Bill Gates et les bibliothèques Contexte Dans l'univers des bibliothèques et des sciences de l'information, le continent Nordaméricain joue un rôle primordial et a une avance considérable sur d'autres parties du monde. Les gigantesques réseaux tels que OCLC, RLIN, WLN ou UTLAS, une bibliothèque tel que la "Library of Congress" ou les recherches en bibliothéconomie au Canada sont les exemples les pus évidents de cette "domination". Dans ce contexte, l'intérêt et l'engagement que montre Bill Gates pour les bibliothèques et l'accès à l'information en général n'est que plus important. Surtout lorsque l'on s'aperçoit qu'il s'intéresse à un domaine parallèle, peut-être moins développé : celui des bibliothèques de plus petites tailles et se trouvant dans des états démunis.
Genèse Dans les faits l'arrivée du patron de Microsoft dans le monde des bibliothèques date de 1995. C'est à cette date qu'il crée avec son entreprise Microsoft et le soutien de l'"American Library Association" (qui était en plein dans son projet "ALA goal 2000" ayant pour but de promouvoir et de préserver la liberté intellectuelle en apportant notamment des supports à l'accès aux nouvelles technologies de l'information dans les bibliothèques) la "Libraries Online". Cette organisation a pour but d'apporter les technologies de l'information dans les bibliothèques publiques, ainsi qu'une formation aux professionnels pour maîtriser ces nouveaux outils. En deux ans d'activité "Libraries Online" fourni plus de 200 bibliothèques en matériel informatique. Victime de son succès cette organisation se doit d'évoluer notamment en trouvant une assise financière plus solide. C'est ainsi que, le 23 juin 1997, Bill Gates et sa femme créent the"Gates Library Foundation" (GLF). Le couple s'engage à apporter 200 millions$ cash auxquels s'ajoutent 200 autres millions$ en équipement informatique fourni par Microsoft.
Mission La fondation a pour mission, en partenariat avec les bibliothèques publiques, d'offrir un matériel informatique et l'accès à Internet et à l'information numérique aux citoyens des états défavorisé des Etats-Unis et du Canada. En plus de l'apport des outils informatiques, GLF offre, et c'est un de ses principes de base, la formation aux bibliothécaires qui seront amenés à utiliser ces nouvelles techniques. La fondation pose 4 grands principes : • Elle vise les bibliothèques servant des communautés démunies où l'accès à l'information est extrêmement réduit, • Elle désire instaurer une collaboration entre la fondation elle-même, les bibliothèques recevantes et les communautés desservies, • Ses dons doivent être un catalyseur pour d'autre soutiens financiers de la part du gouvernement, d'entreprises, de fondations ou de privés, • Toutes les activités de l'entreprise doivent viser à une assistance financière et technique dans le long terme.
Organisation Le président de la fondation n'est pas Bill Gates ; il s'agit de Patty Stonesifer qui occupe néanmoins une place importante chez Microsoft. Il siège également au "Fund for America's Libraries" et à "Amazon.com" (je reviendrai sur cette petite précision qui n'est peut-être pas si anodine qu'elle n'y paraît). Stonesifer est assisté de Richard Akeroyd de la bibliothèque d'Etats du Connecticut. Le conseil d'administration comprend le couple Gates ainsi que de nombreux responsables de bibliothèques, de présidents d'association ou encore de professeurs de science de l'information. Ces précisions sont très utiles pour démontrer le sérieux de cette fondation qui ne se borne pas à aligner des dollars mais qui, au contraire, s'attache les service et les conseils des principaux concernés par cette entreprise : les responsables des bibliothèques et les professionnels des sciences de l'information.
