L’HISTOIRE D’ARTHUR ET MALENA,
À LA DÉCOUVERTE DU COMMERCE ÉQUITABLE Chapitre 11- Le petit déjeuner magique ! Ce matin là, Arthur s’est levé à 7h30 comme tous les jours d’école. Il a pris une douche rapide, s’est habillé, et puis hop, il est descendu prendre son petit déjeuner. Arthur aime bien le petit déjeuner. Il y a l’odeur du café de maman, du chocolat chaud et des tartines grillées. Mais ce matin là, tout est différent : l’odeur du café est amère, celle du chocolat acide et les tartines refusent de griller! Quand Arthur a voulu boire son chocolat, il l’a tout de suite recraché. Il était infect ! Même maman a recraché son café dans l’évier ! Arthur prend la boîte de chocolat et l’ouvre. Comme le chocolat sent mauvais et comme il est bizarre ! Il ondule, il s’agite et se plisse, laissant entrevoir des paysages étranges. Arthur plonge un doigt dans le chocolat, pour voir ce qu’il y a en dessous. Le chocolat se met à tourbillonner, à lui fouetter le visage, à lui brûler les yeux! Arthur appelle au secours mais le voilà emporté dans une tempête ... de chocolat en poudre! Quand la tempête de cacao s'arrête, Arthur trouve qu'il fait chaud, très chaud et humide même. Arthur se risque à ouvrir un œil. Autour de lui, tout est vert! Arthur ouvre les deux yeux : il est assis sur la branche d’un arbre ! Un arbre comme il n’en a jamais vu ! Sur son tronc, d’étranges fruits en forme de ballons de rugby fripés. Il y en a des verts clairs, des jaunes, des oranges et puis aussi des violets ! Sur son tronc, de minuscules fleurs blanches à l’aspect délicat. Aussi loin que porte son regard, poussent ces arbres étranges, bien alignés.
Chapitre 2 – Drôle d'arbre! Un homme s’approche de l’arbre où se trouve Arthur. Sa peau est mate, ses cheveux sont noirs et raides. Il est vêtu d’un pantalon beige trop court et d’une chemise blanche à manches courtes. Il tapote les étranges fruits, écoute leur musique et en cueille certains.
Tout à coup, une petite voix crie : « Eh, tu ne vas pas rester comme ça perché sur ton arbre !» C’est une fillette d’environ 8 ou 9 ans. Elle est très jolie avec sa raie au milieu bien droite et ses longs cheveux bruns. « Je m’appelle Maléna et toi, tu dois être Arthur ! Viens, il faut aller trier les graines » Arthur n'en revient pas. Comment cette fille connaît-elle son prénom ? - Où suis-je ? Balbutie Arthur - Mais sur la branche d’un arbre pardi ! Et je te conseille d’en descendre rapidement. Il est interdit de monter dans les cacaoyers ! - Cacaoyer ? Cacaoyer ? Comme cacao ? demande Arthur en sautant à terre. - Et oui ! Le cacao est à l’intérieur des fruits que tu vois sur les troncs. Ces fruits s’appellent les cabosses. On les cueille quand ils sont bien mûrs et pour ne pas se tromper, on les tapote pour écouter leur son. C’est comme ça qu’on sait s’ils sont mûrs ! Ensuite on les coupe en deux. C’est l’écabossage. A l’intérieur c’est blanc et gélatineux. C’est là que se trouvent les graines. Nous, nous allons les extraire pour les faire sécher. C’est avec ces graines sèches, les fèves que l’on pourra ensuite fabriquer du chocolat !
