bonaparte, et de son oncle Jérôme Bonaparte, nommé maréchal de France le 1er janvier, ne soient pas inscrits sur l’Arc de Triomphe. La gravure de ces deux noms est faite le 10 juillet 1850, selon arrêté du 25 juin 1850, de Jean Bineau, ministre des Travaux Publics. Les noms sont inscrits sur une nouvelle ligne, au-dessus des lignes existantes, sur le pilier nord pour Jérôme Bonaparte et sur le pilier sud pour Louis Bonaparte. Comme pour la dernière ligne, les deux nouveaux noms sont à cheval entre deux colonnes pour respecter les motifs sculptés, en haut de chaque colonne. Et, de même, pour rendre plus facile le repérage d’un nom, nous rattachons ces noms respectivement aux colonnes de gauche, 05 et 25. Le 29 décembre 1854, Étienne Henri Blanquet du Chayla, commissaire de la Marine et 4e fils du vice-amiral Armand Simon Marie de Blanquet du Chayla réclame dans une lettre à Napoléon III, l’inscription du nom de son père sur l’Arc de Triomphe. Il écrit que son père qui était contre-amiral à Aboukir le 1er août 1798 sur le Franklin avait déclaré qu’il fallait combattre à la voile et ne pas rester ancré dans le port. Assez maladroitement, il critique Napoléon de ne pas l’avoir écouté alors que son chef, le vice-amiral Brueys était partisan de combattre au mouillage. Il joint un long mémoire sur cette défaite d’Aboukir où son père avait été fait prisonnier et qui avait entraîné la fin de sa carrière. Sa mère Louise Joséphine, née Brochard du Fresne avait déjà réclamé en août 1836 que le nom de son mari décédé en 1826, soit inscrit sur l’Arc de Triomphe. Napoléon III ne répond pas favorablement à cette demande mais approuve la proposition du 5 mai 1855 du ministre de la Marine qu’un bâtiment de la Marine impériale porte le nom de Blanquet du Chayla. Pendant le second Empire, 4 noms sont cependant ajoutés : Morio de Lisle selon décision du ministère de la Guerre le 24 juin 1862, après réclamation le 22 juin 1861 de son fils Jean Henri Félix Charles, préfet du Palais de Napoléon III, Bizanet selon décision du 19 décembre 1862, Deponthon selon décision du 30 juin 1863 et Sibuet selon décision du 20 mai 1867, après une ultime réclamation de son fils le baron Joseph Sibuet. Pour la première fois, une modification des sculptures est envisagée. Sur le bas des colonnes extérieures des piliers sud et ouest, les croix d’honneurs sont remplacées par un 17e nom : Morio de Lisle en colonne 21, Sibuet en colonne 30, Deponthon en colonne 31 et Bizanet en colonne 40. Le baron Joseph Sibuet qui s’était tellement battu en 1842 pour l’inscription du nom de son père le général Benoît Sibuet, a ainsi la satisfaction de voir enfin son vœu se réaliser avant son décès, le 25 janvier 1874, au château de Vireux dans les Ardennes. Après la chute de l’Empire en 1870, il semble que la situation de l’Arc de Triomphe soit définitivement figée. Pourtant, c’est sous la troisième République que la tentative la plus élaborée de couronnement de l’Arc avec un groupe sculpté est réalisée par le sculpteur Joseph Falguière. Il fait faire une maquette en plâtre à l’échelle 1, représentant la République tenant ferme le drapeau de la France et une tablette où sont inscrits les droits de l’Homme. La République est assise sur un char traîné par quatre chevaux lancés au galop. La maquette de ce quadrige assez
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 majestueux est mise en place sur l’Arc de triomphe en 1881 et y reste jusqu’en 1886, puis le projet est abandonné. En juin 1893, à la suite d’une demande du comte de Mutrécy pour inscrire le nom de son grand-père, le général Jean Friederichs, décédé des suites de ses blessures à Leipzig en 1813, un nouvel ajout est fait en bas de la colonne 20. La modification est faite selon le même principe que celui adopté pendant le second Empire : le nom remplace une croix d’honneur sur une colonne extérieure du pilier est. L’opération est encore renouvelée, pour la dernière fois en mai 1895, en bas de la colonne 01 du pilier nord pour ajouter le nom du général Donop grièvement blessé et disparu à Waterloo. Cet ajout est fait à la suite de la demande enregistrée le 13 mars 1895, au ministère de la Guerre, de son petit-fils, le général Raoul Marie Donop. Pour la symétrie des tableaux, deux noms auraient encore pu être gravés en bas des colonnes 10 et 11, mais cette hypothèse ne s’est pas produite. Avec les 8 nouveaux noms, l’Arc de Triomphe compte un maréchal de plus (Jérôme Bonaparte) et 7 généraux supplémentaires. La fin des inscriptions en 1895 ne se traduit pas par un arrêt des demandes d’inscription. Le 9 décembre 1908, le ministère de La Guerre enregistre la demande de Célestin Bosc, ancien archiviste d’Ajaccio et cousin éloigné des Bonaparte, d’inscrire sur l’Arc de Triomphe le nom du général et baron Joseph Morand. Célestin Bosc a écrit en 1905 un livre intitulé La conspiration d’Ajaccio contre la France en 1809, d’après la correspondance officielle. Ce livre présente l’action très autoritaire et assez contestée du général Joseph Morand commandant la 23e division militaire en Corse, de 1801 à 1811, comme très positive et toute aussi importante que celle du général et comte Charles Antoine Louis Alexis Morand servant à Austerlitz, Auerstaedt, Eylau, Wagram, et dont le nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe depuis 1841 : « On peut observer que les deux Morand se confondirent dans la même destinée. Ils servirent avec zèle et fidélité la France et l’empereur. C’est, à nos yeux, assez pour qu’un même sentiment d’admiration nationale les enveloppe tous les deux, le Morand d’Austerlitz et celui de la Corse ; ils se sont montrés également dignes d’illustrer nos fastes militaires et d’être cités avec un égal respect par ceux qui ont le culte de la patrie. » Le service intérieur du ministère de la Guerre rédige, le 9 mars 1909, un rapport complet sur les états de service du général Joseph Morand et conclut : « Les services du général Morand dont ci-joint le détail ont eu quelque éclat et sa mort devant l’ennemi en 1813 donnait le droit de comprendre son nom dans les premières inscriptions ». Le rapport précise : « Le nom de cet officier général pourrait remplacer sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile la croix de la Légion d’honneur subsistant au côté nord, seule place encore vacante (en fait, il y avait et il y a toujours deux places vacantes, si l’on retire les croix d’honneur en colonne 10, sur le pilier nord et en colonne 11, sur le pilier est). Enfin le rapport ajoute : « Comme le général Charles Antoine Louis Alexis comte Morand est déjà porté sur l’Arc, le nom du baron devrait être précédé de l’initiale J puis surligné pour indiquer qu’il a été tué à l’ennemi suivant l’usage adopté ». Étienne Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts répond, le 2 juin 1909, au cabinet du ministère de la Guerre que le Conservateur des Monuments de Paris qui a examiné les 40 tables placées sous l’Arc de Triomphe ne voit pas en remplacement de quelle croix le nom du général Morand pourrait être gravé. De plus, il ajoute que, déjà du temps du maréchal Soult, il n’existait plus la moindre place vacante permettant une inscription nouvelle. C’est ainsi que se termine cette tentative d’inscription sur l’Arc de Triomphe du nom du général Joseph Morand, beau-père des généraux Montbrun et Sibuet, dont les noms sont inscrits sur l’Arc de Triomphe.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015
Les modifications d’inscription
Dès les premières inscriptions en 1836, des demandes ont été formulées pour corriger les noms inscrits. Nous avons déjà vu que certaines demandes concernaient en réalité une demande d’inscription d’un nom pour remplacer un nom déjà inscrit. Nous n’examinerons ici chronologiquement que les vraies demandes de correction d’un nom déjà inscrit mais sous une orthographe ou sous une forme différente. François Victor Pijon, ancien officier et maire de Saint-Alban en Haute-Garonne, écrit le 1er octobre 1836 au ministre de l’Intérieur pour signaler que le nom de son frère le général Pijon, dont il était l’aide de camp et qui a été tué à la bataille de Magnano en 1799, a été inscrit par erreur sous le nom de Pigeon et non de Pijon (colonne 27) et demande que l’orthographe du nom soit corrigée. H. Pijon, le fils de François Victor Pijon renouvelle cette demande le 26 juin 1839. Le 22 juillet 1839, Jules Armand Dufaure, ministre des Travaux Publics, écrit à François Victor Pijon, maire de Saint-Alban, pour lui exprimer les difficultés qu’il y aurait à changer l’inscription Pigeon pour la transformer en Pijon. Il voit deux difficultés dues au fait qu’il faudrait changer la pierre où est gravé le mot Pigeon pour y mettre une nouvelle pierre rapportée par incrustation. La première difficulté viendrait du raccordement entre la teinte