Motivations Les raisons qui ont amené Bill Gates à créer cette fondation et à aider les bibliothèques sont multiples. Le fondement est la volonté d'apporter l'accès à l'information à tous. Bill Gates affirme que dans un monde régit par l'information, chaque citoyen a un droit majeur et vital de pouvoir accéder à l'information. Mais actuellement le monde est divisé en deux groupes : ceux qui ont accès à cette information et ceux qui ne l'ont pas. Il veut éviter qu'un fossé incomblable se creuse entre ces deux classes. La bibliothèque est l'institution la plus propice à amener cette connaissance à chacun : en effet un don à une bibliothèque touche toute la communauté qu'elle dessert, c'est-à-dire potentiellement tout la population. C'est la principale raison pour laquelle il n'a pas choisi les écoles et surtout les universités. Sans qu'on puisse le prouver, Bill Gates affirme une foi dans les bibliothèques. Il pense que celles-ci sont l'avenir du 21ème siècle et le lieu propice, l'acteur critique pour la démocratisation de l'accès à l'information. Il affirme également avoir toujours adorer ces lieux et dit avoir dévoré jusqu'à 30 livres pendant ses vacances estivales. On apprend également que sa femme, Melinda, voue la même passion que son mari pour cet univers. De plus, Allen, le principal associé de Gates, est lui-même fils de bibliothécaire et se dit également attirer par les bibliothèques et le livre. Cette foi pour la bibliothèque est aussi vraie pour les livres. A ses détracteurs qui l'accusent de vouloir progressivement tuer le livre en apportant de nouvelles technologies d'information (notamment Internet), Bill Gates répond que le livre n'est pas près de s'éteindre et qu'au contraire il demeure le fondement de l'information. Toutes les bibliothèques, selon ses dires, continueront à enrichir leurs collections de livres et la technologie n'est qu'un nouveau service et ne remplacera jamais l'objet matériel. On peut bien entendu sourire des paroles humanistes de cet homme multimilliardaire ; on peut émettre de nombreux doutes sur son don si généreux ; mais force est de constater que l'homme semble sincère, que l'on décèle peu de critiques à son sujet et que les faits, jusqu'à maintenant, semblent prouver cette honnêteté. Néanmoins je reviendrai sur les critiques émises et sur celles que l'on peut, en théorie, apporter.
Formation continue Un des aspects sur lequel la fondation tient grandement est celui de la formation continue des bibliothécaires aux nouvelles technologies apportées par la GLF. Selon
Bill Gates, le succès de cette entreprise tient même pour beaucoup à la capacité des professionnels à maîtriser ces nouveaux outils. Ceux-ci sont considérés comme les garants de l'accès à l'information et assument donc un rôle critique. La GLF réalise ses idées et a mis sur pied un système très sérieux de formation. Une autre organisation, sans but lucratif elle aussi, a ainsi été créée : il s'agit du "Technology Resource Institute" (TRI). Cet institut est chargé d'assurer cette formation. Dans les faits cela se traduit par un cours d'au moins un jour entier à toute bibliothèque receveuse. En plus de cela les bibliothèques bénéficient d'un suivi, parfois se traduisant par la visite de Bill Gates en personne ou de sa femme (sur ce point on peut parler de coup de publicité) mais également par la mise en place progressive de groupes d'étudiants d'école en science de l'information, chargés de poursuivre le travail entrepris par le TRI. De plus, chaque bibliothèque a également la possibilité de s'informer au près de la GLF par l'intermédiaire de son site WEB et du courrier électronique.
Premiers pas Le premier don de la GLF date du 23 octobre 1997. Ce premier bénéficiaire a été l'état d'Alabama et plus précisément "The Alabama Public Library Service". Ce choix est hautement symbolique et révèle parfaitement la politique de la GLF : En effet l'Alabama est l'un des états les plus pauvres des Etats-Unis. Il paraît donc fort logique que la fondation de Bill Gates l'aide en premier. Néanmoins une critique peut être formulée : il semble bien que Bill Gates ait joué sur ce fait ; en parlant souvent de ce premier don, il a voulu démontrer que son but était bel et bien d'aider les plus démunis. On ne doute pas de ses bonnes volontés mais si elles étaient si réelles il n'avait pas besoin de le répéter quatre fois dans son site Internet. Dans les chiffres l'opération de la GLF a touché 95% des bibliothèques d'Alabama. 2.7million$ cash et 1,4 millions$ en matériel informatique ont été répartis entre les 258 bibliothèques receveuses. 1000 ordinateurs ont été installé et 1000 professionnels ont bénéficié d'une formation. Cette première action semble (les données proviennent en grande partie de la GLF) avoir été une parfaite réussite.