Chapitre 3 – La route du cacao Toute la journée, Arthur enlève les graines des cabosses. Puis, il les dispose sur des plateaux de bois et les recouvre de feuilles de bananier pour les faire sécher. C’est amusant mais épuisant. Jamais Arthur n’a autant travaillé ! A la fin de la journée, ses doigts sont gonflés, ses jambes lui font mal et la tête lui tourne. Que de travail derrière une simple cuillérée de chocolat en poudre! Maléna l’entraîne dans une sorte de hangar. Là, il y a des milliers et des milliers de graines bien brunes, bien sèches, bien odorantes. Maléna toute fière en saisit une poignée : - C’est mon père qui va les vendre! - Pour faire du chocolat ! s’exclame Arthur. - Tu as tout compris ! Répond Maléna en éclatant de rire. Tu vois, nous, nous vendons les fèves de cacao à un monsieur, un acheteur. L'acheteur part avec les fèves et les vend à un fabricant de chocolat. Le fabricant de chocolat transforme les fèves de cacao en chocolat en poudre pour le vendre à un distributeur (un distributeur, c'est un magasin, un supermarché par exemple). Et le distributeur vend le chocolat aux consommateurs. Toi, tu es un consommateur! Compris? - Euh, oui, je crois » dit Arthur - Regarde, je vais te faire un dessin, tu comprendras mieux.
-Allez, viens, je t’invite à la maison ! dit Maléna en souriant.
Chapitre 4 – Le monde de Maléna Dans le village de Maléna, il y a de la verdure partout : des herbes hautes, des palmiers, des arbustes avec des fleurs rouges, jaunes, orange… Dans le village de Maléna, il y a des poules en liberté. Dans le village de Maléna, les rues sont en terre et les maisons en bois avec un toit de palme. Dans le village de Maléna, les femmes portent des jupes bouffantes et des ponchos multicolores. Elles ont de longues tresses noires et un chapeau melon. Dans le village de Maléna, les femmes font la cuisine dehors, accroupies devant leur maison. Elles portent leur bébé dans le dos, enveloppé dans un châle de toutes les couleurs. Dans le village de Maléna, on mange des galettes de maïs et de la quinoa. Dans le village de Maléna, il n’y a pas d’eau courante ni d’électricité. Dans le village de Maléna, les enfants courent en liberté et tout le monde se connaît. Dans le village de Maléna il n’y a pas de voiture. Dans le village de Maléna, il n'y a pas d'école car tous les enfants travaillent à la cueillette des fèves de cacao. Dans le village de Maléna, il y a une toute petite maison que personne n'approche car à l'intérieur il y a un enfant malade que personne ne peut guérir. Parce qu'il n'y a pas de médecin, pas d'hôpital, pas de transport pour aller jusqu'à la ville. Et tout le monde a peur d'attraper sa maladie... Dans la maison de Maléna, il n’y a que 2 pièces : une pièce pour les animaux et une pièce pour toute la famille, 7 personnes en tout ! Dans la maison de Maléna, il n’y a qu’un meuble : le meuble pour ranger les habits. Dans la maison de Maléna, il y a le coin de Maléna : une natte à même le sol recouverte d’une couverture de toutes les couleurs, une poupée en tissus, des osselets et une flûte qu’on appelle « kéna » -
Arthur, il faut que tu m'aides à changer tout ça.
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Maléna, nous ne sommes que des enfants et...
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Je sais et pourtant, nous avons de grands pouvoirs! Arthur, ensemble, nous avons le pouvoir de changer le monde!