de la nouvelle pierre avec celle des anciennes pierres qui ont changé de couleur avec le temps. La deuxième difficulté est qu’une pierre rapportée montre toujours une dégradation plus prompte que la pierre d’origine. C’est pourtant cette solution qui est retenue le 22 octobre 1841 par Teste, nouveau ministre des Travaux Publics qui demande à l’architecte Blouet d’effectuer la modification. Le 9 mai 1841, le vicomte Prosper de Chasseloup-Laubat, conseiller d’état et député de la Charente inférieure, et le marquis Justin de Chasseloup-Laubat, député de la Seine inférieure, respectivement 3e fils et fils aîné du général François Charles Louis de Chasseloup-Laubat, décédé en 1833, écrivent au maréchal Soult pour approuver l’inscription du nom de Chasseloup (colonne 24) sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Ils demandent cependant une modification de l’inscription car seul le nom de Chasseloup y est inscrit : « Nous vous prions de bien vouloir faire ajouter le nom de Laubat au nom de Chasseloup qui est déjà gravé tout en le laissant à la place qu’il occupe sur l’Arc de Triomphe. » Ils demandent cette modification pour éviter la confusion avec un adjudant général du nom de Chasseloup. Cette demande est prise en compte le 22 octobre 1841 par Teste, mais au lieu de refaire la gravure au même emplacement, en changeant la pierre supportant l’inscription Chasseloup, ce nom est maintenu tel qu’il était. Blouet fait ajouter, dans la prolongation du nom de Chasseloup, un trait d’union et un petit at qui est gravé comme un exposant au-dessus du nom. Dans le même temps que les modifications pour Pijon et Chasseloup-Laubat, Teste demande dans sa lettre du 22 octobre 1841 à Blouet de modifier l’inscription de Bonnet (colonne 15) en Bonet, le général Bonet ayant fait connaître qu’il n’y avait qu’un n à son nom. Comme pour la modification de Pigeon en Pijon, la modification est faite par un changement de pierre, une nouvelle étant incrustée entre les anciennes pour y inscrire le mot Bonet. De même pour l’inscription de Ledru des Essarts faite par erreur sous les mots Ledru des Arts ou plus exactement Ledru Darts (colonne 27), la modification est faite sur le même principe et selon la même demande de Teste à Blouet du 22 octobre 1841. Mais dans ce cas, seule la pierre 39
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 portant l’inscription Darts est changée pour y inscrire le mot Ess avec ds en exposant. De plus la gravure du mot Des est ajoutée après Ledru. Cette modification destinée à corriger une erreur en provoque une autre avec l’exposant ds qui aurait dû être ts. Ceci est probablement dû à Soult qui écrit le 9 juillet 1841 à Teste : « Il faut écrire Ledru des Essardt et non Ledru des Arts. » Teste dans la lettre à Blouet le 22 octobre 1841 reprend la même erreur en écrivant Essardt au lieu de Essarts. L’inscription du nom du général Abbé avait aussi été faite avec une erreur. Il était inscrit sous le nom Abbi. La modification également demandée dans la lettre de Teste à Blouet du 22 octobre 1841 est plus simple. La transformation du I final en E a pu se faire en ajoutant 3 traits horizontaux au I, selon le conseil de Saint Cyr Nugues. Le résultat de la modification se voit encore car la lettre E étant plus large que la lettre I, l’inscription Abbe est légèrement décentrée vers la droite, dans la colonne 36. Le maréchal Bessières tué par un boulet en Saxe en 1813 n’avait pas son nom souligné (colonne 13). La modification est faite selon la demande de Teste à Blouet dans sa lettre du 22 octobre 1841. Dans cette même lettre du 22 octobre 1841 de Teste à Blouet, il est aussi demandé de rectifier l’inscription de Durltanne en Daultanne (colonne 36). Mais pour cette inscription, il ne semble pas y avoir eu d’erreur et que ce serait bien Daultanne qui aurait été inscrit en 1836. Dans sa lettre du 9 juillet 1841, Soult signale encore une autre erreur à rectifier : Salm doit être corrigé sous le nom de Salme (colonne 38) la demande ayant été faite par la famille du général Salme. Mais assez curieusement, Teste ne reprend pas cette demande de correction dans son courrier du 22 octobre 1841 à Blouet. Il considérait peut-être cette correction comme inutile pour la bonne compréhension du nom et peut-être voulait-il ainsi éviter la multiplication de telles demandes de corrections. Le nom Salm est donc resté inscrit tel quel, sans ajout du E final. Le 20 novembre 1841, le baron Girard dit Vieux ayant appris que le nom de son père devait être gravé sur l’Arc de Triomphe remercie le maréchal Soult. Il ajoute que son père s’étant particulièrement distingué en 1796 dans la campagne de Moreau en Allemagne, dans l’« opération aussi mémorable du col de l’Enfer », il souhaite que le nom col de l’Enfer soit ajouté au nom Girard : « On m’a assuré que les échafaudages étaient encore autour de l’Arc de Triomphe et si vous daignez accueillir ma très humble supplique, il y aura possibilité d’ajouter sans grand frais après le nom du général Girard, les mots col d’Enfer ». Soult répond le 27 novembre 1841 que les noms des généraux ne sont pas suivis des actions d’éclat qui leur appartiennent. Le 21 décembre 1841, Martineau, secrétaire général au ministère de la Guerre écrit à de Noue, chef de section au ministère des Travaux Publics pour lui confirmer que la réclamation du général Kniaziewicz est justifiée et que l’orthographe du général polonais qui vient d’être inscrit sur l’Arc de Triomphe (colonne 12) est bien Kniaziewicz : les deux dernières lettres précédant le Z final sont bien I et C et non I et E. La modification de l’inscription est faite par un tout petit changement de la pierre supportant les deux lettres I et E, qui est remplacée par incrustation d’une nouvelle pierre où sont gravées les lettres I et C. Le 31 août 1843, en réponse à une réclamation du baron Sérurier, Soult indique à Teste que le nom du maréchal Sérurier inscrit par erreur avec l’orthographe Serrurier (colonne 24) est à rectifier. Le changement, dans ce cas, est fait sur la pierre supportant les 3 premières lettres SER du nom Serrurier qui est remplacée par une nouvelle pierre sur laquelle est inscrit SE. Cette modification entraîne une inscription décentrée vers la droite du nom Serurier. Le 10 octobre 1843, Marie-Victoire Chamorin exprime le souhait que le nom de son mari, le général Vital Chamorin (colonne 23), tué au combat en Espagne, soit souligné comme tous ceux qui sont inscrits sur l’Arc de Triomphe et qui sont morts au champ d’honneur. Soult
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 transmet la demande à Teste qui répond le 27 octobre 1843 pour indiquer que cette omission sera réparée. Le 30 octobre 1849, l’architecte Blouet, selon la réclamation du 20 septembre 1849 de Paul du Chambge de Liessart, parent du général du Chambge d’Elbhecq, et avec l’accord des ministres de la Guerre et des Travaux Publics, donne l’ordre de correction de l’orthographe du nom d’Elbhecq inscrit par erreur Delbecq en 1836. Encore une fois la solution du changement de la pierre supportant le nom Delbecq est retenu. Dans ce cas le nouveau nom à graver étant plus long que l’ancien, la pierre rapportée et incrustée ne peut recevoir la gravure complète du mot D’Elbhecq qui déborde de part et d’autre de cette nouvelle pierre. Sans en connaître la date, on peut aussi noter un certain nombre de corrections. Comme pour Bessières en 1841, Chamorin en 1842, le nom de Duroc (colonne 15) blessé mortellement par un boulet en Silésie en 1813, n’était pas souligné. Un trait sous son nom est ajouté pour indiquer qu’il est bien mort au combat. Sous le nom de Belliard (colonne 24) dont le nom avait été souligné par erreur, on voit encore la trace du trait sous son nom rebouché. L’erreur du trait souligné sous le nom est signalée par Saint Cyr Nugues en même temps que la mauvaise inscription de Abbi au lieu de Abbé lors d’une de ses visites sous l’Arc de Triomphe dans les années 1836 - 1837. Pour Delegorgues (colonne 27) modifié en Delegorgue, on distingue encore le S final rebouché. Dugua (colonne 25) avait été inscrit sous le nom Dagua : on voit encore le A rebouché sous le premier U de Dugua. Le R débutant Rigau (colonne 10) a subi une transformation avec un enlèvement de pierre dans la partie basse de la lettre puis un rebouchage, pour transformer un B initial en R. Enfin, on peut aussi noter un certain nombre de corrections concernant uniquement des lettres N qui ont été changées selon le même principe que celui de la majorité des modifications, à savoir l’enlèvement d’un pierre supportant une ou deux lettres N puis son remplacement par une nouvelle pierre par incrustation pour y graver à nouveau une ou deux lettres N. Ces corrections concernent Championnet (colonne 03), Marcognet, Guilleminot et Fauconnet (colonne 07).