L'exemple de Seattle Un autre exemple intéressant (notamment parce qu'il est plus documenté et plus récent) est celui de Seattle. Le 24 novembre 1998, Bill et Melinda Gates annoncent un don de 20 millions$ à la "Seattle Public Library". Dans ce cas le couple n'agit pas à travers la GLF ; il s'agit d'un "don familial". Ce don s'inscrit dans une campagne plus large ("Libraries For All Campaign") n'émanant pas de la GLF. Néanmoins le couple Gates offre une aide inespérée à ce mouvement. L'argent sera utilisé différemment que celui offert par la GLF : 15 millions$ seront consacrés aux bibliothèques de banlieue ("neigborhood"), 4 million$ pour le développement des collections et le dernier million pour des programmes spéciaux. On voit donc qu'il n'y a pas de projet de fourniture de matériel informatique : cela pourrait prouver que Bill Gates ne s'intéresse pas aux bibliothèques pour le simple fait de pouvoir y implanter son matériel informatique. Il semble qu'il s'agisse d'un simple "don philanthropique". Comme on peut s'y attendre la presse locale ne tarit pas d'éloge sur ce geste : on les remercie, on apprend que Bill a toujours eu une grande passion pour les livres et les bibliothèques... Seule une lettre de lecteur remarque que 20 millions pour un milliardaire ne représente absolument rien ; un petit propriétaire paie plus, rien qu'en s'acquittant de ses taxes pour la bibliothèques pendant 25 ans...
Arguments défavorables Il paraît évident, à premier abord, que l'entreprise philanthropique de Bill Gates n'est pas totalement innocente. Néanmoins force est de constater que peu de critiques vraiment virulentes surgissent. Je n'ai trouvé aucun article de fond critique sur ce problème. Bien entendu, des bibliothèques recevant des dons se comptabilisant en millions$ ne vont émettre aucune critique sur le généreux donateur ; mais on pouvait s'attendre à plus de réticences des milieux professionnels (association de bibliothèque, école en science de l'information) et des concurrents de Microsoft (tel Netscape). Il n'en demeure pas moins que de nombreuses interrogations se posent sur ce problème : Savoir si Bill Gates n'a pas voulu implanter encore un peu plus ses produits Microsoft par l'intermédiaire de cette fondation est la question qui se pose le plus régulièrement. On restera probablement longtemps méfiant face à cette interrogation ; mais on verra par la suite que, semble-t-il, l'on peut répondre négativement à cette question Les bibliothèques doivent absolument rester indépendantes par rapport aux dons de la GLF. Elles ne doivent pas se laisser couver par cette dernière, en se disant que leurs problèmes financiers ou technologiques sont ainsi résolus. Elles doivent être capables de discerner leurs besoins, de savoir ce qui est bon pour elles de ce qui ne l'est pas (une bibliothèque ne doit pas accepter un matériel informatique dont elle n'a pas besoin ; l'accès à Internet, même s'il est totalement offert par la GLF doit néanmoins être réfléchi...) : la bibliothèque doit choisir elle-même et non pas se faire imposer des choix. Un don réparti, par exemple, entre 80% de matériel informatique et 20% cash peut être dangereux : la bibliothèque pourrait devenir un satellite d'une entreprise comme Microsoft en dépendant de ses produits. Un exemple anodin peut démontrer les effets néfastes que pourraient avoir la"générosité" de Bill Gates : de passage en Suisse en octobre 1997, la patron de Microsoft se fait remarquer en offrant aux établissements scolaires 5000 licences de Windows 95 et d'Internet Explorer ainsi que les heures de formation nécessaire à 600 enseignants suisses. Dans les faits, une année plus tard, 150 ordinateurs ont été équipés... Mais pour Microsoft les retombées publicitaires de cette opération, dans un milieu où Macintosh était encore bien présent, ne sont pas négligeables... Bill Gates, en tant que milliardaire et surtout homme le plus riche de le planète, se doit de se plier à un concept à la mode : la philanthropie. Pour les Américains, la charité est une véritable institution, d'autant plus lorsque l'on est richissime. Un milliardaire se doit de donner et de bien donner. On en arrive à des extrêmes où l'on établi des classements des "généreux donateurs" (Bill Gates ne pointe qu'en quatrième position !) et où l'on organise des ateliers de philanthropie. Dans ce contexte là, on a reproché à M. Microsoft de ne pas assez s'investir. D'où ses dons aux bibliothèques ? Cette critique est bien trop facile mais il faut reconnaître que Bill Gates et ses camarades milliardaires se doivent d'être philanthropes même s'ils ne le sont absolument pas. J'ai déjà mentionné que Patty Stonesifer, président de la GLF, siège également chez Amazon.com. Détail qui est digne d'intérêt quand l'on connaît le poids que pèse cette institution dans la balance des librairies virtuelles et du commerce du livre sur Internet. Bien entendu, il ne s'agit que de spéculations et celles-ci peuvent aller bon train. Aucune information ne laisse présager qu'Amazon.com vienne prendre une quelconque importance dans le projet de Bill Gates. On peut néanmoins "s'amuser" à prévoir un scénario catastrophe : toutes les bibliothèques américaines sont équipées de produits informatiques Microsoft : elles naviguent sur le Web avec Internet
Explorer et ne peuvent faire leur commande que par la librairie géante qu'est Amazon.com. Projection certes simpliste mais qui démontre le pire travers dans lequel les bibliothèques pourraient tomber. Enfin, argument qui semble être de piètre valeur mais qui est néanmoins véridique : 200 millions$ ne représente qu'une miette infime pour un homme qui vaut 60 milliards$ : Bill Gates pourrait donner beaucoup plus. Une dernière remarque : de prime abord aucun parallèle n'est fait entre cette "opération philanthropique" et le procès intenté contre Bill Gates. Dans le cas des bibliothèques, on ne semble pas reprocher au patron de Microsoft de vouloir s'octroyer un nouveau monopole : il semble n'y avoir aucun lien entre ces deux événements... Peut-être l'avenir prouvera-t-il le contraire !