Chapitre 55- L'acheteur Pourquoi Maléna et les siens sont-ils si pauvres ? Arthur pense aux milliers de fèves qu’il a vues sous le hangar. Et puis au travail. Les parents de Maléna travaillent tous les jours, même le dimanche ! Ils travaillent bien plus que son papa et sa maman à lui. En plus, même Maléna et ses frères travaillent ! Normalement, Maléna et sa famille devraient être riches, plus riches que lui ! Arthur est interrompu dans ses pensées par une conversation. Le papa de Maléna discute avec un homme, un homme à la peau blanche. - Il faut encore baisser les prix : 4 Soles (*) le kilo de fèves c’est trop. - Mais nous n’arrivons déjà pas à nourrir correctement nos familles avec cet argent là. Nous sommes même obligés de faire travailler les enfants. - Ce n’est pas mon problème. Débrouillez-vous. A côté, ils y arrivent bien ! Il est temps que vous fassiez comme eux. Utilisez donc des engrais chimiques, vous aurez plus de cabosses! - Mais nous avons essayé les engrais chimiques. Nous avons vu qu’ils abîment la terre, tuent les insectes, les fleurs et… - C’est ça ou rien. Ou vous baissez les prix, ou vous restez sans argent avec toute votre production de cacao sur les bras. L'homme est parti et le papa de Maléna s’est mis à pleurer. Arthur s'est avancé vers le papa de Maléna. Il s’est tenu bien droit devant lui et il a dit « Moi, moi je vais acheter vos fèves de cacao. Plus jamais vous ne serez volés ! » A peine avait-il dit ces paroles qu’il se retrouvait assis dans sa cuisine, sa boîte de cacao en poudre à la main !
(*) 4 Soles = 1
Chapitre 66- Le Commerce Équitable - Arthur tu rêves ? Tu vas être en retard à l’école ! - Maman, d’où il vient ce chocolat en poudre ? - Mais je n’en sais rien mon chéri. C’est du chocolat, c’est tout ! Arthur a continué sa vie de petit garçon. Quand il a eu 20 ans, il est parti à la recherche du village de Maléna. Maléna l’attendait. Elle était devenue une belle jeune fille aux longs cheveux noirs. Et comme toutes les femmes de son village, Maléna porte le chapeau melon !
Arthur a acheté toute la production de fèves de cacao de Maléna, à un bon prix. Un prix qui respecte le travail de Maléna et de sa famille. Un prix qui permet aux enfants d’aller à l’école au lieu de travailler. En échange, Maléna a promis à Arthur que les fèves de cacao seraient cultivées sans produits chimiques, pour respecter la terre et sans la participation des enfants pour qu’ils aillent à l’école. Arthur est rentré en France. Il a trouvé une usine qui a bien voulu transformer les fèves de cacao de Maléna en chocolat en poudre. Arthur a mis le chocolat en poudre dans de jolies boîtes jaunes. Et pour que tout le monde sache que ce chocolat en poudre n’était pas un chocolat comme les autres, il a collé sur la boîte une étiquette « Commerce É Équitable quitable » Il a appelé le chocolat de Maléna, « chocolat équitable ». Equitable, ça veut dire « juste ». Tu comprends pourquoi? Arthur a cherché des gens pour l'aider à vendre le chocolat équitable équitable. Il a formé une équipe. Avec son équipe, il a visité tous les magasins où l’on vend du chocolat : les hypermarchés, les supermarchés, les supérettes, les épiceries... Il a raconté l'histoire du chocolat équitable et certains magasins ont bien voulu l'acheter pour le mettre dans leurs rayons. Des consommateurs ont acheté par curiosité le chocolat équitable équitable. Ils l’ont essayé et ils l’ont trouvé aussi bon que celui qu’ils consommaient avant. Meilleur même, parce que derrière ce chocolat-ci, il y a une belle histoire ! Arthur et son équipe ont continué de raconter la belle histoire du chocolat équitable équitable, dans les journaux, à la radio et même à la télévision! Le chocolat équitable est devenu connu et de plus en plus de gens se sont mis à l’acheter! Et grâce à toutes ces ventes, le village de Maléna s’est développé...