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Les caractéristiques de chaque colonne
Dès les premières inscriptions en 1836, Saint Cyr Nugues avait choisi de caractériser les noms en les groupant par colonnes. Ainsi, sont visibles les chefs d’armée et les maréchaux dans les colonnes de gauche de chaque tableau (colonnes 03, 04, 13, 14, 23, 24, 33, 34), des hommes majoritairement tués au combat dans les colonnes de gauche (colonnes 08, 18, 28, 38). En 1841, les nouvelles inscriptions se sont aussi faites en colonne, de part et d’autre des tableaux précédents mais en respectant d’autres règles. Enfin les derniers noms ajoutés, en bas ou en haut des colonnes, l’ont été sans tenir compte de l’ordre préalable. L’étude des éléments qui caractérise chaque colonne est importante pour mieux choisir le personnage correspondant au nom inscrit ou remettre en cause un « intrus ». Pour de nombreux noms heureusement, il n’y a aucune ambiguïté, ce qui permet d’avoir une base pour ceux où il y a un doute ou lorsque plusieurs choix sont possibles. Par exemple, 6 généraux de la Révolution ou de l’Empire portent le nom de Dumas, 5 ceux de Meunier, 5 ceux de Boyer. Souvent un père et un fils se sont illustrés dans les combats, sans qu’il soit toujours facile de choisir lequel correspond à l’inscription. Nous présentons donc les caractéristiques de chaque colonne, en étudiant un certain nombre de critères qui permettent de comprendre comment ont été construites ces listes : date de la nomination au grade de général de brigade (ou maréchal de camp ou contre-amiral), date de la nomination au grade de général de division (ou lieutenant général ou vice-amiral), où et quand le héros a débuté sa carrière militaire pour la République ou l’Empire, lieu et date du décès pour ceux qui ont été tués au combat. 1. Pilier nord - Colonne 01 : Hormis Donop ajouté en 1895, tous les noms correspondent à des généraux de division, nommés par ordre chronologique, de haut en bas de la colonne, de Chartres (11 septembre 1792) à Lefol (30 mai 1813). L’ordre est sensiblement respecté, avec quelques exceptions mineures : Dumonceau (11 juin 1795) aurait dû être au-dessous de Dembarrere (17 janvier 1794), Missiessy (9 mars 1809) avant St Germain (12 juillet 1809). - Colonne 02 : Elle est la suite de la colonne 01, commençant avec Vichery, général de division nommé le 30 mai 1813, à la même date que Lefol, l’avant-dernier de la colonne 01. On trouve ensuite 3 autres généraux de division nommés en 1813 puis des généraux de brigade, classés aussi sensiblement par ordre chronologique de Baltus (14 mars 1811) à Hulot (9 août 1812). Les deux derniers (Bardet et Villatte) ne respectent pas cet ordre mais ont été ajoutés en novembre 1841 après l’établissement initial de la liste en avril 1841. On note aussi une petite anomalie avec Bonnaire, général de brigade nommé le 25 décembre 1813. - Colonne 03 : C’était la première de 1836. Excepté De St Mars ajouté en 1842, la colonne ne contient que des noms de chefs d’armée ou de corps d’armée, de 4 maréchaux et d’un amiral. On note 6 chefs de l’armée du Nord (Luckner, Lafayette, Dumouriez, Beurnonville, Dampierre, Pichegru) ce qui n’est pas un hasard pour le pilier nord, dédié en tête à l’armée du Nord. L’ordre chronologique d’ancienneté dans le grade de général de division est plus ou moins respecté, de Luckner (20 juin 1763) à Lefebvre (10 janvier 1794).
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 - Colonne 04 : Elle ne contient que des noms de généraux de division, d’un maréchal (Grouchy), de chefs d’armée dont 3 commandant celle des Ardennes (Charbonier, Valence, Ferrand). La chronologie des nominations, entre 1792 à 1800, n’est pas respectée. - Colonne 05 : Hormis Jérôme Bonaparte et Grundler, ajoutés après 1836, la colonne est constituée de noms de généraux de division nommés avant le 5 février 1799, date de la nomination de Vandamme. L’ordre chronologique est peu respecté mais les dates de nomination au grade de général de division, se situe majoritairement entre 1792 et 1795. - Colonne 06 : Comme la colonne précédente, cette colonne contient des noms de généraux de division, nommés entre 1793 et 1799. On trouve cependant 2 généraux de brigade, nommés dans les mêmes périodes, Desenfants et Paillard et un général de division, nommé en 1807, La Houssaye. - Colonne 07 : Hormis Schneider ajouté en 1842, la colonne contient des noms de généraux de division, nommés entre 1794 et 1814 et d’un général de brigade, David, tué à Alkmaër. - Colonne 08 : Les 3 premiers noms sont ceux de généraux de division, tués en juin 1815, en Belgique. Les 3 derniers noms sont ceux de généraux de brigade, tués à Maubeuge et à Hohenlinden (Gouvion, Bastoul), et d’un lieutenant-colonel tué à Verdun (Beaurepaire). Les autres sont ceux de généraux de division, nommés entre 1795 et 1831, sans ordre chronologique. - Colonne 09 : La colonne contient des noms de généraux de brigade, nommés durant l’Empire et inscrits par ordre presque chronologique, de Huard en haut de colonne (1er mars 1807) à Cureli (13 février 1814). Les 2 derniers noms, en bas de colonne, ne respectent pas cet ordre et comme pour la colonne 02, construite symétriquement, ont été ajoutés en 1842 après l’établissement de la liste de 1841 (Hamelinaye et Poret de Morvan). - Colonne 10 : Le haut de la colonne est constitué par des noms de généraux de divisions, classés par ordre chronologique, de novembre 1813 à mai 1815 (Neigre à Dalesme). On trouve au-dessous les noms d’un chirurgien (Percy) et de 2 intendants généraux (Petiet, Villemanzy). Le bas de la colonne est constitué par les noms de généraux de brigade, classés par ordre rigoureusement chronologique, de Burcy (11 septembre 1793) à Grillot (2 juillet 1809). On peut aussi noter les noms de 2 des généraux tués à Eylau (Lochet et Binot). 2. Pilier est (Voir aussi le tableau « La logique des inscriptions de 1841 ».) - Colonne 11 : La colonne contient les noms de généraux de division, classés sensiblement par ordre chronologique de nomination, de Narbonne (22 mai 1792) en haut, à Chemineau (31 juillet 1813) en bas. - Colonne 12 : Comme la colonne 02 est la suite de la colonne 01, la colonne 12 est la suite de la colonne 11. Elle débute en haut avec le général de division Boyeldieu, nommé le 7 septembre 1813. On trouve ensuite 3 autres généraux de division nommés en 1812 - 1813 puis des généraux de brigade de l’Empire, classés par ordre presque chronologique, de Plauzonne (5 juin 1809) à Dedon (10 novembre 1813). Le dernier de la colonne, Wathier, est un général de division nommé le 31 juillet 1811, ajouté en 1842 après l’établissement de la liste initiale de 1841. - Colonne 13 : La colonne ne contient que les noms de chefs d’armée, en particulier du Rhin (Moreau, Michaud), des chefs d’escadre (Bruix, Rosily, Villeneuve) et des noms de maréchaux. Même Moreaux, ajouté en bas de colonne en 1842, a dirigé l’armée des Ardennes. - Colonne 14 : Le début est formé avec les noms de 3 maréchaux de France, nommés en 1830, 1829 et 1831. Au-dessous, se trouvent les noms de généraux de division, nommés entre 1793 et 1807, sans ordre chronologique. L’avant-dernier, Drouet, est aussi maréchal de France, mais sa nomination en 1843 est postérieure à son inscription en 1836.