Arguments favorables Ces doutes sont réels mais il faut avouer (avec regret pour les personnes qui espéraient qu'on puisse détruire d'un bloc les ambitions philanthropiques de Gates) que la plupart de ceux-ci peuvent être éclaircis si ce n'est même effacés. Le souci majeur était donc la peur que les produits Microsoft accentuent encore leur monopole en s'implantant dans les bibliothèques. Cette crainte ne semble pas fondée. En effet la GLF assure que les bibliothèques peuvent travailler avec les logiciels et les programmes qu'elles désirent et que celles-ci sont les plus à-même de choisir le matériel approprié pour leur usager. La GLF affirme collaborer avec des bibliothèques qui n'utilisent pas des produits Microsoft. Certes ces précisions proviennent a nouveau de la fondation elle-même mais on ne sait pas quelle raison elle aurait à fausser les pistes. Il semble donc bel et bien que Bill Gates et Microsoft ne joue pas un rôle "impérialiste" dans cette entreprise. La fondation peut se targuer d'une organisation efficace et sérieuse. Le fait qu'elle apporte une formation aux bibliothécaires et qu'elle ne se contente pas simplement d'amener des fonds augmente sa crédibilité. Si la GLF tient à ce que les professionnels de l'information s'approprient ces nouveaux outils informatiques, c'est bien parce qu'elle reconnaît que cette tâche leur revient ; elle fournit ainsi la preuve qu'elle ne désire pas s'implanter définitivement dans ce milieu. La GLF tient les bibliothécaires en haute estime et leur octroie un rôle très important et critique ; celui de gérer les nouvelles technologies et de les diffuser à leurs usagers. Si les professionnels de l'information se montrent critiques et gardent leur autonomie, ils retireront d'énormes avantages des actions de la GLF tant du point de vue personnel que de celui de l'offre qu'il pourront présenter à leurs utilisateurs. On a déjà mentionné la passion pour les bibliothèques et les livres qui semble animer Bill Gates. On peut bien entendu croire qu'il s'agit d'un discours démagogique de l'homme en vue d'effacer toutes critiques qu'on aurait pu lui lancer : mais il semble sincère et aucun élément ne peut réellement mettre en doute ses propos. Par son don aux bibliothèques publiques d'Etats défavorisés, Bill Gates a également innové. Auparavant les dons allaient plutôt à des institutions riches, tels ces professeurs à la retraite offrant de coquettes sommes à leur ancienne faculté. Gates vise les réels besoins c'est-à-dire les bibliothèques desservant des communautés démunies qui n'avaient presque pas accès aux technologies de l'information (notamment Internet). La GLF s'impose également par le sérieux de son organisation. Sa naissance, sa mission, ses principes, ses initiatives, ses moyens ou encore ses buts sont clairement définis sur son site Web. Sa direction et son conseil d'administration
démontrent également que la GLF s'est associée avec des personnes représentant le monde des bibliothèques et de l'information. La GLF a su également garder le contact que la "Libraries Online" avait noué avec ALA. Cette collaboration est très importante et crédibilise encore une fois la fondation de Bill Gates. Ce dernier a voulu s'associer avec l'association des bibliothèques américaines qui est l'organe mère de ce milieu. Cette stratégie est certainement la bonne et prouve que Bill Gates n'a pas voulu s'aventurer seul dans un monde qu'il ne pouvait maîtriser. Cette collaboration assoit dans le long terme l'organisation de la fondation du patron de Microsoft et lui offre également une assurance. La GLF, dès sa naissance n'a pas voulu se poser en adversaire des bibliothèques ou de l'état (qui assure les budgets aux bibliothèques) mais en collaborateur. Il ne désire pas s'implanter définitivement dans ce milieu mais plutôt montrer une voie que d'autres pourront suivre. La crédibilité de la GLF provient aussi de son association