Chapitre 77- Le retour chez Maléna Quand Arthur est allé rendre visite à Maléna, il n’en est pas revenu ! Maintenant, il y a une vraie route qui traverse le village. Fini les maisons minuscules dans lesquelles s’entassaient des familles entières ! Dans la maison de Maléna, il y a 4 pièces, l’eau courante et une vraie salle de bain. Ses habits ne sont pas usés et ses enfants resplendissent de santé. Maléna a organisé une grande fête en l’honneur d’Arthur et bientôt, tout le village se presse autour de la maison de Maléna. On mange des galettes de maïs, de la soupe de quinoa, de la viande séchée de lama et même du poulet ! Les grandes personnes boivent du maté et les enfants du jus de haricot ! C’est la fête. Maléna joue de sa flûte, la kéna accompagnée par des voisins à la flûte de pan. - Viens Arthur, il y a quelque chose que je voudrais te montrer ! Maléna s’arrête devant une belle bâtisse en dur. Sur sa façade, il y a écrit « Ecole » et puis aussi « Dispensaire ». - Tu te rends compte Arthur ? Maintenant nous avons une école ! Nos enfants vont à l’école ! Ils n’ont pas besoin de travailler. Et puis, regarde, nous avons pu ouvrir un dispensaire. Nous avons un médecin ! Tu te rends compte Arthur, un médecin ! Arthur, viens, j’ai encore quelque chose à te montrer ! Arthur est arrivé devant une grande bâtisse. Il n’en avait jamais vu d’aussi grande dans le village. Maléna ouvre la porte : une grande salle avec des cuves et des sortes de grandes galettes marron empilées les unes sur les autres. Des plaques de cacao! - Maléna, vous fabriquez le chocolat vous-même maintenant ? Mais c’est merveilleux ! - Oui Arthur, nous faisons la cueillette des fèves de cacao et nous les transformons ! Nous fabriquons des plaquettes de chocolat ! Maintenant au village, grâce à la cueillette et à la fabrication de chocolat, tout le monde a un travail ! Arthur s’est souvenu de la fois où Maléna lui avait dit qu’ils avaient de grands pouvoirs. Ca lui avait fait peur. Et pourtant, Maléna avait raison, ils avaient bien un immense pouvoir : celui, ensemble de changer le monde !
Chapitre 88- Le tour du monde De retour en France, Arthur a ouvert un atlas. Il a regardé la carte du monde et la carte des richesses. Il a vu que dans les pays du sud, l’argent manquait : en Afrique, en Asie, au Moyen Orient, en Amérique latine. Et pourtant, que de richesses dans ces pays : du thé, du café, du chocolat, des fruits, du riz, de la semoule... Et tous ces hommes et toutes ces femmes, tous courageux, travailleurs, prêts à se battre pour élever leurs enfants dans la dignité ! Arthur a voyagé. De l’Inde au Mozambique, du Mozambique au Nicaragua, du Nicaragua au Brésil, du Brésil au Bénin, du Bénin à la Thaïlande… Partout, il a vu ce qu’il avait déjà vu dans le village de Maléna : des hommes et des femmes se tuant à la tâche pour quelques sous et des enfants qui avaient du mal à grandir. Partout, Arthur et son équipe ont acheté les productions : du riz en Inde et en Thaïlande, du sucre aux Philippines et au Paraguay, de la semoule en Palestine, du miel et de la Goyave au Brésil, de l’huile d’olive au Maroc, du thé en Inde… Sur tous les produits, ils ont collé l’étiquette «Commerce Commerce équitable » pour que le monde sache. Et ils ont raconté, raconté. L’histoire de ces hommes et de ces femmes qui pouvaient enfin vivre dans la dignité grâce au Commerce Équitable. Maintenant, bien souvent, dans les supermarchés, il y a un endroit « équitable », un espace dans les rayons où tous les produits proposés sont issus du Commerce Équitable. Équitable On y trouve de tout : du riz, du miel, des jus de fruits, du thé et du café, de la semoule et même du gel douche ! Et ainsi, partout sur la planète, des villages entiers se développent et des hommes, des femmes et des enfants retrouvent le sourire. Grâce à qui? Grâce à leur travail, grâce au travail d'Arthur et de son équipe et grâce à tous ceux qui achètent leurs produits. Et oui, Maléna a raison : « ensemble, nous avons le pouvoir de changer le monde! »
Cette histoire a été imaginée par Suzanne Lafont. Pour la contacter :
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