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 - Colonne 15 : Hormis Gros, général de brigade ajouté en 1842, tous les noms correspondent à des généraux de division, nommés entre 1793 et 1813. Mathieu Dumas, seul intendant général retenu par Saint Cyr Nugues, était aussi général de division et c’est à ce titre qu’il est classé. Kirgener et Duroc tués par le même boulet, à Reichenbach, en mai 1813, se suivent et ce n’est pas un hasard. On peut aussi noter la présence groupée de Montbrun et Gudin tués durant la campagne de Russie, de Lariboissière mort de maladie à la fin de cette campagne et de Morand et Legrand grièvement blessés en Russie. Ceci entraîne que l’on ne peut retrouver d’ordre chronologique dans les nominations, de haut en bas de la colonne. - Colonne 16 : L’avant-dernier de la liste, Corbineau, est un général de brigade tué à Eylau. Tous les autres noms sont ceux de généraux de division, nommés entre 1792 et 1811, sans ordre chronologique. La colonne contient de nombreux noms soulignés de héros tués au combat, en particulier à Eylau (Desjardins, d’Hautpoul, Corbineau) et à Leipzig (Delmas, Rochambeau). - Colonne 17 : Excepté Rosamel ajouté en 1842 et Abbatucci, général de brigade tué en 1796 à Huningue, tous les autres noms sont ceux de généraux de division nommés entre 1798 et 1813, sans ordre chronologique. Parmi ceux tués au combat, on peut noter Cervoni et Lasalle, tués durant la campagne de 1809 contre l’Autriche. - Colonne 18 : Excepté Chambure, colonel mort du choléra en 1832, tous ceux de cette colonne ont été tués au combat. En haut de colonne, on note 2 généraux de division (Beaupuy, Caulaincourt) encadrant 4 généraux de brigade. En descendant la colonne, il y a 5 colonels et un enfant (Viala) puis 2 généraux de brigade (Marion, Hervo). Les 2 derniers de la colonne sont Chambure et La Tour d’Auvergne, capitaine d’infanterie et « premier grenadier de la République ». 5 ont été tués dans la campagne d’Austerlitz (Valhubert, Lacuée, Morland, Mazas), 3 dans celle d’Iéna (Debilly, Higonet, Houdar Lamotte), 2 dans celle de Wagram (Gautier, Hervo), 2 dans celle de Russie (Caulaincourt, Marion). - Colonne 19 : Elle contient les noms de généraux de brigade de l’Empire, nommés par ordre sensiblement chronologique, de Barbanègre (21 mars 1809) en haut, à Foissac-Latour (15 mars 1814). Les 2 derniers de la colonne (Lanabère et Lejeune) ajoutés en 1842 après l’établissement de la liste initiale de 1841, ne suivent pas cet ordre chronologique mais sont bien des généraux de brigade. Cette colonne est la suite de la colonne 20. - Colonne 20 : Hormis Friederichs ajouté en 1893, la colonne contient en haut les noms de généraux de division, classés par ordre presque chronologique de nomination, d’Aubry (21 novembre 1812) à Girardin (10 février 1814). Le bas de la colonne est occupé par les noms de généraux de brigade, non classés chronologiquement, de Girard dit Vieux (2 novembre 1793) à Romeuf (16 janvier 1811). Les généraux de brigade sont séparés des généraux de division par le nom de Daru, intendant général. 3. Pilier sud - Colonne 21 : Excepté Morio de L’Isle, général de brigade ajouté en 1862, tous les noms inscrits sont ceux de généraux de division, classés par ordre presque chronologique, de Kellermann, F. (5 juillet 1800) en haut à Tirlet (10 janvier 1813) en bas. - Colonne 22 : Comme pour les autres colonnes créées en 1841, la colonne 22 est la suite de la colonne 21, commençant avec Ruty, général de division nommé le 10 janvier 1813, le même jour que Tirlet, l’avant-dernier de la colonne précédente. On trouve ensuite 3 généraux de division de l’Empire nommés en 1813, classés par ordre chronologique de nomination du 3 mars au 17 juin. Au-dessous sont inscrits les noms de généraux de brigade de l’Empire, classés aussi par ordre sensiblement chronologique de nomination, de Jeanin (19 novembre 1808) à St Geniès (6 août 1811). Les 2 derniers de la colonne ont été ajoutés en 1842 (Willaumez et Lamorandière).
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 - Colonne 23 : Sauf le nom du général de brigade Chamorin, ajouté en bas de colonne en 1842, tous les noms inscrits sont ceux de chefs d’armée ou d’escadre et des maréchaux. Les noms de Kleber, de Brueys et de Desaix se suivent. Ils ont tous les trois dirigés une armée ou une escadre en Égypte, ce qui n’est pas un hasard sur le pilier sud dédié entre autres aux armées d’Égypte. - Colonne 24 : Perrée contre-amiral tué à Malte est le seul à ne pas avoir atteint le grade de vice-amiral, équivalent à celui de général de division que tous les autres ont atteint entre 1793 et 1806. Comme dans la colonne précédente et surtout dans le haut de la colonne, se trouvent 3 maréchaux, un vice-roi (Beauharnais) et quelques chefs d’armée dont Menou, chef d’armée d’Égypte. - Colonne 25 : Le dernier de la colonne est Denniée, intendant général ajouté en 1842. Tous les autres noms inscrits sont ceux de généraux de division, nommés entre 1793 et 1805. Les 2 premiers en haut de la colonne (Bon et Lanusse) ont été tués au combat en Égypte. Quant à Dommartin, il est mort de maladie également en Égypte. - Colonne 26 : Tous les noms inscrits sont ceux de généraux de division nommés entre le 15 août 1796 (Dallemagne) et le 17 avril 1815 (Chabert). L’ordre chronologique n’est pas respecté et on peut même observer que Dallemagne et Chabert se suivent. - Colonne 27 : Le haut de la colonne contient les noms de généraux de division nommés entre le 3 avril 1794 (Pouget) et le 22 mars 1815 (Lasalcette). Comme pour la colonne précédente la chronologie des nominations en descendant la colonne n’est pas respectée et les noms de Pouget et de Lasalcette se suivent en tête de colonne. Sauf le nom du général de division St Laurent, ajouté en 1842, le bas de la colonne contient les noms de généraux de brigade nommés entre 1794 et 1809. Parmi ces derniers, on peut noter Caffarelli et Rambaud morts à Saint-Jean-d’Acre durant la campagne d’Égypte. La colonne contient aussi un maréchal de France (Exelmans) mais ayant reçu son titre en 1851. - Colonne 28 : Tous les hommes de cette colonne ont été tués au combat et sont classés par lieux de décès. Dans le haut de la colonne, de Grigny à Vallongue, ce sont des généraux de brigade et un général de division (Stengel) tués en Italie. Au-dessous les 4 noms suivants correspondent à un général de brigade (Mireur) et 3 officiers tués en Égypte. Dans le bas de la colonne, on trouve deux colonels tués à Iéna (Marigny) et en Espagne (Blancheville). - Colonne 29 : Les noms de généraux de brigade de l’Empire constituent cette colonne. Ils sont classés par ordre presque chronologique de nomination de Magon (contre-amiral le 16 mars 1802) à Baurot (25 novembre 1813). Les deux derniers noms en bas de colonne ont été ajoutés en 1842 après l’établissement de la liste initiale de 1841 : le général de division Lafon-Blaniac et le médecin Desgenettes. - Colonne 30 : Le haut de la colonne contient les noms de généraux de division classés par ordre presque chronologique de nomination, de Bachelu (26 juin 1813) à Bigarré (17 mars 1814) en passant par Subervie (3 avril 1814). Le chirurgien Larrey inscrit au-dessous sépare le haut de la colonne du bas où sont inscrits les noms de généraux de brigade de l’Empire, classés par ordre chronologique de nomination, de Lameth, Ch. (6 février 1792) à Bron (23 mars 1800). Il y a quelques irrégularités dans la chronologie des nominations, avec Marisy (24 mars 1803) et Morangies (24 mai 1801). Le nom de Sibuet ajouté en bas de colonne en 1867 respecte pour une fois l’ordre précédent car c’est celui d’un général de brigade nommé le 23 août 1813. 4. Pilier ouest - Colonne 31 : Excepté Deponthon ajouté en bas de colonne en 1863, tous les noms inscrits sont ceux de généraux de division, classés par ordre sensiblement chronologique de nomination en descendant la colonne, de Berruyer (7 septembre 1792) et Desfourneaux (11 décembre 1794) à Bailly de Monthion (4 décembre 1812).