avec TRI. La première assure la sélection des bibliothèques répondant aux normes fixées par la fondation, le versement des dons et du matériel informatique et son installation, tandis que la seconde gère toute l'étape suivante, c'est-à-dire la formation, l'aide et le suivi. Ces deux parties ont une importance identique : tout l'apport de la GLF en fond cash ou en matériel informatique ne servirait à rien sans le soutien de TRI. Bill Gates montre ici une réelle intelligence face à ce problème : beaucoup se seraient probablement contenté de verser des millions aux bibliothèques sans se soucier de l'utilisation qui en aurait été faite. Bill Gates n'apporte pas de dons démesurés (par rapport à sa fortune) mais sait probablement bien les gérer. Il est fort probable qu'une bibliothèque recevant 1 million avec la formation et le suivi qu'apporte une organisation telle que TRI profite beaucoup plus de cet apport qu'une bibliothèque se voyant offrir 5 millions cash qu'elle devra gérer toute seule. Dernière remarque en faveur de l'entreprise que mène Bill Gates pour les bibliothèques : je n'ai trouvé aucun article de fond critiquant concrètement le soutien qu'apporte la GLF aux bibliothèques ; seules quelques mises en garde contre les dangers que pourraient représenter une arrivée massive et un monopole des produits Microsoft dans le monde de l'information se greffent en quelques lignes dans les articles. Sinon les bibliothécaires, les professionnels du domaine sont plutôt enthousiastes au soutien que leur apporte la Fondation du multimilliardaire.
Conclusion et perspectives S' il est nécessaire d'avoir un regard critique et de ne pas jubiler face aux dons importants offerts par Bill Gates et Microsoft (même si ceux-ci paraissent être gratuits, il faut toujours songer à la puissance et au monopole que détient l'homme dans le monde de l'information et de l'informatique), le point qu'il sera important de retenir est le profit que les bibliothèques nord-américaines en retireront. De plus, les dons de la GLF en appellent d'autres et il est fort probable que dans un avenir proche les bibliothèques reçoivent d'autres apports financiers de la part d'entreprises ou de privés. Les gagnants de cette opération seront de toute manière les bibliothèques. L'Europe qui ne bénéficie pas encore de ce genre de soutien a tout intérêt à s'intéresser voire même à suivre la voie du continent nord-américain. Ce dernier possède, en effet, une grande avance dans le vaste champs de l'information : tant les Etats-Unis pour leur gigantesques réseaux et leurs bibliothèques que le Canada pour sa culture reconnue des sciences de l'information sont incontestablement les leaders et les partenaires incontournables du monde de l'information.
Le travail d'une fondation comme la GLF (même si celle-ci se veut une organisation sans but lucratif) prouve encore une nouvelle tendance : l'information, et par lamême les bibliothèques, est une source de profit et se monnaie. Bill Gates l'a très bien compris et, par l'intermédiaire de sa fondation, s'implante encore plus dans l'univers de l'information. Il serait important que, rapidement, d'autres "mécènes", intéressés et connaisseurs de bibliothèques, lui emboîtent le pas, sans quoi Mister Microsoft pourrait une nouvelle fois se retrouver en position de monopole. L'œuvre de la GLF peut être considérée comme un exemple et comme un défi pour les bibliothèques : ces dernières se doivent de trouver une alternative au financement traditionnel étatique et celle-ci pourrait être le secteur privé. Le véritable enjeu pour les bibliothèques sera d'accepter ce genre d'apport tout en gardant leur autonomie. Elles peuvent profiter de la puissance du secteur économique mais à aucun moment ne doivent perdre leur identité culturelle pour devenir un satellite d'une grande entreprise ou le musée d'un mécène.
Nicolas Derron
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