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 - Colonne 32 : Comme pour les autres colonnes créées en 1841, la colonne 32 fait suite à la colonne 31 en commençant avec Charbonnel, général de division nommé le 9 janvier 1813, donc juste après Bailly de Monthion, l’avant-dernier de la colonne précédente. Au-dessous se trouvent les noms de généraux de division de 1813, classés par ordre chronologique de nomination, de Lamartinière (11 février 1813) à Lévesque de Laferrière (28 novembre 1813). Le bas de la colonne contient les noms de généraux de brigade de l’Empire, classés par ordre sensiblement chronologique de nomination, de Guéhéneuc (26 décembre 1812) à Maucomble (28 juin 1813) en passant par Chateau (16 novembre 1813). Les deux derniers noms de la colonne, comme sur les colonnes symétriques des autres piliers, ont été ajoutés en 1842 après l’établissement de la liste initiale de 1841 : Bouchu et Valletaux, généraux de brigade nommés en 1811 et 1794. - Colonne 33 : Hormis le nom de Huber ajouté en 1842, la colonne contient les noms de chefs d’armée ou d’escadre et de maréchaux. On note 9 chefs d’armée des Pyrénées, des Pyrénées occidentales et des Pyrénées orientales. Ce sont les 9 premiers noms du haut de la colonne, de Dugommier tué lors de la bataille de la Montagne Noire à Dagobert. Cette colonne était la première du pilier ouest en 1836, qui est dédié en premier aux armées des Pyrénées. - Colonne 34 : Le haut de la colonne commence avec Clauzel, maréchal de France en 1831 et Leclerc chef d’armée de Saint-Domingue. Les deux noms suivants sont ceux de maréchaux ayant reçu leur titre après 1836 (Sebastiani et Reille). On trouve aussi un amiral (Duperré), 2 chefs d’armée des Pyrénées (Barbantane et Dubouquet) proches des 9 chefs d’armée des Pyrénées de la colonne précédente. Excepté Duperré, tous ont atteint le grade de général de division ou équivalent, entre 1792 et 1809. - Colonne 35 : Sauf Barbot qui n’a été lieutenant général qu’en 1821, tous les noms de cette colonne sont ceux de généraux de division nommés entre 1793 et 1812. Même Pille ajouté en bas de colonne en 1842 s’intègre à cette liste. - Colonne 36 : Tous les noms composant cette colonne sont ceux de généraux de division, classés par ordre chronologique approximatif de nomination, de Maurice Mathieu (17 avril 1799) en haut, à Dulong (13 mars 1815) en bas. Seul Franceschi, l’avant-dernier de la colonne, n’a atteint que le grade de général de brigade, étant mort en prison à Carthagène en 1810. Harispe et Valée sont maréchaux de France mais ont reçu leur titre après 1836. - Colonne 37 : Cette colonne contient les noms de 5 généraux de brigade de l’Empire (Aymard, Ordonneau, Klopisky, Bertoletti et Miquel ajouté en 1842). Tous les autres noms sont ceux de généraux de division nommés entre le 1er février 1805 (Musnier, Quesnel) et le 30 mars 1815 (Lallemand). Les 3 noms soulignés sont ceux de généraux tués en Espagne (Ruffin, Lapisse) ou en fin de guerre d’Espagne, à Toulouse (Taupin). - Colonne 38 : Comme les colonnes symétriques des autres tableaux, cette colonne ne contient que des hommes tués au combat, un général de division (Sénarmont), un colonel (Henry) et des généraux de brigade ainsi qu’un contre-amiral (Baste). Compère a été tué à la Moskowa, Baste à Brienne. Tous les autres ont été tués dans les guerres d’Espagne et du Portugal. - Colonne 39 : Les noms de généraux de brigade de l’Empire constituent cette colonne. Ils sont classés chronologiquement par ordre de nomination, de Desailly (8 juin 1809) en haut, à Gauthier Crc (26 décembre 1813). Seul Simmer, nommé le 8 octobre 1812, aurait dû être placé avant Gressot, nommé le 21 décembre 1812. Les deux derniers noms de la colonne ont été ajoutés en novembre 1841 après l’établissement de la liste initiale d’avril 1841 et leur nomination ne respecte pas cet ordre, en particulier Réné nommé en 1801. Comme les colonnes symétriques des autres tableaux, la colonne 39 est la suite de la colonne 40 avec les nominations de Montmarie, L. et de Desailly qui se suivent. - Colonne 40 : Le haut de la colonne contient les noms de généraux de division classés presque par ordre chronologique de nomination, avec Lenoury et Colbert, E. (25 novembre 1813), Castex (28 novembre 1813) et Maurin (19 février 1814). Le nom de Daure, intendant
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 général inscrit au-dessous sépare le haut du bas de la colonne constitué de noms de généraux de brigade, nommés par ordre chronologique, de Noailles (28 novembre 1791) à Montmarie, L. (5 mai 1809). Le dernier de la liste, Bizanet, ajouté en 1862 ainsi que le contre-amiral Renaudin, nommé le 29 octobre 1794, ne respectent pas cet ordre chronologique. Cette caractérisation détaillée des colonnes montre que les noms ajoutés en 1841, grâce aux travaux de la Commission de l’Arc de Triomphe, sont inscrits de façon beaucoup plus rigoureuse qu’en 1836. De haut en bas de chaque colonne, les inscriptions sont faites par ordre presque chronologique de date de nomination au grade de général de division ou au grade de général de brigade. Dans les colonnes 10, 20, 30 et 40, les généraux de division du haut de la colonne sont séparés des généraux de brigade du bas de la colonne par les noms d’intendants généraux et de médecins. En 1841, seuls les grades acquis durant la Révolution et l’Empire sont pris en compte. Ainsi, le fait que les généraux de brigade aient été nommés lieutenants généraux pendant la première ou la deuxième Restauration ou non, ne change pas la chronologie de leur inscription au grade de général de brigade. Cette position n’était pas aussi nette en 1836 où par exemple les 4 maréchaux de France de 1829 à 1831 (Gérard, Maison, Mouton, Clauzel) ainsi que l’amiral Duperré nommé en 1830, se retrouvent en tête des colonnes 14 et 34. Les 2 deniers noms en bas des colonnes 02, 09, 12, 19, 22, 29, 32 et 39 ne respectent pas l’ordre chronologique de 1841, car 12 de ces 16 noms ont été ajoutés en 1842 à la liste déjà établie, juste avant les gravures du 15 décembre 1841. De plus, le 6 mars 1842, la fille du général Duprès note 6 cases en blanc restantes, correspondant à ces 12 noms à raison de 2 noms pour chacune des 6 colonnes (09, 12, 19, 22, 29, 32). Hormis les chefs d’armée, en particulier du Nord et d’Égypte et les héros tués en Égypte, nous n’avons pas pu établir de réelle coordination entre le parcours de chaque héro et le fait qu’il soit inscrit sur un pilier et non sur un autre. De plus, pour les deux groupes assez importants de ceux qui sont morts au combat en Italie (colonne 28) ou en Espagne (colonne 38), les piliers correspondants ne sont pas dédiés aux armées d’Italie ou d’Espagne. Malgré toutes ces remarques, l’intérêt de cette caractérisation des colonnes demeure. Nous prendrons les 5 exemples suivants : En colonne 20, se trouve le nom de Roussel souligné. Deux généraux peuvent répondre à cette inscription, ayant tous les deux été tués au combat. Le premier, François Xavier Roussel, général de division le 26 janvier 1807, est tué à Heilsberg le 10 juin 1807. Le second, Jean Charles Roussel, général de brigade le 10 mai 1809, est tué à Ostrowno le 26 juin 1812. Toutes les raisons portent à choisir de préférence le premier. C’est un général de division, la bataille d’Heilsberg est inscrite sur l’Arc de Triomphe (colonne D) et non Ostrowno, Jean Charles Roussel n’est pas réellement mort au combat, ayant été tué par accident le soir de la bataille d’Ostrowno, par une sentinelle française. Mais les inscriptions de la colonne 20 sont si précises que l’on peut affirmer qu’au-dessous du nom de l’intendant général Daru, le nom de Roussel est celui d’un général de brigade et donc celui de Jean Charles Roussel dont le fils avait réclamé l’inscription le 5 juillet 1836. En colonne 39, le nom de Beurmann est assez curieusement suivi de l’inscription J = F. En première approche, l’interprétation est d’attribuer cette inscription au général de brigade Jean Ernest Beurmann. Mais cette interprétation serait faite avec deux erreurs : le F serait à remplacer par un E et l’un des traits du signe égal serait à supprimer pour obtenir J - E. Même cette interprétation est sujette à critique car il n’existe aucun autre exemple d’inscription sur l’Arc de Triomphe où deux initiales de prénoms d’un même nom sont séparées par un trait d’union. Le seul cas semblable concerne l’inscription en colonne 09 de Jean Baptiste Jamin où l’inscription est Jamin, J. B. et non Jamin, J - B. Cela ferait donc 3 erreurs pour une même inscription, ce qui est beaucoup. Par contre, en suivant attentivement la logique des
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 inscriptions de la colonne 39, il existe une autre interprétation qui ne prend en compte aucune erreur d’inscription. Le nom Beurmann suivi de J = F. correspondrait à l’inscription à la même place des deux généraux de brigade Jean Ernest Beurmann et son frère Frédéric Auguste Beurmann, l’indication J = F. voulant simplement dire J (Jean Ernest) = (partage le même honneur d’être inscrit que) F (Frédéric Auguste). Les deux frères Jean Ernest et Frédéric Auguste ont tous les deux été nommés respectivement général de brigade le 23 octobre 1811 et le 6 août 1811. Tous les deux sont donc à leur place entre Saint-Cyr-Nugues nommé général de brigade le 6 août 1811 et Gressot nommé général de brigade le 21 décembre 1812. Les deux noms des frères Beurmann auraient pu selon cette logique être inscrits l’un sous l’autre. C’était peut-être le premier projet. Mais l’aspect peu esthétique d’une telle inscription et surtout le manque de place pour répondre à toutes les demandes a probablement conduit à cette solution dont il n’y a aucun autre exemple sur l’Arc de Triomphe. En colonne 18, le nom de Viala pourrait correspondre au général Sébastien Viala, grièvement blessé à Auerstaedt comme colonel mais non tué au combat, et non à Agricol Joseph Viala, chef de la petite Garde nationale d’Avignon, enfant de 12 ans, tué au combat devant la bac de Bonpas à Avignon. Mais le nom de Viala est souligné et une éventuelle erreur de nom d’un héros qui n’aurait pas été tué au combat est encore plus improbable en colonne 18 qui, comme les colonnes 08, 28 et 38, est réservée pour la plus grande majorité des noms à des héros morts au combat. De plus cette colonne 18 est la colonne qui contient le plus grand nombre de noms dont le grade est inférieur à celui de général : 6 des 10 colonels inscrits sur l’Arc de Triomphe sont dans cette colonne, ainsi qu’un capitaine et un enfant. Le nom de Viala, enfant sans grade reconnu, est exceptionnel dans la liste des 660 noms inscrits mais c’est dans cette colonne 18 qu’il est le mieux placé. En colonne 05 figure le nom de Dufour. Deux généraux de division, Georges Joseph Dufour et François Marie Dufour peuvent répondre à l’inscription. Les noms de cette colonne correspondent à ceux de généraux de division de la République, nommés avant le 5 février 1799. Cela permet de choisir Georges Joseph Dufour, nommé général de division le 13 juin 1795 et non François Marie Dufour, nommé général de division le 4 mars 1813. En colonne 17, le nom de Beaumont est inscrit. Dans cette colonne figurent les noms de généraux de division, nommés entre 1798 et 1813, sans ordre chronologique. Avec cette seule indication, il est difficile de choisir entre Marc Antoine de La Bonnière comte de Beaumont, nommé général de division le 29 décembre 1802 et Louis Chrétien Carrière de Beaumont, nommé général de division le 4 décembre 1812. Cet exemple montre aussi les limites de cette caractérisation, colonne par colonne, lorsque plusieurs choix sont possibles pour un nom. Dans la liste alphabétique des 660 noms de héros qui suit et qui est accompagnée d’une courte biographie pour chacun, les ambiguïtés éventuelles sur le choix d’un nom sont expliquées pour ce nom avant de passer au nom suivant. Dans ces explications, nous utiliserons souvent cette caractérisation, colonne par colonne.
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Les erreurs d’inscription et de lecture
Certains noms ont changé d’orthographe après leur première inscription : Abbé, Bonet, Chasseloup-Laubat, d’Elbhecq, Delegorgue, Dugua, Kniaziewicz, Ledru des Essarts, Pijon, Rigau, Serurier. Ce n’est qu’un petit changement par rapport aux plus de 200 fautes relevées : nom incomplet, particule absente, mauvaise accentuation, coupure d’un nom en deux, regroupement de deux noms en un seul, faute d’orthographe. Si l’on ne retient que les fautes d’orthographe, nous pouvons en noter 52, listées par ordre alphabétique, avec entre parenthèses l’orthographe correcte de chaque nom : Andreossi (Andréossy), Bayrand (Beyrand), Beauregard (Beaurgard), Beker (Baegert dit Becker), Bellavesne (Bellavène), Bonneau (Bonnaud), Bourcke (Bourke), Bouvier des Eatz (Bouvier des Eclaz), Bruyere (Bruguière dit Bruyères), Charbonier (Charbonnier), Chateau (Huguet-Chataux), Cureli (Curély), Davoust (Davout ou d’Avout), Desenfants (Desenfans), Desjardins (Jardin dit Desjardin), Desnoyers (Denoyer), Dessoles (Dessolle), Dubois-Theimvle (Dubois de Thainville), Flahault (de Flahaut de La Billarderie), Gantheaume (Ganteaume), Gillot (Gilot), Guyeux (Guieu), Guyot de Lacour (Guiot de Lacour), Klopisky (Chlopicki de Necznia), Lamorandière (Rocbert de Lamorendière Ducoudray), Hard Lamotte (Houdar de Lamotte), Lariboissiere (Baston de Lariboisière), Lasowski (Lazowski), Ledru des Essds (Ledru des Essarts), Lefèvre Desnte (Lefebvre-Desnouettes), Leturc (Leturcq), Ligneville (de Ligniville), Mancune (Popon de Maucune), Marisy (Vagnair dit Marizy), Meunier (Meusnier de La Place), Monfort (de Montfort), Monier (Monnier), Olivier (Olivié), Poniatowsky (Poniatowski), Quentin (Quantin), Rambaud (Rambeaud), Saligny (Salligny), Salm (Salme), Schal (Schaal), Schawembourg (de Schauenburg), Semele (Semellé), Sulkosky (Sulkowski), Treillard (Trelliard), Villemansy (Orillard de Villemanzy), Wathier (Watier), Zayonscheck (Zajączek dit Zayonchek en France). Ces erreurs d’orthographe sont cependant à prendre dans le contexte historique où le postulat de l’immuabilité des noms de famille en France n’est imposé que depuis la loi du 23 août 1794 et qu’il n’est définitivement appliqué que depuis la création des livrets de famille en 1877. L’exemple du général de Schauenburg est révélateur de ces hésitations sur l’orthographe du nom. Pierre Rielle de Schauenburg, ancien député du Bas-Rhin, écrit le 14 juillet 1869, au maréchal Adolphe Niel, ministre de la Guerre, pour demander la communication des états de service de son père et de son frère aîné. À cette occasion, il signale que le nom de son père inscrit sur l’Arc de Triomphe « est écrit avec une orthographe défectueuse » et signe « Baron de Schauenburg, ancien pair de France ». Ceci est à comparer à un premier certificat de baptême de son père de 1777 où le nom inscrit est Schawenbourg, à un second certificat de 1808 du même baptême où le nom inscrit est Schauenbourg, les deux noms étant différents de Schauenburg et du nom inscrit sur l’Arc de Triomphe. Ils sont cependant certifiés comme étant conformes à l’original ! De plus, 30 des 52 erreurs proviennent de la lettre du 6 févier 1836 de Saint Cyr Nugues : Andreossi, Bayrand, Beauregard, Beker, Bellavesne, Bonneau, Bruyère, Charbonier, Davoust, Desenfants, Desjardins, Desnoyers, Gantheaume, Gillot, Guyeux, Klopisky, Houdard Lamotte, Lariboissiere, Leturc, Meunier, Monier, Olivier, Quentin, Rambaud, Saligny, Salm, Schal, Schawembourg, Semele, Zayonscheck. Les 129 noms soulignés de ceux qui sont morts au combat ou des suites des blessures reçues au cours d’un combat font également l’objet d’erreurs. Les noms de Bessières, Chamorin et 51
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Duroc qui n’étaient pas soulignés lors de leur première inscription ont été corrigés depuis. Le trait sous le nom de Belliard, non tué au combat, a été rebouché. Malgré ces corrections nous pouvons encore noter 14 noms qui n’ont pas été soulignés et qui auraient dû l’être : Aubry, David, Donop, Friederichs, Guyot de Lacour, Kleber, Lamartinière, Michel, Pijon, Réné, Rusca, Sarrut, Vandermaesen, Vial. Pour certains noms, le fait qu’ils n’aient pas été soulignés peut s’expliquer. Kléber a été assassiné hors combat, même si d’autres noms ont été soulignés dans des conditions voisines d’un assassinat. Vial a été déclaré mort d’asphyxie par Larrey et non tué par le souffle du boulet qui l’a atteint. Pour Friederichs et Donop ajoutés en 1893 et 1895, l’oubli du trait, 26 et 28 ans après la dernière inscription de Sibuet, peut s’expliquer. Nous pouvons aussi noter un nom souligné qui n’aurait pas dû l’être, celui de Bourcier. Georges Six a rédigé en 1934 un Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire qui reste la source la plus complète pour tous les éléments constituant la carrière militaire de 2232 généraux et amiraux dont 630 des 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe. Chaque article concernant un nom inscrit sur l’Arc de Triomphe se termine invariablement par la phrase, par exemple pour Abbé : « Le nom du général Abbé est inscrit au côté ouest de l’Arc de Triomphe de l’Etoile. » Cette source est aussi la plus utilisée pour savoir si un nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe. Un certain nombre d’erreurs figure dans ce dictionnaire : - 5 noms sont signalés par Six comme étant inscrits sur l’Arc de Triomphe et n’y sont pas : Bauduin, Filhol de Camas, Macors, Paultre de Lamotte et Wolodkowicz - 5 noms sont présents sur l’Arc de Triomphe et ne sont pas indiqués par Six comme étant présents dans les articles les concernant : Bizanet, Boisgérard, Borrelli, Paul Alexis Dubois, Morio de L’Isle. - 3 noms de généraux sont présents sur l’Arc de Triomphe et n’ont aucune biographie dans le dictionnaire Six : Bertoletti, Severoli, Teulié. (Ils sont cependant mentionnés dans l’annexe du tome II du dictionnaire Six). - 5 noms sont présents sur l’Arc de Triomphe et dans le dictionnaire Six mais ils sont indiqués sur un autre pilier : Bonet (pilier est, colonne 15), Cervoni (pilier est, colonne 17), Macon (pilier ouest, colonne 40), Latour Maubourg (pilier est, colonne 17) sont signalés par Six comme figurant sur le pilier sud. Corbineau Claude (pilier est, colonne 16) est signalé comme figurant sur le pilier ouest. - 13 noms sont présents sur l’Arc de Triomphe et dans le dictionnaire Six mais ne correspondent pas au même personnage que celui identifié : Boyer J., Daboville, Davrange, Dejean A., Desnoyers, Gauthier Crc, Gouvion, Henry, Lacuée, Marigny, Petit, Sparre, Viala. - 6 noms sont mentionnés deux fois pour deux personnages différents dans le dictionnaire Six, alors qu’un seul des deux noms figure sur l’Arc de Triomphe : Brun, Beaumont, Debelle, Dufour, Roussel, Sorbier. Malgré ces quelques erreurs, le travail de Georges Six reste impressionnant quant à la qualité et à la quantité d’information accumulées et l’édition de 1934 de son dictionnaire continue toujours à être imprimée ! Quant aux erreurs relevées dans ce dictionnaire, il faut avoir aussi la modestie d’ajouter que compte tenu des erreurs d’inscription sur l’Arc de Triomphe et des multiples possibilités qui peuvent se cacher derrière un nom, d’autres interprétations sont possibles.
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Bilan : combien de généraux ?
Le nombre total des héros inscrits est de 660 noms. On compte : - 567 généraux, tous grades confondus : général de brigade (ou maréchal de camp avant la Révolution et sous la Restauration) et général de division (ou lieutenant général avant la Révolution et sous la Restauration). Il n’y pas de plus haut grade, même pour les commandants de corps d’armée ou d’armée. - 44 maréchaux (maréchaux de France et maréchaux d’Empire) - 26 amiraux (amiraux, vice-amiraux et contre-amiraux) - 10 colonels (ou chefs de brigade) : Blancheville, Chambure, Denoyer, Henry, Higonet, Houdar de Lamotte, Lacuée, Marigny, Mazas, Morland - 6 intendants généraux : Daru, Daure, Denniée, Dumas, Petiet, Villemanzy - 5 rois et 1 vice-roi : Bernadotte, Jérôme Bonaparte, Louis Bonaparte, Chartres (Louis-Philippe Ier), Murat, Eugène de Beauharnais - 3 officiers de grade inférieur à celui de colonel : Beaurepaire, La Tour d’Auvergne, Sulkowski - 3 médecins : Desgenettes, Larrey, Percy - 1 adjudant-général (grade entre colonel et général de brigade) : Leturcq - 1 enfant : Viala Le total fait 667. 7 personnages sont en effet comptés deux fois : Eugène de Beauharnais général et vice-roi, Bernadotte, maréchal et roi, Jérôme Bonaparte maréchal et roi, Louis Bonaparte général et roi, Chartres (Louis-Philippe Ier) général et roi, Mathieu Dumas intendant général et général de division, Murat maréchal et roi.
général maréchal amiral colonel intendant général roi et vice-roi officier médecin adjudant-général enfant nom compté 2 fois Total
1836 316 40 13 10 1 3 3 1 1 - 4 (1) 384
date d’inscription 1841 1842 1850 - 1895 224 20 7 3 1 11 2 4 1
1
2
1
- 1 (2) 244
24
2
-2 (3) 8
Total 567 44 26 10 6 6 3 3 1 1 -7 660
(1) Eugène de Beauharnais général et vice-roi ; Bernadotte maréchal et roi ; Mathieu Dumas intendant général et général de division ; Murat maréchal et roi. (2) Chartres (Louis-Philippe Ier) général et roi. (3) Jérôme Bonaparte maréchal et roi ; Louis Bonaparte général et roi.
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Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Certains généraux ont reçu aussi des grades d’officier supérieur dans d’autres armées : - Pologne : 4 généraux, Dąbrowski, Chlopicki, Kniaziewicz, Zajączek - Autriche : 1 lieutenant général (Feldzeugmeister), Bertoletti, un feld-maréchal lieutenant, Severoli, et un général major, Roussel d’Hurbal - Etats-Unis : 1 lieutenant général (major general), La Fayette, et 1 colonel, Gouvion - Portugal : 1 maréchal, Solignac - Venezuela : 1 général, Miranda Dans les 567 généraux inscrits, il y a 450 généraux de division ou lieutenants généraux et 117 généraux de brigade ou maréchaux de camp. Parmi les 26 amiraux inscrits, on compte 7 contre-amiraux, 17 vice-amiraux et 2 amiraux, Duperré et Truguet. Les 660 héros de l’Arc de Triomphe sont nés entre le 12 janvier 1722 (Luckner) et le 1er décembre 1789 (Jean Paul Adam Schramm). Ils sont décédés entre le 11 juin 1792 (Gouvion) et le 25 février 1884 (Jean Paul Adam Schramm). Malgré le nombre de ceux qui sont morts jeunes, au combat ou des suites de leurs blessures reçues au combat, guillotinés ou assassinés, l’âge moyen de décès des 660 héros est de 61,2 ans. Ceci ne peut s’expliquer que par un grand nombre d’octogénaires. Ils sont en effet 89, soit plus de 13% du total, à avoir atteint ou dépassé 80 ans, dont Oudinot qui détient le record de 27 blessures officielles reçues au cours des combats. On compte encore 38 héros ayant atteint plus de 85 ans et 6 ayant dépassé 90 ans : Jean Paul Adam Schramm (94 ans), Hamelinaye, Lapoype, Ségur (92 ans), Dutaillis et Vaubois (90 ans). Tous les six sont des généraux de division ou des lieutenants généraux. Parmi les noms homonymes, il y a 3 couples père / fils : Dejean, Kellermann, Schramm, et 13 couples de frères : Bessières, Beurmann, Bonaparte, Boyer, Caffarelli, Caulaincourt, Colbert, Corbineau, Damas, Delagrange, Gudin, Montmarie, Soult. 618 des 660 héros de l’Arc de Triomphe sont nés dans la France actuelle. - 9 sont nés en Italie : Bertoletti, Campana, Colli-Ricci, Ferino, Narbonne-Lara, Seras, Severoli, Teulié, Trelliard - 8 sont nés en Allemagne : Donop, Grenier, Huber, Luckner, Marulaz, Ney, Stengel, Thiébault - 5 en Suisse : Girard dit Vieux, Gressot, Laharpe, Mainoni, Reynier - 3 en Belgique : Dumonceau, Jardon, Lahure - 3 à Haïti : Bruix, Huguet-Chataux, Dumas - 3 en Pologne : Dabrowski, Sulkowski, Zajaczek - 2 au Canada : Léry, Martin - 2 en Irlande : Dillon, Kilmaine - 1 en Autriche : Poniatowski - 1 en Grèce : Loverdo - 1 en Inde : Lauriston - 1 en Lettonie : Kniaziewicz - 1 aux Pays-Bas : Verhuell - 1 en Ukraine : Chlopicki - 1 au Venezuela : Miranda Parmi les 618 héros nés en France, on peut aussi noter 4 héros nés hors de France métropolitaine : - 2 en Guadeloupe : Dugommier, Gobert - 1 à la Martinique : Dery - 1 à la Réunion : Bailly de Monthion
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Bilan des réclamations
Les réclamations d’inscription sur l’Arc de Triomphe concernent au moins 90 des 276 héros inscrits après 1836 (soit 33 % du total) : Albert, Amey, Aubry, Baurot, Berckheim, Berruyer, Bonnamy, Bordesoulle, Borrelli, Boyer Jean Baptiste, Briche, Burthe, Caulaincourt Armand Augustin Louis, Cavaignac, Chamorin, Dahlmann, Dalesme, d’Anthoüard, Dejean Pierre François Marie Auguste, (Le Lièvre) De La Grange Adélaïde Blaise François, Denniée, Desfourneaux, Desgenettes, Dessaix, Donop, Drouot, Dumoustier, Durrieu, Dutaillis, Emeriau, Fiorella, de Foucher, Friederichs, Girard dit Vieux, Gouré, Gros, Guiot de Lacour, Guyot Claude Étienne, Huber, Jeanin, Kniaziewicz, Lahure, Levesque de La Ferrière, Lafon-Blaniac, Lameth, Lamorendière, Lanabère, Lefebvre-Desnoëttes, Lepic, Lhéritier, Loverdo, Margaron, Meunier Claude Marie, Michel, Miquel, Moreaux, Morio de L’Isle, Ordener, d’Ornano, Pelletier, Pille, Piré, Poitevin de Maureillan, Poret de Morvan, Puthod, Razout, Remond, Réné, Reiset, Rivaud de La Raffinière, Romeuf, Roussel, Roussel d’Hurbal, Rouyer, Ruty, Saint-Germain, Sanson, Sarrut, Schmitz, Schramm Jean Adam, Sibuet, Simmer, Strolz, Tharreau, Thouvenot, Tirlet, Valletaux, Vignolle, Villatte, Willaumez. Des réclamations sont aussi faites pour au moins 46 héros non inscrits : Allix, d’Arencey, Berruyer Pierre Marie Auguste, Blanmont, de Blanquet du Chayla, Bodelin, Boucret, Brouard, Bruneteau de Sainte-Suzanne Chrysostome, Cailloux dit Pouget, Cassan, Chalbos, Chartrand, Chasseraux, Chaudron-Rousseau, Chauvel, Colin de Verdière, de Conchy, Daurier, Delaroche, Dellard, Dembowski, Dermoncourt, Desbrulys, Devaux Pierre, Dumas de Polard, Dupont, Duprès, Fontane, Fornier dit Fénerols, Gassendi, Geither, Guillot, Malye, Morand Joseph, d’Oullenbourg, Petiet Augustin Louis, Pinoteau, Schiasetti, Sorbier Jean Joseph Augustin, Songis aîné, Soyez, Toussaint, de Wimpffen Félix Louis, de Wimpffen François Louis, Wolodkowicz. 8 réclamations concernent Bonet, Chasseloup-Laubat, Darnaud, D’Elbhecq, Duval, Pijon, Salme et Serurier déjà inscrits en 1836. Les réclamations sur les 144 noms de héros inscrits ou non sur l’Arc de Triomphe ont été faites : - 47 par un fils du héros - 33 par le héros lui-même - 26 par la veuve du héros - 14 par un frère du héros - 11 par un membre de la famille ou un ami du héros 9 par une fille du héros 8 par un neveu du héros 7 par un homme politique 5 par un gendre du héros 4 par un beau-frère du héros 3 par un petit-fils du héros 3 par un officier subordonné au héros 2 par un journaliste ou un historien Le total représente 172 auteurs de réclamations car il y a eu parfois plusieurs auteurs de réclamations pour un même nom. Les 144 noms pour lesquels il y a eu des réclamations sont pour 87 des généraux de division ou des lieutenants généraux, pour 50 des généraux de brigade. Il y a eu 2 maréchaux (d’Ornano et Serurier), 3 vice-amiraux (de Blanquet du Chayla, Emeriau, Willaumez), 1 intendant général (Denniée) et 1 médecin (Desgenettes). 55
Arnauld Divry - Les 660 noms inscrits sur l’Arc de Triomphe - 10-6-2015 Dans ce bilan des réclamations, nous n’avons tenu compte que des réclamations individuelles car il y a eu aussi des réclamations que l’on pourrait dire corporatistes. Nous en notons trois. Le 3 août 1836, l’historien polonais Léonard Chodźko écrit au comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, une lettre à en-tête avec les drapeaux français et polonais croisant leur hampe et surmontés des noms Kosciuszko, Dombrowski et Poniatowski. Dans cette lettre il demande de ne pas oublier pour les inscriptions de l’Arc de Triomphe les généraux polonais Kniaziewicz, Rymkiewicz, Jablonowski, Sierawski, Sokolnicki, Paç, Giedroyc et les officiers supérieurs Kasimir Malachowski, Zenowicz, Dwernicki, Kiçki, Kozietulski, Jerzmanowski, Rybinski et autres. Le 9 août 1836, le comité des fortifications présidé par le général Rogniat, réclame au ministre de la Guerre, l’inscription sur l’Arc de Triomphe des généraux Dembarère, Léry, Sanson, Poitevin de Maureillan, Lazowski, Garbé, Nempde, Treussart et du colonel Boutin. En 1836, le directeur de l’administration de la Guerre, Jean Gabriel Théophile Boissy d’Anglas demande au ministre de la Guerre l’inscription sur l’Arc de Triomphe des noms des intendants généraux Daru et Petiet. Enfin, le décompte total des réclamations est assez difficile à faire car les réclamations ont été faites auprès de différentes personnes (ministre de la Guerre, ministre de l’Intérieur et / ou des Travaux Publics, Roi, président de la République ou Empereur, membre de la commission de l’Arc de Triomphe etc.). Certaines ont été faites à plusieurs reprises ou par différentes personnes pour la même demande d’inscription. Cela peut expliquer la disparité des chiffres. Fin 1840, nous comptabilisons des réclamations pour 94 noms, le ministère de la Guerre comptabilise 57 noms. Quant au ministère des Travaux Publics, il annonce des réclamations pour 101 noms. Dans les réclamations signalées par le ministère des Travaux Publics, la réclamation du colonel Jean Aimé Lautour, enregistrée comme celle du général Jean Aimé Lautour, pour l’inscription de son nom sur l’Arc de Triomphe n’a pas été retrouvée. En ne retenant que la première demande pour un nom, l’année 1836 reste de loin l’année du plus grand nombre de réclamations avec 71 noms dont 45 en août avec un record de 9 noms pour la seule journée du 8 août, suivie de 1841 avec 22 noms, de 1840 avec 17 noms, de 1842 avec 16 noms, de 1843 avec 5 noms, de 1837 avec 4 noms. Le bilan des réclamations permet aussi d’expliquer et de répondre à un certain nombre de positions : - Même si des réclamations ont favorisé des inscriptions postérieures à celles de juillet 1836, il n’est pas exact de prétendre que toutes les inscriptions postérieures à celles de 1836 sont dues à des réclamations plus ou moins justifiées. On peut aussi noter qu’une majorité de ces inscriptions a été faite sans aucune réclamation. - On peut aussi noter des demandes d’inscription qui n’ont pas abouti, ce qui confirme que les réclamations n’étaient pas obligatoirement suivies d’inscriptions. Le travail de la commission de l’Arc de Triomphe en 1840 - 1841 a été particulièrement sérieux et a conduit à un certain nombre de résultats, hors de toute réclamation, par exemple l’inscription de tous les généraux français tués aux batailles de Wagram et de la Moskowa. - Une lettre du 27 novembre 1836 de Saint Cyr Nugues expliquant que pour les tableaux de l’Arc de Triomphe, il était inutile de préciser quel général était inscrit sous le nom de Meunier ou que l’honneur de l’inscription d’un général Colbert rejaillissait sur ceux de ses autres frères généraux, n’a jamais été appliqué pour les nouvelles inscriptions, ni par voie de conséquence sur les inscriptions de 1836. Cela explique aussi des réclamations nombreuses et qui se sont poursuivies durant de nombreuses années.
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Conclusion
En 1835, lorsque l’architecte Blouet propose d’inscrire sur les murs intérieurs de l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris des noms de héros de la République et de l’Empire, ce n’est que par souci d’habiller des murs nus. Cette proposition est très habilement utilisée par Thiers qui fait l’excellent choix du général Saint-Cyr-Nugues pour déterminer quels seraient les élus. Cet homme intègre et au-dessus des partis propose des noms en étant uniquement guidé par leur héroïsme comme défenseurs de la République française et de l’Empire. Son choix est si bien fait que l’Arc de Triomphe devient la référence française en matière d’héroïsme. Devant les demandes de nombreuses familles pour qu’il y ait de nouveaux élus, le maréchal Soult donne une forte impulsion à une action de nouvelles inscriptions qui se sont poursuivies jusqu’en 1895 et sous quatre régimes différents : Monarchie d’Orléans, deuxième République, second Empire et troisième République. Les 660 héros inscrits sous l’Arc de Triomphe ont transformé le destin de ce monument qui est devenu le témoin des manifestations de patriotisme français. Quand il s’est agi d’enterrer un soldat inconnu de la guerre de 1914-18, le choix s’est naturellement porté sur l’Arc de Triomphe. Il repose sous son arche depuis le 11 novembre 1923. Cela s’est poursuivi avec l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle qui y est reproduit ainsi que des plaques commémoratives des dernières guerres : 1939-45, Indochine, Algérie, les combats au Maroc, en Tunisie ainsi que ceux des troupes françaises de l’Organisation des Nations Unies en Corée. À l’occasion du bicentenaire de la Révolution en 1989, Philippe de Villiers, député de Vendée, écrit une lettre ouverte à François Mitterrand, président de la République, dans laquelle il demande que le nom de Turreau soit enlevé de l’Arc de Triomphe, à cause des exactions commises par les colonnes infernales. La même année, un descendant de la famille Wolodkowicz, habitant au Canada, demande à nouveau la rectification du nom de Henry en Wolodkowicz (colonne 38), comme l’avait fait la veuve du général Wolodkowicz en 1836. Jack Lang, ministre de la Culture, de la Communication, des Grands Travaux et du Bicentenaire répond qu’il n’est plus question de modifier des inscriptions sur l’Arc de Triomphe : « Les principes établis de façon constante en matière de conservation des monuments historiques ont retenu la règle de strict maintien en l’état des édifices, même en ce qui concerne les décors ou inscriptions. » Sans crainte d’un changement potentiel d’inscription, l’Arc de Triomphe peut maintenant accueillir en toute sérénité ses visiteurs de plus en plus nombreux et curieux d’en savoir plus sur ces 660 noms d’acteurs privilégiés du passé.
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